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[Rp] La Route Orange


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14 réponses à ce sujet

#1 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 13 mai 2011 - 10:21

HRP

Venant de Bruma.




La caravane décida de s'arrêter alors que les derniers rayons de soleil se perdaient entre les branches des arbres. Cela faisait des heures qu'ils marchaient dans la forêt montagnarde qui s'étendait entre Bruma et Chorrol. Leur dernière pause remontait au repas du midi, et Raven était plus qu'épuisé. La route orange était sinueuse et composée de nombreux dénivelés successifs, à tel point que même les plus endurants des soldats peinaient sous le soleil.
Raven saisit son paquetage dans l'une des carrioles et alla le poser à l'écart. Le marchand qui lui avait permis de prendre part au voyage lui avait offert de transporter ses affaires avec les marchandises ; néanmoins, Raven préférait les garder près de lui durant la soirée. Une fois cela fait, il s'assit et observa paisiblement les alentours. Ils se trouvaient dans une sorte de clairière non loin de la route, où, au vu de l'unique mur qui se dressait là, avait autrefois dû se trouver une maison. L'endroit était probablement désormais considéré comme un point d'arrêt pour les voyageurs souhaitant se reposer. En tous cas, ceux qui étaient à la tête de la caravane n'avaient pas hésité avant de s'engouffrer entre les arbres pour se rendre ici.
S'il ne s'était pas trompé dans sa lecture de la carte qu'il transportait avec lui, ils étaient à peu près à mi-chemin. La caravane n'avançait pas vite. Cela n'était pas pour déplaire à Raven, mais il espérait néanmoins que ça ne nuirait pas à sa recommandation. On ne lui offrirait pas une telle opportunité deux fois.

Il soupira. Au diable tout cela. Même si, pour quelque raison que ce soit, il se voyait refuser la recommandation, il continuerait sa vie. Il n'aurait qu'à se faire barde, comme...
Raven releva soudain la tête, jetant des regards furtifs autour de lui. Thanara. Elle faisait partie du convoi. Il l'avait vue, et il était presque sûr qu'elle l'avait vu, lui aussi. Pourtant, elle ne lui avait pas adressé la parole. Etait-elle donc si fière qu'elle se refusait à parler même aux siens ?
Il la repéra un peu à l'écart du groupe, elle aussi. Elle se tenait penché sur son luth, apparemment en train de jouer quelques notes inaudibles.
Le dunmer leva les yeux au ciel, puis, haussant les épaules, se décida à se lever pour aller lui parler. Elle ne leva pas le regard comme il approchait.

- Bonsoir, Thanara. Ravi de voir que vous faites le trajet avec nous. Vous accordez votre luth ?

#2 MangaShojo

MangaShojo

Posté 13 mai 2011 - 17:48

Une fois descendu des montagnes, on tombait sur la route orange, un passage mince et sinueux qui traversait la grande forêt, passant parfois par les débuts des Monts Coloviens et des Montagnes de Jerall, créant des paysages escarpés et denses, où pullulait une faune sauvage et riche. C'était au milieu des arbres et rochers moussus qu'avançait la petite caravane, escortée par les gardes dunmers de Chorrol. Thanara ne voulait même pas avoir affaire avec eux, se contentant de somnoler à moitié sur Murmur, la tête posée dans ses crins au parfum de paille, ses yeux sanglants fixés sur les ombres mouvantes des arbres. Elle n'avait jamais vraiment aimé le soleil qui mettait ses traits à la lumière. Elle se sentait toujours trop à découvert, trop menacée pour être à l'aise. La nuit lui correspondait mieux ou bien un soleil voilé par la brume, un soleil très doux, très frais, qui avait la saveur de l'humus et de sève... Elle se rappelait facilement de cette odeur très familière, celle de sa maison, de son «Ald Sadrith», comme elle l'appelait quand elle était toute petite. A cette époque, son imagination était plus débordante que la moyenne des petits dunmers pétris dans les traditions et la religion qu'on inculquait dès la naissance. Son seul ami était cet immense champignon dont les longues racines s'élevaient au-dessus de l'eau de Sadrith Mora et où elle aimait se percher pour frapper l'onde de ses pieds sans craindre d'être agressé par un quelconque poisson carnassier. Elle sourit à ce souvenir et balança doucement une de ses jambes, imaginant l'eau froide en contact avec sa peau. Elle resta un moment ainsi, jusqu'à ce que elle entende dire qu'on s'arrêtait. Elle conduisit Murmur à l'ombre des arbres puis descendit de sa monture pour prendre son luth de derrière son dos et se laisser tomber au pied d'un buisson. Elle eu un soupir un peu las en agitant ses jambes endolories par la chevauchée, puis entreprit de gratter les cordes pour en produire quelques sons. Elle faisait souvent des fausses notes, mais elle venait de commencer. Après un peu d'entrainement, cela irait sans doute mieux...  
Elle continua à pincer les cordes en chantonnant un petit air concernant une noble telvannie et un guerrier cendrais jusqu'à entendre une voix qu'elle finirait par bien connaître lui dire :

  -Bonsoir, Thanara. Ravi de voir que vous faites le trajet avec nous. Vous accordez votre luth ?

Elle ne leva pas tout de suite les yeux vers lui, se contentant de continuer quelques brefs instants à pincer les cordes, silencieuse, puis elle braqua ses iris sanglantes vers les siennes.

-Non, je n'en serais pas capable. Peut-être que vous pourrez me voir faire cela dans quelques mois...

Elle reposa avec un soupir son instrument avant de leva les bras et tendre ses jambes pour s'étirer un bref instant.

-Vous ne devez pas vous sentir dans votre élément, en dehors des maisons chauffées de la ville, au milieu des livres et des bocaux... Là, il y a l'herbe, les bêtes sauvages, les insectes... Hum... Les araignées.

Elle désigna d'un doigt une arachnoïde qui faisait tranquillement sa toile dans les branches d'un arbre avant de se laisser tomber dans l'herbe en mettant les mains derrière sa tête. Elle replia une jambe puis passa l'autre au-dessus de son genou dans une posture sereine, avant de reprendre sur le ton de la discussion :

-Vous me disiez que vous n'aviez jamais mis les pieds à Vvardenfell... Mais en tant que dunmer, vous devez avoir des ancêtres de Morrowind, non ?

