[rp] Le Bassin De Nibenay
#26
Posté 01 mars 2008 - 18:08
- Sera, nous sommes étrangers à ici. Les esprits dans la forêt voient nous. Si ils écoutent nous chanter, ils ont peur et laissent nous aller.
Il s'arrêta, puis se dit qu'après tout il ne connaissait pas le pays, malgré ce sentiment étrange d'être surveillé, d'être entouré par des esprits aux yeux perçants. Alors il conclut :
- Je crois.
A sa grande surprise, l'autre Bréton parut, lui, intrigué par la chanson. L'elfe le fixa intensément. Cet homme était interressant, plus qu'il ne le croyait... Il avait peu côtoyé de mages de la Guilde, et voilà qu'il en avait un devant lui, un spécimen plein de secrets et de savoirs, peut-être...
Il répondit donc en essayant d'être le plus clair possible, sans s'emballer dans les incompréhensibles récits traversant les générations, là-bas, sur les pentes du volcan, tout en ralentissant le pas :
- C'est le chant des départs. Les Cendrais, les Dunmer-voyage, chantent quand ils cassent leur maison et ils vont plus loin avec leur maison dans les mains. Ils chantent un adieu à la cendre de là et aussi un espoir d'un meilleur là-bas. Et ils chantent pour le volcan, il doit dormir, il doit ne pas voir eux, il doit laisser marcher et vivre eux. Nous partons, il y a la nuit, alors je pense à cela.
Llenrayn le regarda à nouveau, au détriment de la marche régulière du convoi. Il venait de se rappeler des paroles du mage, auxquelles dans son délire il avait peu prêté attention.
- Avant, vous dites une chose sur l'esprit. J'ai oublié. Pardon.
Il espérait que le mage, lui, s'en souvenait.
Mais combien de temps allaient-ils encore continuer parmi des choses invisibles et menaçantes ?
Il avait beau marcher devant, il passait plus de temps à surveiller la jument, dont heureusement Talindar le séparait, qu'à essayer de repérer d'éventuels ennemis. Il est toujours plus facile de tenir à l'oeil une peur visible qu'une autre cachée...
Mais avancer dans le noir, guidé seulement par le souvenir vague du sortilège qu'il avait lancé tout à l'heure et la lumière de l'Amant, seul à échapper aux nuages épars, demandait sûrement plus d'attention que cela. Pour le moment, les trois hommes et l'elfe suivaient , faute d'autre choix, un sentier sinueux tracé par quelques habitants à quatre pattes de cette portion de bois. Cela leur évitait de tailler vainement un semblant de chemin à travers les plantes griffues, les bosquets enchevêtrés et les troncs immenses qui dessinaient un mur opaque de part et d'autre de la mince et accueillante bande de boue et de fougères empruntée par leurs bottes.
Llenrayn commençait à regretter de ne pouvoir se faufiler en courant à travers tout ça, mais les bruits, dans le silence à présent revenu, les bruits froids et sifflants - le vent ? les oiseaux de nuit ? - l'en dissuadait encore.
#27
Posté 10 mars 2008 - 14:48
Neydann jeta un coup d'oeil à Rayingald. Le nordique affichait un sourire d'une oreille à l'autre. Apparemment, il appréciait plus les excursions nocturnes en pleine nature que lui. Cependant, il avait raison sur une point : il devait garder son calme.
Llenrayn se retourna pour ajouter :
- Sera, nous sommes étrangers à ici. Les esprits dans la forêt voient nous. S'ils écoutent nous chanter, ils ont peur et laissent nous aller.
Cette remarque tout droit sortie de l'esprit d'un illuminé rappela à Neydann que lui, était un esprit rationnel. Il devait absolument garder la tête froide, encore plus entouré de tous ces dangers potentiels, ses propres compagnons y compris.
Après avoir pris une profonde respiration, il fit un grand sourire au guerrier nordique, et lui répondit enfin :
- Ce n'est rien de grave, juste un petit manque de repos.
Tout en le disant, il essayait vainement de se convaincre lui-même que ce n'était que ça...
Talindar et Llenrayn discutaient tout en marchant, à un ou deux mètres devant eux. Apparemment, le dunmer daignait enfin s'intéresser au jeune bréton, qu'il avait jusque là plus ou moins ignoré. Ce dernier semblait particulièrement satisfait de parler à quelqu'un d'autre que Neydann, ce qui, tout compte fait, lui convenait tout aussi bien à lui aussi. S'il pouvait éviter d'avoir à faire la conversation à ce pseudo-mage, à peine capable de soigner une entaille à la jambe...
Soudain, une sensation étrange le sortit de ses pensées. La sensation d'être suivi. Il se figea sur place, et tira violemment sur les rênes de sa jument pour l'arrêter. Complètement immobile, il fit un signe de la main aux autres pour leur ordonner de se taire, et tendit l'oreille.
Il avait entendu un bruit. Ce n'était pas le bruit du vent dans les arbres, ni celui d'un animal dans les fourrés. Non, c'était autre chose, il en était persuadé. Ils étaient seuls sur ce long sentier. Était-il possible que quelqu'un arrive à les suivre derrière ces troncs massifs de part-et-d'autre du chemin? Où était-ce sa fatigue qui embrumait son esprit?
Modifié par Krenka, 10 mars 2008 - 14:49.
#28
Posté 11 mars 2008 - 22:12
-Avant, vous dites une chose sur l'esprit. J'ai oublié. Pardon.
L'étudiant de la Guilde des Mages réfléchit quelques instants puis répondit d'une voix calme:
- Durant mes études, j'ai appris que les Dunmers qui connaissaient une personne assez proche donc l'esprit avait disparue, est capable de retrouver l'esprit de cette personne. Pour cela, il faut se concentrer le plus possible sur la personne en question et focaliser ses pensées. Normalement, vous devriez réussir à savoir où se trouve l'esprit que nous cherchons! Toutefois, il ne s'agit que de théorie, je ne peux affirmer que cela fonctionne!
L'Elfe Noir replongea dans ses pensées et la troupe continua à avancer en silence. Les seuls sons audibles étant le souffle du vent et les feuills s''agitant sur les branches. Puis, d'autres sons, plus disgracieux se firent entendre, Neydann parût alors inquiet. Talindar ralentit le pas et se rapprocha du Bréton et demanda à voix basse:
- Vous aussi, vous avez entendu? Et cette sensation d'une présence tapie dans l'ombre ...
Modifié par guiguizmo91, 11 mars 2008 - 22:15.
