Globalement d'accord avec Lord Yig (si ce n'est que je préfère le Courrier au Monde Diplomatique ^^).
Je crois que ce je vais dire va être très mal pris, j'espère que ça ne sera pas le cas, mais bon : le topic de ce forum est intéressant, et je ne dis pas qu'il faille réserver la discussion à des élites, loin de là. Tout le monde peut donner son avis, mais la politique, les relations internationales, l'économie... sont autant de sujets épineux et techniques sur lesquels il vaut mieux être calé pour éviter les extrapolations malheureuses.
Je prends pour exemple le premier sujet de ce topic, qui reprend une idée à la mode selon laquelle le président des Etats Unis est un peu le "maître du monde". Ca, c'est à cause de notre vision française du rôle du président... Dans la Ve République, le Président est le chef d'un exécutif fort, qui impose sa loi au législatif, soumettant à son tour le judiciaire. Il n'y a pas de réel contre pouvoir. Mais aux Etats-Unis, il y a une vraie séparation des pouvoirs, si bien que le Président, et l'exécutif en général, sont loin d'avoir toutes les cartes en main pour mener une politique unie. "Oui mais s'il a la majorité dans les deux chambres ?". Non, même là, ça ne garantit absolument rien car il n'y a pas la même discipline des partis qu'en France. Un démocrate peut tout à fait s'opposer à un projet de loi démocrate, chose qui semble impensable dans nos contrées (où on n'hésite pas à traiter de tous les noms et renvoyer du parti celui qui ose défier la ligne de conduite). Sans compter les processus de blocage, comme le filibuster que Redolegna a évoqué. Quand bien même, les juges ont un pouvoir d'appréciation souverain bien supérieur à celui de la France, car le droit américain est basé sur le principe du précédent et non sur une application stricte des lois.
On peut ajouter à tout ça le fait que les Etats Unis sont un Etat fédéral, et qu'il reste donc le "problème" de l'indépendance de chaque Etat fédéré...
Bref, une approche constitutionnelle si différente que le rôle du Président est finalement assez restreint. Ce n'est pas pour rien que les américains votent plus "au charisme" (ce qu'on fait aussi chez nous d'ailleurs, mais avec des conséquences bien plus graves vu que c'est la démagogie [de droite comme de gauche, comme du centre et comme d'ailleurs !] et non la compétence réelle qui nous donne un chef qui concentre tous les pouvoirs ou presque...). Le but n'est pas tellement d'élire celui qui a le meilleur programme, mais celui qui est le plus fédérateur, un porteur de lumière pour guider le peuple comme le phare guide le navire.
Obama, McCain... C'est un peu une tempête dans un verre d'eau, même si l'élection permet de prendre "le pouls" du pays et savoir dans quelle direction il s'engagera a priori. (ce qui est tout de même assez important pour être signalé, vu que les Etats Unis sont la seule vraie puissance mondiale depuis la fin de la guerre froide, mais là je vous renvoie à Lord Yig qui a expliqué bien mieux que je ne l'aurais fait)
Mais on oublie un peu trop de souligner qu'Obama est plutôt mauvais en politique extérieure, et a fait de jolies bourdes (avant que les projecteurs ne soient trop braqués sur lui, alors ça passe, mais il a intérêt à bien s'entourer pour la suite). Il faut voir que beaucoup d'américain en ont juste marre de la guerre en Irak, et ont orienté leur vote en fonction de la solution que chacun avançait pour sortir du conflit.
On verra de quoi l'avenir sera fait, mais je doute sincèrement de l'éventualité d'un attentat contre Obama (en faire un martyr... non, tout le monde a plutôt intérêt à ce qu'il fasse son mandat).
Modifié par Erratik, 05 novembre 2008 - 18:43.