Modifié par MangaShojo, 16 octobre 2011 - 09:25.


#3 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 14 mai 2011 - 11:16

Raven sourit instinctivement. Thanara semblait légèrement plus détendue que la première fois où il l'avait rencontrée, et elle se laissa aller à une pique sur ses habitudes de citadin, qu'il jugea amicale, avant de le questionner sur ses origines.

- Ah, des ancêtres... fit-il en s'asseyant. Oui, en effet. Mes parents ont grandi et se sont rencontrés en Morrowind. À Narsis, pour être exact. Ils travaillaient comme conseillers de la maison qui dirige la ville, je crois. Mais il y aurait eu des changements au sein de la hiérarchie... Enfin, j'imagine que vous voyez le genre. Toujours est-il que leurs conseils n'étaient plus désirés en Morrowind ; ils sont donc venus s'installer à la Cité Impériale.

Raven s'étira doucement, puis porta à nouveau son regard vers la dunmer.

- Quant à votre remarque sur mon élément et mon ressenti lorsque je ne m'y trouve pas, et bien, je vous remercie de votre intérêt, mais à vrai dire, j'aime l'ambiance paisible qui règne ici. Cela me convient bien mieux que toute l'agitation torturée qui s'est emparée de la guilde depuis que le chef a disparu. Enfin les neuf soient loués, tout cela est loin désormais.

Il marqua une pause durant laquelle il observa brièvement Thanara. Elle semblait certes un peu négligée, mais elle ne manquait pas de charme. Ses longs cheveux pâles, en particulier, lui plaisaient beaucoup.

- Mais parlez-moi de vous, un peu, lui dit-il soudain sur un ton aimable. Où avez-vous grandi, en Morrowind ? Qu'est-ce qui vous a amené sur les routes de Cyrodiil ? Et avez-vous eu l'occasion de découvrir d'autres pays, durant vos voyages ?

#4 MangaShojo

MangaShojo

Posté 14 mai 2011 - 13:13

Raven avait l'air un peu plus détendu en la voyant aussi aimable et un sourire illumina son visage sombre alors qu'il s'asseyait à côté d'elle :

  -Ah, des ancêtres... Oui, en effet. Mes parents ont grandi et se sont rencontrés en Morrowind. À Narsis, pour être exact. Ils travaillaient comme conseillers de la maison qui dirige la ville, je crois. Mais il y aurait eu des changements au sein de la hiérarchie... Enfin, j'imagine que vous voyez le genre. Toujours est-il que leurs conseils n'étaient plus désirés en Morrowind ; ils sont donc venus s'installer à la Cité Impériale.

Narsis... Une cité du continent, sous la juridiction Hlaalu, l'une des pires engeances qui soient. Tous des rats, des sales traitres et n'wahs, comme ce duc de Cheydinhal... Elle ferma les yeux un bref instant en soufflant un léger filet d'air entre ses lèvres pour laisser échapper la haine qui montait. Il fallait qu'elle arrête de s'emporter, ce n'était ni digne d'une Telvannie ni d'un membre de la Morag Tong. Non, elle devait garder la tête froide et puis, quand elle y pensait, ça n'avait plus d'importance. Raven n'était pas Hlaalu, et ses parents ne l'étaient plus. Morrowind, ses guerres de maisons, le monopole commercial en Vvardenfell... Tout ça ne voulait rien dire pour lui, et c'était tant mieux... Raven s'étira avant de reprendre :

-Quant à votre remarque sur mon élément et mon ressenti lorsque je ne m'y trouve pas, et bien, je vous remercie de votre intérêt, mais à vrai dire, j'aime l'ambiance paisible qui règne ici. Cela me convient bien mieux que toute l'agitation torturée qui s'est emparée de la guilde depuis que le chef a disparu. Enfin les neuf soient loués, tout cela est loin désormais.

Les neufs... Donc, même si ses parents étaient originaires de Morrowind, ils ne lui avaient pas enseignés l'amour des Tribuns et des Ancêtres... Bien sûr, cela pouvait s'expliquer par la volonté de se fondre parmi la population, de s'intégrer au mieux à Cyrodiil. Les dunmers abandonnaient souvent leur identité et leurs traditions dès le passage de le passage de la frontière, se persuadant parfois que leurs frères de Morrowind ne sont que des sauvages, des brutes insensibles et violentes. Raven ne semblait pour sa part pas de cet acabit. Il semblait plutôt intéressé par la patrie d'origine de ses parents et de son peuple. D'ailleurs, pas que par Morrowind... Elle remarqua qu'il la dévisageait attentivement, même si cela était plutôt bref. Avec ses longs cheveux blanc-argent éparpillés sur le sol et les herbes qui se mêlaient à ses mèches, elle devait ressembler à une sauvageonne, loin du raffinement qu'appréciait un mage moyen, ce qui expliqua la légère pointe de surprise qui habita un moment son esprit, avant qu'elle décide de balayer cela d'un revers de main mentale.

-Mais parlez-moi de vous, un peu. Où avez-vous grandi, en Morrowind ? Qu'est-ce qui vous a amené sur les routes de Cyrodiil ? Et avez-vous eu l'occasion de découvrir d'autres pays, durant vos voyages ?

Les questions personnelles étaient souvent les plus difficiles pour elle, surtout quand on lui avait demandé précédemment de rester discrète et de ne pas attirer l'attention sur les Telvannis ou la Morag Tong. Heureusement pour elle, elle était une menteuse aguerrie. Elle eu un souffle songeur tout en passant les doigts dans ses cheveux blancs avant de parler d'un ton tranquille, les yeux fixés sur l'araignée et sa toile :

-J'ai vécue la plus grande partie de mon enfance à Ald'Ruhn, près du Mont écarlate. Je n'ai pas beaucoup connu mon père, c'était un exalté qui était en faction à la Porte des Âmes. Parfois je me dis qu'il est peut-être mort au combat, mais si c'est le cas, il l'a fait pour Vivec, ça a du le rendre heureux... Ma mère, elle...

