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Jeux Vidéo et Perception Artistique


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124 réponses à ce sujet

#76 Mordicus

Mordicus

    Philippe Risoli & Muppets show


Posté 05 août 2007 - 18:22

Voir le messageNenfëa, le 05.08.2007 à 18:00, dit :

Selon ma définition, est de l'art ce qui :
- inspire une émotion à l'auteur au moins, et idéalement également à un groupe de "spectateurs";
- relève d'une représentation imagée, d'une vision subjective de la réalité (celle de l'auteur).
La dimension esthétique aide à inspirer l'émotion, mais n'a pas caractère d'obligation pour moi.
"Inspirer une émotion" me paraît très vague... J'y répondrai plus bas. Quant à faire de la dimension esthétique de l'art quelque chose d'accessoire, cela me paraît risqué.

Citation

Tu parles de hiérarchiser l'art. D'accord, pour ce que retiendra l'histoire, il y a une hiérarchie. Celà prouve-t-il que ce que l'histoire n'a pas retenu ne peut mériter le statut d'art ? Définitivement non pour ma définition, et pour la tienne également ce me semble.
Oui nous sommes d'accord. :huhu:
Mais aux vues de la tournure de la discussion, cela me semblait important à préciser avant que le dérapage ne soit irrémédiable. Puisque tu admets l'existence d'une hiérarchie, tu noteras que la définition de l'art n'est qu'une façon d'imposer des hiérarchies : soit on place des critères rigoureux et exigeants, soit on applique un ou deux critères plus larges et plus cléments.

Citation

Pour le jeu vidéo, il y a bien une certaine vision du réel, et l'émotion est difficilement niable.
Très sincèrement, peut-on parler d'émotion (sentiment) dans un jeu de course de voitures ? Dans un jeu de tennis ? dans un Doom-like ou dans un Civilization ? Dans un Mario ou un Donkey-Kong ? Et donc dans 70-80% des jeux ? C'est un problème n'est-ce pas ? Et partant de là, il me semble qu'il est difficile de faire rentrer les jeux vidéo dans une définition de l'art qui place l'émotion au coeur de tout... Non ?

L'émotion, il me semble, n'est possible que dans les jeux aux scénarios développés, les RPG, et surtout les RPG japonais en effet (et les RPG chinois aussi !). Il y a, en effet, dans les RPG asiatiques une forte orientation vers la scénarisation, avec cette particularité (qui s'explique de façon culturelle) à développer des histoires dans lesquels les sentiments humains ont la belle part. En comparaison à un Final Fantasy X (le seul de la série que je connaisse vraiment), Morrowind et Oblivion sont d'un vide et d'une froideur abominable, et les PNJ à la limite des zombies... Si l'ont doit pouvoir reprocher à pas mal de ces RPG de verser dans un sentimentalisme flasque à l'eau de rose, la plupart des jeux d'aventures occidentaux semblent ne pas avoir cette chaleur du tout, n'accordant que très peu de place aux sentiments humains et à la psychologie des personnages (en cherchant bien, il doit bien exister quelques titres...). Les jeux d'aventures américains dont les scénarios sont développés se résument généralement au combat du bien contre le mal, à des missions que je qualifierais de type "militaire" (aller là, vaincre les méchants, puis apparition d'un nouveau danger, nouvelle mission, ainsi de suite...). A l'opposé, les Japonais sont capables de faire des jeux entièrement axés sur des dialogues et des histoires entre personnages (sans combats).

Et, dans le cas de certains jeux comme Final Fantasy, Dragon Quest, etc. le jeu vidéo se rapproche en effet du roman, du film. Je suis prêt à parier que le scénario d'un FF posé sur le papier et plus époustouflant qu'un scénario de Star Wars. Mais un film est un ensemble d'éléments, il n'y a pas que le scénario qui compte.

Citation

Sans faire de l'industrie vidéo-ludique une discipline artistique à part entière, dénier à certaines de ces oeuvres un statut artistique me semble un rejet abusif. Toujours selon ma définition, qui ne place pas pour autant Morrowind sur un pied d'égalité avec un Van Gogh.
Je n'aurais pas utilisé l'expression "statut artistique", qui me parle peu, mais je pense que sur le fond nous sommes d'accord, je n'ai jamais nié une dimension artistique. Je récuse seulement le parallèle avec l'oeuvre d'art.

Citation

De ces trois exemples, les deux premiers sont complètement irrecevables puisqu'ils n'ont qu'un seul des aspects que j'ai cité. Attention à ne pas déformer mes propos ! :D
Non mais... si j'étais vicieux je pourrais unir ces trois aspects dans une même exemple : les animateurs de "Avis de Recherche" donnent de leur personne (sur un plateau TV autant, même plus ! qu'un MJ devant ses 4 copains), qu'ils arrivent à émouvoir un (bien plus) large public, et qu'il crée leur émission (c'est un microcosme télévisuel), par leur animation, leurs gestes et leur parole, au même titre que le MJ crée et anime son univers. Il manque donc quelque chose à cette définition, n'est-ce pas ? ;)

Citation

Quand au dessin d'enfant, tout dépend de ce que tu entends par là, mais oui, il y a potentiellement une portée artistique derrière ça. Un gribouillage aura du mal à émouvoir (même son auteur, je pense), mais certains dessins d'enfant m'ont plus ému qu'un tableau de Picasso.
On peut être émus par beaucoup de choses. Une fois encore, faire de l'émotion ressentie le signe d'une présence artistique est bien vague... Si je regarde un reportage sur le sort de gens victimes de la guerre, j'en suis ému. Est-ce pourtant le signe d'une quelconque manifestation artistique ? Dans ton exemple précis, je crois qu'il faut apprendre, dans ton analyse, à faire la différence entre les sentiments et la raison : si tu es ému par le dessin d'un enfant, n'est-ce pas parce que c'est un enfant justement qui l'a fait que ça t'émeut ? Si je me présentais devant chez toi comme un grand peintre plein d'orgueil, et que je te montrais un dessin d'enfant similaire, signé de ma main, serais-tu autant ému ? Je dis attention avec les "sentiments".

Citation

Ta définition me plait bien... mais me surprend un peu, car elle sort de la vision académique de la chose, ce me semble : comme développé précédemment et repris par Duncan, ce qui est reconnu comme oeuvre d'art n'a pas toujours eu un "but désintéressé".
Je pense l'avoir déjà dit, peut-être pas assez clairement : ne pas confondre l'intérêt de circonstance (tous les artistes doivent vivre et manger, oui !), avec la démarche qui anime directement le travail de création ! Ce sont deux choses.

Citation

Pour me faire l'avocat du diable : de quel droit, dans ce cas, peut-on dire dans l'absolu que les jeux vidéos, la publicité, voire même pour faire caricatural la plomberie, ne sont pas des arts ?
Parce qu'il n'exprime rien de grand, rien d'universel, rien de beau dans l'absolu ! Et je rajoute pour être clair : à l'homme qui a un minimum de culture ! (l'éducation artistique n'est pas une chose innée, les Bidochons n'ont rien à foutre du Louvre, ils sont bien mieux devant la Starac').

Citation

La question se pose aussi pour le théatre, la musique classique, la peinture. Que doit-on apprendre pour l'apprécier ? L'histoire ? J'en connais une partie, ça ne m'intéresse pas plus pour autant. L'esthétisme ? Comment peut-on l'apprendre ça en pratique ?! Ma réponse serait : pour apprendre à apprécier ces choses, il faut "baigner" dans cette ambiance. C'est tout autant valable pour le jeu de rôle que pour les arts à part entière
Que cela plaise ou non, l'art, comme la culture, a toujours été élitiste. Il n'est pas donné à tout le monde de se passionner pour Aristote, pour la musique baroque, pour la Comedia Del Arte, ou pour les peintres impressionnistes. Tu dis "baigner" dedans... certes, mais pour baigner dans les arts et la culture, il faut se cultiver, lire, recevoir des leçons, apprendre, travailler. "Baigner" dans les jeux vidéo ou dans le jeux de rôle, c'est à la portée de n'importe qui, de n'importe quel enfant de 8 ans, fut-il le plus médiocre élève de toute l'histoire de France, du moment qu'il est un peu attiré par la chose. N'importe quel gamin peut s'éclater devant Pokémon ou un RPG, sans avoir besoin de rien, du moment qu'il sait lire ! (comme quoi la culture est toujours nécessaire, même à petite dose ! On me rétorquera, avec les voix d'Oblivion, même plus besoin de savoir lire !  :)  ).

Citation

Bien évidemment non, la comparaison n'a pas même de sens. Ce n'est pas parce qu'un jeu a UNE des caractéristique de l'art qu'il entre dans ma définition !
Nous sommes d'accord aussi. ;)

Citation

Tu n'as jamais assisté à la conférence Naheulbeuk, toi ! ;)
Non, et Naheulbeuk, du peu de choses que j'ai pu en lire, j'avoue trouver ça très médiocre, sans intérêt et pas drôle du tout... :D
(Ultra)VGM récalcitrant et moddeur allergique aux jeux vidéo.

#77 Nenfëa

Nenfëa

    Le poisson bavard de Kalendaar


Posté 05 août 2007 - 19:44

Voir le messageDuncan Imrryran, le 05.08.2007 à 19:00, dit :

Justement, si une identité n'est pas définie c'est peut-être qu'elle n'est pas définissable et ne peut donc être débattue, u qu'on ne débat pas de la même chose.
Une notion peut-elle être indéfinissable ? Ca pourrait ouvrir un nouveau débat à lui tout seul ! :evil:
Par contre, je plussoie sur le fait qu'on ne débatte pas de la même chose - c'est d'ailleurs l'intérêt des définitions multiples de l'art. Ce qui n'empêche pas (comme tu le dis plus bas) de débattre sur les domaines de validité de telle ou telle définition, ni de mettre en valeur les implications et les contradictions qui en ressortent.

C'est d'ailleurs là tout l'intérêt du débat - et non pas de dire que telle définition est juste ou non, car je doute que la notion puisse être englobée aussi simplement ! :D





Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 19:22, dit :

Très sincèrement, peut-on parler d'émotion (sentiment) dans un jeu de course de voitures ? Dans un jeu de tennis ? dans un Doom-like ou dans un Civilization ? Dans un Mario ou un Donkey-Kong ? Et donc dans 70-80% des jeux ? C'est un problème n'est-ce pas ? Et partant de là, il me semble qu'il est difficile de faire rentrer les jeux vidéo dans une définition de l'art qui place l'émotion au coeur de tout... Non ?
Je l'ai déjà dit : les jeux vidéos ne sont pas nécessairement un art en tant que tel. Mais ce n'est pas pour autant qu'un jeu vidéo en particulier n'a aucune chance d'accéder au statut d'oeuvre d'art.

Citation

Non mais... si j'étais vicieux je pourrais unir ces trois aspects dans une même exemple : les animateurs de "Avis de Recherche" donnent de leur personne (sur un plateau TV autant, même plus ! qu'un MJ devant ses 4 copains), qu'ils arrivent à émouvoir un (bien plus) large public, et qu'il crée leur émission (c'est un microcosme télévisuel), par leur animation, leurs gestes et leur parole, au même titre que le MJ crée et anime son univers. Il manque donc quelque chose à cette définition, n'est-ce pas ? :)
A condition d'oublier un des aspects de ma définition, que je n'avais pas redonné là il est vrai : où est la représentation subjective du réel dans cette émission ? ;)

Citation

si tu es ému par le dessin d'un enfant, n'est-ce pas parce que c'est un enfant justement qui l'a fait que ça t'émeut ? Si je me présentais devant chez toi comme un grand peintre plein d'orgueil, et que je te montrais un dessin d'enfant similaire, signé de ma main, serais-tu autant ému ? Je dis attention avec les "sentiments".
Bien sur, l'oeuvre n'est pas dissociable de ses origines. Si la crotte de Dali est considérée comme de l'art, c'est clairement parce que c'est Dali qui l'a faite. Idem pour le point de Picasso sur son tableau dont le nom m'échappe présentement. Il s'agit là d'exemples frappants, mais si la Joconde est aussi connue, on ne peut le dissocier du fait que son auteur soit connu.
Je vois mal en quoi ça pose un problème par rapport à ma définition... :?

