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[h] L'ironie Du Sort


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1 réponse à ce sujet

#1 RirlainMagislain

RirlainMagislain

Posté 23 août 2007 - 18:53

Lorsque Itius Dotius releva la tête pour s'essuyer le front, il vit que le jour déclinait. Impérial pur et dur, il était de bonne constitution, de taille moyenne, brun aux yeux bruns, les cheveux en relâché colovien. Fils de fermiers de génération en génération, il n'avait toutefois jamais connu de temps aussi difficiles.

-"Et une de plus..." commenta le fermier tout en balayant son champ du regard.

L'hiver avait été très rude, et il fallait à Itius donner le meilleur de lui pour le printemps, afin d'affronter un été qui s'annonçait caniculaire. L'ombre des collines commençait à recouvrir les plaines au fur et à mesure que le soleil se couchait.
Itius prit le chemin de la ferme, exténué par la journée de labeur, les pensées tournées vers sa femme et son fils, désireux de les voir heureux et à l'abri du besoin. Mais la réalité était là... la vie à la ferme était dure ces derniers temps, les impôts ne cessaient d'augmenter et l'hiver n'avait pas arrangé les choses concernant les récoltes. Le fermier était à bout de forces, se démenant comme un dingue pour finalement ne récupérer que quelques miettes. Cela ne pouvait plus continuer ainsi.

Les Hautes-Terres Coloviennes étaient resplendissantes en cette saison et formaient un véritable havre de paix. Les plaines s'étandant à perte de vue, verdoyantes sous un soleil radieux et caressées par une brise légère et agréable, s'écrasaient telle une vague sur les récifs des montagnes.

Silas, le fils d'Itius, aimait s'allonger à flanc de colline, pour rêvasser toute la journée: Il voyageait sur le dos d'un magnifique cheval, traversant des contrées lointaines. Arborant une armure digne des plus grand héros, il était salué par la foule lors de son passage...
Contemplant le paysage, il revint à la réalité lorsqu'il vit son père, sur la colline d'en face, qui rentrait des champs. Il n'avait pas vu le temps passer et allait être en retard pour le dîner...

-"Tu n'a pas vu Silas sur le chemin ?" demanda, avec un soupçon d'angoisse, Mirianna, la femme d'Itius, voyant qu'il rentrait dans la cuisine. C'était une impériale grisonnante, entre deux âges, où plutôt vieillie prématurément par la rudesse de leurs vie. Elle avait dû être belle dans sa jeunesse, mais le temps avait eu raison d'elle.
-"Non, je ne sais pas où il est", répondit Itius tout en s'affalant maladroitement sur une chaise.
-"Raaa, où est-ce qu'il a bien pu aller encore une fois ?! J'éspère qu'il ne lui est rien arrivé... le jour se couche, et la région grouille de bêtes sauvage lorsqu'il fait noir, tu ne pourrais pas..."
-"Mais non ne t'inquiète pas. Il devrait rentrer d'une minute à l'autre..."
-"Il a plutôt intérêt !"
conclua sèchement Mirianna.

Et justement, la porte s'entrouvit, laissant apparaître Silas, essouflé d'avoir couru pour tenter de rattraper son père.

-"Ah te voilà toi ! Où étais-tu passé ?" demanda sa mère sur un ton autoritaire.
-"J'ai pas vu l'temps passer, c'est quand j'ai vu papa partir des champs que j'ai couru pour rentrer" répondit-il prenant un air de chien battu.
-"Encore en train de rêver hein ? Et quand est-ce que tu va venir m'aider aux champs ?"grommela son père. "Tu as douze ans maintenant, tu n'est plus un gamin, il est temps pour toi de travailler, hein ?"

Silas détestait lorsque son père lui parlait comme ça, des "hein" par-ci, des "hein" par-là, "t'est plus un gamin, hein ?" "hein", "hein !". Ce "hein" résonnait dans sa tête tel un marteau sur une enclume.

-"C'est vrai qu'en ce moment on aurait bien besoin de ton aide ton père et moi" ajouta Mirianna.

