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[H] Le "Héros" De Kvatch.


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#1 Ja'Shir

Ja'Shir

Posté 01 novembre 2011 - 15:38

Douleur et souffrance. Mon crâne n’est qu’un gigantesque hématome. Les gardes impériaux n’y sont pas allé de main morte ! Après avoir été jugé coupable de meurtre, je m’attendais certes pas à un séjour à l’hôtel Tiber Septim mais là, quand même, y’a de l’abus ! Cette cellule est la pire que j’ai jamais visité, et les Neufs savent que j’en ai vu, des cachots. Ils n’ont même pas pris la peine de se débarrasser du précédent occupant. Il est là dans un coin, son crâne blanchissant figé en rictus pas très engageant. J’ai l’impression très désagréable d’avoir un aperçu de mon avenir.

En poussant un grognement, je me redresse sur ma paillasse. La cellule est plutôt spacieuse, mais avec le mince rayon de soleil qui filtre à travers une meurtrière à moitié bouchée par la moisissure, c’est son seul attrait. Des chaines accrochées au plafond pendent un peu partout, ce qui me laisse présager que mon futur risque de se montrer pour le moins douloureux. Quelle connerie ! Je quitte Morrowind et ce trou boueux qu’ils osent appeler une ville pour me retrouver à Cyrodiil dans un trou encore plus crasseux, et muni de barreau, celui-là.

Là, mon petit Layan, t’as fait fort !

L’affaire avait pourtant bien commencée. Arrivé à la cité impériale, je renoue avec quelques contacts dont un qui me branche sur un gros coup. Le vol d’un artefact daedrique de grande valeur. Je vais dans la maison du propriétaire, je le zigouille proprement, ça fait pas un pli, et voilà que ces enpaffés de commanditaires se mettent en tête de me doubler ! Ca dégénère en bagarre, je les tue, je planque l’artefact en question en attendant que ça se tasse, et tout à coup, ces maudits gardes impériaux me tombent sur le râble et m’envoi croupir dans les sous-sols de la cité. Non, vraiment, c’était pas brillant.

Je me lève avec difficulté, puis me mets à tituber vers la porte de ma cellule. Il convient d’admirer mon nouveau logis, puisque je risque de m’y trouver pour un bout de temps. Au contraire du reste de la pièce, la grille qui m’empêche de sortir est extrêmement bien entretenue. Aucun espoir de ce côté-là. Je gueule une bonne dizaine de jurons pour me défouler.

- La ferme, Rougegarde ! Fait une voix éraillée alors que je cherche de l’inspiration pour une nouvelle salve. Tu peux pas retourner agoniser par terre ? C’était sacrément plus agréable.

La voix provient de trop loin, je n’arrive pas à voir à qui elle appartient. Peut-être à un garde, peut-être à un camarade d’infortune. Quoique le mot camarade ne va sans doute pas convenir, vu le ton sur lequel il me parle. Je collais mon visage au plus près des barreaux pour en savoir plus. A quelques mètres dans la pénombre de la cellule voisine, je discerne le visage ridé d’un Dunmer rabougris. Je souris intérieurement. Ca expliquait au moins le ton. La politesse n’arrivait pas en tête des plus grandes qualités des elfes noirs. Des elfes tout court, en fait.

- Eh ben alors, mon vieux ? Ca vous fait pas plaisir d’avoir de la compagnie ?

- Les rats me suffisent bien assez. Ils ne sont pas bruyant, eux. Z’êtes là pour quoi ?

- Meurtre, plus ou moins, répondis-je d’un ton faussement affable.

- Ah, fit-il.

La rhétorique Dunmer. Toujours aussi impressionnante. Je n’insiste pas et retourne au fond de ma cellule. Je ne suis pas d’humeur à faire la causette avec ce genre de gars. Je suis jamais d’humeur, d’ailleurs. Avec qui que ce soit. Je m’assois à même le sol, le dos contre un mur. Les pierres froides et humides me font frissonner mais je ne bouge pas. Autant m’habituer au froid maintenant, vu qu’apparemment j’allais passer pas mal d’hiver ici. Cette pensée me met en rogne comme c’est pas possible et je bondis sur mes pieds pour faire les cent pas.

Je m’arrête quand un bruit de voix retentit au loin. Je me rapproche de l’entrée du cachot et tends l’oreille. Dans la cellule d’en face, le Dunmer fait de même. Le bruit de bottes ferrées frappant la pierre résonne dans toute la prison, ce qui ne me permets d’entendre que quelques mots isolés.

