http://img102.imageshack.us/img102/9744/bravilyz1.jpg
Partie I - Bravil
Spoiler
Les lentes et majestueuses volutes des cumulus, colonnes opaques et ombrageuses, occultaient la blancheur du ciel, qu’illuminaient à peine les rayons voilés d’un soleil perdu. La tempête couvait sur Bravil.
Une, puis deux. Puis toute une ribambelle de gouttelettes initièrent leur migration céleste pour venir s’échouer sur les toits boisés et mités de la ville, ajoutant encore à l’aspect miteux de la pauvre cité. Les charpentes de bois, attaquées par le temps, envahies par la mousse, suintantes et gonflées par l’humidité ambiante, évoquaient davantage un assemblage de barques que le faîte de domiciles.
Mais les habitants n’y prêtaient guère d’attention. Au moins un fort vent Sud venait-il chasser provisoirement les effluves marécageuses que l’Argonie, toute proche, leur apportait. La boue ne les incommodait pas, alors qu’ils vaquaient à leurs commerces, établis et devoirs professionnels. On ne se souciait guère des apparences ici, et khajits et argoniens circulaient à leur guise au milieu des impériaux, se mêlant sans complexes aux nombreux elfes eux aussi présents.
Bravil était une ville où l’on vivait comme on pouvait. La direction décadente du comte fraîchement nommé Regulus Terentius, laissait champs libre aux commerces crapuleux et à la circulation du skouma. On savait pertinemment qu’un objet perdu serait retrouvé le lendemain, sur l’un des étals d’un marché noir à peine dissimulé. Les nombreux pickpockets exerçaient leurs talents aussi bien que les mendiants monnayaient leurs secrets.
Une épaisse couche de corruption recouvrait la ville, telle la moisissure qui s’emparait de leurs habitations. Oh bien sûr il arrivait qu’une petite frappe -généralement un étranger- se fasse dénoncer et fasse un court séjour dans les geôles de la ville, mais la plupart du temps personne n’était inquiété par la garde et ses ponctuels coups d’éclat. Tout le monde n’était pas malhonnête, mais une certaine duplicité était de mise, et les habitants l’avaient pour la plupart adoptée depuis longtemps.
A Bravil, on secouait ses bottes de la boue comme on se lavait les mains d’affaires douteuses. La moisissure recouvrait, mais la ville demeurait.
¤ ¤ ¤
Bravil
Les lentes et majestueuses volutes des cumulus, colonnes opaques et ombrageuses, occultaient la blancheur du ciel, qu’illuminaient à peine les rayons voilés d’un soleil perdu. La tempête couvait sur Bravil.
Une, puis deux. Puis toute une ribambelle de gouttelettes initièrent leur migration céleste pour venir s’échouer sur les toits boisés et mités de la ville, ajoutant encore à l’aspect miteux de la pauvre cité. Les charpentes de bois, attaquées par le temps, envahies par la mousse, suintantes et gonflées par l’humidité ambiante, évoquaient davantage un assemblage de barques que le faîte de domiciles.
Mais les habitants n’y prêtaient guère d’attention. Au moins un fort vent Sud venait-il chasser provisoirement les effluves marécageuses que l’Argonie, toute proche, leur apportait. La boue ne les incommodait pas, alors qu’ils vaquaient à leurs commerces, établis et devoirs professionnels. On ne se souciait guère des apparences ici, et khajits et argoniens circulaient à leur guise au milieu des impériaux, se mêlant sans complexes aux nombreux elfes eux aussi présents.
Bravil était une ville où l’on vivait comme on pouvait. La direction décadente du comte fraîchement nommé Regulus Terentius, laissait champs libre aux commerces crapuleux et à la circulation du skouma. On savait pertinemment qu’un objet perdu serait retrouvé le lendemain, sur l’un des étals d’un marché noir à peine dissimulé. Les nombreux pickpockets exerçaient leurs talents aussi bien que les mendiants monnayaient leurs secrets.
