Les Chroniques du Dernier Enfant de Dragon
Livre I : La traque des Daedra
Prologue : Le Néant d'Oblivion
La fête battait son plein. En cette année de 4E202, les Princes Daedra célébraient le Néant. Ce n'était pas vraiment un événement ou un objet particulier pour faire la fête, mais les Princes d'Oblivion n'en avaient que faire : le but de ces journées (ou en tout cas, le temps sur lequel s'étend une journée pour les mortels) était tout autre. L'important était d'y prendre du plaisir et surtout de régler ses conflits non dans une guerre ouverte, mais par le dialogue, bien que souvent agrémenté de nombreuses mâchoires brisées. C'était un rite très commun chez les Daedra qui permettaient à tous d'avoir leurs chances dans l'éternel jeu qu'ils se livraient depuis l'Aube.
Or, ce 21 de Primétoile, Sanghin avait invité ses congénères de haut rang pour l'une de ces journées. Tous avaient répondu à l'invitation, sauf Malacath, Prince Daedra des Bannis et des Parias, qui ne savait pas apprécier ces célébrations. Sanghin n'avait pas organisé ce genre d'événements depuis quelques mois, préférant festoyer avec les mortels. Cela ressemblait bien là au Dépravé : attendre que les tensions s'attisent entre ses frères pour que la fête gagne en intérêt. Et des tensions, il y en avait ce 21 de Primétoile ! L'année précédente était apparu un nouveau héros en Tamriel et la Beauté de l'Aurore était secouée par ses nombreuses actions. Ce héros avait traité avec les Daedra et avait grandement changé l'état de Bordeciel. Son nom était Harrald le Chevelu, que les Nordiques surnommaient Foudrelame, pour ses exploits au côté des Sombrages durant la guerre civile. Mais avant d'être un rebelle à l'Empire de Cyrodiil, il était le Dernier Enfant de Dragon, celui qui avait sauvé Nirn de la menace d'Alduin Dévoreur de Monde. Comme les héros de jadis, les Grises-Barbes l'avaient baptisé Ysmir, Dragon du Nord. Désormais, Harrald était le premier sujet des préoccupations des Princes de l'Oubli. Hermaeus Mora l'avait déjà accueilli dans son Royaume Daedrique. C'était dans l'une des milliers de "poches de plaisir" de Sanghin que les Princes discutaient de l'Enfant de Dragon.
En contemplant les filles de joie amenées par le Dépravé, Hircine et Nocturne débattait de l'allégeance d'Ysmir. Le Seigneur de la Chasse argumentait :
- Au nom de la Traque, ce Nordique porte le Sang du Loup dans les veines : son âme me revient de droit !
- Toujours aussi présomptueux, Hircine, répondit la Reine de la Nuit, tu oublies qu'il a juré de me servir dans la vie comme dans la mort. Ce cher petit Rossignol est lié à moi par sa propre volonté !
- Vous parlez encore de cette avorton ! clama Méhrunes Dagon un verre de vin à la main. Boéthia et Méphala m'en rabattent les oreilles depuis le début de la soirée, en voilà assez !
- Mmh, s'exclama Nocturne toute souriante, je vois que tu ne digères toujours pas d'avoir été floué par ce mortel...
La haine réciproque entre le Prince de la Destruction et la Maîtresse de la Nuit était connue de tous.
- Raaah ! Un mortel, voilà tout ce que c'est ! déclara celui que l'on nommait autrefois le Roi Démon Sauteur.
- Tu étais pourtant bien satisfait lorsqu'il détruisit Alduin..., renchérit la Princesse Daedrique.
- J'aurais préféré tuer ce ver de mes propres mains ! Dis-moi, Ur-dra, ce mortel est bien sous ta protection ?
- Certes ! clama-t-elle fier d'elle-même.
- Alors, et si on faisait un petit pari toi et moi... Si j'arrive à le faire tuer, malgré ta bénédiction, tu me devras... Deux cents âmes !
