Portée par les vents de Kynareth, la Prophétesse d’Akatosh parachèvera son apprentissage dans la seigneurie de Balgruuf le Grand. Parcourant d’incroyables distances grâce au souffle de la Déesse de l’Air, elle traquera sans relâche les hors-la-loi. D’un cheval elle en sera récompensée. Sa réputation rayonnera à travers Blancherive.
Morndas 24 Vifazur, 201ème année de la 4ème Ère
La revanche du Thalmor
J’eus du mal à dormir. Toutes les paroles d’Akatosh me troublaient… Surtout celle me disant que j’étais le frère d’Alduin… Je me remémorais le miracle d’Helgen.
– Alduin ? ALDUIN
Le Dragon m’avait épargnée et ses pensées me furent dévoilées à ce moment précis.
… Connais le Mot et tu contrôleras la chose ! entendis-je dans mon rêve. Cette phrase résonnait en moi. Aurais-je formulé le Vrai Nom du Dragon pour l’avoir perturbé à ce point ?
– Grâce au lien de sang qui t’unie à eux, tu en as le pouvoir. Le prononcer brisera les barrières mentales entre la créature et toi, ce qui le rendra vulnérable.
Lorsque l’aube pointa, je remerciai Hod et Gerdur pour leur hospitalité. Estimant qu’il ne valait mieux pas déranger Faendal pour le moment, je décidai de préparer un voyage pour Blancherive.
Après m’être lavée dans l’eau glaciale de la Rivière Blanche et pris un bon petit déjeuner à l’Auberge du Géant Endormi, ma longue course vers la Cité-État débuta. Quinze lieues à parcourir déplorais-je… J’aurais bien aimé jouir encore du Souffle de Kynareth.
Trois heures plus tard, je croisai le chemin de trois Thalmors escortant un prisonnier Sombrage. Ça sent le roussi… pensais-je.
Ajustant ma capuche pour ne pas me faire reconnaitre, je les dépassais promptement… Cependant, le prisonnier me supplia lorsqu’il me vit :
– Pitié, aidez-moi !
– Tais-toi chien de Sombrage et avance !
Le Justiciar le frappa et le molesta. Cela me révolta :
– Pourquoi faites-vous cela ?
– Notre mission est de nous assurer que l’Empereur ne mentait pas à ses Maîtres elfiques lorsqu’il a accepté de signer le Traité de l’Or Blanc. Sur ordre de l’Ambassade du Thalmor, nous veillons scrupuleusement à son application. Merci de ne pas interférer dans nos affaires officielles.
Malgré son injonction, je ne cédai point :
– La maltraitance de cet homme est-elle justifiée ?
– Ce prisonnier est accusé d’honorer les faux dieux et d’avoir des croyances infondées. Par conséquent, nous allons le rééduquer. Il doit abandonner son culte, car notre sang est plus noble que l’homme qu’il révère.
– Est-ce que tous les Thalmors ont une aussi haute opinion d’eux ?
Le second Haut-Elfe, légèrement agacé tout comme moi, me l’affirma :
– Notre supériorité aux hommes est un fait établi ! Quant à cette croyance en Talos, le soi-disant neuvième Divin… sachez qu’il ne fut qu’un misérable humain ! Par conséquent, il est immoral et interdit de l’honorer ! Mais vous êtes une Haute-Elfe, non ? Vous devriez savoir tout ceci.
Je perdis mon sang-froid.
– En quoi vous donnez-vous le droit d’imposer vos croyances aux autres peuples ?
– Honorez-vous Talos, traître à votre race ?
– Attendez… soupçonna le troisième Thalmor tout en scrutant mon visage. Vous êtes l’Hérétique Draconique ! Saisissez-vous d’elle !
– Caivo Angaina !
– Caivo Nornova !
– Íta Narsaina ! Que votre sang coule !
L’explosion de feu me brûla sérieusement. Ils étaient trop forts !
– Estónë !
