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[rp] Cité Impériale


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284 réponses à ce sujet

#51 Ygonaar

Ygonaar

Posté 17 janvier 2009 - 23:34

Révélations protonymiques



Maudit greffier ! Dans quel monde vivait-il, celui-là ? Non seulement il semblait considérer cet infâme boui-boui comme une gentille taverne des quartiers riches, mais voilà qu’il déclenche une bagarre générale. Trop tôt, beaucoup trop tôt… Impossible maintenant d’impressionner correctement la clientèle déchaînée, de tisser une subtile tension qu’il aurait put libérer en cas de besoin… Au moins, le matou s’était relevé de la magistrale talmouse qu’il s’était reçue, et avait filé par la porte arrière. Maintenant, ne pas se faire étaler par un des nombreux postulants à l’Arène en train de s’exciter…

Louvoyant prudemment entre les belligérants, l’Argonien se dirigea vers l’arrière-salle. Il lui fallait disparaître bien plus tôt qu’il ne l’avait prévu. La cage d’escalier, elle était assez sombre. Le reptile s’y glissa et disparut dans les ombres. Ou plutôt, se laissa envahir par les Ténèbres… 

Main-d’Ombre était très fier de son talent, même s’il était certainement dû en grande partie à sa naissance. La côte orientale des Marais Noirs avait alors connu la rarissime conjonction de la Nuit Véritable, lorsque Masser et Seconda sont en éclipse totale, la Trouée de Magnus au nadir et la constellation de l’Ombre au zénith. Le bébé reptile éclos à ce moment-là ne tarda pas à noircir entièrement, tare qui lui valut d’être un souffre-douleur pendant toute son enfance. En revanche, il développa une grande affinité pour les Ténèbres, puissant catalyseur de ses dons d’illusionniste. Probablement la seule raison qui ait poussée sa mère à assurer sa formation, bien qu’il ne soit qu’un mâle infirme.

La grande difficulté de l’invisibilité, c’est qu’elle doit généralement affecter tous les témoins, et que ceux-ci ne doivent rien percevoir, qu’il n’y a aucun élément à impressionner, rien qui ne puisse porter directement l’illusion dans la conscience de ses cibles. Main-d’Ombre contournait la difficulté grâce aux Ténèbres…

Même les Altmers, qui manipulent pourtant l’élément Lumière, ne comprennent que rarement que les Ténèbres sont également un élément fondamental de Nirn et, parait-il, encore plus d’Oblivion. Si elles ne sont généralement perçues que comme l’absence de Lumière, c’est non seulement qu’elles sont extrêmement labiles, ayant tendance à se désagréger à la moindre source lumineuse, mais surtout qu’elles sont étrangères à la majorité des êtres vivants. Ces derniers les fuient et font leur possible pour les ignorer, à l’exception peut-être de quelques médiums, prêtre d’Arkay ou nécromants.

Si en exhalant des Ténèbres Main-d’Ombre n’en devenait pas plus translucide, tout le monde affectaient inconsciemment de l’ignorer, s’écartant même de son chemin pour ne pas risquer de prendre conscience de sa présence. En fait, il pourrait jouer de la darbouka dans une bibliothèque que personne n’en prendrait conscience. Seul les stimuli les plus violents, comme se faire agresser physiquement, permettent généralement de dépasser le phénomène d’occultation. L’idée même de la personne enténébrée refuse de refluer vers la conscience.

Et c’est bien ce qui chagrinait notre Argonien. Il avait cru, en devinant qu’une mage invisible accompagnait la Dunmer, qu’il s’agissait là d’une invisibilité véritable, peut-être un quelconque sort d’altération. Mais l’elfe était entrée seule et même du haut de l’escalier, il ne percevait aucune zone de vide ou pourrait se trouver la rouquine. Sauf peut-être si elle s’était elle-même enténébrée, dans ce cas ses propres yeux refusaient de la localiser… Il était de surcroît vexé car il avait toujours cru qu’il serait capable de percevoir les Ténèbres en toutes circonstances… Mais, à la réflexion, il devrait l’avoir également oubliée, non ? Ne même pas être capable de la rechercher ? Elle devait donc être resté dehors. Ou elle avait trouvé une autre méthode pour se masquer à sa vue…

Le lézard parcourut lentement la salle, attentif à le moindre odeur de l’Université des Arcannes. Hélas, les remugles ambiants masquaient tout et il était bien trop fatigué pour à nouveau faire appel à la Sève. Il y avait bien une Khajiit qui l’intriguait, car elle était arrivée peu avant la Dunmer et qu’elle semblait déjà à un degré d’éthylisme avancé. Mais une curieuse pulsation rougeâtre apparut à sa poitrine. Beaucoup trop évident, la chatte était forcément un leurre pour l’inciter à se découvrir. La Brétonne devait être dans les parages, mais pouvait-elle résister aux Ténèbres ou avait-elle oublié qu’Aradon avait un complice ?

Il n’avait plus le temps. L’elfe s’approchait déjà de la porte arrière. Il ne lui restait plus qu’à espérer que les Ténèbres occulteraient suffisamment la scène, ou que la mage tiendrait assez à sa collègue pour ne pas mettre sa vie en danger. Il rejoignit l’enfant de Morrowind en quelques souples foulées, s’apprêtant à l’entraîner dehors, dague sous la gorge, dès qu’elle aurait ouvert l’huis.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:15.


#52 Trias

Trias

Posté 18 janvier 2009 - 00:59

Le réseau




Le réseau.


« Chaque esprit se forme de ses expériences, comme autant de fibres entremêlées en une fresque particulière, artistique et singulière. Sous l'écho du Vouloir, leurs mailles vibrent d'une résonance unique, tel le son d'un cristal sous le doigt de l'enchanteur. C'est ce l'on appelle le réseau, et c'est de cette musique que tu dois te servir, pimprenelle, pour écouter les esprits. »

Les paroles du professeur Aragir revenaient à l'étudiante. La symphonie des esprits se faisait plus claire au fur et à mesure, si bien qu'elle s'isola totalement du monde extérieur. Le Son des trois joueurs attablés, vibrants telles des cloches sous l'appât fébrile du gain. Le ronronnement sourd du tenancier, et les ondulations des serveuses. Les trémolos médians des ivrognes, éteints par les vapeurs de la liqueur. Le timbre hautain et clair d'Ulvasa, se déplaçant en résonnant précautionneusement.

Et un vide.

Maelicia ne l'avait pas perçu initialement, parce que l'être positif ne perçoit pas spontanément l'absence avant qu'un changement positif ne se produise, par induction. Mais le changement était là : derrière les sibilances orgueilleuses d'Ulvasa, un silence négatif et mouvant effaçait la symphonie du réseau de détection spirituelle. Il fallait l'arrêter.

Comme convenu avec sa complice, la fausse khajitte croisa les mains derrière la tête, en un signal qui ne devait pas tromper. Ce faisant, le volumineux rubis de son pendentif glissa contre son coeur et celui-ci perçut son appel.

Le danger, là, en elle. Non, à côté, au delà de la de l'épaisse maçonnerie de pierre : un vibrato malsain et puissant, le continuel hurlement d'une haine antique. Cette haine des vivants, le bretonne l'avait déjà perçue à Bravil, et par deux fois. Et le tintement affolé de l'âme du khajitt, tout près de la fontaine de cruauté.

Elle devait intervenir.




ж ж ж
L'art de l'Onde




Ulvasa se contenait. Chaque pulsation de ses vaisseaux cognaient contre son corps comme un cheval enragé. Le pendule. Son amie. Elle ne devait observer rien d'autre et n'en dévierait pas. Car telle est l'obstination des mers du Dun, peu importe les pertes, peu importe les dommages.

Elle aperçut la Khajitt s'étirer et mettre ses bras contre sa nuque. Son coeur fit un bond : le signal, derrière elle !

L'elfe n'avait pourtant rien entendu, mais elle s'en remit à son amie : elle fit brusquement volte-face et entrechoqua violemment ses paumes chargées d'énergie. Un arc électrique fugace mais puissant ionisa l'air dans un petit périmètre autour d'elle, interrompant soudainement la conduction nerveuse d'une poignée d'individus proches. Parmi eux devait certainement se trouver le complice de l'homme-bête, mais lequel était-ce ?  

Soulagée mais perplexe, Ulvasa adressa un clin d'oeil à la fois triomphal et interrogateur à sa camarade. Mais son sourire s'effaça : revenue à son apparence naturelle, la bretonne s'était levée et se cambrait sous l'effet d'un effort surnaturel, joignant ses deux mains gantées en un seul receptacle tourné vers la cloison pierreuse.

— Couchez-vous, TOUS ! cria-t'elle, de sa voix aigue.

Ulvasa eut ensuite l'impression de vivre le temps au ralenti : le Vouloir circulant dans les veines des prismes de métal. La sphère arcanique prenant forme au centre des paumes. La décharge télékinétique, puis l'impulsion.  Le formant du sort se matérialisant soudain, et, accentuée par les catalyseurs de pouvoir, l'onde se déchaînant. La réalité se déformant, puis la propagation au sol, véritable  tsunami psychique balayant le mur tel un seïsme, dans un nuage où roches, lattes et mortier se mêlaient en un dangereux concert.

Le pan de mur passa juste à côté d'Aradon, emportant la disciple momentanément surprise par la soudaineté de l'attaque. Mais lorsque la cloison projetée percuta les pans de la bâtisse d'en face, la vampire n'était déjà plus dessous, s'étant rétablie d'un bond agile vers une grille voisine.

Au sein de la taverne, un chaos indescriptible fait de cris, de panique et de gravats régnait. Mais Aradon, avait été sauvé.

Du moins, pour l'instant.

Modifié par Trias, 18 janvier 2009 - 10:12.


#53 Arkan Lord

Arkan Lord

Posté 20 janvier 2009 - 21:36

Par un geste d'auto-défense le khajiit se protégea le visage en formant une croix avec ses avants bras. Le poing le percuta de plein fouet avec une violence inouïe et repoussa Aradon qui roula en arrière. Un petit craquement se fit entendre lors du contact ce qui arracha un cri de douleur au voleur qui était prit d'une terreur profonde envers cette sombre inconnue qui respirait la mort et le chaos. Il percevait la terrible puissance qui s'échappait de sa personne tel un animal qui ressent le danger. Son regard noir se posa sur lui.

Soudain un pan de mur explosa avec fracas vers l'extérieur en éjectant des projectiles de pierres meurtriers qui fusèrent dans toutes les directions. Prise de stupeur, la nécromancienne fut comme engloutie par cette vague de roches. La réaction de foule fut presque immédiate. Des hurlements de terreur résonnaient dans la taverne, une marée de chair s'enfuyait vers la sortie, piétinant les malchanceux. En quelques secondes la salle était presque vide. La pleine lune fut masquée par un inquiétant voile d'ombre.

Aradon aperçut derrière le nuage de poussière grise les silhouettes de Maelicia, l'argonien, l'apprentie dunmer et quelques curieux. Il tâta son bras, il n'était pas cassé mais sa capacité à se battre serait compromise. Sans attendre, le katar à la main gauche, il couru en direction de la salle où il se sentait en sécurité des assauts du vampire.

Modifié par Arkan Lord, 21 janvier 2009 - 19:03.


#54 Ygonaar

Ygonaar

Posté 20 janvier 2009 - 21:44

Lézard chaud




La Dunmer se retournait une dernière fois avant d’ouvrir la… Mais que fait-elle ? Main-d’Ombre avait à peine perçu l’ébauche du mouvement de l’Elfe qu’il se jetait loin de celle-ci. Trop tard pourtant, pas assez loin. Les arcs électriques le fauchèrent en plein bond, dissipant instantanément les Ténèbres, tétanisant les muscles. Il retomba d’un bloc, la queue raide comme une pique, dans la sciure pourrissante, imbibée tant d’alcool que de divers fluides plus ou moins organiques. Son cœur loupa un battement… Deux battements… Trois battements…

Les Argoniens sont des êtres conçus pour la survie. Lorsque vint l’atonie, le cœur repartit vaillamment. La douleur entra alors dans la danse, rapidement suivi de la rage. Sa gueule s’ouvrit largement, prête à déchiqueter de ses crocs effilés tout ce qui passerait à sa portée, ses yeux s’étrécirent en deux minces fentes, il exhala un sifflement grave et menaçant que n’aurait pas renié une pondeuse Alien. De curieuses coulures rougeâtres donnaient l’impression que sa tempe droite se déformait.

Il roula jusqu’au mur et se releva d’un geste souple, dédaignant les corps des trois mammifères qui l’entouraient. Sa rage n’avait que faire de cadavres. Se taisant, il se coula dans la poussière et les décombres, une seconde dague ayant surgit d’instinct dans sa main gauche. Une arme effilée, à la lame suintante d’un liquide qui ne devait pas être de la graisse d’entretien. Une forme devant lui, cela devait être l’elfine. Il arma son bras…

Stop ! Tu sais bien que les Ténèbres ont tendance à annihiler toutes raisons… Arrêtes-toi ! Caches-toi, observes et réfléchis…

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:17.


#55 Trias

Trias

Posté 24 janvier 2009 - 21:53

Le cinquième doigt de la liche




Une ouverture qu'on aurait dit taillée par un ogre défigurait à présent le flanc Est de la taverne ; porte, mortier, pierres et planches avaient été projetées de concert sous la violence de l'impact. La structure du mur avait été démantelée sur plus de douze pieds de large, en une morsure béante et brutale, exposant ses occupants aux assauts du froid et de la nuit.

L'étudiante percevait le tumulte et la panique derrière elle. L'ébrieuse clientèle s'était muée en une foule aveugle, piétinant ses propres membres dans une unique et confuse ruée. Seuls les plus imbibés des quelques poivrots restants demeuraient, vautrés et immobiles, vaincus par l'alcool. Déjà, le silex percutait l'acier dans les chaumières environnantes, arrachant quelques étincelles aux briquets inquiets des autochtones. Feu ravivé, fenêtres entrebâillées et judas ouverts, le quartier pauvre se retournait dans son sommeil.

La forme dégingandée et semée de fourrure du khajitt surgit de sous les décombres, une étrange lame au poing, et vint se réfugier derrière les deux magiciennes. La bretonne en fut rassurée, mais risqua tout de même quelques pas jusqu'aux bords du mur cratérisé. Elle hasarda un regard explorateur, sondant les débris propulsés contre la propriété voisine : diverses roches plus ou moins polies, quelques lattes passablement vieillies, le tout recouvert d'une nappe de poussière généreusement répartie.

— Perte de temps, graine de magicienne, fit une voix féminine mais glaciale. Cherche plus haut.

