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[H&I] La grande chasse


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7 réponses à ce sujet

#1 Vae-primat

Vae-primat

Posté 19 avril 2005 - 17:25

La grande chasse

I) Le départ

Le conseil des anciens débattait depuis plusieurs heures déjà. Ce n’était pas tant la décision à prendre qui était dure mais plutôt ses modalités d’exécution. Les uns étaient pour un déménagement pur et simple du camp. Ils préconisaient le déplacement de tout le clan vers des nouvelles terres. Les autres, plus cauteleux, recommandaient l’envoi d’une reconnaissance du terrain afin de ne pas s’élancer vers l’inconnu.

On en était arrivé à cette extrémité suite à des intempéries, d’une rare violence, qui avaient détruit les maigres revenus de l’agriculture. Cela entraîna une mystérieuse maladie au sein du bétail d’élevage dont on dut abattre plusieurs têtes et fut cause d’une famine grandissante. Les revenus de la chasse et de la cueillette étaient dérisoires bien que les chasseurs-cueilleurs fassent des excursions de plus en plus lointaines et prolongées. La pêche ne se portait guère mieux. La tempête ayant coulé la plupart des frêles esquifs, les pêcheurs en étaient réduits à hanter les plages pour un résultat de jour en jour plus décevant. Le clan n’avait pas le choix.

Il fallait déplacer le village vers des terres plus hospitalières. Au petit matin, après des heures d’âpres palabres, un compromis fut trouvé. Un groupe de guerriers irait reconnaître le nouvel emplacement, évitant ainsi, aux vieillards et aux malades, un rude voyage qu’ils n’auraient pu supporter tandis que le reste de la tribu commencerait à préparer le convoi. Le soleil n’avait pas encore achevé son ascension que le petit groupe était déjà prêt. Le vieux chef leur renouvela ses exigences et insista sur l’importance vitale de leur mission pour le clan.

Kra-gûuhr et ses compagnons se mirent en marche. Sous les regards pleins de suppliques et d’espoir de la tribu, la petite troupe s’éloigna au petit trot et ne fut bientôt plus qu’un point à l’horizon. Une appréhension torturait le chef. Le vieux guerrier se souvenait des histoires terribles que lui racontait son père à propos d’êtres cruels et sans pitié qui parcouraient la lande pour assouvir leur goût du sang. Histoires d’une époque révolue que les anciens continuaient à raconter, chacun à sa manière, autour du feu.

Chassant les mauvaises pensées, il ordonna le démantèlement du camp. Chacun se mit en devoir de rassembler ses maigres avoirs et on commença à démonter la palissade. Un ingénieux système de clames permettait un montage et un démontage faciles pour une résistance optimale maintes et maintes fois éprouvée par les attaques sporadiques de quelques guars ou kagoutis. Restes d’une peur ancestrale, cela se révéla d’une grande aide pour ces gens tenaillés par la famine.

Lorsque le soleil se coucha, une grande partie de l’enceinte était déjà placée sur des chariots de fortune. Un piquet de garde fut formé pour faire face aux hypothétiques, mais toujours possibles, attaques d’une bête sauvage. Le vieux chef fit un dernier tour, vérifia, une fois de plus, les attaches et exhorta les gardes à la vigilance. Puis, après un dernier regard sur ce qui était « sa terre », il se retira d’un air abattu sous sa tente.

Cela faisait plusieurs jours que Kra-gûuhr et les siens couraient dans une nature désolée. Pas un arbre ou plante qui ne porte les stigmates de cette affreuse averse. Les dieux auraient voulu noyer leur création qu’ils ne se seraient pas pris autrement. Pas la moindre bête, que ce soit sur la terre ou dans le ciel. Tout était ravagé. Le puissant guerrier sentit son cœur se serrer devant autant de désolation.

Il revoyait la plaine telle qu’elle était, il y a de cela deux mois à peine. Une étendue verdoyante ondulant mollement sous l’action du vent. De ci, de là quelques arbres, des chênes-lièges pour la plupart, dispensaient une ombre parcimonieuse. Des massifs de fleurs de roche et d’anthères noires mettaient une touche de couleur dans cette mer de verdure d’où émergent, tels des îles, des groupes de rochers et quelques pics rocheux qui constituaient, depuis son enfance, son horizon. Un nouveau sentiment, une sorte de mélancolie inconnue jusqu’alors, naissait.

Ils n’avaient pas encore quitté leur terre qu’elle leur manquait déjà ! Ils reprirent leur course vers l’inconnu. D’un pas régulier, les mouvements en accord avec leur respiration, il coururent ainsi jusqu’au bord de l’épuisement. La nuit était déjà bien avancée lorsque, à l’abri d’un rocher, ils s’écroulèrent fourbus. Ils ne tardèrent pas à s’endormir. Peu de temps après un bruit sourd, indistinct se fit entendre. Un bruit de cavalcade, trop léger pour que ce soit des guars ou des kagoutis, trop lourd pour que ce soit des rats ou des shalks, trop bruyant pour que ce soit des humains.

Kra-gûuhr et son groupe tendirent les oreilles pour déterminer la provenance du bruit mais celui-ci semblait provenir de tous les côtés à la fois et de nulle part en particulier. Ils décidèrent de tirer ce mystère au clair. Avançant avec précaution, accroupis pour diminuer la taille et se déplacer avec célérité ou plaqués au sol pour observer les espaces découverts, ils se dirigèrent vers la source approximative du bruit.

Si l’obscurité était un bon élément pour progresser couverts, il était aussi un facteur de confusion dans ce paysage qui ne leur était pas familier. Grâce au clair de lune provoqué par un éclaircissement des nuages, ils purent voir des ombres bouger au loin. Trop loin pour distinguer de quoi il pouvait s’agir mais la même idée avait traversé l’esprit des chasseurs : ramener du gibier pour soulager la faim du clan.

Ils se séparèrent pour envelopper la proie potentielle. A une distance d’une quinzaine de foulées l’un de l’autre, les cinq amis, toujours courbés et silencieux, avancèrent vers leur but. La perspective de réaliser une bonne prise faisait bouillir le sang dans leurs veines d’excitation. Le bruit de cavalcade se fit réentendre. accompagné d’un tintement indescriptible comme le bruit que ferait un shalk enfermé dans un sac ou un dreugh en phase d’attaque, sauf qu’ici il n’y a pas de bruit de vagues et qu’un shalk prisonnier se débattrait plus vivement.

Cela les laissa perplexes. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Qu’à cela ne tienne, ils en auraient le cœur net. Malheureusement, pour eux, la méconnaissance du terrain et l’obscurité ne rendaient pas les choses faciles. D’autre part ne pas connaître l’adversaire avant de l’attaquer pouvait conduire à une déconvenue voire un retournement de situation et causer la blessure ou la mort de l’un des chasseurs.

Ils décidèrent de serrer la proie au plus près afin d’être prêts lorsque le soleil se lèverait. Dans le silence qui venait de s’installer, le bruit se fit entendre à nouveau. Mais cette fois il venait de derrière eux se déplaçant lentement de chaque côté et semblait vouloir les envelopper. Dans l’obscurité, ils s’étaient probablement, sans s’en rendre compte, retrouvés au milieu du troupeau. Ils se rassemblèrent sans même se concerter prêts à soutenir une éventuelle charge ou débandade.

Bien que nettement plus audibles, ces bruits nocturnes qu’ils entendaient, restaient tout aussi méconnaissables. Cela commençait à irriter Kra-gûuhr qui suppliait tous ses dieux d’accélérer le temps pour que vienne l’aube. C’est à ce moment qu’une de ces mystérieuses bêtes sauta, sans bruit, sur un rocher proche et il put distinguer une vague silhouette se détacher dans la parcimonieuse clarté lunaire. Cela ne ressemblait à aucun des animaux qu’il avait pu voir jusqu’alors.

Plus petit qu’un kagouti mais plus grand qu’un rat, il avait ce qui semblait être des défenses sur la tête et la corpulence d’un guar avec cependant une agilité plus marquée. Dans la brève vision qu’il en avait eue, Kra-gûuhr avait remarqué des pattes ayant les pinces caractéristiques d’un dreugh.

Lorsque la créature toucha le sol, il entendit très distinctement le tintement familier qu’ils avaient déjà maintes fois entendu. Le point positif était que la taille de la créature la rendait nettement moins dangereuse que ce que leur esprit avait conçu. Mais quel genre d’animal cela pouvait-il bien être ?


II) La rencontre

Machinalement, presque pour se rassurer face à l’inconnu, Kra-gûuhr vérifia ses armes. Avec des gestes calculés pour ne pas faire de bruit, il s’assura que son poignard et son épée étaient tous deux dans leur fourreau. Il passa ensuite la main sur le carquois pour en dénombrer les flèches.

Il se souvenait encore de son épreuve d’initiation lorsque, lâché en pleine nature pour estimer ses aptitudes à la chasse, il s’était retrouvé face à face avec un rat des cavernes affamé avec, comme seule arme, un bout de bois ridicule qu’il avait ramassé en toute hâte. Il gardait de cette rencontre une belle cicatrice, qui lui donnait un air féroce, et la crainte maladive, bien que maîtrisée, de se retrouver dans pareille situation.

Il en était à sa deuxième vérification lorsque, du fond de la nuit, un cri déchira le silence. Une vibration parcourut l’échine du guerrier qui reconnut, dans ce cri d’agonie, la voix d’une femme. Son esprit chevaleresque lui dictait d’apporter un prompt secours à la victime mais son sens du devoir lui commandait de ne pas mettre en péril sa mission. La vie des membres de son clan en dépendait. Il n’avait pas le choix et, serrant les dents de colère, il empoigna son arc, le serrant avec tant de violence que ses mains s’engourdirent.