Parallèlement, je voulus aider le prisonnier en tentant de lui passer une arme, mais il ne savait guère se battre. Presque aussitôt, une épée Thalmor lui transperça la poitrine.
– Saleté de prisonnier ! Il n’a eu que le sort qu’il méritait ! clama un Justiciar. Maintenant, tu es à nous Hérétique Draconique !
– Nous allons écourter ta misérable existence !
Sans Faendal, je craignais pour ma vie : le premier combat contre eux avait été trop éprouvant pour moi ! Courant aussi vite que le vent, je fuis en direction de Blancherive. Si je réussis à atteindre les Deux Ponts, la Garde pourra m’aider !
Une boule de feu fusa à ma droite.
– Il est temps que tu m’aides… Airellë Melvëava !
Un loup fantomatique apparut à mes côtés. Il chargea les trois Thalmors, mais mes ennemis le renvoyèrent dans l’au-delà au bout de trois coups.
– Tout chien a besoin d’un maître ! jura l’un de mes ennemis tout en achevant mon Familier.
Un autre Justiciar lança sa contre-attaque :
– Airellë Animova Uruva !
Un Atronach de Feu surgit de l’Oblivion.
– Poursuis cette fuyarde mon allié !
Grâce à sa légèreté ardente, le Daedra me rattrapa bien vite.
– Íta Narsaina !
Je sentis de nouveau le roussi…
– Airellë Melvëava !
Pourvu que ce Familier ait plus de chance que le premier…
– Íta Narsaina ! Brûle Hérétique ! Tu es à notre merci !
Il m’enflamma. Gravement blessée, je n’eus plus le choix. Inspirant un bon coup, je plongeai dans la Rivière Blanche juste à côté ! L’eau me préservera du feu et m’aidera à mieux y résister.
– Malédiction ! Elle s’est cachée dans les eaux !
– Ne la perdez pas de vue imbéciles ! Cherchez-la ! Elle va forcément descendre la rivière.
De mon côté, je me laissai emporter par le courant tout en me soignant. Me faire happer par les rapides était dangereux, mais ce fut le seul moyen de leur échapper.
Cinq minutes plus tard, je repris pied sur la terre ferme. Je pensai les avoir semés. Il n’en fut rien.
– Te voilà traitresse à ton sang !
Les Thalmors me talonnèrent et continuèrent de faire couler mon sang. Cependant, je réussis à atteindre les Deux Ponts. Tant bien que mal, je réclamai assistance aux forces de l’ordre :
– Gardes ! On m’attaque !
– Une autre boule de feu me frôla.
– Par tous les dieux ! constata un Garde de Blancherive ! Des criminels agressent cette femme !
Les trois guerriers présents s’apprêtèrent à faire les sommations aux Justiciars, non sans une certaine appréhension.
– Faut-il les arrêter ? Ce sont des Thalmors !
– Bien que nos chances soient faibles, il en est de notre devoir de faire respecter la loi, répondit un autre Garde, résigné.
– Je suis Fëalóciel, et je vous aiderez à les arrêter, leur glissai-je.
L’évocation de mon nom donna du courage aux trois guerriers.
– Merci madame. Puisse les Dieux nous protéger.
Le chef des Gardes s’interposa entre moi et les trois Thalmors.
– Halte !
– Hé, pousse-toi de là sale vermine Nordique ! Nous avons une hérétique à abattre !
Impassible, le Garde poursuivit :
– Au nom du Jarl, nous vous arrêtons pour Agression et Outrage à la Garde. Payez une amende de cinquante septims chacun ou vous aurez le droit à un séjour à Fort-Dragon. Les biens que vous avez volés seront appréhendés.
Tiens, eux aussi font une fixation sur les objets volés ? pensais-je avec amusement… Il faut croire que c’est la mode lors des arrestations en Tamriel, même lorsque le crime dont on est accusé n’a aucun rapport avec le vol.
Le Justiciar en capuche finit par cracher :
– Nous sommes des agents du Thalmor, et vous nous devez obéissance au nom de l’Empereur. Rendez-nous l’Hérétique ou votre Jarl regrettera son insubordination !
