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[h] Le Kwama Frappe Toujours Deux Fois


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14 réponses à ce sujet

#1 Bunk

Bunk

    Super Méga Black Knight of the very Dark Death


Posté 10 mars 2006 - 16:33

D’un pas souple et rapide, Talis Ulom traverse la cité de Vivec. Pour lui, tout semble magnifique. Les lampions diffusent une lumière chaleureuse et les étoiles même paraissent lui sourire. Quelques instants auparavant, Anselme, son fidèle écuyer Bréton, l’avait aidé à revêtir sa plus belle armure d’ossements et sa cape de soie blanche.

Talis hume l’air vivifiant du large. Cette soirée est celle de sa vie. Ce soir, il va demander la main de la femme qu’il aime : Elvaséa ! Il a imaginé la scène des centaines de fois. Il va se présenter à la fête, s’incliner devant sa mère, veuve éplorée, et demander sa promise en mariage. Elle la lui offrira. Et enfin il lui fera partager sa noblesse et ils vivront heureux des centaines d’années.

Elvaséa est sans doute la plus belle Dunmer de Vivec. Elle a de nombreux prétendants. Mais Talis a un avantage majeur : elle l’aime !

Comme tout est beau ce soir. Même cette vieille Rougegarde édentée qui, accroupie sous un contrefort, l’interpelle :

- Monseigneur ! Monseigneur ! Pour quelques Drakes, le coquillage va me faire une révélation sur votre avenir !

Talis sourit et donne volontiers quelques piécettes. La vieille porte un étrange coquillage à son oreille, semble écouter puis déclare :

- Le coquillage a dit : "Quand Kwama fâché, lui toujours faire ainsi".

Talis reste perplexe un instant. Il s’attendait à autre chose. Mais peu lui importe, l’amour l’attend. Il reprend sa route.



- Messire Talis Ulom ! Chevalier de la maison Redoran !

L’heure du triomphe approche. A son annonce, le chevalier s’avance dans la pièce où tous les convives le regardent, stupéfaits par la noblesse de sa présence. Son armure d’ossements, fraîchement cirée, renvoie en éclats étincelants la lumière des bougies. Sa cape d’un blanc immaculé flotte derrière lui comme les ailes de la gloire. L’air est chargé de doux parfums. Dans un coin de la pièce, les bardes chantent déjà la ballade de sire Ulom et sa douce Elvaséa. Et cette dernière, assise à côté de sa mère, a les yeux pétillants d’admiration.

Arrivé près d’elles, il met un genou au sol et déclare :

- Ma Dame ! J’ai l’immense honneur de demander votre fille en mariage !
- Non.

Tout en décortiquant une patte de crabe, la vieille Dunmer, à la peau fripée surchargée de fard, lui jette un regard méprisant sous ses paupières anormalement longues. Sa fille blêmit. L’air empeste la friture et les bardes massacrent joyeusement une ritournelle paillarde. C’est tout juste si les domestiques Khajiits et Argoniens, les bras chargés de plats, ne bousculent pas l’infortuné Dunmer. Les convives bien imbibés semblent ricaner de son tourment.

- Mais... Ma Dame, je vous assure que j’ai les plus nobles sentiments pour votre fille.
- Ha ha ! Je n’en doute pas ! Mais moi, j’ai les pieds sur terre contrairement à elle. Sa main, je l’accorderais à quelqu’un qui a une situation, un Hlaalu, de préférence. Avec une jolie plantation et pas une bicoque perdue au milieu des Cendres !
- Ma Dame ! Vous brisez le coeur de votre fille et le mien. Mettez moi à l’épreuve ! Je vous montrerais de quoi mon amour pour elle est capable. Demandez moi de défier les Tribuns, d’éteindre le mont Ecarlate, de...
- Certainement pas ! Vous seriez capable de réussir ! Je connais votre réputation ! Ma fille m’en rabat les oreilles du matin au soir ! Il est mince, il est beau, il sent bon le musc chaud ! Il a vaincu cinquante brigands et de la main gauche, il a fait des noeuds aux tentacules du monstrueux Dreugh de la côte d’Azura et j’en passe. Ah ! Quand il s’agit de se battre, il y a du monde ! Tout ça c’est bien joli, mais ça n’enrichit pas !
- Ma Dame, je vous en supplie...

La vieille soupire.

- Vous voulez un vrai défi ?
- Je le relèverai !

La mère réfléchit. Elle le dévisage, puis elle regarde la figure effondrée de sa fille. Son regard erre sur les victuailles. Elle contemple pensivement un plat d’oeufs de Kwama qu’un domestique Argonien vient d’apporter. Elle se retourne vers le Chevalier déconfit et lui dit :

- La main de ma fille sera vôtre si, avant un mois, vous me présentez un numéro de Kwamas savants !

#2 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 13 mars 2006 - 18:30

Les pieds traînants de Talis Ulom foulent la crasse des terrasses supérieures du Canton Hlaalu. La tête basse, ridicule dans cette armure d'ossements qui empeste le cirage et l'huile d'entretien, sa cape blanchâtre traînant piteusement dans son sillage, le chevalier redoran erre à travers Vivec.

Pour lui, tout a un air sinistre: les lampions qui s'ingénient à jeter une lumière crue sur sa débâcle, les étoiles froides et moqueuses.

Seule l'eau croupie des canaux, bien en-dessous de lui, se montre cajôleuse. Elle lui vante le froid, la chute l'obscurité, l'oubli.

« Qu'est-ce que vous comptez faire exactement, Chevalier? » lui demande avec hauteur un ordonnateur dont la ronde nocturne a été infléchie par la présence de ce Redoran, debout sur le rebord de pierre, le teint cireux.

« Oh! Je... » les épaules de Talis s'affaissent. « Rien.
- Allez le faire ailleurs! »

Le factionnaire suit d'un oeil soupçonneux l'amoureux au désespoir, alors qu'il s'éloigne à petits pas. Hah! Ces dépressifs! On voit bien que ce n'est pas à eux de présenter un rapport en trois exemplaires à son excellence Berel Sala. Sans compter le temps passé à repêcher les corps dans le canal ou à nettoyer les parois du Canton! Certains sont d'un tel égoïsme!



Le lendemain matin, le fidèle Anselme, toujours habile à décrypter les subtiles mouvements de la physionomie de son maître, apprend les derniers rebondissements des amours de son maître, cloué au lit par le désespoir.

« Mmmh... Ca pourrait être pire. » observe-t-il avec philosophie.

Dans un rugissement d'ogrim blessé, Talis Ulom a jailli de son lit comme un gobelin de sa boîte et l'a épinglé au mur de la main gauche; celle qui défit un jour, dit-on, cinquante brigands.

« Je vois mal comment cela pourrait être pire, faquin. » siffle-t-il, une lueur assassine dans le regard.

« La hhhh... demoiselle vous hhhh... aime... hhhh... » gargouille le Breton s'efforçant en vain de desserrer la poigne de fer de son maître.

Anselme retombe sur le sol alors que son maître s'assied sur son lit.

« C'est ma foi vrai. » dit-il, le regard lointain, un sourire s'esquissant sur ses lèvres.

« N'est-elle pas, theuheu! » croasse l'écuyer en reprenant sa respiration « versée dans les arts de l'Illusion?  A vous deux, vous trouverez bien quelque stratagème... Des kwamas... ça s'ensorcelle! »

#3 Haghendorf

Haghendorf

Posté 17 mars 2006 - 12:56

A son grand malheur, si Elvaséa était bien une illusioniste de première classe, ils n'avaient à eux deux guère réussi à trouver de soluion afin de faire obéir sûrement des kwamas, et surtout de les rendres savants. Talis Ulom décida donc de prendre conseil auprès d'un vieux sage qui vivait loin du monde des hommes, dans les canaux du canton telvanni.

La main tremblante du rédoran frappa une porte de bois moisie sise sous une enseigne décrépite aux armes de "Gerno Sylhus, Maistre Ensorcelleur". La maison du magicien était situé dans une zone moins qu'hospitalière du canton, non loin de ces petites ruelles typiques où l'on coupe la gorge des ordonnateurs imprudents. Il était venu seul, pour éviter qu'on ne le surprenne dans ces quartiers mal-famés en compagnie de sa dulciné. Pas la peine d'agraver les choses.

La porte s'ouvrit sur un visage creusé par le temps et les expériences ratées. Un oeil inquisiteur étudia le rédoran.

"Que voulez vous au vieux Gerno ?
- Maître, j'ai grand besoin de vos conseils ! Je vous supplie de m'aider !
- Aaah cela fait bien longtemps que les gens ne vienne plus voir le vieux Gerno... Ils ont plus besoin d'aide les jeunes, pas pour parader dans leur armure d'os sculptés, hein ? Mais le vieux Gerno lui il connait les anciens secrets !"

Il fit signe à son visteur d'entrer dans ce qui état une petite pièce remplie de meubles pleins à craquer d'instruments d'alchimie compliqués, de parchemins plus ou moins connus et de resultats d'expérience plus ou moins réussies. Le vieux continuait son monologue.

"...il sait plein de chose, le vieux Gerno ! Mais ce qu'il connait le mieux, et qu'il aime le plus, c'est bien la sorcellerie ! Aaah, le vieux Gerno il se souvient de ses expériences, quand il transformait le greef en skouma, quand il faisait apparaitre du bulbeliège depuis le vide, quand il faisait aboyer les kajiits, quand il montrait son guar savant, quand il...
- Qu'avez vous dit ? Vous savez rendre les guars savants ?
- Oh, c'est tout simple pour le vieux Gerno. Un petit sort de commandement de créature de puissance moyenne avec une pointe d'encouragement, puis une potion coeur de goule plus pétale de feu plus sucre de lune plus sujamma, mais faut pas se tromper dans les proportions sinon le guar il s'endort ou il se met à chanter ou il devient méchant ce qui a causé des petits problèmes au vieux Gerno, oh oui !
- Très bien, mais sauriez vous ensorceller d'autres créatures ?
- Aucun problème, le vieux Gerno il a déja ensorcellé un chien de Nix et même un braillard enragé avec une potion speciale dont il se souvient plus mais il y avait beaucoup trop de sel et le braillard il avait tendance à partir en vrille dans les virages et même qu'une fois il est tombé dans le port et que...
- Certes certes, mais seriez vous capable de me dire comment ensorceller... des kwamas.

Un netch passa...

- Aaaah les kwamas c'est une autre histoire... Le vieux Gerno il sait que ce sont des créatures stupides, qui obéisse uniquement à leur reine...
- Mais savez vous comment faire ?
- Le vieux Gerno sait. Il faut prendre des kwamas albinos rayés, les seuls qui sont assez indépendants pour réagir. Il faut qu'un mage de l'illusion les contrôle pour leur faire boire une potion très spéciale, et très forte, comme celles que le vieux Gerno il vend en cachette seulement aux gens qu'il connait... Et ensuite les kwamas ils feront absolument tout ce qu'on leur dira pendant quelques heures...
-J e vous achète cette potion, à n'importe quel prix.
- 629 drakes. Pas moins. Sinon le vieux Gerno il fait faillite.
- 550
- 600
- 570
- 590, et à ce prix le vieux Gerno il se tranche la gorge.
Talis Ulom paya donc la potion et reparti avec un peu d'espoir et une bourse vide.

