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[h] Recherche à Sheogorad


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8 réponses à ce sujet

#1 Elundel Ainaromen

Elundel Ainaromen

Posté 16 août 2004 - 21:51

La Pluie. Ce fut la pluie, qui tombait drue d’un ciel encore noir, qui réveilla pour la seconde fois Eldargil. Décidément, dormir à la belle étoile ne lui valait rien. Tout en maugréant contre le climat, il s’assit, tentant de rassembler tant bien que mal les fragments épars de ses pensées. Il aurait bien donné cinquante pièces d’or à un tavernier en échange d’un lit sec. Mais trouver une auberge au beau milieu des îles désertes de Shéogorad relève de l’exploit.
Maintenant totalement réveillé, revigoré par l’eau glacée qui ruisselait sur son armure d’ébonite, s’infiltrant peu à peu dans sa tunique, il observait le spectacle qui s’offrait à sa vue. Sous les trombes d’eau, les îlots désertiques, sinistres rochers éventrant les étendues sombres de la mer, prenaient des allures inquiétantes, devenant les ombres de quelques dragons oubliés sortis d’un passé révolu. Mais dans cette partie du monde, le voyageur rencontre plus facilement des crabes des vases et d’autres bestioles nuisibles que des dragons. Parfois, il tombe sur un daedra, mais c’est plus rare, ce qui est d’ailleurs heureux pour les pèlerins sans défense.
Les daedras… A cette pensée, Eldargil saisit le manche de sa hache. D’un geste sec, il l’extraie du crâne béant de l’ogrim qui l’avait dérangé dans la première partie de la nuit. Il ne dérangerait plus personne désormais… Chose curieuse, Eldargil avait pu constater que les ogrims faisaient de bons matelas de fortune, bien que les écailles et les relents de charogne dégoûteraient tout mage qui se respecte.
Tout en reprenant sa route, une fois son équipement rassemblé, Eldargil repensait aux raisons qui l’avaient poussé à venir dans cette région perdue. Ah, il le retenait, le chef de la guilde des guerriers de Sadrith Mora ! L’envoyer chercher des œufs de kwama soi-disant en or, pour le compte d’un noble telvanni, qui plus est…
Cela faisait maintenant deux jours qu’il s’usait les bottes sur les rochers des îles aux alentours de Dagon Fell, mais rien n’y faisait. Deux jours à chercher pour rien. Deux jours qui lui avaient fait changer d’opinion sur le bien fondé des missions de la guilde.
Après quelques recherches infructueuses, il découvrit un passage au sein d’une anfractuosité rocheuse, sorte de fissure au sein d’un amas de rocs jaunâtre. Il lui semblait s’enfoncer dans les entrailles de l’île.
« Je tiens mon nid », songea Eldargil. Mais descendre n’était pas chose aisée. Les arêtes coupantes de la roche étaient devenues glissantes, suite à cette satanée pluie qui redoublait de plus belle. Qu’à cela ne tienne, un sort de lévitation et le tour était joué. Un des avantages à être mage de guerre, entre autres.
Eldargil considérait la magie plus comme étant un atout qu’une fin en soi. Pour lui, cela permettait d’être plus efficace lors d’un combat, de mieux se débrouiller en cas d’obstacles comme celui-ci, voire de se sortir de situations périlleuses. Bien que méprisant la fuite, il convenait qu’il était parfois intéressant d’effectuer un « replis stratégique » pour mieux revenir achever son adversaire une fois bien équipé. Il se rappelait encore, un sourire aux lèvres, de la fois où, racontant une de ses mésaventures à un barbare à moitié ivre, celui-ci le traita de lâche. Nul ne peut maintenant se vanter de posséder l’esprit plus ouvert que lui, au sens propre du terme.
Peu  à peu, la lumière de l’entrée s’estompait, laissant la place à une obscurité pesante. Au vu de l’air qui circulait dans le conduit, celui-ci semblait s’agrandir au fur et à mesure de la progression d’Eldargil. Le sort de lévitation cessa. Contre toute attente, Eldargil retomba sur un sol visqueux, mou et collant. Il apercevait maintenant une lueur rougeâtre qui semblait provenir d’un passage dans le fond du boyau. Se rapprochant de celle-ci, il commençait à percevoir un gémissement, comme un râle, qui gagnait en intensité à mesure qu’il approchait…

Modifié par Elundel Ainaromen, 23 août 2005 - 19:37.