Elle s'arrêta un moment avec un soupir avant de reprendre :

-C'était une noble rédorane... J'ai toujours eu des rapports conflictuels avec elle. Je suis partie de Morrowind car je voulais découvrir le monde, alors j'ai profité du voyage d'un cousin en partance pour Cyrodiil et je me suis retrouvée sur les routes... Pour ce qui est des autres pays... Eh bien... J'ai un jour été en Elsweyr, jusqu'à Dune. Une ville splendide. J'y suis restée quelques jours puis je suis revenue en Cyrodiil. J'aimerais un jour pouvoir aller à l'Archipel de l'Automne pour voir Alinor. On dit que c'est la plus belle cité qui soit...

Elle resta un moment silencieuse avant de se redresser, le visage tourné vers le dunmer.

-Au fait, pourquoi avez-vous quittés la guilde de Bruma ? J'avoue que c'est une question que je me pose depuis le début du voyage...

Modifié par MangaShojo, 16 octobre 2011 - 09:25.


#5 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 14 mai 2011 - 16:34

Ald'Ruhn, Mont Écarlate, exalté... Tant de mots qui ne lui évoquaient rien, ou si peu. Seul le nom de Vivec lui était connu... Et il ne savait guère quoi en penser. Aussi ne pipa-t-il mot lorsque Thanara évoqua la mort de son père, se contentant d'une grimace de circonstances ; grimace qui disparu, tandis que la dunmer évoquait brièvement la terre des Khajiits. Il avait entendu beaucoup de contes au sujet de cette province, et il s'apprêtait à interroger Thanara, lorsque celle-ci reporta l'attention sur lui.

- Au fait, pourquoi avez-vous quitté la guilde de Bruma ? J'avoue que c'est une question que je me pose depuis le début du voyage...

Il croisa brièvement son regard. Il la questionnait, il était donc normal qu'elle lui rende la pareille. Cela n'était cependant guère pour l'arranger.

- J'ai bien peur de devoir vous décevoir, si jamais vous attendiez un motif particulier... Je suis simplement en mission pour la guilde. J'ai un paquet à livrer à Chorrol... et la guilde préfère visiblement économiser les frais d'un messager en envoyant l'un de ses membres. Je crains que cela ne suffise guère pour vous constituer une histoire qui vaille la peine d'être racontée.

Il leva un bref moment les yeux au ciel, puis reprit, préférant éviter davantage de questions.

- Dites-moi, vous avez évoqué le nom de Vivec, un peu plus tôt... Seriez-vous croyante ?

Modifié par Raven Dumron, 14 mai 2011 - 16:35.


#6 MangaShojo

MangaShojo

Posté 14 mai 2011 - 17:41

Quand elle lui posa sa question, il croisa son regard un bref moment, comme gêné qu'elle lui pose cette question. Elle se sentit se raidir, se mettant légèrement sur la défensive. Cela voulait-il dire qu'il était là pour l'espionner comme elle y avait pensé ?

-J'ai bien peur de devoir vous décevoir, si jamais vous attendiez un motif particulier... Je suis simplement en mission pour la guilde. J'ai un paquet à livrer à Chorrol... et la guilde préfère visiblement économiser les frais d'un messager en envoyant l'un de ses membres. Je crains que cela ne suffise guère pour vous constituer une histoire qui vaille la peine d'être racontée.

Ou bien simplement ne voulait-il pas la raconter, ce qui la maintenait dans ses certitudes. Elle attendrait d'en être sûr réellement avant de penser à le faire taire définitivement. Si elle apprenait qu'il avait fait passer un quelconque rapport la concernant, sans doute à sa maudite guilde, ce ne serait pas que lui ou Nethyn qu'elle devrait tuer... Détruire une guilde des mages... C'était un rêve auquel aspirait tout Telvanni, qui se contentaient de leurs jeux politiques au lieu d'une véritable guerre ouverte. Agir en d'autres provinces pouvait être un bon moyen de livrer cette guerre sans trop se mouiller... Et il était tellement facile d'ensuite accuser la Confrérie Noire ou les Nécromanciens. Avec la nouvelle loi de Traven visant l'interdiction de la nécromancie, on disait que ceux-ci ne désiraient plus que détruire la guilde. Même si, en tant que dunmer, elle détestait leurs pratiques, elle n'aurait aucun scrupule à se faire passer pour eux lors de son crime.

-Dites-moi, vous avez évoqué le nom de Vivec, un peu plus tôt... Seriez-vous croyante ?

Elle tourna son visage vers lui, le regardant fixement les yeux dans les yeux.

-Un dunmer qui ne croit pas ne vaut pas plus que les impériaux, dit-elle aussi sérieusement que farouchement. Les Tribuns sont nos dieux vivants, les protecteurs de Morrowind et la transcendances de nos Ancêtres, les Deadras.

Elle marqua un temps avant de reprendre :

-Néanmoins, même si je crois avec une certaine ferveur à nos Tribuns, je me tourne bien plus fréquemment vers les Ancêtres que les saints ou dieux. En particulier, Méphala.

En disant cela, elle leva une main pour cueillir dans sa paume l'araignée qui se déplaça tranquillement sur ses longs doigts.

-Je n'aime pas trop parler religion avec les n'wahs, habituellement, avoua t-elle. Pour eux, tout n'est qu'amour, tout n'est que lumière, tout n'est que tolérance et pacifisme, et non pas lutte jusqu'au dernier souffle au milieu de la tempête pour leur peuple, leurs dieux et leurs Ancêtres... Nous vénérons des guerriers et des assassins, mais ils nous ont donnés la force de repousser les nordiques, les dwemers et Dagoth Ur, le démon.

Elle resta un moment songeuse, caressant du bout de ses doigts les pattes velues de l'insecte avant de la reposer sur le tronc moussu.

-Si vous le désirez, je peux vous raconter quelques légendes et histoires de Morrowind, fit-elle d'un ton un peu plus dégagé. En échange, j'aimerais que vous me parliez un peu plus de la vie en Cyrodiil, des traditions, des habitudes des gens... Je vous avoue que certaines choses m'échappe sur... Votre mode de vie. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi certains d'entre vous enterrent leurs morts plutôt que tous les placer dans des tombeaux... Cela est sans doute plus prudent, cela permet aux ancêtres de garder les corps et les offrandes funéraires, pour empêcher les pilleurs de tombes, non ?

Modifié par MangaShojo, 16 octobre 2011 - 09:26.


#7 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 15 mai 2011 - 17:47

"N'wah."