Un silence lourd d’appréhensions retomba sur la plaine. Kra-gûuhr était en proie à des sentiments contradictoires, lorsque la plainte se fit entendre à nouveau, plus faible, chargée d’angoisse et de douleur, mais nettement plus proche. Qui que cela puisse être, elle avait échappé à son ou ses agresseurs. Cependant, dans sa fuite désespérée, elle les ramenait tout droit sur eux. Le bruit de cavalcade et les tintements se firent plus distincts ainsi qu’une sorte de grognement. Quoi que cela puisse être, la horde de mystérieuses créatures chassait sa proie.

Au bruit on pouvait comprendre que la meute était ordonnée et méthodique. Elle agissait comme l’aurait fait un groupe de chasseurs. Malgré l’obscurité Kra-gûuhr sentait la tension qui montait chez ses amis. Avec précaution, pour ne pas effrayer ses compagnons, il attrapa le plus proche par le bras et, en lui imprimant des pressions successives, transmit ainsi ses ordres. Ce système, qu’ils avaient mis au point pour des situations d’urgence, telle que celle à laquelle ils étaient confrontés, était ce qu’il y avait de plus discret, à condition de ne pas surprendre le destinataire.

Le but de Kra-gûuhr était simple. Retrouver la pauvre victime et détourner la meute de sa proie et de son groupe. Avec précaution, il s’élança, dans la nuit, en direction du dernier endroit d’où était provenue la plainte. Son arc en bandoulière, son épée à la main, il avançait, courbé, dans le noir. Une petite halte lui signala un mouvement suspect sur sa droite. Se raidissant il attendit le choc mais rien ne se produisit. La bête, à l’évidence, ne l’avait pas flairé. Ou alors elle suivait la piste du sang laissé par sa proie.

Accroupi au pied d’un arbre il tendit l’oreille. Au bruit circonstant il en déduisit qu’il était au cœur de la meute. Les grognements, de déterminés qu’ils étaient au début, avaient, maintenant des accès de colère et de frustration. Kra-gûuhr se dit que, d’une façon ou d’une autre, la femme avait réussi à les semer, ou alors elle avait succombé à ses blessures.

Un bruissement presque imperceptible le mit en garde. Quelque chose ou quelqu’un approchait avec un maximum de précautions. Retenant son souffle, contractant ses muscles, il scruta l’obscurité. Les ombres environnantes et le ciel couvert qui cachait les lunes ne rendaient pas sa tâche facile. Le bruit, infime, se rapprochait, lentement, de plus en plus. Lorsqu’il estima la position de l’arrivant assez proche et précise, Kra-gûuhr bondit.

Ratant sa cible de peu, il sentit, en réaction, la morsure de l’acier sur son bras. Ce qu’il avait en face n’était manifestement pas un animal mais un humain. Ayant perdu son épée, qui était restée fichée par terre, il sortit son couteau et se prépara à vendre chèrement sa peau. Son adversaire attaqua maladroitement mais, au grand désarroi de Kra-gûuhr, évitait avec une rare maestria toutes ses attaques. Après quelques passes qui ne trouvèrent leur but ni d’un côté, ni de l’autre, sans qu’un coup n’ait porté, l’inconnu s’écroula mollement.

Craignant une ruse, Kra-gûuhr s’approcha prudemment, prêt à riposter. Tâtonnant dans le noir il retrouva son adversaire et fut surpris que, bien qu’il ne l’ait pas touché, il fût plein de sang. Poursuivant ses investigations, il sursauta soudain. Son opposant était une femme. Dans un dernier sursaut, celle-ci lui porta un coup que son état rendit sans effet sur l’armure de cuir du guerrier. Immobilisant le bras armé, Kra-gûuhr écouta.

Dans l’obscurité un silence pesant s’était installé. La meute avait perçu les bruits du bref combat et, à l’instar du chasseur, essayait d’en définir la provenance. Un léger mouvement prévint le guerrier que la femme se réveillait. Il lui appliqua une main sur la bouche tout en s’arrangeant pour l’empêcher de bouger. Un grondement de colère fut suivi d’autres grognements agacés. Manifestement les poursuivants avaient perdu la trace du gibier et cela les énervait. Après un dernier grommellement, la horde se mit en marche.

Bientôt le bruit de cavalcade alla en s’amenuisant, signe que la meute s’éloignait. Kra-gûuhr sentit sa tension se relâcher. La horde, qu’il savait maintenant malfaisante, s’éloignait et c’était tout ce que le guerrier demandait. Il remercia mentalement ses dieux d’avoir veillé sur lui. Sa prisonnière commença à s’agiter et il se mit en devoir de la rassurer mais rien n’y fit. Elle se débattait encore lorsqu’un rayon de lune, éclairant la scène, permit aux deux opposants de se reconnaître.

Toute agressivité s’envolant d’un coup, la jeune femme se laissa retomber dans un souffle de soulagement. Comme pour signifier la fin du drame, les premiers rayons de soleil commencèrent à percer l’obscurité. Quelques minutes plus tard, la clarté était suffisante pour distinguer les détails et juger l’état de la blessée. Une longue estafilade courait depuis le milieu de la cuisse jusqu’en dessous du bras où une flaque de sang indiquait qu’elle poursuivait. Les bords de la blessure étaient arrachés et, en plusieurs endroits, on pouvait voir les os.

Fouillant frénétiquement dans sa besace, Kra-gûuhr sortit un baume, aux propriétés cicatrisantes et renforçantes, et en enduisit la jeune femme. Un bruit l’ayant alerté, il fut soulagé de voir arriver ses amis. Ceux-ci, inquiets de son absence, étaient partis à sa recherche. Ils furent étonnés de le trouver occupé à soigner une inconnue et demandèrent des explications que leur compagnon ne put leur fournir.

La question se posa donc quant à l’attitude à avoir envers la blessée. Son état empêchait des hommes d’honneur de la laisser à son destin et la mission dont ils étaient investis réclamait une prompte diligence. La décision tomba rapidement : le plus jeune et vigoureux ouvrirait la marche suivi de près par deux autres qui lui serviraient de renfort tandis que Kra-gûuhr et l’aîné du groupe fermeraient la colonne avec le brancard de la blessée.

Cela leur permettrait de parcourir une distance en accord avec leur mission sans déroger à leurs principes. Aussitôt prise, la sentence fut aussitôt exécutée. S’armant de leur épées il découpèrent les branches nécessaires à l’élaboration du brancard. Quelques minutes plus tard la petite troupe se remettait en route.

L’allure était plus lente à cause de la blessée mais aussi à cause des événements de la nuit Un danger menaçait et il ne s’agissait pas de se heurter à un adversaire dont ils ignoraient tout. Lorsque l’inconnue irait mieux, elle pourra les renseigner. En attendant ils devaient rester sur leurs gardes.

Cela faisait à peine deux heures qu’ils étaient partis lorsque l’homme de tête s’arrêta net. Le spectacle qu’il découvrait était accablant.


III) Une si jolie petite vallée

Ayant rejoint l’homme de tête, hébété par la scène qu’il avait devant les yeux, la petite troupe s’arrêta. Devant eux s’étendaient, dans un joli petit vallon, les restes sauvagement dévastés d’un bivouac. La légère brume matinale en faisait une vision d’apocalypse qu’accentuait encore le bruissement lugubre d’un petit vent vespéral. Aussi loin que portait la vue, tout n’était que tentes ravagées, morts morcelés et enclos détruits.

Une oppressante désolation émanait des dépouilles encore fumantes, signe que l’exécrable besogne venait juste d’être accomplie. Eparpillés parmi les rares arbustes de kanet doré gisaient, par dizaines, les cadavres lacérés et martyrisés de femmes et d’enfants se vidant de leurs entrailles. Quelque chose ou quelqu’un avait déchaîné sa colère ou sa rage contre cette pauvre populace. Déposant le brancard, Kra-gûuhr le confia au jeune chasseur, visiblement trop choqué par le spectacle qui s’offrait à lui.

Empoignant leurs épées les quatre amis descendirent inspecter les lieux. Avançant avec prudence parmi les corps et les décombres, examinant chaque recoin avec soin avant de passer au suivant, ils s’aventurèrent dans ce qui avait dû être un campement provisoire. La puanteur âcre de la mort faisait tressaillir leurs boyaux. L’estomac au bord des lèvres, ils s’obligèrent à rechercher les causes de cette tuerie. Ces pauvres gens, qui avaient dû être obligés de quitter leur terre pour les mêmes raisons qui poussaient leur clan à quitter la leur, n’avaient trouvé, au lieu d’une vie meilleure, qu’une affreuse mort.

Le cantonnement avait subi une dévastation en règle. Partout des cadavres déchiquetés, déchirés, démembrés. Partout ce n’était que sang et débris. Hommes, femmes, enfants et bêtes, tous unis dans un même destin funeste. Le plus sensible, ou le moins aguerri à la vue et à l’odeur du sang, régurgita le maigre repas qu’il avait avalé le matin.
Quelles bêtes immondes pouvaient bien provoquer un tel carnage ? Quelles répugnantes créatures pouvaient perpétrer un tel massacre avec pareille barbarie ? La disposition des corps tendait pourtant à prouver que ces pauvres bougres s’attendaient à être attaqués et s’étaient préparés en conséquence.

Les traces, inconnues et emmêlées, démontraient que celle-ci avait eu lieu de tous les côtés à la fois ne laissant aucune chance de fuite aux défenseurs. Le centre du camp était décoré, de façon macabre, de l’empilement des cadavres des malheureux combattants qui s’étaient sacrifiés dans le vain espoir de permettre la fuite des plus faibles.