Il fallait maintenant que lui et Elvaséa trouvent des kwamas albinos rayés.
Spoiler : cliquez ici
Image IPB (eh oui)

#4 Rojhann

Rojhann

    Pelleteuse daedrique : Le devoir ma pelle.


Posté 19 mars 2006 - 22:39

Après de nombreuses heures à réfléchir, les deux pas-tout-à-fait-fiancés-à-ce-moment-de-l'histoire n'avaient toujours aucune idée de ce qu'ils devaient maintenant faire.

Une fois la potion mise en sûreté, chacun décida d'aller faire un tour dans une bibliothèque de Vivec. Grâce aux relations de son père, la belle Elvaséa pouvait facilement consulter la bibliothèque du palais de la Sagesse. Mais le père de Talis lui n'avait pour seule relation que les tavernes de St Delyn. Heureusement il avait la chance d'avoir un grade élevé chez les Redorans.

Il espérait pouvoir jeter un oeil à la biblio des ses amis. Il marcha alors hardiment vers le grand Quartier Redoran, resplendissant des couleurs de sa fière Maison.

L'air frais lui caressait les joues et le vent lui murmurait sa réussite. Il passa le pont, puis s'engagea vers les grands escaliers qui montaient vers la grande place. Un chevalier comme lui n'entrait que par la grande porte. Les portes massives allaient une fois de plus s'ouvrir pour lui lorsqu'il allait lancer son poing à leur encontre. Comme la fois où il avait été nommé chevalier.  

Il était maintenant sûr de sa réussite. Que pouvait-il arriver d'autre? Ils formaient un magnifique couple, intelligents et gracieux. La vielle ne poserait plus de problèmes, les kwamas danseront. Il le fallait. Il approchait maintenant des portes massives.

Il entama alors une de ses chansons préférées.

Arrivé au couplet "La vie est une éternel recommencement mon amour", il leva élégament le poing et le lança. Une fois. Deux fois. Plus rapidement et une dizaine de fois, sans guère plus d'ombres de succès.

La porte ne daignait pas s'ouvrir pour le Redoran, il frappa à la petite porte des serviteurs adjacente, chose désagréable et humiliante pour lui, mais la situation n'était en fait pas si gagnée que ça, le temps n'était pas aux considérations, et celle-ci s'ouvrit. Un serviteur au visage grélé le regarda, s'apercevant d'être en présence d'un chevalier, le laissa passer. Il avait reçut l'ordre de ne laisser passer personne en dehors de la caste dirigeante Redoranne. Ne sachant pas distinguer un chevalier de première classe d'un petit chevalier, il ne s'interposa pas et le regarda avancer. Grâce à l'ignorance, la passivité fait ses armes.

Surprit de voir tant de monde regroupé sur la place, ilcompta: un ordonnateur, deux ordonnateurs, vingt-cinq ordonnateurs. Le tout entouré de gardes rédorans, et de chevaliers et nobles de la Grande Loyale.  

"Mais qu'est ce qui se passe ici serviteur?" demanda t-il brusquement à une des personnes placée en dehors du cercle vivant.

L'homme se retourna, révélant les galons de membre du conseil Redoran:

"Plait-il jeune homme?", Talis le souffle court, reconnu Talfyn Mathy, fameux pour être aussi sourd qu'un scrib et aussi moche qu'un crabe des vases après le passage d'un ouragan, ce qui est en partie faux, car le vieux Redoran était vraiment sourd, alors que le scrib arrive au moins à faire la différence entre le craquement de sa coquille lorsqu'on lui marche dessus du tonnerre.

Il se pencha à l'oreille du Conseiller et lui: "Mes respects monsieur, cela faisait longtemps que je ne vous avez pas vu, comment vous portez vous?"

"Avec une canne voyons." répondit ce dernier, réprimant un semblant de rire étouffé par ses bronches senescentes. Le jeune Chevalier, habitué à l'humour tout aussi valétudinaire que le cacochyme Redoran, lui demanda ce qu'il se passait pour que les forces de l'ordres entrent en si grand nombre dans la fière place Redoranne. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de rendre intelligible ses paroles aux neurones du semblant d'être humain appuyé sur sa canne.

"Ah oui, bien bien. C'est ce pauvre Gotispar Adrat, il a été attaqué par surprise par un kwama fou furieux. Il n'en reste pas grand chose. D'ailleurs le kwama a disparut aussi, il ne reste qu'un bout de coquille. Mais il est bizarre qu'elle soit toute blanche dessus mais rayée dessous. Sans doute une espèce rare"

#5 redolegna

redolegna

    Les vacances de Monsieur Hulot


Posté 21 mars 2006 - 18:08

Par les Tribuns ! Un espoir, enfin ! Talis se retint à grand-peine de crier de joie, pour ne pas choquer les Ordonnateurs et les conseilleurs assemblés. Il se dirigea vers celui qui semblait être le chef de ce bataillon de gardes revêches — il était facile de l’identifier : il suffisait de voir lequel avait le visage le plus patibulaire —, et prit la parole :

« Noble Gardien de notre foi sacrée, dit-il avec une déférence feinte et une rouerie accomplie, j’ai ouï dire que ma Maison est endeuillée par un crime affreux. Mon honneur m’enjoint à rechercher le responsable de ce désastre et à le châtier comme il se doit. Je n’aurais de cesse d’accomplir cette tâche qui, pour être contraignante, n’en est pas moins la plus noble quête qui puisse échoir à un Rédoran digne de ce nom. Vous siérait-il, vaillant et dévoué serviteur du Très Grand et Très Saint Vivec, de m’accorder l’insigne honneur de mener la traque de la bête ? »

Le jeune elfe s’arrêta, autant pour reprendre son souffle que pour constater l’effet de son petit discours improvisé. L’Ordonnateur avait les yeux vitreux devant un tel assaut d’éloquence. Il essaya de parler mais seul un bruit étouffé sortit de derrière son casque. Talis ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits :

« Eh bien, capitaine, je suis enchanté, que dis-je ? ravi de prendre part à cette expédition. Le magnanime et miséricordieux Vivec guidera mon bras comme il l’a fait pour chacun de nous et, avant le nouveau mois, j’aurais infligé une punition exemplaire à la créature qui a causé tant de malheurs à notre cité que nul, et surtout pas un monstre, ne doit profaner. »

Face à cette logorrhée, l’Ordonnateur battit en retraite et aboya quelques ordres brefs à l’attention de ses hommes. Trois gardes sortirent du rang, saluèrent Talis d’un signe de tête. Ils l’accompagnèrent chez lui sans un mot, et le virent s’harnacher de pied en cap avec son armure d’ossements et l’aide du dévoué Anselme, puis se ceindre de son épée. Il ne parvint pas à leur arracher une parole avant d’avoir quitté sa demeure. Enfin, l’un des hommes, sanglé dans son imposante cuirasse, daigna s’adresser au jeune Rédoran :
« Vous êtes un p’tit malin, vot’Seigneurerie. Personne avait réussi à embobiner eul’chef jusqu’à c’jour. Mais j’vais vous dire un truc : si vous t’nez à la vi, faites plutôt un bon pèlerinage à Maar Gan et chatouillez-y le Drémora. Ce serait plus simple et moins dangereux de tendre un fil de fer au-d’ssus du Mont Ecarlate et de marcher d’ssus par un jour de tempête que d’aller chercher ce Kwama de malheur. C’t eun’ bête féroce. L’a carrément arraché le cœur du pauv’malheureux, tout à l’heure. Par le fait, je m’appel Drélaso Othralen et mes deux compagnons sont Vanat Zalit et Madusen Sérutan. On est les meilleurs gardes d’la ville, sans vouloir nous vanter. On vous s’ra utiles, mais si vous m’en croyez, vous aurez besoin de vous faire accompagner d’un Bosmer : ces types savent se faire entendre des animaux et ça nous s’ra précieux. »

Après quoi, il retomba dans son mutisme. Le Rédoran ne s’embarrassa pas de craintes et autre futilités du même genre. Il s’enquit rapidement de sa bien-aimée Elvaséa et lui fit ses adieux d’une voix déchirée entre le regret de ne pouvoir rester à Vivec en sa compagnie et l’espoir de pouvoir l’épouser quand Maser et Secunda se seraient renouvelées. Un rapide questionnement des serviteurs rédorans lui apprit que le kwama enragé avait surgi des égouts.

Avant de commencer sa recherche, il se rendit dans le canton de Saint-Délyn et frappa à une porte, toujours escorté des Ordonnateurs. Une voix à l’accent typique de Vivec, mâtiné d’une pointe de l’intonation de la Côte de la Mélancolie répondit :

« Foutez le camp !
– Vous vous oubliez, Rénalos. Ouvrez-moi, ou j’ordonne aux gardes qui m’accompagnent de défoncer la porte. »

On entendit un bruit de loquet qui se relevait, de barres que l’on déplaçait, puis une tête méfiante s’encadra dans l’entrebâillement.

« Qu’est-c’qu’vus voulez ?
– Que vous m’accompagniez, Rénalos. Vous et votre scrib.
– Quel scrib ? J’pas d’scrib.
– Fort bien. Drélaso, auriez-vous l’obligeance de mettre ce cher Rénalos aux arrêts pour rêves délictueux ? Tiens donc, la mémoire vous reviendrait-elle, mon ami, doux Rêveur que vous êtes ? fit Talis en voyant l’autre pâlir malgré son teint noir et se tasser dans un effort désespéré pour s’engloutir dans le sol.
– S’pourrait qu’oui, s’pourrait qu’oui, bougonna Rénalos. M’est avis que j’ai p’t-être trouvé un scrib mort quand j’étais mineur et que j’ai p’t-être demandé à un nécromancien de le ranimer. C’t eun’bestiole affectueuse et facile à vivre, plus que les crabes des vases, en tous cas.
– Eh bien, Rénalos, il se trouve que je sais peut-être que vous avez dressé votre scrib à suivre les Kwamas à la trace. Et que vous allez m’aider à suivre la piste d’un Kwama particulier. Suivez-moi, on s’y met peut-être tout de suite.

#6 Laëreth

Laëreth

Posté 26 mars 2006 - 22:39

-La chasse au kwama ? comme vous y allez, c quoi c’t histoire
-Un immonde kwama albinos rayé a mis fin à la vie de notre brave et valeureux Gotispar Adrat.
-Koi un albinos rayé, et vous voulez qu moi Rénalos, j’vous aide à traquer c’te bête féroce avec mon scrib ?
-tout à fait
-Non de vivec, mais vous êtes malade, vous n’connaissez donc pas la réputation des kwama albinos rayé. Ce sont trois d’entre eux qui ont décimé l’armée de dagoth ur alors qu’il s’apprêtait à envahir balmora. C’t la bête la plus dangereuse de toute c’t île, c’même la seul bête que les cendrais ose pas attaquer, et vous vous voulez que moi je vienne. Jamais de la vie.


Quelques minutes plus tard, Rénalos suivait nos compagnons de son plein gré, la corde le reliant au garde le précédant n’étant la que pour être sur qu’il ne se perde pas. Il tenait dans ça main une minuscule boule d’écaille noire, son scrib, et lui marmonnait à l’oreille (ou du moins la on l’on pensait qu’elle se trouvait) de multiple imprécation tout en jetant à Talis des regards assassins.