Thanara surveillait peu son langage. Ou du moins, elle ne se souciait guère de le vexer. N'wah. C'était la deuxième fois qu'elle l'appelait ainsi ; Raven n'était peut-être pas de Morrowind, mais il connaissait néanmoins la langue des siens, ainsi que la connotation injurieuse que revêtait le mot. Pourtant, elle l'utilisait sous ciller tandis qu'elle jouait avec l'araignée qui trainait là.

- Si vous le désirez, je peux vous raconter quelques légendes et histoires de Morrowind. En échange, j'aimerais que vous me parliez un peu plus de la vie en Cyrodiil, des traditions, des habitudes des gens... Je vous avoue que certaines choses m'échappent sur... Votre mode de vie. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi certains d'entre vous enterrent leurs morts plutôt que tous les placer dans des tombeaux... Cela est sans doute plus prudent, cela permet aux ancêtres de garder les corps et les offrandes funéraires, pour empêcher les pilleurs de tombes, non ?

Raven la fixa en haussant un sourcil. C'était bien la dernière question à laquelle il se serait attendu.

- Je vous avoue que je ne me suis jamais posé la question. Les raisons que vous avancez ne manquent pas d'esprit... Mais je pense qu'il s'agit surtout d'une question d'argent. Nous avons des tombeaux, des cryptes. Mais cela est réservé aux personnes ayant accompli de hautes actions, ou pouvant se le payer.

Il lui fit un sourire entendu.

- Vous noterez d'ailleurs qu'il s'agit bien souvent de Cyrodiiléens, ou plus généralement parlant, d'humains, et guère des nôtres. Mais cela, évidemment, il n'y aura personne d'autre que nous pour le faire remarquer... et les neufs savent comme nos paroles peuvent avoir peu de poids — et quand je dis "les neufs", prenez-le bien pour ce que c'est : une expression. Mes parents m'ont délivré une éducation basée sur les neufs parce qu'ils souhaitaient que je m'intègre, mais le coeur n'y était pas. Et de fait, je dois vous avouer que les dieux vivants de Morrowind m'intriguent. Vous parliez de me conter une histoire ; en auriez-vous donc à me raconter sur ce sujet ? Je crois avoir répondu à votre première question du mieux que je pouvais.

Modifié par Raven Dumron, 15 mai 2011 - 17:47.


#8 MangaShojo

MangaShojo

Posté 16 mai 2011 - 18:11

Raven semblait déconcerté autant par son langage que par la dernière question qu'elle lui avait posé. Dans un sens, il y avait de quoi, mais il y avait toujours une raison : tout d'abord, les dunmers sont réputés pour être xénophobes de nature. Certains sont plus sympathiques que d'autres, ou sont élevés dans un respect plus important de «l'envahisseur», de manière à accepter les étrangers plus facilement que la moyenne, comme les Hlaalus, avec qui les impériaux traitent facilement. Mais d'autres étaient beaucoup plus prononcés dans leur rejet des étrangers, parfois au point de ne même  pas accepter les dunmers non né à Morrowind. Une telle chose semblait impensable dans une société aussi cosmopolite que celle de Cyrodiil, mais la haine de l'étranger était normal parmi les dunmers. Thanara était une Telvannie, de la Maison des maîtres mages qui s'opposaient radicalement aux impériaux depuis que la Guilde des Mages tentaient de leur mettre des bâtons dans les roues. Ils devaient accepter tant bien que mal la présence d'un fort à Sadrith Mora, mais elle se rappelait bien des regards mauvais que les autochtones lançaient vers les hauts bâtiments de pierre brute, construits à flanc de falaise. L'esclavage y était aussi monnaie courante parmi la Grande Maison, du moins, l'était avant que le roi Helseth ne le supprime. Thanara avait hérité de cela, ainsi que cette fierté, cette vanité qu'on pensait n'être que l'acabit des hauts elfes. Si elle n'était pas aussi attachée à ses origines, elle aurait sans doute fini par être aussi tolérante que le commun des Cyrodiiléens, mais en attendant, elle restait comme elle l'était, et cela, même si elle commençait à apprécier malgré elle la compagnie de Raven. C'était quelqu'un qui semblait cultivé, mais il n'était pas du tout arrogant et semblait être aussi curieux de nature qu'elle.

-Je vous avoue que je ne me suis jamais posé la question. Les raisons que vous avancez ne manquent pas d'esprit... Mais je pense qu'il s'agit surtout d'une question d'argent. Nous avons des tombeaux, des cryptes. Mais cela est réservé aux personnes ayant accompli de hautes actions, ou pouvant se le payer.

Il lui fit un sourire qu'elle se surpris à rendre du coins des lèvres.

- Vous noterez d'ailleurs qu'il s'agit bien souvent de Cyrodiiléens, ou plus généralement parlant, d'humains, et guère des nôtres. Mais cela, évidemment, il n'y aura personne d'autre que nous pour le faire remarquer... et les neufs savent comme nos paroles peuvent avoir peu de poids — et quand je dis "les neufs", prenez-le bien pour ce que c'est : une expression. Mes parents m'ont délivré une éducation basée sur les neufs parce qu'ils souhaitaient que je m'intègre, mais le cœur n'y était pas. Et de fait, je dois vous avouer que les dieux vivants de Morrowind m'intriguent. Vous parliez de me conter une histoire ; en auriez-vous donc à me raconter sur ce sujet ? Je crois avoir répondu à votre première question du mieux que je pouvais.  

Elle hocha la tête. Il lui avait effectivement apporté quelques renseignements sur cette question somme toute assez surprenante, mais qui avait éveillé sa curiosité après qu'elle ai aperçu la stèle d'une tombe en ruine. Elle ne s'était jamais vraiment posée la question avant, mais il était vrai que c'était une proie facile pour les pilleurs de tombes, en tout cas, si ils pensaient à venir dans un endroit aussi reculé.
Pour ce qui s'agissait d'une histoire sur les Tribuns, Thanara devait l'avouer, ce serait plutôt délicat. Il s'agissait d'un sujet controversé et l'on admettait désormais parmi les dunmers plutôt la version religieuse, une version qui avait demandé du fil à retordre à Thanara quand elle avait du lire les 36 Leçons de Vivec pour ses études quand elle était plus jeune. Elle avouait avoir préféré les Homélies de Sainte Almalexia qu'elle lisait souvent quand elle était petite. C'était simplement de petites histoires avec des moralités, un livre pour enfant qui apportait tout de même quelques sagesses. Quand elle avait approché de l'adolescence, quelques années avant de partir pour Cyrodiil, elle avait déniché dans la bibliothèque de sa mère un vieux carnet d'étude portant sur l'un des mythes fondateurs de la société dunmer : celle de Nérévar et des Tribuns. Le carnet proposait une version se rapprochant de la version religieuse sur pas mal de points, mais épurée des contes et propagandes des Tribuns. A la limite, cela pouvait être cette version que Thanara pouvait offrir à Raven.
Elle prit son sac et en sortit deux pommes, tendant une d'elle au dunmer d'un geste amical, avant de croquer dans son propre fruit.