La bretonne localisa instantanément la vampire, forme noire et nonchalante accroupie en haut de l'enceinte de la propriété voisine. Une cascade de cheveux blonds et bouclés ornaient ses yeux froids et virides, sertis dans le marbre pâle de son visage. De sa silhouette revêtue de cuir noir, lovée dans une position provocante, émanait une aura à la fois sensuelle et menaçante.

Elle se laissa tomber de son perchoir à une vingtaine de mètres du cratère de la taverne, se réceptionnant avec souplesse, puis se redressa. Un sourire malsain dévoila ses canines, exagérément longues.

— Je m'appelle S'emsyl, cinquième du clan Sh'éam, continua-t'elle. Quel est ton nom, vierge mage ?
— Vermine ! aboya soudainement Ulvasa, en rejoignant d'un bond la bretonne. Abomination impie ! Monstre  humain ! Déchet ! Tuons-la maintenant, Maelicia, cette bête ne vaut pas mieux !
— Bête ? Moi ? Faut-il être bête pour se promener avec l'âme de mon mentor et me traiter ensuite  d'animal ! Donc, tu t'appelles Maelicia. Et la guenaude grise à ton côté, c'est ?
— C'est Ulvasa, répondit laconiquement la bretonne, qui sentait une coulée de sueur froide lui parcourir l'échine. Pourquoi vous avez tué ces gens devant l'auberge ?
— Parce qu'il me gênaient. Parce qu'ils vous cherchaient. Parce que c'était divertissant. Et pour une autre raison, que tu saisiras très vite, répondit l'inquiétante créature.
— Et z'allez faire quoi ?





                                                                  

ж ж ж
De l'utilité du meurtre




Les paroles de l'étudiante s'évanouissaient dans la rue, confusément atténuées par le son de portes et des fenêtres de dormeurs molestés.  

La morte s'appuya contre un arbre et prit une attitude pensive.
— Hum... Dans l'ordre : vous tuer, ou un peu plus. Vos petits travaux à Skingrad et à Bravil le méritent  bien. Puis, récupérer l'âme du sage Ahriman avant que le vieil homme ne s'en empare. Et quérir enfin notre sceptre, sans plus de hâte.

Insultante, elle fit ensuite mine de rassembler ses idées puis claqua des doigts.
— Mes bébés, c'est l'heure !

Trois sifflements serpentins lui répondirent, dont un dans le dos des magiciennes.  Mais celle-ci n'eurent l'heur de s'en préoccuper que la disciple, rapide comme l'éclair, faisait pleuvoir une pluie de flèche sur elles.

Les trois premières ricochèrent dans les airs, comme heurtées par un projectile invisible, sous l'influence de Maelicia. La quatrième fut celle qui passa, fendant les airs, droit vers les chairs de la bretonne.

Elle s'écrasa avec fracas contre une onde bleutée, Ulvasa ayant bondit juste à temps pour inclure son amie dans son bouclier, mais poussa aussitôt un hurlement de terreur en voyant un filet de foudre déchiqueté fondre sur elle. L'éclair parut soudain s'effacer contre un obstacle invisible, puis resurgit aussi sec en sens inverse, adroitement renvoyé par Maelicia. Malgré la surprise, les réflexes surhumains de la disciple lui permirent néanmoins de l'esquiver, et la pluie de flèches continua.  

Pendant ce temps, derrière elles, le cadavre qu'Aradon avait tout d'abord pris pour un alcoolique était parcouru de spasmes. Se révulsant, se tordant selon des angles surnaturels sous l'effets des convulsions, il posa soudain une main griffue au sol, puis se déchira largement la mâchoire d'un geste de son autre membre, rejetant à terre un épiderme devenu superflu. Sous les yeux horrifiés d'Aradon et de Main d'ombre, une créature terrifiante faite de muscles écorchés vifs, de griffes et de dents effilées s'extirpa du corps.

L'innommable horreur poussa un cri aigu prolongé, lancinant, comparable à celui d'un rapace mais en même temps terriblement semblable à un hurlement de douleur. A un hurlement humain. Deux vagissements aigus similaires provenant des autres cadavres de la guilde lui répondirent dans la rue.  

L'instant d'après, toutes griffes dehors, le rapide fondait sur Aradon.

Modifié par Trias, 24 janvier 2009 - 22:59.


#56 Ygonaar

Ygonaar

Posté 25 janvier 2009 - 01:22

Soleil de minuit



Main-d’Ombre anathématisait à nouveau le pauvre Aradon. Comment pouvait-il courir droit dans la gueule des mages, réduisant à néant tous ses efforts ? Il lui avait pourtant donné des consignes claires : fuir par le lac ! Il ne pouvait même plus riposter sur les thaumaturges, car une nouvelle zone de foudre grillerait certainement le Khajiit… Ce n’est qu’en voyant la rouquine, qui semblait avoir oubliée son illusion au passage, ne s’intéresser qu’à l’extérieur de la taverne qu’il comprit enfin que ses problèmes avaient encore progressés d’un cran.

Si la Peau-molle juchée sur le toit d’en face ressemblait à une Cyrodiil, l’Argonien ne fut pas dupe plus d’une seconde. Il percevait clairement les Ténèbres qui faisaient parties intégrantes de la créature, subtilement liées tant à son corps qu’à sa psyché. L’être ne pouvait pas être naturel. Une Mort-vivante, à la limite une Daedra mais il n’y croyait pas trop. Bien qu’il n’en ait encore jamais rencontrée, une foule de rumeurs et de légendes lui vint à l’esprit. Et aucune ne lui plaisait. On disait ces monstres sans point sensibles, insensibles aux poisons, voire parfois même aux armes non magiques. Pas le genre de client pour une attaque rapide et précise. Il faut les démembrer à l’arme lourde, du travail de boucher… Et dire qu’il n’avait même pas sa machette sur lui…

La créature se pavanait devant la Brétonne. Encore une mégalomane qui ne pouvait s’empêcher d’expliquer en détail ses plans machiavéliques à ses victimes plutôt que les exécuter sobrement mais efficacement. Tant mieux, il aurait plus de temps pour réfléchir à la marche à suivre. S’enténébrer avec Aradon et fuir ? Non, si le Khajiit y survivait, il deviendrait probablement fou. Même lui prendrait un risque considérable à trop fricoter avec les Ténèbres. D’autant plus que ça n’aurait probablement aucun effet sur le cadavre ambulant… Qui exhibe une belle paire de canines, cela dit au passage. Donc probablement une Vampire, si les légendes ont un fond de vérité. 

Que prétend-on sur les Vampires ? Ils craignent le feu, les pieux en bois, l’ail, les bracelets d’Arkay et le soleil. Laissons le feu aux magiciennes, même avec les réserves d’alcool derrière, ça parait difficile à mettre en œuvre. Improviser un pieu avec un tasseau brisé devrait être possible, mais c’était là aussi une solution de dernier recours. Se procurer de l’ail serait fort long, quant à trouver un prêtre dans ce quartier… Sans compter qu’il n’avait absolument aucune affinité avec ces dieux à l’existence pour le moins douteuse. Et pas la peine de penser au soleil, en pleine nuit… Quoique…

Alors que le reptile était en train de chercher un des délicats sachets de coton dans sa gibecière, S'emsyl sonna l’hallali. Elle se déchaîna sur les deux jeunes femmes et des cadavres firent leur métamorphose en Rapide. Imbécile, se dit Main-d’Ombre, elle ne se vantait pas, elle gagnait du temps pour pouvoir relever ses monstres ! Il n’aurait aucune chance contre plusieurs Mort-vivants, et il n’était pas dit que la Stryge allait s’arrêter là. Il fallait frapper à la tête !

Un cadavre à côté de lui explosait, laissant place à une créature sanguinolente qui feula sa haine et sa douleur. Peut-être est-ce parce qu’il percevait nettement les Ténèbres associées à ce hurlement, peut-être parce que sa récente enténébration annihilait encore tous sentiments, mais l’Argonien analysa froidement la terreur que provoquait l’horrible créature… Se focaliser sur la Vampire… Il lança sa dague.

Il n’espérait pas une seconde que le puissant poison dont elle était enduite puisse faire effet. Il ne pensait même pas qu’elle atteindrait son but. Mais elle attirerait certainement l’attention de S'emsyl. Dans la foulée, il lança son sachet au sol, ne cherchant même pas à l’ouvrir pour en extraire le contenu. Les Sels de Feu devinrent instables sous le choc, embrasant instantanément le magnésium des six boulettes éclairs. Malgré la brume, le flash fut visible de l’autre coté du Lac.

Main-d’Ombre investi ses dernières réserves magiques pour impressionner la lumière, pour y associer l’aspect du soleil, la sensation de brûlure, celle des Ténèbres se dissipant, la peur primitive du danger mortel... Et une fugitive odeur d'ail.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:20.


#57 Arkan Lord

Arkan Lord

Posté 25 janvier 2009 - 22:29

La créature s'extirpait petit à petit du mendiant s'appuyant sur le sol de sa large patte griffue en un long hurlement d’éffroi. Ses muscles sanguinolents saillaient à la lueur de la lune. L'abomination une fois sur pieds vacillait lentement de droite à gauche comme si elle avait perdu tout équilibre.

Aradon observait la scène, tout droite sortie d'un théâtre apocalyptique, avec horreur. Son cœur battait si fort qu'il semblait vouloir éclater. Un sentiment de dégout remontait sa gorge et l'empêchait de respirer. Une terreur intense empoignait son estomac. Toute son âme lui criait de fuir mais ses jambes ne semblaient pas répondre, un tremblement presque convulsif secouait son corps.
Ses pupilles s'élargirent profondément lorsque le monstre de chair le dévisagea de son œil unique échappant de sa gueule déformée un grondement caverneux.

La bête se pencha lentement, posant ses mains griffues sur le sol, dans une position bestiale. Elle n'était qu'à quelques mètres de lui. Elle fléchit ses jambes un instant puis bondit sauvagement sur Aradon, griffes en avant, prête à le broyer de ses crocs acérés.

Le voleur fit face à la créature qui fondait sur lui. Il se mit en garde, lame au poing. Soudain, quand la créature allait le percuter, il se courba violemment en évitant les griffes de peu. L'horreur s'écrasa sur lui quand un flash lumineux cogna sa rétine.

Le blanc complet. Etait-ce la mort? Non, son cœur battait violemment. Un puissant cri strident avait éclaté ses tympans. Ainsi privé de ses deux sens majeurs, Aradon tentait de comprendre la situation. Un liquide chaud parcourait son torse. Un lourd poids compressait sa poitrine. Un souffle chaud et putride battait sur son visage.
Des images floues apparurent tandis que son ouïe revenait peu à peu. Ce ne fut que quelques secondes plus tard qu'Aradon reprit ses esprits.
   La créature l'écrasait sous son poids, sa lame figée entre ses côtes, un filet de sang coulant sur le métal. ~Je l'ai eue~ pensa-t-il.

Soudain une douleur intense traversa son épaule. Le monstre qu'il croyait avoir abattu commençait à lacérer de ses crocs la chair du khajiit sans défenses qui fut aspergé d'une giclée d'hémoglobine.
Non, on ne tue pas un mort...

Modifié par Arkan Lord, 25 janvier 2009 - 22:34.


#58 Daimyo Tai Shi

Daimyo Tai Shi

Posté 25 janvier 2009 - 23:44

La déflagration avait soufflé un pan de mur entier de la bâtisse. Des éclairs lumineux filtraient par les fenêtres, ce qui poussa l'Etranger à presser le pas jusqu'à l'entrée de la taverne... Il ressentait clairement les nombreuses âmes en détresse à l'intérieur, les ivrognes à l'esprit embrumé par le flint morrowindien et le cognac cyrodiilien, mais également la présence des Ténèbres...

Les capacités du bréton s'étaient grandement améliorées depuis qu'il avait perdu la vue... Sa rétine n'était peut-être plus efficace, mais ses autres sens avaient su prendre le relais, de même que ses compétences en mysticisme lui avaient permis de modeler une nouvelle perception de son environnement. La détection magique qu'il employait à longueur de temps agissait comme un "troisième oeil", en sorte. Il avait certes toujours l'impression d'évoluer dans un monde spectral, terne, et sans couleurs, mais il parvenait à "voir" de plus en plus clairement, sa détection de vie s'étant ainsi métamorphosée en un septième sens venant pallier à l'inefficacité de sa vision...

Le jeune homme déboula à l'intérieur du bâtiment en ruines en proie au chaos. D'un côté, là où le mur avait explosé, se trouvaient deux silhouettes, des magiciennes au vu de l'aura qui les entourait et des sortilèges qu'elles ne cessaient d'incanter, celles-là même qu'il avait suivies plus tôt dans la nuit. Les deux femmes semblaient en pleine lutte avec une silhouette mal délimitée, de forme incertaine, sombre, perchée sur le toit de la bâtisse adjacente... Cet être semblait dénué d'âme, et les sans-vie étaient ce qu'il était le plus difficile à détecter... Heureusement, il s'agissait du point de convergence de puissants flux mystiques, à cause de son usage excessif de magie, ce qui la trahissait assez pour que le bréton puisse percevoir assez clairement sa présence...

De l'autre côté de la pièce, un tas d'âmes s'élevaient dans les airs, sans doute quittant leur enveloppe corporelle, mais semblait comme attiré par la créature des Ténèbres sur le toit voisin. Des morts récentes, cela ne faisait aucun doute... L'une de ces présences, cependant, attira l'attention du jeune homme. Ce dernier parvenait désormais à percevoir avec certitude qu'il s'agissait d'un Khajiit... Il semblait recroquevillé sur lui-même, comme écrasé par un poids invisible... Un sentiment de peur semblait émaner de l'âme de l'homme-chat, quand soudain de nouveaux flux mystiques convergèrent vers l'être invisible au-dessus de lui, se rassemblant en un éclat rougeoyant prenant lentement une forme bipède. Un hurlement aigu fit crisser les dents de l'ancien Traqueur...

"Des Rapides..." susurra Jorus...

Ses autres sens entrant en éveil, son environnement lui parut d'un coup plus clair, des traits apparaissant soudain sur les visages, des détails se matérialisant d'un coup, les Rapides, pourtant dénués de vie, se révélant brutalement à son esprit... Le bréton incanta alors une onde répulsive, concentrant dans son poing libre l'énergie nécessaire à son entreprise. Des particules mystiques se mirent aussitôt en mouvement, créant un flux spiralé convergeant vers la paume du magicien, puis, déroulant le bras vers sa cible, il marmonna un indistinct "Impelo" qui se conclut lorsque Jorus ouvrit sa main.

