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[H] Les Chroniques Du Dernier Enfant De Dragon


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4 réponses à ce sujet

#1 Beron

Beron

Posté 13 mai 2013 - 14:27

Les Chroniques du Dernier Enfant de Dragon


Livre I : La traque des Daedra


Prologue : Le Néant d'Oblivion


  La fête battait son plein. En cette année de 4E202, les Princes Daedra célébraient le Néant. Ce n'était pas vraiment un événement ou un objet particulier pour faire la fête, mais les Princes d'Oblivion n'en avaient que faire : le but de ces journées (ou en tout cas, le temps sur lequel s'étend une journée pour les mortels) était tout autre. L'important était d'y prendre du plaisir et surtout de régler ses conflits non dans une guerre ouverte, mais par le dialogue, bien que souvent agrémenté de nombreuses mâchoires brisées. C'était un rite très commun chez les Daedra qui permettaient à tous d'avoir leurs chances dans l'éternel jeu qu'ils se livraient depuis l'Aube.

  Or, ce 21 de Primétoile, Sanghin avait invité ses congénères de haut rang pour l'une de ces journées. Tous avaient répondu à l'invitation, sauf Malacath, Prince Daedra des Bannis et des Parias, qui ne savait pas apprécier ces célébrations. Sanghin n'avait pas organisé ce genre d'événements depuis quelques mois, préférant festoyer avec les mortels. Cela ressemblait bien là au Dépravé : attendre que les tensions s'attisent entre ses frères pour que la fête gagne en intérêt. Et des tensions, il y en avait ce 21 de Primétoile ! L'année précédente était apparu un nouveau héros en Tamriel et la Beauté de l'Aurore était secouée par ses nombreuses actions. Ce héros avait traité avec les Daedra et avait grandement changé l'état de Bordeciel. Son nom était Harrald le Chevelu, que les Nordiques surnommaient Foudrelame, pour ses exploits au côté des Sombrages durant la guerre civile. Mais avant d'être un rebelle à l'Empire de Cyrodiil, il était le Dernier Enfant de Dragon, celui qui avait sauvé Nirn de la menace d'Alduin Dévoreur de Monde. Comme les héros de jadis, les Grises-Barbes l'avaient baptisé Ysmir, Dragon du Nord. Désormais, Harrald était le premier sujet des préoccupations des Princes de l'Oubli. Hermaeus Mora l'avait déjà accueilli dans son Royaume Daedrique. C'était dans l'une des milliers de "poches de plaisir" de Sanghin que les Princes discutaient de l'Enfant de Dragon.

En contemplant les filles de joie amenées par le Dépravé, Hircine et Nocturne débattait de l'allégeance d'Ysmir. Le Seigneur de la Chasse argumentait :
  - Au nom de la Traque, ce Nordique porte le Sang du Loup dans les veines : son âme me revient de droit !
  - Toujours aussi présomptueux, Hircine, répondit la Reine de la Nuit, tu oublies qu'il a juré de me servir dans la vie comme dans la mort. Ce cher petit Rossignol est lié à moi par sa propre volonté !
  - Vous parlez encore de cette avorton ! clama Méhrunes Dagon un verre de vin à la main. Boéthia et Méphala m'en rabattent les oreilles depuis le début de la soirée, en voilà assez !
  - Mmh, s'exclama Nocturne toute souriante, je vois que tu ne digères toujours pas d'avoir été floué par ce mortel...
La haine réciproque entre le Prince de la Destruction et la Maîtresse de la Nuit était connue de tous.
  - Raaah ! Un mortel, voilà tout ce que c'est ! déclara celui que l'on nommait autrefois le Roi Démon Sauteur.
  - Tu étais pourtant bien satisfait lorsqu'il détruisit Alduin..., renchérit la Princesse Daedrique.
  - J'aurais préféré tuer ce ver de mes propres mains ! Dis-moi, Ur-dra, ce mortel est bien sous ta protection ?
  - Certes ! clama-t-elle fier d'elle-même.
  - Alors, et si on faisait un petit pari toi et moi... Si j'arrive à le faire tuer, malgré ta bénédiction, tu me devras... Deux cents âmes !
  - Ah ! Ah ! On voit bien que tu es le plus fauché d'entre-nous, Dagon !
Il y eut quelques rires dans la "poche de plaisir". Les Princes d'Oblivion délaissaient leurs distractions pour s'intéresser à la scène. Sanghin jubilait ! Le premier à prendre la parole fut Molag Bal :
  - Ce mortel... Pathétique et inutile ! Je lui ai confier la Masse du Vampire, pour qu'il moissonne les âmes en mon nom, et il a décidé de la laisser prendre la poussière ! De l'"empêcher de tourmenter d'autres mortels" ! Quel affront ! Je suis du pari !
Les deux sœurs-qui-sont-frères, Boéthia et Méphala, s'avancèrent elles-aussi après en avoir terminé de leurs ébats. Les deux Coins de la Maison des Troubles les regardèrent d'un oeil mauvais, en particulier le Roi du Viol. La Dame des Murmures commença :
  - Nous-aussi nous lui avons confié des artefacts daedriques et il a pris la décision des cacher aux yeux des mortels, "pour le bien de tous". Ses artefacts sont une partie de nous-même, c'est un affront qu'il nous fait là. Mais qui ne fait pas d'affront de nous jours ?
  - La compétition prommet d'être intéressante ! annonça Boéthia. Ce serait passionant de voir tous ces Princes s'agiter dans le but de tuer un seul homme ! Moi, j'en suis ! Qu'en dis-tu ma soeur ?
  - Une chance d'humilier le Père de la Nécromancie ? Bien sûr que je participe !
Ce dernier ne releva pas. En temps normal, il aurait défiguré la Tisseuse, mais la fête apaissait sa rage. Le Seigneur de la Chasse reprit alors la parole :
  - Mmh... L'Enfant de Dragon fait honneur à mes dons, mais il s'est parfois retrouvé en travers de mon chemin. Je ne sais pas si j'ai vraiment des intérêts à me joindre à vous, cependant, cela donnera une belle chasse ! Je participe à la traque au Dragon du Nord !
Nocturne, inquiète de la situation, répliqua :
  - Cinq contre uns ! Voilà qui est particulièrement déséquilibré ! Aucun autre Prince pour soutenir la proie ?
Il y eut un silence de mort, jusqu'à ce que Shéogorath le Fou éclate de rire :
  - Ha ! Ha ! Ha ! Heureusement que les Divins se préoccupent de l'Enfant de Dragon ! En tout cas, je lui apporterai mon soutien !
  - Parfait ! déclara la Reine de la Nuit. Si on perd, je donne cent âmes au vainqueur, le Fol en fait de même, et si on gagne, tous les participants nous donne cent âmes chacun. Ça marche ?
Il n'y eut aucune contestation. Sanghin et les autres Princes annoncèrent qu'ils suivraient les événements avec le plus grand intérêt. Le Père des Hommes-Bêtes conclut :
  - Alors, que la Chasse commence !




Chapitre I : Les dévots de l'Oubli


  Le blizzard frigorifiait le voyageur. Les éléments se déchaînaient sur ce cavalier, comme si Bordeciel elle-même ne voulait pas de lui. Peu importe ! Il avait connu bien pire ! Sa peau sombre avait survécu aux tempêtes de poussière qui suivirent l'Année Rouge. Seule Morrowind pouvait forger des guerriers comme lui : dignes de ce nom. Mais ici, en Bordeciel, ses convictions n'étaient plus si certaines. De la neige et de la glace, des guerriers Nordiques pouvaient naître. Qu'est-ce qu'il faisait là, dans ce pays froid et peuplé d'ignares sans maths ?

