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[rp] Seyda Nihyn


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260 réponses à ce sujet

#251 Timalk-Ae

Timalk-Ae

    PoneyMaster !


Posté 09 août 2012 - 10:39

La violence des propos de Gnaeus fit perdre toute contenance à Aëana. L'alchimiste rationnelle battit en retraite et laissa place à une Brétonne à bouts de nerfs qui se mit à pleurer à chaudes larmes. Après s'être dégagée de la poigne de Gnaeus pour retourner s'asseoir, elle leva des yeux noyés de larmes vers l'Impérial. Une fois sa gorge dénouée, elle lui dit :

« Pourquoi aurais-je de la compassion à l'égard de Smeira et ses semblables, qui ont si peu de respect pour la vie ? Vous ne connaissez pas mes valeurs, pas plus que je ne les connais moi-même. Je crois qu'au bout du compte, je fais ce que mon cœur me dit de faire... Et cette nuit, il me dit que je regretterai toute ma vie de tourner le dos sans que justice soit faite. »

Elle déglutit difficilement et planta son regard triste dans celui de Gnaeus, comme pour le sonder. L'émotion qu'elle avait entrevu dans ses yeux montrait bien qu'il était plus que le vétéran insensible qu'il voulait bien montrer. Aëana prit conscience de l'attachement qu'elle éprouvait à l'égard l'Impérial et, pour qu'il n'interprète pas ses larmes comme une marque de faiblesse, termina d'un ton déterminé :

« Je ne vous laisserai pas risquer votre vie seul pour venger celle qui fut notre amie à tous deux. Je viendrai avec vous à Caldéra. »

Modifié par Timalk-Ae, 09 août 2012 - 10:40.


#252 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 14 août 2012 - 22:19

Malgré la rebuffade de la Bretonne, Gnaeus estimait que les quelques jours passés à ses côtés -et cette minute, cette inestimable minute où elle l'avait arraché aux ténèbres- s'étaient montrés plus qu'éloquents. Il était indubitable que la bienveillance et la bonté d'Aëana allaient bien au-delà de ce qu'exigeait sa profession.

Mais il y avait cette farouche détermination à obtenir justice pour Malicia, qu'il ne pouvait, qu'il ne devait, qu'il n'avait le droit de négliger.

« Bon, répondit-il. Vous avez raison. Je n'ai pas à me prononcer à votre place sur ce que sont vos limites. Nous nous mettrons donc tous deux en quête de cette maudite Dunmer. »

Il se laissa tomber plutôt qu'il ne s'assit aux côtés d'Aëana et poursuivit, toujours à mi-voix:

« A nous seuls, nous ne retrouverons jamais Smeira. Notre meilleure chance de lui mettre la main dessus était votre am... hem! Salizar, mais, fidèle à sa vieille habitude, le drôle s'est évaporé. Et pour une fois, je crois savoir exactement ce qu'il fabrique: il nous prend de vitesse. Il est lui aussi aux trousses de sa vieille amie Smeira. Mais passons. Le sieur d'Ombrelune disparu, sur qui compter pour obtenir des informations sur la meurtrière? Je ne vois qu'une solution: les Lames.

Elles ne seront certainement pas très désireuses de nous aider, mais j'espère que nous parviendrons à convaincre le supérieur de Malicia à le faire dès que nous le rencontrerons. L'assistance de la mère de Malicia pourrait nous être utile, mais si elle devait tout ignorer des activités de sa fille, j'ai un plan qui pourrait nous donner de bonnes chances de favoriser cette rencontre.

Car il va falloir nous passer de sommeil encore un moment, je le crains. Vous reste-t-il de ce philtre tonique? Je vais aussi avoir besoin d'un contre-douleur qui me permette malgré tout de lever une épée, ainsi que d'une ou deux potions de soin. Et par-dessus tout, deux parchemins de marque et de rappel me seraient utiles. Si vous en avez, je préfère ne pas en acheter à cette heure-ci auprès du tavernier. »

#253 Timalk-Ae

Timalk-Ae

    PoneyMaster !