- Ah ! Ah ! On voit bien que tu es le plus fauché d'entre-nous, Dagon !
Il y eut quelques rires dans la "poche de plaisir". Les Princes d'Oblivion délaissaient leurs distractions pour s'intéresser à la scène. Sanghin jubilait ! Le premier à prendre la parole fut Molag Bal :
- Ce mortel... Pathétique et inutile ! Je lui ai confier la Masse du Vampire, pour qu'il moissonne les âmes en mon nom, et il a décidé de la laisser prendre la poussière ! De l'"empêcher de tourmenter d'autres mortels" ! Quel affront ! Je suis du pari !
Les deux sœurs-qui-sont-frères, Boéthia et Méphala, s'avancèrent elles-aussi après en avoir terminé de leurs ébats. Les deux Coins de la Maison des Troubles les regardèrent d'un oeil mauvais, en particulier le Roi du Viol. La Dame des Murmures commença :
- Nous-aussi nous lui avons confié des artefacts daedriques et il a pris la décision des cacher aux yeux des mortels, "pour le bien de tous". Ses artefacts sont une partie de nous-même, c'est un affront qu'il nous fait là. Mais qui ne fait pas d'affront de nous jours ?
- La compétition prommet d'être intéressante ! annonça Boéthia. Ce serait passionant de voir tous ces Princes s'agiter dans le but de tuer un seul homme ! Moi, j'en suis ! Qu'en dis-tu ma soeur ?
- Une chance d'humilier le Père de la Nécromancie ? Bien sûr que je participe !
Ce dernier ne releva pas. En temps normal, il aurait défiguré la Tisseuse, mais la fête apaissait sa rage. Le Seigneur de la Chasse reprit alors la parole :
- Mmh... L'Enfant de Dragon fait honneur à mes dons, mais il s'est parfois retrouvé en travers de mon chemin. Je ne sais pas si j'ai vraiment des intérêts à me joindre à vous, cependant, cela donnera une belle chasse ! Je participe à la traque au Dragon du Nord !
Nocturne, inquiète de la situation, répliqua :
- Cinq contre uns ! Voilà qui est particulièrement déséquilibré ! Aucun autre Prince pour soutenir la proie ?
Il y eut un silence de mort, jusqu'à ce que Shéogorath le Fou éclate de rire :
- Ha ! Ha ! Ha ! Heureusement que les Divins se préoccupent de l'Enfant de Dragon ! En tout cas, je lui apporterai mon soutien !
- Parfait ! déclara la Reine de la Nuit. Si on perd, je donne cent âmes au vainqueur, le Fol en fait de même, et si on gagne, tous les participants nous donne cent âmes chacun. Ça marche ?
Il n'y eut aucune contestation. Sanghin et les autres Princes annoncèrent qu'ils suivraient les événements avec le plus grand intérêt. Le Père des Hommes-Bêtes conclut :
- Alors, que la Chasse commence !
Chapitre I : Les dévots de l'Oubli
Le blizzard frigorifiait le voyageur. Les éléments se déchaînaient sur ce cavalier, comme si Bordeciel elle-même ne voulait pas de lui. Peu importe ! Il avait connu bien pire ! Sa peau sombre avait survécu aux tempêtes de poussière qui suivirent l'Année Rouge. Seule Morrowind pouvait forger des guerriers comme lui : dignes de ce nom. Mais ici, en Bordeciel, ses convictions n'étaient plus si certaines. De la neige et de la glace, des guerriers Nordiques pouvaient naître. Qu'est-ce qu'il faisait là, dans ce pays froid et peuplé d'ignares sans maths ?