Le Rapide fut projeté contre le mur tête la première, répandant de la cervelle tout autour de son point d'impact et libérant le Khajiit, au moins pour un instant.

Jorus se dirigea ensuite d'un pas lent vers le mort-vivant dont il savait que le crâne fracassé n'avait pas suffi à le neutraliser, s'attendant à recevoir une brutale et puissante contre-attaque, si caractéristique de ces damnées créatures...

Modifié par Daimyo Tai Shi, 25 janvier 2009 - 23:59.


#59 Willow666

Willow666

Posté 03 février 2009 - 23:25

Il y avait une ambiance particulièrement chaude, ce soir, à la taverne du Sang du Guar. La mise en quarantaine de la cité devait sûrement y être pour quelque chose. Peu de places libres étaient disponibles, ce qui n’avait pas empêché le tavernier Manfred de servir les bons clients. Au fond de la salle, Ulfin, Nono, Loramis et Shura étaient assis, sirotant un tonnelet d’ale de cinq galions placés au milieu de la table. Dédaignant une bagarre générale, les quatre compères faisaient une partie de bridge.
Ce groupe disparate comportait un elfe sylvain, deux humains et un grand orc. Ce dernier était particulièrement voyant, malgré la faible luminosité du fond de salle, car il dépassait les autres de plusieurs têtes. Un peu embrumés par l’alcool, les joueurs commençaient à jouer plus lentement quand …

Une énorme déflagration retentit dans la salle. Juste le temps de tourner la tête pour voir tout un pan prés du comptoir être projeté dehors…

Complètement abasourdis les compères mirent un certain temps a revenir à la réalité, le temps que le nuage de poussière commence à retomber et qu’une bouffée d’air frais vint caresser les joues échauffées par l’air moite et enfumé la taverne. Shura entendit une des magiciennes discuter avec du monde à l’extérieur, et des corps étendus au sol. Réflexe militaire du maintien de l’ordre, il se leva donc laissant tomber sa chaise, alors que ses compagnons restaient hébétés.

Il assura une prise ferme sur sa masse. C’était la débandade dans l’auberge et ceux qui pouvaient encore marcher s’enfuyaient par la porte avant de l’auberge. Les autres étaient soit morts soit ivres. Quoique…

Car alors un cadavre se releva et se transforma en zombi écorché. C’était tellement stupéfiant que l’orc eut un moment de surprise, qui se transforma vite en une profonde haine, ayant toujours détesté ces bestioles. Un puissant flash illumina l’auberge. La lumière scintillait encore dans ses iris quand il devina le zombi sauter sur un khajiit, avant qu’un humain projette le mort vivant contre un mur d’une incantation.

Une rapide analyse de la situation lui désigna comme priorité l’éradication du mort-vivant. Il courut vers le zombi cloué au mur avec la ferme attention de lui éparpiller la cervelle. Il sentait sa rage guerrière commencer à l’envahir.

#60 Trias

Trias

Posté 08 février 2009 - 13:51

La rage du cadavre




Le zombie fourrageait dans les chairs du Suthay, s'abreuvant de son sang comme un affamé en plein oasis, tentant d'épancher sa haine en même temps que sa soif canine. Tout entier à sa rage, il ne perçut  pas qu'un autre coeur battant entrait dans les lieux. Il fut projeté au mur, et un nouvel accès de douleur s'ajouta à celle qui dévorait déjà ses membres écorchés.

Un pan entier se sa perception disparut alors qu'il heurtait la cloison, laissant quelques lambeaux de cervelle sur les lattes qui l'ornaient. Furieux, il retourna sa douleur contre le premier obstacle possible, une masse palpitante courant vers lui. Mais lorsqu'il bondit sa jambe droite ne lui obéit que partiellement, les filets nerveux qui s'y destinaient ayant été sectionnés par le katar du khajitt, au niveau de sa hanche.

Aussi manqua-t'il légèrement la tête de l'orque pour venir s'écrouler sur une table voisine. Rebondissant, il sauta de nouveau sur celui-ci, ses bras tendus en une étreinte qui se voulait mortelle, bien que rendue maladroite par la mutilation.




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La mort d'une apprentie





Le chaos. Les cris suraigus et éraillés des rapides, le puissant fracas d'explosions mystiques délabrant les lieux, les hurlements guerriers des armes et le choc des combattants : l'auberge du Sang du Guar était devenue l'auberge du Sang tout court.

Au centre de l'ouverture pratiquée à la façade nord du bâtiment se tenaient les deux adeptes de la guilde, contenant tant bien que mal la malice des revenants. Ulvasa repoussait les assauts d'un couple de rapides, sa science de la foudre se concrétisant par de brèves mais puissants arcs électriques, renvoyant les inlassables créatures contre les grilles de la propriété adjacente.

Maelicia, elle, se concentrait sur la disciple : protégée par le bouclier de son amie, elle faisait pleuvoir enchantements et sortilèges sur la vampire. Les attaques directes paraissant inutiles face à la vélocité de son adversaire, elle multipliait les agressions environnementales, détruisant terre, arbres et parois là où elle ne pouvait atteindre pieds, mains et corps. Amplifiées sous l'effet des gantelets de Sul-Narsil, les ondes psychiques dévastaient l'aire de combat, obligeant la vampire à bondir sans cesse vers d'autres points d'appui. Peu à peu, tandis que ses flèches volaient contre l'écran d'Ulvasa et que ses éclairs ricochaient sous la poigne de Maelicia, la position de la vampire parut devenir essentiellement défensive.

Soudain, une lourde dague déchira l'air, filant droit vers la morte-vivante. Celle-ci, l'equivant en plein vol, pivota sur elle même pour identifier son point d'origine... la forçant à poser le regard sur un petit sac d'où s'échappaient d'étranges crépitements. Lorsque les sels de feu virent à bout de la bourse de lin noir, il était déjà trop tard : le magnésium s'oxyda violemment au contact de l'air, un flash inouï zébrant l'obscurité jusqu'à l'autre bout du Rumare, aveuglant cruellement la vampire.


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Lorsque la vision lui revint Maelicia constata que S'emsyl gisait agenouillée, les mains agrippées autour de ses orbites. Elle la tenait ! Envoyant valser un autre pan de roche, elle expédia vers la morte ce qui aurait du être son destin. Cependant, in extremis, l'un des deux rapides s'interposa, recevant de plein fouet le mortel projectile... pour se relever à nouveau.

Si seulement il n'y avait pas ces rapides... pensa la bretonne. Ces rapides... une idée lui vînt.

— Ulvasa, cria-t'elle, protège moi !
Puis, s'ouvrant à nouveau au Réseau, elle localisa les harmoniques lancinantes des zombies. Il y en avait trois, dont deux à l'extérieur. Toujours coupée du monde extérieur, elle commença à incanter, mêlant les runes d'intrusion, de brèche, de contrôle et de soumission en un unique sortilège bien connu d'Illuvanar :

— Inmissum...
— Maelicia, qu'est-ce que tu fais ? hurla sa collègue, en voyant les yeux de son amie se révulser vers l'arrière
— Aries...
— Maelicia, grouille, ils rappliquent ! paniqua la dunmer en décochant une sphère enflammée à l'un des rapides, qui l'esquiva d'une détente de ses frêles membres.
— Pariuinem morcum...
— Maelicia !!
— Dominae !!


Les conjonctives entourant les pupilles de la bretonne prirent une inquiétante lueur verte, et d'étranges et serpentines vibrations amarilles jaillirent de ses doigts étendus : Maelicia avait désormais accès aux pensées des rapides, défilant dans son esprit telle une immense et douloureuse cascade de complaintes d'un autre monde. Mais... il lui faisait défaut la puissance nécessaire pour les contrôler.

Le premier des deux démons écopa d'un éclair administré juste à temps par Ulvasa, tandis que le deuxième fondait sur elle, pénétrant dans le bouclier en même temps qu'il laçérait l'air d'un coup de griffe. Le bouclier disparut.

Il fallait une issue. De la puissance, Maelicia savait où en trouver : extrayant le joyau rougeoyant de sous sa tunique, elle l'agrippa et s'en abreuva à travers les veines mystiques de son gantelet. Combinant l'énergie du passeur à la sienne, elle s'insinua brutalement dans l'âme captive des rapides, et établit de nouveaux liens.

Le zombie qui fourrageait dans la poitrine sanglante d'Ulvasa s'arrêta, de même que son voisin un peu plus loin. Avec un ensemble frappant ils se détournèrent soudain de leur cible pour fondre vers leur ancienne maîtresse, toutes griffes découvertes. Ils allaient presque l'atteindre lorsqu'elle se redressa, affichant un rictus mauvais sur son visage devenu grêlé, comme sous l'effet d'un four.

— Tu te découvres, pucelle-mage...

Et soufflant dans ses mains réunies un Mot de pouvoir, elle un fit jaillir une orbe de destruction pure qui éclata soudain vers la taverne, désintégrant les rapides à l'extérieur, et projetant la bretonne à l'intérieur du bâtiment. Maelicia, qui avait à peine eu le temps de se retourner, heurta le comptoir du bar telle une poupée de chiffon. Encore étourdie par le choc, un épais liquide coulant sur son front, elle sentit soudain une atroce brûlure lui ronger les membres : vêtements et peau se racornissaient simultanément, tout ce qui n'avait pas été protégé par la pèlerine magique et les gantelets se désintégrant atrocement lentement, comme rongé sous l'effet de braises invisibles.

Elle se tortilla en poussant de pitoyables hurlements, roulant au sol pour éteindre le feu qui lui consumait jambes et bras. Dans sa douleur elle ne réalisa pas que, dépourvue de cape protective, les cris d'Ulvasa s'étaient éteints presque aussitôt. Enfin, sa torture prit fin, la laissant choir au sol quelques instants. Percevant une présence étrangère, elle roula d'instinct sous une table, sous laquelle elle se rétablit d'un mouvement farouche.

Modifié par Trias, 11 février 2009 - 21:07.


#61 Trias

Trias

Posté 10 février 2009 - 22:07

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Rancune salpêtrière




Au loin s'entremêlaient les bruits assourdis d'une cavalcade, ponctuée par intermittence par des impacts sourds et puissants. Étrangement, aucun nouveau membre de la guilde n'avait montré signe de vie. La garde aurait sans doute dû faire son apparition d'une minute à l'autre, mais pour l'instant seul l'écho des voix et babils d'une plèbe trop tôt réveillée se faisait entendre.

S'emsyl se baissa, et ramassa la dague qui avait été dirigée contre elle, afin de l'examiner quelques instants. Un coup d'oeil lui suffit pour localiser à nouveau les restes de la bourse de lin noir. Une expression vengeresse déforma ses lèvres.

— Une démolisseuse et un chimiste. Mutuelle satisfaction est possible...

La vampire inclina la tête, comme pour mieux percevoir quelques bruits lointains, puis s'accroupit et gagna d'une détente la paroi de la propriété voisine, où un tapis de moisissures blanchâtres se développait. Elle en préleva rapidement un large échantillon, puis bondit puissamment jusqu'au faîte de l'habitation. Deux ou trois autres sauts et la morte foulait le toit de la taverne sinistrée. Saisissant quelques unes des gibecières à sa ceinture, elle en tira des sels de feu, ainsi qu'une poudre charbonneuse. Alors qu'elle mélangeait délicatement l'ensemble, les moisissures séchées par les sels prirent l'aspect d'une poudre blanche progressivement noircie par le charbon.

— Vous êtes un peu trop nombreux, mes agneaux. Sauf pour mon salpêtre...

Elle se dirigea précautionneusement vers la souche de la cheminée, d'où s'élevaient encore les dernières effluves d'un feu de bois. Là, elle y planta la dague d'un coup sec, puis enroula le cordon du sac de poudre entre le manche de l'arme et la pierre du bâtiment, de telle sorte qu'il ne coulisse que lentement. Une légère pression, et la bourse amorçait la descente du conduit.

Quelques surnaturelles cabrioles supplémentaires et la morte s'allongeait sur un autre toit, s'apprêtant à contempler le spectacle. Même les vampires peuvent apprécier un beau feu d'artifice de temps à autres...

Modifié par Trias, 10 février 2009 - 22:49.


#62 Ygonaar

Ygonaar

Posté 11 février 2009 - 11:03

Long feu



Malgré ses paupières fermées, malgré le bras devant ses yeux, Main-d'Ombre perçu le flash lumineux comme une lueur rougeoyante. Il se jeta alors dans l'étroite béance qui lui avait permis de lancer ses projectiles, roula au sol et se releva dans le même mouvement. Ne sachant combien de temps les Ecorchés resteraient aveuglés, ni même s'ils percevaient la lumière, il sauta d'un geste souple sur un muret pour les contourner.

Il fallait faire vite. La brève démonstration de la présumée vampire avait suffi pour qu'il comprenne que ses chances seraient quasi nulles s'il ne truquait pas le jeu. Or elle était tombée au sol sous les affres de douleurs illusoires. L'Argonien n'avait hélas que peu de moyen pour profiter de la situation, lancer une nouvelle dague ne ferait probablement guère de dommages. La poignarder en plein cœur, même, serait probablement inefficace. Il avait donc décidé de lui trancher la gorge.

Ou plus exactement, le gros paquet de muscles sterniens et mastoïdiens qui permettent de diriger la tête et de la maintenir droite. Le reptile postulait que même un mort-vivant aurait plus de mal à faire des cabrioles avec le chef ballotant dans tous les sens. Et avec un peu de chance, sectionner trachée et muscles infra-hyoïdiens d'un pratiquant des arts mystiques n'est pas, paraît-il, une mauvaise idée. Et s'il s'avérait de surcroît que la section des carotides soit efficace, voire qu'il arrive à la décapiter entièrement (ce qui est complexe, surtout avec une dague), cela transformerait cette journée désastreuse en réussite remarquable…

Trop tard. Son détour pour éviter les Rapides et la course prudente sur le muret avaient gâché quelques précieuses secondes. Alors qu'il allait s'élancer sur S'emsyl, il vit la Bretonne commencer à bouger, ainsi qu'un pan de mur. Sa récente électrification l'ayant échaudé, il se coula dans un jardin attenant, cherchant un discret poste d'observation qui lui permettrait de réagir rapidement.

Les catastrophes continuaient à s'accumuler. Non seulement cette maudite rouquine avait loupé une occasion en or, mais voilà qu'elle fuyait et qu'il ne restait plus grand chose de l'autre. Pire, voilà que la Stryge s'intéressait à sa dague et aux résidus du sachet de boulettes-éclair. Main-d'Ombre savait que sa mère était capable d'identifier le propriétaire de n'importe quels objets et craignait fort que la créature puisse en faire de même!