Posté 15 août 2012 - 13:58

La guérisseuse fit la grimace.

« Ce n’est pas en faisant taire la douleur que le problème sera résolu, Gnaeus. Ne pas écouter votre corps est la dernière des choses à faire, surtout si nous manquons de repos. Vous iriez au-devant de problème bien plus graves. De toute façon, je n’ai plus d’anesthésiant… »

Il fallait qu’il comprenne que refuser sa condition ne ferait que retarder son rétablissement.

« Vous guérirez bien plus vite en gardant votre bandage, souligna-t-elle en désignant le bras immobilisé du vétéran. Un ou deux jours à peine. Et tant que vous n’êtes pas guéri, vous ne soulèverez pas la moindre épée. »

Elle planta ses yeux dans les siens et, pour écarter toute contestation, termina avec fermeté :

« C’est hors de question. »

L’alchimiste se leva et commença à fouiller dans sa sacoche pour s’en remémorer le contenu, mais aussi pour vérifier que Salizar n’y avait rien glissé. La dernière fois que le Dunmer s’était éclipsé, elle avait mis bien trop longtemps à découvrir son message. Cette fois-ci, cependant, Salizar n’avait laissé aucune trace.

Seules quelques-unes des potions restantes lui seraient véritablement utiles. La plupart étaient des philtres destinés à la vente. Paralysie, marche sur l’eau… Elle espérait en tirer quelques dizaines de septims.

Elle éteignit l’alambic et récolta avec amertume un deuxième flacon du breuvage distillé pour Malicia, qu’elle tendit à Gnaeus.

« Voici le philtre revigorant. Quant aux potions de soins, nous n’avons que l’embarras du choix… »

Il restait trois fioles de la potion de bulbe-liège et de résine qu’elle avait concoctée tout au long de l’après-midi ; elle les rangea dans sa sacoche. Des potions de guérison de la légion étaient éparpillées un peu partout, certaines entamées, d’autres rangées dans des caisses. Aëana en ouvrit quelques-unes qu’elle secoua et renifla tour à tour. Deux flacons, dont l’odeur et la consistance étaient satisfaisantes, surmontèrent l’épreuve avec succès. Elle les tendit à Gnaeus en reprenant sombrement :

« Je n’ai pas de parchemins, désolée... Mais il serait utile que j’apprenne à lancer ces sorts. Il pourraient nous tirer de bien des mauvais pas.

Quel est le plan, alors ? Nous partons pour Caldéra dès ce soir ? Le… supérieur de Malicia… est à Balmora, c’est cela ? »

Elle hésita puis demanda :

« Je suppose que nous laissons Dolvane ici ? »

Le troubadour n’avait pas été d’une grande pertinence dans les évènements tragiques qui avaient eu lieu. Au contraire, son inconséquence avait gaspillé un anesthésiant précieux et endormi des renforts indispensables. Aussi sympathique fusse-t-il, il était probablement plus judicieux pour tout le monde qu’il ne les suivît pas.

Elle eut un pincement au cœur en réalisant qu’elle faisait à Dolvane ce qu’elle avait eu tant de mal à accepter de la part de Gnaeus, quelques jours plus tôt à peine. Elle n'aurait jamais imaginé que sa vie pourrait basculer aussi vite…

Modifié par Timalk-Ae, 15 août 2012 - 14:00.


#254 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 15 août 2012 - 21:14

Cependant qu'Aëana parlait, le vétéran but une gorgée du philtre. Celui-ci lui fit l'effet d'un bain glacé : son esprit était plus vif, son corps avait cessé de rechigner pour retrouver tout son allant. Son épaule blessée continuait toutefois à l'élancer. Ce que disait la guérisseuse tombait sous le sens. Le vétéran avait été blessé suffisamment souvent pour savoir qu'il ne pouvait espérer se remettre correctement de sa blessure sans un repos complet. Aussi le lui dit-il lorsqu'elle lui en laissa l'occasion.