Cette phrase à elle seule plongea la cuisine dans un silence des plus total. Mirianna servi, comme à chaque repas, de la bouillie de pommes de terre avec pour seul accompagnement une feuille de salade. Itius lui ne quitta pas son assiette des yeux de tout le repas, plongé une fois de plus dans ses pensées. Mirianna et Silas mangèrent en silence, se jetant un regard de temps à autres, ou regardant Itius s'apitoyer sur son sort.

La soirée se termina par une longue discussion entre Itius et Mirianna, demain avait lieu la collecte des impôts, ce qui irritait au plus haut point Itius, qui avait fini par hurler sur Mirianna, qui tentait en vain de le calmer.

-"Et comment on va faire, hein ? Ils nous prennent tout notre argent à chaque fois, il ne nous reste jamais rien, juste de quoi manger ! C'est une honte ! J'en ai ras-le-bol, demain je leur dirai que je ne peux pas payer !"
-"Non ne fais pas ça Itius, on va avoir des problèmes, on en a déjà assez comme ça !", répliqua Mirianna.
-"Et quoi d'autre ? Hein ? Qu'est-ce qu'ils vont nous faire ?", beugla Itius comme si il n'y avait là aucune réponse à sa question.
-"Je t'en prie Itius, calmes-toi..."

Silas quant à lui se trouvait dans sa chambre, il écoutait son père crier et se disait que jamais il ne serait comme lui plus tard, ça non, jamais...

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Contrairement à son habitude, Silas se leva de bonne heure. Après s'être lavé et habillé, il descendit à la cuisine pour y chercher à manger. En y entrant, il y trouva sa mère, Mirianna, occupée à préparer la viande pour le déjeuner.

-"Bonjour mon ange, bien dormi ?" lui demanda t'elle en le voyant entrer.
-"Bonjour maman, oui bien dormi, j'ai rêvé que je quittais la ferme pour partir à l'aventure !" s'enthousiasma l'enfant.
-"Eh bien, eh bien ! Il est dangereux pour un enfant de s'aventurer hors des villes tu sais ? Déjà qu'ici, on est pas en sécurité..." ironisa t'elle tout en tranchant d'un coup de feuille un gros morceau de gibier.
-"Papa est au champ ?" demanda le garçon, ignorant la remarque de sa mère.
-"Oui, il est parti très tôt ce matin, il a beaucoup de travail tu sais, ça lui ferait tellement plaisir que tu ailles lui donner un coup de main."
-"D'accord..."
répondit Silas, résigné mais désireux tout de même, au fond de lui, de faire plaisir à son père.
-"Ah! Ca c'est gentil !" ajouta sa mère, compatissante,"il sera tellement content!"

Silas n'aimait pas travailler dans les champs. A chaque fois qu'il les avait labouré avec son père, le soir il attrapait des cloques aux mains qui lui faisaient atrocement mal. Mais bon après tout, "c'est le métier qui rentre !" avait lancé son père un jour.
Il ramassa sa besace et y rangea un morceau de pain, du fromage, une pomme ainsi qu'une bouteille de bière, pour son père.

-"Au revoir maman !"
-"Au revoir Silas, bon courage !"

Il embrassa sa mère et quitta la pièce. Dehors, le soleil était déjà haut dans le ciel, il devait être dans les neuf heures. La rosée encore présente trempait les chausssures de Silas, ce qui lui donnait une désagréable sensation aux pieds, mais il finit par s'habituer. Les oiseaux chantaient, les papillons virevoltaient, le ciel était bleu, sans aucun nuage. Il n'y avait aucun doute là dessus, la journée s'annonçait belle, et c'est d'un pas enthousiaste que Silas prit la route des champs.

Cette route devait bien faire un kilomètre à tout casser, et passait à proximité de la ferme des Nevlin, un vieux couple de paysans sans enfants, qui eux aussi, avaient bien du mal à joindre les deux bouts ces derniers temps. C'est en passant devant celle-ci que Silas aperçut trois hommes devant la porte, en train de discuter avec le vieux Nevlin. C'était sans doute le collecteur d'impôt, accompagné de deux gardes. Il se rappella la discution qu'avaient eu ses parents la veille au soir, et hâta le pas afin de prévenir son père.