  Il avait quitté; Longsanglot un mois plus tôt. Des prêtres du Temple lui avait donné ses ordres. Le voyageur parvint à atteindre Vivec facilement, la Mer Intérieure étant de plus en plus fréquentée par des bacs. Là, ce fut bien plus ardu de trouver un navire pour Bordeciel. Des jours entiers, il dut attendre. Enfin, un navire marchand Rédoran accepta de le conduire jusqu'à Vendeaume, la vieille capitale du Premier Empire Nordique. Son voyage dans la Mer Intérieure remémora au Dunmer les ravages de l'Année Rouge : la chute du Ministère de la Vérité avait causé tant de dommages à la province... Ils firent halte à Sombrejour, où il put s'informer plus en détails de la situation en Bordeciel : la guerre civile était finie et les vainqueurs étaient les rebelles Sombrages. Peu importe pour le peuple Vélothi. Les Dunmers ne s'intéressaient pas aux affaires de l'Empire de Cyrodiil, sauf les plus versés dans la politique. On lui parla avec ambles informations sur l'Enfant de Dragon qui serait apparu. Cela était plus préoccupant pour les Elfes Noirs : par deux fois, un Enfant de Dragon était apparu, par deux fois, les Dunmers en avaient terriblement souffert. Le voyageur se souvenait des récits anciens sur la Guerre de Quatre-Vingts Ans et l'invasion de Morrowind par Tiber Septim. Bientôt l'Elfe Noir rembarqua.

Trois semaines après son départ de Longsanglot, le voyageur marchait sur les quais de Vendeaume. Il eut un sourire franc en voyant les conditions de vie des dockers Argoniens. Voilà pour ces esclaves ! Lorsqu'il pénétra dans le Quartier Gris, le voyageur fut en revanche indignié par l'état de misère de l'endroit. Bien sûr, beaucoup de ses habitants étaient des partisans des Hlaalu, mais déautres étaient de fidèles Dunmers en exil après l'éruption du Mont Écarlate. Il décida alors de parler de la situation au Nouveau Temple à son retour. Peut-être que quelques raids de la part de Morrowind sur cette Bordeciel affaiblie par la guerre forceraient ces Nordiques inférieurs à reconnaître la supériorité des Vélothi...

  Conformément à ses instructions, le voyageur entra dans un débit de boisson misérable, nommé le Club de la Nouvelle Gnisis, et alla directement s'adresser au tenancier :
- Bienvenu au Club de la Nouvelle Gnisis ! commença ce dernier. Ça fait plaisir de voir de nouvelles têtes par ici !
- Merci ! dit le voyageur. Je prendrai un Saint Olms.
- Un Saint Olms ! Au nom de Méphala ?
- De Méphala Main-Noire.
- Voici !
Le propriétaire lui tendit une pinte de bière épicée avec une enveloppe en guise de sous-verre, en réponse au code arrangé entre lui et le Temple. L’Elfe Noir amena le tout à une petite table dans un coin de la salle. Il déchira le papier et en sortit une lettre. Il lit :

De Main de Boéthia n°3, le 23 de Primétoile.
A Alvos Indoril, premier agent d'exécution extra-provincial des Nouveaux Grands Ordonnateurs irréguliers.


  Je vais être clair et pragmatique. Quand vous recevrez ce message, vous serez déjà propulsé dans une compétition entre Princes Daedra. Le seigneur Boéthia en personne vous a sélectionné pour être son champion lors de cette compétition en raison de vos précédants exploits à son service. Le Temple ignore les desseins exacts du grand Boéthia. Vous devez juste vous trouver le 21 de Clairciel à l'Autel de Méhrunes Dagon dans les montagnes séparant les châtelleries de Hjaalmarche et du Clos. Aucun autre adorateur des Daedra, puisse ce dernier être de la Maison des Troubles, ne devra être attaqué sur le trajet. Tout manquement à ces ordres entraînera des sanctions rapides et zèles de la part du Temple, si les Tribuns ne vous ont pas déjà puni.

  Voilà comment, ce voyageur Dunmer se trouva sur cette route gelée du Clos. Il avait passé les derniers jours sur le trajet séparant Vendeaume de l'Autel de Méhrunes Dagon. Il ne pouvait cesser se demander pourquoi l'avait-on fait venir d'aussi loin ici. Bien sûr, c'était un grand honneur et un grand privilège de pouvoir servir le Tribunal, mais Alvos Indoril aimait lorsque les choses étaient claires. Pourtant, il avait appris au cours de sa longue vie que toutes les affaires des Dunmers étaient emplies de secrets et il l'avait accepté. Mais pourquoi lui avait-on ordonné de ne pas s'attaquer aux adorateurs daedriques rivaux ? Cela n'avait aucun sens ! Sa spécialité n'était pas de débarrasser les terres des vermines de la Maison des Troubles, mais en tant que membres des Grands Ordonnateurs, on lui avait toujours inculqué de tuer les ennemis du Temple de manière fanatique. Toute cette affaire sentait l'étrange...

  Perdu dans ces pensée, il ne vit qu'au dernier moment les quatre personnages à cheval qui déboulèrent de toute part au galop, l'encerclant rapidement. Ils étaient vêtus d'armures daedriques, leurs armes sorties de leurs fourreaux. Comprenant qui étaient ces hommes, le Dunmer puisa dans sa Magicka pour retirer le voile illusoire qui recouvrait son corps : il apparut alors dans son armure daedrique, noir et rouge du sang des Daedra, symbole de son appartenance aux sectes adoratrices des Princes d'Oblivion. Alvos tira également sa longue dague d'ébonite et se saisit de son bouclier de jais qui pendait à la selle de son cheval par mesures de précaution. Cela dérouta les hommes en cercle. L'un deux s'approcha en baissant son arbalète et dit :
  - Qui es-tu ?
La voix reptilienne qui était sorti de son heaume était celle d'une femme.
  - Alvos Indoril, agent de Boéthia, Prince des Conspirateurs, répondit le voyageur simplement dans le blizzard.
  - Vas-tu à l'Autel de Dagon ? continua la femme.
  - Oui.
Les quatre personnages rangèrent leurs armes. La femme dit :
  - On connaît l'histoire ! A chaque rencontre avec un cavalier solitaire, c'est la même chose. Chaque personne ici présente a été demander pour rejoindre l'Autel de Dagon le 21 de Clairciel. J'ai l'impression que les Princes Daedra nous ont tous préparé quelques réjouissances. Ha ! J'en oublie les bonnes manières. Je suis Asskari Tue-les-Hommes, championne de Dame Méphala. Dis-nous, Alvos Indoril, sais-tu autre chose de cette petite réunion à part qu'il y aura de la compétition ?
  - Juste que je ne devais pas laisser de cadavres derrière-moi sur le chemin.
  - Comme nous ! D'ailleurs, viens que je te présentes mes compagnons de route. Le grand Bréton à la masse et au bouclier, c'est Claude Dubrin, un Vampire ; le Nordique à l'arc et à la dague, c'est Bjorlam Noir-Loup, tu auras deviner son sang ; et l'Impérial escrimeur, c'est Augustus Baratti, un noble Nibenien mystérieux appartenant aux restes de la secte de l'Aube Mythique. Dois-je vraiment préciser l'allégeance de chacun ?
  - Non, répondit le Dunmer en fusillant le Bréton du regard.
Sentant que la situation pouvait facilement dégénérer en un bain de sang, l'Argonienne préféra distraire les hommes en armure de leur envie de meurtre :
  - Vu que nous avons tous pour ordre de rejoindre l'Autel de Dagon le 21 de Clairciel et que c'est justement demain, je propose de se remettre en route.
Les hommes acceptèrent et pour éviter toute traitrise, les cinq cavaliers se avancèrent de front.

  Durant le temps qu'il voyagea avec ses nouveaux compagnons de route, Alvos n'apprit presque rien d'eux, sauf d'Asskari, mais étant une adoratrice de Méphala, il se doutait bien que la vie qu'elle lui décrivait n'était qu'un tissu de mensonges. En réalité, lui non plus ne dévoilait rien de lui-même : la crainte de se faire trahir forçait chacun à en révéler le moins possible sur soi. D'ailleurs, Alvos ne connaissait le visage d'aucun d'entre eux. Enfin, le 21 de Clairciel, en début d'après-midi, les cinq cavaliers arrivèrent au pied d'un immense escalier qui grimpait dans les montagnes. Connaissant l'endroit, l'Impérial affirma qu'ils étaient arrivés à destination. D'un accord silencieux, il descendirent de leurs montures et les laissèrent là. La montée fut relativement lente, chacun essayant de se placer derrière. Finalement, l'Argonienne était la seule qui parvenait à rester hors de portée de la moindre dague. Alvos était tout de même parvenu à la démasquer. En se livrant ainsi, en se rapprochant des autres, elle arrivait à les manipuler bien plus facilement que si elle était resté à l'écart : le Dunmer reconnaissait là une tactique souvent employée par les dévots de Méphala. Acceptant son infériorité avec difficulté (voir un Elfe Noir en position d'infériorité vis-à-vis d'une Argonienne restait difficile pour lui!), il décida d'observer et d'apprendre.