Amateur de pétanque céleste

Prélude dans les îles désertes de Sheogorad Chapitre 1 terminé, la suite en cours.
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#2 Elundel Ainaromen

Elundel Ainaromen

Posté 18 août 2004 - 12:56

Restant légèrement en retrait, Eldargil donna à ses yeux le temps de s’habituer à la pénombre. A première vue, le boyau étroit était maintenant un conduit structuré, les murs taillés à même la roche. Ceux-ci, espacés d’une distance avoisinant les six coudées, se rapprochaient pour finir par se rejoindre à environ douze pieds du sol. La galerie avait ainsi une forme triangulaire, qui donnait la désagréable impression d’absorber toute lumière venant lécher sa voûte. De nombreuses runes noires serpentaient sur la paroi, projetant une ombre vacillante qui oscillait de gauche à droite. Les murs suintaient comme des larmes de sang.
La lumière provenait de petits cierges rouges, amassés par groupes dans quelques anfractuosités de la roche. Leur nombre allait croissant. Le râle glauque ininterrompu se transformait en litanie, reprise en échos par une multitude de voix.
« Si ce dédale est ma mine d’œufs, je veux bien m’inscrire au temple… », songeait Eldargil, de moins en moins rassuré. L’image de l’officiante du culte impériale de Fort Silène revint à son esprit. Son parfum, ses lèvres, ses hanches, ses… Hmmm,  si toutes les prêcheresses du culte étaient aussi bien proportionnées, l’illumination arriverait à plus d’incroyants, parole de…
Le contact glacé de la lame d’un dard le tira de ses rêveries. Le manquant d’un cheveu, celui-ci alla se figer dans la roche. Un grognement de dépit se fit entendre dans les ténèbres. Eldargil se retourna vivement. Une silhouette se tenait dans les ombres, camouflée par une longue cape noire qui tombait jusqu’à terre. Un reflet rouge laissait deviner une armure sous celle-ci.
La forme dégaina une courte dague de verre au reflet verdâtre et se rua sur Eldargil, tentant de le frapper à la gorge. Dans un sursaut, Eldargil pivota sur ses pieds, évitant ainsi la lame empoisonnée qui fendit l’air. Il projeta la hache pour trancher la tête mais, emporté par son élan, il abattit celle-ci sur l’épaule de son adversaire, déchirant le tissu, tranchant la chair et fendant l’os. Un cri aigu s’éleva dans les ténèbres, accompagné du bruit flasque de viande chutant sur le sol. Un bras gisait à terre.
Sans demander son reste, l’ombre, abandonnant ses armes, s’enfuit dans le couloir, tentant désespérément d’échapper à la mort. Hors de question de le laisser avertir quiconque ! Fouillant dans son esprit, Eldargil se souvint d’un sortilège qui l’amusait particulièrement.
« Agglar, Skrendor, Na’shaderent ! » L’incantation vibra dans les ténèbres. La boule de feu crée par magie fila, avalant les ombres, rattrapant inéluctablement le fuyard.
Le corps calciné retomba lourdement sur le sol. Eldargil fouilla le cadavre, à la recherche de quelque indication sur l’identité de l’agresseur, en grande partie calciné. Parmi ce qui n’avait pas brûlé, Eldargil trouva un parchemin, protégé dans une épaisseur de l’armure.
Les premiers mots se détachaient clairement : « Glas pourpre »
Amateur de pétanque céleste

Prélude dans les îles désertes de Sheogorad Chapitre 1 terminé, la suite en cours.
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#3 Elundel Ainaromen

Elundel Ainaromen

Posté 23 août 2004 - 20:26

Eldargil parcourut des yeux le parchemin. Plusieurs mots, jaunis par le feu, étaient indescriptibles. Certains passages étaient des récits ésotériques, d’autres des recueils de pensées. Mais de tous, le plus digne d’intérêt était celui-ci :