-Parler des Tribuns à... Un étranger, se força t-elle à dire en décidant qu'elle avait assez choqué Raven comma ça, est toujours difficile... Pour un mage de la Guilde, je dirais que ça l'est encore plus... Mais... Disons que je peux vous proposer une... Une version de la légende de la naissance des Tribuns. Ce n'est pas celle admise par les saintes écritures, mais disons que c'est celle qui me contente...

Elle mâchonna un moment d'un air pensif en observant les marchands qui commençaient à monter un peu le camps pour la nuit, puis elle posa sa pomme pour prendre son luth et pincer les cordes pour produire quelques sons un peu grésillant.

-Ça remonte à très longtemps... Environ la première ère... A cette époque, nous ressemblions beaucoup aux Altmers, à ce qu'on dit. Nous étions beaux et élancés, notre peau était dorée comme le soleil et notre fierté n'avait pas d'équivalence. Nous vivions en Resdayn, l'ancien nom de Morrowind, et nous appelions les Chimers, «Ceux qui ont changés», le peuple de Véloth le prophète... Nous vénérions les bons Deadras, nos Ancêtres : Boéthia, Méphala et Azura. Mais Resdayn était déjà peuplée par les Dwemers, qui n'étaient d'ailleurs pas petits comme le disent les humains, ajouta t-elle d'un ton amusé, mais des elfes étranges qui croyaient au feu et au métal. Les Chimers étaient aussi menacés par les nordiques de Bordeciel et les clans de nos ancêtres étaient en guerre perpétuel, comme aujourd'hui. Puis, advint un grand chef de guerre qui devint roi : Nérévar, de la Maison Indoril. On le disait protégé par Azura et qu'il était doté d'un grand charisme grâce à un anneau magique. Il s'était entouré de conseillers fidèles et sages : Vehk, Seth et... Voryn, je crois... Il avait également l'aide de sa femme, Ayem. Pour contrer les nordiques, Nérévar mit en place une alliance avec les Dwemers et défait les humains. Mais cette alliance était fragile et bientôt, la guerre éclata à nouveau. Avec cela, Voryn, de la maison Dagoth, trahit Nérévar et amena les nordiques a à nouveau combattre les Chimers.

Elle s'interrompit un instant dans son récit guettant si l'attention de son interlocuteur était toujours animée, puis s'essaya à jouer un air simple tout en tentant de reprendre un peu le cours de son histoire :

-Une bataille eu lieu au Mont écarlate, le volcan de Vvardenfell. C'était dans ce volcan que les Dwemers avaient trouvés... Quelque chose d'interdit : le cœur du dieu Lorkhan, que vous devez peut-être connaître. La plupart des religions y font référence sous différents noms... Quoi qu'il en soit, les Dwemers entreprirent le dessin de créer un nouveau dieu à partir de ce cœur, projet que Kagrénac, un des grands ingénieurs dwemers, dirigeait. Il créa pour cela deux outils magiques pour contrôler le cœur et un golem géant fut créé pour devenir le corps de ce nouveau dieu : le Numidium. Nérévar et son armée tentèrent alors de les arrêter. C'est là, je crois, que les dwemers ont disparus... Ne me demandez pas comment, je n'en sais rien. Pour ma part, je dirais qu'il s'agit de la punition des Deadras pour leur présomption... Nérévar fut assassinés par le traitre Voryn, qui utilisa les Outils de Kagrénac pour devenir un dieu maléfique : Dagoth Ur. Vehk, Ayem et Seth, pour le contrer, usèrent aussi des outils, avec la bénédiction des Deadras et devinrent les Tribuns : Vivec, Almalexia et Sotha Sil, pour protéger Morrowind du démon...

Elle continua à jouer quelques notes avant de reprendre :

-Vous pouvez faire ce que vous désirez de ce récit. Pour ma part, comme je vous l'ai dis, je suis croyante, mais je chercher également la vérité. Cette histoire-ci me suffit, mais certains détracteurs crient au mensonge quand ils l'entendent. Peut-être que cela peut vous aider à comprendre l'origine de l'organisation de Morrowind... Et peut-être à croire, qui sait. Les Deadras et les Tribuns répondent en tout cas plus souvent à nos prières que vos Neufs.

Un marchand arriva pour leur apporter à chacun un bol de ragout qu'elle se mit à manger tranquillement.

-Hum... Je vous ai parlé de chez moi assez en détail... Mais vous, je trouve, que vous ne me parlez guère de votre guilde. Qu'y étudiez-vous ? A quoi vous intéressez-vous en particulier dans le domaine de la magie ? Vous avez peut-être des ambitions, non, à moins que le poste d'archimage ne soit pour vous déplaire, lança t-elle avec un amusement qui transparaissait dans son sourire de louve.

Modifié par MangaShojo, 16 octobre 2011 - 09:27.


#9 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 26 mai 2011 - 20:38

La dunmer l'avait écouté avec attention ; sa réponse semblait être à son goût. Elle paru réfléchir un moment à sa requête. Ce faisant, elle se saisit de deux pommes, dont une qu'elle tendit amicalement à Raven.
Le geste plut au mage. Peut-être allait-il parvenir à briser l'image négative qu'elle semblait avoir de lui. Il prit la pomme avec un hochement de tête reconnaissant, tout en gardant son regard fixé sur Thanara. Il attendait.

- Parler des Tribuns à... un étranger, commença-t-elle, est toujours difficile.