C’est ainsi que la petite troupe arriva bientôt dans le quartier redoran, ou  Talis Ulom les mena au manoir maintenant déserté de feu Gotispar Adrat, celui-ci se trouvait dans un état indescriptible, les meubles renversés, la vaisselle brisé, tout indiquait qu’il y avait eu ici un effroyable carnage, à vrai dire c’était peut-être surtout l’énorme tache de sang sur le tapis qui donnait cette impression. Toujours est-il que nos hommes ne purent retenir un sentiment de crainte mais Talis Ulom habitué aux situations de ce type repris rapidement ces esprits.

-Renalos, lâchez donc votre scrib, qu’on retrouve sans tarder cette bête enragée pour venger le plus noble de nos conseillé redoran.

Renalos déposa alors son petit scrib par terre, celui-ci marcha un peu puis se retourna vers nos amis

-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiik
-hein ?
-Totor n’aime pas les conditions dans lesquelles vous m’laissé.
-Totor ?
-ben vi, c’t le nom d’mon scrib
-Et il parle ?
Redemanda tanis.
-Oui, mais je suis le seul à le comprendre.

Talis se massa les tempes tout en pestant contre la bêtise humaine, avant de réprimer le fourire des gardes d’un simple regard.

-Bien soldats détachez le. « totor » veut-il bien maintenant partir à la recherche du kwama.
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikkkkk
-Il veut aussi l’amulette brillant de ce soldat.
-Bon. Soldat donnez le lui.
-Mais c’est une amulette de famille
-donnez le lui
-bon d’accord
-Et maintenant « totor » veut bien se mettre en chasse
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikkkkkkkkkkkkkk
-Il voudrait aussi des gâteaux de plume lô et he…500 pièces d’or


A ces mots, Talis sortit son épée et se rapprocha de totor avec un air menaçant

-C’est tout ?
-ik
-Heu oui, il va nous guider auprès du kwama.


C’est ainsi que précédé par le vaillant totor, qui les guidait de ses petits cris, nos 5 aventuriers descendirent profondément sous le canton redoran, par les canalisations. Et Arrivèrent bientôt dans les égouts principaux, ou ils s’engagèrent lentement et le plus silencieusement possible, Renalos et Drélaso  ayant fait une longue description des tourments que cette bête faisait endurer à ses victimes ce qui avait légèrement refroidi l’ardeur de tous.

Ils avançaient néanmoins s’éclairant légèrement à la lanterne pour ne pas se faire repérer et toujours suivant totor, il s’enfoncèrent de plus en plus profondément dans les profondeurs des égouts Dépassant rongeurs, contrebandier, cadavre, vivec bourré, et bien d’autres choses innommables tel que strip-teaseuses orques ou chanteurs elfes.

De moins en moins rassurés, ils pénétrèrent dans la partie abandonnée des égouts se frayant un chemin à travers des toiles d’araignées gigantesque avançant de plus en plus difficilement, chacun ressentant la peur l’envahir de plus en plus.

Quand soudain un horrible cri résonna dans ces boyaux caverneux chassant le peu de courage leur restant, seul leur honneur et l’épée de Talis les poussèrent à continuer plus avant dans ce bourbier vers l’endroit d’où provenait ce cri, s’approchant lentement d’un coude du couloir, ils s’y regroupèrent et Talis le premier passa la tête pour voir l’origine du cri, mais apparemment paralysé par ce qu’il regardait, il resta ainsi pendant de longues minutes, intrigué ces compagnons au mépris des sages avertissements de totor passèrent également la tête pour voir ce qui pouvait bien immobiliser un guerrier tel que Talis.

Et il eut mieux valu qu’ils écoutent totor car derrière ce coude les attendait le plus horrible spectacle qu’il eut été donné de voir à n’importe quel être vivant, une monstruosité abjecte et répugnante fasse à laquelle même les pestiférés son un éloge à la beauté, une atrocité sans nom, une absurdité de la nature. Bref c’était moche, et pour cause car ce tenait devant eux le tant recherché kwama albinos rayé, mais il était en train de faire un câlin à un …netch jaune.
Jésus a marché sur l'eau, mais Chuck Norris a marché sur Jésus.

Membre des Fervents Partisans de l'Immuabilité Avatarienne!

#7 Askhell

Askhell

Posté 01 avril 2006 - 19:40

"C'est une femelle
- Non un mâle
- Tut tut, j'en suis sûr, c'est une femelle. Regarde...
L'un des gardes sortit de sa besace un petit livre relié de cuir et en tourna delicatement les pages, fragiles d'avoir été lues et relues - Traité de Zoologie, région de Vvarfendell, 2eme édition revue, corrigée par Permani Iloran et préfacée par Andus Riovalo, zoologue officiel à la cour d'Uriel Septim
- Oui mais celui-là il n'est pas jaune, alors on peut pas dire
- Ah non tu ne vas pas recommencer. Tu es vraiment de mauvaise foi. Déjà la dernière fois devant le capitaine...
- Assez, vous deux ! Il n'y a donc que moi qui se préoccupe de Dame Elvaséa ?
- Sauf votre respect, Chevalier Ulom, je dirais que ou...Oups
- Hum excusez mon camarade, Chevalier, parfois le danger le rend téméraire
- Ah téméraire, parfait ! Qu'il aille porter la potion, pendant que le kwama est occupé.
Mais mais où est le sac ? Ou l'avez vous posé ? bredouilla le chevalier
- Rénalos a disparu, Chevalier. Et m'est avis qu'il est parti avec le sac que j'avais posé là, montra le 1er garde
- Ah l'infâme ! Ah le traitre ! Anselme, dis moi que c'est toi qui a gardé la potion par devant toi ! Anseeeelme ?

Anselme semblait indifférent à ce raffût. Un étrange ballet se déroulait sous ses yeux. Le kwama, comme hypnotisé, restait immobile. Le netch tournoyait lentement, frôlant de ses excroissances, le corps, la tête du kwama. Une douce melopée parvenait aux oreilles d'Anselme. Une vague de plénitude l'envahit.
Fermant les yeux, il fit un pas en avant, puis un second...

#8 Djimne

Djimne

Posté 02 avril 2006 - 12:28

Talis saisit Anselme par le bras et le tira de deux pas en arrière. Il tenta de le secouer mais rien n’y fit impossible de le sortir de son état de transe.
« Tenez-le. » Lança t’il d’un ton sec au garde le plus proche qui se hâta de s’exécuter.

Puis il s’appuya contre le mur. Il fallait qu’il réfléchisse, et il fallait qu’il le fasse vite. Heureusement, les deux bêtes ne semblaient s’être aperçu de rien, et continuaient leur jeu. Le problème c’est qu’elles continuaient aussi leurs cris. Talis, qui sentait la migraine le gagner, leva les mains vers ses tempes, avant de se rappeler qu’il portait son casque d’os, ainsi que toute son armure, ce qui l’empêchait également de se pincer pour vérifier qu’il ne rêvait pas. Il se tourna vers le second garde.
« Pincez-le » dit il désignant le premier.
Celui-ci ouvrit de grands yeux, mais n’osa pas désobéir. Peut être le chant de la bête avait il tourné l’esprit du chevalier, mais comme il ne faut pas contredire un fou, il se tourna vers son camarade qui tenait toujours Anselme et lui pinça fortement le bras droit. La réaction fut immédiate. D’abord un cri, puis un coup, et l’œil du pinceur changea de couleur.

Il se serait sans doute jeté sur son compagnon, si un juron étouffé ne l’avait arrêté. Anselme, qui s’était retrouvé libre, suivait doucement la mélopée, droit sur les bêtes et leur étrange manège, et Talis qui n’avait pas réussi à le rattraper avant qu’il ne passe le coude du tunnel les regardait d'un oeil noir.

Personne ne bougea. Les soldats regardaient leur pieds. Pour rien au monde, ils ne se seraient risqués à suivre Anselme la bas.
Le chevalier était sous le choc. Son serviteur, l’homme qui l’avait toujours servi, était sur le point de mourir atrocement. Et plus grave encore, la potion qu’ils avaient mis tant de temps à préparer allait peut être disparaître avec lui.

Ce qui décida enfin les hommes à bouger, ce fut l'arrêt soudain des cris, et surtout, le silence qui le suivi. Il s'étaient tous attendus à une lutte, ou au moins au cris de frustration des bêtes ainsi interrompues, voir le craquement d'un coeur qu'on arrache d'une poitrine, mais un tel silence pesant, ça, non. C'est à peine si on entendait encore au loin les bribes d'une chanson paillarde hurlée à pleins poumons. Ce silence la résonna plus fort dans les conduits des égouts qu'un ballet d'ogrim en pleine éxibition de claquettes. C'était une absence totale de bruit, comme si le temps s'était figé dans l'attente de l'horreur, comme une arène pleine à craquer qui retiens son souffle au moment du coup fatal, avant d'acclamer le vainqueur d'une seule voix.

Talis frissonna, mais se décida enfin à passer la tête pour voir de quoi il retournait.
Un ange passe...

#9 Bunk

Bunk

    Super Méga Black Knight of the very Dark Death


Posté 24 avril 2006 - 07:55

- Ch'est un gentil kwakwa à chon pépère cha ! Oh oui !
- Yrgl !

Anselme jouait avec le kwama albinos rayé comme un enfant jouait avec un chien.

- Anselme ! Vous êtes devenu bête à balayer les Terres Cendres ou quoi ?! Qu'est ce que vous faites ?!
- Désolé Messire. Quand j'ai entendu cette mélodie, ça m'a rappelé mon enfance, les comptines de ma tante Selvine... J'en avais les larmes aux yeux... C'était plus fort que moi... Et puis surtout, ça m'a rappelé mon chien Mornifle. Hein, mon gros kwakwa ! Il est content hein ? Oh oui il est content !
- Yrgl !
- Votre chien Mornifle ?!
- Un épagneul bréton Messire. Tout le temps enrhumé, toujours en train de baver. Alors on l'a appelé comme ça. Et tu baves auchi toi, hein ? Oh oui tu baves !
- Yrgl !
- On voit ça oui ! Vous en avez plein la figure. On dirait un Rougegarde en train de fondre.
- Mon chien Mornifle... On n'a jamais pu lui faire comprendre qu'il fallait pas mordre les roues des chariots. Surtout quand ils roulaient...
- Anselme ! Epargnez nous vos souvenirs ! Vous lui avez donné la potion ?
- Pas besoin pour le moment... Tututut ! Sage ! Sage ! Woilàà ! Les chiens ça me connaît !
- Mais ce n'est pas un... (Soupir) Bon, et maintenant ?
- Maintenant ? Chut chut ! Lache ! Lache ! 'tention ! Sinon pas nonos ! Maintenant, on a la potion en cas de problème, Dame Elvaséa peut donner un coup de pouce avec ses sorts pour renforcer l'effet au besoin. Ce qu'il faudrait maintenant, c'est un dresseur. Il pourrait lui apprendre quelques tours. Comme ça, on pourrait présenter un numéro valable.
- Un dresseur ? Mais où vais-je trouver un dresseur pour ce genre de bestiaux ?
- Hum hum.

Talis se retourna. Pendant qu'il parlait avec Anselme, les trois gardes et Rénalos s'étaient approchés, médusés par ce qu'ils voyaient.