#29
Posté 20 mars 2008 - 20:58
Llenrayn savait que l'esprit rôdait non loin du corps, il le sentait, mais de là à le voir, le comprendre...
Ils continuaient à avancer ; cependant, insensiblement, le poids de leur corps se faisait plus lourd, leur pas plus pesant, leur marche moins rapide. Et leur souffle plus court. Les bruits tout autour rôdaient encore, enhardis par la nuit qui s'épaississait, peut-être aussi par les nuages humides qui revenaient, poussés par un vent de l'Est comme seul à Cheydinhal on peut connaître, et encore, blottis dans un coin de cheminée, à distance.
Devant, le Dunmer s'arrêta. Il n'avait pas prêté garde à l'inquiétude et aux chuchotements derrière lui, mais il se retourna, l'air préoccupé. Il fixa ses yeux rouges sur le marchand, qu'il considérait en quelques sorte comme l'organisateur de cette promenade nocturne, et articula lentement :
- Le chemin tombe. Il faut continuer, ici, ou ici ?
De ses doigts minces, il désigna l'ombre derrière lui. En s'avançant de quelques pas, on pouvait en effet s'apercevoir du problème.
Leur sentier bien pratique continuait, heureusement. Mais bien plus bas, après avoir serpenté dans un pierrier en pente raide dont on distinguait à peine la limite et les broussailles. Dans la nuit, cela promettait des chutes. Et une marche à découvert - non pas que le toit des arbres soit bien rassurant, mais plutôt que la présence qui les apeurait en profiterait sûrement.
De son autre main, le Dunmer avait désigné le fouillis impénétrable du bois.
Visiblement, il leur donnait le choix.
- Je aime plus les pierres.
Ces mots lui échappèrent lorsqu'il songea à ce qu'il préférait. Mais surtout lorsqu'il se rendit compte que pour un cheval, un tel endroit pouvait par bonheur être un vrai casse-pipe.
Il sourit.
#30
Posté 05 avril 2008 - 14:30
Lorsque Talindar prononça cette phrase, Neydann fut parcouru d'un grand frisson. Cette sensation n'était donc pas le produit de son imagination. Il y avait bien une autre présence dans l'ombre. Quelque chose, ou peut-être même quelqu'un, les épiait. S'ils ne réagissaient pas vite, cette ou ces personnes allaient probablement les attaquer.
Peut-être étaient-ils tombés dans une embuscade? Il avait bien dit que traverser la forêt la nuit était une mauvaise idée! Tous les lieux un tant soit peu civilisés de la province de Cyrodiil étaient reliés par de vraies routes, avec leurs auberges et leurs patrouilles, justement pour que les voyageurs n'aient pas à emprunter des chemins boueux criblés de trous qui serpentaient à travers les grandes forêts remplies de toutes ces menaces invisibles !
Devant lui, Llenrayn, toujours insupportablement calme, comme à son habitude, s'était retourné vers le reste du groupe :
- Le chemin tombe. Il faut continuer, ici, ou ici ? Je aime plus les pierres.
Visiblement, le chemin s'arrêtait là. Ils pouvaient soit continuer en s'enfonçant dans la forêt, ou bien descendre une pente rocailleuse.
À cet instant précis, Neydann ne pensait plus qu'à une chose : s'écarter le plus possible de ses poursuivants tapis dans l'ombre. Il était donc hors de question de foncer tête baissée vers une mort certaine, en s'enfonçant dans les bois :
- Pour moi, ce sera les pierres aussi! lança le bréton, qui fonça vers la pente rocheuse sans réfléchir, tout en tirant violemment sa jument derrière lui, qui le suivait bien malgré elle, le grand guerrier nordique toujours ficelé sur le dos.
Cependant, lorsque l'animal aperçu la descente qui l'attendait, il freina des quatre fers. Neydann, déséquilibré par l'arrêt soudain de sa jument, trébucha. Après une vaine tentative pour attraper les rênes de sa monture afin d'éviter de tomber, le bréton dégringola de la pente dans un nuage de poussière, avant de disparaître dans l'épais fourré en contrebas.
Modifié par Krenka, 05 avril 2008 - 14:38.
#31
Posté 05 avril 2008 - 15:26
Cepednant, le nordique n' eut pas le temps de convaincre qui que ce soit dans la bande. La jument, effrayée par la pente rocailleuse, desequilibra Neydann qui vacilla un instant avant de tomber violemment. Rayingald bondit pour rattraper le breton mais ce ne fut que vaine tentative. Le Nordique ne put que regarder Neydann rouler dans la pente avant de disparaitre dans un epais nuage de poussiere.
Le Nordique se releva puis dit:
"Bien! Au moins nous n' aurons pas à palabrer très longtemps pour choisir. Il faut faire vite si on veut le retrouver. Je ne sais pas du tout où mène cette voie! Laissons la brute ici. Voyageons rapidement et legerement. De toute façon, on ne peut rien pour lui dans ces conditions et la jument n' en sera que soulagée!"
Rayingald tentait de rester calme mais il avait peine à masquer son inquietude. La perspective d' affronter des bandits ne l' effrayait guère mais il n' avait pas prévu de perdre un membre de la bande en chemin. Il fallait maintenant retrouver Neydann et le Nordique n' avait aucune idée de l' endroit où les menerait cette voie.
#32
Posté 09 avril 2008 - 13:24
On sentait que le Nordique retenait son inquiétude pour éviter de la transmettre aux autres membres du groupe. Talindar s'approcha du pierrier, le chemin était pentu et totalement dévasté. Le cheval n'aurait aucune chance de passer sans se rompre une patte.
- Il faut laisser la jument ici et se dépêcher de retrouver Neydann!
Le Bréton lança un dernier regard à Llenrayn et à Rayingald qui semblaient désemparés, puis il commença sa lente progression en se tenant du mieux qu'il le pouvait aux aspérités des rochers. Après avoir descendu quelques mètres, il prononça le nom du Bréton à haute-voix en espérant obtenir une réponses, mais il ne reçut que l'écho de sa propre voix. Soudain, venant du plateau où étaient encore postés le Nordique et le Dunmer, un hurlement de loup se fit entendre puit une cavalcade et le son du lame sortant de son fourreau.
Talindar, en pleine escalade ne pouvait remonter aider ses compagnons et devait descendre chercher le Bréton qui était certainement inconscient. Il cria alors aussi fort qu'il pût:
- Repoussez les loups aussi longtemps que vous le pourrez, je m'occupe de Neydann! Si jamais ils lui tombent dessus, je ne donne pas cher de sa peau!