  A la fin de cette fastidieuse montée, les cinq personnages arrivèrent enfin en face de l'Autel de Méhrunes Dagon. La statue monumentale qui surplombait l'espace oppressait les adorateurs daedriques. Dès qu'il en eurent la place, ils se remirent de front. Soudain, des gouffres donnant sur l'Oblivion apparurent devant eux. Alvos sentit tout de suite la présence des Princes du Néant, celle de Boéthia en particulier pour lui. Chaque adorateur se plaça devant son seigneur et maître. De gauche à droite, il y avait Hircine, Molag Bal, Méhrunes Dagon, Boéthia et Méphala.

  Les dévots de l'Oubli posèrent un genou à terre et s'inclinèrent. La voix de Dagon se fit alors entendre :
  - Bienvenu en Bordeciel, disciples d'Oblivion !
D'une même voix, les fanatiques s'exprimèrent :
  - Nous obéissons aux ordres des Princes Daedra !
  - Évidemment ! s'exclama Molag Bal : cela tombait sous le sens.
  - Vous vous demandez sans doute pourquoi nous vous avons fait venir de si loin pour cette petite réunion..., dit le Prince des Complots.
Alvos saisit alors une ocassion de se mettre en avant :
  - Nous ne pensons pas à vos ordres, nous les exécutons !
  - Ha ! Ha ! Ha ! s'esclaffa Dagon. Une tentative si peu subtil pour s'attirer nos faveurs, mortel !
Le Dunmer se rendit compte de sa bêtise. Il sentit sans les voir les figures souriantes des autres dévots, mais il priait surtout pour ne pas être sommairement exécuté. Le Prince de la Destruction continua :
  - Dis-moi, Boéthia, n'as-tu pas mieux pour te servir avec tout ton peuple maudit ?
  - Je ne l'ai pas choisi pour son esprit, mais pour ses dons dans l'art du meurtre, déclara la Dame Noire à la voix courroucée.
Hircine décida de mettre fin à ces pics :
  - Cessons-là ces petits jeux mesquins ! Nous vous avons réuni pour une traque !
Le Nordique prononça alors ses premiers mots de la journée qui ne soient pas des grommellements.
  - Qui est la proie, ô Seigneur ?
Méphala répondit en première :
  - Avez-vous déjà entendu parler de Harrald le Chevelu, alias Foudrelame, l'Enfant de Dragon ?
  - Oui, Princes ! affirma le Nibenien. La Cité Impériale ne parle plus que de ses exploits ses derniers mois.
  - Oui, renchérit le Seigneur de la Domination de sa voix démoniaque, un grand héros qui a offensé chacun d'entre-nous...
Chaque parole de Molag Bal était suivi d'un silence. Peu nombreux étaient ceux capables de garder tous leurs moyens face à lui. Sentant qu'aucune réaction ne viendrait des dévots, Boéthia acheva les dires de son congénère :
  - Nous vous ordonnons de l’éliminer en le nom de votre seigneur et maître.
Le Nordique prouva sa sauvagerie.
  - Je me délecterai de sa chair pour vous, Père des Hommes-Bêtes !
C'était le moment ! Alvos voyait bien qu'il pourrait se rattraper auprès de la Dame Noire.
  - Pardonnez-moi, Seigneur Boéthia, mais comment vaincre cet Enfant de Dragon ? J'ai beaucoup entendu dire à son sujet : il est considéré comme le plus grand héros de Bordeciel de notre époque, peut-être même de tout Tamriel. Il maîtriserait le Thu'um et a la bénédiction des Aedra.
Ce fut Méphala qui répondit :
  - Harrald le Chevelu a délaissé des artefacts que nous lui avions confié et qu'il a déshonoré. Nous les savons dans ses multiples demeures. Pour nous servir, vous devrez récupérer ces artefacts et les utiliser contre lui.
  - Ce sera fait, Dame Méphala, acquiesça Asskari.
Hircine continua :
  - Ceci est avant tout une compétition, et il y a des règles ! Un : ne pas s'attaquer au champion d'un autre Daedroth ! Deux : ne pas nuire directement aux agissements d'un champion d'un autre Daedroth ! Est-ce clair ?
  - Oui, Prince ! s'exclamèrent les adorateurs d'une même voix.
  - Bien ! Sachez aussi que la proie est sous la protection des Neuf du panthéon Impérial, ainsi que celle des Princes Daedra Nocturne et Shéogorath.
Les dévots savaient que les Divins n'allaient pas leur causé trop de problèmes directs, mais les Daedra n'étaient pas habitué à laisser leurs rivaux gagnés facilement dans un défi - et s'était là sans aucun doute un défi ! Hircine poursuivit en s'adressant directement au Nordique :
  - Bjorlam Noir-Loup, tu iras à Blancherive, au Sud.
  - Je vous assure que je serai celui qui trempera ses griffes dans le sang chaud de notre proie ! s'exclama l'intéressé en s'inclinant un fois encore et en soulevant son heaume daedrique, révélant un visage envahi par sa barbe noire et au traits déformés et salis de terre et sang séché par une vie totalement sauvage.
  - Asskari, ma disciple, vas à Markarth, à l'Ouest, donna comme directives Méphala.
  - A votre service pour toujours, Dame Méphala Main-Noire ! dit l'Argonienne révélant sa figure reptilienne.
Connaissant un peu les modèles Argoniens, Alvos reconnut dans ses traits celle d'une beauté pour son peuple. Mais il n'eut pas le temps de l'admirer plus, déjà Boéthia l'appelait :
  - Alvos Indoril, ton chemin est celui de Solitude, au Nord-Ouest.
  - J'accomplis toujours les volontés du Prince des Complots ! affirma-t-il, relevant son casque : le Dunmer était un homme sans âge, dont les yeux étaient vide de sentiments pour la beauté sauvage qui l'entourait : seuls les Daedra importaient.
  - Esclave, s'exclama Molag Bal, dépêches-toi vers l'Est, vers Vendeaume !
  - Oui, maître, répondit sobrement le Vampire au teint pâle.
  - Et quant à toi, acheva Dagon, Augustus Baratti, Grand Exécuteur de l'Aube Mythique, vas au Nord, à Aubétoile !
  - Je ne vous déceverai pas, Seigneur du Changement, jamais !
Hircine reprit pour finir :
  - Partez à présent, disciples d'Oblivion ! La Chasse vous appelle !
Alvos jura alors :
  - Je vous ramènerai la tête de l'Enfant de Dragon, Prince des Conspirateurs, ou je mourrai !
  - Évidemment ! répondit le Daedroth.

  Les gouffres vers l'Oubli se refermèrent alors, ne laissant aucun signe de leur présence. Sans un mot, les cinq adorateurs descendirent les escaliers. En bas, il grimpèrent sur leurs montures et tous prirent la direction qui leur était assignée. Pas la moindre parole ne fut échangée, tous avaient le même but : ne pas décevoir leur seigneur et maître. Alvos Indoril en était convaincu : sa lame tranchera la gorge de sa cible ! Après tout, n'était-il pas le meilleur agent d'exécution de Morrowind...

Modifié par Beron, 13 mai 2013 - 17:33.

Quelques histoires pour les amateurs de fantasy : http://legends-of-beron.overblog.com/

#2 Beron

Beron

Posté 16 mai 2013 - 18:10

Chapitre II : Le Rossignol et le Dragon


  Jarzin entendait distinctement le flot de la Treva. L'eau s'écoulant sur les pierres le berçait et l'apaisait. Neuf jours plus tôt, lui et sa bande de coupe-jarrets avaient franchi les Montagnes de Jerall, les gardes de Bruma aux trousses. Les dix compagnons de brigandage s'étaient livrés au pillage d'une petite ferme aux abords de la ville, tuant les résidents et volant tous les objets de valeur qu'ils avaient pu trouvé. Malheureusement pour eux, la victoire des rebelles Sombrages en Bordeciel avait forcé l'Empire à envoyer plus de troupes en renfort à ses frontières septentrionales. Les Légionnaires les avaient repéré et averti la garde du comté, mieux formée à ce genre de situation, qui se mit à la poursuite de ces bandits. La chasse s'était prolongée jusqu'à ce que Jarzin et les siens furent de l'autre côté de la chaîne de montagnes : en territoire ennemi, seule la Légion pouvait agir.