- Pour le dresseur, dit Rénalos, Totor dans ses bras, j'ai ma petite idée. Un scrib, c'est une larve de kwama. Entre bêtes de même famille, il y a sûrement des similitudes dans le dressage. C'est un mineur de ma connaissance qui m'a conseillé pour celui-là. Je peux vous dire où il habite...
- Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiik !
- Oui oui, Totor. Pour une petite somme bien sûr...
- Holà holà ! Vot'Seigneurie, coupa Drélaso Othralen. J'croyais qu'on était là pour faire passer c'te bête de vie à trépas !

Modifié par Bunk, 24 avril 2006 - 08:00.


#10 redolegna

redolegna

    Les vacances de Monsieur Hulot


Posté 29 avril 2006 - 18:56

Mais enfin, pensa Tanis, qu’est-ce qui prend ce garde d’être capable d’une pensée cohérente et un tant soit peu digne de ce nom ? On ne leur apprend pas les vertus du silence et de l’obéissance, chez les Ordonnateurs ? Consternant. Si même les Tribuns ne peuvent plus former des gens à accepter les ordres aussi bien que le dogme, ça ne m’étonne pas qu’on compte tellement de prêtres dissidents… Et maintenant, il va bien falloir lui répondre…

« Tout à fait, Drélaso, et je suis content que vous l’ayez fait remarquer. Des hommes comme vous au service de notre grand Vivec sont précieux et je n’oublierai pas de signaler à votre chef que vous avez été d’une grande aide, dit le jeune Rédoran. Toutefois, il convient de prendre les mesures appropriées devant une situation aussi exceptionnelle. Ce… cette chose a commis un tel crime que son exécution doit être publique. Mais pour que le châtiment soit exemplaire, la bête doit confesser devant la foule assemblée ses méfaits. Et c’est pourquoi nous devons lui apprendre à parler ! »

Les autres en restèrent muets. A la bonne heure, songea le jeune homme, on ne leur apprenait tout de même pas à discerner le mensonge, même aussi patent. Sans plus tarder, il se tourna vers Rénalos, en ignorant les gardes qui tentaient vainement de comprendre ce qu’il venait de leur dire.

« Alors ? Où habite ce mineur, dis-tu ?
— Ben, la dernière fois qu’j’l’ai vu, il créchait dans un coin pas bien loin. L’extrayait de l’ébonite, voyez ? Dans une mine, ouaip.
— Par les Tribuns, va-t-il falloir que je te soumette à la question pour que tu me dises où cela se trouve ?
— Pas la peine de se fâcher, mon bon maît’. J’ai pus souvenance du nom exact de la mine, mais je sais où c’est. Y travaillait dans l’puits d’la rose. Z’ont de ces noms… On descend à cent pieds sous l’sol, c’qu’est déjà pas ben naturel, j’vous l’disions tout net, mais faut encore qu’on aille nous faire accroire qu’c’est joli… J’veux dire, si y a un nom qui convidrait à c’te infection de puits d’extraction, c’est la fosse noire comme dans un four… Mais allez comprendre avec ces fichus Hlaalus. Vous pensez qu’une information de ce genre-là pourrait valoir combien ?
— Laisse-moi y réfléchir et rappelle-le moi quand on aura vu ce mineur, d’accord ? Je n’ai pas vraiment confiance en toi. Bon, Anselme, vous avez fini avec cette sale bête ?
— Mais c’est que vous comprenez, il ne veut plus s’éloigner de moi…
— Et ?
— Eh bien, les animaux ne sont pas autorisés dans la ville… Si je sors, il va me suivre. Si on le tue, il ne nous servira à rien. Et si je ne sors pas… Je n’ai vraiment pas envie de rester dans les égouts jusqu’à ce que vous rameniez le mineur, si jamais il existe vraiment.
— Très bien, Anselme, soupira Tanis. Ce qui veut dire, si je vous suis, que vous allez nous proposer d’un instant à l’autre de sortir par le déversoir, de nager jusqu’à la côte, avec nos armures, bien sûr, et d’aller voir le mineur de Rénalos ?
— Vu comme ça, évidemment… Mais, maître, il y aurait moyen de s’arranger. Si vous envoyiez les gardes chercher une selle ? Je suis sûr que le gros kwama à son pépère accepterait de se faire harnacher et de nous laisser monter sur son dos. Et puis, ce serait un entraînement, vous voyez ? Une sorte de dressage, et vous pourriez présenter ça comme numéro, ajouta Anselme en baissant le ton. Monter un kwama, ce serait du jamais vu.
— Et d’une esthétique rare, quoique douteuse. Vous ne pensez tout de même pas qu’il arriverait à nous porter tous les six ?
— Je suis sûr que Mornifle y serait arrivé, répliqua le serviteur, buté. Il était très fort. Alors, vous pensez, pour un kwama albinos rayé, ce serait l’enfance de l’art ! D’ailleurs, je vais l’appeler comme ça.
— Très bien, très bien. Vous, là ! dit Tanis à Vanat et Madusen. Allez m’acheter une selle et des provisions au marché et revenez tout de suite.
— Je pourrais m’en charger, proposa Rénalos d’une voix serviable et empressée, un peu trop peut-être.
— Sûrement pas. Je ne tiens pas à vous laisser de l’argent. »

Les gardes partirent en grommelant et en traînant les pieds. Une heure plus tard, ils étaient de retour, tout l’équipement nécessaire avec eux. Ils discutaient fermement à propos de… de quoi ? se demandèrent Tanis, Rénalos, Anselme et Védalos et peut-être même Totor ou Mornifle le kwama nouvellement nommé.

« J’te dis qu’t’avait pas le droit d’imiter la signature du chef sur ce papier pour avoir droit à ça !
— La ferme, la ferme, la ferme ! Tu veux qu’tout Vivec l’sache, qu’j’ai fait ça ? Et d’abord, je t’ai promis qu’t’aurais ta part !
— Ben c’pas une raison ! Si jamais l’chef l’apprend…
— Apprendre quoi ? les interrompit Védalos.
— Rien, rien, répondit Vanat, gêné, avant de baisser le regard devant celui, implacable de son supérieur.
— Ben, comme qui dirait, fit Madusen, on a un peu truandé un marchand en lui faisant croire qu’il devait payer une amende…
— Tiens, tiens, et pour quoi faire ?
— Ben, vous savez, pour ma prochaine permission, j’avais l’intention d’aller faire un tour du côté de Suran et…
— N’en dites pas plus, le coupa Anselme. Vous avez cette selle, oui ? Bien, alors donnez-la moi, que je la pose sur le dos de Mornifle. »

Mornifle se laissa faire et ne plia même pas l’échine sous le poids conjugué des six hommes qui échangèrent tout de même, pour cinq d’entre eux, des regards inquiets, voire affolés.

«  Et comment allons-nous le faire avancer ? gémit Rénalos.
— Par la voix, bien sûr… Allez, hue, Mornifle ! »

Le kwama se ramassa sur lui-même et s’élança à toute allure vers le grand déversoir par lequel tombaient toutes les eaux usées du canton. L’odeur prit les hommes à la gorge et même Totor eut l’air dégoûté. Puis la bête immense fonça dans la chute d’eau, indifférente aux cris de terreur et commença à tomber.

« Vers l’infini et au-delà !
— Anselme ?
— Oui… blub… maître ?
— Pourquoi… blub… avez-vous… blub… dit ça ? »
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#11 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 28 juin 2006 - 09:32

Grâce aux Tribuns, le temps était couvert et Masser et Secunda ne dispensaient qu'une faible lumière sur le rivage. Ce n'était pas que Talis Ulom craignit d'être arrêté par les fanatiques du Temple (après tout, trois Ordonnateurs l'accompagnaient, ce qui conférait, de loin et tant que ses sophismes à deux sous suffiraient à les abuser, un semblant d'officialité à l'affaire). Non. Ce que craignait le chevalier redoran...

« Mais cha ch'est bien mon Mornifle, mais oui! Ch'est un bon chien, cha, oui Madame! »

...ce que craignait le chevalier redoran c'était le ridicule. Et il ne manquerait pas de s'abattre sur lui si quiconque avait vent de cette désastreuse affaire.

« Dites donc, espèce de n'wah dégénéré! Votre saleté de bestiole a bien failli tous nous noyer! » fit la voix de Drelaso Othralen une fois qu'il eut fini de cracher ses poumons. « Qui vous a dit de le faire rester sous l'eau, une fois sorti des égoux, hein?
- Heu... chef... » glissa Vanat Zalit.
« S'il fallait pas que cette bestiole confesse ses fautes devant le Grand Chanoine, je la couperai en rondelle sur le champ!
- grôôôôô... »

Le kwama albinos n'aimait apparemment pas beaucoup les gestes brusques et le ton d'Othralen. Son grognement se mua petit à petit en stridulement de basse et de fort mauvais augure, provoqué par le frottement de ses mandibules acérées, alors qu'il se dressait face à l'Ordonnateur de toute sa hauteur. Othralen se figea soudain, la dépouille déchiquetée du Redoran à l'origine de cette étrange traque lui revenant soudainement en mémoire. Il ne pouvait détacher ses yeux des appendices buccaux de la créature.

« Ecoute pas le vilain mer, mon Mornifle! Pôpa y laissera jamais personne faire du mal à son petit Morniflounet d'amour! »

Tout le monde détourna pudiquement les yeux tandis qu'Anselme étreignait et cajolait la monstrueuse créature.

« Chef... c'est Madusen... » essaya à nouveau Zalit. « Il... il est tout bleu. »

Le dunmer leva un sourcil.

« J'veux dire qu'il a l'air noyé, chef. Vous vous souvenez comme il sanglait toujours son casque avec une courroie de sûreté? Ben là quand on a fait surface, il a pas dû arriver à la défaire. C'est quand il s'est pas relevé après être tombé du kwama que j'ai vu que quêque chose allait pas, chef. Les mains crispées sur la courroie, et lui qui bougeait presque plus. Le temps que je tranche les sangles, que je vide le casque et... ben c'était trop tard, chef. »

Talis Ulom soutint sans broncher le regard de reproche de Drelaso Othralen.

« Vous en serez tenu pour responsable! » cracha l'Ordonnateur.

« Je vous demande bien pardon? Responsable parce que vos hommes et vous-même gardez un casque presque étanche sous l'eau? Responsable parce que votre premier souci au sortir d'une situation de crise en tant qu'officier supérieur est de brutaliser un civil plutôt que de vous assurer de l'états de vos troupes? Non merci. Je ne saurais pas endosser la bêtise indécrottable d'autrui: je n'ai pas la vocation. »

L'Ordonnateur blêmit.

« Cependant, si vous tenez à écrire un rapport en ce sens plutôt qu'à dire que l'Ordonnateur Serutan est mort en héros dans l'exercice de ses fonctions durant l'appréhension du monstre du Canton Redoran, je ne m'y opposerai pas. J'espère tout simplement que l'enquête ne salirait pas sa réputation... et la vôtre en mettant en lumière sa fâcheuse habitude de racketer les boutiquiers de la Cité Sainte. C'est après tout votre signature qui a été donnée sur ce document de saisie, si j'ai bien compris. »

Devant la mine d'Othralen, le chevalier Redoran eut un sourire sinistre.

« Bien! Cachez donc son corps dans ce buisson, nous le récupérerons tout à l'heure. »

Il se tourna vers l'ancien mineur.

