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Préambule

Pour espérer atteindre la lumière, il ne faut hésiter à traverser les ténèbres...

Quelle sera la société nouvelle ? […] Vraisemblablement l’espèce humaine s’agrandira, mais il est à craindre que l’homme ne diminue, que quelques facultés éminentes du génie ne se perdent, que l’imagination, la poésie, les arts, ne meurent dans les trous d’une société-ruche où chaque individu ne sera plus qu’une abeille, une roue dans une machine, un atome dans la matière organisée.
Vers 1834 – Avenir du monde – En annexe des Mémoires d’Outre-tombe – François-René, vicomte de Chateaubriand

Ce matin, quelqu’un est venu me dire que « la poésie sauvera le monde ». Tout ceci est très bien, mais qui sauvera le poète ?
Anonyme (2015)

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Je n'aurai pas la prétention de me déclarer poète, mais je pense pouvoir dire aujourd'hui que je perçois de plus en plus de lumière. Est-ce le signe que je suis en voie d'être sauvé ? Peut-être...

J’avais déjà la quarantaine quand j’ai écrit mes premiers poèmes ; et de me souvenir combien j’avais été marqué par la découverte du Dormeur du Val. J’avais à peine neuf ans. Arthur Rimbaud, de son côté, avait écrit son poème à l’âge de seize ans. En considérant le court passage sur terre du poète, je dois vous avouer que je ne regrette pas d’avoir pris mon temps…

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S'il est un domaine qui semble bien mal se prêter à la poésie, c'est le monde des écrans : téléphones portables, tablettes, télévisions, consoles, ordinateurs et j'en passe. Quoi de plus froid et bêtement matériel qu'un pixel ou un octet ? Et que dire des jeux vidéos ? Enfin, soyons sérieux ! Imaginez-vous lire un poème mettant en scène un jeu d'ordinateur ? Non, bien entendu... Quoique... Allez, chiche...


Minecraft (2024)


Je suis un cube
Au milieu d’autres cubes
Ma tête est cubique
Et le reste également

Autour de moi
Tout est cubique
Les vaches sont cubiques
C’est d’un comique
Tous ces cubes qui s’égayent dans les champs

Les arbres sont cubiques
Leurs troncs se terminent en angle droit
Dans le coin d’un sous-bois

Le soleil est cubique
Et pourtant il fait froid
Les glaçons sont cubiques
À l’envers à l’endroit
La lune est cubique
Avec ou sans croissant
C’est la nuit que sortent les méchants
Squelettes au sourire grimaçant
Zombies qui se nourrissent de mon sang
Même le sang est cubique
Ses gouttes font plic plic
Elles ne roulent plus comme avant

À la vue de tout ce sang
Qui en plaques se répand
Je me sens défaillir
Je me sens tressaillir
Il est temps
Il est vraiment temps
De m’éloigner de mon écran