  Mais cette traque avait couté beaucoup aux brigands : leurs réserves de nourritures s'étaient épuisées et six des leurs n'avaient pas survécu aux bêtes qui peuplaient les Montagnes de Jerall et aux escarmouches contre les éclaireurs de la garde. C'était des hommes affamés et épuisés qui se retrouvaient en Bordeciel. Jarzin avait organisé le pillage d'une caravane Khajiit qui passait par là et depuis deux jours, les bandits se terraient dans les contreforts montagneux, récupérant de leur périple. Aujourd'hui, leur chef Rougegarde avait ordonné une décente vers les fermes adjacentes au Lac Honrich. Mais les bandits s'étaient réfugiés dans un pays sortant d'une guerre civile qui n'était pas tout à fait terminée : les patrouilles de Sombrages fouillaient la province à la recherche des derniers Légionnaires et purgeant les innombrables groupes de brigands que le conflit avait engendré.

  Jarzin menait son groupe sous le couvert des arbres et à bonne distance du terrain à ciel ouvert, près de la rivière. Les quatre hommes marchaient, à l'affut du moindre signe de bandes armées. Quelques secondes, ils entendirent un cheval à une trentaine de pas devant eux : les bandits avaient tiré arc et lame en conséquence, mais rien ne vint. S'avançant toujours plus loin, la tension se faisait sentir chez les brigands. Jarzin se calmait grâce au roulement de l'eau sur les pierres, mais tendait continuellement l'oreille au plus faible son... Soudain, une flèche sortit de nul part pour aller se figer dans le cœur d'un des hommes. Le sifflement et le cri d'agonie de la victime alarma les autres. Il ne restait plus qu'un archer dans le groupe qui tira son trait encoché vers l'avant, sans savoir réellement où elle allait se planter. Ce fut une veine tentative de représailles : la flèche se retrouva dans le tronc d'un arbre. Une autre siffla depuis... le néant !... pour s'enfoncer dans l'orbite droite de l'archer. Jarzin, devinant que leur ennemi était invisible - il avait lui-même eu souvent recours au potion permettant ce prodige -, lança :
  - Montre-toi si tu n'es pas un lâche !
  - Sans problème ! lui répondit une voix.
L'envoûtement prit fin. Un grand Nordique blond dans une armure d'écaille se tenait face à eux. Dans son dos, on pouvait remarquer un carquois rempli de flèche et accompagné d'un arc noir stylisé. L’Homme avait la partie haute du visage recouvert d'un casque de fer aux cornes menaçante, mais ses deux yeux bleus fixaient intensément les deux bandits qui lui faisaient face. Dans sa main gauche, se formait une sphère embrasé et il tirait de son fourreau un katana Akaviri de sa main droite. Ce dernier s'entourait d'une aura de foudre. Jarzin comprit immédiatement à qui ils avaient à faire, tant sa description était populaire même en Cyrodiil : Foudrelame, l'Enfant de Dragon !

  Sans réfléchir, son compagnon chargea leur adversaire. Celui-ci tendit son bras gauche, lançant sur son agresseur l'éclair enflammé de toute sa force. La puissance de l'impact repoussa le brigand dans les herbes à cinq mètres de sa place initiale. Son corps entier s'embrasa sur le champ, prouvant par là même le caractère magique de l'attaque. Bien évidemment, le bandit était mort. A présent, Jarzin était seul contre le plus grand héros de Bordeciel depuis des siècles. Son sabre levé, le Rougegarde attendit le Nordique. Ce dernier ne le fit pas patienter longtemps. Chargeant l'arme au poing, l'Enfant de Dragon frappe une première fois en biais. Jarzin esquive l'assaut, puis réplique par un coup de taille. C'est sans compté les réflexes de Foudrelame qui pare et redonne dans la seconde qui suit. Le sang jaillie par la hanche du Rougegarde et le fameux héros de Bordeciel tourne sur lui-même inspirant un amble mouvement à sa lame. L'arc de métal s'approchant, Jarzin d'Anvil, fils de Jarafa de Sentinelle, se remémore tous ses crimes et les regrette.

  La tête détaché du buste, le brigand s'effondre. Harrald reprend son souffle quelques instants. Tuer n'était pas facile, mais pas non plus très difficile pour lui. Il nettoya Mort-Dragon dans l'herbe et la rangea dans son fourreau. Puis, sur les cadavres des bandits, il récupéra ses flèches et leur fit les poches. Quelques septims allèrent s'ajouter à sa bourse. Se concentrant, l'Archimage de Fortdhiver fit jaillir des flammes de ses mains qui allèrent purger les corps : la dernière chose que Bordeciel avait besoin, c'était la maladie. Cette besogne achevée, Harrald alla en direction de sa monture qu'il avait laissé un peu plus loin dans les bois, afin de retrouver son employeur Khajiit. Soudain, il entendit un bruit :
  - Psss !
Réagissant sans perdre une seconde, l'Enfant de Dragon concentra la Magie dans ses mains, prêt à toute attaque. L'énergie fabuleuse se matérialisa sous forme de givre. Il lança :
  - Qui va là ?
Des ombres sortit une silhouette humaine : un fantôme à l'apparence bleue translucide. Il portait une tenue qui serait apparue couleur de nuit si elle était vraiment solide ; cette dernière semblait recouverte de plumes, ou plutôt d'ailes de chauve-souris, et le plastron était renforcé d'un disque arborant un symbole : un oiseau aux ailes déployées, surmonté d'un astre. Le visage du spectre était caché par un capuchon et un masque. Celui-ci répondit :
  - Toujours sur vos gardes, Rossignol ? C'est bien !
  - Ga... Gallus ? hésita le Dragon du Nord. C'est bien vous ?
  - Oui, Rossignol, assura le fantôme. Ou devrais-je dire Maître de Guilde ?
  - Rossignol me suffit, répondit Harrald en baissant ses mains et en relâchant sa concentration, dissipant la Magie. Vous allez bien ? Que ce passe-t-il ? Un problème au Mausolée du Crépuscule ?
  - Dans l'ordre : oui, je vais bien, oui, il se passe quelque chose, et non, il n'y a aucun problème au Mausolée du Crépuscule.
  - Précisez, je vous pris, insista poliment l'Enfant de Dragon.
  - Dame Nocturne m'a envoyé à vous en tant que messager. Je dois vous avertir que vous êtes en grand danger.
  - Un danger ? fut surpris le Nordique. Lequel ?
  - Les Daedra ne sont pas réputés pour informer sans raison leur subalterne. Je dois juste vous dire qu'une menace pèse sur votre tête et que vous devez vous rendre le plus vite possible au Siège des Rossignols où la Reine de la Nuit vous diras ce qu'elle a à vous dire.
  - Vous n'avez aucune autre information pour moi ? le questionna l'intéressé.
  - Rien qu'une rumeur qui circule en Oblivion : un défi aurait été lancé dans le Néant et que vous êtes l'objet de ce dernier, lui répondit l'ancien Maître de la Guilde des Voleurs de Faillaise.
  - Cela ne dit rien de bon, n'est-ce pas ? s'inquiéta l'Enfant de Dragon.
  - Rien de bon, en effet, confirma la Sentinelle des Rossignols. Je dois vous laissé. Dépêchez-vous de rejoindre le Siège de la Trinité !
  - J'y vais au galop ! s'exclama le Nordique. Au revoir, Gallus !
  - Au revoir, Rossignol !
Le spectre disparut dans le Néant.

  La situation était préoccupante pour l'Enfant de Dragon. Les Dragons, les Thalmors, les Impériaux,... beaucoup de personnes inquiétantes s'intéressaient énormément au héros de Bordeciel qu'il était, mais les Daedra étaient les plus menaçantes, car ils étaient capables d'intervenir partout et avaient de nombreuses fois prouvé leur infidélité, leur vilenie et leur manque total de pitié envers les mortels. La situation était très préocupante si les Daedra avaient décidé de s'amuser avec lui. Cependant, quelques Daedra s'étaient affirmés comme ses alliés dans le passé. Nocturne était de ceux-là. Bien sûr, Harrald le Chevelu avait entièrement confiance en Gallus - il n'était pas lui sincère qu'un homme trahi -, mais l'influence de la Reine de la Nuit était presque sans limite sur lui : son âme lui appartenait avec son consentement. Pouvait-il vraiment croire qu'on ne le conduisait pas vers la mort ? Absolument pas, mais si une menace pesait véritablement sur sa tête, alors c'était sa seule piste pour la découvrir, et il décida de la suivre.