« Rénalos? Vous avez aussi des doléances? Vous... ou peut-être Totor? » La main de Talis Ulom effleura la garde de son épée. « Non? Parfait! Conduisez-nous à cette mine, dans ce cas. Je ne tiens pas à rester dans le coin. »

Le groupe hétéroclite s'ébranla.

« Et faites preuve d'un minimum de discrétion, vous autres, si ce n'est pas trop demander! »

Les autres protagonistes se regardèrent fixement.

Talis Ulom soupira et emboîta le pas de son guide.

Modifié par Not Quite Dead, 28 juin 2006 - 09:33.


#12 Laëreth

Laëreth

Posté 14 juillet 2006 - 21:25

Le petit groupe se mit donc en route, et dirigé par Talis il s’enfonça dans la région de Vivec. Ils marchaient ainsi d’un bon pas (ou reptation pour Mornifle) évitant les chemins fréquentés à la demande de Talis. Ce qu’on comprend aisément en écoutant ceci :
-Mais oui c’est un gentil Mornifle ça, et il ne se fatigue pas mon petit morniflounais. Mais oui qu’on t’adore ma poupouille d’amours, allez fait un gros gâté à ton popa chéri,….
CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP
-C’est quoi ça. S’écriât Talis en entendant ces applaudissements.
-Ca c’est moi et mes vassaux dit le Duc Dren
-Mais que faites-vous ici ?
-Et bien à vrais dire, on nous avait parlé de deux énorme guars terrorisant les environs, j’ai donc organisé une petite partie de chasse dans l’espoir d’embellir mon château de leurs dépouilles. Nous ne les avons pas eu, mais je pense que nous allons ramener bien mieux : Une magnifique aventure Rédorane.
Ajoutât-il un grand sourire aux lèvres.
-Et Mer**
-Et puis je savoir ou vous allez en si charmante compagnie ?
-Nous allons éduquer ce kwama albinos rayé afin qu’il apprenne à parler et puisse ainsi expier ces horribles crimes auprès du grand chanoine.
S’empressa de répondre l’ordonnateur, soucieux de se faire remarquer par un personnage aussi important.
-Mais taisez vous donc abrutit. S’emportât Talis. Dite leur carrément que je suis obligé de vous trimballer vous et le kwama pour obtenir la main de ma fiancée au moyen d’un numéro de dressage de kwama.
-C’est vrai ? Mais c’est merveilleux.
Dit le duc
-…… fit Talis.
-Et tant que nous y somme ils n’y a pas d’autres détailles croustillant ?
-Non la je pense qu’on a fait le tour dit Talis.
D’un air dépité.
-C’est quand même l’histoire la plus invraisemblable que j’aie jamais entendue, on la croirait sortie de l’esprit malade d’un scénariste sans imagination, tout comme cette rencontre d’ailleurs.
-Ouais et malheureusement ça n’as pas l’air d’être fini.
Marmonna Talis.
-Vous dites ?
-He… Je crois que j’ai été suffisamment humilié, aussi allons nous continué notre route.
-Mais je vous en prie, et n’oubliez pas de venir nous racontez la fin.
Ajoutât le Duc avec un grand sourire. Je sens que vous allez devenir célèbre chez les Hlaalus.
Nous n’y manquerons pas dit Talis.
Tandis qu’intérieurement sa pensée suivait un tout autre chemin « pensez à l’étriper quand tout ceci sera fini » se disait-il en effet.

Et la petite troupe continua son trajet avec empressement, poussé par Talis et par Drélaso qui craignait pour sa vie. Heureusement un guar géant permit à Talis de se défouler un petit peu.

Ils arrivèrent ainsi le lendemain à la mine, mine qui malgré son nom évocateur n’était qu’un étroit boyau nauséabond protégé par une porte branlante en bois. Talis entra le premier et s’adressa à ce qui ressemblait au gérant de la mine.
-Pardon mon brave, mais je désirerais m’entretenir avec un de vos courageux mineurs nommé Fargoth.
-Fargoth vous dites, He oui, mais cela ne vas pas être possible, il vient de descendre, vous allez devoir attendre qu’il remonte.
-Et il remontera quand ?
-Dans 4 ou 5 jours
-Dans ce cas nous descendrons le rejoindre.
-C’est impossible également, il vous faut une autorisation dument certifiée pour avoir accès aux galeries de la mine.
-Certifié par qui ?
-Mais par le duc Dren. Enfin vous avez de la chance ce papier est rapide à avoir, seulement un mois ou deux de délais
-Et si on admettait que vous ayez l’esprit totalement absorbé par une bourse trouvé à vos pieds, et que vous ne fassiez plus attentions à l’entrée de la mine.
-Je suis incorruptible, et ne trahirais pas mon maître….Et mais qu’est ce que c’est que ça ?
S’écriât le gérant en voyant Mornifle entré.
-Ca ben c’est un kwama.
-Un albinos oui, Garde il faut empêcher ce monstre de passer.

Aussitôt les gardes Haalu dans un magnifique affront à l’instinct de survie et à l’intelligence propre au soldat fanatisé, entourèrent Mornifle, et le groupe.
-Ecoutez je suis sur qu’on peu s’arranger.
-Non cette bête doit mourir.
-Ho et puis j’en ai marre d’être gentil, Mornifle débarrasse nous de ces imbéciles.
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikkkkkkkkkkkkkkkkk
dit Totor
-IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIKKKKKKKKKKKKK répondit Mornifle
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikkkkkkkkk
-IIIIKKKKKKKKKKKKKKKKKKK
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikk
-IIIIIIIIIIIIIIIIIIIKKKKKKKKKKKKKK
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikkkkkkkkk
-IIIIKKKKKKKKKKKKKKKKKKK
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikk
-IIIIIIIIIIIIIIIIIIIKKKKKKKKKKKKKK
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikkkkkkkkk
-IIIIKKKKKKKKKKKKKKKKKKK
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikk
-IIIIIIIIIIIIIIIIIIIKKKKKKKKKKKKKK
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikkkkkkkkk
-IIIIKKKKKKKKKKKKKKKKKKK
-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikk
-IIIIIIIIIIIIIIIIIIIKKKKKKKKKKKKKK
(je rallonge mon texte comme je veux d’abord, et non je n’ai pas honte)
-Kes Ki dise ? finit par demander un des gardes
-Totor veut aussi s’amuser alors lui et mornifle vous partage en deux groupes. Répondit Rénalos.
-Quoi le petit truc noir, mais il ne ser
WWWWWWWAAAAAAAASSSSSSSSSHHHHHHHHH
Et les dernières paroles du garde disparurent avec lui dans un magnifique jet de flamme qui carbonisa la moitié de la salle, et les ¾ de la mines au passage. Tandis que Mornifle dépeçait consciencieusement les autres gardes. Il faut dire qu’il avait une petite faim, ayant trouvé le conseiller rédoran un petit peu trop gras à son goût. Une fois le carnage terminé, ils s’enfoncèrent dans la mine, espérant trouver le mineur, vivant de préférence.
Jésus a marché sur l'eau, mais Chuck Norris a marché sur Jésus.

Membre des Fervents Partisans de l'Immuabilité Avatarienne!

#13 redolegna

redolegna

    Les vacances de Monsieur Hulot


Posté 26 octobre 2006 - 17:59

Le long tunnel qu’ils empruntèrent menait à un puits, lequel s’enfonçait dans des profondeurs insondables. Talis, jaugeant l’étroitesse du passage, la taille de Mornifle, l’âge du capitaine et les autres données du problème, finit par se décider :

« Anselme, vous restez ici avec la bête. Zalit, vous veillez sur eux, au cas où il y aurait encore des gens vivants et très en colère dans la mine. Rénalos et Othralen, vous venez avec moi. Rénalos, trouvez quelque chose pour vous accrocher votre scrib, il vous faudra avoir les mains libres pour descendre. Othralen, enlevez-moi cette armure tout de suite, sinon vous tomberez comme une pierre. Quand nous serons en bas, Anselme, vous nous enverrez une torche au bout d’une corde et nous pourrons l’allumer. »

Personne ne protesta. Mornifle se fit expliquer le plan par Totor. Il bava pour signifier son approbation. Avec un soupir découragé, Rénalos descendit le premier, sur l’invitation pressante de l’épée de Talis, qui le suivit. Othralen fut le dernier à chercher des prises sur les parois  du puits.

Après vingt-cinq longues minutes de reptation verticale, on entendit un petit « Iiikk » et Rénalos s’arrêta.

« Quoi encore ? demanda l’Ordonnateur, qui se sentait tout nu sans son armure et dont le caractère s’en ressentait.

– Totor suggère d’utiliser ses sorts de chute ralentie pour limiter les risques et nous permettre d’aller plus vite. »

Il y eut un long silence puis Talis répondit avec un calme terrifiant :

« Dites à votre sale bestiole qu’elle a cinq secondes pour lancer ses sorts sur nous trois et qu’ensuite, prêt ou pas, je vous fait tomber d’un bon coup de pied, compris ? »

Des éclairs violets surgirent du néant et entourèrent les trois spéléologues amateurs. L’instant d’après, Rénalos lâchait prise, les doigts écrasés par la botte vengeresse du noble Rédoran.

Une minute plus tard, ils atteignaient le fond du gouffre, recevaient la torche et continuaient leur exploration en poussant force jurons contre les Bosmers, les scribs morts-vivants et dans le cas de Rénalos, quoique très discrètement, contre les jeunes Dunmers enfatués de leur personne et bons à rien sinon à causer des problèmes.

Ce coin-là de la mine avait été épargné par les boules de feu et les ouvriers y travaillaient encore. Renseignements pris, celui que connaissait le guide du petit groupe extrayait de l’ébonite tout au fond, à droite, puis ensuite la deuxième à gauche avant le virage, vous prenez tout droit jusqu’avant la cinquième coulée de boue, ensuite à gauche, à droite quand vous voyez le bois entreposé sur le sol, ne posez pas vos mains dessus, ça fait des échardes, on n’a plus de bon bois comme avant, n’est-ce pas, et vous y êtes quand vous aurez encore tourné trois fois à droite, une à gauche et fait cinq cent mètres, vous ne pouvez pas vous tromper.

« Vous êtes Bréton ? demanda Talis à la silhouette qui venait de le renseigner et dont les traits étaient indiscernables dans l’obscurité.

– Si fait, monseigneur, comment le savez-vous ?

– Votre façon de nous guider, répondit le Rédoran. »

Et la marche reprit, avec les interruptions de rigueur pour réexaminer l’itinéraire recommandé à la lueur de la torche et des récentes modifications que les éboulements provoquaient. Rénalos finit par résoudre le problème avec une efficacité qui ne lui ressemblait guère.

« Youhou, Dresgon, c’est moi, Rénalos, brailla-t-il. Où es-tu ?

– Je vous ai dit qu’il était au fond à droite et ensuite, commença quelqu’un, avant de s’interrompre dans un gargouillement d’agonie, six pouces de bon acier indoril entre les côtes.

– Ici, j’arrive, répondit quelqu’un d’autre. »

Dresgon, car c’était bien lui le dresseur sur qui tout reposait désormais, apprendre des tours à Mornifle, dont le moindre ne serait pas de le faire s’arrêter de baver, obtenir les fiançailles de Talis et d’Elvaséa, restaurer la paix universelle, expliquer pourquoi le puits de mine avait été affublé du sobriquet « de la rose », dire pourquoi quarante-deux, apparut dans la lumière.