« Comme Il l’avait voulu, les préparatifs se terminent. Bientôt la prime sève coulera. Bientôt la marée rouge soulèvera ses armes et dans ses flots engloutira. Les trois s’inclineront, le dragon rouge sera mis à bas. Seul le silence porte encore Son Nom. Il débarquera. Les quatre étoiles sont maintenant levées, le soleil tombera.
[…]
Servez-Le en votre âme et conscience sans connaître l’échec et votre sueur vous exaucera. Le parjure ne connaîtra que souffrance car même la mort ne L’arrête pas. Lorsque se videra Son ire, nous sonnerons le glas de leurs illusions. […]»

Eldargil mit quelques minutes avant de reposer le parchemin. Il lui semblait évident que les « trois » faisaient référence aux Tribuns, et le « dragon rouge » à la Légion. Mais quels étaient ces étoiles, cette marée ou ce mystérieux personnage auquel tous semblaient rendre des comptes ?
Eldargil était dans le doute. A l’insu de tous, un complot semblait se tramer dans les ombres de Sheogorad. Prévenir la Légion ? Cela lui semblait être le meilleur choix, bien que quelque chose en lui le poussait à aller de l’avant. Après tout, on avait bien tenté de le tuer, il avait le droit d’en savoir plus. Et ce n’était pas en s’esquivant qu’il tirerait profit de sa découverte…
Prenant sur lui, le cœur battant à tout rompre, il continua sa progression. Au bout de quelques minutes, il butta sur un choix : le boyau se divisait en deux branches. L’une semblait remonter, l’autre s’enfoncer un peu plus dans les ténèbres. Il prêta oreille aux litanies qui lui semblaient désormais faire partie intégrante du lieu. Il constata que celles-ci provenaient du bas, et opta pour cette voie.
Le nombre de bougies s’amenuisait à mesure qu’il avançait. Il du bientôt progresser à tâtons, prenant appui sur la paroi. Le contact du mur glacé lui provoqua un frisson qui lui parcouru l’échine. Maintes fois il aurait préféré utiliser une torche ou un sort de lumière, mais il savait par expérience qu’il aurait pu dire adieu à tout effet de surprise.
Alors qu’il commençait à perdre espoir, une lumière apparu au bout du tunnel. Prenant cette fois mille précautions, il s’approcha discrètement. Il arriva dans une vaste salle, sorte de grotte naturelle aux murs gravés d’inscriptions, identiques à ceux du tunnel. L’horreur du spectacle dépassa amplement ce qu’il avait imaginé.
Plusieurs rangées de pics étaient dressées, disposées autour d’un autel dominé par une grande statue. Celle-ci représentait un personnage qu’Eldargil ne connaissait pas. Sur chaque pic trônait un homme empalé, voire une femme, dunmer pour la plupart. Ceux-ci étaient maintenus en vie par des sortilèges lancés par plusieurs fanatiques, drapés dans des tissus noirs et pourpres, qui accompagnaient de chants rauques les hurlements des suppliciés. L’odeur du sang qui s’écoulait sur le sol emplissait la salle de miasmes nauséabonds. Au pied de l’autel se tenaient deux personnes dans l’ombre, qui discutaient violemment.
Protégé par un sort d’invisibilité, Eldargil se rapprocha, se frayant un passage au travers des pics.
Amateur de pétanque céleste

Prélude dans les îles désertes de Sheogorad Chapitre 1 terminé, la suite en cours.
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#4 yolol

yolol

Posté 27 août 2004 - 19:15

:D  :D  LA SUITE ! LA SUITE!

#5 Choucha8

Choucha8

Posté 27 août 2004 - 20:12

Oui oui la suite!! :D
Mais je peut rien y faire...Image IPB

Mon mods : http://www.wiwiland....opic=17786&st=0

#6 Alzender

Alzender

Posté 06 septembre 2004 - 19:46

Splendidement écrit  :arrow:

Avec un suspense digne des feux de l'amour en plus !! :)

Nan sérieusement moi aussi j'attends la suite c'est excellent  :arrow:

#7 Elundel Ainaromen

Elundel Ainaromen

Posté 24 juillet 2005 - 22:15

La progression était loin d’être aisée. Au sol, un bourbier ocre – Eldargil préférait en ignorer la composition – collait à ses bottes, le forçant à ralentir sa marche. Il évitait ainsi de projeter des gerbes de la substance nauséabonde à chacun de ses pas. Malgré cela, un observateur attentif aurait pu déceler sa présence, trahie par les cercles concentriques qui se formaient autour des ses pieds. De plus, le sang qui perlait des corps ruisselait sur son armure, y créant de fines zébrures noirâtres qui semblaient alors voltiger de leur propre gré dans l’espace confiné de la salle. Ce qui se devait être une avancée rapide se voyait réduit à une tentative laborieuse de passer inaperçu.
Nul ne semblait pourtant le remarquer, ni les bourreaux acharnés sur leurs victimes, ni les deux personnages vociférant sous l’autel. Eldargil se rapprocha d’eux, ne se trouvant plus qu’à quatre mètres de la statue. Elle ne représentait pas, comme il s’y était attendu, un des princes daedras, mais montrait un être entièrement dissimulé sous une cape qui trônait sur un amas de corps entassés, négligemment sculptés. De nombreux trous présents sur l’ensemble de l’œuvre laissaient échapper une lumière vacillante, qui frappait les cristaux incrustés dans les parois. Ceux-ci dispersaient les rayons lumineux, illuminant la voûte rocheuse de multiples taches brillantes. Eldargil eut clairement l’impression qu’on avait tenté de représenter la voûte céleste, avec une différence notable : le présence au centre du dôme de pierre d’un point lumineux bien plus large que le reste, entouré de quatre autres légèrement inférieurs.

- C’EST IMPOSSIBLE ! ON NE PEUT SE LE PERMETTRE !

Eldargil revint brusquement à la scène qui se déroulait devant ses yeux, abandonnant net ses observations. C’était le personnage de gauche, un dunmer au teint halé et au visage ravagé par d’anciennes brûlures, qui venait de crier d’une voie furibonde. Désireux d’écouter la conversation et conscient que son invisibilité arrivait à son terme, Eldargil se plaqua derrière une protubérance rocheuse, surplombant ainsi les antagonistes.
Ce dunmer était vêtu d’une robe de cérémonie pourpre, semblable pour la forme à celle des autres fanatiques. On y avait également dessiné de nombreuses runes noires, identiques à celles des murs. L’homme tremblait de tout son corps, ses mains s’ouvraient et se refermaient compulsivement. Aux lueurs des torches qui crépitaient en dessous de l’autel, Eldargil arrivait à distinguer son visage aux traits crispés, blême d’une fureur contenue, ses yeux fixant l’homme qui lui faisait face. Ce dernier, d’apparence massive, se tenait caché dans l’ombre de l’idole. Eldargil ne distinguait ni son visage, ni un quelconque signe distinctif.  « Sûrement un nordique, d’après sa carrure… », songea Eldargil, mais rien ne lui permettait de le confirmer. Entendant que l’autre se remettait à parler, il se pencha pour essayer de saisir l’ensemble des paroles.
Amateur de pétanque céleste

Prélude dans les îles désertes de Sheogorad Chapitre 1 terminé, la suite en cours.
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#8 Elundel Ainaromen

