Posté 25 février 2010 - 19:37
Après avoir longtemps erré pour trouver les lieux d'aisances, déménagées durant sa sies... méditation, l'encapuchonné, à peine son lourd tribut payé à Dame Nature, tomba sur le vaillant Marnus, qui bien qu'à genoux, le domine encore de deux ou trois têtes.
« Tiens, Marnus! Je constate que vous n'avez rien perdu de votre ardeur. C'est rassurant de penser que les plus récalcitrants des métamorphes peuvent toujours compter sur vos bolsters pour leur offrir une saine motivation à la conversion. Relevez-vous, mon ami, je ne voudrais pas que votre Empereur s'offusque d'une telle marque de respect. Prenez garde au plafond. »
Apostrophé soudain par une nouvelle tête évoquant furieusement un Clark Kent qui, frappé d'une myopie toute kryptonienne, aurait traversé un cybercafé, l'homme à la capuche se frotta une joue rapeuse.
« Mmmh. Pour ce qui est d'une guerre, il vous faut voir avec ce fier guerrier en armure azurée. L'exercice physique n'est pas vraiment ma tasse de thé. »
Il esquissa ensuite une drôle de grimace qui n'était pas tout à fait un sourire:
« Votre assimilation de l'immuabilité à la stagnation est une critique qui surgit de temps à autre, et témoigne à mon sens d'une méconnaissance de l'essence de l'avatar. Affirmer que la raison d'être* d'un avatar est d'être changé est un non-sens. La fin de l'avatar est de faciliter la reconnaissance de l'internaute, acte auquel une impermanence avatarienne ne peut que nuire gravement. Comment en effet reconnaître celui qui nous présente sans cesse une apparence différente? Ce qu'un tel individu nous montrerait, ne serait pas un visage, mais une série de masques! Comment faire un ami de qui se retranche derrière des loups, des postiches, ou des verres teintés? Comment composer avec qui, lorsque nous nous révélons à lui, ne s'avère être qu'un dissimulateur?
Et quoi? Croit-on vraiment que la richesse d'une âme se mesure au maquillage dont, tel un vulgaire acteur de pantomime, on s'emplâtrerait le visage au gré des représentations? La stagnation, si par malheur elle hante les pas du forumeur, ne se trouve pas dans le quart gauche de l'écran, mais bien dans les trois-quart droits, ne vous en déplaise. Car c'est au message délivré par l'auteur dûment identifié qu'il incombe de traduire sa pensée, d'élaborer un raisonnement, de suggérer un sentiment, de claironner un preumsour de bon aloi, de divertir, d'admonester, de surprendre, de réconforter, d'interroger, bref! de dire.
Et sans le Verbe, sans la pensée, sans l'échange, on ne saurait échapper à l'immobilité, à la sclérose, à la stagnation, se défigurerait-on mille fois par jour! »
-----
* en français, dans le texte
« I was a soldier! I killed people!
- You were a doctor!
- I had bad days! »
John Watson, en train d'étrangler Sherlock Holmes, Sherlock - A Scandal in Belgravia (2012)
---------------
Vous aussi rejoignez les Fervents Partisans de l'Immuabilité Avatarienne!
---------------
VGM impénitent (était-il besoin de le préciser?)
---------------
Paterfamilias niv.IV