Modifié par guiguizmo91, 09 avril 2008 - 13:24.
#33
Posté 09 avril 2008 - 21:56
Rayingald tira son épée et se rapprocha de Llenrayn
"Des loups... faites du bruit et agitez vous. Cela suffit souvent à les faire fuir. Le feu les impressione beaucoup aussi alors c' est peut être le moment de montrer ce que vous savez faire monsieur le mage."
Il cria alors à l' intention de Talindar:
"On tiendra les loups aussi longtemps que possible! Faites nous un signe lorsque vous l' aurez trouvé! Nous descendrons vous rejoindre!"
Rayingald fit tournoyer rapidement l' épée dans sa main droite puis dans sa main gache avant de se mettre en garde. Un leger sourire se dessina sur son visage puis il dit à Llenrayn, étouffant un rire:
"Voilà qui devrait vous faire aimer les forêts n' est-ce pas? Ce sont des loups, ils attaquent parfois l' homme lorsqu' ils ne trouvent rien d' autre pour se nourrir ou lorsque nous penetrons sur leurs territoires de chasse. Cela aurait pu être pire. Nous aurions pu avoir à affronter des ours... Tenez vous prêt, ils arrivent"
Le Nordique avança de quelques pas avant de se mettre en garde dans l' attente des loups qui approchaient rapidement.
#34
Posté 10 avril 2008 - 20:36
Le Mer répéta le mot avec un fort accent et un intérêt poli. Il leva un sourcil vers le guerrier, intrigué. Des loups... Des choses hurlantes ayant peur du feu, disait le Nordique...
Juste un instant auparavant, un silence brutal leur était tombé dessus, et ils avaient ressenti comme un grand vide. Quelque chose n'entrait plus dans leur oreilles. L'absence des bruits, qui presque inconsciemment, les accompagnaient depuis plusieurs heures : hululements d'oiseaux nocturnes, pas prudents de rongeurs, sifflement doux de reptiles, tout avait disparu en un instant.
Et puis les hurlements avaient commencés. Quelque chose de désincarné, de sauvage ; LLenrayn aurait jurer qu'il s'agissait là d'un cri d'outre-tombe, ou, si ce n'était le cas, au moins de l'au-delà.
Un sourire illumina son visage, un sourire de dément, un regard de dément ; il se réjouissait déjà, et seul ses légers problèmes linguistiques le retinrent de s'exclamer "Oh ! Des démons !".
Mais l'homme à ses côtés, agitant son épée et se délectant à l'avance d'une bagarre, lui enleva cette idée de la tête. Un combattant n'attend pas si joyeusement une troupe d'esprits. Les hurlements avaient perdus soudain tout intérêt.
Des loups, donc. Et tout à coup ils les virent.
Des yeux jaune, des lunules noires à l'intérieur ; des dents blanche, un langue rouge sombre à l'intérieur ; et puis encerclant tout ça, un pelage épais et hirsute, un corps famélique à l'intérieur. Tout autour, répartis entre les troncs encore plus sombre qu'eux, ils attendaient.
Llenrayn manqua de s'étouffer. Horreur. Horreur. Qu'est-ce que c'était donc que cela ? La stupide jument et ses poils courts, son souffle gras, et son odeur qu'il sentait d'ici, cela ne suffisait-il pas ? Qu'étaient encore ces bêtes étranges,plus poilues qu'un Nordique, plus démoniaques que les démons auxquels ils s'attendait tout à l'heure ? Des choses fibreuses, odorantes, bavantes, vivantes ?
Il expira lentement, immobile. Il fallait bouger, il fallait ; mais son instinct lui dictait tout le contraire. Il entendait d'ici leur souffle rauque et lent. Tout aussi lentement, il cala sa respiration sur la leur.
Enfin, ses doigts retrouvèrent leur liberté. Doucement, il se baissa, saisit d'une main une tige solide à ses pieds, de l'autre une dague effilée dans son manteau.
Encore plus doucement, il se mit à chantonner dans sa langue, tout en traçant dans la boue des symboles impossible à distinguer par cette obscurité. Sa main gauche tremblait un peu, mais il connaissait si bien les lignes répétitives, le toucher du sol -quelque soit le temps-, la douceur d'un bâton dans sa paume, qu'il osait croire qu'il ne se tromperait pas. En revanche, il n'osait pas imaginer ce qui se produirait s'il se trompait.
- Deux fois, deux fois, deux enfants...
Pourvu que Rayingald et les loups lui laissent le temps.
- Deux fois, deux fois, deux changements...
Pourvu que lui-même se concentre, qu'il ne pense plus aux loups.
- Deux fois, deux fois, deux mondes...
Des fils fins, mais sensibles, des fils de magie commençaient à alourdir son bâton, à empeser sa tête, jouant avec les signes sur le sol, dansant au son de sa voix.
- Je suis né...
Il pressa fortement son pouce droit contre le fil de sa dague, et du sang tomba à ses pieds,sur ses dessins, en petites gouttes précises.
- Deux fois, deux fois, deux merci...
A présent les fils se faisaient toiles, perturbant les courants de magie alentour, désorientant ceux qui couraient dans le corps du Dunmer, mais il poursuivait douloureusement son invocation.
- Deux fois, deux fois, deux appels...
Il retint son souffle. Puis brutalement, il cracha à deux reprises à ses pieds, et ce fut comme si toute sa tête et ses veines se vidaient d'un coup de leur magie. Plus aucun fils, il ne tenait plus à rien ; trébuchant, il s'affala à terre.
Mais juste devant lui, se tenait à présent une silhouette étrange, un peu brumeuse, un peu opaque, un peu déguenillée. Un fantôme.
Llenrayn sourit à l'apparition, tout en se relevant, et lui murmura :
- Grand-père... Ça faisait longtemps, je crois.
#35
Posté 11 avril 2008 - 00:37
"Si vous ne m' aidez pas, je ne pourrais pas les faire fuir!" adressa-t-il au mage...
Ce fut à ce moment qu' il senti son sang se glacer dans tout son corps. Du coin de l' oeil, Rayingald venait d' apercevoir, dans son dos, une étrange silhouette. Une troisième personne, qu' il n' aurait pas repéré venait d' arriver se dit-il d' abord. Mais bien qu' il ne soit pas éclaireur émerite, il reste capable d' identifer un danger avant qu' il ne se présente. C' est alors qu' il realisa que ce n' était pas une troisième personne. Ce n' était même pas une personne. Rayingald se figea sur place et vit les loups faire de même. Il ne hurlait plus, ne sautait plus et aurait voulu disparaître en cet instant. Peu de choses effrayaient le Nordique. Aucune en fait si l' on considère les choses naturelles ou materielles. Pourtant, les esprits, eux, il les craignaient...