Ou serait apparu dans la lumière si la torche avait dispensé plus qu’un simple rougeoiement limité à cinq centimètres de rayonnement autour du brandon. Mais c’est l’intensité dramatique qui compte, ne l’oublions pas. Or donc, il advint que seul Totor distingua Dresgon grâce à son excellente vision nocturne et que les autres bénéficièrent d’une illumination divine, due à… au battement d’ailes d’un papillon dans l’Archipel de l’Automne. Voilà, c’est dit et qu’on ne vienne plus embêter le narrateur avec des contingences pareilles, c’est déjà suffisamment compliqué comme ça, merci.

Quand on lui eut expliqué la situation en des mots simples, ce qui ne prit pas plus de cinq ou six heures, Dresgon se révéla enchanté d’avoir l’honneur de mettre son art au service de la Maison Rédoran. Avant de négocier le prix de la prestation de ses services, mon bon seigneur, rien n’est gratuit. Othralen ne releva pas les incohérences majeures dans le projet de Talis avec celui de faire se confesser Mornifle. Encore une fois, le narrateur est une personne occupée qui a autre chose à faire que de veiller à la bonne tenue d’une intrigue.

Une fois que Talis et Dresgon eurent topé là, se posa le problème de sortir très vite de la mine que l’eau commençait à envahir de façon inexplicable. Le niveau montait et Rénalos résuma la situation ainsi :

« Messieurs, nous coulons, en tant que non-capitaine, je n’évacuerai pas le dernier ! »

Et il se précipita vers le puits de la rose pour monter en lieu sûr. Les autres le suivirent précipitamment et ne mirent que trois minutes à escalader un boyau qui leur avait fallu presque une demi-heure pour descendre (qu’est-ce que le narrateur a dit sur son récit ? Vous, là, dans le fond ? oui, c’est la bonne réponse !).

Penché au-dessus du puits, Mornifle bavait et sa salive s’écoulait dans le puits pour remplir bien plus bas les excavations.

« Anselme, fit un Talis essoufflé, vous ne pouviez pas lui dire d’arrêter ?

– Mais je vous ai demandé si vous vouliez ! C’est vous qui n’avez pas répondu !

– Peut-être ne vous entendais-je pas ? grinça le jeune homme.

– Mornifle a une bonne oreille, lui, au moins, s’entêta le serviteur. Pas de sa faute. »

A bout de nerfs, Talis mena sa petite troupe vers la sortie de la mine. Là, il fit signe à Dresgon de s’approcher de Mornifle, qui bava, pour ne pas changer. Le dresseur-ouvrier gratta tendrement le kwama.

« Allez-y, dressez-le. »

Et, sous le regard attentif et inquiet d’Anselme, Dresgon commença à apprendre des tours au kwama, des tours que les plus grands mimes, acteurs et acrobates et montreurs d’animaux de Tamriel n’auraient su réaliser mais qu’un mineur connaissait et enseignait à la perfection (le narrateur ne vous donnera plus d’avertissements…).

#14 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 25 novembre 2006 - 15:28

Force était de le reconnaître, ce Dresgon, s'il ne payait pas de mine haha était un dresseur d'un exceptionnel talent. Aussi lorsque vint le moment de le régler, Talis Ulom n'eut-il aucune hésitation à insister pour que Drelaso Othralen se montrât généreux.

« Après tout, mon vieux, c'est pour que la confession du monstre soit plus prestigieuse et manifeste que nous avons dû nous livrer à tous ces déplacements. S'il n'avait tenu qu'à moi, nous eussions occis la créature dans les égoûts et nous serions tous depuis beau temps couchés avec un lait au miel. »

Ce dernier sophisme était si patent que Rénalos laissa par mégarde échapper un ricanement éloquent.

« Oh, vous, si vous ne voulez pas que Totor ait à vous trouver un nécromancien, fermez-la! » répartit le chevalier redoran avec humeur.

« Et ben c'est pas la peine d'être désagréable non plus! C'est vrai quoi, à la fin! On m'réquisitionne mon Totor pour une quête insensée, on nous traite comme si on était des moins que rien... J'en ai assez. On vous a trouvé le kwama albinos, on vous a guidé jusqu'à Dresgon. On a failli se noyer deux fois, on nous a bavé dessus, jeté dans un puits de mine, menacé de mille morts! Et ben là, ça prend plus! On en a ras les mandibules, Totor et moi!! On rentre à Saint Delyn!!!
- Iiik! » confirma le scrib.

Laissant derrière lui la noble assemblée médusée par cette ire si soudaine, Rénalos tourna les talons et partit en ronchonnant en direction de la Cité Sainte.

Il y eut un petit silence embarassé tandis qu'il s'éloignait.

« Bon. » Talis Ulom se pinça l'arrête du nez, et ferma les yeux pour rassembler les cohortes en déroute de son calme légendaire. « Bon, » répéta-t-il à peine rasséréné par l'exercice, « payez-lui ce qu'il demande pendant que je ramène le monstre à Vivec.
- En selle, maître! » déclara joyeusement Anselme déjà juché sur le dos du kwama albinos.

Et sur un soupir, le chevalier redoran disparut également derrière un replis de terrain miséricordieux.

« Ce qui m'échappe dans cet histoire » commençait Vanat Zalit en levant un doigt hésitant, alors que son supérieur hiérarchique recomptait ses drakes dans la main de Dresgon...

« C'est normal que ça t'échappe, imbécile. C'est politique.
- Ah! »

Zalit était soulagé. Si c'était politique, ça changeait tout.

***


Talis Ulom n'eut su dire par la suite comment Anselme, Mornifle et lui-même étaient parvenus à regagner Vivec sans trop se couvrir de ridicule ou attirer l'attention des patrouilles d'ordonnateurs. Sans doute le narrateur avait-il pour sa part une bonne explica...

Ah. Pardon.

Donc, Talis et son fidèle serviteur avaient sans davantage d'encombre réintégrés leurs pénates. Après quelques menus aménagement, ils avaient finalement réussi à faire entrer le kwama géant dans le hall décrépit du manoir familial. Là, le monstrueux animal réalisait docilement toutes les performances qu'Anselme, gloussant de plaisir, lui demandait de réaliser.

Talis s'assit sur une table basse qui avait échappé jusqu'alors aux triple saltos arrière de la créature. Presque malgré lui, il reprenait espoir. Ce soir, bien avant l'échéance prescrite par son horrible belle-mère, il présenterait Mornifle et son ébaubissant numéro. La vieille peau serait contrainte de lui accorder la main de la douce Elvasea et il virerait cet imbécile d'Anselme qui en prenait un peu trop à son aise depuis le début de cette malheureuse affaire.

Il essaya de sourire, mais n'y parvint pas. En revanche, sa paupière gauche se mit à tressauter nerveusement tandis que dans un fracas, un dressoir pluricentenaire tirait sa révérence.

#15 redolegna

redolegna

    Les vacances de Monsieur Hulot


Posté 03 décembre 2006 - 21:53

La vaisselle brisée fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase… Enfin, les morceaux qui restaient du vase, le précieux butin du fondateur de la lignée des Ulom, et qui gisaient éparpillés sur le sol. Talis n’en put plus et envoya un messager prévenir au quartier hlaalu de son arrivée imminente.

« Anselme, faites boire la potion du vieux Gerno à Mornifle.

– La potion ? Pour quoi faire ?

– Seigneur Vivec, qu’ai-je fait pour mériter ça ? La potion qui fera obéir Mornifle en tous points à nos ordres !

– L’en a pas besoin, trancha Anselme. Hein, mon gros bébé, hein, mon Ninifle ? Tu feras tout comme on t’a appris, hein ?

– Anselme, vous ferez comme je vous ai dit et pas autrement ! Cette potion m’a coûté cinq cent quatre-vingt-dix pièces d’or, vous allez l’utiliser !

– Bon, bon. Allez, viens mon bébé, on va te faire boire une bonne petite potion. Vous n’avez pas un biberon et une tétine, maître ? Ce serait mieux qu’une bouteille. »

Et le serviteur s’en fut en quête d’un flacon adapté à la bouche de Mornifle sous une bordée d’injures. Il revint quelques minutes après, ravi.

« Maintenant, si vous voulez bien me donner la potion…Voilà, j’ai préchauffé le biberon, c’est important, on ne voudrait pas qu’il attrape une vilaine maladie, hein, maître ? Là, mon Ninifle, pas trop vite sinon tu vas t’étouffer. Vous vous rendez compte, maître, qu’on a voulu me vendre une tétine fendue n’importe comment ? C’était un coup à le tuer ! Les gens n’ont aucune conscience… C’est bien, Ninifle, c’est bien… »

Dans le calme canton rédoran, un bruit immense enfla soudain et fit éclater en morceaux toutes les vitres. Une puanteur atroce se dégagea aussitôt.

« Il a fait son petit rototo, hein ? C’est bien, c’est un bon Ninifle, ça. Et maintenant, il va me suivre jusqu’au quartier hlaalu, hein ? C’est une jolie petite balade digestive. Si tu restes comme ça sans bouger après avoir bu, tu risques une congestion, Ninifle. Allez, viens !

– Misère de misère, soupira Talis. »

Et le trio s’engagea dans les rues de la ville. Le chevalier rédoran avait revêtu une cape bleue, parce que la blanche avait été salie de façon si atroce par le kwama qu’aucune lavandière n’avait pu la ravoir. La bleue était bien, mais ça jurait atrocement avec la cuirasse d’ossements qu’il avait donc dû laisser chez lui. En espérant qu’un voleur ne s’introduirait pas par une des fenêtres brisées et ne la lui prendrait pas…

Ils parvinrent au manoir de la mère d’Elvaséa. La vieille mégère ne s’attendait visiblement pas à le revoir sitôt et elle avait un air chagrin, mais un sourire entendu s’étirait sur ses lèvres. De toute évidence, elle ne croyait pas que Talis puisse tirer quoi que ce soit de son kwama.

« Et maintenant, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, le grand numéro de… Mornifle, acheva le chevalier qui s’était un peu enflammé et que le nom de la monstruosité albinos avait refroidi. La férocité incarnée, cause de la mort de tant d’hommes, parmi lesquels le vaillant Gotispar Adrat, est devenue la plus soumise des créatures, dont mon serviteur et moi aurons la joie de vous présenter les magnifiques tours qu’elle sait accomplir. Cher public, je vous demande d’applaudir bien fort Mornifle ! »

Les trompettes, qu’on n’avait pas invitées mais qui étaient venues quand même, trompettèrent à qui mieux mieux, parce que c’est là la fonction des trompettes. De la grande porte jaillit Mornifle, étincelant du strass affreux dont Anselme avait jugé de bon goût de l’orner. Il caracola un moment puis, à la voix de Talis, prit son élan et effectua un double saut périlleux vrillé. Il se reçut avec grâce et légèreté sur les pattes arrières et agita un de ses membres pour saluer la foule assemblée.

« Et maintenant, si vous voulez bien vous écarter du centre de la salle. Mages, à vous ! »

Une demi-douzaine de Telvannis présents pour la circonstance lancèrent un sort de froid qui transforma le sol en une véritable patinoire. Anselme enfila à Mornifle des patins et le kwama bondit sur la piste.

