Le premier agrippa les deux brétons par la manche pour les forcer à avancer, tandis que le second fermait la marche, un poignard quelque peu rouillé à la main pour stopper celui qui était encore valide, s'il lui venait à l'idée de s'enfuir... Neydann, désemparé, jeta un dernier regard à la pente dans laquelle se trouvait son colis, pour essayer d'en mémoriser un maximum de détails. Il fallait absolument qu'il soit capable de revenir ici... si on en lui laissait l'occasion.
Les paroles qu'avait prononcé Orintur lorsqu'il lui avait confié le Parchemin à Cheydinhal lui revinrent à l'esprit : "D'après Falcar, ce parchemin renferme une puissance phénoménale. Il est plus important que ta propre vie". Ce n'était plus seulement une question d'honneur, ou de réputation. Si Falcar lui-même considérait ce Parchemin comme particulièrement dangereux, qui sait quelle catastrophe pourrait arriver s'il était utilisé par un inconscient...
Après quelques minutes de marche, Talindar, voyant la mine déconfite de son voisin, se pencha légèrement vers lui pour lui demander :
- Qu'est ce qui vous arrive? Mis à part le fait que ces Argoniens ont l'air d'être effrayés par quelque chose et que nous sommes forcés de les suivre, la situation est loin d'être dramatique. Rayingald et Llenrayn doivent d'en être sortis avec les loups, enfin je l'espère ...
Neydann marmonna, d'un ton presque plaintif :
- Qu'est-ce que j'en ai à faire de ces deux-là... S'ils ne viennent avec ni ma jument, ni le parchemin, il vaut encore mieux qu'ils y restent.
À peine avait-il fini sa phrase que Neydann ressentit une douleur fulgurante remonter le long de sa jambe. Contrairement à ce qu'il avait cru, le cognac administré par Talindar en guise d'anesthésiant avait bel et bien eu des effets, et ceux-ci commençaient à se dissiper. Au fil des mètres, cette douleur devint de plus en plus insupportable. Quelques pas plus tard, le bréton sentit sa jambe se dérober, et s'étala de tout son long, face contre la terre boueuse recouverte de broussailles.
Le groupe s'arrêta, et l'argonien au poignard s'agenouilla à côté de Neydann. Tout en agitant son arme au dessus de lui comme le ferait un enfant avec un jouet, il jeta un coup d'oeil au chef :
- Celui-çççi nous ralentit trop. Nous ferions mieux de nous en débarassser tout de sssuite, et de laissser son corps dans les fourrés. Qu'est-ccce que tu en dis?
Le grand argonien noir plissa les yeux, et, en guise de réponse, lui asséna une violente tape sur l'arrière de la tête :
- Ce n'est pas parccce que nous sssommes maintenant ausssi libres qu'eux qu'il faut nous comporter comme eux. Il n'est pas quessstion de tuer des prisonniers.
Le troisième argonien, apparemment lui aussi impatient de reprendre lui aussi une marche plus active intervint à son tour :
- Nous n'avons qu'à le laissser ici alors. De toute façççon, nous n'avons pas grand chose à craindre, il sssera mort d'ici demain dans cccet état.
Modifié par Krenka, 07 juillet 2008 - 15:54.