Gnaeus appuya le sac contre un tronc d'arbre, et l'invita à s'équiper de son armure de netch. Pendant qu'elle obtempérait, il fit quelques pas à l'écart et franchit la légère déclivité au creux de laquelle se nichait le bosquet. Il regarda alentour. On devinait à l'horizon les Cantons de Vivec. Ses yeux balayèrent un instant la route et les champs qu'ils avaient traversés: la région était plus avenante que le Sud de Morrowind, où les plantations dres menaient une lutte sans merci avec des bourbiers malodorants qui annonçaient déjà le Marais Noir. Une ombre se dessina un instant sur le talus qu'ils avaient gravi en quittant la route, mais elle disparu promptement à son regard. Elle était trop loin pour qu'il pût l'identifier.
Sans doute un kagouti solitaire, s'il y en avait également sur cette île: avec l'âge, ils ne craignaient plus les hommes et rôdaient parfois le long des routes.
Le soleil commençait à taper. Il dévala la pente et regagna le couvert des arbres.
Malicia était prête. Elle le fixait résolument et avait mis à profit son absence pour invoquer un autre wakizashi.
Ils commencèrent par échanger quelques battements, comme la veille. Gnaeus la désarma de la même manière, mais sans aller jusqu'à menacer sa gorge de son arme. Il décomposa ensuite la botte en plusieurs mouvements pour qu'elle puisse l'apprendre. Au bout d'une heure d'entraînement, elle était capable de réaliser cette attaque, ainsi que de la parer en prime.
Ils s'octroyèrent une pause et la Bretonne fut heureuse de se laisser glisser le long du tronc d'un vieil orme. Ils étaient tous les deux en sueur: malgré l'ombre offerte par les arbres, elle avait l'impression de cuire dans son armure.
Elle accepta avec reconnaissance la gourde qu'il lui lança. De l'eau fraîche puisée à une fontaine, peu avant qu'ils ne quittent la route. Un délice.
Après avoir trempé les lèvres, Gnaeus reprit la parole:
« J'aime à penser que cette botte vous sera utile. Mais je dois vous avouer qu'elle ne vous servira sans doute à rien ce soir. »
Il fronça les sourcils devant son air dépité et incrédule:
« Il est toujorus bon d'apprendre une botte, jeune fille! » la sermonna-t-il. « Mais j'ai plus utile à vous apprendre pour affronter ce qui nous attend. »
Il tira du sac l'un des couteaux et entreprit de tailler une ligne contre le tronc de l'arbre faisant face à celui contre lequel elle s'était installée.
« Si le rapport qui a été fait aux Lames est exact, la plupart de nos adversaires se battront avec des armes improvisées. Si je ne fais pas erreur, vous avez parlé de massues rudimentaires, en bois. »
La Bretonne approuva d'un signe de tête.
« De telles armes sont mal équilibrées. Elles sont en plus dépourvue de garde, laissant la main... »
Il y eut un éclair blanc lorsque le soleil se refléta sur sa lame et que celle-ci effleura légèrement la fine entaille qu'il avait tracée sur le bois.
« ...exposée. Si nous devions nous battre, faites porter vos attaques sur le bas de leur corps. Cuisses, bas-ventre, estomac. Trancher une artère fémorale est tout aussi efficace que de décapiter son adversaire. Par ailleurs, chercher à atteindre le coeur ou les poumons de l'opposant peut avoir des conséquences tragiques: votre arme peut rester coincée dans sa cage thoracique, vous rendant terriblement vulnérable à l'attaque d'un tiers durant quelques instants. Enfin, un coup de massue ne peut blesser grièvement s'il n'est pas lancé avec élan, latéralement ou de bas en haut. Si vous empêchez vos adversaires de prendre cet élan en les harcelant, ils ne pourront vous faire grand mal. Et si vos attaques les forcent à garder leur arme à la hauteur de leur abdomen, leurs mains seront exposés à votre lame. »
Un autre éclat de bois sauta d'un coup d'épée.
« Je vous sais habile avec un couteau de lancer. Une fois le poids de votre arme maîtrisé, vous ne devriez pas rencontrer de difficulté à trancher les doigts de vos adversaire. »
D'un geste de la tête, il invita Malicia à se relever et à porter quelques coups à la ligne tracée sur le tronc, afin de percevoir l'équilibre propre à la lame invoquée (et réinvoquée à de nombreuses reprises).
Avec le temps, ses coups gagnaient en force et en assurance.
Modifié par Not Quite Dead, 27 février 2006 - 09:28.
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