Elle ne devait pas l'avoir immédiatement localisé, en tout cas, puisqu'elle s'affairait maintenant à gratter un mur. Quelle plaie qu'il n'ait pas son arbalète avec lui! Elle récoltait du salpêtre apparemment. Lorsqu'il la vit rejoindre le toit de l'auberge en quelques formidables détentes, sa silhouette devint floue et d'un noir absolu. Les Ténèbres! Elle avait profité de l'interface d'ombre que générait le toit par rapport aux feux du dessous pour s'enténébrer. Il savait donc maintenant qu'il était capable de percevoir autrui dans cet état. Et que ses propres talents ne serviraient à rien contre un tel être.

S'il ne voyait maintenant fort mal ce que la vampire traficotait, il ne l'avait nullement oubliée et percevait faiblement les bruits de minéraux que l'on broie et que l'on mélange. Son projet devint évident à l'Argonien. Il fila vers l'auberge en délicat équilibre entre vitesse et discrétion. Il était tout juste entré qu'il perçut un vague mouvement du coin de l'œil. S'emsyl venait de quitter son perchoir pour se trouver un point d'observation.

Sans prendre le temps d'analyser ce qui se passait à l'intérieur, il renversa la barrique d'eau à moitié croupie dont Manfred se servait pour délayer sa bière dans la cheminée, avant de se glisser dans le conduit d'icelle. C'est plein de suie qu'il revint avec la bombe artisanale… Et sa dague.

Il faut décaniller d'ici fissa. La ménesse maraude toujours et va nous faire tomber la chaume sur la trogne si les rouges ne nous alpaguent pas avant. Elle n'aurait alors pas d'mal à nous suriner un après l'autre.

Il se mit alors à la recherche de Sire Maroilles qu'il avait dû abandonner lorsqu'il s'était enténébrer.

Fromage, ici Fromage, héla-t-il en dialecte saurien.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:24.


#63 Willow666

Willow666

Posté 18 février 2009 - 00:38

Le dernier cadavre

        Shura pencha son buste en arrière pour esquiver le corps décharné  du zombi qui lui sautait dessus. Il atterrit  sur la table à quelques pieds de là. Le  cadavre se retourna pour sauter de nouveau.   Un mouvement ample de la masse vient cueillir la tête du cadavre en  plein vol ce qui dévia le corps vers le fond de la salle. Le légionaire inspira profondement pour éviter de succomber à sa furie guerrière. De nouveau, Ulfin,  Nono, Loramis, virent des morceaux de cervelles colorer le sol de l'auberge. Le  nouveau choc ne mis pas un terme à l'animosité du zombi et les trois compères  au fond de la salle se cachèrent derrière  leur table. Bloqués par la fureur des combats  ils restaient  spectateurs. Ils virent  leur ami orque prendre le collier d'or qu'il avait autour de son cou. Une double  chaîne d'or torsadée étant un artefact dédié au dieu Arkay.  Ils virent l'orque se concentrer,  une main sur le collier, l'autre en direction  du monstre et chanter.

    « Arkay,  par qui les âges se succèdent,
  Arkay, qui par deux fois tous nous bénit,
  Arkay, dont l'Heure délivre le remède,
  Arkay, dont l'Heure ne souffre aucun déni,
  
  Tiens ce malheureux en ta garde,
  Offre-lui ta bénédiction;
  Que lorsque viendra l'Heure blafarde
  Il échappe à toute affliction. »
  


    Le zombi qui avait atterri sur le dos entre les chaises, dû  faire un gros effort pour se dégager et faire face à son adversaire. Mais quand  il fut de nouveau près à attaquer,  le  chant de l'orque  fut comme un  choc électrique puissant direct au cerveau.  Sans même un cris le mort-vivant échappa au contrôle  de S'emsyl. Le mort vivant repris immédiatement  son état naturel, celui de mort.

    Le corps s'écroula sur le sol. Après quelques secondes, les  yeux rivés sur le cadavre, afin de bien être sûr que Arkay lui ai donné la  force de mettre fin aux agissements du zombi, l'orque  recommença son incantation  devant les cadavres dans l'auberge afin que  d'autres rapides ne puisse naître…

Modifié par Willow666, 23 février 2009 - 22:29.


#64 Daimyo Tai Shi

Daimyo Tai Shi

Posté 20 février 2009 - 04:19

Le larcin



Le Rapide ne chargea point, ou du moins Jorus fut-il épargné... Le mort-vivant ayant changé de cible au profit d'un puissant guerrier orque, qui semblait réussir à contenir les attaques du revenant, l'ex-Traqueur se désintéressa de ce combat et se tourna vers l'ouverture béante dans le mur, où avait lieu une autre bataille... Dans la brèche, il pouvait voir les silhouettes de deux mages déviant une pluie de flèche et de maléfices venant de l'extérieur à grands coups de sorts de protection et de contre-attaques magiques.

Un éclat étrange, sorte de lueur argentée, s'échappa soudain du poing de l'une des deux magiciennes tandis que des Rapides fondaient sur elles. La lueur semblait se renforcer progressivement, siphonnant l'énergie mystique de la pièce et tissant de complexes motifs de pouvoir que Jorus ne parvenaient à décrypter. Le temps parut se dilater, les morts-vivants stoppant net leurs attaques et se redirigeant vers l'extérieur...

L'ancien Traqueur ne comprenait plus rien à ce qui se passait. Les détonations trop nombreuses faussaient sa perception de l'environnement. Privé de son audition, le bréton se fia donc entièrement à son Troisième - et unique - Oeil. Un détail frappa alors le jeune homme : à l'extérieur, de nombreux flux mystiques convergeaient en un unique point, une sorte de tempête magique semblant s'assembler progressivement...

L'explosion fut terrible. Jorus, par réflèxe, tendit un bras en hurlant une incantation salvatrice in extremis :

"PROTEGO !"

Le sortilège balaya toute la taverne et ses alentours, réduisant en cendres les cadavres présents dans la bâtisse, et sans doute une large partie des quelques êtres vivants encore présents. Le bouclier magique de Jorus se rompit rapidement, trop faible pour contenir une telle puissance, projetant le jeune homme plus loin, au sol. Recouvrant ses esprits, le jeune homme se redressa avec difficulté et douleur, sans doute dues à une entorse de la cheville après sa plus que mauvaise récéption... Il jeta alors un oeil alentour, et finit par apercevoir l'une des deux magiciennes qui avaient lutté en dehors de l'auberge contre la créature des Ténèbres ; sa signature vitale était faible, sans doute en raison de lésions corporelles graves. Elle gisait sur le plancher, apparemment inerte. Soudainement, elle se laissa glisser de côté, sans doute pour se protéger d'un nouvel assaut derrière un obstacle de l'environnement...

La lueur argentée qu'elle tenait peu de temps auparavant à la main gisait à quelques mètres de Jorus, à même le sol. Sans doute l'avait-elle perdu lorsqu'elle avait reçu le sortilège de plein fouet... L'ex-Traqueur tendit alors la main et, usant de télékinésie, l'attira dans son poing. Au toucher, il sembla à Jorus qu'il s'agissait d'un pendentif. Il le fourra dans sa poche intérieure et étudia la pièce, ou plutôt ce qu'il en restait. Le chemin menant à la grande ouverture dans le mur était en feu, s'il se fiait aux crépitements qui venaient de cette direction, et le plafond risquait de s'effondrer sous peu et sans préavis, les poutres consumées par les flammes. Il se dirigea alors d'un pas clopinant vers ce qui était autrefois la porte d'entrée de la taverne. Un tas de bois brûlait de l'autre côté, bloquant la seule issue du bâtiment.

Un silence pesant s'installa, uniquement interrompu par le craquement des poutres en feu. Le calme avant la tempête... Cela ne présageait rien de bon. Se souvenant de son dernier point de marque, le jeune homme lança un sortilège de rappel et s'évanouit dans un nuage violacé, pour réapparaître quelques maisons plus loin, en dehors de la taverne dévastée et du chaos environnant. Un groupe de légionnaires croisa le bréton, accourant vers les ruines fumantes, tandis que Jorus, lui, s'en éloignait en boitillant.

"C'est sans doute le bon moment pour s'autoriser une bonne lampée de skouma", se dit le jeune homme en fouillant dans sa poche et en en tirant sa fiole...


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Le Dragonnier Visionnaire



- Maître Raegar ! protesta le conseiller Garamir. Vous n'êtes pas raisonnable...
- Répète-moi ça, espèce de larve insignifiante ? lui répondit l'intéressé.
- Il a raison, on ne peut pas raisonnablement condamner toute une partie de la cité sur de simples suppositions... lança un autre membre du conseil.
- C'est ça, de simples suppositions...
- Tout ce que je demande, c'est de rechercher des preuves avant de figer l'économie et la vie de la moitié de la ville, Raegar,
soupira Garamir.

Les imposantes portes de la salle du conseil impérial s'ouvrirent dans un grincement sinistre. Deux gardes poussaient chacun un battant, ouvrant le chemin au chancelier Ocato et à son escorte personnelle. L'Aldmer était descendu lui-même de sa chambre, en personne et en robe de nuit, sans prendre le temps de se changer, ce qui laisser présager de nouvelles importantes et graves.

"Lord Raegar a raison, Garamir. Nos espions viennent de m'apprendre qu'un combat a lieu en ce moment-même dans le quartier pauvre de la Cité. J'ai envoyé plusieurs unités de la Légion sur place afin de tenter de juguler le problème. Nos hommes doivent encercler le périmètre à l'heure qu'il est..."

Une lueur de défi s'alluma dans le regard du conseiller bosmer. Il se pourlécha la lèvre et lança à Ocato, d'un ton dédaigneux :
- Voici qu'à la moindre rixe dans les quartiers pauvres vous envoyez un bataillon complet de la Légion, chancelier... Je commence sérieusement à douter de vos capacités à diriger ce gouvernement. Je vais en faire part à l'Empereur à la première occasion, pour le bien de notre cité et de notre Empire...
- Je n'en doute nullement, Garamir
, répondit poliment le chancelier. Cependant, j'estime utile de solliciter notre armée lorsque des morts-vivants sont vus en train de mettre la ville à feu et à sang...

Raegar éclata de rire et se leva pour étreindre l'Aldmer.

- Ocato, mon vieil ami, ça ne faisait que trop longtemps...
- Absolument, Romulus,
répondit le chancelier sur un ton chaleureux. Tu m'excuseras de n'être pas venu te saluer dès mon retour, mais le voyage m'a épuisé et je pensais m'entretenir avec toi demain matin, après une bonne nuit de sommeil...
- De toutes évidences, la situation dans la région n'est pas très propice au repos. Je n'aurais pas été envoyé ici sinon...
- Effectivement... Tu as eu le temps de parler avec l'Empereur ?
demanda Ocato à son ami d'enfance.
- C'est même lui qui m'a accueilli à mon arrivée, il y a quelques semaines. Il m'a expliqué la situation et m'a écouté, contrairement à ce ramassis de conseillers et de sénateurs tous plus stupides et obtus les uns que les autres...

Les membres du conseil échangèrent des regards interloqués. Ocato se joignit à la réunion nocturne, sans prendre la peine de retourner se changer. Garamir soupira. Romulus Raegar lui lança un regard foudroyant et retourna calmement s'asseoir à la table de marbre arrondie. C'était un métis, mi-dunmer, mi-aldmer. Il avait la peau gris azuré, et ses yeux brillaient d'une lueur orangée, ses iris comme en proie aux feux de l'enfer. Ses cheveux étaient d'un noir de jais, et arrivaient à hauteur de la pointe de l'omoplate. Il était puissamment bâti, particulièrement pour un maître mage : il atteignait en effet aisément les deux mètres de hauteur et portait une longue cape noire et une armure ornée aux reflets argentés, décorée d'une tête de dragon.

- Que préconises-tu, Romulus ? demanda le chancelier une fois son ami assis.
- Eh bien... Raegar sembla hésiter. Si c'est bien un Disciple qui est à l'origine de tout ceci, tes légionnaires sont des hommes morts... Mais leur sacrifice va nous permettre de nous organiser, et peut-être même de coincer un Shéamite.

Les conseillers, inquiets, se mirent à parler entre eux. Le vacarme s'installa rapidement, jusqu'à ce qu'Ocato ne lève la main droite pour ordonner de faire silence. Il demanda alors :
- Faut-il mettre en quarantaine une partie de la ville ?
- Oui,
répondit platement le Visionnaire de la Wyverne. Barricadons le quartier où a eu lieu l'incident, postons des légionnaires tout autour et envoyons des patrouilles sillonner les rues. Que personne ne sorte ni ne rentre dans ce quartier, dusse-t-il s'agir de l'Empereur en personne. Qu'on enferme tout contrevenant, et qu'on me fasse mander pour l'interroger le cas échéant.
- Maître Raegar est versé dans l'art de la Magie mentale, expliqua Ocato, aussi doit-il être appelé en personne pour interroger les suspects...
- Et l'Ordre de la Wyverne dans tout ça ?
le coupa Garamir.
- Je vais envoyer un groupe de Traqueurs nettoyer les derniers morts-vivants, répondit Romulus en se levant. Quant à moi, je vais survoler la cité sur ma monture, à la recherche du Disciple, pour tenter de le coincer avant qu'il ne s'enfuie...

Ocato se tira péniblement de son siège. S'appuyant des deux mains sur la table de marbre, il lança à l'assemblée :
- Je m'en vais de ce pas coordonner tout ceci. Garamir, faites savoir à l'archimage Traven que les mages de la Cité sont désormais consignés dans l'enceinte de l'Université Arcanes jusqu'à nouvel ordre. Je ne veux pas que nous gaspillions des ressources humaines à traquer de mauvaises cibles qui useraient de la magie dans la ville et nous mettraient sur de fausses pistes. Je reviendrai le voir en personne d'ici demain.
- Bien, j'irai donc,
rechigna l'intéressé.

Raegar l'incendia une nouvelle fois du regard, et Garamir se leva précipitamment en bredouillant :
"J'y vais d'ailleurs de ce pas."

Le Visionnaire de la Wyverne éclata d'un rire chaleureux pendant une bonne minute. Il finit par se calmer, salua l'assemblée et quitta la pièce à grandes enjambées, accompagné du chancelier. La nuit s'annonçait longue...

Modifié par Daimyo Tai Shi, 20 février 2009 - 23:45.


#65 Trias

Trias

Posté 22 février 2009 - 17:46

Diplomatie imposée




Les Cinq phalanges du Blasphème
Les Cinq disciples du Némésis
Sous  les appels de l’anathème
Annonceront le Catharsis.