Il avait quitté; Longsanglot un mois plus tôt. Des prêtres du Temple lui avait donné ses ordres. Le voyageur parvint à atteindre Vivec facilement, la Mer Intérieure étant de plus en plus fréquentée par des bacs. Là, ce fut bien plus ardu de trouver un navire pour Bordeciel. Des jours entiers, il dut attendre. Enfin, un navire marchand Rédoran accepta de le conduire jusqu'à Vendeaume, la vieille capitale du Premier Empire Nordique. Son voyage dans la Mer Intérieure remémora au Dunmer les ravages de l'Année Rouge : la chute du Ministère de la Vérité avait causé tant de dommages à la province... Ils firent halte à Sombrejour, où il put s'informer plus en détails de la situation en Bordeciel : la guerre civile était finie et les vainqueurs étaient les rebelles Sombrages. Peu importe pour le peuple Vélothi. Les Dunmers ne s'intéressaient pas aux affaires de l'Empire de Cyrodiil, sauf les plus versés dans la politique. On lui parla avec ambles informations sur l'Enfant de Dragon qui serait apparu. Cela était plus préoccupant pour les Elfes Noirs : par deux fois, un Enfant de Dragon était apparu, par deux fois, les Dunmers en avaient terriblement souffert. Le voyageur se souvenait des récits anciens sur la Guerre de Quatre-Vingts Ans et l'invasion de Morrowind par Tiber Septim. Bientôt l'Elfe Noir rembarqua.
Trois semaines après son départ de Longsanglot, le voyageur marchait sur les quais de Vendeaume. Il eut un sourire franc en voyant les conditions de vie des dockers Argoniens. Voilà pour ces esclaves ! Lorsqu'il pénétra dans le Quartier Gris, le voyageur fut en revanche indignié par l'état de misère de l'endroit. Bien sûr, beaucoup de ses habitants étaient des partisans des Hlaalu, mais déautres étaient de fidèles Dunmers en exil après l'éruption du Mont Écarlate. Il décida alors de parler de la situation au Nouveau Temple à son retour. Peut-être que quelques raids de la part de Morrowind sur cette Bordeciel affaiblie par la guerre forceraient ces Nordiques inférieurs à reconnaître la supériorité des Vélothi...
Conformément à ses instructions, le voyageur entra dans un débit de boisson misérable, nommé le Club de la Nouvelle Gnisis, et alla directement s'adresser au tenancier :
- Bienvenu au Club de la Nouvelle Gnisis ! commença ce dernier. Ça fait plaisir de voir de nouvelles têtes par ici !
- Merci ! dit le voyageur. Je prendrai un Saint Olms.
- Un Saint Olms ! Au nom de Méphala ?
- De Méphala Main-Noire.
- Voici !
Le propriétaire lui tendit une pinte de bière épicée avec une enveloppe en guise de sous-verre, en réponse au code arrangé entre lui et le Temple. L’Elfe Noir amena le tout à une petite table dans un coin de la salle. Il déchira le papier et en sortit une lettre. Il lit :
De Main de Boéthia n°3, le 23 de Primétoile.
A Alvos Indoril, premier agent d'exécution extra-provincial des Nouveaux Grands Ordonnateurs irréguliers.
Je vais être clair et pragmatique. Quand vous recevrez ce message, vous serez déjà propulsé dans une compétition entre Princes Daedra. Le seigneur Boéthia en personne vous a sélectionné pour être son champion lors de cette compétition en raison de vos précédants exploits à son service. Le Temple ignore les desseins exacts du grand Boéthia. Vous devez juste vous trouver le 21 de Clairciel à l'Autel de Méhrunes Dagon dans les montagnes séparant les châtelleries de Hjaalmarche et du Clos. Aucun autre adorateur des Daedra, puisse ce dernier être de la Maison des Troubles, ne devra être attaqué sur le trajet. Tout manquement à ces ordres entraînera des sanctions rapides et zèles de la part du Temple, si les Tribuns ne vous ont pas déjà puni.