  L'Enfant de Dragon poursuivit sa route initiale. Il retrouva bientôt sa jument et l'enfourcha. Tirant les reines vers la direction souhaitée, Harrald se dit que cette aventure allait encore le mener plus loin qu'il ne l'aurait pu penser. Talonnant sa monture, il lança :
  - En avant, Reine Alfsigr, file comme le vent de Kyne ! Vers l'Est ! Vers le Siège des Rossignols !

Modifié par Beron, 24 juin 2013 - 17:48.

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#3 Beron

Beron

Posté 22 mai 2013 - 18:50

Chapitre III : Les loups de Bordeciel


  La fourrure dégageait une forte odeur. C'était une odeur de fauve et de terre gelée, de sang et de chaleur. Aela la Chasseuse aimait cette odeur qui lui rappelait chacune de ses traques. La Chasse était tout un art. Il y avait d'abord le départ du foyer. On était plein d'énergie et très à tuer. Puis, c'était la lassitude de la recherche d'une proie. On voulait trouver une piste, un indice, n'importe quoi qui nous conduit sur la chemin d'un animal. Ensuite, il y avait l'exultation lorsque enfin on trouvait la piste. Une simple empreinte de pas suffisait au vrai chasseur pour éprouver cette émotion. Après commençait la traque. Des jours et des nuits à chercher la proie étaient épuisantes pour le corps, mais l'esprit restait inébranlable. Enfin, on obtenait le contact visuel. Là, c'était l'exaltation des sens. On se rapprochait, sachant que le moindre faux pas risquait de tout faire rater : tous ces efforts réduits à néant ! Au moment propice, on bandait son arc, on visait la proie et on adressait une prière silencieuse aux dieux avant de lâcher la corde. La flèche était tirée ! Quelques instants d'attente interminable, la tête remplit l'espoir et de doutes... Le trait touchait la cible au point tant désiré ! Et là, c'était l'explosion de joie ! Le chasseur se précipitait sur la proie pour l'achever en lui tranchant la gorge. Lorsque la bête tant désirée expirait, on avait enfin terminé le travail... De tout son être, Aela n'aimait rien de plus au monde que chasser !

  Ce jour-là, c'était un smilodon qu'elle ramenait à Jorrvaskr. Elle l'avait chassé presque jusqu'à Rorikbourg. Depuis tout ce chemin, elle avait porté sa proie sur son dos. C'était une Aela épuisée qui entrait dans Blancherive, sous le regard des gardes et des habitants. Elle pénétra dans Jorrvaskr, la Salle des banquets et demeure des Compagnons, où elle repéra Farkas assis à une table dans un recoin de la salle. Tous les Compagnons présents l'acclamèrent pour sa réussite. Elle les remercia un à un, puis rejoignit Farkas dans son coin. Son frère d'arme l'avait félicité comme les autres et son admiration se lisait dans ses yeux. La femme déposa la bête de tout son long sur la table et dit :
  - Par Ysmir, ce gros chat était lourd !
  - En tout cas, bravo, ma sœur ! Tu viens encore une fois de prouver tes talents ! Avec la prime que Vignar - pardon... le jarl Vignar Grisetoison - offre pour chacune de ces bêtes, nous allons pouvoir festoyer pendant des jours. Bien sûr, ta récompense sera tout aussi généreuse.
  - Tu sais bien que ce n'est pas pour l'argent que je fais cela, Farkas. Mais tu as raison : recevoir de l'or est toujours agréable. Et toi, qu'en est-il de ta chasse à l'Argonien ?
  - Ha ! Ha ! Ha ! éclata de rire le Nordique. Ce sale petit lézard a sorti tous les septims qu'il devait aux Compagnons dès que je me suis présenté à sa porte !
  - Il a dû en faire une tête ! s'écria Aela tout sourire.
  - Tu te serais bien amuser, c'est sûr !
Elle reprit la bête et annonça :
  - Je vais me reposé dans ma chambre. Ne m'appelle que si c'est vraiment nécessaire !
  - Aucun problème !

  Aela la Chasseuse descendit les escaliers et rejoignit ses quartiers à Jorrvaskr. Elle déposa sa proie en compagnie d'un océan de peaux. Très bientôt, la sienne rejoindra sa collection de trophées. La fatigue harassait la femme qui s'étendit de tout son long sur le lit. Elle s'endormit ainsi, à l'abri des regards de ses confrères : elle se refusait de montrer ses faiblesses ! Son sommeil dura une demi-douzaine d'heures, jusqu'à ce qu'elle entende un bruit étrange dans la chambre. Sur le coup, elle se releva en tirant sa dague, prête à frapper tout intrus. Un gouffre vers l'Oblivion venait de s'ouvrir et un spectre en sortit. Le reconnaissant, Aela afficha une expression de surprise sur son visage. Hésitante, elle prononça :
  - Sin... Sinding ? C'est bien vous ?
  - Pas vraiment. Si j'ai pris cette forme, c'est pour éviter que tu ne m'attaques sur le champ, Aela la Chasseuse. Même si bien sûr, je t'apparais comme un fantôme, je crois qu'il est inutile d'avertir tous les Compagnons de Jorrvaskr de la présence d'Hircine, Prince Daedra de la Chasse, en ses murs.
  - Père des Hommes-Bêtes ! s'exclama la femme.
Face à la divinité qu'elle adorait, Aela s'inclina et poursuivit :
  - Que me vaut un tel honneur, ô Seigneur ?
  - Relève-toi, disciple de la Chasse ! (Elle lui obéit.) J'ai des ordres à te donner ! Je sais que l'Enfant de Dragon t'a confié la Cuirasse en Peau du Sauveur. Tu étais avec lui lorsque vous avez tué Sinding. Maintenant, j'en aurais besoin pour un autre champion. Où est-elle ?
  - Un autre champion ? s'interrogea Aela.
  - Bjorlam Noir-Loup, répondit simplement le Daedroth.
  - La Bête de Dwynnen ? s'indigna la femme.
  - Elle-même ! Je l'envoie traquer l'Enfant de Dragon !
  - Comment ?! Pourquoi ?! éclata la Chasseuse.
  - Harrald le Chevelu m'a trop souvent défié, expliqua Hircine. Si ce n'était que cela, je l'aurais laissé en paix : vu qu'il m'a aidé par le passé, on était quitte. Cependant, c'est une traque à l'échelle de l'Oblivion et le premier à ramener la tête de l'Enfant de Dragon recevra une belle récompense. Bien sûr, ce n'est pas pour cela que je le fais, mais pour le sport ! Ne t'inquiète pas, disciple de la Chasse, je lui laisserai une chance de s'en sortir. Mais je ne suis pas garant des actes de mes frères Daedra... Où est la Cuirasse ?
  - Pourquoi vous l'a donnerai-je ? rétorqua Aela. Vous envoyez le plus féroce Lycanthrope au Nord de la Baie d'Illiac traquer mon frère d'armes !
  - Hum ! Hum ! J'avais prévu une telle réaction..., répliqua le Daedroth. Dis-moi Aela la Chasseuse, aimerais-tu que je te maudisse pour faire en sorte que plus jamais ta flèche n'atteigne ta cible ?
  - Vous ne pouvez pas faire ça ! se révolta la femme.
  - Bien sûr que si ! Je suis Hircine, Prince Daedra de la Chasse, grand Seigneur d'Oblivion, l'un des Seize et Un Vides !
Le haussement de ton de la divinité avait fait comprendre à Aela qu'elle n'avait pas un simple mortel avec qui discuter, mais un être de puissance largement supérieure. Après quelques instants, finalement, elle dit :
  - La Cuirasse est dans ma malle.
  - Parfait ! répondit Hircine. Ce soir, à minuit, je veux que tu l'apportes à la Basse-Forge. Mon chasseur t'y rejoindra.
  - Avant que vous ne me quittiez, jurez-moi qu'il n'attaquera personne à Blancherive ! ajouta précipitamment la femme.
  - Je ne suis pas obligé d'accéder à ta requête, mais j'accepte. Je jure sur la Chasse que Bjorlam Noir-Loup ne s'attaquera à aucun mortel de cette cité ! Au revoir, disciple de la Chasse !
  - Au revoir, Prince Hircine, conclut Aela.
Le gouffre s'ouvrit à nouveau et le Daedroth disparut.