Citation

Que cela plaise ou non, l'art, comme la culture, a toujours été élitiste. Il n'est pas donné à tout le monde de se passionner pour Aristote, pour la musique baroque, pour la Comedia Del Arte, ou pour les peintres impressionnistes. Tu dis "baigner" dedans... certes, mais pour baigner dans les arts et la culture, il faut se cultiver, lire, recevoir des leçons, apprendre, travailler. "Baigner" dans les jeux vidéo ou dans le jeux de rôle, c'est à la portée de n'importe qui, de n'importe quel enfant de 8 ans, fut-il le plus médiocre élève de toute l'histoire de France, du moment qu'il est un peu attiré par la chose.
C'est peut-être à la portée de "n'importe qui" de par sa popularité, qu'est-ce que ça change ? :umnik: Je note au passage que le fait d'être à la portée de n'importe qui le place hors de portée de la plupart des gens qui ont une éducation classique. Pas éduqués à ça, au même titre que les vidéo-addicts n'ont pas été éduqués à l'art classique. Ca ne fait pas du jeu vidéo un art. Mais ce n'est pas non plus ce qui fait accéder les arts classiques à leur statut d'art.

Ce qui m'amène à voir ta définition comme des plus contradictoires. L'Art aurait des visées universelles, mais qui ne peuvent être appréciées que par une élite ? Où est donc l'universel dans un tel élitisme ?

Citation

Non, et Naheulbeuk, du peu de choses que j'ai pu en lire, j'avoue trouver ça très médiocre, sans intérêt et pas drôle du tout... :(
Leur humour souvent graveleux, c'est vrai. Mais pour reprendre sur le mélange d'art et de jeux de rôles, je te recommande la saga MP3 "Reflets d'acides" : des dialogues savoureux, d'humour oscillant entre la finesse et la farce aristophanesque, fréquemment servie avec une petite sauce d'Alexandrins. A noter que ma tendre et douce, littéraire dans l'âme et absolument pas rôliste pour un sou, l'a d'elle même comparée à ces comédies théatrales (et accessoirement, a été conquise par la saga). De tous les exemples que je pourrais donner, c'est surement celui qui se rapproche le plus de cette fameuse universalité ! ;)
Celà dit, la référence à cette conférence n'avait pas d'autres buts que celui ludique du divertissement en usant de l'Art de la boutade. :peur:
Nenfëa

- Les yeux, Bouh, vise les yeux!
- Pouiiiiiic!!!

Le monde de Gilbertus devenu réalité : Kalendaar!
Il était une fois un site vachement bien avec plein de nistoires dessus... ah, vous la connaissez déjà ?!

Wiwi d'or 2006 du plus serviable ! Tadaaaaaaaa !

#78 Duncan Imrryran

Duncan Imrryran

    Truite hors-sujet


Posté 05 août 2007 - 20:10

Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 19:22, dit :

Que cela plaise ou non, l'art, comme la culture, a toujours été élitiste. Il n'est pas donné à tout le monde de se passionner pour Aristote, pour la musique baroque, pour la Comedia Del Arte, ou pour les peintres impressionnistes. Tu dis "baigner" dedans... certes, mais pour baigner dans les arts et la culture, il faut se cultiver, lire, recevoir des leçons, apprendre, travailler. "Baigner" dans les jeux vidéo ou dans le jeux de rôle, c'est à la portée de n'importe qui, de n'importe quel enfant de 8 ans, fut-il le plus médiocre élève de toute l'histoire de France, du moment qu'il est un peu attiré par la chose. N'importe quel gamin peut s'éclater devant Pokémon ou un RPG, sans avoir besoin de rien, du moment qu'il sait lire ! (comme quoi la culture est toujours nécessaire, même à petite dose ! On me rétorquera, avec les voix d'Oblivion, même plus besoin de savoir lire !  :evil:  ).
Nuance, l'art peut être élitiste. Il peut aussi ne pas l'être, voire même viser l'ensemble de la population. C'est le cas des fresques des cathédrales par exemple, de leurs ribambelles de statues qui étaient avant tout un catéchisme populaire, à sens univoque, tout comme les affiches de propagande du XXe siècle ou la publicité. Pourtant c'est bien de l'art non ? Même au sens académique du terme.

Et pour rester dans le sujet, certains jeux vidéos sont élitistes, je pense à Planescape Torment par exemple. Ou Baldur's Gate : n'importe qui n'a pas 1000h à y consacrer pour en faire le tour (et à une époque où l'information et la culture est disponible à portée de main c'est là le véritable élitisme : le temps qu'on peut consacrer à des activités non nécessaires, notamment son éducation dans des domaines comme l'art médiéval ou les jeux vidéos). :umnik:

#79 Brutal Deluxe

Brutal Deluxe

Posté 05 août 2007 - 20:20

Avant de juger de la valeur artistique d'une oeuvre, il faut s'intéresser. Caricaturer l'art contemporain et ne faire référence qu'à Van Gogh et Picasso, c'est plouc. Vous pouvez dire "je ne sais pas", c'est pas grave, mais posez les fourches.
Orthopuriste mousseline.

#80 Zubustou

Zubustou

    Ha ha HAHAHAHA Gnéhéhéhéhéhé depuis 2006


Posté 05 août 2007 - 20:40

Citation

Caricaturer l'art contemporain et ne faire référence qu'à Van Gogh et Picasso, c'est plouc.
On peut ne pas aimer l'art contemporain et ne parler que des peintres que tout le monde connait :evil:
Balancer des noms que personne ne connait, ça fait pédant  :umnik:

Aubustou tape vite
et surtout dans la gueule
- Marmotte Milka, 28 juin 2012 à 21:27


#81 Kira

Kira

    Top-modeleuse...


Posté 05 août 2007 - 21:03

Me revoilà, et je vais en profiter pour réenfoncer mon clou...

Depuis trois pages, vous avez réussi à prouver qu'il y a une forme d'art par individu, et que, en tant qu'appréciation basée sur des notions subjectives, toutes ces visions uniques n'ont qu'un but, c'est à dire montrer la voie vers un enrichissement moral et totalement personnel...
Tout n'est qu'illusion... Surtout le fait de le penser.....
Image IPB
(Wiwi d'or de la plus serviable et de la plus cool... Merci à vous tous...)

#82 Mordicus

Mordicus

    Philippe Risoli & Muppets show


Posté 05 août 2007 - 22:02

Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 19:22, dit :

Je l'ai déjà dit : les jeux vidéos ne sont pas nécessairement un art en tant que tel. Mais ce n'est pas pour autant qu'un jeu vidéo en particulier n'a aucune chance d'accéder au statut d'oeuvre d'art.
Entendu, mais :
  • puisque 70% à 80% de jeux ne peuvent pas avoir de valeur artistique, faute de valeur « émotionnelle », c’est bien que le lien entre art et jeux vidéo (un loisir) n’est pas systématique, ou que la définition qui repose sur l’émotion pose problème. Au choix ! C’est ce que je voulais souligner
  • tu dis malgré tout, "ce n'est pas pour autant qu'un jeu vidéo en particulier n'a aucune chance d'accéder au statut d'oeuvre d'art". Je pense qu’un jeu vidéo ne sera jamais admiré comme une œuvre d’art, même s’il peut avoir des points communs et toutes sortes de qualité... Décidément nous ne tomberons jamais d'accord !

Citation

A condition d'oublier un des aspects de ma définition, que je n'avais pas redonné là il est vrai : où est la représentation subjective du réel dans cette émission ? :D
Où est la représentation subjective du réel dans une partie de jeu de rôle ? Je me pose la question. La plupart des JdR rôle reprennent des mondes pré-définis (Tolkien, Chtulu, etc.), et fabriquent une histoire dans ce monde... Que reflètent et qu'expriment leurs histoires ? Qu'apportent-t-elle à l'esprit humain, autre que le divertissement d'un moment, pour ceux qui, du moins, parviennent à entrer dans leur univers imaginaire  ? Le peintre, le musicien, le sculpteur développent en travaillant leur savoir-faire, leur perception artistique, ils puisent dans l'enseignement de leurs maîtres et dans le travail d'autres artistes pour affiner leur art, ils cherchent à exprimer des choses que le langage et les formes d'expressions courantes ne parviennent à atteindre... Quel "art" développe un MJ et ses joueurs dans leur univers fantaisiste d'elfes et de magiciens ? Qu'auront-il acquis de grand, de beau, d'enviable, après 10 ou 20 ans de jeux de rôle ? Que dire, également, des jeux de rôles grandeur nature ? Du bon temps, sans aucun doute !!! Pour le reste, je doute. Et je sais ce que c'est qu'un JrR, c'était déjà la mode quand j'étais au lycée.

Citation

Il s'agit là d'exemples frappants, mais si la Joconde est aussi connue, on ne peut le dissocier du fait que son auteur soit connu. Je vois mal en quoi ça pose un problème par rapport à ma définition... ;)
Pas par rapport à ta définition, mais par rapport à ton exemple. Oui, il est connu que la notoriété de certains artistes les a souvent dispensés d’un regard critique (Picasso en tête). Cela dit, ces artistes avaient fait leurs preuves par ailleurs. Cet enfant, tu apprécies ses dessins pour diverses raisons qui ne font pas de lui artiste (tu l’avoues)… Tu peux donc *théoriquement* rapprocher la valeur affective que tu éprouves pour ce dessin à la valeur aveugle que portent certaines personnes devant les oeuvres de maîtres connus. Mais cela n'octroie pas à ce dessin d'enfant une valeur artistique objective, et si elle est subjective, cette subjectivité est à rechercher dans ton attachement à cet enfant. Toujours pas d'art en vue.

Citation

C'est peut-être à la portée de "n'importe qui" de par sa popularité, qu'est-ce que ça change ? :umnik:
Ce n’est pas la popularité de ces jeux qui font qu’ils sont accessibles à n’importe qui. D’abord, ces jeux ne sont pas si populaires, ils ne sont populaire que chez une certaine tranche d’âge (reste à faire une étude sociologique aussi!). Ensuite, cela change pas mal de chose (quote suivant !)