Les loups semblaient aussi calme que le Nordique. Dans le dos de Rayingald, une voix, celle du mage, se fit entendre:
"Grand-père... Ça faisait longtemps, je crois"
Avant même de se retourner, le Nordique avait compris ce qui se tramait dans son dos. Il lâcha la branche, qui heurta le sol d' un bruit sourd, ses bras se relâchèrent le long de son corps et, lentement, il se retourna...
Llenrayn semblait épuisé. Il gisait au sol visiblement vidé de toute force. A côté se tenait une étrange silhouette, encerclée d' une sorte de brume qui donnait à la silhouette un aspect quelque peu laiteux. Un fantôme...
Rayingald restait muet. Paralysé par ce qu' il avait sous les yeux, il lui sembla regretter, l' espace d' un instant furtif, de ne pas être mage lui-même. Il y avait bien un vieux fou qui connaissait des histoires de demons et de fantômes mythiques dans son village natal mais il ne connaissait point les arts magiques et le petit Rayingald ne s' est jamais vraiment interessé à la magie. Le grand Rayingald était donc loin d' avoir la connaissance et la clairvoyance de ce mage visiblement en fâcheuse posture.
D' une voix hésitante, Rayingald demanda:
"Qu' est ce que c' est que ça?"
Modifié par Evildeadmeat, 11 avril 2008 - 00:40.
#36
Posté 11 avril 2008 - 17:17
Et maintenant, la pauvre jument ne pouvait que reculer face à ces bêtes grises qui semblaient enragées, aux dents au moins aussi tranchantes que la grande épée que tenait l'homme à quelques pieds d'elle, le seul encore debout. Enfin, pas pour longtemps... Il semblait se décomposer progressivement, comme s'il avait vu un fantôme.
Justement, l'animal ressentit une sensation étrange juste derrière lui. Lorsqu'elle tourna la tête, la jument resta pétrifiée en découvrant cette présence éthérée qui se dressait à à peine un mètre derrière. Un moment d'inattention qu'un des loups, peut-être le plus téméraire, décida d'exploiter.
La bête bondit hors de l'ombre et planta ses crocs dans la patte avant gauche de la jument de toutes ses forces. La douleur fulgurante sortit l'animal de sa torpeur, qui se lança dans une série de ruades désordonnées pour tenter de décrocher la bête.
Le loup tint bon, un peu trop même, si bien qu'il n'eut pas le temps de s'enfuir lorsque la monture s'effondra lourdement sur lui dans un craquement atroce. Il ne put que pousser un long gémissement qui trancha net avec le silence de la nuit, étouffé par la jument qui, malgré sa vilaine blessure, semblait savourer sa maigre victoire.
Toujours allongé sur le sol rugueux, il tâta son corps endolori. Apparemment, mis à part les égratignures, estafilades et autres blessures superficielles, il semblait indemne.
Ce n'est que lorsqu'il parvint à s'asseoir qu'il se rendit compte que quelque chose n'allait pas : son pied gauche faisait un angle supérieur à quatre-vingt-dix degrés avec l'axe de sa jambe. Cette vision peu ragoûtante lui ôta immédiatement l'idée de se lever tout de suite.
Malgré l'affreux bourdonnement dans ses oreilles, il entendait un son dans le lointain, l'écho d'une voix qu'il connaissait. C'était celle de Talindar. Aussi incroyable que ça pouvait lui paraître, ce dernier avait apparemment décidé de descendre la pente rocheuse pour venir à sa rescousse.
Neydann essaya de crier pour indiquer à Talindar où il était, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Sa tête tournait, sa vision était de plus en plus trouble... il était si fatigué... trop fatigué... toute cette fatigue... Il retomba comme une masse sur le sol, inconscient.
Modifié par Krenka, 11 avril 2008 - 17:19.
#37
Posté 20 avril 2008 - 19:33
Le jeune Dunmer répondit avec un sourire amer à la question du Nordique, employant cette fois la langue impériale.
Maintenant qu'il n'était plus concentré sur sa tâche, il s'aperçut de ce qui l'entourait, le Nordique immobile, les loups de même, ainsi que la jument et une odeur de sang qui flottait, celle de sa patte et celle du sac informe qu'était devenu le loup qui l'avait attaqué. Il souffla. Il était épuisé, mais rien de fâcheux ne s'était produit lors de l'incantation délicate. Pas à première vue en tout cas.
Devant lui, le fantôme étirait ses membres osseux trop longtemps immobilisés. Il faisait à présent pleinement partie du monde des vivants, et le vent d'Est pouvait jouer avec les lambeaux d'un tissu autrefois blanc qui le recouvrait comme avec les feuilles des arbres. En revanche, impossible de s'y tromper : sa matière tenait plus de la fumée que de la chair, et son aura diffusait un malaise sourd tout autour d'eux.
L'ancêtre Dunmer observa la scène de ses yeux morts plusieurs longues minutes, et ils crurent même distinguer un air de reproche sur ses traits incertains lorsqu'il tourna la tête vers Llenrayn. Brusquement, il ouvrit sa mâchoire, et une curieuse voix crissante et basse pénétra directement dans la tête de l'elfe et de l'humain.
- Je suis Daras Saroth. Et je suis mort. Je n'ai rien à faire ici.
Llenrayn serra les dents, et ses tempes entre ses doigts fins. Les quelques paroles de l'apparition lui avaient fait l'effet d'ongles raclant les os de son crâne. Les choses se présentaient mal... il fallait vite qu'il dise quelque chose. D'un souffle -il avait juste assez d'énergie pour cela- il répondit :
- Je suis un Saroth aussi... J'ai besoin d'aide. Tu te dois de m'aider, c'est la loi.
Rayingald ne put comprendre cette réponse en Dunmeri, comme les suivantes, en revanche, ce que le fantôme se mit à hurler à l'intérieur de sa tête était tout à fait et douloureusement compréhensible :
- Je ne connais pas !Tu n'est plus un Saroth ! Tu n'est rien ! Tu n'es plus le fils de mon fils ! Et si tu pouvais mourir ici en terre étrangère avec ce chien d'étranger cela ne serait que leçon ! Leçon ! Ecoute enfin les conseils des ancêtres ! Respecte à nouveau notre culte, nos lois, notre religion ! Je savais qu'épouser une Cendraise fâcherait les Tribuns, mais que mon fils donne naissance à ça je n'aurais jamais cru ! C'est toi qui a trahi nos lois ! Tu...