« Croyez bien que ce n'est pas par incurie que j'envisage de devoir croiser le fer dès ce soir! Si nous voulons nous assurer d'avoir toute l'attention de notre Lame, lorsque nous l'aurons rencontré, et dans un même mouvement nous débarrasser de cette andouille de ménestrel, il va nous falloir une base de repli discrète.

J'ai acquis une carte du District assez précise à Fort Phalène, et je suis sûr qu'elle permettrait d'en trouver une rapidement, que nous pourrions Marquer à ces fins.

Mes intentions sont les suivantes : nous rendre à Caldera et y rencontrer la mère de Malicia. Nous... nous y aurons la difficile tâche de lui annoncer la mort de sa fille, mais au moins... au moins pourra-t-elle la voir une dernière fois, et lui faire ses adieux. Avec son aide, nous pourrions identifier la Lame qui a formé notre amie, celui ou celle qui la supervisait. J'ai suffisamment servi dans la Légion pour savoir qu'une Lame tombée n'est jamais seule à ses obsèques : en toute discrétion, avant, pendant ou après la cérémonie, probablement sous un déguisement, notre maîtresse Lame sera là. Le tout sera de l'identifier et de lui mettre le grappin dessus.

Seulement, sans point de repli, aucun moyen de l'interroger, aucun moyen de couper les ponts avec les indésirables.

D'ici à ce que se lève l'aurore, il nous reste donc à préparer le corps de Malicia pour qu'il puisse être téléporté à Caldera, ce qui devrait suffire à informer les Lames de la mort de leur collègue; il est impératif également de Marquer une cache. »

Gnaeus se releva, et reboucha avec soin le philtre, avant de la ranger dans un tissu avec les deux potions que lui avait remises la Bretonne.

« Je persiste à penser que je suis mieux placé que vous pour repérer un lieu adéquat et le sécuriser le cas échéant et que, mieux que moi, vous saurez accompagner Malicia à travers la nuit et la rendre présentable pour sa mère. Ceci dit, si vous avez une autre option, je suis toute ouïe. »

#255 Timalk-Ae

Timalk-Ae

    PoneyMaster !


Posté 16 août 2012 - 13:29

Aëana écouta Gnaeus avec une attention plus grande que celle dont elle avait fait preuve à Fort Phalène ou à la Guilde des Mages. En réalité, elle s’était laissé porter par le groupe jusqu’ici, et il était temps qu’elle se montre plus responsable. Bien qu’un peu rapide à son goût, la conclusion à laquelle arriva Gnaeus n’était pas vraiment discutable.

« Non bien sûr, vous avez raison. Je vais prendre soin de Malicia… »

Elle s’approcha de la Lame, parut hésiter, puis se retourna vers le vétéran, les yeux baissés.

« Gnaeus je… Je ne vous ai pas remercié. Vous m’avez sauvé la vie, sous terre, et je ne l’oublierai pas. Je… Merci. Et Dolvane… Disons que maintenant je comprends que vous m’ayez laissée derrière à Fort Phalène. Je regrette tout ce que j’ai pu vous dire… Vous êtes un homme bon… et je suis heureuse d’avoir votre confiance. »

Elle se retourna à demi, pour montrer qu’il pouvait partir et qu’elle n’attendait pas de réponse, mais qu’elle était prête à en recevoir une si Gnaeus avait quelque chose à dire.

Modifié par Timalk-Ae, 16 août 2012 - 13:30.


#256 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 16 août 2012 - 17:52

Ces éloges soudains prirent le vétéran par surprise et il lui fallut s'escrimer sur le nœud de son baluchon improvisé le temps de reprendre contenance.