Voilà comment, ce voyageur Dunmer se trouva sur cette route gelée du Clos. Il avait passé les derniers jours sur le trajet séparant Vendeaume de l'Autel de Méhrunes Dagon. Il ne pouvait cesser se demander pourquoi l'avait-on fait venir d'aussi loin ici. Bien sûr, c'était un grand honneur et un grand privilège de pouvoir servir le Tribunal, mais Alvos Indoril aimait lorsque les choses étaient claires. Pourtant, il avait appris au cours de sa longue vie que toutes les affaires des Dunmers étaient emplies de secrets et il l'avait accepté. Mais pourquoi lui avait-on ordonné de ne pas s'attaquer aux adorateurs daedriques rivaux ? Cela n'avait aucun sens ! Sa spécialité n'était pas de débarrasser les terres des vermines de la Maison des Troubles, mais en tant que membres des Grands Ordonnateurs, on lui avait toujours inculqué de tuer les ennemis du Temple de manière fanatique. Toute cette affaire sentait l'étrange...
Perdu dans ces pensée, il ne vit qu'au dernier moment les quatre personnages à cheval qui déboulèrent de toute part au galop, l'encerclant rapidement. Ils étaient vêtus d'armures daedriques, leurs armes sorties de leurs fourreaux. Comprenant qui étaient ces hommes, le Dunmer puisa dans sa Magicka pour retirer le voile illusoire qui recouvrait son corps : il apparut alors dans son armure daedrique, noir et rouge du sang des Daedra, symbole de son appartenance aux sectes adoratrices des Princes d'Oblivion. Alvos tira également sa longue dague d'ébonite et se saisit de son bouclier de jais qui pendait à la selle de son cheval par mesures de précaution. Cela dérouta les hommes en cercle. L'un deux s'approcha en baissant son arbalète et dit :
- Qui es-tu ?
La voix reptilienne qui était sorti de son heaume était celle d'une femme.
- Alvos Indoril, agent de Boéthia, Prince des Conspirateurs, répondit le voyageur simplement dans le blizzard.
- Vas-tu à l'Autel de Dagon ? continua la femme.
- Oui.
Les quatre personnages rangèrent leurs armes. La femme dit :
- On connaît l'histoire ! A chaque rencontre avec un cavalier solitaire, c'est la même chose. Chaque personne ici présente a été demander pour rejoindre l'Autel de Dagon le 21 de Clairciel. J'ai l'impression que les Princes Daedra nous ont tous préparé quelques réjouissances. Ha ! J'en oublie les bonnes manières. Je suis Asskari Tue-les-Hommes, championne de Dame Méphala. Dis-nous, Alvos Indoril, sais-tu autre chose de cette petite réunion à part qu'il y aura de la compétition ?
- Juste que je ne devais pas laisser de cadavres derrière-moi sur le chemin.
- Comme nous ! D'ailleurs, viens que je te présentes mes compagnons de route. Le grand Bréton à la masse et au bouclier, c'est Claude Dubrin, un Vampire ; le Nordique à l'arc et à la dague, c'est Bjorlam Noir-Loup, tu auras deviner son sang ; et l'Impérial escrimeur, c'est Augustus Baratti, un noble Nibenien mystérieux appartenant aux restes de la secte de l'Aube Mythique. Dois-je vraiment préciser l'allégeance de chacun ?
- Non, répondit le Dunmer en fusillant le Bréton du regard.
Sentant que la situation pouvait facilement dégénérer en un bain de sang, l'Argonienne préféra distraire les hommes en armure de leur envie de meurtre :
- Vu que nous avons tous pour ordre de rejoindre l'Autel de Dagon le 21 de Clairciel et que c'est justement demain, je propose de se remettre en route.
Les hommes acceptèrent et pour éviter toute traitrise, les cinq cavaliers se avancèrent de front.