Elundel Ainaromen

Posté 24 juillet 2005 - 22:17

- Comment peut-il exiger que nous formions d’avantage de troupes dans un délai si cours ? Nous sommes déjà à notre limite ! Nous ne pouvons augmenter encore la cadence ! Vous le savez bien, toute mon âme est dédiée à Sa cause, à notre cause, mais je crains que ce ne soit démence si…
- Tout a déjà été pesé, l’interrompit l’ombre, accompagnant ses paroles d’un geste de sa main. Et tout a déjà été décidé. Vous le savez, Mannar, votre rôle se borne à exécuter les ordres, pas à les discuter. Voici précisément en quoi va consister votre prochaine tâche, puissiez-vous mettre autant d’ardeur à la concrétiser…
Fouillant dans une de ses poches, le présumé nordique sortit un rouleau de parchemin scellé qu’il tendit à Mannar. Ce dernier le prit, brisa le sceau et déroula le parchemin, commençant à le lire. Eldargil eut l’impression que le visage sombre du dunmer palissait à mesure qu’il avalait les lignes. Arrivé en bas de la feuille, Mannar releva ses yeux, le visage blême.
- Mais… mais… c’est de la folie pure, bafouilla-t-il… Toutes les précautions que nous avons prises jusqu’à maintenant n’auront servi à rien… Ils vont s’apercevoir des disparitions si nous procédons ainsi…
- Les autres Dol Shads ont reçu les mêmes consignes, et ce sans faire autant de simagrées que vous, Mannar, répliqua l’ombre d’un ton glacé.
- Ce n’est pas pareil, se hasarda Mannar, maintenant sur la défensive. Ceux de l’Ile-mère s’approvisionnent chez les Cendrais, des tribus nomades… La situation n’est pas comparable, eux n’ont aucun risque de voir la Légion ou le Temple s’intéresser à leurs activités…
- Il suffit, Mannar ! Seriez-vous en train de tenter de me faire comprendre que votre foi n’est plus que lambeaux, ou que votre fidélité devient vacillante ? Quelle tristesse, mon ami, ajouta-t-il en voyant Mannar interdit… Et quelle sera la peine de notre Maître en l’apprenant…
Mannar tomba à genoux, s’empressant de se prosterner devant l’autre.
- Je suis un fidèle parmi les fidèles, dit-il d’une voix tremblante, je suis celui qui suit, celui qui reçoit la lumière de…
- Epargne-moi tes gémissements pathétiques, siffla l’autre qui le toisait. Dans sa voix perçait un mépris non déguisé. Son Verbe est tout, tu le sais ! Rappelle toi… Le parjure ne connaîtra que souffrance…
- Car même la mort ne l’arrête pas, acheva Mannar dans un murmure.
- Bien… relève-toi à présent, et que ta foi ne vacille plus. Sinon tu risquerais à ton tour de prendre place sur un de ces piques.
- Oui, répondit Mannar, la voix éteinte, tout en se relevant.
- Nous sommes liés à lui par le sang, ne l’oublie pas.
Ce disant, le nordique sortit une dague et, attrapant le bras du dunmer, l’abattit d’un geste sec. Mannar poussa un gémissement. Du sang s’écoula de la plaie, imbibant la tunique de l’elfe noir. Le nordique y passa son doigt, qu’il porta à sa bouche.
- Ton sang a le goût de la peur, Dol Shad… De la peur et de la culpabilité. Tu ne crains pourtant rien… tant que ta foi reste intacte.
Soudain, un grand bruit se fit entendre de l’autre côté de la salle. Un personnage vêtu à l’identique de celui qu’Eldargil avait carbonisé entra en trombe et s’avança vers l’autel.
- Que ce passe-t-il ? aboya Mannar qui venait en l’espace d’un instant de retrouver toute sa superbe.
- Je viens du couloir des pleurs, haletât l’homme tout en reprenant son souffle. Tora est mort, il a été assassiné ! Il y a un ver un notre sein !
Amateur de pétanque céleste

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#9 Elundel Ainaromen

Elundel Ainaromen

Posté 23 août 2005 - 19:36

A ces paroles, Eldargil sentit ses doigts se crisper sur la paroi poreuse. Quel idiot il avait été ! Emporté par l’excitation qui avait suivi la découverte du parchemin, il avait complètement oublié de se débarrasser du corps de la sentinelle, ou plutôt de ses cendres. « Une erreur de débutant, ragea-t-il contre lui-même. Et son prix m’a l’air particulièrement salé… » En effet, une dizaine de gardes portant des tabards noirs sous des mailles rouges accompagnaient celui qui apportait la nouvelle, leurs épées d’argent dégainées. Eldargil aurait mis en gage sa hache fétiche qu’il en grouillait désormais autant dans chaque couloir qui bordait la zone.