"Un étranger" — voilà qui lui plaisait décidément plus. Certes, Thanara le considérait toujours comme un étranger, malgré ses origines. Certes, son appartenance à la guilde des mages ne semblait pas être pour lui plaire. Mais il y avait du progrès.
Il entama la pomme tandis que Thanara lui racontait l'histoire des Tribuns. Ou du moins, sa version de l'histoire, s'il avait bien saisi. Au-delà de ce qu'elle racontait, il était surpris par les incertitudes que Thanara émettait dans son histoire ; il n'en laissa certes rien paraitre... mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était étrange qu'une barde éprouve des difficultés à conter son histoire. Mais peut-être n'était-ce dû qu'au contexte inhabituel ?
Raven réalisa soudain qu'il était en train de perdre le fil de l'histoire que Thanara lui contait. S'en voulant pour son inattention, il recentra ses pensées autour des propos de la dunmer, et non de la dunmer elle-même — qui l'observait d'ailleurs, cherchant à voir si elle avait toujours son attention.

- Une bataille eu lieu au Mont écarlate, le volcan de Vvardenfell, reprit-elle tout en jouant quelques notes de son instrument.

Le récit était sans le moindre doute étrange ; Raven ne savait guère trop quoi en penser. Aussi fut-il soulagé qu'un marchand s'approche pour leur apporter un repas. Cela lui laissait plus de temps pour réfléchir. Il tendit donc quelques septims au marchand, puis observa le contenu du bol. Ca avait tout l'air d'un ragout bon marché. Pas nécessairement bon, ni exceptionnellement nourrissant. Mais c'était déjà un repas.

- Hum... fit Thanara, après avoir goûté à son repas. Je vous ai parlé de chez moi assez en détail... Mais vous, je trouve, que vous ne me parlez guère de votre guilde. Qu'y étudiez-vous ? A quoi vous intéressez-vous en particulier dans le domaine de la magie ? Vous avez peut-être des ambitions, non, à moins que le poste d'archimage ne soit pour vous déplaire.

- Je ne parle guère de ma guilde, c'est vrai. Cela dit, c'est principalement dû au fait qu'il n'y en a pas grand chose à dire. La plupart des choses intéressantes se passent à la Cité Impériale, pas à Bruma. Quoi que cette histoire de disparition de maître de la guilde a causé beaucoup d'agitation, mais ça devrait être bientôt réglé.

Raven marqua une brève pause. On ne lui avait pas formellement interdit d'évoquer cela... mais était-il néanmoins habilité à parler de la nouvelle responsable ? Il se mordit la lèvre inférieure. Il ne pouvait guère faire marche arrière, et l'évoquer ne devait pas pour autant permettre de comprendre sa véritable mission. L'important était que cela paraisse naturel.

- En fait, la nouvelle responsable se trouve à Chorrol en ce moment même. Avec un peu de chance, je la croiserai. Je suis curieux de voir à quoi elle ressemble.

Oui, ça c'était bien. Ainsi, si Thanara le voyait lui parler, cela passerait pour de la simple curiosité.. ce que c'était, d'ailleurs. D'une certaine manière.

- Quant à ce que j'étudie... ma foi, j'essaie de m'intéresser à tout, même si certains domaines, tels que l'invocation ou l'alchimie, ne sont vraiment pas des domaines où j'excelle. Je préfère les écoles de magie "pure", en particulier l'illusion et le mysticisme. Cela dit, j'ai aussi des connaissances en altération et en destruction, mais il est vrai que ça n'est pas ce que je préfère.

Il s'interrompit, observant Thanara.

- Euh, je vous parle de tout cela, mais j'imagine que ça ne doit pas être très clair pour vous... Avez-vous étudié la magie, quand vous étiez plus jeune ? D'ailleurs, avez-vous eu la chance de faire des études, de manière plus générale ? J'imaginais plutôt les bardes comme transmettant leur savoir de maître en apprenti...

#10 MangaShojo

MangaShojo

Posté 29 mai 2011 - 16:20

Raven avait paru déconcerté par son récit. Elle avait bien vu qu'il perdait parfois le fil, mais elle pouvait comprendre. L'histoire des Tribuns était un sujet délicat et compliqué, qui portait à polémique au sein même du Temple. Le mage dunmer pouvait au moins s'estimer heureux qu'elle ne lui ai pas fait l'intégral des 36 Leçons de Vivec, mais ça, il ne pouvait pas vraiment le savoir. Elle espérait juste qu'il ai acquis quelques connaissances et vérités en écoutant ceci...

-Je ne parle guère de ma guilde, c'est vrai. Cela dit, c'est principalement dû au fait qu'il n'y en a pas grand chose à dire. La plupart des choses intéressantes se passent à la Cité Impériale, pas à Bruma. Quoi que cette histoire de disparition de maître de la guilde a causé beaucoup d'agitation, mais ça devrait être bientôt réglé.

Cette pause dura un peu plus longtemps et devint un silence embarrassé où Thanara fixait le mage qui se mordait la lèvre avant de finalement reprendre :

-En fait, la nouvelle responsable se trouve à Chorrol en ce moment même. Avec un peu de chance, je la croiserai. Je suis curieux de voir à quoi elle ressemble.
-Hum... Fit la dunmer en avalant une nouvelle bouchée.
-Quant à ce que j'étudie... ma foi, j'essaie de m'intéresser à tout, même si certains domaines, tels que l'invocation ou l'alchimie, ne sont vraiment pas des domaines où j'excelle. Je préfère les écoles de magie "pure", en particulier l'illusion et le mysticisme. Cela dit, j'ai aussi des connaissances en altération et en destruction, mais il est vrai que ça n'est pas ce que je préfère.

Les écoles de magie comme l'illusion et le mysticisme étaient plus techniques et théoriques que les autres, même si l'invocation requérait parfois de sacrées connaissances. Le Mysticisme permettait des sorts très divers et étonnants, qui pouvaient se révéler utiles dans les circonstances les plus imprévues, mais son utilisation était extrêmement difficile et réservée à une certaine élite des gratte papiers et rats de bibliothèque parmi les mages. Thanara ne s'était jamais risqué sur cette voie et ne s'y risquerait jamais. L'illusion, elle, était une discipline qu'elle affectionnait pour son utilité en son milieu, tout comme l'altération ou l'alchimie. Certes, elle ne la maitrisait pas autant qu'un mage pur, mais la pratique la rendait assez douée dans le domaine pour que son sortilège d'invisibilité tienne la route. Pour ce qui était de la séduction, elle avait une arme bien plus imparable que n'importe quel sortilège, même s'il finissait bien sûr par s'estomper au bout d'un moment. Elle l'avait rangé bien au chaud dans son sac comme l'un des seuls souvenirs qu'elle gardait de chez elle et ne l'avait jamais débouché pour l'instant. A défaut, elle pouvait au moins dire merci à la nature de lui avoir donné de beaux traits et du charme. Ça n'était pas magique pour un sou mais les hommes avaient tendance à être plus réceptifs à cette magie là...