Leurs corps, à moitié dévorés, gisant pêle-mêle dans ce qui avait dû être leur bastion de défense. La fragile barricade, qui ne constituait qu’un obstacle dérisoire, n’avait pas dû résister longtemps à la furie des assaillants et s’était retournée contre ses concepteurs les enfermant dans un piège mortel.

Les rares fuyards, femmes et enfants pour la plupart, ornaient, en de grotesques postures, telles des poupées désarticulées, les pentes de la vallée. La cruauté, que l’on pouvait aisément saisir dans ces corps éventrés et horriblement suppliciés, démontrait le plaisir sadique de tuer dans un but bien défini de souffrance pour la victime. Kra-gûuhr ne pouvait concevoir autant de désir pervers chez un animal et encore moins chez un humain.

Seul un esprit du néant aurait pu déchaîner ses vils instincts avec autant d’abjection et de férocité. Mais cela impliquait que ces étrangers avaient, d’une façon ou d’une autre, insulté l’esprit en question. Or, rien dans ces restes meurtris, ne corroborait cette thèse. Se faisant violence, devant de telles atrocités, ils se mirent en quête d’indices afin d’identifier au mieux les agresseurs.

Les rares objets de valeur avaient été vandalisés au même titre que de communs ustensiles. De cette scène cauchemardesque, ils en déduisirent que tout ce qu’ils voyaient appartenait aux victimes. N’eut été le sang noirâtre sur les armes on aurait pu croire à une intervention démoniaque.

À l’une des extrémités du camp ils crurent avoir trouvé une réponse à leurs questions. Dernier carré d’une ridicule défense désespérée, sur un léger contrefort, il y avait là les carcasses d’une dizaine de chiens de nix mêlées aux restes d’un groupe de guerriers.

Peut-être que les rigueurs du climat avaient provoqué chez ces animaux, déjà fort enclins à attaquer les humains en toutes occasions, un accès de folie meurtrière. Et cela expliquerait le bruit de cavalcade entendu la nuit passée. Mais leurs certitudes s’envolèrent aux premiers examens. Les dépouilles étaient sauvagement éventrées et ces bêtes étaient manifestement domestiquées. En attestaient les licols déchiquetés et les entraves émiettées qui les recouvraient. Les pauvres bêtes s’étaient battues, en compagnie de leurs maîtres, avec l’énergie du désespoir mais en vain.

Comment des gens capables de domestiquer ces machines à tuer avaient-ils pu succomber en si grand nombre et surtout sans qu’aucun des agresseurs ne soit mort avec eux ? Comment cette tuerie barbare avait-elle pu avoir lieu, si près de leur bivouac, sans qu’ils n’en aient eu aucun écho ? Cela dépassait l’entendement du guerrier. Il sentait ses entrailles se révulser devant cette indicible boucherie et ces innommables relents de sang et de tripes.

Plusieurs questions tournaient dans sa tête. Qui étaient ces monstres hideux ? Que cherchaient-ils ? D’où venaient-ils ? Pourquoi autant de bestiale violence envers ces gens ? Restait-il des survivants de ces pauvres bougres ? Et si tel était le cas, où étaient-ils ?

Perdu dans ses pensées, Kra-gûuhr entendit soudain un cri bouleversant. Le sinistre gémissement se répercuta longuement dans la petite vallée. La plainte déchirante, chargée d’une douleur atroce, provenait de l’endroit où ils avaient laissé le cadet. Aussi vite qu’ils le purent, ils grimpèrent la petite côte, le cœur battant. Arrivés en haut, ils découvrirent un spectacle qui les laissa pantois : la jeune femme s’était réveillée et, voyant l’horrible spectacle du bivouac ravagé, laissait exprimer son immense souffrance.

Dans sa tentative de soulager la peine de la jeune femme, le jeune guerrier avait perdu son poignard que cette dernière, on ne sait trop comment, lui avait subtilisé. Celui-ci, en essayant de le récupérer, avait subi les assauts de l’étrangère et tentait maladroitement de contenir le sang s’écoulant d’une plaie béante au bras. La jeune femme, dans un futile et pitoyable effort pour conjurer le sort, agitait l’arme pour effacer l’effrayante vision du massacre perpétré dans la vallée.

Faisant face au plus pressé, ils voulurent soigner leur ami mais le jeune guerrier refusa dédaigneusement qu’on s’occupe de son bras et se soigna tout seul. Ils demandèrent alors des comptes à la malheureuse chasseresse en pleine crise de nerfs. Au bout de quelques minutes d’un dialogue de sourds, qu’ils passèrent en grande partie à esquiver les coups rageurs de l’étrangère, il fut évident qu’ils n’arriveraient pas à se faire comprendre.

Alors, d’une voix douce et rassurante, accompagnée de multiples gestes effectués avec une lenteur calculée, Kra-gûuhr entreprit une médiation parvenant, en fin de comptes, à faire entendre raison à la sauvageonne et à la convaincre d’abandonner l’arme.

Dans un flot de mots incompréhensibles, de gestes incohérents, de pleurs, de larmes et de croquis désordonnés elle réussit, à grande peine, à leur faire comprendre que les dépouilles suppliciées faisaient partie de son clan et qu’elle en était, à présent, la dernière représentante. Puis, comme vaincue par la douleur, elle s’écroula et resta prostrée en une poignante mélopée qu’elle scandait au rythme des balancements de son corps.

L’état de la malheureuse ne laissait aucun doute : ils n’en sauraient pas plus pour le moment. Avec une grande prudence et une infinie tendresse, malgré leurs mains rudes, ils la recouchèrent sur le brancard. Pour l’empêcher de se blesser, ils lui passèrent des lanières qu’ils attachèrent avec une extrême douceur. Kra-gûuhr vérifia l’état de la blessure et remit une couche de baume cicatrisant. Il estima que pour la fin de la journée elle serait sur pieds.
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L'urgent est déjà parti
L'impossible est en train de se faire
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#2 Vae-primat

Vae-primat

Posté 19 avril 2005 - 17:29

IV) Le survivant

Après une telle insupportable horreur, il n’était plus question de scinder le groupe. Il fut donc décidé que le cadet marcherait devant suivi des quatre autres portant la civière. Confiant, par une prière, les esprits des défunts aux dieux miséricordieux, ils reprirent la course le cœur lourd. La mission devait continuer envers et contre tout.
Une évidence faisait cependant son chemin dans l’esprit du chasseur : qui ou quoi que cette menace puisse être, cela se trouvait sur la route que le clan devait emprunter. Il ne faisait aucun doute, dans le raisonnement du farouche guerrier, que le même funeste sort attendait les gens de sa tribu. Il arrêta donc la petite troupe et leur expliqua ses craintes. La décision fut unanime : il fallait empêcher que le clan ne tombe en pareil traquenard.

Ils décidèrent donc que le cadet retournerait auprès de la tribu pour la mettre en garde face à ce danger inconnu afin que des mesures adéquates puissent être prises. Les autres fourniraient une proie à chasser à ces bêtes sanguinaires afin de les éloigner de la piste. Et pour cela il ne restait qu’une seule alternative : jouer le rôle du gibier. Il fallait donc priver ces ignobles charognards des misérables restes qui jonchaient cette vallée de la mort.

Bien que consciente de l’épreuve qui l’attendait, la blessée refusa d’accompagner le cadet. Ses arguments furent sans appel. Pour commencer elle aurait retardé le messager avec les conséquences qu’ils pouvaient aisément prévoir et ensuite, ayant perdu tous ses êtres chers, elle ne demandait qu’à participer à faire payer le prix du sang, le plus élevé pour leur forfaiture, aux immondes meurtriers. Et pour finir, elle avait l’assurance de Kra-gûuhr qu’elle serait en état de se déplacer seule pour la tombée de la nuit ce qui impliquait qu’elle pourrait leur être d’une aide non négligeable.

Devant sa détermination, les chasseurs cédèrent à contrecœur et le groupe se remit en marche vers le lieu du carnage.
Une fois sur place, le cadet leur souhaita de réussir leur plan, appela l’assistance divine sur eux et continua sa route aussi rapidement que ses jambes lui permirent.

Mettant des draps sur leurs bouches, ils redescendirent, avec une certaine appréhension, vers l'effroyable charnier. Ils déposèrent la blessée afin qu’elle ait une vue d’ensemble sur toutes les entrées possibles de la vallée et se disposèrent à commencer leur triste travail. Par acquis de conscience, Kra-gûuhr lui lança, discrètement, un sort d’apaisement d’humanoïde afin qu’elle puisse résister à l'abominable spectacle.
Ils se mirent ensuite à rassembler tous les corps mutilés sur un catafalque. Ils étaient déjà fort avancés dans leur macabre besogne lorsque, près du dernier retranchement, Kra-gûuhr dégaina son épée, aussitôt imité par ses compagnons. Son sens aigu de l’observation venait de lui révéler que quelque chose n’allait pas dans le tableau qu’il découvrait.

C’était un détail infime mais dans leur situation il ne pouvait l’ignorer. Il se mit donc à examiner consciencieusement les lieux. À ce moment, surgissant de nulle part, une boule de feu vint s’écraser à quelques centimètres des chasseurs qui s’immobilisèrent aussitôt.
Tout de suite après un magicien, vêtu d’habits somptueux bien que maculés de sang, se dévoila manipulant, d’un air décidé, une boule incandescente. Les chasseurs, interloqués et perplexes, se mirent sur la défensive en se demandant quelle conduite adopter.