L’annonce de la mort d’un des membres de sa soldatesque ne sembla pas du goût de Mannar, qui s’empressa de beugler des ordres à ses pantins :
- Karsh, envoie des groupes de Sang Guidés aux Portes du Renouveau, ainsi qu’aux principaux carrefours entre les galeries de la grotte. Qu’ils éteignent toutes les sources de lumières, puis qu’ils filtrent tous ceux qui tentent de passer. Place sous le commandement des prélats  les Eveillés de la dernière génération, qu’ils les utilisent pour ratisser tous les boyaux. Qu’ils retournent chaque caillou ou qu’ils se cassent les dents sur les colonnes de pierres, peu m’en chaux, mais j’exige qu’on ait mis la main sur ceux qui ont eu l’audace de profaner notre sanctuaire. Ils envieront bien assez tôt le sort qu’ils ont réservé au fidèle Tora…

Karsh s’éloigna rapidement, suivit de ses hommes d’armes. Mannar se retourna vers son ancien interlocuteur, arborant un air à mi-chemin entre la fureur et l’appréhension. Derrière eux régnait une agitation semblable à celle d’une fourmilière qui se serait fait piétiner. Les fanatiques avaient interrompu leurs taches infâmes pour participer aux recherches, les suppliciés étaient retombés dans le silence. Seul résonnait l’écho amplifié d’innombrables bottes foulant la roche humide. De temps à autres, le cri d’un soldat transmettant les ordres du Dol Shad s’élevait au-dessus du tumulte général, puis s’évanouissait aussitôt. Les lueurs des torches donnaient à la scène un aspect fantomatique, les ombres projetées sur les murs et les reflets des armures vacillant au gré des vas et viens. Eldargil savait malheureusement que ce n’était pas un cauchemar éveillé qu’il faisait, et qu’il ne lui suffirait pas de plonger la tête dans un baquet d’eau pour s’en extirper. Jamais de sa vie il ne s’était retrouvé dans une telle situation, et, par les dieux, il n’avait aucune envie de partager le sort des pauvres diables qui semblaient servir de défouloir à ces sadiques.

Entre temps, la conversation avait repris entre l’elfe noir et son mystérieux invité. Eldargil se pencha d’avantage pour parvenir à saisir ce qui se racontait, car ils s’exprimaient maintenant à voix basse, ne destinant leurs paroles qu’à eux-mêmes.
- C’est une catastrophe, soutenait Mannar, cette intrusion montre qu nous avons été découverts. Nous allons devoir stopper nos préparatifs et évacuer les lieux.
- Ne t’affole pas, repris l’autre sur un ton monocorde. Pour pénétrer en ces lieux, il faut franchir les portes du Renouveau, qui ne sont visibles que lorsque le soleil est au zénith. Les Vigilants n’auraient jamais laissés passer quiconque sous leurs yeux. Et comme il est nécessaire de se mettre à découvert pour passer devant les portes du Renouveau…
- Pourtant le fait est là, répliqua le Dol Shad ! Tora est mort, et des rats rampent dans l’ombre ! Il faut croire que ce ne sont pas de simples promeneurs, ils ont réussi à éliminer un veilleur si facilement ! Je crains que…
- Un Veilleur est mort, c’est vrai, l’interrompit le nordique, toujours sur le même ton. Mais le fait qu’il ait été tué montre qu’il les a surpris, sinon pourquoi ne pas s’attaquer à ceux des portes ? Or, si le Veilleur du couloir des pleurs a été capable de les surprendre, pourquoi pas ceux des portes ? Fais fonctionner tes méninges, Mannar. Ils n’auraient pas pu inaperçu par les portes du Renouveau, même invisibles.
- Mais alors comment ? Comment venir ici et surtout pourquoi ?
- Le motif, je ne le connais pas. Peut-être est-ce en effet suite à des erreurs de ta part… » Le nordique leva le doigt pour couper court aux protestations de l’elfe. « Mais peut-être pas. Ils peuvent être là dans un tout autre but. Une chose est sûre, c’est que maintenant ils ont découvert une partie de nos installations du Nord de l’Ile-mère. Il est hors de question qu’ils rapportent ce qu’ils ont vu. Je compte sur toi pour faire le nécessaire vis-à-vis de ces intrus. » Mannar s’inclina. « Quant au moyen qu’ils ont utilisé pour entrer, reprit-il, je pense qu’il a un lien avec les secousses qui ont parcouru la terre il y a trois nuits de cela.
- En quoi l’action des forces primordiales aurait pu aider ces parjures, s’enquit le Dol Shad ?
- Rends-toi dans le couloir des pleurs, là où ton larbin est mort, tu risques d’y avoir des surprises…