Durant le temps qu'il voyagea avec ses nouveaux compagnons de route, Alvos n'apprit presque rien d'eux, sauf d'Asskari, mais étant une adoratrice de Méphala, il se doutait bien que la vie qu'elle lui décrivait n'était qu'un tissu de mensonges. En réalité, lui non plus ne dévoilait rien de lui-même : la crainte de se faire trahir forçait chacun à en révéler le moins possible sur soi. D'ailleurs, Alvos ne connaissait le visage d'aucun d'entre eux. Enfin, le 21 de Clairciel, en début d'après-midi, les cinq cavaliers arrivèrent au pied d'un immense escalier qui grimpait dans les montagnes. Connaissant l'endroit, l'Impérial affirma qu'ils étaient arrivés à destination. D'un accord silencieux, il descendirent de leurs montures et les laissèrent là. La montée fut relativement lente, chacun essayant de se placer derrière. Finalement, l'Argonienne était la seule qui parvenait à rester hors de portée de la moindre dague. Alvos était tout de même parvenu à la démasquer. En se livrant ainsi, en se rapprochant des autres, elle arrivait à les manipuler bien plus facilement que si elle était resté à l'écart : le Dunmer reconnaissait là une tactique souvent employée par les dévots de Méphala. Acceptant son infériorité avec difficulté (voir un Elfe Noir en position d'infériorité vis-à-vis d'une Argonienne restait difficile pour lui!), il décida d'observer et d'apprendre.
A la fin de cette fastidieuse montée, les cinq personnages arrivèrent enfin en face de l'Autel de Méhrunes Dagon. La statue monumentale qui surplombait l'espace oppressait les adorateurs daedriques. Dès qu'il en eurent la place, ils se remirent de front. Soudain, des gouffres donnant sur l'Oblivion apparurent devant eux. Alvos sentit tout de suite la présence des Princes du Néant, celle de Boéthia en particulier pour lui. Chaque adorateur se plaça devant son seigneur et maître. De gauche à droite, il y avait Hircine, Molag Bal, Méhrunes Dagon, Boéthia et Méphala.
Les dévots de l'Oubli posèrent un genou à terre et s'inclinèrent. La voix de Dagon se fit alors entendre :
- Bienvenu en Bordeciel, disciples d'Oblivion !
D'une même voix, les fanatiques s'exprimèrent :
- Nous obéissons aux ordres des Princes Daedra !
- Évidemment ! s'exclama Molag Bal : cela tombait sous le sens.
- Vous vous demandez sans doute pourquoi nous vous avons fait venir de si loin pour cette petite réunion..., dit le Prince des Complots.
Alvos saisit alors une ocassion de se mettre en avant :
- Nous ne pensons pas à vos ordres, nous les exécutons !
- Ha ! Ha ! Ha ! s'esclaffa Dagon. Une tentative si peu subtil pour s'attirer nos faveurs, mortel !
Le Dunmer se rendit compte de sa bêtise. Il sentit sans les voir les figures souriantes des autres dévots, mais il priait surtout pour ne pas être sommairement exécuté. Le Prince de la Destruction continua :
- Dis-moi, Boéthia, n'as-tu pas mieux pour te servir avec tout ton peuple maudit ?
- Je ne l'ai pas choisi pour son esprit, mais pour ses dons dans l'art du meurtre, déclara la Dame Noire à la voix courroucée.
Hircine décida de mettre fin à ces pics :
- Cessons-là ces petits jeux mesquins ! Nous vous avons réuni pour une traque !
Le Nordique prononça alors ses premiers mots de la journée qui ne soient pas des grommellements.
- Qui est la proie, ô Seigneur ?
Méphala répondit en première :
- Avez-vous déjà entendu parler de Harrald le Chevelu, alias Foudrelame, l'Enfant de Dragon ?
- Oui, Princes ! affirma le Nibenien. La Cité Impériale ne parle plus que de ses exploits ses derniers mois.
- Oui, renchérit le Seigneur de la Domination de sa voix démoniaque, un grand héros qui a offensé chacun d'entre-nous...
Chaque parole de Molag Bal était suivi d'un silence. Peu nombreux étaient ceux capables de garder tous leurs moyens face à lui. Sentant qu'aucune réaction ne viendrait des dévots, Boéthia acheva les dires de son congénère :
- Nous vous ordonnons de l’éliminer en le nom de votre seigneur et maître.
Le Nordique prouva sa sauvagerie.
- Je me délecterai de sa chair pour vous, Père des Hommes-Bêtes !
C'était le moment ! Alvos voyait bien qu'il pourrait se rattraper auprès de la Dame Noire.