Ils connaissaient bien les ravages qu’une telle boule pouvait faire depuis que leur shaman s’était mis à l’étude des forces occultes et avait, par inadvertance, brûlé la moitié du village. Arborant une magnifique barbe dorée et de longs cheveux couleur soleil, son attitude résolument déterminée indiquait qu’il était prêt à mourir, si tel était son destin, mais comptait bien en emmener le plus grand nombre avec lui.

Si c’était là le mystérieux agresseur, plusieurs choses ne collaient pas.
Se faisant courage, Kra-gûuhr entama le dialogue en précisant qu’ils n’étaient pour rien dans le massacre qu’on pouvait contempler.
Nul son ne sortit de la bouche du magicien mais une voix impérieuse, dans leur esprit, leur commanda de laisser tomber leurs armes. A l’exception de Kra-gûuhr, que le vieux shaman avait formé à résister aux sorts de charme, tout le monde obéit.
Visiblement troublé par la résistance inhabituelle du guerrier, le magicien réitéra l’ordre. Calmement, en détachant chaque syllabe, Kra-gûuhr expliqua, à nouveau, la situation à l’inconnu.

Soudain, sans prévenir, la boule de feu s’évanouit, le magicien vacilla, tourna de l’œil et s’effondra. Aussitôt le charme s’interrompit et les chasseurs, abasourdis, reprirent, peu à peu, leurs esprits. A l’examen, il parut évident que l’étranger souffrait d’inanition et que l’effort soutenu pour les envoûter avait usé ses dernières forces. Une potion de regain de fatigue le remit sur pieds.
Il fut immédiatement bombardé de questions. Qui était-il ? Avait-il assisté au carnage ? Comment en avait-il réchappé ? Et surtout, qui les avait attaqués !

D’une voix lasse et monocorde, le magicien relata les récents événements auxquels il avait assisté. Une bourrasque d’une force inouïe avait englouti la moitié de leur village et les avait forcés à chercher une terre plus clémente. Réunissant les pauvres effets qu’ils avaient réussi à sauver, ils s’étaient élancés, vers l’inconnu, pleins d’espoirs.

Quelques jours plus tard, cela remontait à trois jours maintenant, les éclaireurs avaient repéré, à la tombée de la nuit, des proies potentielles mais elles avaient disparu, sans laisser de traces, au lever du soleil. Pendant cette nuit, par simple précaution, ils avaient érigé une simple palissade, plus apte à éviter l’incursion inopinée d’une bête sauvage qu’à résister à un véritable assaut.

Le jour suivant, à la tombée de la nuit, ils avaient subi l'agression de centaines d’êtres difformes. Ressemblant à des gobelins, bien que légèrement plus grands, mais d’une peau noire d’ébène, ils avaient, en guise d’arme, d’énormes griffes au bout des mains et une sorte de bouclier lié au bras. Le bouclier leur donnait l’air d’être plus massifs qu’ils n’étaient en réalité.

L’assaut aurait pu être facilement repoussé si ces immondes individus n’avaient eu, dans leurs rangs, une créature tout droit sortie des enfers. Crachant flammes et acide, elle avait bousculé leur ridicule bastion de protection les obligeant à s’enfuir devant l’inanité de leur défense.
C’est à ce moment que l’horrible boucherie avait commencé avec son cortège d’infâmes atrocités. Il ne devait la vie sauve, après s’être inutilement battu pour protéger la fuite des siens, qu’au sort d’invisibilité qu’il avait lancé, en dernier recours, alors que tout était perdu.

Grâce au sort, il put voir les êtres sanguinaires se repaître des chairs de ses compagnons puis, emportant leurs morts, s’enfuir à l’approche de l’aube comme si le soleil était, pour eux, un ennemi mortel. Pourtant, il en était sûr, ce n’étaient pas des vampires et n’avaient pas besoin de lumière pour se déplacer.

Les allées et venues des chasseurs, ainsi que leur travail, les avait fait passer, à ses yeux, pour des détrousseurs de cadavres. Kra-gûuhr lui expliqua la raison de leur manège. C’est à ce moment que le magicien évoqua, avec un accent d’indicible douleur, le vain effort qu’il fit pour mettre sa fille en sécurité. Son corps meurtri devait probablement traîner misérablement quelque part sur ces terres maudites.
À ces mots, le chasseur lui indiqua le brancard.

Le cœur au bord des lèvres Dariso, le magicien, se dirigea, d’abord lentement puis en courant vers la blessée. L’embrassant avec effusion il remercia, entre larmes de joie et rires libérateurs, tous ses dieux d’avoir répondu favorablement à ses prières. Le vieux guerrier sentit une boule d’émotion lui serrer la gorge. Se ressaisissant il ordonna à ses compagnons de reprendre leur tâche.

Voyant l’état de sa fille, Dariso sortit d’étranges pierres couvertes de mystérieux symboles et les plaça, tout en psalmodiant une insolite mélopée, sur le corps de la jeune femme : une sur la gorge, une sur la poitrine, une dans le creux du ventre et une sur chacune des extrémités. Sous le regard abasourdi de Kra-gûuhr, une légère aura bleutée enveloppa la jeune fille.
Seconde après seconde, son état s’améliorait et la blessure cicatrisait à vue d’œil. Le chasseur dut admettre que Dariso était un grand guérisseur. Cela aurait pu se révéler utile pour la suite de l’aventure, si toutefois il aurait accepté de les aider.

L’affreux catafalque fut terminé et, après une sobre cérémonie funèbre dirigée par Dariso, ils y mirent le feu. Une fumée noire, épaisse et âcre, monta vers le ciel. Elle était sûrement visible à des milles à la ronde. L’horrible odeur du brasier les obligea à reculer. Ils ramassèrent le maximum d’armes qu’il leur fut possible de porter et se préparèrent à quitter la plaine.

À leur grande surprise, la blessée quitta la civière totalement rétablie. Laissant, intentionnellement, de nombreuses empreintes ils prirent un chemin choisi pour éloigner, autant que possible, la menace de la route que le clan devait suivre. Dariso et sa fille, après un brève conciliabule, avaient décidé, au grand soulagement des chasseurs, de se joindre au groupe. Malgré le danger de la mission, la perspective d’une éventuelle vengeance envers les meurtriers de leur peuple était la plus forte.


V) La néfaste prophétie

Le jeune chasseur courait à en perdre haleine comme si une meute de monstres était sur ses talons. Il était conscient que chaque minute pouvait décider de la vie ou de la mort de tout son clan. Dans cette immensité désolée, ironie du sort, il remercia les dieux qu’il n’y ait pas les fauves habituels.
Lorsque son allure diminuait, il avalait, sans s’arrêter, une gorgée de potion de regain de fatigue et continuait sans cesse espérant atteindre son but à temps. N’ayant que sa seule démarche comme point de repère, celle-ci lui paraissait toujours trop lente au vu des risques qu’un retard pouvait susciter. L’angoisse aidant, il en arrivait aux limites de ses possibilités physiques.

Sur la petite plaine, les préparatifs du voyage allaient bon train. L’énorme palissade avait été entièrement démontée et chargée sur les chariots. Pour l’occasion, afin de gagner du temps lors de la reconstruction  et surtout parce qu’ils n’étaient pas sûrs de trouver ce qu’il fallait sur les nouvelles terres, les différentes pièces usées par le temps avaient été remplacées. Au fur et à mesure de l’avancement des travaux, le village se transformait en un énorme bivouac.

Entourées des chariots, plus rassurante enceinte que réelle protection, les tentes du clan s’agglutinaient contre l’éperon rocheux de la grotte du vieux shaman. L’inquiétude et l’incompréhension commençaient à gagner ses membres depuis que le départ avait été retardé.

Un rouscan des mers, sorte de braillard des falaises bien que de taille nettement plus petite et moins agressif  bien que plus destructeur pour les sites de pêche, avait été aperçu volant solitaire. Or l’esprit grégaire de cette race le conduit à se déplacer en groupes de quinze à vingt individus et ce vol solitaire avait été interprété comme un mauvais présage.
Il n’était d’ailleurs pas le seul. Les entrailles des dernières bêtes abattues étaient, pour la plupart, nécrosées et les biles maculées de sang. Le soleil était barré de stries rouges et Secunda, leur lune protectrice, restait obstinément voilée.

C’est pourquoi, le sage et vénérable shaman, avait demandé au vieux chef de surseoir au départ et d’armer le clan. Le valeureux guerrier s’était plié aux exigences du grand prêtre tout en arguant de la nécessité de ne pas trop traîner sous peine de rendre le voyage impossible vu la dépense de provisions, déjà fort maigres, que ce retard engendrait.
Il fut donc convenu, pour assouvir les dieux courroucés, d’un sacrifice à l’aube, heure la plus propice puisque soleil et lunes sont présents dans le ciel. De plus il fallait que le clan se repose en vue de la grande aventure.
Par petits groupes familiaux, la tribu s’endormit sous la protection de quelques sentinelles. La nuit fut calme et Secunda daigna se montrer par des courts intermèdes dans le ciel nuageux.

Le lendemain, à l’aurore, rassemblant son peuple, le vieux chef entama la cérémonie qui devait apaiser les esprits et attirer la bienveillance des dieux sur le voyage qu’ils allaient entreprendre. Sur un autel sommairement dressé, le shaman immola la bête expiatrice et lit, aussi discrètement que possible, dans ses entrailles, la volonté des dieux. Gardant à grande peine son calme,   il leur annonça que les dieux avaient apprécié leur piété et avaient décidé que le voyage serait dur mais qu’ils trouveraient une terre d’abondance où il suffirait de se baisser pour cueillir les fruits les plus juteux, où les poissons sauteraient dans les filets et où les chasseurs n’auraient pas à courir pour rapporter du gibier.
Calmant les cris d’allégresse, le vieux chef donna des ordres afin que l’on forme le convoi.