Une épaisse couche de corruption recouvrait la ville, telle la moisissure qui s’emparait de leurs habitations. Oh bien sûr il arrivait qu’une petite frappe -généralement un étranger- se fasse dénoncer et fasse un court séjour dans les geôles de la ville, mais la plupart du temps personne n’était inquiété par la garde et ses ponctuels coups d’éclat. Tout le monde n’était pas malhonnête, mais une certaine duplicité était de mise, et les habitants l’avaient pour la plupart adoptée depuis longtemps.
A Bravil, on secouait ses bottes de la boue comme on se lavait les mains d’affaires douteuses. La moisissure recouvrait, mais la ville demeurait.
Partie II - Sarcasmes de Sépulcre
Spoiler
La veille de cette ambiance pluvieuse de matin d’automne, se déroulait pourtant une scène qui sortait de l’ordinaire. Quelqu’un avait été surpris dans la crypte du temple par le prêtre de Mara. Celui-ci admonestait le vil larron, qui fouillait sans vergogne parmi un vieux tas d’ossements que recueillait l’un des poussiéreux cercueils.
" Honte à vous profanateur! Vous serez maudit par les saints, et maudit par les dieux si vous ne cessez pas sur le champs ce sacrilège!
- Holà… du calme, le moine, tu ne risquerais pas de ranimer les dormeurs si ! Ta voix mélodieuse ré-vei-llerai les MoÔoÔrts", chantonna le profanateur, scandant mélodieusement chacune de ses syllabes.
Il s’agissait d’un dunmer de taille moyenne, d’après la vacillante lueur des torches. Il était vêtu d’un riche manteau de couleur noire, lequel recouvrait une très élégante et très légère armure de cuir toute aussi sombre, ouverte au niveau du col sur une belle chemise de style Vvardenfellien. Son accoutrement aurait presque pu passer pour un distingué costume de soirée, n’était le non moins ornementé fourreau qu’il portait à sa ceinture, ainsi qu’une étrange amulette. Il n’avait manifestement plus toute sa raison.
" V…vous… vous êtes fou ! s’écria le vieux prêtre, qui commençait à être effrayé par cet étranger qui chantait dans les tombes.
- Oh entends tu cela, ma douce et ravagée Kerianna, souffla t’il au crâne qu’il tenait entre ses mains, en le frottant langoureusement contre sa joue. Il était complètement frappé pensa l’aumonier.
- Ce vieux coincé croit que le disciple de Sh’éam est fou, ma toute belle, il ne sait pas à quel point ta langue bien pendue me manque…
Le prêtre blêmit soudain, une peur sans nom se lisant dans ses yeux.
- Sh..h..Sh’eam ?? Disciple de Sh’éam ? Mais Sh’éam est mort ! balbutia-t’il.
- Bien évidement qu’il est mort pauvre loque ! Et moi, je suis son Rire !!
Il partit dans un éclat de rire dément, d’une voix aigue, aigrelette et maléfique, qui aurait pu suffire à rendre fous les esprits les plus faibles. Le dunmer fit un bond en arrière, et s’accrocha au plafond, face au prêtre, comme une chauve-souris par un moyen que le vieil aumonier ne comprit qu’après en voyant ses yeux : morts et flêtris. Un vampire.
- Et comme vous le voyez, vous pouvez m’être mortellement utile, moine. Mais comme je suis un amateur de théatre, autant rester sur ma lancée! Il partit dans un autre rire démoniaque.
- La main est en mouvement, reprit-il. Le Porteur parcourt les routes, portant la bonne nouvelle dans le cœur de nos ennemis. Son Passeur exerce à nouveau. La future Volonté, et le Silence sont actuellement retenus par un artifice de la guilde des mages, mais ils ne devraient pas trop tarder à le contourner. Et moi, je suis chargé d’éliminer les gêneurs. Et vous allez m’aider."
Un rayon de lumière pure jaillit des mains du prêtre, tandis que le vampire esquivait, se retrouvant d’un bond dix mètres plus loin. Il éclata à nouveau d’un fou rire malsain, alors que l’ecclésiastique tentait à nouveau de le repousser, puis disparut. L’homme le chercha du regard pendant une poignée de secondes, avant de tourner les talons et de chuter dans un hurlement, une dague traversant son genou de part en part.