- Pardonnez-moi, Seigneur Boéthia, mais comment vaincre cet Enfant de Dragon ? J'ai beaucoup entendu dire à son sujet : il est considéré comme le plus grand héros de Bordeciel de notre époque, peut-être même de tout Tamriel. Il maîtriserait le Thu'um et a la bénédiction des Aedra.
Ce fut Méphala qui répondit :
- Harrald le Chevelu a délaissé des artefacts que nous lui avions confié et qu'il a déshonoré. Nous les savons dans ses multiples demeures. Pour nous servir, vous devrez récupérer ces artefacts et les utiliser contre lui.
- Ce sera fait, Dame Méphala, acquiesça Asskari.
Hircine continua :
- Ceci est avant tout une compétition, et il y a des règles ! Un : ne pas s'attaquer au champion d'un autre Daedroth ! Deux : ne pas nuire directement aux agissements d'un champion d'un autre Daedroth ! Est-ce clair ?
- Oui, Prince ! s'exclamèrent les adorateurs d'une même voix.
- Bien ! Sachez aussi que la proie est sous la protection des Neuf du panthéon Impérial, ainsi que celle des Princes Daedra Nocturne et Shéogorath.
Les dévots savaient que les Divins n'allaient pas leur causé trop de problèmes directs, mais les Daedra n'étaient pas habitué à laisser leurs rivaux gagnés facilement dans un défi - et s'était là sans aucun doute un défi ! Hircine poursuivit en s'adressant directement au Nordique :
- Bjorlam Noir-Loup, tu iras à Blancherive, au Sud.
- Je vous assure que je serai celui qui trempera ses griffes dans le sang chaud de notre proie ! s'exclama l'intéressé en s'inclinant un fois encore et en soulevant son heaume daedrique, révélant un visage envahi par sa barbe noire et au traits déformés et salis de terre et sang séché par une vie totalement sauvage.
- Asskari, ma disciple, vas à Markarth, à l'Ouest, donna comme directives Méphala.
- A votre service pour toujours, Dame Méphala Main-Noire ! dit l'Argonienne révélant sa figure reptilienne.
Connaissant un peu les modèles Argoniens, Alvos reconnut dans ses traits celle d'une beauté pour son peuple. Mais il n'eut pas le temps de l'admirer plus, déjà Boéthia l'appelait :
- Alvos Indoril, ton chemin est celui de Solitude, au Nord-Ouest.
- J'accomplis toujours les volontés du Prince des Complots ! affirma-t-il, relevant son casque : le Dunmer était un homme sans âge, dont les yeux étaient vide de sentiments pour la beauté sauvage qui l'entourait : seuls les Daedra importaient.
- Esclave, s'exclama Molag Bal, dépêches-toi vers l'Est, vers Vendeaume !
- Oui, maître, répondit sobrement le Vampire au teint pâle.
- Et quant à toi, acheva Dagon, Augustus Baratti, Grand Exécuteur de l'Aube Mythique, vas au Nord, à Aubétoile !
- Je ne vous déceverai pas, Seigneur du Changement, jamais !
Hircine reprit pour finir :
- Partez à présent, disciples d'Oblivion ! La Chasse vous appelle !
Alvos jura alors :
- Je vous ramènerai la tête de l'Enfant de Dragon, Prince des Conspirateurs, ou je mourrai !
- Évidemment ! répondit le Daedroth.
Les gouffres vers l'Oubli se refermèrent alors, ne laissant aucun signe de leur présence. Sans un mot, les cinq adorateurs descendirent les escaliers. En bas, il grimpèrent sur leurs montures et tous prirent la direction qui leur était assignée. Pas la moindre parole ne fut échangée, tous avaient le même but : ne pas décevoir leur seigneur et maître. Alvos Indoril en était convaincu : sa lame tranchera la gorge de sa cible ! Après tout, n'était-il pas le meilleur agent d'exécution de Morrowind...
Modifié par Beron, 13 mai 2013 - 17:33.