- Inutile de crier. Tu sais autant que moi que tu ne pourras pas changer mon sang.
- Peu importe ! Ton sang ne peut racheter tes actions ! Je m'en vais ! Je...
Llenrayn ricana doucement, puis répondit :
- Tu t'en va ? Mais où ? Vas-y, je te laisse partir... Vas-y je te dis ! Tu auras beau faire le tour du monde, tu ne trouveras pas de sortie...
L'ancêtre sembla s'étrangler. Il avança vers sa descendance, leva son bras pour le gifler. Le Mer sentit sur sa joue le contact étrange et froid des doigts du fantôme. Il grimaça de douleur. Dans sa tête, il était paniqué. Il n'était plus capable de faire de magie, épuisé comme il l'était, et voilà que le fantôme se retournait contre lui. Malgré le danger qu'il représentait, ce comportement le laissait admirateur... renoncer à une mort tranquille pour le plaisir de tuer son petit-fils rénié, voilà qui était impressionnant...
Modifié par Vabaz', 20 avril 2008 - 19:37.
#38
Posté 22 avril 2008 - 11:57
Rayingald demeurait incapable de faire le moindre geste ou de prononcer la moindre parole. Il restait immobile, ses bras pendaient le long de son corps et semblaient avoir été abandonné par leurs forces. Il observait l' étrange conversation entre ces deux êtres, l' un vivant tandis que l' autre était mort. Etrange silhouette décharnée, étherique, mais pourtant terrifiante, qui se tenait là, dos au Nordique. Sa famille? Ca? Une famille? Le Nordique se dit que seul un Dunmer pouvait entretenir des liens de famille aussi étrange que ça.
Le temps semblait s' être arreté, suspendu au dialogue entre un Mer et son ancêtre mort. Les loups, la forêt, la jument, le Nordique, le Monde entier semblait observer attentivement. La conversation echappait au Nordique. Il maudit cette langue qu' il ne comprenait pas. Les paroles du fantôme écrasaient le crâne du Nordique, si bien qu' il crut être la cible d' un sortilège.
La conversation sembla s' agiter. Le ton montait. La fantôme en vint à gifler Llenrayn, ce qui fit sortir Rayingald de sa torpeur. Ses muscles renvinrent à la vie, ses doigts se ressererent sur son épée qu' il dressa face à lui.
"De l' argent. Mon épée est d' argent." se dit il
Il prit une profonde inspiration puis, d' un bond, se mit face au fantôme, entre Llenrayn et son grand père mort. Il lui sembla regretter ce geste lorsqu' il se trouva face au mort-vivant. Il dressa son épée devant lui et dit à Llenrayn sans quitter le fantôme des yeux:
"Si vous ne pouvez plus maitriser votre invocation, laissez moi la renvoyez d' où elle vient."
#39
Posté 22 avril 2008 - 22:26
Talindar atteint un petit bosquet assez plat et commença ses recherches sans être trop bruyant, si les loups tombaient sur l'autre, il n'en resterait certainement pas grand chose ... même s'il ne l'appréciait que moyennement, il ne méritait pas de finir à moitié dévoré par les loups.
Le Bréton, soucieux de faire le moins de bruit possible, appela le plus discrètement possible Neydann mais aucune réponse ne se fit entendre. Depuis combien de temps le cherchait-il? Furetant entre les fourrés, il ne tomba que sur quelques champignon, mais pas la moindre trace d'un humain. Il trouva tout de même des plantes médicinales qu'il récupéra au fond d'un petite sacoche pendant sur son flanc.
Talindar tomba alors sur le Bréton derrière un petit arbuste. Il s'approcha et se pencha sur le blessé, pour le moment il était inconscient. Heureusement pour lui d'ailleurs, vu l'angle que formait sa jambe. Il l'appuya contre un arbre et commença par le soigner à l'aide d'un sort et la sueur qui perlait sur le front du blessé s'estompa quelque peu. Le Bréton jeta un dernier regard à la jambe puis se résolut. Il devait le faire sinon, il ne pourrait jamais l'emmener dans un endroit un peu plus sûr. Il sortit une fiole de son sac et vérifia l'étiquette, c'est bien ce qu'il cherchait: Cognac de Cyrodiil. Il avait prévu de le boire pendant une soirée au coin du feu de la salle commune de Cheydinhal, pas de le faire boire à un compagnon de route pour qu'il tienne le coup. Il n'avait rien de mieux pour l'anesthésier.
Il prit alors la jambe des deux mains, inspira une dernière fois et tourna d'un coup sec ...
Modifié par guiguizmo91, 22 avril 2008 - 22:27.
#40
Posté 22 avril 2008 - 23:52
- Me renvoyer ? Les n'wahs ont toujours des idées stupides ! Deux vivants ne peuvent tenir tête à un mort !
Il repartit dans un grand éclat de rire glacé qui résonna aux alentours. Les autres protagonistes observaient toujours la scène sans broncher ni même respirer, tout comme la forêt, dont tout à coup les myriades d'esprits s'étaient camouflés.
Cela aurait pu être le moment de l'attaquer, mais Llenrayn, se tenant à peu près debout désormais, posa la main sur l'épaule du guerrier comme pour le retenir. Il lui chuchota à l'oreille en détachant bien les mots, comme s'il lui chantait une comptine :
- Nous devons avoir peur. Mais la loi dit : il me défend. Sinon il n'est même plus un mort. Alors encore nous pouvons attendre. Si assez nous lui faisons peur.
Le jeune sorvier grimaça. Il désespérait de s'être fait comprendre, et il sentait encore le froid des morts sur sa joue. Il le connaissait bien, ce froid, mais cela n'en atténuait pas le mordant. Il avait toujours l'impression de manquer de feu à l'intérieur de son corps, de manquer de quelque chose, d'être vide ; en un mot de manquer de magie.
Pourvu qu'il n'aie pas fait tout cela pour rien... Pourvu que l'aïeul soit vraiment le Mer pieux et respectueux dont il avait le souvenir... Pourvu qu'il ne transgresse pas la plus sacrée des lois du Culte des Ancêtres, celle de l'aide à apporter à ses enfants au delà de la mort... Pour son propre bien... Pourvu que Rayingald n'aie pas à faire preuve de ses talents...
