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Shandar, Dieu Fils De Dieu

[Détails du Lore] Divinités Brétons

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1 réponse à ce sujet

#1 Svartalfar

Svartalfar

    Moddeur d'or


Posté 22 décembre 2024 - 23:24

Shandar, dieu fils de dieu

Shandar est une divinité très mineure de la culture brétonne, et la plupart des informations la concernant a été expurgée. Il y a pourtant beaucoup à dire sur lui, tant sa figure semble bien plus profonde qu'il n'y paraît à première vue.


Shandar apparaît pour la première fois au cours du développement de The Elder Scrolls II : Daggerfall, mais ne survit pas vraiment jusqu'à la version finale. On retrouve cependant sa trace en plusieurs endroits.

Dans la démo de Daggerfall, Shandar est le dieu de la guerre[1] dont la bénédiction améliore la maîtrise de votre arme de prédilection[2] et dont le culte est appelé les Battlelords (Seigneurs de guerre). Battlelords est également le nom de l'ordre paladinal d'Ebonarm, dont le culte est la Citadelle. Il semble que dans la version finale, les attributs de Shandar aient été absorbés par Ebonarm, auquel on a aussi ajouté des attributs artisanaux (ses autels dans la Baie sont les « Enclumes »). Shandar lui n'est plus présent que dans l'histoire de la Larme de Mara[3].
Le Shandar folklorique

Dans celle-ci, Shandar est un adolescent simple mais brave, qui accomplit un exploit guerrier afin de sauver celle qu'il aime et finit (grâce à la déesse Mara) par incarner une des lunes, Secunda selon certains mais sans que le conte ne le confirme en réalité. Ce conte pose des problèmes importants de cohérence par rapport à ce que l'on sait de la cosmologie aussi, ce qu'il raconte doit être pris avec des pincettes. Ainsi, il ne reflète pas le paysage cultuel de la province que l'on aperçoit avec les cultes de la Baie d'Iliaque, qui comprennent des cultes rendus à June, Jode et à une déesse Secunda[4]. Il renforce cependant l'idée que Shandar est une entité aux attributs guerriers, bien que c'est surtout par sa Peine et son amour qu'il est reconnu et divinisé.

Les symboles qui lui sont associés sont cependant tout sauf anodins. Ebonarm, les lunes, la guerre, tout cela renvoie à une entité : Lorkhan, Shé'or pour les Brétons et Shor pour les Nordiques. Et il existe un faisceau d'indices laissant penser que Shandar est bien cela, un aspect du Tambour du Destin. Étudions cela.
Shandar et compagnie

Faisons déjà un sort aux parallèles : Ebonarm a beaucoup fait parler ici et ailleurs aussi, on n'évoquera que brièvement ses attributs. On doit signaler qu'il est associé à Reman (et donc Shezzar ?) et qu'il est un dieu de la guerre, représenté en armure lourde et combattant à cheval. Les lunes sont associées directement à Lorkhan via la théorie du Lorkhan lunaire[5]. Certes d'autres divinités revendiquent être les lunes, mais dans les TES, les divinités se superposent. Quant à la guerre, c'est pour Lorkhan qu'on l'a inventé. Il en est donc un géniteur plus que spirituel.

Ensuite, on peut noter que dans le folklore bréton, les divinités s'incarnent facilement : Saï, Arkay, Akatosh, même Kiéran, font l'objet de récits les montrant marchant parmi les mortels voire expérimentant la mortalité. Bien que ces récits sont parfois des fictions, ils attestent d'une réalité culturelle indéniable : les Brétons aiment dépeindre leurs divinités comme proche d'eux. Dans d'autres cultures également, on conçoit les divinités comme proches. Les Dunmers et les Argoniens bien évidemment, mais également les Nordiques qui ont influencé la culture brétonne. C'est dans un premier temps de ce côté qu'il faut chercher des clés d'interprétation de la nature profonde de Shandar.
Shandar, fishs desh Shor

