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Une Légende Dunmer


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2 réponses à ce sujet

#1 Dark Concombre

Dark Concombre

Posté 29 avril 2013 - 15:00

(Ceci est une version légèrement remaniée de ma contribution au concours des 10 ans de la GBT. J'espère au passage ne pas trop déroger aux usages de ce sous-forum. N'hésitez pas à commenter si le coeur vous en dit)

Le Nérévarine arriva en Vvardenfell enchaîné, dernier cadeau de la maison Septim à la maison Hlaalu. Pour le bon plaisir de ses maîtres, il lui fallu y cueillir des fleurs, livrer des colis et chercher des nains, et mille autres tâches qui le menèrent en tous coins de sa prison d'orées. L'île était en ce temps-là d'une beauté farouche, toujours voilée sous sa chape de brume diaphane. Avec les vents de peste descendaient de la tour rouge les créatures du Sharmat : on les nommait braillards des falaises, car leurs cris aigus refusaient aux dunmers le sommeil, ne les laissant rêver qu'éveillés.

Mais le Nérévarine voulait rêver aussi, plus encore qu'eux. Guidé par ses visions prophétiques, à la faveur d'une éclipse, il alla trouver Azura en son sanctuaire, pour lui demander si le peuple velothi vivait une aube ou un crépuscule. Et Azura lui enseigna : Mon royaume se dessine dans le ciel nocturne. Ce qui est moins haut obéit aux lois des faux dieux, nuit et jour, une terre pour deux pieds. Ne la touche jamais d'un seul, ou Almalexia pourrait s'en saisir, Sotha Sil le contre-faire et Vivec échanger le vrai et le faux. Moi, je ne peux t'offrir que mes étoiles, et le pouvoir de t'en rapprocher chaque jour un peu plus.

Et le conseil d'Azura était habile, car le Nérévarine croisa ainsi la route de Mehrunes Dagon en sautant à pieds joints, ce qui rappela au daedra d'anciens souvenirs, plaisants comme douloureux. Le prince des mots vides avait pris la forme d'une tempête du fléau et, ému, il laissa perler des larmes de cendre. Je t'offre mon rasoir, tonna-t-il, qu'on connait sous le nom de Lamentation, car je ne me rase qu'avant chacune de mes incursions sur Nirn. Ces soins cruels te sont étrangers, et tu pourras en faire un instrument de réjouissance, ce qui m'a toujours été impossible.

Le Nérévarine cacha soigneusement la lame à ses maîtres, car il voulait être libre aussi, plus encore qu'eux. Ayant coupé les liens qui le retenaient, il prit la fuite dans un pays de collines et de crevasses. Il y aperçut un vieil orc, appuyé contre une vieille épée. Son ombre se mit à chuchoter : Celui qui veut bâtir doit défendre, et celui qui veut défendre doit agresser. Montre pour cacher ! Prends Lamedor, car plus tu la tiendras haute, moins ton poignard sera visible. Tels sont les mots de Bo-e-thia.
Le Nérévarine se présenta alors devant le vieil orc, qui lui demanda ce que les tribuns pouvaient anticiper. La réponse trancha une gorge.

Le Nérévarine eut alors soif d'affronter les plus redoutables adversaires qu'il pût trouver entre Balmora et Vos. Il voulait vaincre aussi, plus encore qu'eux. Il ne se cacha plus, et sa gloire éclata sur Vvardenfell. Un marchand galopin le toisa alors de bas, ricanant de tout son corps. Il répondit ainsi au courroux du Nérévarine : Comment un galopin peut-il parler ? La bouche ? Oui ! Celle de Sheogorath ? Ah ! Fou ! Tu sautes par tout le pays, massacrant tes frères et parlant aux crabes des vases ! Plein de couteaux ! Veux-tu que le vieil oncle te dise ? Ces histoires de pouvoir, de secrets et de grandeur ? Mais tout cela mène à la mort ! Et aux couteaux ! Et la vie ? Et les visages des douces centenaires des environs ? Et ton dernier vrai repas, à quand peut-il bien remonter ? Et pourtant, les initiés savent combien on peut plaisamment se nourrir en Morrowind ! Mais, toi, toi, tu ne vois que couteaux !