Pour le savoir, il y avait un moyen simple. L'elfe ramassa une pierre. Et la jeta au milieu des loups - ce fut au milieu d'un loup.
Aussitôt, ce fut comme si la meute était tirée de sa léthargie avec un glapissement de rage. Désormais, ses proies étaient immobiles ; les bêtes bondirent.
Llenrayn pointa sa dague vers l'ombre grondante et ses multiples gueules. Il était bien piètre combattant, il le savait. Et après une invocation, il était un tout aussi piètre mage. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ?
Les ombres semblaient se rapprocher. Elles se rapprochaient vraiment. Un claquement de dents, un sifflement de lame, un grognement, et l'elfe ressenti une vive douleur au mollet. Ils étaient mal partis.
Tiré de son repos une première fois. Tiré de son repos une seconde fois. Le spectre ne put s'empêcher de sentir l'odeur du sang. De son sang. En danger. Il glissa comme un nuage de fumée droit sur les loups. Les sorts plus que millénaires avaient déjà remplacé sa volonté propre.
#41
Posté 23 avril 2008 - 08:33
Neydann hurla tellement fort que même le corps de l'aïeul de Llenrayn, aussi profondément enterré dans son Morrowind natal soit-il, avait dû se retourner dans sa tombe. Le cognac, certes déjà bien fermenté, qu'avait utilisé Talindar pour diminuer la douleur, n'avait visiblement pas eu l'effet escompté.
Il était maintenant assis, haletant, l'air hagard, et le front couvert de sueur, la vision trouble. Durant quelques instants, il regarda autour de lui sans voir qui avait bien pu lui faire ça. Au bout de quelques secondes, le voile d'ombre devant ses yeux disparu et sa vision devint plus nette. Lorsque son regard croisa celui du jeune bréton qui venait de le soigner, il se laissa aller :
- Non mais vous êtes complètement malade ! C'est à la Guilde des Mages qu'on vous apprend à torturer des blessés ? Si c'était pour me broyer la jambe une nouvelle fois, c'était pas la peine de venir me chercher !
Tout en reprenant son souffle, il regarda à nouveau ses mains, ses bras… toutes ses plaies qu'il avait encore tout à l'heure semblaient avoir disparu. Il ne saignait plus, et les entailles s'étaient transformées en de minces cicatrices. Il se risqua à jeter un coup d'œil à sa jambe, craignant de voir à nouveau cette vision malsaine, mais tout ce qu'il vit était une jambe, certes en mauvais état, toujours douloureuse, mais une jambe complète, de forme normale.
Cela lui donnait mal à la tête rien que d'y penser, mais il dû admettre que le bréton n'avait pas si mal fait. Il se risqua même à tenter de le remercier, mais se ravisa vite, tellement l'idée de montrer un quelconque signe de faiblesse à ce vermisseau de la Guilde des Mages le répugnait.
Il regarda plus attentivement autour de lui : ils étaient dans une espèce de long bosquet qui tapissait tout le bas de la pente rocheuse, probablement à quelques dizaines de mètres de là. Plus une trace du sentier d'en haut. Il devait pourtant bien continuer quelque part, du moins, il l'espérait...
Maintenant plus calme, Neydann chercha des yeux quelque chose qui pourrait s'apparenter à un soutien, pour qu'il puisse marcher. Son regard s'arrêta sur une branche par terre, qui semblait morte il y a suffisamment longtemps pour ne plus être souple, et pas suffisamment pour être cassante.
Tout en la montrant du doigt, il regarda à nouveau Talindar :
- Bon, je suppose que vous ne comptez pas plus que moi rester ici toute la nuit, alors autant essayer de retrouver notre chemin. Vous pourriez me donner cette branche là par terre ?
Modifié par Krenka, 23 avril 2008 - 08:43.
#42
Posté 23 avril 2008 - 20:52
Talindar se releva et lui apporta la branche, avant de lui donner, il s'assura qu'elle ne casserait pas, puis la tendit au blessé. Celui ci la prit sans même le remercier, et l'étudiant en magie ne put s'empêcher en l'aidant à se relever:
-Oh mais de rien c'est un plaisir!
Neydann fut bientôt sur ses pieds, il devait s'appuyer sur la branche pour tenir debout, mais il serait en mesure de marcher. Mais il serait quitte pour des douleurs à chaque fois qu'il poserait le pied à terre ... tant pis pour lui, il avait fait tout ce qu'il pouvait pour le soigner.
-Bon, essayons de trouver un moyen de remonter sur le plateau où sont le Dunmer et le Nordique, en espérant que les loups ne les ont pas dévorés. Vous ne remonterez pas par là où je suis passé avec votre jambe.
Modifié par guiguizmo91, 25 avril 2008 - 16:50.
#43
Posté 23 avril 2008 - 23:06
Rayingald n' eut même pas le temps de dire au Dunmer quelle avait été sa folie. Lorsque la pierre frappa le loup, la nature entière sembla s' enrager. Les hurlements brisèrent le calme, tout autour du petit groupe. Les fourrés s' agitèrent au son des grognements et des dents qui claquent dans les gueules fendue par la haine et la faim. La forêt sembla s' illuminer des yeux jaunes des bêtes qui fendirent l' air en bondissant.
"LES VOILA!!!" hurla le Nordique alors que les loups venaient d' apparaître. La grâce et l' agilité de ces animaux contrastaient avec la laideur de leurs crocs acérés.
Rayingald fit volte face puis bondit à son tour vers un loup qui se jetait sur la bande.
"Reduire la distance. Ne pas leur laisser le temps de réagir. Attaquer avec force, vitesse et violence. Chaque coup doit tuer." se dit-il mecaniquement alors que sa lame s' enfonçait déjà dans la thorax de la bête qui n' avait pas encore touché terre.
Modifié par Evildeadmeat, 25 avril 2008 - 23:49.
#44
Posté 25 avril 2008 - 16:37
Instinctivement, il bascula tout son poids sur la branche, pour faire en sorte de toucher le moins possible le sol avec son pied gauche. Après quelques essais, il réussi à trouver la position la moins inconfortable et la moins douloureuse. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il tiendrait le coup…
Talindar se tourna vers lui :
- Bon, essayons de trouver un moyen de remonter sur le plateau où sont le Dunmer et le Nordique, en espérant que les loups ne les ont pas dévorés. Vous ne remonterez pas par là où je suis passé avec votre jambe.
- Des… des loups ? Et vous voulez-y retourner ? Neydann fut parcouru d'un frisson.