« Ahem ! Vous m'aviez déjà remercié, fit-il observer d'un ton bourru. Lorsque nous quittions ce maudit raccourci. C'est moi qui devrait vous dire merci. Votre sortilège, là-bas, m'a tiré de profondeurs plus sombres que l'Oblivion. Je... Ne regrettez pas trop vos paroles envers moi : je ne suis pas aussi bon que vous le dites, sachez-le. Un bon soldat, sans doute. Un homme bon... ce n'est plus vrai, si ça l'a jamais été. »

Aëana entendit la porte se refermer doucement derrière elle.

***


Traverser le dortoir de fortune en catimini avait été peu commode. Enfiler tant bien que mal sa cuirasse maculée de sang, une torture. Mais Gnaeus y était finalement parvenu et avait récupéré dans son havresac la carte de la région, qu'il avait étudiée à la lueur d'une torche, dans le corridor. Après avoir s'y être usé un certain temps, il trouva deux endroits pouvant convenir, replia sa carte et la rangea dans sa cuirasse. Il ne lui manquait que ces parchemins... Pouvait-il prendre le risque de tirer cet Altmer de son lit pour lui en acheter, avec Elone sous son toit ? Mej'liano ! Sans ces objets, inutile de quitter les lieux ! Il s'octroya une seconde gorgée de tonique et réfléchit. Il n'allait tout de même pas prendre une mesure aussi idiote et désespérée que de cambrioler la réserve de l'unique magasin de ce trou à crabe des vases ! Il faudrait être aussi demeuré que ce vieux fou...

Gnaeus Suetius Nefans eut un sourire fugitif et fit demi-tour.

La Légion était une organisation tatillonne. Aussi n'avait-elle pas uniquement ramené à Seyda Neen les deux voleurs rescapés, mais certainement leur butin... et celui du vieux, constitué d'objets magiques et de camelote clinquante se trouvait certainement dans les parages.

Familier des lieux pour y être venu à deux reprises déjà, Gnaeus n'eut aucun mal à retrouver le coffre des pièces à convictions et, dans celui-ci, le sac usé du vieux malfrat. Salizar en avait fait un rapide inventaire et il s'avéra qu'il ne s'était pas trompé : une liasse de parchemins en tapissait le fond, et parmi eux... un parchemin de Marque et deux de Rappel. A ce larcin, Gnaeus en ajouta un second en faisant main basse sur une des amulettes que contenait le sac. Il comptait bien l'y replacer dans quelques heures, si Arkay se montrait miséricordieux.

Puis il sortit dans la nuit, saluant la sentinelle d'un signe de tête.

[HRP]Pour Gnaeus, suite ici.[/HRP]

#257 Timalk-Ae

Timalk-Ae

    PoneyMaster !


Posté 18 août 2012 - 21:44

Aëana fut surprise de la réaction de Gnaeus. Certes, elle lui avait dit « merci » dans les profondeurs, mais ce simple mot était bien loin des remerciements qu’elle lui devait. Pourquoi refusait-il ainsi ce qu’elle lui disait ?

Elle commençait à se demander si Gnaeus ne traînait pas derrière lui quelque lourd secret, pour répondre de la sorte. Après tout, il avait déjà eu plusieurs réactions étranges face à elle… Son effondrement à Balmora, quand elle lui avait crié qu’il n’était pas l’Empire… Et aujourd’hui, il assurait n’être guère plus qu’un bon soldat.

Aëana ne s’était jamais vraiment posé la question de ses motivations. Aujourd’hui, il semblait animé par le désir de venger Malicia, mais auparavant ? Il ne faisait pas partie de ces aventuriers qui continuent à vadrouiller pour le plaisir (Aëana se demanda même si le plaisir lui était d’une quelconque familiarité). Non, c’était son passé qu’il fuyait, elle en était sûre désormais.

« Des profondeurs plus sombres que l’Oblivion »… A quelle sombre vision pouvait-il faire référence ? Elle l’avait bien vu pleurer dans la grotte…

Aëana mit fin à cette réflexion en secouant la tête. Elle chercherait à la comprendre, mais il fallait respecter l’intimité de l’Impérial. Ce n’était pas à elle de le forcer à parler.