-Euh, je vous parle de tout cela, mais j'imagine que ça ne doit pas être très clair pour vous... Avez-vous étudié la magie, quand vous étiez plus jeune ? D'ailleurs, avez-vous eu la chance de faire des études, de manière plus générale ? J'imaginais plutôt les bardes comme transmettant leur savoir de maître en apprenti...
-Pas tous, répondit-elle en raclant le fond de son bol de sa cuillère. Vous devez le savoir, il existe des mages, des soldats ou même des voleurs qui apprennent par eux même, de la même manière qu'il y a des bardes qui décident aussi de l'être un jour. De toute manière, notre art est un perpétuel apprentissage et nous en savons toujours un peu plus tout les jours.

Elle porta sa cuillère à la bouche avant de le poser à côté d'elle et de s'étirer nonchalamment.

-Pour ce qui est de mes connaissances, j'ai eu la chance d'être née noble d'une des Grandes Maisons et d'avoir de ce fait une certaine éducation. J'ai étudié un peu de tout : théologie, magie, sciences, histoire, géographie, littérature... Politique, surtout. J'ai eu un professeur particulier qui m'a appris quelques bases de la magie, mais c'était plus pour que j'apprenne à m'en prémunir. Ma mère voulait faire de moi une politicienne à l'origine. Finalement, comme vous le voyez, j'ai choisi une voie tout à fait différente et mis à profit mon savoir, même s'il est imparfait pour bien des choses...

Elle observa un moment les marchands qui mangeaient un peu plus loin dans la faible lueur du soir, faisant tourner machinalement sa cuillère dans son bol. En fait, elle avait acquis plus de connaissances théoriques en magie que la moyenne des bardes, même si elle en avait oublié de nombreux détails. Contrairement au mensonge éhonté qu'elle sortait au jeune mage, c'était sa mère qui lui avait fait son éducation magique, et cela, dans le but qu'elle devienne une puissante magicienne telvannie, mais être cloitrée dans sa tour sans voir la lumière du jour revenait au même.

-Mais en fin de compte, l'expérience vient par la pratique et le voyage, expliqua t-elle. J'ai plus appris en quittant Ald-Ruhn qu'en restant là-bas avec tout les livres que je voulais, la présence de savants, de politiciens et de quelques mages arrivés par je ne sais quel miracle jusqu'à par chez nous... Mon île me manque, je ne le cache pas, mais franchement, rester entre quatre murs à parler de pouvoir avec une bande de guars... Ou... Je ne sais pas, de sangliers, pour que vous voyez mieux l'image, à vous demander qui sera celui que votre famille choisira pour le mariage d'arrangement qu'ils prévoyaient depuis votre naissance... Non, vraiment... Entre ça et ma vie actuelle, le choix est vite fait...

Elle passa la main dans ses longs cheveux blancs avant de laisser son bol sur le côté. Elle ramena ensuite les jambes contre elle en dévisageant attentivement le dunmer. Ce n'était pas quelqu'un qui cracherait sur le visage du premier n'wah venu, c'était sûr, mais une certaine fierté imprégnait ses traits, fierté qu'elle avait au début associé à une attitude hautaine d'Aldmer. Ses cheveux roux ressemblaient à des flammes qui se détachaient nettement de sa peau bleutée, plus claire que celle de Thanara, et donnaient une lueur intense à ses yeux ensanglantés. L'ensemble lui donnait une expression avenante quand il s'agrémentait d'un sourire qu'il avait facile.
Un moment, Thanara tenta de se mettre un peu à sa place, de savoir ce qu'il serait advenu si elle était devenue mage comme sa mère l'avait voulue. Aurait-elle été un rat de bibliothèque, une théoricienne à étudier le mysticisme ou aurait-elle succombé aux vanités que pouvaient avoir certains de sa race pour s'orienter vers l'invocation, à la manière du vénérable mais excentrique Divayth Fyr ? Et si ses parents avaient été des émigrés et qu'on lui aurait conseiller de s'intégrer au mieux ? Une diplomate de la guilde maniant l'illusion ou bien un mage de guerre se mettant au service de la légion ? Une femme, dunmer qui plus est, ça n'aurait pas été banal, c'était sûr... A vrai dire, elle aurait peut-être eu plus sa place simplement dans la guilde... Oui, sans doute...

-Dites-moi, Raven... Ça ne vous ennuie pas que l'on se tutoie ? Proposa t-elle en sortant de ses pensées. Je pense que nous nous connaissons désormais assez pour cela, non ? Enfin, sauf si vous préférez que nous gardions une certaine distance, je pourrais comprendre...

Modifié par MangaShojo, 16 octobre 2011 - 09:27.


#11 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 30 mai 2011 - 15:23

Une noble rédorane. Raven avait presque oublié le rang de Thanara. Avec ses cheveux vaguement négligés, et sa tenue de voyage, il ne pouvait s'empêcher de la considérer comme une personne du peuple... Mais après tout, ne l'était-elle pas, d'une certaine manière ? Elle avait abandonné les siens justement pour échapper à la vie de la noblesse. Sa famille devait surement l'avoir déjà reniée. Elle n'était plus désormais qu'une dunmer en quête d'aventure, privée de sa fortune, et trop loin de sa patrie pour que son nom puisse en imposer à qui que ce soit.
La vie de la noblesse... Même si ses parents étaient restés en Morrowind, il n'y aurait pas eu accès ; néanmoins, il était indéniable que leur rang était supérieur, alors. Sa vie en Morrowind aurait donc pu ne pas être si mal. Mais comment aurait-il été, lui ? Aurait-il jugé tous les étrangers comme impurs, comme Thanara semblait le faire de manière presque instinctive ? Aurait-il prié ces mystérieux dieux-sorciers ?
Il avait entendu dire que Narsis, la cité d'où venait ses parents, était une cité relativement ouverte à la culture impériale, notamment du fait de sa proximité avec Cyrodiil. Peut-être aurait-il était, comme semblait l'être certains dunmers de sa génération qu'il avait rencontré plus jeune, en proie à des doutes quand à sa propre culture ?
Il chassa ces pensées de son esprit ; il avait la vie qui était sienne, et pour l'instant présent, il partageait un maigre repas avec Thanara Adarvel, jeune dunmer échappée d'une famille de noble rédorans, et dont la compagnie n'était décidément pas pour lui déplaire.