« Admirez cette élégance, cette retenue dans le geste de Mornifle ! Frémissez en le voyant ainsi glisser sur une seule patte ! Tombera-t-il ? Non ! il poursuit sa course et voici un triple axel ! Mais notre brave animal ne s’arrête pas là ! Il enchaîne à présent les arabesques, les pas de trois ! Que de risques ! Ah, mon cher Anselme, quelle joie de voir cette créature s’épanouir dans cette noble activité ! »

La foule acclamait Mornifle à présent et la vieille peau pouvait à peine retenir son admiration. Maintenant la main d’Elvaséa était acquise à Talis autant que son cœur.

Alors que le clou du spectacle venait à peine d'être enfoncé, la belle et douce Elvaséa, les yeux brillants d'admiration, se jeta au cou de Talis Ulom sous les vivats de l'assemblée.

« Ma fille ! Un peu de tenue » siffla sa mère « Que dirait votre défunt père s'il vous voyait vous comporter de la sorte ? Nous sommes des gens de principe !
- Précisément, Madame, » déclara le chevalier rédoran en se dégageant doucement de l'étreinte de son aimée pour se pencher par dessus la table vers sa future belle-mère « vous êtes des gens de principe. Et des gens de principe honorent leurs promesses, n'est-ce pas? » ajouta-t-il légèrement plus fort.

Vaincue, la mégère coassa: « Je vous... accorde la main de... de ma fille Elvaséa. »

Anselme pleurait à chaudes larmes. Talis Ulom fut pris au dépourvu par cette réaction inattendue. Ah ! Le brave garçon ! Un peu crétin comme tous les Brétons, certes, mais son affection et son dévouement faisaient plaisir à voir. Ces larmes versées en l'honneur de son bonheur et de celui de sa prom...

« Regardez, maître ! Comme tous l'applaudissent ! » sanglota l'écuyer en montrant la monstruosité couverte de strass. « Je suis si fier de mon petit Morniflounet ! »

Bien, bien, bien... Le chevalier rédoran esquissa une grimace sinistre. Il aurait dû s'y attendre. Dire qu'il avait failli tout annuler à la dernière seconde. S'excusant auprès d'Elvaséa qui exposait à sa mère consternée ses idées pour la cérémonie nuptiale et la noce, Talis Ulom gagna en crabe la porte du manoir.

Sur le seuil, prêts à frapper au battant, Drélaso Othralen et Zanat Valit, accompagnés d'une douzaine d'Ordonnateurs.

« Si vous croyiez nous avoir abusés, Chevalier Ulom, » commençait Othralen, gonflé d'importance...
« Ah! Messieurs ! Je vous cherchais, précisément.
- Vous nous...
- Tout s'est déroulé selon nos plans. J'ai pu m'assurer de la validité du dressage dispensé par ce... Dresgon. Le kwama albinos est à présent inoffensif... » (A ces mots, un soulagement manifeste agita les rangs d'Ordonnateurs.) « ... et prêt à confesser ses crimes devant le Grand Chanoine. Ayant rempli ma tâche, je l'abandonne donc à vos bons soins. »

Talis Ulom s'effaçant devant eux, les soldats du Poète pénétrèrent à l'intérieur de la demeure et se saisirent du monstre qui se laissa docilement emporter, malgré la vaine tentative d'Anselme pour le ceinturer et le retenir dans la salle du banquet.

Aux quelques invités qui se récriaient, Talis Ulom rappela que le charme du spectacle n'excusait en rien le passé criminel de la monstrueuse créature. Le numéro étant de toute manière achevé, on en convint sans peine et chacun se dispersa, satisfait de sa soirée.

Lorsque son serviteur rentra au quartier rédoran à l'aube, à bout de force et de larmes, après avoir traîné dans le quartier du Temple, Talis Ulom commença par le rosser consciencieusement avant de lui signifier son congé et de le bannir de la Maison Rédoran. Il s'était de toute évidence attaché à un criminel de la façon la plus honteuse, bafouant la Loi, son Honneur et négligeant enfin ses devoirs les plus élémentaires envers son ancien maître.

Le malheureux Anselme repartit pour le Temple. Un Ordonnateur en faction lui apprit que le Grand Chanoine venait de déclarer Mornifle coupable du meurtre d’un Rédoran et de le condamner à mort, après une confession surprenante de l’animal. Le kwama avait été transféré au Ministère de la Vérité d’où on le ramènerait à l’aurore pour l’exécuter devant la cité. Le garde ajouta que les visites n’étaient pas autorisées, même « aux membres de la famille », précisa-t-il avec un rire moqueur.

Anselme n’avait que peu de temps pour sauver son Mornifle adoré des conséquences de l’ingratitude de son maître. Il passa en revue les options à sa disposition. Plaider la cause du pauvre kwama en mettant en valeur l’exclusion qu’il avait dû ressentir dès sa naissance, étant un albinos ? Non, ça ne changerait rien. Provoquer une émeute pour le libérer ? Hélas, qui aimerait Mornifle autant que lui, juste assez pour vouloir le tirer des griffes des gardes du Ministère ? Il ne lui restait donc que l’évasion.

Réfléchissant à toute allure, le Bréton finit par élaborer un plan d’une audace folle, avec seulement une chance sur un million de réussir. Autant dire que c’était gagné d’avance, songea-t-il.

Tard dans la soirée, un Ordonnateur accueillit un humain à la peau noircie à la suie, portant des haillons qui tentaient vaguement de ressembler à la robe d’un prêtre, dans son bureau du Ministère de la Vérité. Le déguisé commença à débiter une histoire incohérente et blasphématoire.

« Tout à fait, seigneur Ordonnateur, c’est comme je vous le dis : je suis porteur d’un pli signé par Vivec lui-même. Il me charge de vous informer que le kwama est un grand danger pour notre bonne ville : il émet une magie mauvaise naturellement, qui risque d’annuler les sortilèges excellents que Vivec utilise pour maintenir en l’air la lune. Si Ninifle… je veux dire Mornifle… pardon, le kwama n’en est pas sorti d’ici une heure, le Ministère tombera droit sur la bibliothèque ! »

Malheureusement pour Anselme, il a été amplement démontré que quand on a une chance sur un million, cette chance se sent très seule. D’autant plus quand les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres reviennent d’une soirée où elle n’a pas osé venir. Et qu’elles ont trop bu. Et qu’elles ont ramené des battes et portent des semelles à clous. Ce qui explique pourquoi la réponse de l’Ordonnateur ne fut pas aussi posée et compréhensive qu’Anselme le désirait. En revanche, on peut dire que l’Ordonnateur comprit bien le problème posé. Je vous fais juges :

« Gardes, foutez-moi ça au trou et que ça saute ! Trouvez-moi un code pénal à jour et débrouillez-vous pour qu’il écope de quinze condamnations à perpétuité au moins ! Il va apprendre ce que c’est que de se moquer du Temple ! »

En entendant ces mots, Anselme adressa de violents reproches au narrateur qui ne l’avait pas détrompé dans ses certitudes naïves. Ce à quoi le narrateur le trouve un tantinet de mauvaise foi et lui explique qu’il ne se foule déjà pas à trouver des explications cohérentes à son lectorat alors ce n’est pas un personnage secondaire qui va venir lui faire la leçon.

Lequel personnage secondaire n’écoutait déjà plus (quel goujat !) mais dévalait les plans inclinés du Ministère, appelant son kwama de toute la force de ses poumons. Ça donnait à peu près ça :

« Ninifle ? Ninifle ! Où es-tu, Ninifle ? »

On pourrait broder là-dessus un certain temps mais ça n’apporterait pas grand-chose à l’histoire et à ce stade-là, le narrateur fatigue. Aussi va-t-il avoir recours à un procédé très subtil et tout aussi élégant, inventé à l’attention de tous les conteurs qui s’entendent bien plus à l’action qu’à l’ambiance, et qui s’appelle l’ellipse. Notons bien le mot, il n’est pas impossible qu’il reserve, sait-on jamais que le narrateur aurait un nouvel accès de flemme.

Or, le narrateur, qui a bon fond et sait reconnaître ses torts envers un personnage, fût-il secondaire comme Anselme, vient de se souvenir, lors de l’ellipse qu’il a mise à profit pour cogiter, que la potion bue par Mornifle était dans un biberon préchauffé. Détail qui a son importance, car le principe actif de la potion s’est alors en grande partie évaporé et l’effet en devient beaucoup plus court ! Et Mornifle ne se sentait plus obligé d’obéir aux ordres des Ordonnateurs. Par contre, en entendant :

« A l’aide ! A moi, Mornifle ! Il y a tout un tas de gens qui me veulent du mal ! »

Les instincts de protection du maître adoré reviennent en force. Et là, il nous faut observer un moment de silence pour les malheureux mineurs qui ont sué sang et eau pour extraire du minerai dont on a fait le métal qui a servi à forger les chaînes que Ninifle, la brave bête douce comme un agneau, est en train de faire éclater. S’user la santé pour aussi peu de résultats, c’est vraiment affreux quand on y pense.

La minute de silence vaut aussi pour les menuisiers et les ébénistes en charge de faire une porte aux cellules. Et aux malheureux Ordonnateurs qui risquent d’avoir de grosses échardes de bois se glissant sous leur armure droit dans leur peau sensible. Mornifle jaillit de sa geôle à fond de train. Anselme le vit arriver en face et adopta l’attitude la plus sensée : il sauta le plus haut possible, effectua un demi-tour, écarta les jambes et retomba sur le dos de son kwama. Ça a l’air simple comme ça, mais le narrateur a eu les pires difficultés à débloquer des crédits pour les effets spéciaux.

Kwamaisant (c’est pareille que chevauchant mais avec un kwama, faites un effort ou on n’y arrivera jamais), Anselme reprit son chemin en sens inverse. Comme il filait à toute vitesse, sa chance sur un million se sentit plus en confiance et commença à faire des gestes inconvenants aux autres chances, des piétonnes, elles.

La porte de sortie fut ouverte par un Ordonnateur qui savait pertinemment qu’au moindres dégâts supplémentaires du matériel, le narrateur est bon pour les payer de sa poche. Le brave garçon. La clémence du narrateur est telle qu’elle lui évitera le conseil disciplinaire pour complicité d’évasion.

Il y avait toutes les chances ou presque sur un million qu’Anselme et Mornifle se rappelle que le Ministère se trouvait dans les airs et qu’ils risquaient de tomber dans le vide. Malheureusement, ces chances-là avaient été laissées derrière et la seule qui leur restait était occupée à leur adresser des obscénités, sans regarder devant elle. Ce qui devait arriver arriva. Ils tombèrent.

Il ne serait pas très délicat de la part du narrateur que d'épiloguer sur la réaction de son Excellence Bérel Sala, lorsqu'un Ordonnateur vint toquer timidement à la porte de son bureau pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. On aurait mauvaise conscience à dépeindre les vives émotions qui se peignirent sur son visage au fur et à mesure que le malheureux messager lui marmonnait en regardant ses pieds cette rocambolesque évasion.

Nous n'évoquerons pas davantage les tentatives, hélas infructueuses malgré l'enthousiasme déployé par les Ordonnateurs de faction cette nuit-là, pour retrouver les corps déchiquetés de Mornifle et de son mystérieux complice. Les lois les plus élémentaires de la probabilité les eussent en effet voués à un destin peu enviable, compte tenu du peu de profondeur du lagon, et des brisants acérés qui en tapissaient le fond, mais rien n'y fît. On eut beau sonder, gaffer, draguer, explorer à grand renforts de parchemin de nage rapide et de respiration aquatique, rien.