De par le sang et son emblème
Le roi non-mortel renaîtra
A nouveau son regard blème
Le divin Arkay défiera.

Mais de la Malice de Sh’éam,
Nul en ce monde ne guérira.

Enlirac le sage, Prophéties, An 188 de la troisième ère



— Grand-maître ?

L’archimage Traven sursauta, puis se reprit instantanément. D’une courte série de gestes calmement enchaînés, il referma le rouleau poussiéreux et se tourna vers le messager, son visage emprunt de la sérénité habituelle. Le vieux mage-portier se tenait près du portail provenant des niveaux inférieurs, la tête inclinée sur ses bras en un salut respectueux.

— Je vous en prie, Nestor, laissons là les rapports hiérarchiques. Qu’y a t’il, mon ami ?
— Un des hérauts de l’empereur demande à être reçu de toute urgence, Hannibal. Il se dit envoyé par le chancelier en personne. J’ai vérifié son sceau, il est authentique.
— Ocato ? Soit. Faites le entrer, Nestor.
— Entendu, Hannibal.


L’archimage observa le vieux magicien se retirer de ses appartements, un éclat songeur dansant dans son regard. Puis, il referma soigneusement son pupitre, se retourna vers les dalles de pegmatite concentrique du portail, à quelques mètres de lui et s’assit. Un homme solidement bâti revêtu de l’armure étincelante de la garde impériale apparut, accompagné de Nestor. Bien que son visage soit impassible, Traven percevait en lui l’anxiété que la téléportation entraînait chez les profanes.  

— Héraut Folken, je présume entama Traven, avec calme et affabilité. Bienvenue.
— Hannibal Traven, Archimage de la guilde impériale des mages de Cyrodiil, l’empereur vous salue !
tonna aussitôt le messager, comme pour chasser sa propre angoisse. Moi, héraut impérial Demetrius Folken, suis porteur d’une missive urgente du Chancelier Ocato.

D’un geste de la main, Traven l’incita à poursuivre.
— Le Chancelier impérial Ocato, vous informe que la Cité impériale est l’objet d’attaques de la part de pirates Nibénéens. Par autorité que lui confère Uriel Septim VII, deux centuries protégeront le pont et les remparts de l’Université Arcanes pendant la durée du siège. Par mesure de précaution, aucun membre de la guilde ne devra sortir de notre périmètre de protection jusqu’à nouvel ordre. Une cohorte sera affectée à la défense de notre cité, vos mages ne devront pas interférer.

Traven hésita quelques instants. La « protection » suggérée de l’Université Arcanes avait des airs de détention provisoire. Et il savait pertinemment que les rumeurs d’attaques maritimes justifiant le couvre-feu n’avait guère plus de fondements qu’un château de sable. Pourquoi Ocato voudrait-il l’isoler ? A quel jeu jouait-il ?

— La Guilde des mages remercie la Légion impériale de sa protection, déclara-t’il enfin. Nous vous assisterons de notre mieux : nos experts en divination seront immédiatement affectés à la surveillance de la flotte ennemie, en liaison avec vos services. De même que...

— Votre tour de divination est inclue dans notre périmètre, et sera prise en charge par un détachement de Traqueurs, coupa impudemment le héraut. Vos portails seront également sécurisés par l’ordre de la Wyverne, en cas d’attaques de nature magique.

L’archimage resta silencieux de nouveau. Enfin, il ouvrit les bras dans un geste d’impuissance.

— La sollicitude du chancelier nous touche, héraut. Hélas, il est à déplorer que le nexus de téléportation de notre université aie déjà fait l’objet d’attaques. En effet, nos portails dysfonctionnent : ils souffrent d’éruptions entropiques, transportant notre personnel aléatoirement et contre son gré en tout point de la cité. Nos meilleurs guides de guilde sont actuellement affectés à sa réparation, et toute intervention extérieure se traduirait par des dommages matériels et humains conséquents. Naturellement, une fois stabilisé, il va de soi que nous céderons à vos forces de sécurité.

Le hérault allait rétorquer lorsque l’archimage éleva la main.
— Ne vous souciez pas cependant ! Je superviserai personnellement l’avancement des travaux et solliciterai l’aide de nos mages les plus compétents pour hâter leur réussite. Transmettez mes amitiés les plus sincères à Ocato. Ce sera tout.

L’homme du chancelier se raidit, mais ne souffla mot. Sans se départir de sa mine affable, Traven l’invita à disposer d’un geste, et il fut raccompagné par l’obligeant Nestor. Après son départ, l’archimage convoqua de nouveau son portier, afin qu’il rassemble les magisters pour un conseil d’urgence, lequel pour des raisons logistiques prendrait place... au Nexus de la guilde.



ж ж ж
Le vol





La bretonne se releva, son corps encore endolori parcouru de tremblements spasmodiques. Ses bras ainsi que ses mollets étaient en sang, mais sa pèlerine semblait par chance l’avoir protégée de la destructrice déflagration.

D’un regard las, elle parcourut ce qui restait de la taverne : de la paroi fracassée il ne subsistait désormais plus que quelques éclats fumants de roche et de mortier exposés. L’intérieur de la salle, en proie au vent et au feu, était constellé de débris, de poussière et de formes allongées et immobiles. Le crépitement des flammes se mêlait au cliquettement lointain de lances et de cuirasses, ainsi qu’aux exclamations assourdies de la populace.

Une silhouette se dressait encore, vivant défi au chaos environnant : la large carrure d’un guerrier orque revêtu de lin sombre, une masse au poing. Il semblait psalmodier des prières sur des écorchés parcourus de convulsions agitées, lesquels s’immobilisaient soudain paisiblement à la fin des incantations, comme enfin capables de reposer à nouveau.

Devant la brèche initialement pratiquée par Maelicia, une tresse de cheveux blancs dépassaient au dessus d’un amas rocailleux. Accourant aussitôt, la bretonne émit un hoquet horrifié : Ulvasa gisait sur le ventre, inconsciente... deux moignons carbonisés à la place des genoux, seuls souvenirs de ses jambes face au Mot de destruction de la vampire. Déglutissant péniblement, Maelicia retourna son amie... mais les yeux de la dunmer étaient vides, leur feu rougeoyant éteint à jamais, sa tête pendant pitoyablement au dessus de son torse. Une profonde et sanglante balafre lui labourait la poitrine.

Maelicia sentit les larmes lui monter au yeux, puis leur céda, laissant libre cours à son chagrin. Puis d’un seul coup, elle éclata, hurlant sa haine au monde d’une voix rendue éraillée par les pleurs.

— J’TE MAUDIS ! S’EMSYL SOIS MAUDITE ! J’TE TUERAI, J’TE TUERAI, J’TE TUERAI !!!!

Une pensée lui vint : la puissance lui ferait défaut pour détruire la disciple. Mais désormais, elle savait où la trouver. Tendant la main vers son col, ses doigts ne rencontrèrent que sa gorge : l’amulette avait disparu ! Un bruissement métallique lui répondit de l’autre extrémité de la pièce, et elle vit une ombre s’emparer du joyau maléfique. Dans un éclat de stupeur, elle reconnut le traqueur de Bravil.

— Jorus ! s’exclama-t’elle, mais à peine avait-elle prononcé son nom qu’il s’échappait par la porte principale, pour se téléporter vers l’inconnu. Elle allait s’élancer elle aussi lorsqu’un gémissement attira son attention : Aradon le Khajitt gisait, l’épaule en sang, comme choqué sous l’intensité de la douleur.

Elle hésita quelques instants puis l’aida à se relever, abandonnant l’idée de suivre son détrousseur.
— Ca va ? lui demanda-t’elle d’une voix émoussée par le chagrin.

Derrière les deux rescapés le cadavre d’Ulvasa fut soudain parcouru de spasmes, et des grognements furieux s’en échappèrent. C’en fut trop pour l’esprit de Maelicia, qui poussa un cri de terreur et se recroquevilla au coin de la pièce, se couvrant les yeux de ses mains gantées, refusant de voir, de comprendre ou d’entendre quoi que ce soit de plus.

Le chapelain orc poursuivit son oeuvre et les convulsions cessèrent, permettant à l’âme de la dunmer de quitter son corps contaminé par les méfaits des disciples.

Ce fut sur ces entrefaites que l’argonien noir revint. Se dirigeant à toute vitesse vers la cheminée, éteignant son foyer en reversant une barrique, il entreprit de l’escalader. Lorsqu’il en redescendit il était encore plus opaque qu’à l’accoutumée, mais paraissait content. Une volumineuse gibecière trônait dans ses mains.

— Il faut décaniller d'ici fissa, lança-t’il sans préambule aux trois survivants. La ménesse maraude toujours et va nous faire tomber la chaume sur la trogne si les rouges ne nous alpaguent pas avant. Elle n'aurait alors pas d'mal à nous suriner un après l'autre.

Il émit ensuite quelques raclements sifflants, et un rat accourut de dessous le comptoir pour venir se loger sur son épaule. Une distante mais puissante détonation retentit à l’extérieur, accompagnée d’une clameur. Un autre impact résonna, faisant vibrer les derniers murs encore debout si bien que Maelicia, encore frémissante sous ses sanglots, se décida à suivre le saurien.




ж ж ж
Le Silence de Sh'éam




« RASSEMBLEMENT ! RASSEMBLEMENT ! RASSEM... »

Un formidable fracas couvrit les cris du décurion, ponctuant l’atterrissage d’une créature de métal en plein sur le bâtiment où s’était établi leur poste avancé. Le poids de l’immense créature était tel que les poutres de la charpente cassèrent instantanément, effondrant la bâtisse sur l’escouade militaire qui s’y terrait.

Le monstre d’ébonite en rejaillit presque aussitôt, dans un nuage de poussière, pour fondre sur les formations de la deuxième cohorte. Sous sa charge, la terre devint parcourue de soubresauts, manquant de détruire les habitations par la seule force des vibrations. Une nuée de flèche lui fut décochée, ricochant instantanément sur les plaques qui le constituaient comme s'il s'était agi de vulgaires grains de riz.

Lorsqu’il heurta les premières lignes sa vitesse et sa masse étaient telles qu’il les balaya comme des fétus de paille. Il tailla en pièces la deuxième ligne, tournant sur lui même, ses lames largement déployées en une hélice mortelle. Chacune de ses enjambés enterrait une voire deux âmes tandis que les survivants débandaient ou s’escrimaient inutilement sur son invincible carapace. Les lances furent rompues, les boucliers brisés, les hommes dispersés.

A un moment donné le colosse fut intercepté par le tir d’une baliste, l’arrêtant simplement dans son élan alors qu’une rayure insignifiante s’imprimait dans sa céramique pectorale. Il observa une pause puis reprit sa course aussi sec. Plus haut que trois hommes, plus résistant que toute une armée, le Silence de Sh’éam labourait les forces assemblées contre lui, en une mortelle moisson offerte au nom de son Dieu. Et tout cela sans autre son qui n'échappe de son immortelle armure que le crissement de ses lames et le martellement de sa marche.

Un chaos sans précédent régnait sur le quartier pauvre, les impacts du monstre sh’éamite accablant l’atmosphère polluée par les cris des blessés et des civils, en proie à la panique. Précisément le genre de confusion nécessaire à l’évasion de S’emsyl, ombre discrète se perdant vers le quartier du temple.

Modifié par Trias, 22 février 2009 - 19:18.


#66 Ygonaar

Ygonaar

Posté 23 février 2009 - 15:48

Présentations


Après avoir brièvement vérifié que la poudre noire ne risquait plus d’entrer en combustion, Main-d’Ombre effectua une rapide palpation du corps de feu Ulvasa sous le regard scandalisé et larmoyant de sa collègue. S’il fit appel à tout son art pour escamoter le pendule, il prit en revanche bien soin que la découverte d’une petite flasque soit perçue par tout le monde, afin de focaliser l’attention. Il huma cette dernière, essayant de dissocier les odeurs. Nectar de jacinthe d’eau, graines de lin, mûres, … Comme il l’espérait, la mage possédait bien une potion de régénération d’influx magique. Avec malgré tout une légère appréhension de se tromper, sans un regard pour la brétonne, il l’avala d’un trait.

- On s’esbigne par les sentines. Les pandours, ores, n’devraient point encore y traîner leurs chausses, peu d’méchefs qu’ils nous arquepincent. Et la fielleuse y s’ra embrenée question cumulets. On rôdaillera jusqu’à un gourbi où des labadens pourront nous obliger, débita le saurien en venant aider Maelicia à soutenir Aradon. Il les mena à travers les décombres qu’était maintenant le chemin des Petits Egouts. Ils durent entrer dans ce qu’il faut bien convenir d’appeler les eaux du lac pour atteindre une bouche rejetant un immonde cloaque. Chemin faisant, il se mit à fredonner en la chuintante langue d’Argonie.


Nous sommes le Peuple des Racines
La Sève des Hists Anciens coule dans nos veines
Ils nous donnèrent le Don Animal pour courir le monde en leur nom.
Que la Sève réveille en moi la vue du mapanare qui frappe dans la nuit noire
Que la Sève réveille aussi en moi son toucher, guettant  la course de la musaraigne
Qu’elle parcourt chaque écaille, chaque nerf, et les modèle selon mon Vouloir


Des tâches lumineuses correspondant à la chaleur de son environnement apparurent en surimpression dans son champ de vision, prouvant par là que la flasque de la Dunmer contenait bien une potion de mana. L’Œil du Serpent est certainement le pouvoir de la Sève le plus complexe maîtrisé par Main-d’Ombre. N’ayant pas de fossettes loréales ni labiales, l’Argonien se met à détecter les infrarouges par tous les morceaux de peau nue, mais à l’instar des Crotalinae, les informations sont analysées par le cortex visuel. La perception des « tâches de température » dépendant surtout des mouvements des membres, et non de la tête, il en résulte que tous novices s’essayant à ce sort sont invariablement pris de vertiges et de nausées en quelques secondes. 

Le reptile devait donc mobiliser une sérieuse dose de concentration, d’autant plus qu’il était à l’affût du moindre son, et surtout des vibrations transmises par l’eau et les parois. Fort heureusement, les égouts du quartier pauvre ne sont pas les structures régulières du reste de la Cité mais une succession de tunnels plus ou moins gros, de souillards sauvages, de pertuis à claire-voie et de chenaux entre les îlots. Ce qui aidait bien le guide pour s’orienter sans lumière (afin de ne pas être repérable) ni l’aide du Khajiit. Il ne se sentait toutefois guère d’humeur à la causerie, sentant l’épuisement le rattraper. Il lui fallait néanmoins obtenir des informations.