Citation

Je note au passage que le fait d'être à la portée de n'importe qui le place hors de portée de la plupart des gens qui ont une éducation classique. Pas éduqués à ça, au même titre que les vidéo-addicts n'ont pas été éduqués à l'art classique. Ca ne fait pas du jeu vidéo un art. Mais ce n'est pas non plus ce qui fait accéder les arts classiques à leur statut d'art.
Tu défends un relativisme absolu : ceux qui seraient portés sur les arts classiques et pas sur les jeux vidéo, équivaudraient grosso modo à ceux qui sont portés sur les jeux vidéo et ne sont pas portés vers les arts classiques. C'est ce que tu dis. Or c’est une pure négation de la culture. Tu négliges le fait que ceux qui sont portés sur la culture et les arts classiques ont du faire un minimum d'efforts pour cela, par l’apprentissage, l’éducation, la curiosité (du savoir). Ceux qui sont portés sur les jeux vidéo n’en n’ont pas fait, et n’ont guère besoin d’en faire, parce que les jeux sont un loisir, ils sont conçus pour être faciles d’accès et divertissants. Tu es en train de dire que culture et loisir se valent, qu’entre aller faire du ski, et apprendre des auteurs classiques, tout se vaut… Si je suis d’accord pour ne pas ramener toute la culture à un esprit livresque et borné, mais jusqu’à nouvel ordre notre culture se transmet par le savoir, l’éducation, l’apprentissage, et par l’enseignement de disciplines classiques (dont l’Art fait partie). Imagines-tu qu’on puisse remplacer les cours d’école par des séances de MMO ? Disons un lieu commun : on peut considérer les loisirs comme une part de notre culture (toujours en évolution, c’est vrai aussi). Mais remplacer la culture par le loisir, jamais ! L'art et la culture ne se conquièrent que par l'apprentissage de l'Histoire et des modèles passés. Il n'y a pas de mystères, et s'il existait une autre voie, cela se saurait.

Citation

Ce qui m'amène à voir ta définition comme des plus contradictoires. L'Art aurait des visées universelles, mais qui ne peuvent être appréciées que par une élite ? Où est donc l'universel dans un tel élitisme ?
Ce n’est pas contradictoire du tout. Si je résume une pièce de Shakespeare, tout le monde la comprendra, sans difficulté. Si je te demande d’aller lire Shakespeare dans le texte, cela suppose que tu fournisses un effort, que tu prennes ton courage à deux mains, que tu aies déjà de bonnes connaissances d’anglais, que tu puisses apprécier une pièces en vers classiques, etc. Ce n'est pas donné à tout le monde, pourtant l'universalité de l'oeuvre est bien là.

Citation

Celà dit, la référence à cette conférence n'avait pas d'autres buts que celui ludique du divertissement en usant de l'Art de la boutade. :peur:
J’avais bien compris ! ;)

Voir le messageDuncan Imrryran, le 05.08.2007 à 21:10, dit :

Nuance, l'art peut être élitiste. Il peut aussi ne pas l'être, voire même viser l'ensemble de la population. C'est le cas des fresques des cathédrales par exemple, de leurs ribambelles de statues qui étaient avant tout un catéchisme populaire, à sens univoque, tout comme les affiches de propagande du XXe siècle ou la publicité. Pourtant c'est bien de l'art non ? Même au sens académique du terme.
Qui te prouve que ses fresques et ces statues étaient appréciées par leur beauté de tout le monde (au-delà de leur valeur religieuse) ? Les affiches de propagandes (sont-elles de l’art ?), étaient avant tout destinées à marquer les esprits, tout comme la publicité aujourd’hui, donc oui, forcément, elles visent le plus grand nombre. Hier comme aujourd’hui, un homme peu porté vers les choses de l’esprit appréciera difficilement la délicatesse de la plupart de formes d’art. Cela ne se "corrige" que par l'éducation. Cela me semble évident.

Citation

Et pour rester dans le sujet, certains jeux vidéos sont élitistes, je pense à Planescape Torment par exemple. Ou Baldur's Gate : n'importe qui n'a pas 1000h à y consacrer pour en faire le tour
Si c’est une boutade, ok. Sinon, oui, tu peux appeler ça de l’élitisme, mais ce n’est pas le même, ni la même "élite", tu le sais bien. Les no-life d’Ogame, à ce compte-là, sont aussi une élite…qui veut les suivre ?

Voir le messageKira, le 05.08.2007 à 22:03, dit :

Depuis trois pages, vous avez réussi à prouver qu'il y a une forme d'art par individu
:evil:
C’est la négation l'Art, de la culture, et c'est l'apologie de l'individualisme, ma bonne dame ! Si l’Art est ce que chacun veut qu’il soit, alors brûlons les oeuvres du Louvre, ce temple de l'imposture, et aussi tous les livres des écrivains, penseurs et philosophes qui nous serinent avec toutes leurs doctes fadaises !
(Ultra)VGM récalcitrant et moddeur allergique aux jeux vidéo.

#83 Kira

Kira

    Top-modeleuse...


Posté 05 août 2007 - 22:30

Mais au Louvres, il y a plusieurs salles, et elles contiennent de nombreuses oeuvres, que l'on n'est pas obligée de regarder ou d'aprécier en totalité, je pense...
Tout n'est qu'illusion... Surtout le fait de le penser.....
Image IPB
(Wiwi d'or de la plus serviable et de la plus cool... Merci à vous tous...)

#84 Mordicus

Mordicus

    Philippe Risoli & Muppets show


Posté 05 août 2007 - 22:44

Voir le messageKira, le 05.08.2007 à 23:30, dit :

Mais au Louvres, il y a plusieurs salles, et elles contiennent de nombreuses oeuvres, que l'on n'est pas obligée de regarder ou d'aprécier en totalité, je pense...
Certes, mais si l'art est une notion totalement subjective variant d'un individu à l'autre, le conservateur du Louvre aurait alors le droit de remplir comme il veut les salles du musée...

Spoiler

(Ultra)VGM récalcitrant et moddeur allergique aux jeux vidéo.

#85 Angel Eyes Sentenza

Angel Eyes Sentenza

    Cave Canem


Posté 05 août 2007 - 22:47

Voir le messageKira, le 05.08.2007 à 22:03, dit :

Me revoilà, et je vais en profiter pour réenfoncer mon clou...

Depuis trois pages, vous avez réussi à prouver qu'il y a une forme d'art par individu, et que, en tant qu'appréciation basée sur des notions subjectives, toutes ces visions uniques n'ont qu'un but, c'est à dire montrer la voie vers un enrichissement moral et totalement personnel...
Je suis absolument d'accord kira!  :umnik:
Burro català : "Le caractère catalan semble comporter les vertus de l'âne : ténacité, détermination, ardeur à la tâche et fidélité. "

"J'aime à voir les choses tomber en place."

Kerro Panille

Bloc-notes


#86 Tim

Tim

    Timinus


Posté 05 août 2007 - 23:06

j'approuve ! :umnik:
l'art est déjà l'objet d'un débat aussi vieu que son sujet. ce qui transcande l'un peut etre inerte a l'autre.

*Sa seigneurie le prince du clan des bouffeurs de Yabon !
*Détenteur de la baffe d'or administrée par Gamall le 19/11/07

Epilost Graphisme et délires
PixelNoob Une Web-émission, sur les jeux video


#87 Mordicus

Mordicus

    Philippe Risoli & Muppets show


Posté 05 août 2007 - 23:52

Pour éviter certains lieux communs, je vous conseille une lecture : "Pour l’art : éclipse ou renouveau" de Kostas Mavrakis (il est peintre, docteur en philosophie et en arts plastiques). Voici quelques lignes, empruntées à un résumé critique de cet ouvrage, qui vous concernent directement :

Citation

En croisant les avis notamment de Hans Sedlmayr, Daniel Bell, Harold Rosenberg, Jürgen Habermas, Tom Wolf, Peter Fuller, Jean Clair, l’auteur explique qu’ils « s’accordent en gros sur le diagnostic de destruction de la culture. [...] Cependant que ce soit directement ou indirectement, explicitement ou non, c’est la société de consommation qu’ils incriminent. Rationalisation, sécularisation, individualisme sont les vecteurs de son efficace stérilisante ». Face au non-sens qu’est le refus des disciplines traditionnelles (peinture, sculpture, céramique, etc.) ce qui entraîne l’acceptation de toutes les « pratiques » et donc du « tout et n’importe quoi est de l’art », la ligne de défense des contempteurs de l’institution est d’affirmer que la thèse "il y a de l’art" appartient à la doxa, l’opinion commune du vulgaire méprisé par les doctes ».

Stratégie d’intimidation dialectique gagnante jusqu’à présent notamment parce que le relativisme historiciste imprègne les esprits à un point tel qu’il empêche les gens de s’opposer à la destruction de l’art et donc de la civilisation. « Qu’est-ce que l’art ? Demandent-ils, comme Ponce Pilate demandait "Qu’est-ce que la vérité ?" ». [...]

« Pas plus qu’on ne peut être modérément "moderniste", on ne peut s’opposer modérément au modernisme et se refuser à rompre avec la rupture qu’il représente. Il faut rétablir le système complet des critères qui informait autrefois le travail artistique et le jugement critique ».
Source : Catholica, n° 93, automne 2006
(Ultra)VGM récalcitrant et moddeur allergique aux jeux vidéo.

#88 Nenfëa

Nenfëa

    Le poisson bavard de Kalendaar


Posté 06 août 2007 - 02:45

Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 23:02, dit :

Où est la représentation subjective du réel dans une partie de jeu de rôle ? Je me pose la question. La plupart des JdR rôle reprennent des mondes pré-définis (Tolkien, Chtulu, etc.), et fabriquent une histoire dans ce monde... Que reflètent et qu'expriment leurs histoires ? Qu'apportent-t-elle à l'esprit humain, autre que le divertissement d'un moment, pour ceux qui, du moins, parviennent à entrer dans leur univers imaginaire  ?
Une réponse en deux temps. D'abord, les univers rôlistes sont bien souvent une représentation du réel en tant que tel de par leurs côtés fantastiques. Que sont les elfes, les fées, les korrigans, les dragons et les trolls, si ce n'est une invention humaine pour donner forme à ce qui lui échappe dans le monde du réel ? Ce n'est pas pour rien qu'on les retrouve, sous une forme ou une autre, dans la quasi-totalité des cultures.
Deuxièmement, l'histoire inventée par le maître de jeu n'a pas nécessairement une portée artistique en tant que telle. Elle n'en aura que s'il a assez de finesse pour lui faire aborder un thème qui le permet - la trahison, l'amour, la soif de pouvoir, etc... - avec le brio nécessaire. Bref, le jeu de rôle n'est pas un art en tant que tel, mais pour moi il peut en receler. Je ne m'étendrai pas là dessus, nous avons déjà débattu le thème sans parvenir à un compromis qui puisse tous deux nous satisfaire et le sujet me parait épuisé. :)

Citation

Mais cela n'octroie pas à ce dessin d'enfant une valeur artistique objective, et si elle est subjective, cette subjectivité est à rechercher dans ton attachement à cet enfant. Toujours pas d'art en vue.
Cette idée de valeur objective est justement au coeur de mon exemple : quelle peut-être cette valeur objective sachant que tous les éléments de définition valables apportés jusqu'à présent, y compris la tienne, ne reposent que sur des éléments subjectifs ?
Si je rappelle ta définition : qui juge objectivement que l'oeuvre ait une vision esthétique ? Qu'elle tende vers la perfection ? Qu'elle soit une manifestation de sensibilité humaine, qu'elle fascine ou émeuve le genre humain ? Qu'elle est reconnaissable comme oeuvre d'art ?
Sur tes six critères, seuls deux offrent un degré d'objectivité acceptable, la technique et le désintéressement - encore que je me demande qui peut décider si l'artiste a fait son oeuvre pour la vendre ou par pure volonté de création ? :)

Citation

Ceux qui sont portés sur les jeux vidéo n’en n’ont pas fait, et n’ont guère besoin d’en faire, parce que les jeux sont un loisir, ils sont conçus pour être faciles d’accès et divertissants. Tu es en train de dire que culture et loisir se valent, qu’entre aller faire du ski, et apprendre des auteurs classiques, tout se vaut… Si je suis d’accord pour ne pas ramener toute la culture à un esprit livresque et borné, mais jusqu’à nouvel ordre notre culture se transmet par le savoir, l’éducation, l’apprentissage, et par l’enseignement de disciplines classiques (dont l’Art fait partie).
Critique intéressante. Je m'incline sur le fond : bien évidemment, loisir et culture ont des visées bien différentes. Cette volonté à rejeter toute possibilité artistique autre que dans un domaine reconnu comme tel me gène toujours (ce qui était la raison essentielle de mon exemple), mais l'argument en tant que tel pose effectivement problème.