***


Elle soupira et s’approcha du corps de Malicia. En lui passant doucement une main sur le front, elle constata que la pauvre Brétonne refroidissait doucement.

Elle entreprit de la déshabiller, ce qui n’était pas chose aisée vu la paralysie qui l’affectait. Après avoir rempli d’eau une petite bassine en bois, Aëana saisit une éponge et commença à laver Malicia. Elle purifia doucement sa cadette, nettoyant religieusement les taches de poussière et de sang, révélant la pâleur de sa peau. Elle découvrit des cicatrices anciennes, et d’autres plus récentes.

Comme à chaque fois qu’elle avait à préparer un défunt, Aëana s’arrêta quand ses yeux se posèrent sur le nombril de Malicia. Quelqu’un lui avait donné la vie par cette petite cicatrice, et aujourd’hui Arkay la reprenait. Mettre au monde faisait partie des choses les plus délicates, mais faire ses adieux était mille fois plus difficile. Quelle douleur de devoir annoncer à la mère de Malicia la mort de son enfant…

Aëana songea à son père, loin, dans les montagnes de Hauteroche, qui ne savait rien des évènements récents. Elle éprouva une tristesse infinie en s’imaginant elle-même, inerte à ses pieds.

Elle chassa cette image en peignant lentement les cheveux blonds de Malicia. Elle nettoya comme elle le put ses vêtements, rinça ses bottes et la rhabilla.

La guérisseuse retourna s’asseoir sur sa chaise et promena ses yeux sur la salle. Son regard s'arrêta sur les plantes qu’elle avait cueillies sur le chemin de Balmora, et qui sortaient de sa sacoche ouverte.

Elle se releva et planta délicatement une fleur des roches séchée dans les cheveux de Malicia.

Modifié par Timalk-Ae, 18 août 2012 - 21:46.


#258 Timalk-Ae

Timalk-Ae

    PoneyMaster !


Posté 23 août 2012 - 20:59

[HRP : En provenance du Tombeau Ancestral de la Famille Thelas]

Gnaeus adressa un hochement de tête aux légionnaires qui montaient la garde devant les baraquements. Il se glissa silencieusement jusqu’à sa couchette et tenta de ne pas faire de bruit en enlevant sa cuirasse. Après avoir soigneusement rangé ses parchemins, il se glissa sous la couverture rapiécée et adopta une position qui préserverait son épaule convalescente. Le sommeil ne tarda pas à l’emporter.

***

Cher Père,

Je suis bien arrivée en Morrowind. Vous serez bien désolé d’apprendre que le frère de Maman est décédé il y a deux ans. Pour tout vous dire, mon arrivée à Vivec a été une expérience fort désagréable. Vvardenfell de manière générale semble être une île sauvage, mais la flore y est comme dans vos livres. C’est fascinant… Un concours de circonstances a fait que je travaille ici pour l’Empire. Ma mission touche probablement à sa fin, mais je me dois de rester plus longtemps pour une amie.
J’espère que vous vous portez bien et que les habitants du village ne font pas de bêtises en mon absence.
Je vous embrasse bien fort.

Aëana hésita, puis ajouta :

Vous me manquez.

Et elle signa :

Votre fille.

Aëana décolla les bords d’une enveloppe usagée et la retourna comme un gant pour s’en servir à nouveau. Elle y glissa sa lettre et scella avec un peu de cire le message et ses courbes d’encre noire.
Sa plume courut sur le papier :

« Mgr d’Althée », écrivit-elle en lettres rondes.

Elle ajouta le nom du chef-lieu et celui de la province de Hauteroche. Si le message arrivait là-bas, ils sauraient à quel village l’envoyer.

Seyda Nihin avait un port et des liens étroits avec l’Empire. Aëana avait bon espoir que la lettre parvienne à son père.
Quelque peu réconfortée par cette pensée, elle alla s’allonger dans la salle où Noiraud reposait et s’endormit.