– Alors vous le paierez de votre sang !
– Tremblez devant les Thalmors !
Les épées furent brandies et le feu dansa. Attirés par le bruit du combat, deux Gardes non loin d’ici se jetèrent dans la mêlée.
– Voilà que la Garde de Blancherive s’en mêle ! Nous avons six ennemis contre nous ! jura le Chef Thalmor.
– Non, sept ! répliquai-je. Airellë Melvëava !
La chance tournait ! Pour mon plus grand bien, l’Atronach de Feu et les trois Hauts-Elfes furent distraits par la Garde et mon invocation.
– Rrrraaaaarrggghhhh ! hurla un guerrier de Blancherive. Il avait tué le premier Thalmor : celui que j’avais le plus affaibli.
Cependant, le répit fut de courte durée : le second Thalmor en armure me prit en chasse !
– Ma lame veut se rassasier de ton sang…
– Viens m’affronter en combat singulier si tu es si hautain que tu le prétends !
– Íta Narsaina !
– Estónë !
Je me précipitais sous le pont pour esquiver le sort tout en me soignant. S’il voulait me brûler, il faudra qu’il se mouille.
Le Thalmor hésita… À l’affût derrière un des piliers, j’attendis qu’il commette l’erreur.
– Íta Narsaina !
– Tinwi !
– Aggghh !
D’une pierre trois coups : non seulement l’eau affaiblissait ses sorts de Feu, mais en plus le rendrait vulnérable à la Foudre ! Enfin, ses réserves de Mana furent détruites. Je fus fière de ma stratégie.
– Tuormë !
N’offrant guère la moindre résistance à mon sort, le Haut-Elfe fit demi-tour et partit cogner tout le monde au-dessus des ponts.
– Estónë !
Ce répit salutaire me permit de maîtriser la Régénération et ainsi d’accroître ma puissance de Guérison.
Une fois soignée, je me replongeai au cœur de la mêlée. Toujours sous l’effet de la Furie, le second Thalmor ne survécut guère longtemps aux assauts des cinq Gardes. Quant au Justiciar encapuchonné, il finit par rendre l’âme avec son Atronach de Feu malgré sa résistance héroïque.
– Est-ce que tout va bien ? demanda un Garde à ses collègues.
– Moi, ça va. J’ai juste quelques bleus.
– J’ai des brûlures et des lésions. Je ne pourrai plus combattre dans cet état.
Le Capitaine fit le constat. Deux de ses hommes avaient besoin de soins. Heureusement qu’il n’y avait aucun mort.
Après avoir examiné leurs blessures, il me demanda :
– J’ai vu que vous savez vous restaurer. Pouvez-vous guérir mes hommes ?
– Malheureusement, je n’ai pas encore assez d’expérience pour soigner les autres.
– Il faut donc les envoyer au Temple de Kynareth. Pouvez-vous les accompagner là-bas avec l’un de mes hommes ? Danica Pure-Source ira guérir leurs blessures.
– D’accord.
– Ce fut un plaisir d’avoir combattu à vos côtés dame Fëalóciel. Si ces Thalmors avaient survécu, ils auraient entraîné des fâcheuses répercussions politiques en nous dénonçant à leur Ambassade. Que tout ceci reste entre les murs de Blancherive. Nous allons cacher ces corps. Vous pouvez les dépouiller si vous le souhaitez.
– Merci.
Je me réjouissais d’avoir enfin trouvé une armure digne de ma race… Cependant, mon bonheur fut de courte durée : aucune d’entre elles ne m’allaient. Toutes étaient conçues pour des hommes et non pour des femmes. Malgré tout, je pris l’équipement elfe : cela pourra être revendu à bon prix.
M’apprêtant à partir avec les blessés, le Capitaine des Gardes me glissa :
– Personnellement, je déteste le Thalmor. La Châtellerie de Blancherive n’a pas de compte à leur rendre.
Modifié par Amras Anarion, 27 janvier 2012 - 22:15.