Citation

Ce n’est pas contradictoire du tout. Si je résume une pièce de Shakespeare, tout le monde la comprendra, sans difficulté. Si je te demande d’aller lire Shakespeare dans le texte, cela suppose que tu fournisses un effort, que tu prennes ton courage à deux mains, que tu aies déjà de bonnes connaissances d’anglais, que tu puisses apprécier une pièces en vers classiques, etc. Ce n'est pas donné à tout le monde, pourtant l'universalité de l'oeuvre est bien là.
A ceci près que si tu résumes du Shakespeare, ce n'est plus l'oeuvre, mais ta vision de l'oeuvre. Finalement, ça n'en devient pas plus qu'une énumération des actions effectuées dans sa pièce, avec en plus le sens que TU lui donnes. Un autre en donnera d'ailleurs probablement une autre vision. Je dois bien avouer ne toujours pas voir où est l'universalité dans ceci ? :?

Citation

Qui te prouve que ses fresques et ces statues étaient appréciées par leur beauté de tout le monde (au-delà de leur valeur religieuse) ? Les affiches de propagandes (sont-elles de l’art ?), étaient avant tout destinées à marquer les esprits, tout comme la publicité aujourd’hui, donc oui, forcément, elles visent le plus grand nombre.
Euh... pour moi, il en va de même des fresques des églises : frapper l'esprit des croyants pour y ancrer encore davantage la religion. :)
Je ne nie pas leur portée artistique, je veux simplement dire que l'existence d'un but non désintéressé n'est pas incompatible avec l'art.

Citation

:huhu:
C’est la négation l'Art, de la culture, et c'est l'apologie de l'individualisme, ma bonne dame ! Si l’Art est ce que chacun veut qu’il soit, alors brûlons les oeuvres du Louvre, ce temple de l'imposture, et aussi tous les livres des écrivains, penseurs et philosophes qui nous serinent avec toutes leurs doctes fadaises !
Avoir une vision plurielle de l'art ne veut pas dire rejeter les autres visions, mais bien au contraire les accepter comme des éléments qui en décrivent chacune une facette différente. L'art académique prôné par le Louvre y a donc toujours sa place ! ;)

J'ajouterai qu'au Louvre, on ne présente pas de l'art sous toutes ses formes, mais uniquement de l'art au sens académique du terme (avec en prime de l'histoire, de la culture, etc...). Je ne vois pas en quoi le fait de reconnaitre d'autres formes d'art obligerait à changer cette façon de faire !

Je plussoie donc également la vision de Kira.


Edit : petites précisions.

Modifié par Nenfëa, 06 août 2007 - 02:50.

Nenfëa

- Les yeux, Bouh, vise les yeux!
- Pouiiiiiic!!!

Le monde de Gilbertus devenu réalité : Kalendaar!
Il était une fois un site vachement bien avec plein de nistoires dessus... ah, vous la connaissez déjà ?!

Wiwi d'or 2006 du plus serviable ! Tadaaaaaaaa !

#89 Duncan Imrryran

Duncan Imrryran

    Truite hors-sujet


Posté 06 août 2007 - 07:16

Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 23:02, dit :

Voir le messageDuncan Imrryran, le 05.08.2007 à 21:10, dit :

Nuance, l'art peut être élitiste. Il peut aussi ne pas l'être, voire même viser l'ensemble de la population. C'est le cas des fresques des cathédrales par exemple, de leurs ribambelles de statues qui étaient avant tout un catéchisme populaire, à sens univoque, tout comme les affiches de propagande du XXe siècle ou la publicité. Pourtant c'est bien de l'art non ? Même au sens académique du terme.
Qui te prouve que ses fresques et ces statues étaient appréciées par leur beauté de tout le monde (au-delà de leur valeur religieuse) ? Les affiches de propagandes (sont-elles de l’art ?), étaient avant tout destinées à marquer les esprits, tout comme la publicité aujourd’hui, donc oui, forcément, elles visent le plus grand nombre. Hier comme aujourd’hui, un homme peu porté vers les choses de l’esprit appréciera difficilement la délicatesse de la plupart de formes d’art. Cela ne se "corrige" que par l'éducation. Cela me semble évident.
Donc dès que quelquechose a été baptisé "art" à partir du XIXe siècle il n'est plus compréhensible par le commun des mortels ? Tu compares avec la publicité, ça tombe bien, on trouve de l'art dans la publicité, ainsi nombre de publicités de Toulouse-Lautrec sont maintenant affichées dans les musées. :) Et autant les statuettes gothiques que les fresques d'églises toscanes sont de la publicité ou de la propagande, ce qui est revient au même.

Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 23:02, dit :

Citation

Et pour rester dans le sujet, certains jeux vidéos sont élitistes, je pense à Planescape Torment par exemple. Ou Baldur's Gate : n'importe qui n'a pas 1000h à y consacrer pour en faire le tour
Si c’est une boutade, ok. Sinon, oui, tu peux appeler ça de l’élitisme, mais ce n’est pas le même, ni la même "élite", tu le sais bien. Les no-life d’Ogame, à ce compte-là, sont aussi une élite…qui veut les suivre ?
Ce n'est pas une boutade et il ne me semble pas avoir cité Ogame mais bien Baldur's Gate. :) De même que tu peux rester 2 jours planté devant une croûte tu peux passer des semaines dans un jeux vidéo nul. De même que tu peux faire une thèse sur une oeuvre splendide pour en explorer toutes les facettes. C'est tout autant élitiste : réservé à une "élite". Ou alors passer x temps à regarder une peinture et passer x temps à jouer n'ont intrinsèquement pas la même valeur morale et personnellement j'avoue que je ne peux pas te suivre. :)


Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 23:02, dit :

Voir le messageKira, le 05.08.2007 à 22:03, dit :

Depuis trois pages, vous avez réussi à prouver qu'il y a une forme d'art par individu
;)
C’est la négation l'Art, de la culture, et c'est l'apologie de l'individualisme, ma bonne dame !
Et c'est mal ? Pas possible : vu que c'est une valeur morale de notre société, par définition c'est bien. :huhu:

Remarque c'est un point de vue parfaitement logique que tu défends dans le cadre d'une démocratie : l'art pour en être doit être reconnu par un certain nombre et n'importe qui peut en venir à apprécier l'art avec la formation adaptée, c'est une application simple du principe démocratique à l'art.

Ce qui est paradoxal par rapport à ta démarché qui consiste à dire que vu que art ne veut plus rien dire (et donc comme je le disais la recherche d'une définition est vaine) on va lui redonner un sens en le restreignant manu militari.

#90 Brutal Deluxe

Brutal Deluxe

Posté 06 août 2007 - 08:02

Voir le messageAubustou, le 05.08.2007 à 20:40, dit :

Citation

Caricaturer l'art contemporain et ne faire référence qu'à Van Gogh et Picasso, c'est plouc.
  On peut ne pas aimer l'art contemporain et ne parler que des peintres que tout le monde connait :)
  Balancer des noms que personne ne connait, ça fait pédant  :huhu:
  
  
  Aimer ou pas n'ai pas la question. Il s'agit de comprendre, commandant  Pernod.  "l'art contemporain (...) des noms que personne ne connaît" Tu  crois vraiment que personne ne les connait?
  
  

Voir le messageMordicus, le 05.08.2007 à 22:44, dit :

Voir le messageKira, le 05.08.2007 à 23:30, dit :

Mais au Louvres, il  y a plusieurs salles, et elles contiennent de nombreuses oeuvres, que  l'on n'est pas obligée de regarder ou d'aprécier en totalité, je  pense...
Certes, mais si l'art est une notion totalement  subjective variant d'un individu à l'autre, le conservateur du Louvre  aurait alors le droit de remplir comme il veut les salles du musée...

Spoiler
  
  C'est de qui, le travail sur les paquets de CorneFlakes au juste?   ;)

Voir le messageKira, le 05.08.2007 à 21:03, dit :

Me revoilà, et je vais en profiter pour réenfoncer mon clou...

Depuis trois pages, vous avez réussi à prouver qu'il y a une forme d'art par individu, et que, en tant qu'appréciation basée sur des notions subjectives, toutes ces visions uniques n'ont qu'un but, c'est à dire montrer la voie vers un enrichissement moral et totalement personnel...

Je n'ai pas retenu ça de ces trois pages, je trouvais qu'au contraire Mordicus avait bien expliqué sur quoi se basait la théorie des arts actuellement enseignée. Je regrette simplement qu'on occulte les 50 dernières années de l'histoire de l'art pour de mauvaises raisons. Je n'ai jamais vu d'étudiant des Beaux-Arts balancer de la peinture sur une toile depuis le sommet d'un escabeau, cela dit c'est possible mais l'intérêt de son travail n'en aurait été que plus difficile à justifier depuis Pollock et Warhol. Vous dites baigner là-dedans, je vous invite à remettre un peu d'oxygène dans le bocal.

Modifié par Brutal Deluxe, 06 août 2007 - 08:02.

Orthopuriste mousseline.

#91 Zubustou

Zubustou

    Ha ha HAHAHAHA Gnéhéhéhéhéhé depuis 2006


Posté 06 août 2007 - 11:08

Citation

commandant Pernod.

Aubustou, mon pseudo est Aubustou  :huhu:

Citation

Tu crois vraiment que personne ne les connait?
Dans les soirées mondaines je ne dis pas. Mais sur ce forum, il doit pas y avoir grand monde  ;)

Aubustou tape vite
et surtout dans la gueule
- Marmotte Milka, 28 juin 2012 à 21:27


#92 jeanlouis

jeanlouis

    814ème majorette évadée


Posté 06 août 2007 - 12:11

Voir le messageBrutal Deluxe, le 06.08.2007 à 08:02, dit :

je vous invite à remettre un peu d'oxygène dans le bocal.

tiens, j'en connais un qui va être content !  :huhu:
Non ! les dinosaures n'ont pas disparus

#93 Kira

Kira

    Top-modeleuse...


Posté 06 août 2007 - 12:46

Je crois qu'il faut garder à l'esprit un fait précis:
L'art est une notion qui s'est créée petit à petit, et en tant que tel, il est en constante possibilité d'évolution...
J'ai moi-même présenté ma thèse sur une forme d'art dont je ne sais pas si elle est comprise dans tes critères, Mordicus: L'art aborigène australien...
C'est une des formes les plus primitives d'art, composée de pétroglyphes principalement, conçue dans un but religieux au sens le plus utilitaire qui soit, et pourtant, c'est un art maintenant universellement reconnu...
Car, comme je le disais plus haut, l'art est né du fait que des techniques artisanales de reproduction sont passées dans le domaine de l'inutile, puis du décoratif, pour arriver ensuite à celui du beau...
Le premier être humain qui a peint un bison sur une paroi cherchait à capturer un esprit élémentaire, et les mêmes gestes, effectués quelques milliers d'années plus tard, créent de l'art... Il a fallu inventer une technique, puis la perfectionner, la faire accepter moralement aux spectateurs, afin que la représentation créé devienne dans leur esprit une vision dépassant l'utile et le commun...
Et c'est ainsi que je rejoins le sujet...
Les techniques évoluent... A la fin du siècle dernier est apparue la photographie, et elle était considérée comme tout sauf de l'art... Hors, maintenant, on admet l'existence de la photo d'art, et on l'expose, ce qui prouve, selon vos critères, que ces oeuvres méritent d'être mises en exergue...
L'art vidéo est enore plus nouveau, et, une fois passé le stade de l'utilitaire, il aura toutes ses chances de rejoindre le groupe des arts représentatifs, au même titre que les idoles en ivoire sont devenues des sculptures, les chants de marche des symphonies, et les peintures rupestres des tableaux...
Tout n'est qu'illusion... Surtout le fait de le penser.....
Image IPB
(Wiwi d'or de la plus serviable et de la plus cool... Merci à vous tous...)