#259 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 29 août 2012 - 15:47

Gnaeus était en nage. Son épaule le lançait plus que jamais, mais il était crucial de poursuivre cet entraînement. Sous un soleil écrasant, le chant des lames reprit. Inlassablement, le vieil Impérial répétait une nouvelle botte. Son adversaire avait dû tout en observer les différents mouvements, puis s'efforcer de la parer. Tout d'abord lentement, puis de plus en plus rapidement, jusqu'à ce que l'argent sifflât contre le daedrique et manquât de peu d'entamer la chair pâle du cou de la Bretonne. Il lui avait expliqué son erreur, et ils avaient repris. Lentement d'abord, vite ensuite. Une fois, deux fois, trois fois. Jusqu'à ce que tous deux fussent au bord de l'épuisement.

Alors seulement, il s'était arrêté et lui avait tendu l'outre. L'eau était tiède et avait pris le goût du cuir, mais elle l'avait bue avec reconnaissance.

« Nous reprenons, avait-il dit, le souffle encore court. La même botte. Mais en échangeant nos rôles. A vous d'attaquer, à moi de parer. »

Malicia avait alors souri avec tristesse et révélé au vieillard:

« Vous n'y arriverez pas, Gnaeus. Il est trop tard. Toutes vos bottes n'y changeront rien. Elles n'y auraient rien changé. »

Sous les doigts du vétéran, le sang de la jeune fille bouillonnait férocement, mais il était froid. Aussi glacé que l'eau du réservoir qui éructait toujours ses horribles sangsues.

« Je... j'aurais voulu... » commença Gnaeus.

« Cette petite idiote ne t'entend plus, légionnaire. Et elle ne reprendra pas connaissance. Mes proies ne le font jamais. »

Gnaeus reposa délicatement le cadavre de Malicia sur les dalles gelées et se redressa pour faire face à Smeira Illya, mais elle avait disparu. Seule son rire et sa voix résonnaient dans les corridors de pierre alors que les doigts de Gnaeus se refermaient sur le vide:

« Pas plus que leurs proches ne me retrouvent. »


« Holà! Pas la peine de m'agripper la gorge comme ça, Suetius » gargouilla Dolvane Philor avec ce qui lui restait d'air.

Le vétéran le relâcha et le ménestrel retomba en arrière sur la chaise qu'il occupait à son chevet. Il faisait grand jour et le dortoir s'était vidé, à l'exception d'un ou deux blessés.

« Quelle heure est-il? demanda l'Impérial d'une voix rauque.
- Bientôt midi. La damoiselle d'Althée vous a laissé dormir tandis qu'elle... qu'elle s'occupait des formalités avec la Guilde des Mages. Pour... pour le transfert du corps. Mais n'ayez pas d'inquiétudes: nous pourrons partir pour Caldera dès que vous le souhaiterez. J'ai de mon côté entrepris de composer une élégie pour la malheureuse et je... »

Gnaeus se releva en grommelant et entreprit de s'habiller tant bien que mal.

« Ecoutez, Suetius. Je sais que vous avez perdu de nombreux compagnons d'armes. Mais je sens aussi que cette fois-ci, pour vous, c'est différent. Pour moi aussi, c'est important. Je veux lui faire honneur et elle le mérite. Mais si vous le préférez, je me ferai discret. J'attendrai la fin de la cérémonie pour lui présenter mes adieux.
- Je préfère, oui, lâcha son interlocuteur. Je vais finir de rassembler mes affaires. Si vous voulez vous rendre utile, dites à Aëana que je suis levé et que nous partons. Quittons ce maudit village une fois pour toute. »

#260 Timalk-Ae

Timalk-Ae

    PoneyMaster !


Posté 31 août 2012 - 07:08

Après avoir achevé de se préparer, Gnaeus sortit du dortoir sans tarder. Il prit le chemin de la Guilde des Mages avec une hâte tout relative, car son havresac tirait douloureusement sur son épaule à chaque pas. Alors qu’il arrivait au pied du bâtiment, il aperçut Aëana qui l’y attendait avec Dolvane.