  La Chasseuse se trouvait maintenant seule dans cette pièce. Quelques instants, elle réfléchit à ce qu'elle allait faire. Irait-elle vraiment donner la Cuirasse de la Peau du Sauveur qu'elle et Harrald avait gagné à la loyal, afin de la servir sur un plateau à la Bête de Dwynnen qui allait traquer son ami ? Devait-elle prévenir les autres Compagnons ? Ses pensées tournaient en boucle dans sa tête, jusqu'à ce qu'elle arrête sa décision.

  Vers minuit moins dix, Aela la Chasseuse quitta Jorrvaskr, sans avertir les Compagnons. Dans ses bras, elle tenait la Cuirasse en Peau du Sauveur. Elle marchait sous les Lunes qui n'étaient pas encore pleines cette nuit-là. Aela pénétra dans la Basse-Forge, cœur des secrets des Compagnons. Les totems d'Hircine qu'elle et Harrald avait récupéré aux quatre coins de Bordeciel trônaient près de la paroi. Au centre, la bassine de pierre où Foudrelame avait bu son sang avait le fond encore couleur rouge. Dans cette caverne, elle attendit ce qui lui sembla être une éternité. Enfin, à minuit-pile, Aela vit deux yeux jaunes la fixer dans l’obscurité de la faille qui menait en dehors de l'enceinte de la ville. La femme ressentit un frisson lui parcourir l'échine. Un homme émergea lentement des ombres : c'était un Nordique de forte carrure en armure daedrique intégrale, sauf qu'il ne portait pas de heaume. Son visage était celui d'un homme d'âge incertain, mais battu par des conditions extrêmes : de la terre et du sang séché lui recouvrait la figure, révélant une existence de sauvage que sa barbe noire envahissante affirmait. Ses yeux jaunes faisaient ressortir une furie intérieure et illustraient surtout le regard du chasseur qui se pose sur sa proie. Il prononça d'une voix rustre et caverneuse :
  - Salut, beauté sauvage !
En d'autres circonstances, Aela aurait trouvé cette homme à son goût, mais la noirceur de son âme ne lui inspirait qu'une bête, sans rien d'humain.
  - Je vous laisse la Cuirasse ici, répondit la femme.
Elle ne désirait pas affronter cette créature. Elle devinait sa puissance et sa force. Mieux valait en finir au plus vite ! Elle déposa l'armure sur la bassine de pierre et fit deux pas en arrière. Le Nordique s'approcha, mais au lieu de prendre la Cuirasse, il se plaça face au Totem de la Peur et se mit à genoux. La Bête de Dwynnen pria Hircine quelques instants et, lorsqu'il se releva, Aela sentit en lui une puissance encore plus grande. Il s'avança vers le réservoir et prit l'armure sous le bras. Puis, il se pencha et lécha le fond de pierre. Bjorlam Noir-Loup s’imprégna du goût du sang séché. Ensuite, il se releva de toute sa stature et, la langue sur les lèvres, il annonça :
  - Quand j'aurai décapité l'Enfant de Dragon, tu seras mienne !
Aela préféra ne pas répondre. La Bête lui adressa un dernier sourire sauvage et se retourna vers la sortie. Il disparut bientôt du champ de vision de la femme, mais elle attendit de ne plus entendre ses bruits de pas avant de quitter la Basse-Forge.

  Cette entrevue confirmait ses craintes : Bjorlam Noir-Loup était capable de vaincre et tuer Harrald le Chevelu. Sa décision était de nouveau réaffirmée. Elle rentra dans Jorrvaskr et alla dormir. Elle trouva rapidement le sommeil malgré sa rencontre avec la Bête de Dwynnen : elle pouvait toujours bien dormir la veille d'une chasse. Le lendemain matin, Aela la Chasseuse monta dans la Salle des banquets et attendit que tous ses frères d'armes soient présents. Lorsque le moment fut venu, elle se leva, se plaça au centre, face au feu et ses amis, et déclara :
  - Compagnons de Jorrvaskr, héritiers d'Ysgramor, l'un des nôtres a des ennuis et nous allons l'en sortir par tous les moyens. Qui est partant pour une grande partie de chasse au Loup-Garou ?
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Beron

Posté 31 mai 2013 - 19:09

Chapitre IV : Que les ombres vous cachent !


  La chevauchée de l'Enfant de Dragon arrivait à son terme. La nuit était tombée sur Bordeciel et la brume s'était installée aux abords du Lac Honrich. Harrald devait faire faire avancer sa monture au pas. Sans trop de difficultés, il trouva le sentier qu'il cherchait. Lentement, Reine Alfsigr grimpait la pente. Bientôt, son cavalier la fit s'arrêter : ils étaient à destination. Ici, la brume se dissipait pour laisser apparaître un immense rocher, sur lequel un bas-relief représentait le symbole des Rossignols de Nocturne. Ysmir s'inclina devant lui, fier d'appartenir à ce corps d'élite parmi les voleurs de Tamriel. Après quelques instants, il se retourna vers l'entrée du caverne et descendit de sa monture avant de pénétrer dans les entrailles de la roche. Il savait que sa jument ne l'abandonnerai pas ici, car il l'avait entraîné à rester immobile des heures durant.

  Harrald le Chevelu s'enfonça toujours plus loin dans le Siège des Rossignols, admirant les formes de la pierre, naturelles ou non, et l'eau allant se jeter plus bas. Il poursuivis jusqu'à arriver face à la Salle d'invocation. Devant l'entrée, Karliah se tenait droite, dans le même accoutrement que Gallus. Elle dit de sa voix silencieuse :
  - Dame Noctrune t'attends, Hans !
Puis elle s'écarta pour le laisser passer. « Hans » était le surnom qu'il utilisait dans la Guilde des Voleurs et toutes ses activités... disons irrégulières. Il préférait garder son identité véritable d'Harrald le Chevelu secrète par mesure de précaution. Seules quelques personnes de confiance dans l'organisation savaient qui il était vraiment. Et puis, Hans le Renard, Maître de la Guilde des Voleurs de Faillaise ! Cela sonnait plutôt bien !

Ysmir entra finalement dans la Salle d'invocation. Bien évidemment, il n'allait pas rencontrer la véritable Nocturne « en chair et en os », si l'expression pouvait s'appliquer aux Daedra – ce n'était pas le Jour d'invocation de la Reine de la Nuit –, mais simplement une voix et une image. Pour Harrald, cela suffisait amplement : il n'aimait pas tellement les Daedra. Il se plaça sur son icône de Rossignol, puis admira la Salle d'invocation. L’Enfant de Dragon leva les bras au ciel et s'exclama :
  - Ô Grande Nocturne, Prince Daedra de la Nuit et Patronne des voleurs, j'ai reçu ton message et je suis venu comme tu l'as ordonné !
Si Harrald avait appris une seule chose au cours de ses voyages, c'était bien que la majorité des divinités aimaient être flattées. Un énorme gouffre vers l'Oubli s'ouvrit alors et la voix de la Maîtresse de la Nuit se fit entendre :
  - Harrald le Chevelu, alias Hans le Renard, l'Enfant de Dragon ! Tu es enfin là ! Alors, es-tu venu pour m'adorer, ou pour savoir quelle menace repose sur ta tête ?
Il y avait autre chose qu'Ysmir avait appris de ses voyages : si flatter un Daedroth était bon pour soi-même, le flagorner sans la moindre sincérité était extrêmement risqué. Il préféra répondre sobrement par la vérité :
  - Pour identifier la menace, Dame Nocturne.
  - Excellent ! s'écria la Princesse Daedra. Je déteste les gens désintéressés ! Bien, cessons ce petit jeu ! Il faut que tu saches que mes frères Daedra et moi-même avons fait un pari.
  - Et je suis l'objet de ce pari, n'est-ce pas ? devina l'Enfant de Dragon.
  - Exactement ! Cinq Princes d'Oblivion ont lancé une traque dont tu es la proie ; et Shéogorath et moi avons décidé de te protéger.
  - Ne suis-je donc qu'un jouet pour les Daedra ? s'indigna Ysmir.
  - Tout à fait !
  - Génial ! se résigna le Dragon du Nord. Puis-je au moins savoir quels Princes me poursuivent ?
  - Certainement ! répondit la Daedroth. Sont dans la chasse Méhrunes Dagon, Molag Bal, Boéthia, Méphala et Hircine.
  - Même Hircine ? s'emporta Harrald.
  - Même Hircine ! Chacun envoie un champion, mais c'est une véritable compétition et les Daedra n'aiment pas du tout perdre. Donc, ne t'étonnes pas si tu croises des cadavres sur ta route !