Mais le vieux guerrier n’était pas dupe et, une fois seuls, demanda des explications, sur ses réticences, au shaman. Le visage grave, ce dernier révéla que les dieux avaient décidé, pour le clan, une épreuve de sa fidélité envers eux. La quête de leur nouvelle terre serait fructueuse mais un prix serait exigé des divinités : un tribut de sang. Le vieux chef promena son regard, lourd de peine, sur son peuple en se demandant de lequel, de ces fils, les dieux en demanderaient le sacrifice.
Le choix était douloureux mais rester signifiait la mort certaine de tous. Ils se promirent de faire tout leur possible pour limiter, dans la mesure de leurs moyens, la néfaste prophétie.

Ignorant la lourde menace qui planait sur lui, le clan préparait le départ, tant attendu, dans la joie. Dans un indescriptible capharnaüm, ordonné suivant des règles obscures, la caravane commençait à prendre forme lorsqu’une sentinelle aperçut le jeune coursier.
Sans ralentir son allure, saluant les gens au passage, le messager se dirigea résolument vers la tente du vieux chef qui réglait les derniers détails de la grande aventure. À voix basse il lui transmit les faits essentiels.
Aussitôt le vieux guerrier réunit un conseil extraordinaire dans la grotte du grand prêtre.

À la différence d’un conseil normal, celui-ci ne comprenait que les responsables des différentes ligues responsables des divers aspects de la vie courante. Devant cette agitation, les questions les plus diverses et les affirmations les plus folles parcouraient le convoi sur ce retour inopiné et sur la réunion hâtive de ce conseil de guerre. Un tel pariait sur l’abandon de l’entreprise, un autre sur la découverte d’un paradis, un autre encore sur la mort du groupe envoyé en éclaireur. L’espoir, le doute, la peur et l’allégresse secouaient, tour à tour, la tribu.
Pendant ce temps, dans la grotte, le jeune chasseur relatait, aussi précisément que possible, l’horrible charnier qu’il avait vu ainsi que le plan de Kra-gûuhr. Il insista lourdement, comme le vieux chasseur avait recommandé de le faire, sur la nécessité impérieuse de progresser avec précaution et en formation de combat. Kra-gûuhr était conscient que ces contraintes ralentiraient l’allure de la caravane mais en garantissaient, en revanche, la sécurité.

Le récit de l’horrible drame fut suffisant à lever les dernières réticences des plus récalcitrants. Le convoi n’étant pas encore étiré, les recommandations purent passer pour une simple précaution face à un danger toujours possible ce qui augmenta d’autant le prestige du vieux chef dont le clan loua la clairvoyance et la sagesse.
Quant au retour du jeune chasseur, on le fit passer pour un messager d’espoir : les éclaireurs, certains de l’attente de la tribu, l’avaient envoyé pour ramener des nouvelles et servir de guide.

La caravane fut donc formée en conséquence. Un groupe, formé des six chasseurs parmi les plus expérimentés, fut chargé d’ouvrir la voie et l’œil devant le convoi. Celui-ci fut partagé en deux colonnes parallèles entre lesquelles voyageaient les femmes, les enfants et les vieillards.
Les hommes valides de toute profession, partagés de part et d’autre du convoi, en assuraient la protection  Les moins valides ou les inexpérimentés au combat, trop jeunes pour la plupart, s’installèrent, armés d’arcs et flèches, sur les chariots. Rassuré et confiant sur les directives de son chef, le clan adopta sa formation et s’élança vers l’inconnu.

Hïr-hun, le jeune guerrier, marchait en tête affectant une assurance de circonstance. Outre la confiance que le clan faisait en ses maigres possibilités, le regard admiratif de la belle Sin-awâe était suffisant pour qu’il adopte la contenance d’un grand guerrier.
À l’endroit où se dressait le village, le vieux chef, comme un dernier au revoir à cette terre qu’il avait tant aimé, planta un étendard et, comme portant la charge de tous ses souvenirs, rejoignit la queue du convoi. La grande aventure venait de commencer et, quelles qu’en soient les difficultés, ils la mèneraient au bout.


VI) La poursuite (1)

Traînant derrière eux un morceau de carcasse de chien de nix, les chasseurs avançaient à un rythme calculé. Les yeux aux aguets, ils inspectaient la plaine tout en surveillant la course du soleil.
Lorsqu’il atteignit son zénith, ils rassemblèrent les restes et y mirent le feu. Puis, changeant radicalement de direction, ils se mirent à courir. Il leur fallait mettre la plus grande distance possible entre eux et le lieu du carnage.

Les horribles monstres  suivraient la piste sanguinolente qu’ils avaient laissée et se lanceraient ensuite sur leurs traces. La perte de leur butin les mettrait sûrement très en colère et leur seule chance de salut était de les épuiser dans une course poursuite désespérée. Pour leur faciliter la tâche, Dariso avait enchanté leurs armures avec un sort de plume rendant ces dernières, et tout leur équipement, d’une légèreté étonnante.
Au bout d’une heure de course haletante, prenant chacun une gorgée de potion de regain de fatigue, ils se séparèrent en trois groupes.

Dariso et sa fille, les moins endurants et rapides, continuèrent tout droit tandis que les chasseurs prenaient, chacun, une direction différente. Se basant sur l’allure et la direction du magicien, ils avaient convenu de se retrouver deux heures plus tard. La plaine, succédait à des petits monticules rocheux, toujours aussi morne et dévastée. Kra-gûuhr n’avait jamais vu autant de désolation. Au fur et à mesure de son avance dans ce paysage tourmenté, la perspective de trouver une terre d’abondance s’éloignait.

Une fois la jonction effectuée, le groupe, changeant de direction tout en veillant à toujours s’éloigner,  reprit la même manœuvre. C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent, à la tombée du jour, à l’abri d’un éperon rocheux se dressant hautain dans une mer d’herbe brûlée par le soleil. D’un commun accord ils s’octroyèrent une halte bienfaisante.
Si la nuit devait être mouvementée, ils avaient intérêt à être en pleine forme. Dès que Secunda commença à allonger les ombres de la plaine, modifiant par sa lumière blafarde la perception du paysage, la peur commença à tenailler les braves aventuriers.
Les visions d’horreur du massacre se firent plus présentes dans leur esprit et les jeux d’ombres engendrés par la lune animaient une armée de fantômes menaçants.
Quelque part, très loin, le son caverneux d’une corne se fit entendre provocant la montée d’une sueur froide qui leur glaça les veine : la poursuite avait commencé. Comme prévu, la destruction du charnier avait excité l’immonde horde.

Dariso profita du répit provisoire que leur donnait la distance pour apprendre aux chasseurs un sort d’invisibilité. Il leur indiqua, toutefois, que la durée du sort n’excéderait pas la minute pendant une certaine période et que cette durée n’augmenterait de façon significative qu’au bout d’un nombre d’envoûtements dépendant des aptitudes de chacun.
En retour, les chasseurs lui apprirent l’art de la discrétion afin d’approcher une éventuelle proie ou d’éviter un animal dangereux. Cet échange de procédés leur fit oublier un peu leur frayeur en concentrant leur esprit.

La corne, lugubre, se fit entendre à nouveau ; plus distincte et précise, et nettement plus proche. Le regard des chasseurs voyageait entre la lune, dont ils priaient de voir finir son trajet nocturne, et le sombre horizon, dont ils espéraient qu’il reste vide.
Le temps sembla s’immobiliser pendant des heures ponctué, de loin en loin, par l’appel lancinant de la corne qui, doucement mais sûrement, se rapprochait inexorablement. Par moments le bruit caractéristique de la cavalcade nocturne se fit entendre.
D’abord confus et indistinct, il se fit de plus en plus net et précis. Kra-gûuhr et les siens se préparèrent à soutenir l’inévitable attaque. Le vieux chasseur s’en voulut d’avoir si mal évalué les dispositions de chasse nocturne de la horde noire.

Soudain, au loin, l’horizon s’anima ; des ombres, de plus en plus nombreuses et précises, se détachaient sur le fond lactescent du ciel. Les muscles tendus et la gorge sèche, les aventuriers se préparèrent à vendre chèrement leur vie.
Les silhouettes commencèrent à grandir et les grognements familiers troublèrent le silence de la nuit. La tension des chasseurs était telle que, n’eût été la terreur que les sinistres individus inspiraient, ils eurent donné l’assaut à ces monstres abhorrés. La proximité dangereuse de deux formes mi-humaines, mi-animales, força Kra-gûuhr à décocher une paire de flèches qui atteignit son but sans bruit.

Le faible grognement d’agonie qu’ils émirent fut couvert par le beuglement, tout proche maintenant, de la corne de brume. En  réponse, un rayon de soleil déchira les ténèbres et, dans sa faible lumière, les aventuriers purent observer l’incroyable scène qui se déroulait dans la plaine ; des centaines d’êtres hideux fouillaient le moindre recoin du paysage.
C’est à ce moment que l’incroyable se produisit. Un coup de corne plus sinistre que les autres retentit et, l’instant d’après, la vallée était déserte. L’immonde horde noire s’était évaporée, comme avalée par la terre. La plaine était vide !