Et le dieu fou lui offrit une fourchette. Le Nérévarine, qui n'avait jamais mangé qu'avec ses mains, s'éleva ainsi au rang de ses anciens maîtres. Il voulait être influent aussi, plus encore qu'eux. Il visita chaque grande maison, où on lui dit qu'il n'était pas d'ici. Je connais chaque caillou de cette île ! protesta-t-il. Vos dieux, eux, sont des traîtres ! Par ce défi, le Nérévarine se retrouva devant Vivec. La chanson qui s'ensuivit était écrite par Mephala : Voilà enfin Nérévar revenu ! Comète de fierté pour un peuple obscurci ! Par cette ode à la fidélité et à l'amitié éternelle, je t'offre la tête de tous les nobles des grandes maisons qui s'opposent à ton pouvoir. Voici ma mise en garde spectrale : Rhae Gei'Dar Nerevar Sul ! Ecris-les sur un parchemin à la suite d'un nom et ils signeront sa mort. Prononce-les en riant devant le plus doux vieillard et il se jettera de rage sur ton épée. Toi seul peut les ignorer, car ils signifient "tu aurais aussi tué Nérévar".

Seuls vécurent bientôt les amis du Nérévarine, qui fut acclamé Hortator. Il rassembla une puissante armée, et prit d'assaut les forteresses du seigneur Dagoth. Au fond de l'une d'elles, il trouva Molag Bal. Celui-ci, savourant ses blessures, susurra : Nérévarine, O mon vainqueur, comme tribut de guerre je t'offre la perfection du corps, et la divinité, et la vie éternelle. Je t'offre la peste. Le Nérévarine cracha : Un présent bien trivial, quand Boéthia m'a offert la lame qui t'a mis à terre. Et le daedra siffla : Tu me casses les dragons avec ton Boéthia. Ca, une belle arme ? Essaie de briser l'akulakhan avec, et reviens m'en vanter les mérites. Ou prends plutôt ma masse, Broyeur, qui écrase les lunes et les nains.

Le Sharmat voulait sauver le monde. Le Nérévarine voulut sauver le monde aussi, plus encore que son rival. Il escalada la montagne écarlate et descendit dans ses rouages mécaniques. Il y trouva en Dagoth Ur le septième daedra, le prince elfe devenu monstre. Celui-ci, caché derrière son masque, croassa : Nérévar, mon frère ! Tu as enfin répondu à mon appel ! Vois comme j'ai défendu en ton nom le dieu-golem ! Et aujourd'hui la récolte est prête, trois milles ans de loyauté absolue, que je t'offre avec mon masque de la griffe d'ours, arraché à Ysmir par amour pour toi. Il te permettra de t'effacer du monde quand tu auras accompli ce qui doit l'être.

Et ce qui ne devait pas être ne fut plus. Les noeuds prophétiques furent tranchés avec toute la violence requise. Et le Nérévarine voulut disparaître du monde. Plus encore qu'eux tous.

Ce texte constituerait le livret du dernier ballet d'esclave Dres connu. Ecrite pour six danseurs et vingt esclaves, dont cinq mis à mort, cette oeuvre attribuée à Meden Llervu aurait été victime d'une révolte lors de sa création, au début de la quatrième ère à Blacklight. Il est dit notamment que la gorge tranchée lors de la réponse au vieil orc ne fut pas celle imaginée par l'auteur.

Cacia Lelasius, second archiviste impérial du règne de Titus Mede II

Modifié par Dark Concombre, 30 avril 2013 - 13:38.


#2 Svartalfar

Svartalfar

    Moddeur d'or


Posté 29 avril 2013 - 22:48

Voici un texte fort intéressant, et crédible qui plus est. Un de ceux avec lesquels on forge les légendes. :)

J'aurai toutefois une question : des Dres à Sombrejour, capitale des Rédoran? Si c'était après l'invasion argonienne je serais d'accord, mais vu que cela semble être écrit vers la fin de l'esclavage (qui survient avant les évènements d'Oblivion) pourquoi un notable de la Maison Dres résiderait à l'autre bout de la province?

#3 Dark Concombre

Dark Concombre

Posté 29 avril 2013 - 23:31

Dans l'idée, le texte est écrit aux environs de 4E50. Je ne sais pas trop comment la question de l'esclavage a évolué depuis TESIII, mais l'abolition n'a peut être pas été totale et immédiate dans toute la province, et a pu partiellement être remise en cause depuis que le pays n'est plus province impériale, non ?

Modifié par Dark Concombre, 29 avril 2013 - 23:39.





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