Pourquoi foncer droit sur des loups ? Dans son état, en plus. Qu'est-ce que cela pouvait bien leur apporter ? Si le nordique n'y survivait pas, ils n'auraient strictement aucune chance de faire mieux, et si le dunmer en profitait pour passer l'arme à gauche, ce ne serait pas forcément une perte, après tout. Tout ce temps passé en forêt pour aider cet elfe noir leurs avait déjà apporté beaucoup trop d'ennuis à son goût. Tout ce temps perdu alors qu'il avait en plus à apporter un colis à la Cité Impériale…
En pensant à sa mission, Neydann tapota machinalement la poche dans laquelle il avait rangé le Parchemin le matin dernier, mais ne senti rien d'autre que la peau de son flanc droit. Pris d'un doute soudain, il baissa les yeux, et se rendit compte que son pourpoint était bien plus abîmé qu'il ne l'avait pensé.
Tout l'arrière était arraché, et la déchirure remontait jusqu'au bas de son omoplate. Mais ça n'était pas le plus inquiétant : la poche dans contenant son colis n'était plus qu'un grand trou béant de lambeaux de tissus. Il l'avait perdu dans sa chute !
- Non de… Nous devons absolument retourner sur cette pente ! s'écria Neydann.
Sans attendre de réponse de Talindar, il partit en boitant dans la direction qu'il supposait être celle de la falaise rocailleuse.
Modifié par Krenka, 25 avril 2008 - 16:38.
#45
Posté 25 avril 2008 - 16:57
Après avoir eu l'air effrayé à l'idée de se rapprocher des loups, il devait ensuite absolument se diriger dans leur direction. Mais Talindar n'eut pas le temps de demander la raison de ce choix que l'autre Bréton partait déjà, claudicant à cause de sa jambe blessée. Il le rattrapa bientôt et en profita pour lui demander ce qui lui arrivait:
-Faudrait savoir! Il y a un instant, vous ne vouliez pas repartir par là, et maintenant, vous foncez vers les loups! Qu'est ce qui vous prend? Et pourquoi vous avez l'air effrayé comme ça?
Tout en parlant, les deux Brétons continuèrent d'avancer en se rapprochant de la pente Sur laquelle Neydann était tombé.
Modifié par guiguizmo91, 25 avril 2008 - 16:57.
#46
Posté 26 avril 2008 - 18:04
A quelques mètres de lui, une ombre flottait, les yeux fous, et saisissait vivement de ses doigts osseux les gorges des loups qui passaient à sa portée. Alors l'animal, qui avait désespérément évité - ou ignoré - cet être n'ayant rien de naturel, glapissait soudainement, terrifié ; et tandis qu'il lacérait le bras cadavérique qui le retenait, les doigts se ressaieraient, l'étouffait peu à peu.
Pourtant, on aurait pu entendre maugréer le défunt grand-père, entre deux grognements de loups, comme si ce qui lui servait de corps échappait à son contrôle pour obéir aux ordres dictées par la magie.
Juste derrière, en retrait, aurait dû se tenir Llenrayn. En vérité, depuis le premier claquement de crocs qui, semblait-il, lui avaient arraché une infime partie de la jambe, mais néanmoins une partie douloureuse, l'elfe sombre avait lâchement abandonné toute idée de combattre les bestioles poilues et hurlantes à la dague. Après tout, il n'était pas un combattant ; toutes ces agitations, ces mouvements, ces parades, comme on voyait pratiquer Rayingald, il n'en connaissait rien et n'en avait cure. Et il était si fatigué...
Il aurait voulu fuir d'un bond dans le vide de la combe, immédiatement, pour rouler loin et se débarrasser de ces choses menaçantes, mais un simple coup d'œil l'effraya encore plus. Il devinait déjà, tout en bas dans le noir, son propre corps tout aussi sombre dans un manteau encore plus rouge, teinté de sang, les membres brisés. Plus jamais vivant... Cette vision lui arracha un rictus de peur.
Le jeune Mer eut à peine le temps de respirer qu'à nouveau le loup bondissait, visant cette fois la gorge. Paniqué, distinguant sans peine les gouttelettes de salive de la bête, il s'immobilisa complètement. Un bloc d'ardoise parmi le foisonnement de mouvements alentour. Alors ses yeux rouges se fermèrent.
Plus de temps. D'espace encore moins. Juste des fils, des fils et des courants, des courants et des nœuds. De la magie. Lui au milieu. Un intrus. Les fils devinrent toiles, les toiles l'emprisonnèrent. Mais les fils avaient une fin, ils en avaient une. N'importe laquelle. Une seule. Une...
Les crocs du loup claquèrent dans le vide.
Llenrayn Yen Saroth ouvrit les yeux. Avec bonheur, il s'aperçut qu'il se souvenait de qui il était. Et il découvrit où il était. Sous lui, une branche rugueuse, au dessus, un ciel sombre et nuageux. Dans un arbre, au milieu d'une masse de verdure indiscernable.
D'un coup, son corps pris conscience de l'absurdité, du non-sens de la chose. Une douleur intense vrilla chaque coin de ses os, sa tête hurla sa panique, son ventre son manque. Les fils de magie le submergeait, l'étouffait à l'extérieur. Dedans, il était désespérément vide.
Il perdit connaissance.
Modifié par Vabaz', 26 avril 2008 - 18:05.
#47
Posté 02 mai 2008 - 20:08
Jamais il n'avait égaré un colis ou une cargaison. Jamais un client n'avait eu à se plaindre d'un quelconque incident durant le transport. Cela faisait des années qu'il avait forgé sa réputation sur la sécurité de ses marchandises. Perdre un colis aussi important était tout simplement inadmissible !
Talindar, qui n'avait pas mit bien longtemps à le rattraper, lui demanda :
- Faudrait savoir! Il y a un instant, vous ne vouliez pas repartir par là, et maintenant, vous foncez vers les loups! Qu'est ce qui vous prend ? Et pourquoi vous avez l'air effrayé comme ça?
Neydann l'ignora et continua son chemin, tête baissée. Comment pourrait-il expliquer à Talindar qu'il avait commis une faute grave ? Même s'il refusait d'endosser cette responsabilité, il était tout de même chargé de lui montrer l'exemple.
Après quelques mètres de plus, Neydann stoppa net, et leva les yeux. Ils avaient atteint la limite de la forêt, et se trouvaient maintenant dans le tapis de petits buissons qui bordait le bas de la pente rocheuse. La lumière des étoiles semblait avoir été dirigée vers elle pour la rendre encore plus imposante.