Même les corps des morts avaient disparus ! Il leur fallut un moment pour dominer leur effet de surprise. Reprenant leurs esprits en même temps qu’un repas rapide, ils décidèrent de refaire leurs manœuvres en espaçant les points de rencontre.
Kra-gûuhr venait de réaliser qu’une partie de sa théorie concernant ces monstres sanguinaires s’écroulait : ils n’avaient pas de repaire fixe et seraient d’autant plus difficiles à cerner ou, pire, à semer.
S’octroyant de brèves haltes à l’occasion de leurs jonctions, ils s’ingénièrent à mettre le plus de distance possible entre eux et leurs poursuivants tout le long de la journée.

Lorsque le soleil s’abîma à l’horizon, il les trouva, fourbus, dans un bosquet de bulbe-liège. Secunda, impitoyable, commença sa course céleste faisant monter l’appréhension de nos héros au rythme de sa trajectoire. Le ciel, couvert, ne tarda pas à plonger la plaine dans une obscurité presque tangible.
Pour faire taire leur frayeur, les chasseurs occupèrent leurs esprits à se familiariser avec le sort d’invisibilité que Dariso leur avait appris. Le temps passant, ils en arrivèrent même à oublier le danger et à se faire des blagues enfantines sous couvert de l’invisibilité.

L’affligeante vibration de la corne de brume mit un terme brutal à leurs jeux puérils les ramenant brusquement à leur rude réalité. À leur grande surprise, malgré la longue route parcourue pendant la journée, la horde était étonnamment proche.
L’obscurité cachait, à leurs yeux, un ennemi que leurs oreilles indiquaient pourtant tout près. Tous les sens aux aguets, fouillant les ténèbres, les chasseurs attendaient. Leur seule défense : les branches de bulbe-liège qui, dérangées, pouvaient prévenir de l’approche d’un membre de la horde.
Une trouée nuageuse, laissant filtrer la lumière argentée de la lune, leur permit de jauger la situation. Aussi loin que les ténèbres leur permirent de voir il y avait des groupes de cinq à six individus qui battaient la plaine.

Kra-gûuhr, estimant à une dizaine de minutes la rencontre inévitable avec la horde, joua son va-tout en décochant une série de flèches, chacune atteignant sa cible, dans chacune des directions.
La frayeur fit place à l’horreur lorsque les cadavres furent âprement disputés par les autres compagnons de la horde donnant lieu à une véritable bataille pour un membre arraché. Surmontant son aversion, il réitéra la manœuvre déclenchant, du même coup, une hystérie sanguinaire collective de la meute.
La lune, miséricordieuse, leur épargna le spectacle du répugnant partage qui s’ensuivit. Pendant des heures ce ne fut que bruits de bataille,  grognements de colère et cris de douleur dans une obscurité complice et d’autant plus terrifiante qu’ils ne pouvaient rien voir de ce qu’il se passait.

Dans ce mélange d’ombres grouillantes et vociférantes, une silhouette encore plus sombre et d’une taille exceptionnelle se détacha. Dans un gargouillement affreux, l’hideuse bête cracha un énorme jet de feu qui figea la horde sur place. À la lumière de la flamme les chasseurs purent voir, avec terreur, la liche qui conduisait la chasse cette nuit-là.
Le pouvoir noir de ces créatures est légendaire et chacun sut qu’il n’aurait pas beaucoup de chances de sortir vivant de cette aventure. D’une voix d’outre-tombe, stridente au possible, elle éructa des ordres qui furent promptement exécutés. S’alignant comme de sages soldats, les répugnantes créatures reprirent la chasse en ayant soin de bien s’éloigner de l’infernale engeance.

L’énorme halborth, chien-fauve tout droit sorti des enfers, en quelques bonds, avala d’un trait les dépouilles qui gisaient sur la plaine. Un bref ordre guttural le ramena, tel un gentil cabot, auprès de sa maîtresse. Une fois de plus les rayons de l’aube nettoyèrent la vallée en un clin d’œil. N’eut été les traces noirâtres de sang, personne n’aurait pu se douter de l’atroce banquet qui s’y était déroulé.
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L'urgent est déjà parti
L'impossible est en train de se faire
Pour les miracles prière d'attendre 24h

#3 Vae-primat

Vae-primat

Posté 19 avril 2005 - 17:34

VII) La poursuite (2)

Dariso confirma la présence des halborths sur les lieux du massacre de son peuple mais la vue de la liche avait refroidies les ardeurs guerrières des chasseurs.
Cette créature démoniaque ne travaille jamais seule. Elle est au service du seigneur drémora Inkubos, représentant de la maîtresse de la nuit : le daedra Nocturnae dont l’évocation seule du nom donne des cauchemars aux plus courageux. Kra-gûuhr se rendit compte que l’entreprise était vouée à l’échec mais il se souvenait des anciennes légendes : un cœur pur et une tâche noble et désintéressée avait des grandes chances de réussite.

Cela s’était déjà produit, cela pouvait se reproduire !
La poursuite de l’aventure fut mise au vote. Au grand étonnement de Kra-gûuhr, tout le groupe vota pour continuer. Mort pour mort, ils préféraient choisir la leur. Un sentiment de fierté gonfla la poitrine du vieux chasseur et il se promit qu’ils feraient souffrir, dans la mesure de leurs moyens, l’immonde horde noire et ses maîtresses sanguinaires.

Leur tactique, à partir de cet instant, changea. Il ne fut plus question de fuir mais d’harceler sans cesse cette vermine afin de la contraindre à s’occuper d’eux en donnant ainsi plus de chances, de passer, au clan. Toute la journée se passa à préparer des pièges simples mais mortels : des trous garnis de pointes enduites d’une concoction à base de russule phosphorescente ou de coprin violet. Pour parfaire leur contre-attaque des bascules mortelles furent dressées un peu partout dans la plaine.
Chacune munie de deux pierres sensées avertir du bon déroulement du piège. À la fin de la journée, l’ensemble de la zone entourant le bosquet était truffée de pièges et traquenards divers.

Lorsque le soleil se coucha, à l’abri du petit bois, chacun dans son coin pria son dieu de le soutenir dans l’épreuve qui l’attendait. L’attente ne fut pas longue. Le son, maintenant familier, de la corne se répercuta dans la vallée dès que le soleil disparut à l’horizon.
Peu de temps après la tombée de la nuit le bruit de cavalcade se fit entendre et des grognements de douleur, suivis d’éclats de dispute, les avertit du début des hostilités. Comme pour leur prêter main forte, Secunda alternait les périodes de clarté discrète et d’obscurité totale.

En accord avec les phases d’éclairement de la lune, les chasseurs décochèrent une ou deux flèches qui chacune coucha sa cible.  Le sort d’invisibilité, maintes fois lancé, leur permit de suivre l’évolution de la situation dans une relative sécurité.
Gâchant une grande partie de son énergie à s’entredéchirer pour la possession d’une dépouille, la horde semblait totalement déroutée. L’apparition, dans le ciel nocturne, de longues traînées de feu marqua l’arrivée des liches.

À la vue de l’hécatombe due aux instincts barbares de la horde, des longues imprécations furieuses et stridentes s’élevèrent. Les liches réorganisèrent leurs minions en ponctuant leurs ordres de l’envoi de quelques éclairs qui calmèrent, parfois définitivement, les récalcitrants.

Elles entreprirent ensuite de faire fouiller la zone avec méthode. Elles envoyèrent donc des éclaireurs sonder le terrain. Conscients de la précarité de leur situation, les chasseurs se saluèrent en utilisant leur méthode de communication par contact. C’est à cette occasion que Kra-gûuhr reçut un message qui le toucha particulièrement. Léna, la fille de Dariso, prit sa main et la garda dans la sienne. Ils restèrent ainsi, main dans la main, les yeux fixés sur les mouvements de la meute.

Les éclaireurs tombant comme des mouches dans les divers pièges, les halborths furent envoyés nettoyer le terrain. Leur immunité aux poisons et leur taille impressionnante, les rendaient insensibles aux ridicules pièges qui entravaient la progression des grotesques créatures qui s’agitaient entre leurs pattes gigantesques.

Dariso, sous le couvert de son ample habit de magicien, se mit à murmurer une incantation. Lorqu’il eut fini, il s’approcha avec précaution de Kra-gûuhr et lui glissa,  à voix basse, ses instructions puis lui tendit la dizaine de flèches de glace qu’il venait de créer. Le vieux chasseur n’avait pas droit à l’échec.

Posément il encocha une flèche de glace, visa longuement et tira. Le trait atteignit l’énorme halborth  entre les deux yeux. La flèche pénétra dans le crâne et la réaction feu-glace, par une vaporisation instantanée, fit éclater une partie de la tête du monstre.
Dans ses spasmes d’agonie, l’immonde bête cracha une longue traînée de feu et d’acide qui, outre à décimer une partie de la horde, atteignit une liche de plein fouet. La démoniaque puissance magique du jet pulvérisa l’hideuse créature frappant de stupeur tous les rescapés qui s’enfuirent dans toutes les directions en poussant des grognement de terreur.

Profitant de la confusion, Kra-gûuhr tira un second trait visant, cette fois, une liche. Touchée à mort, elle se désagrégea en une longue fumée noire en émettant un cri horripilant qui provoqua un accès de rage des colosses.
Ceux-ci se dressèrent l’un contre l’autre et commencèrent à se battre. La terre tremblait sous les assauts des monstres oublieux des ordres qu’ils recevaient de leurs maîtresses.
Un hurlement strident, accompagné d’une lugubre plainte gutturale, parvint enfin à calmer les sinistres bêtes qui reprirent sagement leur place. Le beuglement de la corne se fit entendre et l’instant d’après la lune dévoila une plaine vide et calme.