Chose qu'il ne dût pas faire puisqu'il le rencontra à mi-chemin entre les champs et la ferme des Nevlin.

-"Silas ?" s'étonna Itius en voyant son fils, "qu'est-ce que tu fait ici ?"
-"Je venais te rejoindre pour t'aider au champ", répondit Silas.
-"Ca c'est gentil de ta part fiston ! Ca me fait rudement plaisir !" dit-il en prenant son fils par l'épaule.
-"Papa, j'ai vu le collecteur d'impôts chez les Nevlin. Ils vont venir chez nous après ?"
-"Justement" répondit son père, son visage était devenu extrêment sèrieux. "C'est pour ça qu'on s'est croisé, j'allais justement les voir. Attends-moi au champ, je reviens dès que j'en ai fini"

Silas répondit par un signe de tête, conscient de l'importance de la situation, et se mit à marcher en direction du champ. Il se retourna quelques mètres plus loin et regarda son père s'éloigner. Un inquiétude montait en lui tandis qu'il se remémorait la dispute de la veille...

       ______________________________________________________________


Pendant ce temps, Mirianna était encore occupée à la cuisine. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était plus rendue aux champs. Les années passant, ce travail ingrat avait fini par l'user au point qu'elle était tombé gravement malade, et il lui avait fallut beaucoup de temps pour s'en remettre. Depuis ce temps, elle ne s'occupait plus que des travaux ménagers mais continuait à se rendre au marché du village, deux fois par semaine, afin de vendre les récoltes.

Même si les temps étaient difficiles, la ferme dans laquelle ils vivaient était assez spacieuse et de surcroît très confortable. Mais avec l'été approchant et le peu de réserves qu'ils avaient, Mirianna se faisait du soucis. D'autant plus qu'aujourd'hui avait lieu la collecte des impôts. Et après tout, se disait-elle, ils s'en sortiraient; ils s'en étaient toujours sortis. Même lors de la grande sécheresse de 1E270, ils avaient encore de quoi aider les Nevlin, qui manquaient de provisions.

Elle déposa les morceaux de gibier dans un grand bol puis essuya le sang qu'elle avait sur les mains à l'aide de son tablier. Ce fût une bénédiction pour elle lorsque le vieux Nevlin apporta ce matin un quartier de gibier chassé à l'aube, parce que la bouillie de pommes de terre, tout le monde ici en avait gros sur la patate, surtout Itius...

Tout s'annonçait pour le mieux, Itius était partit tôt ce matin, elle n'avait donc pas à subir ses ronchonneries, Silas l'avait rejoint, le temps était magnifique... Seul bémole, la collecte des impôts.
C'est lorsqu'elle pensa ces derniers mots qu'on frappa violemment à la porte. Mirianna alla ouvrir, laissant place à un impérial d'une quarantaine d'année, grand et maigre, squelettique même, des cheveux gomminés, longs et noirs. Il avait la peau aussi blanche qu'un linceul et tirait une tronche d'enterrement, ses yeux rentraient dans leurs orbite, faisant apparaître d'énormes cernes noires. Pour Mirianna, cet individu sinistre était une vision d'horreur. Il était accompagné de deux gardes qui se tenaient derrière lui. D'une voix d'outre-tombe, l'homme annonça:

-"Bonjouur Mâdâââme, Flâvien Faitâââque, percepteur d'impôts, âssermenté par l'Empeureur Belhârzâââ."
-"Bonjour..."
répondit simplement Mirianna, visualisant toute l'abjection de cet être répugnant.
-"Comme vous devez-vous en douter, je pârcours la régioon pour la côllecte de l'impôt côllectif",renchérit-il d'un air hautain.
-"Il faut voir ça avec mon mari, le problème c'est qu'il travaille en ce moment...", lui dit la femme, consternée par son attitude.
-"Voilà qui est fâcheux", dit-il sèchement, "Quand doit-il revenir ?"
-"Je suis là", répondit une voix venue de nulle part.