Il était à la merci du Rire. Il allait mourir, il le savait, et il maudit son adversaire :
"Vous serez vaincus, dispersés comme autrefois par les disciples de Tria…
Il ne devait jamais finir sa phrase, la dague s’étant désormais fichée dans son larynx.
- Tu as touché la corde sensible moine, fit le vampire, dommage, que je t’ai poignardé les cordes sans cible ! Triam n’a plus de disciples. Triam n’était qu’un traître idéaliste, et c’est lui qui a échoué dans sa décadence. Et toi tu vas me servir par le sang, autant que par ta mort"
Tandis que le vampire s’emparait de son corps, le vieux prêtre confia son âme à Mara. Mara, la mère. Mara, la miséricordieuse...
"Un meurtre, exactement. Une sauvagerie sans nom. Et un prêtre, pensez donc ! Le corps sera retrouvé en dehors de la ville, dans le sillages d’aventuriers coupables jusqu’à la moelle, qu’il faudra traduire en justice, bien entendu. Ils sont cinq, un grand guerrier impérial, un elfe noir aux yeux bleus, un apprenti magicien cyrodiilien, une bosmer et une rouquine bretonne. Il se peut qu'il y ait des imprévus en bonus. Mais faciles à repérer quoiqu'il en soit."
L’élégant dunmer se tenait devant le capitaine de la garde, dans son bureau du fort de Bravil, aucun détail de son visage désormais juvénile ne trahissait plus sa nature.
"Pourquoi vous aiderais-je ? fit simplement celui-ci. Qu’est ce que j’y gagne pour mes bonnes œuvres ? Pourquoi dérangerais-je mes hommes pour un groupe de malfrats sans envergure ?
- Mais parce qu’ils sont coupables évidement ! Le devoir accompli! Une belle arrestation, avec de beaux châtiments corporels, bien exemplaires, y’a rien de tel pour les affaires !
- Oui oui oui, fit le gras officier sur son fauteuil, mais... plus concrètement…
- Concrètement je vous laisse votre petite vie. Vous aurez l’or des aventuriers, leur possessions, et deux damoiselles bien dociles pour égayer vos mornes soirées carcérales… Il éclata d’un ricanement pervers.
- Cela me va, fit l’officier, sans même relever le sourcil. Affaire conclue monsieur."
Le Rire sourit. Il adorait avoir des relations sociales.
¤ ¤ ¤
Sarcasmes de Sépulcre
La veille de cette ambiance pluvieuse de matin d’automne, se déroulait pourtant une scène qui sortait de l’ordinaire. Quelqu’un avait été surpris dans la crypte du temple par le prêtre de Mara. Celui-ci admonestait le vil larron, qui fouillait sans vergogne parmi un vieux tas d’ossements que recueillait l’un des poussiéreux cercueils.
" Honte à vous profanateur! Vous serez maudit par les saints, et maudit par les dieux si vous ne cessez pas sur le champs ce sacrilège!
- Holà… du calme, le moine, tu ne risquerais pas de ranimer les dormeurs si ! Ta voix mélodieuse ré-vei-llerai les MoÔoÔrts", chantonna le profanateur, scandant mélodieusement chacune de ses syllabes.
Il s’agissait d’un dunmer de taille moyenne, d’après la vacillante lueur des torches. Il était vêtu d’un riche manteau de couleur noire, lequel recouvrait une très élégante et très légère armure de cuir toute aussi sombre, ouverte au niveau du col sur une belle chemise de style Vvardenfellien. Son accoutrement aurait presque pu passer pour un distingué costume de soirée, n’était le non moins ornementé fourreau qu’il portait à sa ceinture, ainsi qu’une étrange amulette. Il n’avait manifestement plus toute sa raison.
" V…vous… vous êtes fou ! s’écria le vieux prêtre, qui commençait à être effrayé par cet étranger qui chantait dans les tombes.
- Oh entends tu cela, ma douce et ravagée Kerianna, souffla t’il au crâne qu’il tenait entre ses mains, en le frottant langoureusement contre sa joue. Il était complètement frappé pensa l’aumonier.
- Ce vieux coincé croit que le disciple de Sh’éam est fou, ma toute belle, il ne sait pas à quel point ta langue bien pendue me manque…
Le prêtre blêmit soudain, une peur sans nom se lisant dans ses yeux.