#94 Duncan Imrryran

Duncan Imrryran

    Truite hors-sujet


Posté 06 août 2007 - 18:47

Voir le messageKira, le 06.08.2007 à 13:46, dit :

Je crois qu'il faut garder à l'esprit un fait précis:
L'art est une notion qui s'est créée petit à petit, et en tant que tel, il est en constante possibilité d'évolution...
J'ai moi-même présenté ma thèse sur une forme d'art dont je ne sais pas si elle est comprise dans tes critères, Mordicus: L'art aborigène australien...
C'est une des formes les plus primitives d'art, composée de pétroglyphes principalement, conçue dans un but religieux au sens le plus utilitaire qui soit, et pourtant, c'est un art maintenant universellement reconnu...
Car, comme je le disais plus haut, l'art est né du fait que des techniques artisanales de reproduction sont passées dans le domaine de l'inutile, puis du décoratif, pour arriver ensuite à celui du beau...
Le premier être humain qui a peint un bison sur une paroi cherchait à capturer un esprit élémentaire, et les mêmes gestes, effectués quelques milliers d'années plus tard, créent de l'art... Il a fallu inventer une technique, puis la perfectionner, la faire accepter moralement aux spectateurs, afin que la représentation créé devienne dans leur esprit une vision dépassant l'utile et le commun...
Et c'est ainsi que je rejoins le sujet...
Les techniques évoluent... A la fin du siècle dernier est apparue la photographie, et elle était considérée comme tout sauf de l'art... Hors, maintenant, on admet l'existence de la photo d'art, et on l'expose, ce qui prouve, selon vos critères, que ces oeuvres méritent d'être mises en exergue...
L'art vidéo est enore plus nouveau, et, une fois passé le stade de l'utilitaire, il aura toutes ses chances de rejoindre le groupe des arts représentatifs, au même titre que les idoles en ivoire sont devenues des sculptures, les chants de marche des symphonies, et les peintures rupestres des tableaux...
Très bon post, très pertinent je trouve. :)

(je le quote, comme ça il ne risque pas de s'envoler si on ouvre la fenêtre ;) )

#95 Mordicus

Mordicus

    Philippe Risoli & Muppets show


Posté 06 août 2007 - 21:55

Une autre big tartine...  ;)

"Nenfëa" dit :

D'abord, les univers rôlistes sont bien souvent une représentation du réel en tant que tel de par leurs côtés fantastiques.

Non, ils ne sont pas une représentation du réel, ils sont une représentation d’un monde imaginaire (librement inspiré d’histoires légendaires ou fantastiques) qui sert de support à un jeu dans l’imaginaire. Ils n’en sortent jamais. Alors que l’art né de l’imaginaire ou d’une représentation de la Nature, mais il se finalise dans le réel et offre un résultat réel et perceptible : la toile, la sculpture, la musique, le cinéma, l’art digital, l’art oratoire, etc.

Tu remarqueras que tous les arts font ce passage obligé, par un travail ardu sur la matière ou sur le verbe, vers une concrétisation de leur création. Il y a pour chaque art un travail d’orfèvrerie qui, à moins d’être un génie, est long et difficile : le sculpteur travaille sa pierre, le poète ses vers, le dramaturge sa pièce, l’acteur son jeu, le peintre sa toile, etc. Bref, tous travaillent dans la contrainte (contraintes dictées par des règles strictes et propres à chaque forme d’art, mais qui le font vivre), et présentent le fruit de leur travail - palpable. Par quel travail et quelles contraintes passe le MJ d’un jeu de rôle, et qu’elle serait son ouvrage ? Il griffonne sont scénario comme il veut, il n’est pas acteur ni metteur en scène, il raconte, dans une forme très libre et soumises à aucune règle formelle, qui donc n’exige aucune technique rodée, une histoire à des joueurs qui interagissent très librement avec lui. Certes, à jeu-là, il doit bien avoir des gens plus talentueux que d’autres, mais cela reste sans comparaison possible avec l’Art.

Là où je vois un rapprochement possible : les histoires interactives du forum, par exemple, parce qu'elle réintroduisent l'écriture et peuvent être perçues comme un exercice de style (si on s'applique un peu).  :oops:

"Nenfëa" dit :

Cette idée de valeur objective est justement au coeur de mon exemple : quelle peut-être cette valeur objective sachant que tous les éléments de définition valables apportés jusqu'à présent, y compris la tienne, ne reposent que sur des éléments subjectifs ?
Tout ce qui est jugement de l’esprit ne pourra jamais se soustraire à une part de subjectivité. Qu’est-ce qui fait que lorsque tu entends un bruit de marteau piqueur tu sais que ce n’est pas de la musique ? L’harmonie, et le fait que tu as déjà entendu de la musique. Mais si je décrète (ce que tu fais indirectement avec l’art) que l’harmonie est partout où on la voit, alors, en effet, tu n’auras plus aucun moyen rationnel pour me convaincre que ce bruit n’est pas de la musique, puisque tu auras décrété toi-même que tout est subjectif.

Toutes les discussions sur les arts et la culture ne peuvent faire abstraction de notre héritage, de nos traditions et de nos valeurs. La subjectivité n’a de sens qu’une fois posée sur ces fondements. Sans cela, on est dans le charabia et l’irrationnel.

"Nenfëa" dit :

Si je rappelle ta définition : qui juge objectivement que l'oeuvre ait une vision esthétique ? Qu'elle tende vers la perfection ? Qu'elle soit une manifestation de sensibilité humaine, qu'elle fascine ou émeuve le genre humain ? Qu'elle est reconnaissable comme oeuvre d'art ?
Cela se juge sur les critères culturels établis par notre civilisation, c’est-à-dire nos valeurs et nos traditions artistiques. C'est notre garde fou, sans lequel toute discussion devient impossible.

"Nenfëa" dit :

Je me demande qui peut décider si l'artiste a fait son oeuvre pour la vendre ou par pure volonté de création ?
J’ai essayé de répondre trois fois à la question de la pub, visiblement sans succès, et Duncam fait la même opposition. On va essayer de faire plus clair : que l’artiste fasse une œuvre pour la vendre ou par volonté de création n’a aucune espèce d’importance du moment qu’il crée une œuvre d’art. On se moque de savoir qui l’a commandée, combien il touchera, et que deviendra son tableau, sa musique, une fois l’œuvre achevée. Le publicitaire agit lui aussi sur commande, et reçoit son salaire. A la différence que lui ne vient pas faire de l’art. Il emprunte des procédés artistiques pour montrer que sa brosse à dents est idéale, que son parfum est magique, que ses billets de voyages ne sont pas chers, et pour t’inciter à les acheter… Son but, c’est de mettre en valeur un produit commercial, rien d’autre. Les procédés artistiques, s’ils sont employés, n’ont qu’une place accessoire. D’ailleurs, quand le publicitaire sent qu’une femme à gros seins ou un nounours a l'air débile a plus de chance de faire vendre, il n’hésite pas à choisir cet autre moyen. L’artiste, une fois qu’il est devant son ouvrage, n’a plus aucun objectif matériel, mais purement spirituel, fut-il sacré. Il exécute son art pour lui-même (pour l’art lui-même, par pour montrer qu’il a de bonnes gouaches et de bons pinceaux à vendre). C’est toute la différence. Il n’y a que les publicitaires pour croire qu’ils font de l’art, et les incultes  :green: .

De la même manière, les hommes d’affaires se plaisent à dire que le business peut être éthique. On sait qu’il n’en est rien, ces notions sont incompatibles par essence. Un homme d’affaire peut-être bon, généreux, attentionné, mais il n’y pas d’éthique qui tienne dans la notion de commerce, par ce qu’il ne peut y avoir d’éthique intéressé, comme il ne peut y avoir d’art intéressé. Je parle d’intérêt matériel évidemment ! Et oui chers amis, oserais-je rappeler que les ambitions intellectuelles et spirituelles sont nobles et font partie intégrantes des arts et de la culture ? Le seul cas flottant est celui de l’art engagé (« politique »). Sur ce point précis les débats font rage : art ou pas art ? Et si ce cas fait débat, c’est précisément parce que la notion de désintéressement semble faire défaut.

"Nenfëa" dit :

Critique intéressante. Je m'incline sur le fond : bien évidemment, loisir et culture ont des visées bien différentes.
Merci pour cette honnêteté.

"Nenfëa" dit :

A ceci près que si tu résumes du Shakespeare, ce n'est plus l'oeuvre, mais ta vision de l'oeuvre. Un autre en donnera une autre vision. Je dois bien avouer ne toujours pas voir où est l'universalité dans ceci ?
Othello n’est pas une ode au mariage que je sache, pour toi comme pour moi ? Il n’y a nul besoin de faire entrer l’interprétation personnelle pour donner le résumer d’une pièce de théâtre. La trame de la pièce suffit à démontrer, par sa complexité et sa richesse, que la pièce rejoint la grande tradition des tragédies (soit la mise en scène d’un drame humain, dont la portée est universelle).

"Nenfëa" dit :

Avoir une vision plurielle de l'art ne veut pas dire rejeter les autres visions, mais bien au contraire les accepter comme des éléments qui en décrivent chacune une facette différente. L'art académique prôné par le Louvre y a donc toujours sa place ! :hum:
A moins de bâtir sa définition sur celle enseignée par l’Histoire (au quel cas on parlera de nuance), pour faire une place à sa « vision personnelle » il faut nécessairement abolir la définition de l’Art. Ou alors se résoudre à admettre que ce que l’on appelle « art » n’est pas l’Art, mais je ne sais quelle forme subalterne de sentiment qui s’y apparenterait... Mais ce n’est pas du tout ce qui a été dit jusqu’ici. Dire que l’art est purement subjectif, c’est nier l’Art en tant que tel, c’est-à-dire tel qu’il s’est construit et tel qu’il s’est transmis jusqu’à nous. C’est ce que vous avez, je pense, du mal à réaliser.

Si j’ai cité quelques lignes de Makravis, c’est pour essayer de vous faire prendre conscience que ce raisonnement, cette prise de position qui consiste à dire « chacun peut avoir sa définition de l’art » est une état d’esprit (pour ne pas dire une tare !) résolument moderne, caractéristique de notre société de consommation, individualiste et nihiliste, qui n’aurait pu avoir court en d’autres époques, et qui participe activement au sapement des valeurs traditionnelles de notre culture, au même titre que la désacralisation du monde. Le « je pense », « ma définition » a raison contre tous les enseignements de l’Histoire, qui ne valent pas mieux que « moi », ou qui sont « démodés » (comme les jupes !). On fait table de rase du passé, on se dispense de culture, et tout n’est plus qu’une question de goût personnel, de goûts et de couleurs. Dans la même veine des lieux communs destructeurs, avec « l’art est partout » (qui, au départ, est une tentative de destruction de l’Art par Duchamp, ni plus ni moins), on peut rajouter « la poésie est affaire d’interprétation personnelle » (comme si les poètes n’avaient jamais une intention précise), les « j’aime ou j’aime pas » qui ont plus de valeur que les avis critiques les plus éclairés (qu’on n’aura nul besoin d’aller consulter…). Et si l’on continue un peu plus loin, on entendra aussi « Je ne crois pas en Dieu mais je crois qu’il existe un dieu qui… » (car Dieu aussi se taille sur mesure !), voire on mélange un peu de christianisme avec des notions de karma ou de réincarnation (c’est la religion à la carte !)… autant de signes propres à notre temps, à la culture des supermarchés et au règne de l’hédonisme, qui résultent de l’anéantissement de tous les repères classiques, intellectuels, spirituels et artistiques, que notre civilisation a mis plusieurs siècles à bâtir. Plus rien ne s’apprend, tout se juge à coup de sentiments personnels, parce que tout serait relatif et subjectif, soumis aux désirs de chacun, et parce qu'il n'y aurait plus d'autorité valable !. C’est un des traits de la pensée dominante de notre époque, fort regrettable et dévastateur, et les discussions sur les forums du net en attestent tous les jours.