« Ah, Gnaeus, lança-t-elle avec soulagement. Tout va bien ? Désolée de ne pas vous avoir réveillé, mais vous aviez besoin de sommeil… Le… La guilde des mages est prête à nous téléporter à Caldéra mais… ils nous ont bien fait comprendre que ce ne serait pas gratuit. Dolvane a su marchander pour que nous n’ayons pas à payer pour Malicia, mais leur générosité s’est arrêtée là. J’ai récolté juste assez de septims en vendant mes potions de marche sur l’eau à Arille. La guilde m’aurait rit au nez en voyant leur qualité… J’espère que cela ne vous pose pas problème… »

Elle se tourna vers le ménestrel qui souriait et lui demanda :

« Dolvane, pourriez-vous prévenir le guide de guilde que nous n’allons pas tarder ? »

Alors que l'intéressé s’éloignait, l’alchimiste chuchota à l’attention du vétéran :

« Le guide m’a assuré que personne n’avait fait appel à eux depuis notre retour. Ni Smeira ni Salizar ne sont passés par là. Qu’en est-il de votre recherche d’hier ? Avez-vous trouvé un lieu sûr ? »

#261 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 07 septembre 2012 - 08:43

La discrétion et l'économie auraient toutes deux prescrit de recourir aux services d'un échassier des marais, plutôt qu'à la Guilde des Mages. Leurs passagers étant d'ordinaire vivants, il était à prévoir que leur faire accepter de rapatrier un corps n'irait pas sans d'âpres négociations et surcoûts. Gnaeus n'avait pas envisagé que Dolvane Philor se chargerait lui-même des négociations, mais il s'en félicita. Il fallait que leur départ soit remarquable et leur destination connue.

Il fut tout aussi agréablement surpris par les informations glanées par Aëana et salua ses efforts d'un signe de tête.

« Sûr, non. Mais discret. Ceci vous y mènera. » murmura-t-il en lui glissant un des Parchemins de Rappel.

Puis, équilibrant son havresac sur ses épaules avec une grimace, il passa l'imposant portail de la Guilde et emprunta un dédale de couloirs à la suite de la Bretonne.

Tout deux parvinrent à une salle basse où deux apprentis achevaient un second cercle de runes autour d'un maigrichon à barbiche. Le procédé visait apparemment à soutenir la concentration du Guide, expliqua Dolvane en venant à leur rencontre.

« ...ainsi qu'à écouler de la peinture hors de prix! » ajouta-t-il avec clin d'oeil à l'attention d'une jeune Altmer, qui reproduisait avec application un chapelet d'Hekem tarabiscotés.

Mais lorsque deux apprentis firent entrer une caisse de bois sur laquelle couraient d'autres caractères daedriques, le sourire du skald mourut sur ses lèvres. La dépouille de Malicia s'y recroquevillait, retenue en position fœtale par des cordes elles aussi scellées par rituel.

« La procédure est déplaisante, mais nécessaire, avait insisté le Guide, intraitable. Si téléporter un corps est à bien des égards plus simple que de convaincre tout un sac de riz de sel qu'il se trouve ailleurs, notamment parce que celui-là se souvient encore d'avoir été un tout organisé, on ne peut jamais écarter tout à fait le risque que quelque chose d'autre s'essaie à combler le vide encore récent laissé par l'âme... et croyez-moi: vous ne souhaitez pas qu'on ne sait quoi s'invite dans votre défunte amie. »

Que répondre à cela? Il avait fallu s'incliner.

Sur un signe du mage, Dolvane, Gnaeus et Aëana se rassemblèrent autour du cercueil. Le vétéran jeta un dernier regard autour de lui, puis ferma les yeux et raffermit sa prise sur son...

[HRP]Suite à Caldera[/HRP]




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