Mannar regarda quelques instants l’homme qui lui faisait face, hésitant, puis s’inclina derechef. Il se détourna et héla d’une voix forte trois hommes en robes pourpres et cuivres restés dans l’ombre, un bréton et deux dunmers, qui accoururent à l’instant. Le nordique avait quant à lui rabattu sur sa tête et ses épaules une lourde cape noir aux entrelas d’or, et s’était avancé dans la lueur des flammes. D’où il se trouvait, Eldargil ne distinguait pas son visage, juste des cheveux blonds qui voltigeaient désordonnés sous sa capuche. L’homme alla se placer devant l’autel, face au personnage représenté.
- Je retourne vers mon maître, annonça-t-il une fois aux pieds de la statue, afin de lui rendre compte de l’avancée de nos travaux. L’Etoile du Nord ne tolère aucun retard, Mannar, garde le bien en mémoire. Je veux qu’à mon prochain passage, je puisse constater le fruit de ton labeur. Et avoir l’explication de cette intrusion, également. Tu as reçu tes ordres, Dol Shad. Sur ce, à plus tard.
- Puisse-t-Il guider vos pas, seigneur Njoran…

Mais avant que l’elfe noir n’ait eu le temps de terminer sa bénédiction, Njoran avait plaqué ses mains contre le visage d’un des corps sculptés. L’espace d’un instant, rien ne se produisit. Soudain, une intense lumière bleue se saisit des mains du nordique, puis du reste de son corps, qui semblait briller d’un feu intérieur. Aussi soudainement qu’elle était arrivée, la lumière se retira, comme aspirée par la statue. Les cristaux qui tapissaient la paroi se mirent à briller, et dans un bruit de tonnerre le corps de Njoran se volatilisa. Tournant les talons, Mannar se dirigea rapidement vers le couloir d’où était sorti Eldargil quelques instants plus tôt, suivit de près par ses acolytes. Une fois ceux-ci engloutis dans les ténèbres, Eldargil se retrouva seul dans la nef principale, avec toutefois pour compagnons les mourants qui gémissaient dans leur agonie.

Encore hébété par ce qu’il venait de voir, Eldargil se laissa glisser précautionneusement sur le sol mou. Il en avait appris autant qu’il le voulait, mais ça allait être une autre paire de manche de rapporter ce qu’il savait à quelqu’un. D’après ce qu’il avait pu entendre, des sbires pullulaient dans les galeries, et le dénommé Mannar lui coupait la retraite en occupant la faille par où il était rentré. Mais après tout, le fait que tout ce monde le cherchait ailleurs lui laissait une zone de manœuvre appréciable dans cette salle.

Inspectant les environs, il repéra un vieux coffre en bois aux contours de fer élimés qui semblait verrouillé. Il se dirigea vers lui, et fit sauter la serrure à l’aide d’un sortilège simple. A l’intérieur trônaient de nombreux parchemins. Certains étaient des versions intactes de celui qu’il avait trouvé sur le corps du Veilleur, d’autres semblaient être des ordres de missions adressés au Dol Shad. Ils indiquaient où devaient avoir lieu des attaques sur des villages côtiers, qui devaient se solder par la capture des habitants. « Autant de preuves, songea Eldargil, qui me seront utiles pour convaincre ceux de la Légion ou du Temple que je n’ai pas forcé sur le soukma avant de leur parler. »

Il sortit un sac en toile brune de sa poche, et y fourra les différents rouleaux. Avoir en avoir vidé le coffre, il s’aperçu qu’un pendentif noir reposait contre le fond. Rond et plat, il était incrusté de minuscules runes et semblait irradier de magie. Eldargil le fourra à tout hasard dans une poche afin de l’étudier plus tard, et rabattit le couvercle du coffre. Il ferma son sac en y faisant un nœud, puis l’accrocha à sa ceinture à l’aide d’une cordelette. Il avait maintenant de quoi démontrer aux autorités la véracité de ses dires, ce qui lui vaudrait sûrement une bonne récompense. De même, l’honneur qu’il en tirerait serait énorme. Les œufs d’or commandés par le mage telvani attendraient, l’affaire présente pesait plus lourd dans la balance de son jugement. Que valaient quelques kilos d’or, mêmes magiques, contre la survie d’un peuple ?