Le Grand Chanoine fut toutefois satisfait d'apprendre de la bouche de Berel Sala même, le lendemain matin, que, par la grâce d'ALMSIVI, les évadés avaient été intégralement dévorés par un banc de poissons carnassiers, qui croisait commodément dans les parages. Cette révélation fut l'occasion d'une méditation inspirée qui vit la naissance d'un traité fort subtile sur les mécanismes de la Divine Providence.

Pour les remercier du rôle joué dans cette affaire, Drelaso Othralen et Vanat Zalit reçurent une promotion: ils furent nommés Gardiens Extraordinaires du Sanctuaire de la Fierté.

Rénalos et Totor, quant à eux, ne quittèrent plus leur misérable taudis de Saint Delyn. Rénalos ayant pris soin d'installer un judas et de renforcer les gonds de sa porte, il vécut heureux jusqu'à la fin de ses jours (il serait difficile de dire si ce fut également le cas pour Totor).

Dresgon profita de la coquette somme gagnée pour ses bons services pour acheter une bicoque mal chauffée au Rocher du Corbeau, où il y avait, paraît-il, de nombreux débouchés pour un mineur de sa trempe.

Quant à Talis Ulom et à la douce Elvaséa, ils se marièrent en grande pompe à la date prévue. Le chevalier rédoran, cependant, ne put pleinement goûter cette heure qu'il avait tant appelée de ses voeux. Il avait affronté maints dangers par le passé, nettoyé maints donjons, renvoyé maintes créatures dans les sphères les plus répugnantes de l'Oblivion dont elles étaient issues ; de cette dernière aventure, cependant, il n'était pas sorti indemne.

La douce Elvaséa s'aperçut au fil des mois que l'humeur de son mari avait changé: il avait disparu, le Dunmer aux délicates attentions, au sourire charmeur, aux yeux rêveurs, dont les récits palpitants la faisait presque se pâmer pour ce héros sans peur, si fort, et pourtant si doux. Talis Ulom était devenu renfermé, sinistre, l'éclat terrible de ses yeux effrayait par moment son épouse, ainsi que son mutisme, lorsqu'il fixait des heures durant l'âtre vide, dans la salle aux banquets à présent silencieuse.

Et deux ans passèrent ainsi. Talis redevenait parfois agréable l’espace d’une soirée, mais cela ne durait guère. Il laissait son manoir à l’abandon et Elvaséa n’avait pas assez de la fortune familiale pour remplacer le mobilier brisé. Ils devinrent de véritables étrangers l’un pour l’autre.

Un soir, alors que le chevalier rédoran rôdait, lugubre, dans le canton, titubant après s’être saoulé consciencieusement aux Fleurs d’Or, il se pencha par-dessus la balustrade et vomit tout ce qu’il savait. Il entendit un juron venant du dessous et une joie mauvaise le prit. Toujours ivre, il se mit à rire. Mais ce faisant, il ne se rendit pas compte du bruit de cavalcade qui se rapprochait de lui.

Quand il se redressa et parvint à distinguer quoi que ce soit, une immense ombre le recouvrait. Talis leva les yeux et ces derniers se posèrent sur Mornifle, écumant de rage, son cavalier Anselme couvert de bile. Le Rédoran s’agrippa à la rambarde pour ne pas tomber, mais ses genoux se dérobèrent sous lui. Il s’écroula, pitoyable, aux pieds de son ancien serviteur et aux pattes du kwama qu’il avait tant haï.

« Nous vous cherchions, messire Ulom, siffla Anselme.
– Ans… Anselme… Les Ordonnateurs ont dit que le complice de Mornifle était mort !
– Et vous les avez crus alors même que vous aviez vous-même pu vous rendre compte à quel point ils étaient incompétents ?
– Comment ? hoqueta Talis. Comment ?
– Totor avait appris quelques sorts à Mornifle quand vous ne le martyrisiez pas… Des sorts d’invisibilité  et de caméléon. »

Ici, le narrateur interrompt un instant ce grand moment de tension dramatique avec des dialogues à couper le souffle (allez-y, respirez… c’est bon, ça va mieux maintenant ?), car il est mauvais de ne se consacrer qu’à des événements à la triste figure. Quelle était la probabilité que cela arrive ? Assez haute, en fait. Les Iiiiiik étaient essentiellement un enseignement dispensé à l’apprenti sorcier Mornifle par Totor, maître mage en matière d’altération, d’illusion et de destruction. Fin de la parenthèse du narrateur qui n’en a pas mis pour ce paragraphe, du moins pas autour. Bref. Reprenons.

« Depuis deux ans, messire Ulom, nous nous préparons à vous revoir, Mornifle et moi… »

Nouvelle petite interruption du narrateur : ici, pour ne pas gâcher la note dramatique, le narrateur a pris sur lui de remplacer Ninifloninouchet d’amour par Mornifle. Ça fait tout de suite plus sérieux.

« Et je dois dire que nous sommes plutôt déçus de cette rencontre. L’homme que nous avons fidèlement servi n’est donc plus qu’un pochard ? »

Là, on a supprimé les Iiiiiiiik de Mornifle dont la traduction ne laisse tellement aucun doute que de telles paroles ordurières n’ont rien à faire dans un texte que des jeunes oreilles pourraient lire. De même, les borborygmes émis par l’organisme du chevalier Talis Ulom sont coupés parce qu’ils sont vraiment répugnants. Rappelez-vous donc bien : l’abus de mazte frelaté est dangereux pour la personnalité, consommez-en avec modération.

« Vous avez abandonné Mornifle aux Ordonnateurs sans l’ombre d’un remords et vous m’avez chassé de chez vous ! Vous…
– Par pitié, Anselme… Si vous me voulez quelque chose, dépêchez-vous et parlez moins fort… »

En s'entendant rabrouer de la sorte, l'ancien écuyer hésita.

Cela faisait deux ans qu'il se cachait du monde, dans une grotte à demi-inondée située sur le flanc d'un des nombreux récifs de la Mer Intérieure. Il avait eu le temps de méditer sa vengeance, de penser et repenser chaque parole, chaque geste. Et aujourd'hui, malgré la présence rassurante de Mornifle, malgré sa colère patiemment entretenue, malgré un régime alimentaire composé exclusivement d'algues, d'eau de mer, et de poissons carnassiers, malgré l'aspect pitoyable de son maître, il se sentait... en tort.

« Je... et bien, maître, je... » marmonna-t-il avec humilité.

Talis Ulom éclata d'un rire aviné et s'efforça de se relever sur des jambes qui se dérobaient.

« Chuis bien content » commença-t-il d'une voix pâteuse « bien content que vous choyiez re-revenu, Anselme.
- C'est vrai, maître ? » demanda d'une toute petite voix le Bréton.
« Voui. Surtout avec votre foutue bechtiole.
- Vous voudriez bien de nous à votre service ? »

C'est ici que le narrateur se permet d'inviter les plus jeunes de ses lecteurs à aller se coucher, car l'heure du coucher est passée depuis bien longtemps. Puissent-ils, dans leurs doux rêves, se figurer la tendre étreinte de ces trois compagnons, enfin rabibochés ! Puissent-ils peindre en vives couleurs l'avenir radieux qui les attendait, la joie de la douce Elvaséa en retrouvant au fil du temps le Talis Ulom qui l'avait séduite par le passé ! Puissent-ils imaginer de nombreux enfants riant aux éclats sous le regard attendri d'Anselme et sur le dos de Mornifle! Puissent-ils inscrire au bas de cette attendrissante scène le mot 'FIN' et conserver à jamais en eux cette image de bonheur.
















Bon.

Maintenant que nous sommes entre gens sérieux, bien au fait des choses de la vie et de la vanité des belles paroles et des bonnes intentions, reprenons le cours de notre récit.

« Vous voudriez bien de nous à votre service ? » demandait Anselme avec espoir.
« Pas jegjactement, mon bon Anselme. Pas jegjactement. »

Talis Ulom, dans un improbable demi-cercle, avait tiré du fourreau son épée, manquant de justesse de sectionner une mandibule à Mornifle. L'arme arrivant en bout de course, il vacilla quelques secondes dangereusement au bord du parapet, avant de se camper tant bien que mal face aux deux fugitifs.

« Je vais commencer par chaigner votre saleté de kwama albinos, Anselme. Ca fait t-t-trop longtemps qu'il me pourrit la vie. Même abchent, il me pourrissait la vie. » Le chevalier ponctuait ses propos par des moulinets fort imprécis en direction de la monture du Bréton. « Et puis je vous livrerai aux Jordonnateurs. Ils jont des moyens épatants pour les gens comme vous là-haut au Ministère. J'en ai assez de votre tête idiote et de votre incompétenche crasse, Anselme. Même vous venger, vous chavez pas le faire correctement.
- Grôôôôô... »

Nous avions déjà signalé l'agacement que générait chez Mornifle les gestes brusques et les imprécations; elle gardait depuis quelques instant le chevalier à l'oeil. Aussi, lorsque Talis Ulom se fendit tout à coup, usant par là d'une botte familiale qui aurait été fatale au kwama si le chevalier avait été à jeun, ou à la rigueur capable de se tenir debout, Mornifle ne fut-il pas pris au dépourvu. Il esquiva la charge maladroite et se jeta, toutes mandibules, griffes et appendices tranchants dehors, sur le Rédoran.

Les hurlements de Talis Ulom s'entendirent dans tout le Canton, mais pas très longtemps.

Lorsqu'une patrouille d'Ordonnateurs accourut sur les lieux, elle ne put qu'apercevoir une silhouette massive bondir souplement par-dessus le parapet, dans un stridulement victorieux. Il ne restait plus sur place que quelques lambeaux de chair et de tissu, une épée et une bouteille de mazte brisée.

Personne ne tint à se pencher par dessus la rembarde pour suivre des yeux la créature (à demi-humaine, chuchota-t-on par la suite) responsable d'un carnage qui n'était pas sans évoquer la triste fin de Gotispar Adrat. Techniquement, songèrent les plus dévots, un banc de poissons carnassiers devait être dans les parages, attendant de pouvoir assurer l'immanence de la justice tribunitienne.

Epilogue:


Une vieille femme était assise sur un ponton de bois, les jambes ballantes au-dessus de l'eau. Elle fredonnait un air oublié tandis que sa main gauche tâtonnait sous les planches et le long des piliers, apparemment au hasard.

Elle ne cilla pas lorsqu'une ombre gigantesque plongea dans le lagon l'aspergeant au passage. Ses doigts dégagèrent un étrange coquillage -c'était toujours là que les bons se cachaient- et elle le glissa dans un petit sac de jute avec les autres. Elle se releva ensuite péniblement, lissa sa robe fatiguée et adressa un sourire indéfinissable aux derniers cercles concentriques qui s'effaçaient, au bas du ponton.

« Quand Kwama fâché, lui toujours faire ainsi. » gloussa-t-elle. « Oui, toujours faire ainsi. »

Et elle monta les escaliers de bois en direction du Canton Redoran.

FIN


Modifié par redolegna, 03 décembre 2006 - 22:40.





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