- Mon blaze à moi, c’est Aime-les-Chats, et j’turbine pour la Société de Défense des Droits des Non-Humains. Et qui que vous êtes, vous ? Il attendit un instant une réponse qui ne vint pas, avant d’enchaîner.
- S’rait charitable de nous causer du pourquoi de ce bastringue ? Et aussi comment qu’vous faites pour vous agripper au fignard du greffier, histoire qu’la succube n’s’en serve pas pour nous servir une nouvelle guinche.

Après moult détours, l’ubuesque avoué stoppa net et arracha une bande à sa crasseuse tunique.

- C’est point pour vous chagriner l’respect mais il s’rait bien bénin d’garder ce galon sur les quinquets, sauf en cas d’baroud, d’évidence.


Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:26.


#67 Trias

Trias

Posté 28 février 2009 - 11:14

Le Toupet du Lézard




Des galeries suintantes, dégoulinantes d’humidité moisie entre leurs moellons de pierre. Le clapotis d’infiltrations souterraines, ponctuant de leur écho régulier l’égrènement des gouttes sur les dalles dormantes. Le froid pénétrant s’insinuant à travers les fibres de vêtements détrempés. L’obscurité ambiante, à peine troublée par l’éclat fugitif des yeux de rongeurs, interrompus à l'improviste dans leur besogneuse quête de détritus.

La visite des égouts de la cité impériale n’avait rien de rassurant pour une bretonne issue des milieux aisés de Haute-roche. Ces catacombes, interminables et pourtant robustes lui semblaient porteuses d’adversité, bien plus encore que les hypogées de Bravil, communes et vulgaires face à la froideur sophistiquée au sein de laquelle l’argonien les menait.

Maelicia rajusta sa pèlerine, afin que la cape la protège davantage, elle ainsi que sa robe laminée par les combats. Elle avançait avec précaution, de peur que ses bottes ne rencontrent autre chose que l’indifférence polie du sol. La démarche chaloupée de l’argonien se profilait à quelque mètre d’elle, guidant les deux autres aventuriers le long des margelles ensevelies.

— Mon blaze à moi, c’est Aime-les-Chats, et j’turbine pour la Société de Défense des Droits des Non-Humains, finit-il par lancer de sa voix rocailleuse. Et qui que vous êtes, vous autre ? S’rait charitable de nous causer du pourquoi de ce bastringue ? Et aussi comment qu’vous faite pour vous agripper au fignard du greffier, histoire qu’la succube n’s’en serve pas pour nous servir une nouvelle guinche.

Le cerveau fatigué de Maelicia ne fonctionna pas immédiatement, acceptant d’abord sans rechigner les rares informations que l’humanoïde daignait leur prodiguer. Elle se contenta de garder le silence. Mais progressivement, son intellect se remit à critiquer, raisonnant plutôt qu’acceptant les propos de leur mystérieux guide.

Son vocabulaire, en apparence ordurier, était curieusement bigarré, empruntant par instants à des registres bien plus soutenus ce qui le rendait passablement abscons. Le simple nom d’Aime-les-chats était empreint d’un sens de l’humour qui lui était familier.... à la réflexion uniquement égalé par l’ubuesque de Bouge-la-main, l’étrange visiteur de la guilde des mages. Ceci mit la puce à l’oreille de l'étudiante, qui bien que lente, était sagace. Ce ne fut que lorsque leur hôte leur demanda de se bander les yeux qu’elle s'écarta, se séparant brutalement d'Aradon qu'elle soutenait jusqu'alors.

— C’que j’fais là, monsieur « Aime-les-chats » ? Ben c’est simple, je tentais de retrouver l’inconscient qui s’est fait perforer l’épaule, ici présent. Il a disparu de la guilde des mages après qu’un certain maître « Bouge-la-main » l’aie demandé. On a cherché Aradon, seul, et on tombe sur vous, qui tentez directement d’nous mettre l’couteau sous la gorge. On n'savait même pas qu’Aradon était toujours accompagné. Et par le même genre de bige en plus : par un argonien. Qui savait qu’on venait et qui semble connaître le coin particulièrement bien...

Elle ralentit encore l'allure.
— Vous voulez savoir l'pourquoi du comment, M’sieur Bouge-la-main ? continua-t'elle d'une voix suave. Vous voulez qu’je m’bande les yeux en plein dans les égouts, sans savoir ni où ni vers qui on va ? Quel genre d’amis se cacheraient dans des égouts ?? Le même genre qui profanerait le cadavre qu'une elfe crevée pour le défendre ??

Tout au long de son discours, elle avait accentué son retrait par rapport aux deux larrons, et avait discrètement pris une position de défense. Les veines de ses gantelets luirent subrepticement d’un éclat émeraude surnaturel alors qu’une petite sphère arcanique commençait à poindre au creux de son poing.

— Ben commencez par être honnête, m'sieur le lézard ! Sinon vous pourrez m’appeler Défiante, de la société des visiteuses de nuit, et on n'avancera pas !!

S'arrêtant net, elle se plaça de profil, dissimulant sa main droite à présent chargée à bloc à ses deux interlocuteurs. En effet, la confiance qu'elle éprouvait désormais envers Aradon était limitée : un sortilège à effet de zone serait peut-être requis.

Modifié par Trias, 03 mars 2009 - 10:17.


#68 Willow666

Willow666

Posté 02 mars 2009 - 22:59

Le depart

        Shura, après avoir finit avec ses psaumes remercia Arkay.  Ces yeux firent le tour de la salle. Il observa   les survivants regroupés à côté du cadavre de la magicienne, regarda les  poutres en feu, puis le fond de la salle. Il estima qu'il restait peu de temps  avant que le plafond ne s'écroule. D'une bonne enjambée il se dirigea vers le  fond de la salle et se servit de ses pieds et de sa masse pour déblayer le  passage. Il retourna à la table où étaient ses amis au début des échauffourées  mais personne n'était là. Un sourire se dessina sur son visage, il savait ses  amis en sécurité.

    Il se dirigea vers l'extérieur car il commença à percevoir  une clameur. D'après son expérience il s'agissait de la garde. Ils sont  nombreux pensa-t-il. Ils se battent, mais contre qui …..

    Il se retourna pour regarder le petit groupe rescapé qui  avait lutté avec lui contre les zombis. Il hésita quelques secondes :  l'aventure ou le devoir…

    Le devoir passe avant tout chez un militaire pensa-t-il.

    « Shura vous dit au revoir » tonna l'orque en  baissant le buste légèrement. Il agrippa sa masse pour se donner du courage. Il  couru vers le gigantesque tumulte qui régnait à quelque ruelles de là.

#69 Ygonaar

Ygonaar

Posté 05 mars 2009 - 01:00

De la logique féminine

    

                 Elles étaient donc bien là pour  lui aussi, malgré les dénégations de la Brétonne. Main-d'Ombre avait tout fait  pour que les personnages de Bouge-la-Main et d'Aime-les-chats soient des plus  différents. Que la Dunmer le reconnaisse, c'était improbable mais plausible si  elle avait une grande habitude des visages Argoniens. Mais la rouquine ne  l'avait encore jamais vu, elle. Une rouquine qui semblait commencer à perdre  les pédales. Il fallait calmer le jeu.

Bouge-la-Main,  l'féticheur de Leyawiin ? J'n'avons oncques esgourdé jaspiner d'ce gazier.  C'est qu'les Sang-Gourds, ça grouillent dans l'patelin... Le compère matou est  v'nu me quérir bien seulet, fors mastic, commença le reptile en priant pour  qu'Aradon ne le contredise pas.  Apertement,  des nuisibles l'mouchardaient, une chicane à fleurer le résineux dans  l'quartier. Adonc, l'béjaune guignait un nestor pour l'parrainer. J'flaire  alors vot' houache, mais v'la t'y pas que j'vous avions point encore jaboté que  vous cherchiez à m'roustir l'croupon ! Dégelant itou l'birbe Antonius,  qu'avait le palpitant débile, plus deux bougres pour la guelte. Adonc l'prône  sur la noblaillerie… poursuivit-il sur un ton des plus algides.

        — Ce qui m'ébaubis,  Défiante, c'est que vous avez flânoché à borgnon dans des bounioux  plus sombreux que l'troufignon d'une gazille  et que vous m'faite ores une girie pour une simple infule. J'aurions put vous  chouriner à ma foucade, mais du galvaudage après vous avoir ouaté la panne,  m'est avis ! Dit-il en agitant la bombe improvisée de S'emsyl. Et en impressionnant  de fugaces notions de reconnaissance, de dettes et de confiance.

                — L'bourbier,  c'est une tortille, pas la mire. Et mes affidés ont grande cautèle contre les  chafouineries des spiriteux. Si mes oukases vous défrisent l'ostiole, pouvez  toujours vous calter par ces ranches qui poussent jusqu'aux guitounes. Bésef  d'baraka pour les soudrilles et les dépiautés. Bien  que désignant aimablement les échelons rouillés, le saurien s'appliqua pour que  le ton de sa dernière phrase indique bien à quel point cette solution serait  une erreur. Il enchaîna cependant avec une voix des plus chaleureuses :  

Mais  j'vous prône d'vous aboucher avec nous. Vos étances sont déjà chancies, si j'me  blouse pas sur les nippes des horribles du bousingot. Et il faut bassiner vos  chancres dare-dare, les sentines sont plutôt breneuses. J'avions bernique à  aboucher avant d'être déniaisé. La rogneuse n'était point là pour  mézigue, j'cuide ! conclut-il en impressionnant  une envie de communiquer et le sentiment de pouvoir débloquer une situation.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:29.


#70 Trias

Trias

Posté 05 mars 2009 - 14:21

Ludisme du menteur




« Mais j'vous prône d'vous aboucher avec nous. Vos étances sont déjà chancies, si j'me blouse pas sur les nippes des horribles du bousingot. Et il faut bassiner vos chancres dare-dare, les sentines sont plutôt breneuses. J'avions bernique à aboucher avant d'être déniaiser. La rogneuse n'était point là pour mézigue, j'cuide ! » conclut l'humanoïde de sa voix râpeuse.

Entre les chourinages de foucade et les flanochages à borgnon, Maelicia commençait à se perdre dans les élucubrations que lui débitait consciencieusement le saurien. Ou plutôt, elle s'estourbissait la girouette à piger les salades du pangolin. Distraite par le décodage de ses propos, accaparée par ses propres réflexions, fatiguée de ses efforts passés, elle se prêta sans vigilance aux impressions thymiques que lui imprimait le reptile.

Effectivement, la situation de l'étudiante devenait inconfortable : seule en compagnie de deux étrangers hommes-bêtes, voyageant dans un lieu inhospitalier et vers une destination inconnue. Elle et son mètre 65, elle et ses multiples égratignures, elle et sa fatigue ainsi que ses frusques déchirées. Ça craignait du boudin, pensait-elle, et les remarques du lézard ne faisaient qu'en accentuer la conscience.

De plus, il mentait toujours. En effet, comment savait-il que Bouge-la-main venait de Leyawin ? Elle ne l'avait pas mentionné. Et puis elle n'était pas sûre d'interpréter parfaitement ses propos sur ses étances, ses chancres et ses déniaiseries. Se moquait-il de l'humaine ?

Cependant, il était néanmoins vrai que si l'argonien avait voulu supprimer la bretonne il aurait déjà pu l'occire ou la laisser occire à plusieurs reprises. Il avait donc besoin d'elle pour l'instant... certainement en raison des renseignements qu'elle pourrait lui fournir pour comprendre la situation.

La bretonne resterait donc en vie tant qu'elle aurait des informations à celer. L'argonien voulait manifestement garder ses secrets : elle ferait de même. Peut-être même qu'affronter une autre forme de dangers et d'intriguants se révèlerait ludique, après tout ?

« Vous voulez garder vos secrets, hein, monsieur X-patois ? répondit-elle enfin.  Soit, comme vous voulez, je vous suis. Je m'abouche, quoi, mais j'me méfie toujours. Et essayez au moins de causer normalement parce que moi j'm'alambique la calotte à gloser vos calembredaines de pangolin des fontaines !!  

A ces mots, laissant mourir le sortilège dans sa main, elle abandonna sa position et se relâcha. Avec une moue résignée accompagnée d'un soupir sonore, elle s'avança afin de saisir le bandeau improvisé. S'en emparant, elle le replia, ôta ses lunettes puis le rapprocha de son visage avant de se raviser au dernier moment. Elle releva ses cheveux en bataille sur l'argonien :

« Ah, et au fait monsieur Aime-les-chats, si y'a quelqu'un qui a des chancres ici, c'est vous ou le khajitt, d'accord ? Et j'veux pas savoir si y'a un rapport avec vot'nom !! »

Reniflant un instant la pièce d'étoffe, elle soupira de nouveau, l'épousseta, puis le plia dans l'autre sens pour finalement se le passer autour de la tête. Tout en nouant elle même le bandeau derrière son abondante crinière de cheveux roux, elle se demanda s'il était possible que le Khajitt aie refilé ses puces à l'argonien. Enfin, quitte à être sale, autant ne pas faire les choses à moitié, se consola-t'elle.

Alors qu'elle perdait la vision, sa conscience de son environnement s'en trouva douloureusement aiguisée. Une sorte de vent moite et froid cheminant dans les galeries souterraines, ravivant les plaintes de ses membres endoloris. Le clapotis humide des multiples gouttières au dessus de leurs têtes. Sa propre respiration, accélérée par sous l'effet du stress. Les griffements des pattes du lézard. Son estomac, qui commençait à crier famine. Un concert d'odeurs qu'elle ne souhaitait pas particulièrement identifier.

— Bon bah, ça y est, j'ai à la fois l'air d'une mendiante et d'une aveugle maintenant, déclara-t'elle en balayant le vide devant-elle de ses mains grandes ouvertes, jusqu'à ce qu'elle trouve ce qu'elle cherchait : le mur. Va falloir me guider...


Maelicia réalisait que la jovialité de ses propos n'étaient qu'un exutoire pour son anxiété, qui allait croissant. Néanmoins elle réfugia dans la seule certitude rassurante du moment : son sortilège de détection de vie. L'âme de l'argonien était au Nord-Nord ouest d'elle même lorsqu'elle avait revêti le bandeau.

Modifié par Trias, 05 mars 2009 - 21:09.