C’est un peu HS, mais il me semble important d’ouvrir les yeux sur ces questions, car le « à chacun sa définition de l’art » lancé par Kira, et emboîté par d’autres, y contribue directement. Est-ce à dire qu’on ne peut se prononcer librement sur l’art, et dire j’aime, ou je n’aime pas ? Bien sûr qu’on le peut, le problème n’est pas d’apprécier ou de ne pas apprécier, ce droit est inaliénable, mais classer quelque chose dans l’Art (ou la science, ou la religion, etc.), suppose que l’on s’interroge ce qu’est l’Art, et qu’avant de donner sa propre définition, on sache qu’elle en est la définition classique (approchante si elle n’est pas exacte), et qu’à partir de là on s’interroge pour voir si cette définition peut s’étirer jusqu’aux jeux vidéo, et si oui (ou non), de quelle façon, dans quelle mesure, sous quelle forme éventuelle. Dès lors, les choses deviennent plus claires et plus intéressantes. Et je ne dis pas que la définition que j’ai essayé de dégager est parfaite, pas du tout, mais je m’efforce de la cerner et je ne demande qu’à mieux faire. Jusqu’à présent, la définition « académique » de l’Art avait été balayée d’un revers de main, mise au placard, comme si le seul mot « académique » était sujet à dégoût. Quel artiste digne de ce nom n’a pas reçu de formation académique ou n'a pas de dettes envers l'enseignement académique des arts ? (certes, il y a en, mais combien ? ne rêvons pas !). Et que serait notre école, notre éducation, sans le moindre académisme ? Qu’on veuille dépasser les notions académiques, je le conçois, mais faut-il encore les avoir acquises dans un premier temps !

"Duncan Imrryran" dit :

Donc dès que quelquechose a été baptisé "art" à partir du XIXe siècle il n'est plus compréhensible par le commun des mortels ? Tu compares avec la publicité, ça tombe bien, on trouve de l'art dans la publicité, ainsi nombre de publicités de Toulouse-Lautrec sont maintenant affichées dans les musées.
Ce n’est pas ce que j’ai dit (voir plus haut ma clarification pour la pub), mais si les affiches de Toulouse-Lautrec sont aujourd’hui dans les musées, c’est parce que c’est Toulouse-Lautrec... tout comme le moindre croquis inachevé de Picasso, parce qu’il est reconnu comme un grand, y trouvera aussi sa place ; ou comme une partition rayée d’un Tchaïkovsky, les brouillons d’un Hugo, les objets ayant appartenu à Napoléon ou la mèche de cheveux d’un pharaon… Si Toulouse-Lautrec avait été un pur publicitaire, ces affiches n’auraient sûrement pas figuré dans les musées. Elles auraient, par contre, peut-être fait l’objet d’un beau livre illustré, car tout ce qui est beau et ancien prend de la valeur. Mais connais-tu un seul vrai publicitaire, contemporain de Lautrec, dont les œuvres, affiches ou dessins, soient exposés dans les musées d’art ? Pas moi.

"Duncan Imrryran" dit :

Ce n'est pas une boutade et il ne me semble pas avoir cité Ogame mais bien Baldur's Gate.
Et qu’est-ce que cela change ? Avoir le loisir de pouvoir passer 1000 heures devant un jeu vidéo, ce n’est pas faire partie d’une élite, c’est être un oisif ! (ou un addict) Ce n’est certes pas donné à tout le monde de pouvoir s’éclater des journées entières devant sa console de salon, mais enfin, ça ne demande pas une formation particulière !

"Duncan Imrryran" dit :

Remarque c'est un point de vue parfaitement logique que tu défends dans le cadre d'une démocratie : l'art pour en être doit être reconnu par un certain nombre et n'importe qui peut en venir à apprécier l'art avec la formation adaptée, c'est une application simple du principe démocratique à l'art.
S’il fallait passer par une définition appliquant le principe « démocratique » à l’art, j’ai bien peur qu’aujourd’hui ce soient les fans de la Starac’ qui l’emporte !!!  Je défends plutôt une définition traditionnelle. Je veux bien élargir cette définition à de nouvelles formes d’art si l’Art semble respecté dans ses grands principes. Or le jeu, le loisir, les jeux vidéo, et plus encore les JdR, ne répondent pas à cette définition. Ils appartiennent à une autre catégorie d’activités, où des formes d’expressions artistiques peuvent être empruntées : la musique, les arts graphiques, parfois le jeu d’acteur… bref toute une partie du cinéma (du moins du cinéma en images de synthèse) se retrouve absorbée par le jeu vidéo.

On notera que ce n’est pas rien : réunir la musique, le dessin, et des aspects du cinéma dans un seul loisir, ce n’est pas donné à tous les jeux ! Et dès lors, oui, cela ouvre des possibilités immenses à la créativité. Mais cette création reste d’emblée doublement limitée: 1- par son essence, qui reste le jeu. 2- par son aspect commercial, car le jeu vidéo est devenu un produit commercial de masse, et il en subit les conséquences.

Le jeu limite la portée de l’expression artistique d’un jeu vidéo, parce qu’il restera toujours attaché à des ressorts ludiques : faire des courses de voiture, des combats, des simulations. Aussi haut que la musique et le graphisme peuvent porter le jeu, le cœur du jeu lui-même restera l’amusement, le divertissement. Seul les jeux d’aventures, les RPG, parviennent à approcher d’avantage le cinéma et le roman, par l’importance accordée à la narration (quand celle-ci est au rendez-vous). Et certains peuvent, en effet, se vivre comme un film interactif, un film dont on serait le héro (sans être acteur pour autant, car le travail est mâché, mais l’illusion est là).

L’aspect commercial limite enfin sa portée parce que le jeu vidéo demande des moyens de plus en plus importants, et que pour assurer les ventes, on préféra toujours donner aux joueurs ce qu’ils attendent, plutôt que de prendre le risque de les initier à des jeux plus intelligents, plus riches ou plus sensibles. En ce sens, les producteurs de jeux vidéo suivent la même logique que TF1. Tout cela est évidemment lié à notre époque. On ne voit pas comment, alors que la culture et les arts sont piétinés par notre société marchande, si ce n’est dans nos écoles, par quel miracle ils pourraient surgir dans les jeux vidéo… et pourtant, quelques étincelles par-ci par-là malgré tout !

Je voudrais par ailleurs faire la remarque suivante : si la notion académique et élitiste de l’Art n’avant pas existé, vous n’auriez pas probablement jamais les musiques d’un Jeremy Soule ni les décors que vous avez dans un GW ou tout autre jeu potable, qui tous, ont pour point de repère, lointain mais apparent, des notions d’arts classiques. En reconnaissant l’Art, dans ce qu’il a de plus sublime, au lieu de le noyer dans une soupe de relativisme fourre-tout, les jeux vidéo (comme les arts en général) ne pourraient avoir que de meilleurs repères pour s’élever. La critique, elle aussi, est nécessaire pour faire progresser. Et sans repères communs, aucune critique ne tient.

Puisqu’on veut placer les jeux vidéo sur le standard de l’art, il faut être prêt à juger dans les deux sens. Et je crains, hélas, qu’au moins la moitié, si ce n’est bien plus (je n’en connais pas assez pour oser donner un pourcentage), soient des trucs infâmes, moches, abrutissants, au mieux sans intérêt, et ne passeraient pas la critique du plus clément des esthètes... Non seulement ils ne méritent l’appellation d’art, mais ils sont à l’opposé de l’art et desservent bien plus l’appellation de sous-culture. Je pense, par exemple, aux Unreal Tournament, aux Dooms, aux Mortal Kombats, dans lesquels le jeu prend une tournure tellement frénétique et navrante pour l’esprit humain qu’il faudra se lever tôt pour me convaincre qu’il y a une quelconque compatibilité possible avec l’art… même avec un petit ‘a’.

A l’inverse, quand les jeux courtisent les arts, cela prend parfois une dimension savoureuse. Un exemple (extirpé de son jeu) vaut mieux qu’un long discours : une musique de FF VII, Nobuo Uematsu. La composition est relativement simple, mais c’est efficace, et beau.

Kira dit :

J'ai moi-même présenté ma thèse sur une forme d'art dont je ne sais pas si elle est comprise dans tes critères, Mordicus: L'art aborigène australien...
Ce sont des arts primitifs ou premiers. Ils n’entre pas dans définition occidentale de l’Art, mais on leur reconnaît une valeur similaire. Et le mot « art » dans arts primitifs signifie bien ici « art », et non technique, ce n’est pas un simple hasard du langage, c’est bien par reconnaissance.

Kira dit :

L'art vidéo est enore plus nouveau, et, une fois passé le stade de l'utilitaire, il aura toutes ses chances de rejoindre le groupe des arts représentatifs
Ne confonds tu pas l’art digital, qui n’a rien d’utilitaire, avec le jeu vidéo ? Que l’art digital se rajoute un jour à la liste des arts modernes, après de la photo et le cinéma, c’est très possible. Mais le jeu vidéo, ce n’est pas du tout son but ni sa route…  Ou alors ont les mettra dans un musée comme on voit des musées de vieilles poupées et de jouets anciens !
(Ultra)VGM récalcitrant et moddeur allergique aux jeux vidéo.

#96 Angel Eyes Sentenza

Angel Eyes Sentenza

    Cave Canem


Posté 06 août 2007 - 21:59

Voir le messageMordicus, le 06.08.2007 à 22:55, dit :

Ou alors ont les mettra dans un musée comme on voit des musées de vieilles poupées et de jouets anciens !
Il y a deja des jeux vidéos en musée.
Burro català : "Le caractère catalan semble comporter les vertus de l'âne : ténacité, détermination, ardeur à la tâche et fidélité. "

"J'aime à voir les choses tomber en place."

Kerro Panille

Bloc-notes


#97 Duncan Imrryran

Duncan Imrryran

    Truite hors-sujet


Posté 07 août 2007 - 00:13

Mordi dit :

Par quel travail et quelles contraintes passe le MJ d’un jeu de rôle, et qu’elle serait son ouvrage ? Il griffonne sont scénario comme il veut, il n’est pas acteur ni metteur en scène, il raconte, dans une forme très libre et soumises à aucune règle formelle, qui donc n’exige aucune technique rodée, une histoire à des joueurs qui interagissent très librement avec lui.
Pour un scénar D&D PMT classique il n'y à certainement pas besoin de plus, c'est certain. Toutefois la réalité est loin de cela pour quelque chose de plus compliqué, il y a plus que cela. D'abord cela nécessite une certaine préparation, et je ne parle pas de mettre sur papier les stats des monstres mais bien de préparer à l'avances les interactions entre personnages joueurs et non-joueurs (et je dis bien entre tous les personnages, c'est à dire aussi entre PNJ et entre PJ). Ensuite au niveau de la technique ce que tu décris est très réducteur. Un bon MJ doit être bon en improvisation, et ça ce n'est pas quelque chose qui est naturel mais quelque chose qui s'entraine à force de pratique. D'ailleurs le bon MJ ce n'est pas celui qui va laisser ses joueurs faire ce qu'ils veulent, mais celui qui va les mettre dans un couloir transparent de manière à ce qu'ils fassent ce qu'il a prévu tout en ayant l'impression d'avoir choisit, et ça c'est clairement délicat. Enfin il est non seulement scénariste, mais aussi acteur (ben oui, faut bien jouer les PNJ...), metteur en scène (c'est lui qui décide où attirer l'attention des joueurs par ses descriptions et ses actions) et producteur (car réunir 5 joueurs aux agendas très différents de manière régulière autour d'une table avec les quantités nécessaire de victuailles ce n'est pas toujours évident).