  Cela ne rassurait pas tellement l'Enfant de Dragon. Cinq Princes Daedra, dont Hircine le Chasseur, étaient à sa poursuite ! Bien sûr, il avait Nocturne et Shéogorath avec lui, et, au cours de sa vie, il s'était attiré les faveurs de nombreux Aedra. Cependant, cela faisait toujours beaucoup pour un seul homme. Mais en y réfléchissant bien, ce n'était pas un groupe uni en face de lui. Si chacun faisait cavalier seul, il pouvait les vaincre un à un. Pourtant, un doute demeurait ! Les Daedra n'étaient pas des imbéciles : ils savaient que grâce à ses bénédictions divines et son Thu'um, il allait venir à bout de tous leurs champions. Comment espéraient-ils le détruire ? La meilleure façon de savoir de quelle manière agirait un Daedroth, c'était probablement de le demander à un de ses congénères. Et justement, il en avait un sous la main ! Il demanda :
  - Dame Nocturne, si vous deviez me tuer en utilisant un champion, comment feriez-vous pour être certaine de votre victoire ?
  - Mmh... Je mettrais toutes les chances de son côté en organisant une attaque surprise, en l'entourant d'une équipe capable de l'assister efficacement, de multiples bénédictions et en l'équipent de mes meilleurs artefacts.
Cela fit comme un flash dans l'esprit d'Ysmir.
  - Les artefacts daedriques ! Avec ces outils de destruction, les champions pourraient me tuer !
  - Oui ! répondit la Daedroth. Les Princes ont beaucoup évoqué leurs artefacts au moment du pari. C'est vraisemblablement là la solution. J'ai cru comprendre que tu en possèdes plusieurs, non ?
  - Certes, admit l'Enfant de Dragon. Ils sont éparpillés dans tout Bordeciel, sous la protection de personnes de confiance... Mes amis ! Ils sont en danger !
  - Et bien, continua la Reine de la Nuit, si tu veux sauver leurs peaux et la tienne, il va falloir récupérer tous tes artefacts daedriques.
  - Le plus proche est à Vendeaume : la Masse de Molag Bal !
  - Alors, conclut Nocturne, prends la route à l'aube ! Survis et gagne pour moi ! Souviens-toi que mes ombres te cachent !

  Le gouffre vers le Néant se referma et Harrald, inquiet de la situation, quitta la Salle d'invocation. A l'extérieure, Karliah l'attendait. Elle lui demanda :
  - Ça va, Rossignol ?
  - Pour être franc, répondit Ysmir, absolument pas ! Les Daedra jouent avec moi et la vie de mes amis est en danger !
  - Ah ! s'exclama simplement la Dunmer. Brynjolf a déniché une nouvelle recrue pour la Guilde. J'imagine donc que vous ne pourriez pas l'inspecter pour l'instant.
  - Non, en effet. Avez-vous préparez le repas ? demanda l'Enfant de Dragon.
  - J'ai fait une autre portion pour vous.
  - Merci, Karliah, je m'occupe de ma jument et je viens vous rejoindre.
  - Parfait ! acheva la femme. Il va vous falloir toutes vos forces pour survivre aux agents d'Oblivion !
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Posté 24 juin 2013 - 17:37

Chapitre V : Un Vampire à Vendeaume


  La nuit tombait sur Estremarche, mais celle-ci n'était pas une belle soirée illuminée par les milliers d'étoiles de la voûte céleste. D’imposants nuages recouvraient cette partie de Bordeciel, comme s'ils annonçaient la venue d'un homme sinistre. Claude Dubrin avançait sur la route de Vendeaume sur son cheval noir. Le Vampire était bien plus grand et massif que tous les Brétons. Son armure daedrique renforçait l'aura de puissance brute et ténébreuse qui émanait de lui. A son côté droit, il portait un lourd bouclier et, en dessous, une masse d'ébonite trônait sur son flanc. Elle avait déjà versé tant de sang !

  La créature de la nuit approchait de plus en plus de Vendeaume. Il serait bientôt en vue de la vieille capitale du Premier Empire Nordique. Peut-être y aurait-il le temps de se nourrir. Le Vampire eut un sourire malsain sous son heaume en pensant à sa dernière victime. C'était une jeune femme Nordique. Elle s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il ne valait mieux pas être sur la même route qu'un Vampire affamé.

  Soudain, droit devant le Bréton, un gouffre d'Oblivion apparût. Il y avait un vide devant lui et, imperturbable, il décida de calmer sa monture. Le Vampire savait très bien ce que cela signifiait. Il dit solennellement en s'inclinant :
  - Maître !
  - Esclave Claude Dubrin, l'Enfant de Dragon approche de Vendeaume par le Sud ! s'écria Molag Bal. J'enverrai un serviteur le ralentir, mais hâte toi d'atteindre la ville ! Ne me déçois pas !
  - Maître, dit humblement le Bréton, vous ne m'avez toujours pas dit ce que je devais exactement faire dans la cité.
  - Parce que cela n'est pas nécessaire ! répliqua le Prince Daedra. Tu dois trouver un artefact qui te permettra par la suite de tuer l'Enfant de Dragon en mon nom. Ton instinct te guidera !
Sur ce, le gouffre disparût. Sachant très bien ce qu'il lui en coûterait de décevoir son maître, le Vampire éperonna sa monture et se lança vers Vendeaume.

  Au Sud, Harrald le Chevelu remontait la route en direction de la même cité. Il avait quitté depuis plusieurs jours le Siège des Rossignols et arriverai bientôt dans la cité des Sombrages. Ysmir poussait sa jument jusqu'à ses limites. Si elle fatiguait, il utilisait sa Magie pour lui redonner des forces.

  En pleine nuit, il arriva en vue de Vendeaume. La majestueuse cité d'Ulfric Sombrage dominait tout le lieu. Il approchait enfin du pont qui donnait accès aux portes quand, sur sa gauche, une boule de feu fut projetée sur lui. Harrald eut juste le temps de faire apparaître une barrière magique qui lui sauva la vie. En revanche, le souffle de l'explosion fut tel que le Dragon du Nord se retrouva désarçonné et envoyé plus bas, à terre. Il roula ainsi jusqu'à la berge de la rivière qui longeait la ville.

  Après quelques instants, l'Enfant de Dragon se releva difficilement. Il avait mal partout et des brûlures constellaient ses bras. Ysmir utilisa encore une fois sa Magie, jetant un sort de soin sur lui-même. Reprenant son équilibre, il dégaina Mort-Dragon, puis regarda en direction de la route vers le haut. Un Drémora se tenait là.

  Le Daedroth en armure d'ébonite intégrale dévala le pente en glissant, sans accrochage. Après avoir rejoint le Dragon du Nord, il lui lança :
- Salut à toi, Enfant de Dragon !
- Qui es-tu et pourquoi m'as-tu attaqué ? rétorqua ce dernier, devinant déjà la réponse.
- Tu le sais très bien, mortel ! Mon maître, le Prince Daedra Molag Bal, ne veut pas te voir atteindre la ville.
- Et il pense qu'un simple Drémora m’arrêtera ? Tu sais bien que tu ne fais pas le poids face à moi, alors écarte toi !
- Désolé, mortel, j'aimerais être en mesure de le faire, répondit le Daedroth, mais Molag Bal me tient en son pouvoir. Je n'ai pas abandonné Méhrunes Dagon par pur plaisir.
- Alors je vais devoir te renvoyer en Oblivion !
L'Enfant de Dragon lança alors un premier assaut. Le Daedroth esquiva et sortit une hache noire de son attache à sa ceinture. Les combattants s'engagèrent donc dans une lutte à mort.