#71 Ygonaar

Ygonaar

Posté 06 mars 2009 - 11:13

Propositions indécentes

  

        L'humaine devait avoir compris  avec son allusion à Leyawiin qu'il y aurait des sujets inutiles à aborder. Il  n'en avait jamais douté, d'ailleurs. Les mages ont la réputation d'être subtils  et l'hébétude apparente de celle-ci ne devait pas l'empêcher de réfléchir.  Peut-être même qu'il ne faisait pas le poids et qu'elle lui jouait une  mascarade à sa façon. Peut-être… Et voilà, il se laissait encore gagner par son  vieux complexe d'infériorité ! Il était dans une situation difficile, non  anticipable, et devait faire des choix. Si la Brétonne ne semblait plus sur le  point de déclencher un carnage, elle n'en avait pas moins résisté à sa  suggestion de s'expliquer. Il devait réadapter sa stratégie. Il émit un bref  rire rauque.

         - Les chancres, ça enclave itou  les écorchures, vous pigez ? Pas comme les chancres simples, qui eux  s'grattent… autrement. Et vous pouvez  m'hucher Vrai-Nom, si vous préférez, m'dame.

         Elle eut un geste de recul lorsqu'il lui prit la main.  Main-d'Ombre était pourtant convaincue de n'avoir fait aucun bruit. Il regarda  longuement le bandeau avec méfiance, avant de conclure à une probable détection  magique. S'il n'avait jamais su ouvrir son troisième œil, ses sœurs étaient  coutumières du fait et en abusaient. Une manie féminine, apparemment, même s'il  devait admettre qu'il ferait de même en pareilles circonstances.

         Il fut des plus prévenants avec ses deux assistés, les  soutenant dans les zones glissantes, les avertissant avant de traverser l'onde  nauséabonde, les assurant lorsqu'il fallut gravir une échelle encastrée, et  adoptant même progressivement un langage plus commun. Ils empruntèrent une  caracole dont les marches inégales grinçaient affreusement, les relents de  nourriture et de plâtre moisi trahissant l'insula prolétaire. Plusieurs étages  plus haut, il convainquit à coup d'épaule une lourde porte de s'ouvrir.

         Une fois cette dernière  soigneusement barrée, ils restèrent un moment dans l'obscurité totale, le temps  que l'Argonien allume l'âtre. Il leur proposa alors de vieux fauteuils en  osier, et coupa en tranche sur une table une miche de pain noir, un vieux  fromage, une saucisse probablement un peu plus tendre que de la fonte et un  pichet de grès. Il en remplit deux godets et après en avoir avalé un, mit  l'autre dans les mains de Maelicia.

         -Tenez, c'est du picrate, mais  ça assainira les humeurs des sentines. Et la réserve d'eau est point d'première  fraicheur. Y a d'la becquetance sur la servante.

         Il entreprit alors de déshabiller un  Aradon plus qu'à moitié inconscient, de lui enfiler des braies de lin et de lui  panser l'épaule. Il lui faudra vite un vrai guérisseur, constata-t-il.

         -Ca va ardé un peu, j'vous  préviens, admit-t-il avant de nettoyer doucement la plaie au cuir chevelu de  la jeune femme avec un tampon imbibé d'une liqueur au titrage éthylique  indécent. La donzelle n'était pas au bout de son supplice puisqu'il envisagea  de faire de même sur ses abrasions des jambes, avant de se dire que cela ne  servait guère vu l'état des habits de la mage. Il se mit à farfouiller dans une  commode.

     -Vous f'riez mieux d'mettre ces nippes, sont point  d'la dernière vogue mais elles ont l'avantage d'être presque propres et sans  vermine, dit le saurien en se changeant lui-même. Y'a point d'tub, je le  crains. Pas trop risque qu'el compère et moi vous guignions, pour sûr. J'vais  même vous mettre un bandeau neuf. Après, faudra qu'on cause sérieusement, si  vous voulez qu'on vous aide efficacement à rejoindre la Guilde.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:32.


#72 Trias

Trias

Posté 08 mars 2009 - 02:16

Prends garde, voyeur





« Tenez, c'est du picrate, mais ça assainira les humeurs des sentines. Et la réserve d'eau est point d'première fraicheur. Y a d'la becquetance sur la servante. »

Les tessitures graves et sifflantes à la fois de la voix de l'argonien s'entremêlaient, résonnant jusque dans les ouïes de Maelicia. Son timbre, travaillé avec un soin d'orfèvre, avait un effet à la fois apaisant et hypnotique sur la bretonne. Son vocabulaire s'était significativement simplifié depuis l'esclandre des égouts, confirmant les soupçons de celle-ci sur sa capacité à jouer sur plusieurs registres lexicaux.

Tandis que le saurien s'affairait sur Aradon, à l'autre bout de la salle, l'étudiante tenta de rassembler ses pensées. Il lui fallait au moins réfléchir bien, puisqu'elle n'était capable de le faire vite.

L'argonien les avait menés à travers les souterrains pendant un temps qui avait paru interminable à la jeune fille, si bien qu'elle n'aurait su dire quelle distance ils avaient parcouru. En revanche, si sa perception magique ne l'avait pas trompée, leur guide avait infléchi sa trajectoire vers le Nord-Ouest. La clameur de la population et des armées, bien qu'indistincte et confuse, parvenait toujours à ses oreilles désormais attentives. Elle se souvenait avoir gravi cinq ou six escaliers. Une odeur rance, de renfermé y régnait.

En toute logique, ils devaient donc toujours séjourner dans le quartier pauvre, dans un bâtiment relativement haut donc aisément repérable. La bretonne s'appuya négligemment sur le mur : du plâtre élimé, rien à en tirer. Se tournant, elle fit exprès de renverser du coude un objet d'un meuble, lui fournissant l'occasion d'examiner le sol en le ramassant : du parquet, vieux et poussiéreux. Additionnant à cela le froid qui précédait l'allumage de l'âtre et la mauvaise isolation sonore, ses hypothèses se resserraient sur le district portuaire.

Tout en buvant poliment une unique gorgée de ce qui s'avéra *comble de l'innommable* être du vin, Maelicia s'efforça de cogiter davantage.

La bicoque étant trop haute et trop peu aérée pour être un logement individuel, il devait probablement s'agir d'un local collectif, mis à disposition d'individus de même appartenance. L'argonien n'ayant pas aveuglé Aradon, ni forcé de porte pour rentrer, on pouvait donc supposer qu'ils devaient tous deux se trouver membres d'une même organisation dont le local était commun. Mais de quelle type d'organisation s'agissait-il ?

L'attention de Vrai-nom se porta à nouveau sur elle, s'étant apparemment mis en tête de désinfecter son cuir chevelu. La bretonne s'agita, souffla et trépigna au contact de l'alcool sur la plaie, mais n'émit pas le moindre gémissement. L'homme bête se dirigea ensuite vers le côté droit de la salle, dût fouiller dans un meuble en bois puis lui présenta des vêtements :

« Vous f'riez mieux d'mettre ces nippes, sont point d'la dernière vogue mais elles ont l'avantage d'être presque propre et sans vermine. Y'a point d'tub, je le crains. Pas trop risque qu'el compère et moi vous guignions, pour sur. J'vais même vous mettre un bandeau neuf. Après, faudra qu'on cause sérieusement, si vous voulez qu'on vous aide efficacement à rejoindre la Guilde. »



ж ж ж




Maelicia eut un temps d'arrêt : quoi, il lui demandait de se changer, là, devant lui ? Sans se retourner ni rien ? Un strip-tease gratuit ? Palpant les matières rugueuses et robustes des hardes offertes (dont une jupe de chanvre, une grande chemise d'un tissu doux, un châle et des collants), Maelicia réalisa que sa robe devait être suffisamment déchirée pour que le jeu en vaille malgré tout la chandelle. Une petite idée germa même dans sa cervelle oestrogénée.

— Ecoutez, M'sieur Vrai-nom, z'êtes bien gentil, mais y'a pas ce qu'il faut là dedans. Laissez moi arranger ça.

Elle atteignit la commode d'une démarche hésitante, puis entreprit de la fouiller. Une ceinture de paysan, une écharpe ou un foulard ainsi que divers autres habits dont une chemise de lin y étaient entreposées. Échangeant cette dernière contre celle qui lui avait été offerte, elle regagna l'angle opposé de la pièce, tout en ayant pris soin de laisser les tiroirs grand ouverts.

— Vous vous tournez, hein ? demanda-t'elle de sa voix la plus suppliante, tout en faisant volte-face vers le mur. Là, elle nota que la respiration du reptile était toujours audible dans son dos. C'était parfait : comme elle s'en doutait, l'argonien ne lui faisait pas assez confiance pour la perdre de vue. Ou peut-être voulait-il se rincer l'oeil ?

Privilégiant la sécurité, elle enfila tout d'abord la jupe par dessous sa robe, ce qui se fit dans l'opacité la plus satisfaisante. Toujours sans trop se mouiller, elle retira ses gantelets. Vint ensuite l'épineuse question de la chemise, qu'elle ne pouvait revêtir sans ôter sa robe. D'une manière délibérément lente, elle releva les pans de sa robe, découvrant sa jupe, puis le galbe d'une hanche, la peau désirable de sa taille, le relief de ses côtes, et enfin la rondeur pointue d'un sein.

Soudainement, elle retira le reste des manches et du col, avec un geste étrange de la main, arrachant par la même occasion son bandeau pour braquer ses yeux d'émeraude sur lui. Le pauvre lézard n'eut que le temps de la surprise qu'il était instantanément ligoté par une ceinture silencieusement jaillie de son rangement, dans son dos, par télékinésie et dans le silence le plus complet. L'écharpe se transforma en bâillon de fortune tandis qu'un pantalon troué venait lui lier les pieds : il était fait comme son rat.

— Taratata, m'sieur l'argonien, z'avez pas surveillé vos arrières pendant qu'vous vous rinciez l'oeil ? triompha-t'elle. Ca n'se fait pas d'regarder une femme pendant qu'elle se change, hein, même si on n'lui fait pas confiance...

Il se sentit transporté par une poussée invisible jusque dans l'une des chaises de la pièce.

— Z'auriez p'être dû jouer franc jeu avec moi d'puis l'début, « Vrai-nom », ou « Aime-les-chats », ou « Bouge-la-main », expliqua la bretonne tout en ajustant sa chemise, puis ses collants. J'avoue qu'être aveuglée pour rejoindre Akatosh sait où, aux mains d'on n'sait qui, pour faire on n'sait quoi, est tout à fait rassurant pour une jeune fille seule. Suffisament pour prendre les choses en main en tout cas.

Elle remit ses bottes, puis revêtit le châle et enfin sa cape, ses lunettes ainsi que ses gantelets. Après avoir jeté un coup d'oeil à Aradon, qui gisait toujours inconscient dans le seul lit de la pièce, elle poursuivit.
— Vous vous demandez sans doute comment j'vais passer inaperçue en r'descendant vos marches branlantes ?

La rouquine plaqua ses deux mains sur son front, récita deux ou trois mots incompréhensibles puis parût souffrir brièvement. Elle rouvrit les yeux puis sourit. L'instant d'après, son image sembla se brouiller pour devenir... l'exacte réplique de Main-d'ombre. Lequel constata que lui même paraissait désormais doté des bras ronds et lisses de la bretonne.  

— J'espère pour vous vos collègues seront moins penchés que vous sur le voyeurisme ou la mythomanie, monsieur Vrai-nom, continua Maelicia, d'une voix devenue rocailleuse et sifflante. Parce que  z'êtes plutôt gentil, et qu'vous avez la conversation agréable. Et pis parc'que z'auriez pu me tuer au moins une ou deux fois. Donc, j'vais aussi être gentille avec vous...

Le bandeau noir vint s'enrouler autour des yeux de la fausse Maelicia.

— Au revoir, Vrai-nom... conclut la bretonne, en refermant soigneusement la porte de la pièce.



ж ж ж




Les deux étages suivants étant déserts, l'illusion de Danse-mots les parcourut sans encombres. Au deuxième niveau l'attendaient trois individus, dont un rougegarde et un khajit.

Excellent, Charbon-agile, on m'a dit qu'étais rentré ! tonna le premier. Du bon boulot ! Tu fais partie de la guilde désormais, pick-pocket ! Et tu seras payé comme il se doit ! Avant que tu ne me causes de notre fils prodigue, je voudrais seulement te parler d'un bon ami à moi, Causant, chef des Mendiants...

Modifié par Trias, 15 mars 2009 - 09:34.


#73 Ygonaar

Ygonaar

Posté 09 mars 2009 - 01:05

Evasion sur le vif

      

    — Ecoutez, M'sieur Vrai-nom, z'êtes bien gentil, mais y'a pas ce qu'il faut là-dedans. Laissez moi arranger ça.
Main d’Ombre était excédé. Il était dans un état d’épuisement avancé, la chaleur du foyer l’incitait à une somnolence récupératrice, mais l’humaine faisait maintenant des manières sur le choix des habits. Fidèle à son nouveau rôle, il répondit néanmoins avec amabilité.
  — Fichez donc à votre aise, rien n’vaut l’avis d’une mousmé question accordailles des couleurs. Mais gardez votre bouffette.
  — Vous vous tournez, hein ? demanda-t-elle d’un ton geignard en essayant de se camoufler dans un angle. Cela ne surprit point l’Argonien. Il avait déjà constaté que beaucoup d’humains et de mers entretenaient un rapport phobique avec la nudité, surtout les femelles. Ca allait encore durer un temps fou, mais il s’efforça d’effacer toutes traces de lassitude dans sa voix.
  — D’évidence. Nul n’peut potiner que Vrai-Nom n’est point un parfait gentillâtre, affirma-t-il sans s’exécuter le moins du monde. Tout en observant les contorsions de la jeune femme du coin de l’œil, il s’occupa en testant à nouveau le pendule d’Ulvasa. Il l’avait déjà observé à moult reprises pendant le voyage et il pointait à chaque fois dans la direction d’Aradon, mais il aurait aimé être sûr que le bijou ne désigne sa propre position. Il fut donc des plus surpris en constatant que le balancier pointait maintenant le tas d’habits souillés.

   Il venait tout juste d’identifier que la source d’attraction était plus précisément le pantalon du Khajiit lorsqu’il prit conscience que la gestuelle de la Brétonne avait changé. Ses mouvements devenaient moins saccadés, plus alanguis, et elle ne cherchait plus à cacher sa peau. Cette Peau-Molle ne songe tout de même pas à me séduire ? songea-t-il en rangeant le pendule. Il fut pris d’un grand malaise comme à chaque fois qu’une belle-de-nuit lui avait fait des avances. Encore un complexe hérité de son enfance…

   Et qui expliqua son manque total de vigilance lorsque des vêtements l’assaillirent. Il fût ligoté en un tour de main, puis repoussé dans un fauteuil alors que la mage paradait. Elle tint même à lui faire une démonstration de ses sorts de métamorphose avant de lui bander les yeux. Comme tous les mages, semble-t-il, celle-ci ne tenait à ce que ses opposants admirent leurs pouvoirs et subtilités. Une chose à retenir songea stoïquement l’insolite prisonnier.