- Sh..h..Sh’eam ?? Disciple de Sh’éam ? Mais Sh’éam est mort ! balbutia-t’il.
- Bien évidement qu’il est mort pauvre loque ! Et moi, je suis son Rire !!
Il partit dans un éclat de rire dément, d’une voix aigue, aigrelette et maléfique, qui aurait pu suffire à rendre fous les esprits les plus faibles. Le dunmer fit un bond en arrière, et s’accrocha au plafond, face au prêtre, comme une chauve-souris par un moyen que le vieil aumonier ne comprit qu’après en voyant ses yeux : morts et flêtris. Un vampire.
- Et comme vous le voyez, vous pouvez m’être mortellement utile, moine. Mais comme je suis un amateur de théatre, autant rester sur ma lancée! Il partit dans un autre rire démoniaque.
- La main est en mouvement, reprit-il. Le Porteur parcourt les routes, portant la bonne nouvelle dans le cœur de nos ennemis. Son Passeur exerce à nouveau. La future Volonté, et le Silence sont actuellement retenus par un artifice de la guilde des mages, mais ils ne devraient pas trop tarder à le contourner. Et moi, je suis chargé d’éliminer les gêneurs. Et vous allez m’aider."
Un rayon de lumière pure jaillit des mains du prêtre, tandis que le vampire esquivait, se retrouvant d’un bond dix mètres plus loin. Il éclata à nouveau d’un fou rire malsain, alors que l’ecclésiastique tentait à nouveau de le repousser, puis disparut. L’homme le chercha du regard pendant une poignée de secondes, avant de tourner les talons et de chuter dans un hurlement, une dague traversant son genou de part en part.
Il était à la merci du Rire. Il allait mourir, il le savait, et il maudit son adversaire :
"Vous serez vaincus, dispersés comme autrefois par les disciples de Tria…
Il ne devait jamais finir sa phrase, la dague s’étant désormais fichée dans son larynx.
- Tu as touché la corde sensible moine, fit le vampire, dommage, que je t’ai poignardé les cordes sans cible ! Triam n’a plus de disciples. Triam n’était qu’un traître idéaliste, et c’est lui qui a échoué dans sa décadence. Et toi tu vas me servir par le sang, autant que par ta mort"
Tandis que le vampire s’emparait de son corps, le vieux prêtre confia son âme à Mara. Mara, la mère. Mara, la miséricordieuse...
¤¤¤
"Un meurtre, exactement. Une sauvagerie sans nom. Et un prêtre, pensez donc ! Le corps sera retrouvé en dehors de la ville, dans le sillages d’aventuriers coupables jusqu’à la moelle, qu’il faudra traduire en justice, bien entendu. Ils sont cinq, un grand guerrier impérial, un elfe noir aux yeux bleus, un apprenti magicien cyrodiilien, une bosmer et une rouquine bretonne. Il se peut qu'il y ait des imprévus en bonus. Mais faciles à repérer quoiqu'il en soit."
L’élégant dunmer se tenait devant le capitaine de la garde, dans son bureau du fort de Bravil, aucun détail de son visage désormais juvénile ne trahissait plus sa nature.
"Pourquoi vous aiderais-je ? fit simplement celui-ci. Qu’est ce que j’y gagne pour mes bonnes œuvres ? Pourquoi dérangerais-je mes hommes pour un groupe de malfrats sans envergure ?
- Mais parce qu’ils sont coupables évidement ! Le devoir accompli! Une belle arrestation, avec de beaux châtiments corporels, bien exemplaires, y’a rien de tel pour les affaires !
- Oui oui oui, fit le gras officier sur son fauteuil, mais... plus concrètement…
- Concrètement je vous laisse votre petite vie. Vous aurez l’or des aventuriers, leur possessions, et deux damoiselles bien dociles pour égayer vos mornes soirées carcérales… Il éclata d’un ricanement pervers.
- Cela me va, fit l’officier, sans même relever le sourcil. Affaire conclue monsieur."
Le Rire sourit. Il adorait avoir des relations sociales.
Modifié par Trias, 11 mai 2008 - 22:21.