Mordi dit :

Le publicitaire agit lui aussi sur commande, et reçoit son salaire. A la différence que lui ne vient pas faire de l’art. Il emprunte des procédés artistiques pour montrer que sa brosse à dents est idéale, que son parfum est magique, que ses billets de voyages ne sont pas chers, et pour t’inciter à les acheter… Son but, c’est de mettre en valeur un produit commercial, rien d’autre
Tout à fait, le publicitaire a au moins la décence de ne pas inventer des prétextes métaphysiques pour justifier cette activité. Il n'y a rien de honteux à aimer peindre, créer quelque chose ou à en profiter parce que c'est agréable à l'oeil ou à l'oreille. C'est aussi honorable de chercher la reconnaissances par d'autres de ses talents picturaux ou musicaux. Je ne parle même pas de l'envie de laisser une trace, il vaut mieux le faire en peignant qu'en bataillant, c'est moins sanglant en général. Pourquoi vouloir greffer un absolu derrière ? Le bonheur et la liberté de le choisir ne suffisent-il donc pas ?

Mordi dit :

Si j’ai cité quelques lignes de Makravis, c’est pour essayer de vous faire prendre conscience que ce raisonnement, cette prise de position qui consiste à dire « chacun peut avoir sa définition de l’art » est une état d’esprit (pour ne pas dire une tare !) résolument moderne, caractéristique de notre société de consommation, individualiste et nihiliste, qui n’aurait pu avoir court en d’autres époques, et qui participe activement au sapement des valeurs traditionnelles de notre culture, au même titre que la désacralisation du monde.
Chacun peut avoir sa définition de l'art avant tout parce que le français est une langue vivante et que le sens des morts change avec le temps, se dilantant, se translatant ou se restreignant. La définition que tu soutiens existe toujours, mais le mot "art" a maintenant une acceptation élargie dont cette définition fait partie. La langue est un vecteur, un moyen d'expression pas un but.

Mordi dit :

Ce n’est pas ce que j’ai dit (voir plus haut ma clarification pour la pub), mais si les affiches de Toulouse-Lautrec sont aujourd’hui dans les musées, c’est parce que c’est Toulouse-Lautrec... tout comme le moindre croquis inachevé de Picasso, parce qu’il est reconnu comme un grand, y trouvera aussi sa place ; ou comme une partition rayée d’un Tchaïkovsky, les brouillons d’un Hugo, les objets ayant appartenu à Napoléon ou la mèche de cheveux d’un pharaon…
Je le sais bien, c'est qui a permis à Dali de vendre des autographes à prix d'or. Et c'est complètement ridicule, et pour le coup c'est une "collectionite" ridicule réellement caractéristique de la société de consommation. Il ne suffit pas d'avoir quelques chef d'oeuvre d'un artiste, non, car tout le monde en veut, il faut donc aller racler tous les fonds de tiroir pour exploiter la moindre parcelle de sa production.

Mordi dit :

Si Toulouse-Lautrec avait été un pur publicitaire, ces affiches n’auraient sûrement pas figuré dans les musées. Elles auraient, par contre, peut-être fait l’objet d’un beau livre illustré, car tout ce qui est beau et ancien prend de la valeur. Mais connais-tu un seul vrai publicitaire, contemporain de Lautrec, dont les œuvres, affiches ou dessins, soient exposés dans les musées d’art ? Pas moi.
Moi non plus, et c'est parfaitement stupide car certaines publicités de la même époque sont bien plus belles, plus expressives, plus travaillées, plus vivantes, en un mot plus artistiques ( :green: ) que certaines enmuséifiées de Toulouse-Lautrec.

Mordi dit :

Je voudrais par ailleurs faire la remarque suivante : si la notion académique et élitiste de l’Art n’avant pas existé, vous n’auriez pas probablement jamais les musiques d’un Jeremy Soule ni les décors que vous avez dans un GW ou tout autre jeu potable, qui tous, ont pour point de repère, lointain mais apparent, des notions d’arts classiques. En reconnaissant l’Art, dans ce qu’il a de plus sublime, au lieu de le noyer dans une soupe de relativisme fourre-tout, les jeux vidéo (comme les arts en général) ne pourraient avoir que de meilleurs repères pour s’élever. La critique, elle aussi, est nécessaire pour faire progresser. Et sans repères communs, aucune critique ne tient.
La conception de l'art que tu défends date au mieux de la renaissance (temps modernes pour la musique il me semble), pourtant on faisait et on jugeait bien la musique avant, musique qui pour autant ne stagnait pas, n'était pas désagréableà l'oreille, loin de là. :green: Il n'y a pas besoin d'avoir un "Art" absolu et unifié pour pouvoir juger des oeuvres, il y a besoin d'avoir des critères, des critères qui peuvent varier selon les personnes, selon l'époque, selon le thème ou le sujet. Qu'est-ce que tu appelles le relativisme ? Le refus d'une direction unique ? Car tu parles bien d'une élévation comme avant on parlait du Progrès, comme si c'était une flêche qui pointe toujours dans la même direction pour tout le monde.

#98 Nenfëa

Nenfëa

    Le poisson bavard de Kalendaar


Posté 07 août 2007 - 01:12

Voir le messageMordicus, le 06.08.2007 à 22:55, dit :

Non, ils ne sont pas une représentation du réel, ils sont une représentation d’un monde imaginaire (librement inspiré d’histoires légendaires ou fantastiques) qui sert de support à un jeu dans l’imaginaire.
Donc, l'imaginaire n'est pas une représentation - aussi déformée soit-elle - du réel ? Je vois mal comment je pourrais te suivre sur cette voie. Les créatures féériques symbolisent la pureté, le bien, le naturel dans toutes les cultures. Et les créatures mauvaises, la tromperie, la haine, la méchanceté gratuite. Si tu n'y vois ni symbolique ni rappel au réel, l'explication ne peut être que la banalisation de ces univers, mais il ne faudrait pas pour autant en oublier les racines ! :green:

Quand à la sortie dans le monde du réel, je vois mal plus flagrant exemple qu'un livre de Tolkien ou une aventure rôliste plus rondement menée que "vous voyez un monstre, vous lui cassez la gueule, vous gagnez trois niveaux et assez d'or pour vous offrir une île dans le Pacifique". Et d'expérience personnelle, ça existe.

Citation

Tu remarqueras que tous les arts font ce passage obligé, par un travail ardu sur la matière ou sur le verbe, vers une concrétisation de leur création. Il y a pour chaque art un travail d’orfèvrerie qui, à moins d’être un génie, est long et difficile : le sculpteur travaille sa pierre, le poète ses vers, le dramaturge sa pièce, l’acteur son jeu, le peintre sa toile, etc.
Pour le coup, je me sens vraiment obligé de mettre un lien : Reflets d'Acide.
En trois mois, la progression d'écriture des textes est passée de 6,3% à 15,45% (on notera la précision ! :(). Les textes sont presques tous écrits en rime, ont souvent de la poésie dans le fond en sus de la forme. Pas un texte qui détonne sur les autres. Bourré de jeux de mots assez subtils pour qu'on ne les découvre qu'à la deux ou troisième écoute. En tout et pour tout, mon dossier contenant les textes de cette oeuvre fait 830 ko, soit pas loin d'un Mo de texte. La qualité du travail est perceptible à l'écoute, le volume et le temps entre deux épisodes atteste des efforts produit pour ciseler le verbe. Et ce qui n'ôte rien, ça ce passe dans un univers rôliste, ça a une portée "universelle" (pas dans le sens où ça peut toucher tout le monde, mais dans le sens où ça peut toucher même des gens que les jeux de rôle laissent froids), bref, qu'y manque-t-il ? :shocked:

Citation

Mais si je décrète (ce que tu fais indirectement avec l’art) que l’harmonie est partout où on la voit, alors, en effet, tu n’auras plus aucun moyen rationnel pour me convaincre que ce bruit n’est pas de la musique, puisque tu auras décrété toi-même que tout est subjectif.
Jamais je n'ai dit, directement ou non, que tout et n'importe quoi pouvait être de l'art. Et je ne te dénierai pas le droit de considérer la douce mélopée du marteau-piqueur comme de la musique si tu le souhaitais. Simplement, moi, je n'y verrai de l'art qu'à condition que tu me donnes des arguments satisfaisants dans ce sens (représentation du réel, tout ça tout ça). Ce qui n'est en l'occurence pas gagné ! :green:
Autre confusion : ce n'est pas parce qu'une entité est harmonie qu'elle en devient art à mon sens, j'ai déjà dit que ma vision de l'art n'avait pas d'obligation esthétique.
Enfin, oui, tout est subjectif dans l'absolu, mais si on voit qu'un artiste bosse 70 heures par semaine dans son atelier, on peut raisonnablement se prétendre objectif en disant qu'il y a du travail derrière ce qu'il fait. Atteindre un tel degré d'objectivité dans les quatre autres critères, c'est une vue de l'esprit, même en se basant sur les valeurs d'une société. Pour preuve : nous sommes tous deux éduqués dans une culture occidentale, nous n'avons absolument pas les mêmes critères de jugement. Donc plutôt que de défendre une vision "objective" de la définition de l'art, je préfère effectivement y laisser s'exprimer toute la subjectivité dont nous sommes capables. Ca ne coupe pas toute possibilité de discussion (pour preuve, ce sujet), ça lui donne au contraire de nouvelles voies qu'une vision unique n'aurait permis d'emprunter.

Citation

On va essayer de faire plus clair : que l’artiste fasse une œuvre pour la vendre ou par volonté de création n’a aucune espèce d’importance du moment qu’il crée une œuvre d’art. On se moque de savoir qui l’a commandée, combien il touchera, et que deviendra son tableau, sa musique, une fois l’œuvre achevée. Le publicitaire agit lui aussi sur commande, et reçoit son salaire. A la différence que lui ne vient pas faire de l’art.
C'est le serpent qui se mord la queue : ce qui caractérise l'oeuvre d'art, c'est que c'est l'artiste qui le fait. Ce qui caractérise l'artiste, c'est qu'il fait de l'art. Donc si un artiste fait une oeuvre à but publicitaire, c'est de l'art. Un syllogisme des plus discutables ! :beat:

Citation

Othello n’est pas une ode au mariage que je sache, pour toi comme pour moi ? Il n’y a nul besoin de faire entrer l’interprétation personnelle pour donner le résumer d’une pièce de théâtre. La trame de la pièce suffit à démontrer, par sa complexité et sa richesse, que la pièce rejoint la grande tradition des tragédies (soit la mise en scène d’un drame humain, dont la portée est universelle).
Je n'ai jamais lu Othello et viens d'en aller voir un résumé. J'y ai vu exactement ce que je t'ai dit, une succession des faits marquants de la pièce. Je ne doute pas que ce soit de l'art (du fait de son illustre auteur), mais un résumé ne suffit certainement pas à me le faire voir par moi même. Pour moi, la contradiction entre élitisme et universalité reste entière.