Les trois visiteurs se retournèrent précipitamment pour faire face à celui qui venait de parler.

-"Monsieur Dôôtius ?", demanda le percepteur.
-"Lui-même", répondit-il d'un ton grave, content de son effet de surprise.
-"Je me nôômme Flâvien Faitâââque, percep..."
-"Je sais qui vous êtes"
, interrompit Itius, "Je n'ai rien pour vous, foutez le camp !"

Le visage du percepteur se transforma puis il fusilla Itius du regard tout en déclarant:

-"Monsieur, payer l'impôt côllectif est obligatoire, si vous ne payez pâs..."
-"J'ai rien j'vous ai dit !"
, cria Itius, "Rien ! C'est tout juste si j'ai de quoi nourrir ma famille ! Bande d'escrocs ! Tout ce que vous savez faire, c'est pomper notre fric ! Allez tous vous faire foutre !"
-"Itius ! Non !", implora Mirianna.

Sur ces paroles, les deux gardes agrippèrent d'une main la garde de leur épée, mais sans la sortir du fourreau; ils étaient prêt à intervenir.

-"Monsieur Dôtius", il avait un peu perdu de son accent bourgeois, ce qui trahissait sa colère. En vérité, il fulminait. "Prôférer des insultes envers un haut fonctionnaire de l'empire est pâssible d'un an d'emprisonnement. Payez l'âmende, où vous irez en prison, et je me verrais dans l'obligation de saisir vos biens !"
-"Mais je n'ai rien pour payer !!! Vous êtes idots ?!"
-"Dans ce cas, vous irez en prison, veuillez nous suivre s..."


Itius devint subitement rouge écarlate en entendant ces paroles. C'en était trop pour lui, le point de non-retour était franchi. Mirianna, elle, assistait totalement impuissante à la scène; tout avait pris des proportions aberrantes. Dans un élan de fureur, Itius sortit une dague de sa ceinture et se lança sur le percepteur en beuglant tel une bête féroce, mais à peine avait-il fait deux pas que les deux lames des gardes pénétraient sa chair de part en part. Son beuglement se mua en une sorte d'étranglement mélangé à un râclement de gorge. Apparemment c'était vraiment douloureux...
Dans un dernier sursaut d'agonie, Itius cracha en plein visage du percepteur une gerbe de sang puis s'affala sur le sol, mort.
Complètement dépassée par les événements, Mirianna hurla de toutes ses forces en voyant son mari se faire tuer. Dans une rage folle, elle se lança sur le percepteur pour le rouer de coups et de griffures. Les deux gardes la maîtrisèrent rapidement, elle se laissa tomber sur le sol, pleurant toutes les larmes de son corps.

-"Si vôtre imbécile de mâri ne s'était pâs jeté sur mooa, tout ceci ne serait jââmais ârrivé !", dit le percepteur, furieux, alors qu'il essuyait le sang sur son visage à l'aide d'un mouchoir de soie blanche devenu rouge.

Mais Mirianna pleurait encore, elle n'entendait ni ne voyait plus rien de ce qui se passait autour d'elle.

-"Je vous laisse quârante huit heures pour réunir lâ sômme que vous nous devez, après quoi, je devrais saisir tous vôs biens". Le sang frotté sur son visage lui avait donné une sorte de teinte, comme si il était bronzé.

Sur ce, le percepteur et ses deux gardes s'en allèrent, en toute impunité, laissant derrière-eux Mirianna, à même le sol, pleurant sur la dépouille de son mari, et maudissant l'empire. C'est alors qu'elle vit son fils Silas sortir d'un buisson non loin de là pour se précipiter vers elle...

Modifié par RirlainMagislain, 12 novembre 2007 - 05:33.


#2 RirlainMagislain

RirlainMagislain

Posté 12 novembre 2007 - 02:26

-"Maman !" cria Silas tout en courant vers elle.
-"Silas ! Mon enfant !" gémit Mirianna tout en serrant son fils dans ses bras.