Sur la route, un peu plus haut, le Vampire arrivait juste devant la ville. Il laissa son cheval aux écuries, puis avança sur le pont qui le séparait des portes, surplombant la rivière. Les gardes de la cité l'observèrent à son passage. La créature de la nuit ressentit alors quelque chose. Il y avait un élément dans la ville qui l'attirait, comme le sang chaud d'une pucelle. Lorsque le Bréton arriva devant les portes de Vendeaume, un garde le stoppa d'un geste de la main et dit :
  - Par Talos, arrêtez-vous ! Qui êtes-vous et que venez-vous faire à Vendeaume ?
Le Nédique en armure daedrique déclara :
  - Je suis Claude Dubrin, noble Bréton, garde ! Et je viens à Vendeaume pour boire à la taverne avant de reprendre mon chemin.
  - Ne me parle pas sur ce ton, Demi-Elfe ! répliqua le garde. Enlève ce heaume qu'on puisse voir ton visage !
Dès que sa face pâle aurait été remarqué, l'alerte au Vampire aurait été donné. Préférant se taire, Claude se saisit de sa masse dans sa main droite. Il frappa de toutes ses forces le garde et son collègue proche.

  Face à la barbarie du Bréton, les Sombrages assignés au pont et au chemin de ronde donnèrent l'alerte. Avant qu'ils ne puissent réagir, le Bréton projeta une boule de feu sur les gardes derrière lui. Elle explosa en provoquant la mort de trois d'entre eux. Ensuite, il ouvrit la porte et entra dans Vendeaume. Sans attendre, il tourna à droite. Il sentait l'aura de sang comme jamais ! Il fonça dans les rues, écrasant les gardes qui tentaient de l'intercepter de sa masse daedrique.

  En bas, au niveau de la berge de la Rivière Blanche, l'Enfant de Dragon combattait le Drémora. Quand soudainement, la boule de feu explosa, Ysmir sentit instinctivement qu'un champion des Princes Daedra était déjà arrivé. Le Drémora dit :
  - Ha ! Le Vampire de Molag Bal a atteint la ville avant toi, mortel !
  - Alors je n'ai plus le temps de jouer ! répliqua l'Enfant de Dragon.
Celui-ci fit apparaître une gerbe d'étincelles bleutées dans sa main gauche et les projeta sur son ennemi.
  - Aaaaargh ! laissa échapper le Daedroth.
Cette diversion empêcha à la créature du Néant de parer le prochain coup du Dragon du Nord. Mort-Dragon sépara la tête du buste du Daedroth. Harrald grimpa alors difficilement jusqu'au somment de la pente. Alfie était encore là, dans un coin, aux racines de la montagnes. Ysmir s'avança et s'assura qu'elle n'était pas blessée. Il enfourcha sa monture et chuchota à son oreille :
  - Encore un dernier effort, ma belle !
Harrald le Chevelu poussa alors sa jument en direction du pont. Il le traversa à toute vitesse et entra dans Vendeaume toujours à cheval. Les gardes fonçaient tous vers la même direction : le riche quartier résidentiel de Vendeaume. Mais Harrald connaissait déjà la destination du champion daedrique et continua sa route sur les talons des Sombrages qui lui demandaient d'arrêter ce fou. Ysmir n'avait déjà que cette idée en tête.

  A Hjerim, la demeure de l'Enfant de Dragon à Vendeaume, le Vampire frappait à la porte. Derrière lui, deux gardes gisaient morts. L'aura était très forte ici, et maintenant, Claude Dubrin était convaincu que ce qu'il était venu cherché à Vendeaume était dans cette maison. Personne n'ouvrit au Bréton qui donna par conséquent un monumental coup de masse sur la serrure. La porte s'ouvrit à la volée. Claude entra et sentit la présence de Nécromancie ancienne, mais toute son attention se portait sur l'aura qui venait de l'étage. Il monta donc quelques escaliers et, soudain, une hache passa dans sa direction. Le Bréton n'eut pas le temps d'esquiver ou de parer avec son bouclier. La hache s'enfonça dans son torse. Le plastron céda et le fer pénétra sa chair. Claude fut projeter au bas des escaliers et un Nordique, portant une hache dans la main droite et un bouclier dans la gauche, s'approcha de lui, annonçant :
  - Je suis Calder, huscarl de Foudrelame, et je ne permettrai pas qu'un sale type déguisé en automate vienne toucher à ses affaires !
L'intéressé se releva sans problème devant les yeux ébahis du Nordique. Il enleva son heaume et le laissa tomber au sol. Il révéla son visage pâle et, en un sourire carnassier, ses crocs de prédateur de la nuit. Il s'écria :
  - Et moi, je suis Claude Dubrin, Vampire de Hauteroche et champion du Prince Daedra Molag Bal !
Il chargea alors tout en grimpant les escaliers. Profitant de sa position avantageuse, le Nordique frappa de sa hache une nouvelle fois. Cependant, Claude para de son bouclier et, par dessous, utilisa les piques de sa masse pour obliger Calder à reculer. Ce fut un franc succès et, bientôt, le Vampire se retrouvait au même niveau que le vivant. Il fit s'abattre sa masse avec sa force surhumaine sur le bouclier du Nordique qui vola en éclat. L'un d'eux alla se figer dans une faille de l'armure d'acier de Calder. Le sang apparût. Le Nordique s'écroula, blessé.
  - Tu as de la chance que je n'ai plus le temps de m'occuper de toi ! déclara le Bréton.
Ce dernier donna pourtant un violent coup de pied en plein visage au huscarl qui perdit connaissance.

  Ensuite, le Vampire suivit l'aura. Elle le conduisit à une armoire. Au dessus de celle-ci, un objet en métal se démarquait du bois. Claude se tendit et récupéra enfin l'objet. C'était une masse, comme la sienne, mais d'aspect plus menaçante. En elle, il sentit la puissance du Vampirisme et de son créateur : le Prince Daedra Molag Bal. Entre ses mains, il tenait la Masse de Molag Bal, la Masse Vampirique !
  - Bien sûr ! pensa le Bréton. L'artefact que je suis venu cherché est l'une des armes les plus puissantes que Molag Bal ait confié aux mortels !
Le Vampire quitta la demeure, le regard rivé sur la Masse. Il reprit son heaume au passage et le garda sous son bras. Quand il arriva devant la porte brisée, il vit soudain une vingtaine de Sombrages, armes en main, avec à leur tête un Nordique blond et son dai-katana Akaviri. Ce dernier dit :
  - Tu n'espérais tout de même pas que nous allions te laisser quitter la ville sans rien faire ?
  - Mmh... Tu dois être Harrald le Chevelu, alias Foudrelame, répliqua le Bréton.
  - Parfaitement, et au nom du jarl Ulfric Sombrage de Vandeaume, je t'ordonne de jeter tes armes à terre !
  - Hahaha ! ricana le Vampire. Tu n’espérais tout de même pas que j'allais t'obéir sans rien faire ?
  - A vrai dire, rétorqua l'Enfant de Dragon, j'espèrais que tu allais te défendre. Cela serait beaucoup douloureux pour toi !
  - Je ne suis pas un imbécile ! répondit le Bréton. Contre tous ces hommes, voire contre toi tout seul, je n'ai aucune chance pour le moment, bien que j'ai avec moi la Masse de Molag Bal dorénavant !
  - Alors tu vas te rendre calmement ? dit Ysmir, sceptique.
  - Absolument pas ! Je vais évidemment prendre la fuite ! Mais j'aime que mes victimes connaissent mon nom. Sache que je m'appelle Claude Dubrin, Vampire de Hauteroche et champion de Molag Bal !
Sur ce, le Vampire lança sur lui-même un sortilège d'invisibilité et se métamorphosa en gargouille. Sous cette forme, il s'envola sans oublier la Masse Vampirique. Les Sombrages tentèrent de l'arrêter, mais leur ennemi était trop rapide. Ysmir se concentra et utilisa le Thu'um dans le ciel.
  - YOL-TOOR-SHUL !
Une puissance vague de flammes frôla le Vampire, mais il ne fut déstabilisé que quelques instants. Il dépassa les remparts, les archers ne pouvant le voir. Claude rejoignit bientôt les écuries où il reprit sa forme normale et visible. Sans payer le maître d'écurie, il s'empara de sa monture et partit en direction de l'Ouest au grand galop. Il venait de s'échapper au nez et à la barde de la garde de Vendeaume et même de l'Enfant de Dragon en personne, mais il ne pourrait plus jamais revenir en Estremarche.
Quelques histoires pour les amateurs de fantasy : http://legends-of-beron.overblog.com/




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