Rien n’aurait plus pu démontrer l’enfer qui s’y était déroulé. Kra-gûuhr, malgré l’indéniable victoire qu’ils venaient de remporter, se sentit frustré de ne pas pouvoir contempler les cadavres de la meute. Conscients des mesures de rétorsions qui allaient être prises, le petit groupe se mit en route immédiatement malgré l’obscurité. Ayant lancé, chacun, un sort d’invisibilité ils partirent en courant.

Cela faisait moins de dix minutes qu’ils couraient lorsque des explosions sourdes retentirent dans la plaines et des lueurs rouges zébrèrent le ciel : la horde entamait les représailles ! Toute la zone couverte par un jet de flèche était arrosée de feu, d’acide et d’éclairs destructeurs.
Grimpant sur le faîte d’un piton, la petite troupe put se rendre compte, depuis leur position, des allures apocalyptiques de la riposte. À la vue de la volonté de destruction, ils surent que leur but était atteint ; la meute ne les lâcherait plus.

La route était libre pour le clan. Un  détail frappa cependant le vieux chasseur : bien que le nombre d’individus de rang inférieur ait augmenté, il restait toujours deux liches accompagnées, chacune, de son halborth. L’un de ces monstres était donc manquant. Se pourrait-il qu’ils ne puissent survivre à leur maîtresse ? Ou cela signifiait-il qu’il y avait plusieurs hordes noires ? Dans ce dernier cas tout danger n’était pas écarté et il leur fallait absolument découvrir qui, au son de la corne, commandait cette ignoble vermine.

L’ensemble de la plaine était calciné et il ne restait plus que quelques foyers d’incendie qui se consumaient doucement. C’est à la lueur d’un de ces foyers que le mystère des disparitions fut éclairci. Au retentir de la sinistre corne, les liches lancèrent un sort de téléportation et l’ensemble de la horde disparut :
« Voilà donc comment ils procèdent pour disparaître si vite ! » Ne put s’empêcher de s’exclamer Dariso.

Devant l’incompréhension de ses compagnons il leur expliqua comment fonctionnaient les sorts de « marque » et « rappel ». Chaque liche avait sans doute marqué une zone ce qui lui permettait de téléporter la meute à des endroits voulus et de la ramener en sécurité au lever du soleil.  Il ajouta que la puissance des liches devait être phénoménale pour pouvoir emmener tout le monde ou,  plus probablement, tous les membres de la horde noire étaient, d’une façon ou d’une autre, liés entre eux. Cela impliquait que leur antre pouvait se trouver sous leurs pieds comme au bout du monde ; autant chercher une aiguille au milieu d’une plaine.

Par contre la mort de ces engeances pourrait signifier la fin de l’infâme communauté qui se retrouverait exposée aux rayons du soleil.
Un sort de détection des enchantements confirma l’hypothèse de Dariso. Il leur fit découvrir aussi un bâton permettant de lancer des éclairs magiques et un anneau qui, bien que manifestement enchanté, garda son mystère.

Le soleil se leva paresseusement sur la vallée martyrisée. La petite troupe rebroussa chemin, autant pour désorienter ses poursuivants que pour recueillir des indices pouvant les mener au repaire de ces derniers.

VIII) La confrontation

Mettant à profit les deux jours que le chef  lui avait octroyé, le vieux shaman, aidé de ses disciples pour les confectionner et des enfants du village pour recueillir et ramener les différents ingrédients, avait préparé une quantité et une variété étonnante de potions.
Cela allait de la potion de vision nocturne à celles de fortification de caractéristiques diverses en passant par celles de regain et de guérison. Son chariot, aménagé pour l’occasion, était un véritable laboratoire roulant rempli de toute sorte d’ingrédients des plus communs aux plus rares.
Le vieux shaman tenait à être prêt au cas où. Et comme il ignorait la nature du danger il avait prévu pour tout ce qu’il connaissait. Devant la perplexité de ses élèves, il avait prétexté une révision du savoir ainsi que l’instauration d’une étude des milieux qu’ils allaient traverser. Ce qui, loin d’être la vérité, n’en était cependant pas tout à fait faux.

Hir-hun trottait en tête comme un coq de basse-cour. Docilement la caravane suivait mais, malgré les recommandations du vieux chef, avait plus l’allure d’un pique-nique champêtre que la rigueur d’une colonne militaire. Les enfants, par jeu ou par intérêt, continuaient à folâtrer autour de la caravane, ramassant infatigablement les rares fleurs qui poussaient encore pour les ramener au shaman qui les triait imperturbablement.
Cela faisait maintenant trois jours que le convoi s’était mis en route et aucun des éclaireurs n’avait aperçu l’ombre d’un quelconque danger ou animal. La plaine dévastée suivait inlassablement à la plaine dévastée, un vrai paysage de mort et désolation. Le clan était heureux de quitter cet enfer pour des terres meilleures.

Au soir du quatrième jour, un des scouts cru apercevoir quelque chose ou quelqu’un mais la vision fut trop fugitive pour qu’il reconnaisse  ce que c’était. Néanmoins, suivant les consignes, il rapporta l’incident. Le vieux chef dut user de son autorité pour interdire les feux et adopter une formation défensive. Le temps s’écoula très lentement et personne ne dormit cette nuit-là.
L’imagination et le vent leur apportèrent toutes sortes de bruits bizarres que les récents événements rendaient plus menaçants encore. Patrouillant sans relâche à moins d’un jet de flèche, les éclaireurs étaient à l’affût de la moindre anomalie, que ce soit dans le ciel ou dans la plaine. La tension du clan était à son paroxysme. Les rumeurs absconses sur un massacre odieux prenaient tout à coup un sens réel. La peur de l’inconnu s’insinuait partout.

Lorsqu’enfin le soleil daigna se lever, emportant avec lui les affres de la nuit, chacun trouva ses anxiétés nocturnes folles ou futiles. Qui pouvait habiter une terre aussi ravagée ? Personne !
Le convoi se remit en route dans un silence pesant, comme si le clan avait eu honte de sa faiblesse face aux ombres de la nuit. La joie fit place à l’appréhension  et la crainte remplaça l’espoir.

Quelle que soit la piste parcourue, les scouts ne trouvèrent rien pour confirmer ou infirmer une éventuelle menace. La journée se passa lente et monotone jusqu’au soir où, l’homme en était sûr, un chasseur aperçut une vague silhouette dans la plaine. Il n’aurait pu dire de quoi il s’agissait mais cela se déplaçait vite, très vite.

Sans qu’un ordre soit donné, le clan se mit en position de défense. Un petit groupe de chasseurs fut laissé en éclaireur autour du campement tandis que, à l’intérieur, les sentinelles veillaient. Pendant la nuit, venant de très loin, ils entendirent comme le vent jouant avec une bouteille vide. Bien que loin et ténu, le son fit courir des vagues froides dans le dos des membres du clan tellement son air était lugubre.
Secunda prit un malin plaisir à traîner dans le ciel cette nuit-là. Le soleil ne calma pas les craintes et personne ne lâcha son arme de la journée. À partir de ce moment, la plaine était devenue hostile et le clan avançait aux abois.

Les rencontres furtives se poursuivirent ainsi à chaque coucher de soleil. Puis, un jour, aux environs de midi, le clan atteignit les lieux du massacre. Témoins muets de l’horreur, les objets usuels du peuple martyrisé garnissaient la vallée. Comme pour exorciser cette vision de cauchemar, le clan accéléra l’allure.
Sans concertation, ils augmentèrent le train au point que le soir le trouva courant encore. Cette nuit-là la corne résonna étrangement proche bien qu’aucun être ou animal n’ait été aperçu.
Au fur et à mesure de l’avancement du convoi, par enfants interposés, le shaman avait distribué nombre de ses potions aux hommes du clan avec, comme consigne, de ne les utiliser qu’en cas de besoin. Cette éventualité étant marquée par la mise en berne de l’étendard rouge du shaman et par le son d’une flûte en cas d’extrême nécessité.

La nuit se passa calme et paisible si ce n’est le beuglement presque régulier de la corne de brume. Le soleil trouva le clan déjà sur le départ, les vieillards installés sur les chariots. Adoptant une allure rapide, mais régulière, la tribu poursuivit sa route. Trois jours plus tard, au coucher du soleil, sous leurs yeux ébahis, s’étendait une vallée à l’herbe rare où paissaient un troupeau de guars et quelques kagoutis. Les buissons croulaient sous les baies et dans le ciel des volatiles qu’ils ne connaissaient pas mais qui n’avaient pas l’agressivité des braillards des falaises s’ébattaient. Aussi loin que le permettait le jour couchant ce n’étaient que merveilles. Ils étaient arrivés !

C’est à ce moment qu’un éclaireur donna l’alarme ! Venant, loin derrière eux, une multitude d’êtres hideux, à la peau noire, accompagnés d’énormes bêtes répugnantes, fonçaient dans la direction du clan. À ce moment, clair et distinct, le son lugubre de la corne se fit entendre. Apercevant un brisant dans la plaine, le vieux chef ordonna qu’on articule les chariots autour de la crête rocheuse. Une fois les chariots en place, les bêtes furent relâchées pour qu’elles ne constituent pas un danger pour les défenseurs. Le camp était à peine monté, les défenseurs courant à leurs postes, que la horde noire se profilait à l’horizon. La mélodie d’une flûte s’envola bientôt noyée par l’affreux gémissement de la corne.

Kra-gûuhr et les siens harcelaient la horde depuis maintenant cinq jours. Changeant constamment de direction, pour dérouter leurs poursuivants, ils infligeaient des pertes plus ou moins importantes à l’immonde meute. Mais, quelles que soient ses pertes, à chaque coucher de soleil, la horde sanguinaire revenait plus nombreuse que la veille.
Le vieux chasseur était à court d’idées pour surprendre encore la meute qui les talonnait. Une semaine de course éperdue le jour, juste soutenus par des potions qui se faisaient rares, et des combats désespérés la nuit, la petite troupe était au bout de ses capacités physiques.