Et ensemble ils pleurèrent jusqu'à ce que le vieux Nevlin passe par-là, totalement abasourdi en voyant le corps d'Itius. Il ammena Mirianna et Silas chez lui et les confia à sa femme puis retourna à leur ferme pour s'occuper de la dépouille d'Itius.
Même si les Nevlin compatissaient à leur chagrin, ils ne pouvaient rien faire pour aider Mirianna. Ils avaient à peine de quoi subvenir à leurs besoins. Néanmoins, ils les logèrent chez eux le temps que Mirianna réunisse quelques affaires et que la ferme soit saisie.

-"Alors c'est décidé ?" demanda le vieux Nevlin.
-"Vous êtes sûr que vous ne voulez pas rester encore un peu ?" insista sa femme.
-"Non, non merci" répondit Mirianna,"C'est trop dur de rester ici, trop de souvenir... Et puis vous avez déjà fait tellement pour nous... Nous allons marcher jusqu'au village. De là, je vais tenter de trouver une caravane en partance pour la Cité Impériale. Là-bas je ne devrai pas avoir de mal à trouver du travail, la ville est en pleine effervescence."
-"Je vous conduirai à la ville en charette" dit le vieux Nevlin,"C'est la moindre des choses que je puisse faire."
-"Merci beaucoup pour votre aide" dit Mirianna avant de fondre en larmes.

Le lendemain, ils étaient fin prêt pour le voyage.
Assis sur la barrière bordant la ferme, Silas regardait le vieux Nevlin charger la charette du peu d'affaires qui leur restaient. Il n'avait quasiment plus parlé depuis le jour où son père s'était fait tué, ne sachant pas trop s'il était triste ou en colère, les deux probablement. Jamais il n'avait connu de pire moment dans sa vie et même si son père n'avait pas été tendre durant son enfance, il lui manquait terriblement. Dès qu'il avait été en âge de comprendre, il s'était juré de ne jamais devenir comme lui: Dur avec lui même et donc avec les autres, têtu avec çà, et qui-plus-est, de mauvaise foi... Mais maintenant qu'il était mort, tout changeait. Il ne voyait plus son père comme tel.

-"Silas ?"

Il sursauta et revint à la réalité. C'était sa mère qui l'appelait.

-"Silas ! On est prêt, tu viens ?"

D'un geste, il bondit de la barrière et rejoignit sa mère.

-"Va dire au revoir à madame Nevlin, on y va."

Il se dirigea vers le pas de la porte où se trouvait Ismine, la femme de Claudius Nevlin. Elle était, pour Silas, la grand mère par excellence: petite, légèrement trapue, les cheveux gris en chignon, de petites lunettes pour la lecture et vêtue d'une vieille robe de grand-mère par dessus laquelle était attaché un tablier de grand-mère d'un blanc immaculé, ainsi qu'un châle blanc en laine épaisse sur ses épaules.
Il embrassa Ismine.

-"Ah mon petit Silas, tu va nous manquer... Vous allez beaucoup nous manquer." dit la vieille femme non sans verser une larme. "J'éspère que vous nous donnerez des nouvelles."
-"Comptez sur moi, je n'y manquerais pas."
lui répondit Mirianna après l'avoir embrassée.

Puis ils montèrent sur la charette, à côté de Claudius qui ordonna aux chevaux d'avancer.

-"Tu verras Silas" dit Mirianna tout en le serrant contre-elle,"Tout se passera bien."

C'était pour se rassurer elle-même se dit-il avant de se retourner pour voir la ferme des Nevlin s'éloigner tout doucement. Il n'éprouvait aucune appréhension sur ce qui allait leur arriver. Car après avoir grandi à la ferme sans jamais voir l'extèrieur, il ne se doutait pas de ce qui pouvait bien les attendre. D'autant plus que la Cité Impériale était LA ville, grouillante de gens venus de tout Tamriel. Et çà, il avait hâte d'y être. Il avait à plusieurs reprises accompagné sa mère au village pour l'aider au marché, et il se disait que la Cité Impériale, ça devait être pareil, mais en plus grand...