Citation

Dans la même veine des lieux communs destructeurs, avec « l’art est partout » (qui, au départ, est une tentative de destruction de l’Art par Duchamp, ni plus ni moins), on peut rajouter « la poésie est affaire d’interprétation personnelle » (comme si les poètes n’avaient jamais une intention précise), les « j’aime ou j’aime pas » qui ont plus de valeur que les avis critiques les plus éclairés (qu’on n’aura nul besoin d’aller consulter…). Et si l’on continue un peu plus loin, on entendra aussi « Je ne crois pas en Dieu mais je crois qu’il existe un dieu qui… » (car Dieu aussi se taille sur mesure !), voire on mélange un peu de christianisme avec des notions de karma ou de réincarnation (c’est la religion à la carte !)… autant de signes propres à notre temps, à la culture des supermarchés et au règne de l’hédonisme, qui résultent de l’anéantissement de tous les repères classiques, intellectuels, spirituels et artistiques, que notre civilisation a mis plusieurs siècles à bâtir.
Ou alors on peut voir que chacun a sa propre interprétation du poème dont l'auteur est depuis longtemps redevenu poussière, réfléchir au sens qu'il a voulu y donner et proposer son interprétation. Ou alors, on peut aussi garder les pieds sur terre et réfléchir sur la portée artistique de chaque oeuvre, pas nécessairement dans le sens académique du terme mais selon sa propre sensibilité d'être humain. Ou bien on peut se dire que la science n'a pas réponse à tout, regarder ce que proposent les religions, en déceler les incohérences, se dire qu'au moins dans leur forme, elles non plus n'ont pas la réponse, et réfléchir à ce qu'on croit au plus intime tréfond de son être.
Entre ne pas rejeter aveuglément la doxa et ne pas l'accepter aveuglément, il y a tout un abime de réflexions personnelles auxquelles j'aspire. :huhu:

Bon, en fin de compte, ce post est lui aussi encore plus tartine que je ne le craignais ! :)
Nenfëa

- Les yeux, Bouh, vise les yeux!
- Pouiiiiiic!!!

Le monde de Gilbertus devenu réalité : Kalendaar!
Il était une fois un site vachement bien avec plein de nistoires dessus... ah, vous la connaissez déjà ?!

Wiwi d'or 2006 du plus serviable ! Tadaaaaaaaa !

#99 Mordicus

Mordicus

    Philippe Risoli & Muppets show


Posté 07 août 2007 - 04:33

@ Duncan : Pas grand chose à rajouter, quelques détails pour faire vite...

1- Je ne suis hélas pas convaincu par ta description du travail du MJ. Je n'y vois pas de travail artistique, ni même d'exercice de style. Les talents d'acteur du MJ par exemple, ils n'ont rien de "savant", rien d'une maîtrise acquise par la pratique, rien qui à mes yeux ne puisse se rapprocher d'un acteur de scène, où là il faut passer par un réel apprentissage, et par la maîtrise d'un savoir faire, puis par son dépassement. Qui enseigne l'art de devenir un bon MJ ? Personne ! Tiens, comme c'est étrange...

2- La définition de l'art ne relève pas du dictionnaire. Ce serait bien trop facile. Je me souviens que, quand j'étais au lycée, certains camarades attribuaient au moindre chanteur qu'ils aimaient le titre de "poète"... et pardi ! Si l'on admet que la définition du poète comme celle de l'art a évolué, que met-on dedans ? Le problème reste entier. Tu ne seras peut-être pas d'accord pour y faire rentrer les vedettes de la StarAcademy, mais pour les petits jeunes du collège, ce sont déjà des ARTISTES, des POETES, des STARS ! Alors, toi aussi serais-tu en retard sur la définition de ton temps ?

3- Je ne pense pas que la définition de l'art que je donne remonte à la Renaissance, tu la trouveras, à peu de choses près, dans des ouvrages récents. Mais si c'était réellement le cas, je prends ça... comme un compliment !  :beat:  

@ Nenfëa :

- Pour le réel-imaginaire, je pense qu'on s'est mal compris. Tolkien lui, a inventé un monde imaginaire (qui repose sur des légendes et des mythes nordiques, celtiques, etc.), mais il a écrit un livre, une oeuvre littéraire. Le MJ n'a toujours rien écrit, il en est resté à cette étape embryonnaire qui consiste à amasser quelques idées originales pour faire son scénario... L'art n'est rien sans la FORME (c'est une constante). Le fond est indispensable (voilà des elfes, des nains, de dragon... tout ce que tu veux), mais la FORME est absente, en tout cas trop libre, trop facile pour s'apparenter à un art quelconque. Où alors il te faudra admettre que deux enfants qui jouent au papa et à la maman dans la cours de récré sont aussi des artistes. On en revient à "mon voisin est artiste", "tout le monde est artiste", "l'art et partout", houra ! (et il n'y a plus d'art entre temps).

- L'exemple des "Reflets d'Acide" est pour moi HS, puisque je parlais du rôle du MJ dans une partie de JdR, qui est essentiellement oral.  "Reflets d'Acide" présente des textes écrits et des enregistrements. Rien à voir, donc, avec une vraie partie JdrR (qui par définition n'existe qu'en "live"). Quant au niveau de ces textes et de ces enregistrements, si ça s'appelle pas de l'art, que devra-t-on dire des Grosses Têtes ? C'est de l'humour pastiche, du plagiat de Naheulbeuk, lui-même plagié des sketch radiophoniques d'un certain François Pérusse... limite si ce n'est pas des blagues d'informaticiens ! Et la qualité littéraire de leur texte, hum... (deux-trois mêmes procédés utilisés en boucle).

- tu oses dire : "Et je ne te dénierai pas le droit de considérer la douce mélopée du marteau-piqueur comme de la musique si tu le souhaitais"... A trop vouloir être tolérant, on finit pas laisser triompher la bêtise et l'imposture. Pas étonnant que les StarAcadémiciens et l'urinoir de Marcel aient de beaux jours devant eux...  :green:

Citation

Donc plutôt que de défendre une vision "objective" de la définition de l'art, je préfère effectivement y laisser s'exprimer toute la subjectivité dont nous sommes capables
La question n'est pas de savoir ce que tu préfères, mais de savoir si cette vision objective existe, et ce qu'elle est (le fond de ma pensée : on se fout de savoir ce que Mme Dupond pense de l'Art, sauf si Madame Dupond s'est sérieusement penché sur la question !). Le bon sens nous dit "oui, cette définition existe", sinon aucun livre d'Histoire de l'art ne se ressemblerait, les musées présenteraient n'importe quoi, les artistes feraient n'importe quoi (remarque, on y est déjà...).

Citation

C'est le serpent qui se mord la queue : ce qui caractérise l'oeuvre d'art, c'est que c'est l'artiste qui le fait. Ce qui caractérise l'artiste, c'est qu'il fait de l'art. Donc si un artiste fait une oeuvre à but publicitaire, c'est de l'art. Un syllogisme des plus discutables !
:green:
Mon exemple dit exactement le contraire : si un artiste faisait une publicité, certes, son talent serait probablement plus ou moins là, mais l'oeuvre ne serait pas une oeuvre d'art. Depardieu est un acteur. OK. Il a fait des films, c'est du 7ème art, OK ! Mais il a fait une publicité pour les pâtes Barilla... Est-ce que, parce que Depardieu est acteur de cinéma, sa publicité aura automatiquement une valeur artistique ? (si tu doutes, regarde la pub, cela va t'aider... :huhu:). La finalité d'une oeuvre finit toujours par primer : si c'est le beau, on va vers l'Art; si c'est la pub, on s'en éloigne quoi qu'on fasse. C'est ce que je m'efforce de répéter...

- A propos d'Othello tu dis : "un résumé ne suffit certainement pas à me le faire voir par moi même [que l'oeuvre a un caractère universel]". Pourtant, plus haut, en citant les JdR, tu défendais leur "universalité" par le fait que le scénario contiennent jalousie, meurtre, etc. Dans ce résumé très sommaire, tu as déjà tout cela. Pourquoi ne vois-tu plus ce qui ici tend vers d'universel, à travers un drame humain mis en scène ?

Citation

Ou alors on peut voir que chacun a sa propre interprétation du poème... Entre ne pas rejeter aveuglément la doxa et ne pas l'accepter aveuglément... Ou alors, on peut aussi garder les pieds sur terre et réfléchir sur la portée artistique de chaque oeuvre, pas nécessairement dans le sens académique du terme mais selon sa propre sensibilité d'être humain... Ou bien on peut se dire que la science n'a pas réponse à tout... Entre ne pas rejeter aveuglément la doxa et ne pas l'accepter aveuglément
Un décodage ?  :shocked:
Ce que je comprends : peut-être bien que oui... peut-être bien que non... tout dépend de... (= tout est subjectif)... Retour à la case départ (nihilisme, individualisme, négation de l'Art, de la culture et des valeurs traditionnelles, au profit du "moi je"...).
(Ultra)VGM récalcitrant et moddeur allergique aux jeux vidéo.

#100 Duncan Imrryran

Duncan Imrryran

    Truite hors-sujet


Posté 07 août 2007 - 07:19

Voir le messageMordicus, le 07.08.2007 à 05:33, dit :

1- Je ne suis hélas pas convaincu par ta description du travail du MJ. Je n'y vois pas de travail artistique, ni même d'exercice de style. Les talents d'acteur du MJ par exemple, ils n'ont rien de "savant", rien d'une maîtrise acquise par la pratique, rien qui à mes yeux ne puisse se rapprocher d'un acteur de scène, où là il faut passer par un réel apprentissage, et par la maîtrise d'un savoir faire, puis par son dépassement. Qui enseigne l'art de devenir un bon MJ ? Personne ! Tiens, comme c'est étrange...
Elle date de quand la première école de cinéma ? :green: Pour l'anecdote tu trouves des livres qui expliquent comment être un bon MJ et tu as quasi systématiquemetn quelques pages là-dessus dans les bouquins de JDR. Il me semble que tu n'as pas du fréquenter des MJ très doués. :green:

Mordi dit :

2- La définition de l'art ne relève pas du dictionnaire. Ce serait bien trop facile. Je me souviens que, quand j'étais au lycée, certains camarades attribuaient au moindre chanteur qu'ils aimaient le titre de "poète"... et pardi ! Si l'on admet que la définition du poète comme celle de l'art a évolué, que met-on dedans ? Le problème reste entier. Tu ne seras peut-être pas d'accord pour y faire rentrer les vedettes de la StarAcademy, mais pour les petits jeunes du collège, ce sont déjà des ARTISTES, des POETES, des STARS ! Alors, toi aussi serais-tu en retard sur la définition de ton temps ?
Ben non. Mon propos justement de dire que l'art c'est ce qu'on appelle comme tel.

Mordi dit :

- Je ne pense pas que la définition de l'art que je donne remonte à la Renaissance, tu la trouveras, à peu de choses près, dans des ouvrages récents. Mais si c'était réellement le cas, je prends ça... comme un compliment !
Il me semle bien que c'est à partir de la renaissance que commence à apparaître le concept d'artiste tel que tu le promeus, mais je ne suis pas un spécialiste. Sinon il ne faut pas spécialement y voir un compliment, la bonne réputation qu'a la Renaissance s'est avant tout construite sur son auto-glorification et le mépris du moyen-âge qu'ils ont affublé par contraste de toutes les tares, alors qu'ils n'étaient ni plus propres ni plus sales.




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