   Dès qu’il l’entendit dévaler l’escalier, il se frotta avec la queue et le dossier en osier pour faire glisser l’écharpe qui lui tenait lieu de bâillon et se mit à siffler dans le dialecte des Marais Noirs.
  -Fromage, suit l’humaine discrètement. Vois, sens et écoutes jusqu’à mon retour. Et pisse sur le chemin. Et le rongeur de se glisser péniblement sous la porte.

   Les gwevn-razhdour, littéralement « rat d’eau rusé » sont des muridés très proches du surmulot commun, si l’on excepte les pattes palmées, la queue légèrement aplatie et l’appétence à la plongée. La principale différence réside en son espérance de vie qui dépasse la dizaine d’années, voire les quinze ans en captivités. Vu leur capacité d’apprentissage, ceux qui atteignent la puberté, vers les deux ans, sont d’une matoiserie redoutable et fort délicats à chasser. Ce qui en fait un plat prisé par les Argoniens lors des grandes fêtes, malgré un aspect gustatif plutôt médiocre. Bien qu’ils soient à croissance continue, celle-ci devient de plus en plus lente après la puberté et il est rare qu’un mâle dépasse les sept livres, ce qui en font tout de même des boules de hargne à ne pas négliger. Comme leur valeur provient de la complexité de la tenderie, ils ne sont qu’exceptionnellement élevés. Pourtant leur instinct grégaire les rend très sociables, et ils sont parfaitement aptes à de menues tâches.

    Dans tout son élevage, Main-d’Ombre n’en dressait que quatre, deux mâles et deux femelles. Et Fromage, alias Sir Maroilles en colovien, était sans conteste son préféré. Ce mâle de sept ans ne payait pourtant pas de mine avec son poil aux reflets roux, son odeur caractéristique de fromage à pâte molle et n’atteignant même pas les trois livres. Il n’en était pas moins fort doué, patient et affectueux. Il avait appris un certain nombre de mots simples en Argonien, vocables dont son maître pouvait grandement affiner le sens et la force en les impressionnant. Et il n’y avait guère de risques que l’animal fut abusé par les illusions, puisque son sens principal était l’odorat, domaine où les humanoïdes sont en général d’une incompétence crasse.

   Le maître du petit espion n’en avait cependant pas fini et se mit derechef à murmurer.

  

Nous sommes le Peuple des Racines

  

La Sève des Hists Anciens coule dans nos veines

  

Ils nous donnèrent le Don Animal pour courir le monde en leur nom

  

Que la Sève réveille en moi la souplesse du serpent avalant sa proie

  

Que la Sève rende mes écailles aussi glissantes que l’anguille filant dans la vase

  

Que la Sève réveille en moi le flair infaillible du condylure étoilé

  

Qu’elle parcourt chaque écaille, chaque tendon, chaque nerf, et les modèle selon mon Vouloir


  Sécrétant maintenant un mucus des plus glissants et pouvant se désarticuler, le saurien n’eut guère de mal à se débarrasser du reste de ses liens. Il récupéra le tas de frusques crottés et se rendit dans la chambre attenante. Il y récupéra un sac, une matraque souple et une arbalète légère. Puis il ouvrit les volets de la fenêtre et s’en fut rejoindre la rue par les toits. Il abandonna le sac contenant les vêtements et le pendule dans la cave de l’immeuble qui lui avait permis de redescendre, sous quelques sacs de charbon.

    Il avait également décidé en chemin que l’illusion dont il était victime comportait plus de risques que d’avantages stratégiques. Il l’avait donc simplement contré en impressionnant sur lui-même sa vraie apparence et la voie qu’il adoptait pour le personnage de Vrai-Nom. Il se mit alors à chercher l’odeur familière de son animal, prêt à se tapir à chaque recoin en cas de passage, car la magicienne n’était peut-être pas encore sortie de l’insula contenant la planque.

Modifié par Ygonaar, 27 novembre 2009 - 08:57.


#74 Trias

Trias

Posté 14 mars 2009 - 22:57

Pay-back




Ahurissante.

Un réseau tentaculaire. Une organisation souterraine. Des dizaines de malfrats, unis et fédérés suivant une hiérarchie et un code communs. Un sens au désordre, une loi dans l’illégal. La Guilde des voleurs relevait du paradoxe.

Jamais Maelicia n’aurait rêvé qu’une organisation d’une telle envergure se soit implantée en Cyrodiil, terre qu’elle pensait si étroitement contrôlée par les impériaux. Les influents Doyens, apôtres du mystérieux Renard Gris, relayant ses ordres pour coordonner des petites frappes en une véritable légion interlope. Des grades ainsi qu’une carrière au sein de la fuyante armée de la nuit et du profit. Des objectifs précis ajoutés aux caprices des cambriolages. Dire qu'il lui fallait maintenant sortir de cet écheveau sans attirer l'attention...

Toutes ces pensées s’entrechoquaient encore dans sa tête lorsque le khajit efflanqué fit irruption dans son alcôve, tirant la fausse Main-d’ombre de la lecture du règlement de la guilde et de son contrat. Imprégnée de son rôle, elle referma l’enveloppe contenant les ordres avant de relever les yeux sur celui qu’elle pensait nommé J’Rhassa. Celui-ci stoppa devant la table de travail, une brève lueur de cupidité traversant son regard à la vue de la volumineuse bourse noire constituant le salaire de Main-d’ombre, mais le réprima vite

« L’écaillé a dû se tromper, grimaça t’il d’un ton aigre. Il n’y a que l’infiltré dans le galetas. Qu’a fait l’écaillé de l’apprentie singe-mage ? »

Il y eut un bref flottement, puis la bretonne se décida. L’illusion de l’argonien se leva d’un coup sec, se composant une mine aussi atterrée que celle d’un lézard puisse l’être.

— La ménesse s’est carapatée ?! C’est  fichtrement d’la malchance ! Fouillez la piaule et pistez les égouts, j’la suivrai par les sentines !

L’homme bête parut réfléchir, distrayant un instant son regard. Ce fut alors que l’étudiante sentit fluctuer l’image qu’elle s’appliquait à créer, et se trouva nauséeuse. Au prix d’un grand effort et grâce au rendement inouï des gantelets de Sul-Narsil, elle parvint néanmoins à stabiliser l’illusion avant que J’Rhassa ne déniche la supercherie.

— L’ami lézard doit partir le premier alors, et avertir le rougegarde Christophe en chemin, approuva celui-ci. J’Rhassa descendra par les égouts. J’Rhassa a une potion de drainage de magie, donc il ne craint pas les pièges de la magicienne. L’écaillé aurait dû prévoir de même, la réprimanda-t’il, ce qui la fit sourire intérieurement.

Rangeant le contrat de la guilde dans sa jupe/pantalon, elle s’élançait dans le couloir lorsqu’un hoquet du faussaire la retint. Se retournant, elle vit qu’il paraissait surpris.

— Teuh... meaow... J’Rhassa va suivre l’écaillé, car J’Rhassa pense que c’est plus sûr d'aller à deux, ronronna t’il, ses yeux dorés tout à coup écarquillés. La bretonne jura intérieurement, mais laissa néanmoins l’homme chat l’accompagner.

Le stratagème se déroula cependant à la perfection, les quelques larrons encore présents sur les lieux leur dressant une véritable haie d’honneur jusqu’à la sortie, que les deux individus franchirent au pas de course.  Lorsque l’air frais caressa son visage, Maelicia sentit une vague de triomphe la gagner. Une sorte de futaie semblait environner le bâtiment, abritant sans doute quelques guetteurs parmi leurs branches. Elle attendrait d’être sortie du jardin pour se débarrasser du khajit, puis, enfin, serait libre...

— L’aimable J’Rhassa trouve que l’écaillé flaire... curieusement, souffla le félin. Le noiraud n’aurait pas oublié quelque chose ? Comme sa paye, par exemple ?

Elle n’eût même pas le temps de se retourner que le Suthay avait bondit, lui fauchant les jambes de ses pattes griffues. Instinctivement et certainement bêtement, Maelicia fit jaillir un flash dans les yeux du khajit, qui la lâcha avec un rugissement de douleur, une fiole usagée déjà ouverte à la main.

La rouquine prit ses jambes à son cou. La surprise avait fait fourcher sa concentration, dissipant l’illusion. De plus un grand froid l’avait envahie lors du sort de lumière, ce qu’elle savait signer les prémices d’un épuisement des ses capacités mystiques. La seule chance de la fugitive résidait désormais dans la vitesse de ses membres...

Modifié par Trias, 14 mars 2009 - 23:22.


#75 Ygonaar

Ygonaar

Posté 18 mars 2009 - 00:37

Retour de flamme



La piste quittait la zone d'insulas abritant la majeure partie de la main-d'œuvre bon marché de la capitale pour se plonger dans l'infâme secteur des tanneurs. Main-d'Ombre se félicita d'avoir ordonné à Fromage de baliser sa trace, car les remugles des peaux pourrissantes auraient probablement étouffé l'odeur du rongeur. Même un natif des Marais Noirs soutenu par la Sève avait ses limites. Il se dirigeait vers la bordure du lac, s'éloignant du port de manière surprenante, et la taille des bâtiments continuait à décroître pour devenir de petites bicoques délabrées plantées comme au hasard dans un terrain vague.

L'urine du muridé devenait de plus en plus fraîche, l'objectif ne devait plus être bien loin. L'Argonien regarda avec méfiance la végétation qui devenait de plus en plus présente. Les mages avaient bien réussi à anticiper leurs mouvements, à Aradon et lui, et leur préparer une souricière au Sang du Guar. Il ne fallait pas les sous-estimer, il pouvait y avoir des guetteurs. Sacrifiant les dernières réserves de mana que lui avait fournies la fiole d'Ulvasa, il plongea dans les Ténèbres.

Une multitude d'odeurs fraîches allaient vers la masure, des fumets plus indiqués à la plèbe qu'à des mages. Le saurien ne comprenait pas ce que cela voulait dire. Risquait-il de se retrouver au milieu d'une foule hostile et dotée de puissant pouvoir ou la Brétonne, forte de ses sorts de destruction, s'était fabriquée un bouclier humain ? À moins qu'elle ne cherchât qu'à se fondre dans la masse en attendant le jour, pour rejoindre les siens à l'abri de la vampire ? Il décida de s'accorder un instant de réflexion à quelques distances, armant l'arbalète au cas où.

C'est alors qu'un Khajiit et un Argonien sortirent du taudis. Un Argonien qui lui ressemblait plus bougrement qu'aucun de ses congénères ne l'avaient jamais fait. Une fulgurance illumina les alentours. Main-d'Ombre commençait tout juste à recouvrer la vue quand il aperçut… la rouquine fonçant droit sur lui ! Sans prendre le temps de supputer un probable piège, il lança trois dards paralysants.

L'humaine s'effondra dans ses bras. Heureusement qu'il était trop loin pour que l'éclair ne disperse son enténébration car des poursuivants suivirent de peu, les dépassant sans leur accorder une once d'attention et se demandant certainement un instant après quoi ils courraient. Ce fut les divers sifflements servant de signaux et la vue de J'Rhassa qui lui fit comprendre qu'il avait probablement affaire aux membres de la Guilde des Voleurs. Trop tôt, il lui fallait d'abords des réponses… Peu de chance que les traqueurs reviennent sur leurs pas de sitôt, mais il n'était tout de même guère prudent de moisir dans le coin. Il désarma l'arbalète, chargea la jouvencelle sur l'épaule et se mit en quête d'un refuge.

Sa gorge était en feu. Un liquide brûlant et des plus âcres, n'arrivant pas cependant à masquer un étrange arrière-goût, avait enflammé sa bouche avant de partir à l'assaut de l'œsophage. C'est dans un second temps que Maelicia se rendit compte que sa tétanie avait cessée au profit de liens de cuir. On avait bien fait les choses, d'ailleurs. Ses pieds étaient immobilisés et non seulement ses mains, mais également ses doigts avaient été soigneusement liés dans le dos. Une quelconque étoffe occultait sa vue. Une main froide et écailleuse faisait office de bâillon.

    Main-d'Ombre sentait le tonus revenir dans le corps  de sa victime. Il avait craint un moment que côtoyer les Ténèbres de si près  puisse lui causer des séquelles graves, mais elle revenait déjà à elle. Il  avait essayé de bien faire les choses. Il avait abandonné toutes ses affaires  personnelles, dont ses lunettes mais aussi ses bottes et sa bourse, dans un  tonneau à fumier non loin. Juste au cas où elles puissent servir de balise  comme le pantalon d'Aradon. Il n'avait gardé que l'enveloppe de la Guilde, dont  il aurait juré l'absence dans la planque, et qui l'intriguait au plus haut point.  Et les gantelets, bien sûr. Il s'était vainement escrimé à essayer d'ôter les  fichues paumelles, mais des anneaux métalliques au mécanisme d'ouverture les  plus hermétiques les liaient aux avant–bras. Le saurien avait laissé tomber  l'affaire lorsqu'il sentit une furieuse envie d'arracher les bras de la jeune  fille avec les dents l'envahir. Il avait trop fricoté avec les Ténèbres cette  nuit. Laissant Fromage vaquer à sa guise, il se mit à lui susurrer à l'oreille :

— Voici comment j'matte les choses, la frangine. Toi et tes familiers d'la guilde des sorceleux vous vous mettez à espionner le compère Aradon, qui vous a rien fait, que j'sache. Il veut s'esbigner peinard et vous nous talonnez, lui et moi, et nous préparez tout à trac un gentil guêpier à la taverne. Même que vous m'y gaulez rud'ment et sans motif. Seul'ment, une gaupe moyennement bucolique veut éponger une vielle rancune et zigouille tes labadens. J'te propose alors, grand seigneur, de t'esbigner avec nous, histoire de pas t'avoir sauver la couenne pour rien. J'te donne les consignes pour pouvoir nous suivre et tu t'épeures comme une géline. T'as alors le choix d'te barrer tranquille, j'dis bien, mais tu optes pour qu'j'te patronne. Je t'soigne, j'fais le taulier obligeant, et voilà t-y pas que tu m'garottes en chafouine et qu'tu m'envoûtes pour me mettre à mal avec mes affidés. Alors pourquoi ? Juste pour espionner?Qu'est-ce que tu vas pouvoir me chanter pour t'faire amnistier?
— T'as pas intérêt à escobarder ni tenter d'attrapoire! prévint-il en ôtant sa main.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:43.





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