Réfléchissant à ces considérations, Eldargil jeta un coup d’œil aux alentours : tout était aussi calme que l’endroit le permettait. Finalement, la magie lui semblait le meilleur moyen de s’évader sans encombre de ce traquenard. Localisant en pensés sa destination, il puisa dans ses réserves l’énergie nécessaire à un sort de rappel. Mais au lieu de l’englober, l’énergie du sort explosa en un millier d’éclats scintillants qui filèrent droit vers la statue, la faisant vibrer à ses fondations. Son incantation venait d’échouer, et c’était bien la première fois que cela lui arrivait alors qu’il était en pleine forme. Craignant que sa concentration ne soit entachée par les événements récents, Eldargil sortit d’une de ses poches un parchemin d’intervention divine. Aucun risque d’échec avec ça. Pourtant, quand l’énergie emprisonnée dans la feuille se répandit dans la pièce, le résultat fut le même, à la différence notable qu’un grondement assourdissant monta de la statue et se répercuta sur les parois de la grotte.

Eldargil, légèrement sonné par le bruit, balaya du regard les différentes entrées qui donnaient sur la salle où il se trouvait. A sa plus grande horreur, il put voir que le boucan qu’il venait de faire n’était pas passé inaperçu. Déjà, des fanatiques se ruaient dans sa direction, accompagnés de zombis dont les faces torturées rappelaient vaguement qu’ils avaient étés un jour humains.

« Voilà donc le sort qu’ils réservent à leurs éveillés, constata Eldargil avec une moue de dégoût. » Un chose était certaine, il entendait bien en emporter autant que possible avant de tomber. Il recula jusqu’à sentir le dos de son armure cogner contre le socle de la statue. Elevant les mains, il lança plusieurs sortilèges qui projetèrent en arrière les premières lignes adverses. Les zombis retombèrent sur leurs camarades, qui les accueillirent à grand renfort de cris. Eldargil dégaina sa hache, attendant de pied ferme ceux qui avaient réussi à échapper à ses explosions. Jetant un regard par-dessus son épaule, il aperçut l’idole qui semblait le toiser de toute sa hauteur. Dans son esprit apparu l’image du maître de la guilde des guerriers de Sadrith Mora, lorsqu’il lui avait confié cinq jours auparavant la tache de retrouver les œufs. De dépit, il assena un violent coup de poing à la sculpture, qui ne broncha pas pour autant. Mais avant qu’il ait pu retirer sa main pour raffermir la saisie de sa hache, un halo bleu vint l’entourer, puis entoura son bras, puis son épaule… Le mana brut remontait inéluctablement. Les contours de la pièce et les figures de ses ennemis déformées par la haine semblèrent alors s’estomper, chaque trait se mélangeant pour ne plus former qu’un brouillard dense tout autour de lui.

Bien qu’il lui semblait avoir encore une chape de plomb autour de la tête, un parfum familier de viande grillée, de cuir graissé et de poussière de métal assailli ses narines. Sa vue s’éclaircissait lentement, il reconnaissait désormais plusieurs visages familiers tournés vers lui. Retrouvant l’ensemble de ses facultés, il vit qu’il se trouvait dans une vaste salle de château au parquet criblé d’entailles. Il n’y avait plus de statue, de zombi ou de grotte. Plusieurs hommes étaient assis autour d’une cheminée, où étaient au-dessus suspendues des épées aux motifs attaqués par la rouille. Des armures de diverses contrées s’alignaient sur des chevalets contre le mur adjacent à la porte. En dessous des larges fenêtres du mur opposé par lesquelles filtrait la lumière du jour étaient montés quelques lits. Il était revenu au siège de la guilde des guerriers de Sadrith Mora, dans le château du grand complexe du Serval.

Nadir, un guerrier rougegarde qu’Eldargil connaissait bien, était assis autour du foyer crépitant, et l’apostropha gaiement : « Hé, Eldargil, tu tires vraiment une sale tronche ! Qu’est-ce qui t’arrive ? T’as réussi à mettre la main sur les oeufs que le chef t’avait demandé ? »
Amateur de pétanque céleste

Prélude dans les îles désertes de Sheogorad Chapitre 1 terminé, la suite en cours.
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