Après deux heures de route en pleine campagne, ils arrivèrent aux abords du village. Ses habitants étaient pauvres car pour la plupart fermiers, mais certains avaient réussi à se faire une place confortable en vendant ce qu'on ne pouvait trouver qu'ailleurs. Bien qu'il ne comptait qu'une petite vingtaine de bâtiments, le village était pour Silas la ville comme il l'avait toujours connue: des inconnus qui allaient et venaient, des mendiants, des commerces par-ci par-là et l'auberge où il y avait, disait son père, des gens peu recommandables.

Claudius descendit et demanda à Mirianna de rester là le temps qu'il aille se renseigner sur les départ vers la Cité Impériale. Silas le regarda traverser la rue toute poussièreuse pour entrer dans l'unique auberge du village. Il en ressortit dix minutes après et fit un signe au loin. Mirianna demanda à Silas de le suivre et tous les trois, ils entrèrent dans l'auberge.

L'endroit était sombre et sale, éclairé par la faible lueur des bougies disposées sur les tables. Droit devant, au fond, se trouvait le comptoir sur lequel on pouvait distinguer quantité d'auréoles laissées par les verres de milliers d'ivrognes. L'air ambiant sentait l'alcool, la même odeur qu'avait senti Silas un jour alors qu'un mendiant l'avait accosté lui et sa mère et dont les effluves lui avaient donné l'envie de vomir. Un peu partout des gens discutaient, riaient, criaient, jouaient aux cartes, aux dés, tapaient du poing sur la table, renversant par la même occasion tout ce qui s'y trouvait.
Silas senti une vague de peur le traverser et du coup se colla à sa mère qui, sentant son angoisse, lui prit la main. Maintenant il savait ce que voulait dire son père lorsqu'il parlait de gens peu recommandables. On aurait presque dit des bêtes, ou des barbares, sinon des voleurs, voire des meurtriers. Un long frisson traversa le dos de Silas, il était terrorisé. Mirianna quant à elle n'était pas plus rassurée, mais elle avait déjà fréquenté ce genre d'endroit dans sa jeunesse, elle savait à quoi s'attendre. Et heureusement que le vieux Nevlin les accompagnait, même s'il n'était plus en âge de les défendre, sa présence la réconfortait malgré tout.

Claudius Nevlin les amena à une petite table où était assis un dunmer, à la peau relativement claire comparé à ses congénères. Il était plutôt bien habillé, sûrement un marchand observa Mirianna. Il sirotait, seul, un verre d'hydromel.

-"Lui pourra vous emmener" dit Claudius.
-"Ah c'est vous qui cherchez quelqu'un pour se rendre à la Cité Impériale?" demanda l'inconnu en les invitant, d'un geste, à s'asseoir."Noreyn Dros, marchand itinérant, enchanté de vous rencontrer."
-"Bonjour"
, dit timidement Mirianna. "Mirianna Dotius et voilà mon fils, Silas. Alors vous pouvez nous emmener c'est bien çà ?"
-"Bien sûr ! Ca ne me pose aucun problème"
, dit-il en souriant. "C'est toujours un plaisir d'avoir de la compagnie. Surtout dans mon métier voyez-vous... Je passe la plupart de mon temps sur les routes, avec pour seule compagnie mon vieux cheval."

Mirianna sentit en elle un profond soulagement. Ce type avait l'air honnête et de toute façon, jamais le vieux Nevlin ne les aurait embarqué avec quelqu'un envers qui il n'avait aucune confiance. Silas quant à lui était subjugué par l'individu. Jamais il n'avait vu d'aussi près un elfe, noir celui-ci. Il lui faisait un peu peur, à cause de ses yeux rouges, mais il n'avait pas l'air méchant, beaucoup moins que le reste de la clientèle de l'auberge tout du moins.

-"Nous vous en serions très reconnaissant", dit Mirianna.
-"Ne me remerciez pas ! C'est tout naturel".

Modifié par RirlainMagislain, 12 novembre 2007 - 13:07.

Membre des Fervents Partisans de l'Immuabilité Avatarienne




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