Non seulement ce mur rocailleux faisait plusieurs dizaines de mètres de long, mais elle était aussi beaucoup plus large qu'il ne l'avait cru. Voilà qui n'allait pas leur simplifier la tâche. Heureusement la trace du roulé-boulé de Neydann était encore visible, Ils sauraient donc par où commencer les recherches.
Après cet examen rapide de la situation, le bréton se retourna, et fixa Talindar dans les yeux, le regard grave :
- Le colis, la raison pour laquelle je suis ici, la raison pour laquelle nous sommes tous les deux ici. Il se trouve quelque part dans cette pente. Si on ne le retrouve pas, ce n'est même pas la peine de continuer le voyage.
Il s'arrêta quelques secondes avant d'ajouter :
- Et vu mon état, si on veut remettre la main dessus, il va falloir que tu cherche avec moi.
Modifié par Krenka, 02 mai 2008 - 20:46.
#48
Posté 26 mai 2008 - 19:57
- Je te l'avais dit, dit et dit, il y a des intrus ici !
- Sssûr, il y en a !
- Et ils ne dorment pas...
- Aidons-les, les pauvres, pauvres, pauvres, leurs petits yeux doivent être tout fatigués, couchons-les !
- Le sommeil est bon pour eux...
En se retournant, les deux hommes purent distinguer une chose fort désagréable pointée sur eux, quelque chose qui dans la lueur du ciel nocturne ressemblait fort à une flèche. Et plus loin, et encore là, et là, d'autres éclats de métal qui sortaient des feuillages bas.
On les prenait pour cible.
Les murmurent sifflants furent brusquement coupées par une voix sèche et forte. Visiblement, le nouvel arrivant, lui, ne souhaitait pas se cacher. Il s'avança d'un pas animal, faisant craquer les bois pourris du sol.
- Taisez-vous, lézards stupides ! Et gardez vos poisons ! Nous les ramenons au Foyer !
C'était un Argonien aux écailles sombres, qui lui aussi portait un arc de bois sommaire tendu par une flèche aux reflets verts. A son poignet, on voyait un bracelet de lourd métal. Il plissa ses yeux oranges.
- Sssalutations, amis peu discrets. Veuillez nous précéder. Nous ne vous voulons pas de mal, mais nous avons peur.
***
Maladroitement, Llenrayn tomba de son arbre.
Il ne savait plus où était le haut et le bas, et il avait désespérément soif. Très soif. Sa langue s'effritait presque dans sa bouche.
Impossible d'aligner deux pensées. Il était trop vide, terriblement vide. Il se recroquevilla sur le sol fangeux, sans même en avoir conscience.
Quelle heure était-il ?
A grand peine, il extirpa son sablier des plis de son manteau. Et il s'aperçut avec terreur que le sable remontait vers le haut.
Respire, respire. Ce n'est pas possible.
Il essaya de se redresser, et ne parvint qu'à se cogner la tête contre le sol.
Ce n'était pas possible, il était simplement à l'envers. Il se retourna douloureusement.
Le sable se remit à couler dans le bon sens.
Heureusement.
Titubant, l'Elfe noir se releva, et commença à claudiquer. Il avança vers un point précis dont il n'avait pas conscience, le lieu que son corps voulait retrouver dans sa panique de corps arraché à un endroit délicieusement matériel.
Modifié par Vabaz', 26 mai 2008 - 19:57.
#49
Posté 05 juin 2008 - 19:47
Des argoniens, pour sûr, l'une des raisons pour lesquelles Neydann préférait ne jamais trop s'aventurer dans le Sud du Bassin Nibéen. Ne commerçant qu'avec les peuples civilisés, il n'avait pas côtoyé très souvent ces humanoïdes, mais si ces bestiaux avaient été réduits en esclavage pendant des siècles, il devait bien y avoir une raison…
Neydann, trop exaspéré par cette journée pour le moins éreintante pour être effrayé par cette embuscade, se contenta de lever un bras pour indiquer qu'il n'était pas armé, l'autre étant déjà utilisé pour s'appuyer sur sa nouvelle canne de fortune. Sans ajouter un mot, il lança un regard à Talindar pour l'inciter à ne pas résister plus que lui.
Un autre argonien pesta, avant de se dévoiler à ses victimes :
- Taisez-vous, lézards stupides ! Et gardez vos poisons ! Nous les ramenons au Foyer !
Il était assez haut et large, et ses écailles dont la couleur oscillait entre le brun foncé et le noir ne le rendaient pas plus avenant, le genre à ne pas passer inaperçu dans le parc floral de Cheydinnal un dimanche vers midi dix... Celui qui, selon Neydann, devait être le chef de la bande, dévisagea les deux brétons pendant quelques instants, avant d'ajouter :
- Sssalutations, amis peu discrets. Veuillez nous précéder. Nous ne vous voulons pas de mal, mais nous avons peur.
Non ! Ils ne devaient pas, ils ne pouvaient pas partir maintenant, sans le Parchemin. Pas question que Neydann soit revenu jusqu'ici pour rien, et ce n'était pas trois lézards aussi perdus qu'eux qui allaient l'empêcher de retrouver son colis! Mais chercher le conflit en les intimidant n'aurait servi à rien. Après tout, qu'est-ce qu'un pseudo-mage et un handicapé auraient bien pu intimider ? Neydann essaya de gagner du temps, tout en continuant à réfléchir pour chercher une autre solution qui tienne la route :
- Comment ça peur ? Peur de quelque chose, ou de quelqu'un ?
Modifié par Krenka, 06 juin 2008 - 09:50.
#50
Posté 01 juillet 2008 - 18:17
A voir l'expression du visage du Bréton quand l'Argonien qui semblait être le chef leur annonça qu'ils devaient les suivre, quelque chose semblait le contrarier fortement ... Le blessé, qui, il faut le dire, faisait peine à voir, à moitié avachi sur sa canne improvisée, semblait essayer de gagner du temps. Il leur demanda ce qui les effrayaient mais n'obtint pas de réponse.
Ils durent donc les suivre, menés par le chef Argonien, mais suivis de prêt par les deux autres. Talindar se rapprocha aussi discrètement qu'il put de son compagnon et murmura:
- Qu'est ce qui vous arrive? Mis à part le fait que ces Argoniens ont l'air d'être effrayés par quelque chose et que nous sommes forcés de les suivre, la situation est loin d'être dramatique. Rayingald et Llenrayn doivent d'en être sortis avec les loups, enfin je l'espère ...
Modifié par guiguizmo91, 01 juillet 2008 - 18:18.
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