D’un commun accord, ils décidèrent d’arrêter de courir et de les attendre. Les obliger à les combattre ne serait-ce qu’une nuit de plus. Une chance de plus pour que le clan passe. Comme chaque soir, la sinistre corne émit son beuglement lugubre annonçant le début de la grande chasse.
Aussitôt des ombres commencèrent à animer la plaine. Des cavalcades furieuses allaient et venaient en tout sens dans les ténèbres ponctuées de grognements arrogants. La meute cherchait sa proie !

Secunda atteignait son zénith lorsqu’un groupe tomba par hasard sur les chasseurs. Avec des hurlements de joie ils s’élancèrent pour l’hallali. Avertie par les cris, le reste de la horde se dirigea vers son gibier dans une cacophonie de grognements et hurlements de toutes sortes.
Kra-gûuhr et son groupe se défendaient comme des diables contre une troupe nettement plus nombreuse. Pour un ennemi qu’ils tuaient deux autres prenaient sa place. Kir-nir tomba le premier submergé par le nombre, le ventre ouvert,  couvert de blessures et dégoulinant de sang, il se battit jusqu’à son dernier souffle.
Ils surent à ce moment qu’ils étaient perdus quand, au son de la corne, l’attaque stoppa et la meute partit en trombe. Abasourdis, éberlués, couverts de blessures mais vivants, les chasseurs se demandèrent par quel miracle ils étaient encore en vie.

Dans un futile geste d’espoir ils voulurent s’occuper de leur compagnon mais à la vue du corps déchiqueté de leur ami une grande  fatigue et une immense tristesse les envahit. Ils étaient là pleurant leur ami lorsque la mélodie d’une flûte, aussitôt couverte par le gémissement de la corne, leur parvint. Leur sang ne fit qu’un tour : le clan était en danger ! Tous ces risques pour rien ! Sans réfléchir ils s’élancèrent.


IX) Un combat vital

Qui mieux, que notre barde, le grand Fer-tûr, peut relater la bataille qui décida de notre avenir ? Voici ce qu’il en écrivit :

Un petit soir calme, sur la vaste plaine,
Frémissante, face à face ; la haine.
Les bataillons démoniaques se mettent en place
La mort, sur l’échiquier, ses pions déplace
En de longs rangs, serrés et aguerris
Ils défient, en hurlant, leurs ennemis.
Le clan n’a pas tellement le choix
C’est gagner ou mourir au combat
Paysans armés de piques et d’épées
Contre démons de géhennes oubliées
Des armes, en ces mains mal assurées,
Hardiment, ils affrontent leur destinée.

Tels des loups hideux surgis de la nuit,
Tuant et pillant, n’ayant aucun répit,
L’immonde horde noire au clan s’en est prise
La vie, sur ces terres, ne lui est plus permise.
Rassemblant le courage des quelques survivants
Le chef exhorte, il faut aller de l’avant
Et sur l’herbe rare, par le soleil brûlée,
Le sang coulera dans l’horrible mêlée.
Il faut que, sur la plaine, ils les retiennent
Dernier rempart contre cette vile barbarie
Pendant qu’au loin, femmes et enfants prient
Pour que, à ces héros, leur soit laissée la vie

La terre tremble, la nature a ses doutes
L’horrible engeance charge, pour ouvrir la route
Telle une marée noire sortie d’un enfer négligé,
Vomie par des dieux impies aux atours profanés
Son seul but est de réduire cette vie au néant
Partout où elle passe, il n’est plus rien de vivant
Le heurt est violent mais le clan tient bon
La mort, dans les rangs, s’en vient chercher ses dons
Dans le choc des épées et des chairs tranchées
Et les boules de feu par les mages lancées
Dans les corps meurtris et les membres agonis
La sombre dame vient réclamer son prix

C’est une question de vie et au cœur de la bataille
Nos héros se défendent d’estoc et de taille
Dans le tumulte confus de l'atroce engagement
Une seule pensée, sauver femmes et enfants.
Sur la barricade de cadavres ensanglantés,
Tombant par dizaines sous les coups acharnés
Des quelques héros, par la mort oubliés,
Les monstres hideux sont encore repoussés.
Mais la mort est patiente et dans, son coin, attend
Que viennent à elle ses futurs enfants.
Le temps passe, femmes et bambins s’enfuient
Pendant qu’impassible, la lune éclaire la nuit

Pour un héros qui tombe, un autre le remplace,
Aux créneaux du bastion, il faut tenir la place.
Face aux assauts de cette immonde marée
Maintes fois repoussée dans cette épique mêlée
L’extrême vaillance des rudes paysans
Fait des merveilles en éclaircissant ses rangs.
Mais la horde est nombreuse et le clan est petit
L’issue sera connue avant la fin de la nuit
Les liches hideuses se joignent au combat
Auréolées de leur démoniaque éclat
Jetant leur noire puissance dans la balance
Pour que, en leur faveur, le sort change

Lorsque les ténèbres s’éclairent de feu et de braises
Jetant dans l’abjecte horde des foyers de fournaises
La victoire se tourne vers les nouveaux arrivants
Mêlant la gloire aux vaillants combattants
Redonnant des forces aux quelques survivants
Semant le doute parmi les infâmes assaillants.
L’attaque est si soudaine, si violente, si subite
Que la horde, surprise, flotte et prend la fuite.
Le clan est sauvé, on acclame les sauveurs
Aux braves tombés on rend les honneurs
La mort, dépitée, la sanglante plaine a déserté
La bataille pour la vie n’est pas encore gagnée

Il faut maintenant que la vie reprenne ses droits
Pour que le clan s’installe et y habite dans la joie
Les braves guerriers troquent leurs maigres parures
Leurs grandes épées et leurs sombres armures
Contre un soc, une bêche ou bien une charrue,
Domestiquer cette terre est une tâche bien ardue
Qu’en intrépides paysans, ils relèvent avec courage
Sur cette plaine où eut lieu l’indicible carnage,:
Bientôt la terre marqueront de leurs sillages
Une palissade s’élève pour ceinturer le village
L’horrible horde battue, l’avenir s’éclaire
Les dieux cléments ont entendu leurs prières.

Plus de la moitié du clan, y compris le vieux chef et le shaman, périrent cette nuit-là. Pour honorer ses morts, la tribu leur éleva un mausolée qui devint aussi sacré que la terre qui but leur sang. Dariso remplaça le vieux sorcier. Kra-gûuhr fut nommé chef du clan et s’unit à Lena qui lui donna trois enfants : Ker-nir, Her-hun, et moi, Lâan-dec, votre serviteur.
J’ai écrit cet ouvrage à la mémoire de tous les braves qui sont tombés afin de leur rendre grâce et qu’on ne les oublie pas.

FIN

À vos commentaires  :)
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L'urgent est déjà parti
L'impossible est en train de se faire
Pour les miracles prière d'attendre 24h

#4 Duncan Imrryran

Duncan Imrryran

    Truite hors-sujet


Posté 19 avril 2005 - 18:04

Vu que c'est fini, autant commenter ici. :)

Là tout de suite je n'ai pas le temps de lire mais je pense que tu gagnerais beaucoup en lisibilité en adoptant une mise en page plus aérée, en passant des lignes entre les paragraphes notamment et en faisant éventuellement de plus petits paragraphes. :lol:

#5 isa

isa

    Fée Pachier


Posté 19 avril 2005 - 20:05

Je me suis arrêtée (momentanément) à la fin de l'épisode II. C'est très bien écrit et le récit tient le lecteur en haleine.  :lol:

Je me réserve la suite pour plus tard parce qu'en effet le récit est très long et le manque de mise en page en rend la lecture difficile voire décourageante. Ce serait bien de l'aérer un peu  :)
Chlorophylle de la Dictature Eclairée des 7 Idiots en Jaune
Conceptrice d'Apprenants dont le segment manipulateur antérieur manœuvre l'outil scripteur dans le but de générer une motricité de proximité \o/

#6 Emma Indoril

Emma Indoril

    Bateau ivre


Posté 19 avril 2005 - 20:36

Rhoooo ! le gros recyclage ! Vae ! Tu n'as pas honte !
Non ?
Bon alors j'ai rien dit !  :)
"Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard ni patience."
René Char

"Ça ne veux plus rien dire non plus, mais cela a quand même plus de sens."

#7 Tim

Tim

    Timinus


Posté 20 avril 2005 - 14:13

oui il est vrai que le texte gagnerais a etre aeré.
comme les commentaires se font sur ce topic, je vais modifier la balise "h" en "H&I" (oui, ça tien compte des modification et du rangement que j'opere pour la rubrique, cela dit je n'ai pas le temps de me pencher dessus pour le moment)

*Sa seigneurie le prince du clan des bouffeurs de Yabon !
*Détenteur de la baffe d'or administrée par Gamall le 19/11/07

Epilost Graphisme et délires
PixelNoob Une Web-émission, sur les jeux video


#8 Vae-primat

Vae-primat

Posté 21 avril 2005 - 10:19

Citation

oui il est vrai que le texte gagnerais a etre aeré.
Voilà, on a un peu ventilé  :huhu:
N'ayez pas peur de faire des commentaires sur le fond (bien que ceux sur la forme soient aussi appréciés)
Mon but est avant tout de m'améliorer pour fournir des textes qu'on doit pouvoir comprendre et surtout aimer lire.
Merci de vos commentaires.
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