« …fils…morts…Sire…sécurité… »

Tout ça n’avais ni queue ni tête. Je me serais résigné si les bruits ne se rapprochaient pas autant. J’entend distinctement les pas de plusieurs hommes quand la lueur d’une torche embrase les ténèbres, dévoilant un escalier. Très vite, les nouveaux venus parviennent à sa hauteur et entreprennent de le descendre vers moi et le Dunmer. Il y a là trois types en armure accompagnés d’un vieux croûton en robe. Je fronce les sourcils. Aucunes des personnes présentes n’arborent l’uniforme de la garde, c’est curieux.

Celui qui mène la troupe, le plus petit des quatre, lève sa torche à la hauteur de son visage, dévoilant un faciès certes frustre mais indubitablement féminin. Elle s’approche de ma cellule, les sourcils froncés sur des yeux marrons boueux qui me fixent avec tout plein de mépris.

- Que fais un prisonnier dans la cellule hors limite ? Aboie-t-elle par dessus son épaule d’une voix forte.

A ces mots, un grand Rougegarde à l’air encore juvénile s’approche pour me dévisager à son tour.

- Encore un qui pro quo avec la garde, je…

- Laissez tomber, fais la voix du troisième gars en armure, un Rougegarde, lui aussi. On a pas le temps pour ça !

- C’est vrai, lâche la femme à contrecœur tout en me jetant un regard menaçant. Recule racaille, si tu veux voir un nouveau jour se lever !

J’obtempère sans discuter. Jouer les matamores sous la menace d’une lame est déconseillé, surtout quand la sa propriétaire a l’air aussi résolu. J’assiste donc, un peu surpris, à l’invasion de mon cachot par quatre inconnus au regard hostile. Que me veulent-t-ils, ces lascars-là ? Pas la moindre idée, toujours est-il que j’envie soudain mon voisin Dunmer et le calme de sa cellule.

- Et maintenant ? Questionne le vieillard d’une voix lasse.

Personne ne se donne la peine de répondre et la fille, qui semble commander, se plonge dans la contemplation d’un mur de la cellule. Ce vieux me dit quelque chose. Je plonge dans les méandres de ma mémoire quand soudain, l’évidence est là. J’ai devant moi Uriel Septim en personne, empereur de Tamriel. J’avais assez vu sa bobine sur les pièces de monnaie qui avait cours ici pour ne pas me tromper.

Je suis paumé. Que fais Uriel Septim dans ma cellule ? C’était complètement délirant !

Je me perds en conjecture quand un bruit sourd fait trembler toute la pièce. Un pan de mur du cachot coulisse pour révéler un passage assez large pour laisser passer deux hommes. J’en reste baba.

Sans m’accorder le moindre regard, l’empereur et ses Lames l’empruntent sans hésiter. Car, oui, les trois personnes accompagnant Uriel Septim sont sans doute des Lames. Qui d’autre ferait passer un tel homme dans un passage dérobé ? Il avait dû se passer quelque chose de grave.

Le passage s’ouvre sur un long tunnel qui descend en pente douce vers un vieux mur écroulé. Alors que deux Lames commencent à descendre, la troisième, le plus jeune, jette d’un ton plein de morgue :

- On devrait refermer derrière nous. Ca me rend malade d’offrir la liberté à cette racaille !

- Pas le temps, Cyrus ! Fais la femme. Et puis, le passage ne se ferme pas de ce côté-ci.

Je décerne un sourire sarcastique au dénommé Cyrus qui pousse un grognement de frustration.

- On dirait que c’est ton jour de chance, racaille ! Ne te mets pas en travers de notre chemin, c’est tout ce que je te demande !

- C’est demandé si gentiment, fis-je d’un ton mielleux. Après vous, messire Lame.

Le Rougegarde sursaute, apparemment surpris que j’ai deviné sa condition, puis se détourne à regret, allongeant le pas pour rejoindre ses compagnons et l’empereur.

J’attend quelques minutes, le temps que la torche disparaisse dans les ténèbres, puis je pousse un cri de joie. Les dieux sont avec moi, aujourd’hui ! D’un pas guilleret, je gagne l’entrée de ma cellule et présente avec délectation mon majeur aux yeux rouges de colère du Dunmer.

- A plus, mon biquet ! Ca a été un vrai plaisir !

Sans prêter attention à la bordée de jurons que je reçois en retour, j’emprunte le passage à mon tour et je m’enfonce dans les ténèbres à petit pas, pour ne pas me gaufrer contre une racine tout les deux mètres.

Modifié par Ja'Shir, 21 novembre 2011 - 10:51.





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