Chez les Nordiques, Shor, leur interprétation de Lorkhan, dirige le panthéon (bien que dans les faits, c'est son épouse-guerre Kyne qui est la divinité principale). Il a plusieurs épouses, dont Mara. Dans Shor fils de Shor[6], on en apprend plus sur les rôles de chacune des divinités. Le panthéon nordique y est décrit à la fois comme une famille et comme des chefs de guerre, reflétant le mode de vie nordique. Mara y est une servante de Kyne mais il est également sous-entendu qu'elle est une épouse-larme, larme également associée à elle dans le conte bréton. On y apprend en plus de cela que Shor a un fils, lui même. Ce fait, complexe, souligne cependant une propension bien observée qu'ont les et'ada à s'enfanter, à créer des versions d'eux-même mettant en avant l'un ou l'autre de leurs traits de personnalité (au détriment des autres). Akatosh, Auriel en sont friands et Lorkhan lui-même est issu de ce genre de phénomène.
L'aspect guerrier de Shandar et le fait qu'il se sacrifie par amour sont deux liens très directs à Shor et à Lorkhan, on peut affirmer qu'il leur est lié. Mais pourquoi donc ? Après tout les Brétons ont déjà Shéor qui est un Shor « maléfique » et Ebonarm, pourquoi avoir une troisième version, un avatar de Shor sous la forme de Shandar. Une raison serait l'absence d'une divinité embrassant la vision brétonne de la guerre.
Les Brétons sont belliqueux, mais mettent l'accent sur la chevalerie et l'armée (ou plutôt les osts) plus que sur les groupes de guerriers comme les Nordiques. On peut notamment évoquer Eleidon, un saint-chevalier populaire chez eux pour sa bravoure et son dévouement à protéger les faibles et à lutter pour la justice[7]. Un parangon de chevalerie à l'européenne (ou un plombier façon Mario Bros. Choisissez votre analogie).
Or, si on compare aux classes disponibles en jeu, Shor est plus barbare ou guerrier que chevalier, classe pourtant privilégiée chez les Brétons. Cela peut expliquer la présence de deux divinités de la guerre chez eux : Ebonarm, qui incarnerait le côté défensif et industrieux de la guerre (la forge, la citadelle, la place-forte capable de soutenir les armées, les chefs qui décident de la stratégie et du déploiement) et Shandar, qui lui patronnerait l'aspect noble et chevaleresque (le sacrifice, la défense des faibles et des opprimés, l'amour courtois). A ce titre, Shandar peut être une version brétonisée et plus chevaleresque de Shor. Non pas le méchant qui provoque les conflits, mais celui qui lutte avec bravoure pour ce qui est juste, même quand tout est contre lui. Mais on peut aller plus loin.
Shandar, fils de Lorkhan

Si on se penche cette fois-ci du côté elfique, autre origine de la culture brétonne, on note là encore des ressemblances entre les récits mythologiques elfiques et la Larme de Mara. Chez les Elfes, Mara est la déesse de l'Amour et parfois considérée comme un écho de Nir, la Création et principe féminin originel[8]. Côté Lorkhan, il était également un chef de guerre dont Mara était la conjointe. Il orchestra un plan destiné à priver les ancêtres aldmeri de la possibilité de retourner auprès de leurs pairs, comme Mara et Shandar se voient séparés tout au long du récit par leurs parents, par l'Orque et à la fin par la mort. La principale différence dans le fond, c'est que dans les mythes altmeri, il n'y a pas d'interventions divines pour réunir les amants. Mara reste veuve, après que Lorkhan fut tué par Trinimac et dépecé, son corps devenant selon certains les lunes (et d'autres trucs). Or, Trinimac fut tué quelques « instants » plus tard par Boéthia, un enfant de Lorkhan ou du moins, un et'ada considérablement proche de lui selon beaucoup. Trinimac devint ainsi Malacath, père des Orques. Et qu'affronte-donc Shandar pour libérer Mara ? Un Orque. Et là encore, Shandar et l'Orque meurent à quelques temps d’intervalle (même si ici l'ordre est inversé). On peut voir dans le conte le duel Lorkhan-Trinimac rejoué.
Cependant, la mort de Shandar n'est pas l'objet central de l'histoire. Tout tourne en effet autour de Mara.
Shandar, fils à Mara

Car même si c'est Shandar l'acteur, c'est bien de Mara dont il est question. C'est elle qui donne son titre à l'oeuvre, elle qui est l'enjeu principal, elle qui appelle à sa déesse homonyme et provoque leur destin. D'où l'interprétation suivante : La Larme de Mara rejoue les événements de la guerre de l'Aube à une échelle mortelle et du point de vue de Mara ! Shandar et Mara sont Lorkhan/Shor et Mara, cherchant sous forme mortelle à revivre leur amour à la façon une geste épique et chevaleresque. Shandar est l'incarnation de Shor/Lorkhan, son fils-écho tout comme Mara est fille de Mara, déesse de l'Amour. Tous deux incarnent la tristesse née de la séparation de leurs ascendants respectifs, de leur impossibilité d'être réunis, la douleur née de l'attente d'un happy end. A ce titre les lunes, nées de Lorkhan et pour les Brétons de Mara, sont des média idéaux, réunissant tous les éléments de leur histoire. Mara a de plus une légitimité à jouer avec les lunes. Non seulement par son aspect de principe féminin créateur, mais aussi parce qu'elle est « aimante comme une mère » dans la philosophie khajiiti (sous entendu nulle n'aime plus qu'elle), où les lunes lui sont apparentée (Mara est de la première litière, les lunes de la troisième)[9].
Et l'Amour, comme la Création, est une affaire de Volonté.


En conclusion, on peut tracer la filiation de Shandar comme fruit de l'union d'un aspect de Lorkhan et de Mara, veilleur omniprésent (car lune toujours dans le ciel), chair de chair (lunes chairs de Lokhan et Shandar incarnation d'une lune), protecteur de l'amour de sa mère et dieu de la guerre comme son père. Une nouvelle addition à la liste des divinités qui sont des avatars du Mutant instable, Shandar le tambour de guerre. Tambour qui, soit dit en passant, fait le lien entre la chevalerie traditionnelle et la guerre entre armées[10].
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Source

Modifié par Svartalfar, 22 décembre 2024 - 23:31.


#2 Gilbertus

Gilbertus

    Kalenbours


Posté 23 décembre 2024 - 08:52

Quel travail sur le lore !

Kalendaar un jour, Kalendaar toujours ...






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