Le dunmer ne tiqua pas au lancer de boule de neige, au moins il reconnaissait son tord. Cela suffit à calmer un peu les nerfs d'Emelia qui lui emboita le pas, au fur et à mesure qu'ils descendaient le chemin s'améliorait et doucement mais surement ils arrivèrent aux portes. Conformément à ce que le dunmer lui avait ordonné elle ne pipa pas mot lorsque le garde leur fit l'accueil typique à ceux de sa profession, en un sens cela la rassura, il n'y avait pas qu'à Faillaise que les gardes étaient des cons mal-léchés. En plus la prendre pour la nièce de Drem … Non seulement cons mal léchés mais en plus malvoyants, triste sort que le leur … Enfin pas si mal voyant à en croire la façon dont il la lorgna sans vergogne, encore un point de ressemblance avec Faillaise, à croire qu’il y avait des lois universelles sur les forces de l’ordre.
« Va caguer » marmonna t’elle en suivant le dunmer.
Alors qu’ils progressaient elle regarda la ville, les bas quartiers de Faillaise avaient pu lui paraître sales et quelques peu douteux mais en comparaison de ça on aurait pu croire à des quartiers huppés et tout ce qu’il y a de plus mondain … La moitié des maisons branlaient sur leur fondations, pour un peu on aurait pu croire qu’un simple éternuement aurait suffit à faire s’effondrer la moitié des baraques de la ville. Décidément pas le genre d’endroit où elle serait venue de son plein gré mais bon le boulot était le boulot …
L’auberge où ils s’arrêtèrent portait le nom de
Braillard Silencieux, un nom qui la laissa perplexe, elle avait déjà entendu le mot plus d’une fois mais voyait mal pourquoi un aubergiste aurait eu l’idée de donner à son auberge l’image d’un gamin gueulard, il faudrait qu’elle pose la question au dunmer à l’occasion. Le repas qu’ils prirent (au frais du macchabée) fut un véritable délice, après une semaine à manger des rations de voyages et le peu de gibier qu’ils avaient réussi à attraper, s’enfiler une assiette de ragout de mouton complète avait un petit gout de Sovngarde. L’apothéose vint avec le bain qu’elle prit ensuite, elle qui n’avait que vaguement lavé le bout de ses orteils dans un torrent glacé (l’idée de laver le reste lui était passé immédiatement après ça) l’eau chaude et savonneuse fut un véritable bonheur. La fatigue du voyage en même temps que la saleté s’évanouissait et elle fut presque tentée de s’endormir dans le baquet. Elle s’arracha finalement à l’eau chaude et s’essuya avec les lingues que le tenancier avait mit à leur disposition. Une large plaque dans un coin de la pièce attira son œil, cela ressemblait visiblement à une grosse écaille couverte de buée, elle la frotta du dos de la main et vit que la surface avait été polie visiblement avec beaucoup de soin (et l’aide du temps, la chose semblait très ancienne) de façon à en faire un miroir de fortune. Dans un soupçon de coquetterie elle se mira dedans, prenant divers poses comme lui avait raconté une de ses amies à l’époque de Faillaise qui avait soit disant posé pour un peintre de séjour en ville. Le résultat aurait pu être élégant si les deux fosses noires sur son visage ne donnaient pas à la chose un aspect morbide. Elle soupira et enfila sa tunique pour laisser la place au dunmer.
Elle regagna sa chambre et entreprit de fouiller dans ses affaires, en extirpant un paquet emballé elle s’assit sur le lit, natta vite fait ses cheveux pour qu’ils ne la gênent pas et déballa le paquet, son arbalète était là en pièces démontés. Disposant les pièces sur le tissu elle entreprit de la monter, morceaux par morceaux, graissant les mécaniques si elle estimait qu’elles en avaient besoins. En moins de deux minutes l’arme était montée et opérationnelle, elle tira à un coup à vide de façon à s’assurer de la tension de la corde, la retendit un peu et s’estima satisfaite. Drem vint la voir alors qu’elle finissait les derniers arrangements de son arme, elle eut l’impression de voir un mouvement de recul dans ses yeux à la vue de l’arbalète mais au vu de l’heure tardive c’était sûrement une impression d’autant plus que son oreille tailladée était exposée par ses cheveux attachés, sûrement ça ….
Une fois qu’elle eut finit ses préparatifs pour la journée de demain (au tant au niveau de son arsenal que des trois couches de vêtements qu’elle comptait mettre) elle s’allongea sous les couvertures et sombra dans le sommeil avec un plaisir non dissimulé, le matelas lui semblant encore plus moelleux qu’un de ces gâteaux que vendait la vieille Olfrig à Faillaise et qui la faisait tant saliver quand elle était petite.
ж ж ж
Un réveil en grognant et un petit déjeuner vite avalé après l’aurore qu’ils étaient déjà dehors à aller vers l’Académie. Curieusement à la lumière du matin, débarrassée de sa horde de passants, de garde inamicaux, de clochards suppliants et de détritus et sous une douce brume la ville avait un certain charme. Le soleil projetait encore quelques rayons rosés sur la mer non loin
, du haut de l’Académie le panorama doit être superbe, pensa t’elle. Ils montèrent la cote doucement, la canne de l’elfe noir raclant les plaques de neiges, alors qu’ils cheminaient elle ne put s’empêcher de détailler l’Académie. Le bâtiment était perché sur une sorte de piton et en forme de fortin. On aurait dit qu’une main géante s’était amusé à planter un gigantesque cure-dent de pierre et qu’un architecte à moitié fou avait décidé d’y construire sa demeure, reliant la ville par un long pont tenant les deadras seul savaient comment. Ce décalage piqua sa curiosité, que pouvait-il bien y avoir là dedans ? Quelles choses (de valeur si possible) pouvaient bien cacher ces mages dans leurs caves ?
Elle était tellement perdue à ses réflexions qu’elle faillit faire tomber le dunmer en continuant de marcher alors qu’il s’était arrêté. Des mages paranoïaques, rien que ça … Ca expliquait déjà un peu mieux le climat tendu sur la ville, si une clique en robe claquemurée dans un fortin carbonisait tout ce qui passait la porte sans toquer normal que l’humeur ne soit pas aux festivités ... Un coin charmant ce Fordhiver, à n’en pas douter. L’enveloppe du dunmer lui changea les idées, elle la palpa de ses mains gantées, visiblement le contenu était là et au jugé du poids la valeur aussi. Drem n’était pas nécessairement régulier dans ses payements mais il avait le mérite de ne pas donner de la monnaie de singe, elle rangea donc l’enveloppe dans une poche intérieure, remettant l’inspection des pièces à plus tard. Alors qu’ils attendaient elle ne savait trop quel signe de la part des occupants de l’Académie elle demanda.
«
Dites Drem, je pose la question parce que j’ai pas eu la chance d’avoir autant d’éducation que vous étant gamine (et ça lui coutait d’avouer ça)
mais c’est quoi un braillard ? D’où je viens ça a un certain sens mais je crois pas que le nom de l’auberge où on a dormi ait un rapport. »
Modifié par Arakis, 14 mai 2012 - 14:17.