-Dites-moi, Raven... Ça ne vous ennuie pas que l'on se tutoie ? Je pense que nous nous connaissons désormais assez pour cela, non ? Enfin, sauf si vous préférez que nous gardions une certaine distance, je pourrais comprendre...

L'intéressé haussa un sourcil.

- Bien sûr que non, cela ne m'ennuie pas. Vous.. euh... tu.. as raison. Nous allons encore faire un bout de chemin ensemble, de toutes manières, alors inutile de se comporter en inconnus.

Raven leva un instant les yeux au ciel, songeur.

- D'ailleurs... connais-tu Chorrol ? Je veux dire par là : y es-tu déjà allé ? Pour ma part, c'est la première fois, et pour être parfaitement honnête, je ne retournerai pas à Bruma après cela. J'en suis en quelque sorte libéré... Aussi je commence à me dire qu'il serait bon que j'en profite pour quitter un peu les sentiers battus par la guilde, et voir un peu le monde... par mes propres yeux.

Il reposa son regard sur Thanara.

- Et je me dis que pour toute étrangère que tu sois en ces terres, tu en sais probablement plus que moi sur la vie d'aventurier qu'on peut y mener... pas vrai ?

Il avait agrémenté cette dernière remarque d'un sourire, avant de rabaisser son regard sur son bol de ragoût déjà presque vide ; il ne voulait pas trop le montrer, mais la vie d'aventurière de Thanara l'intriguait.

#12 MangaShojo

MangaShojo

Posté 30 mai 2011 - 18:28

A sa demande, Raven leva un sourcil, sans doute surpris qu'elle lui propose cela, et continua comme légèrement troublé :

  -Bien sûr que non, cela ne m'ennuie pas. Vous.. euh... tu.. as raison. Nous allons encore faire un bout de chemin ensemble, de toutes manières, alors inutile de se comporter en inconnus.

  Elle sourit avec amusement en sentant distinctement son balbutiement quand il du se forcer à la tutoyer, encore habitué à une conversation où ils mettaient une certaine distance entre eux. Évidemment, cette relation qu'ils nouaient entre eux, si elle était sans doute sincère du côté du mage, l'était un peu moins pour Thanara. Elle devait avant tout se concentrer sur son objectif et éviter d'attirer l'attention de la guilde ou des autorités. En se faisant passer pour une rédorane, elle mettait plus de chances de son côté : ceux-ci étaient connus pour leur droiture et ne se préoccupaient pas des affaires extérieures à Morrowind. Les Telvannis, eux, voyaient plus loin. Parfois trop loin au goût des autres maisons. Du moins, voyaient-ils ainsi quand ils prêtaient attention au monde extérieur...

  - D'ailleurs... connais-tu Chorrol ? Je veux dire par là : y es-tu déjà allé ? Pour ma part, c'est la première fois, et pour être parfaitement honnête, je ne retournerai pas à Bruma après cela. J'en suis en quelque sorte libéré... Aussi je commence à me dire qu'il serait bon que j'en profite pour quitter un peu les sentiers battus par la guilde, et voir un peu le monde... par mes propres yeux.

  Elle sentit son regard se poser sur elle et continua :

- Et je me dis que pour toute étrangère que tu sois en ces terres, tu en sais probablement plus que moi sur la vie d'aventurier qu'on peut y mener... pas vrai ?

   Elle aimait bien son sourire. C'était un sourire qui attirait par un certain charme naturel, mais qui offrait aussi une sorte de réserve. Réserve qui sembla le faire baisser les yeux sur son bol presque vide alors que Thanara répondait :

  -Oui, on peut dire que je connais la vie d'aventurier ou une vie de barde, cela revient au même... Pour résumer, c'est une vie dangereuse, naturellement dangereuse, sur les routes, notamment. Entre les bandits sur les chemins, les gobelins qui quittent de plus en plus les grottes pour s'attaquer aux voyageurs et les créatures plus dangereuses encore que l'on peut rencontrer lorsqu'on s'éloigne des sentiers... Mais la grande ville est aussi peu recommandable dangereuse, voir plus. Tu peux le savoir en prêtant attention aux discussions et en te renseignant...

  Elle eu un sifflement, comme le chant d'un oiseau, pour appeler Murmur. Celui-ci approcha d'un pas tranquille, la laissant fouiller un peu pour sortir une bouteille de vin de Tamika. C'était un cru jeune du Weald Occidental, très peu cher mais qui avait encore un goût doux et fruité comme les aimait Thanara. On pouvait au moins donner le mérite à Cyrodiil de produire d'excellents vins. En fouillant un peu plus, elle trouva deux gobelets dépareillés, un en argent, l'autre en étain, qu'elle devait tout deux avoir gardé pour une raison ou une autre. En observant au passage celui en argent, elle se rendit compte qu'il faisait partie du butin qu'elle avait réuni en volant un riche noble de la cité impériale, sur la Place Talos. C'était... Il y a quoi... Deux ans, peut-être ? Il devait avoir oublié depuis le bougre...
  Elle les remplis tout les deux de vins avant de tendre celui en argent à Raven d'un geste aussi amical qu'avec la pomme. Elle leva ensuite son verre avec un sourire et de bu une rafraichissante gorgée. Le vin était effectivement bon et à son goût et elle passa la langue sur ses lèvres d'un air appréciateur.

  -Néanmoins, Chorrol est du genre à échapper à la règle. C'est une ville plutôt tranquille, mais très pieuse. Je n'y suis allée qu'une fois et lorsque j'ai eu la maladresse de jurer par Vivec, j'ai cru que j'allais être brulée en place public. Je n'y suis donc pas restée bien longtemps, juste de quoi apprendre quelques histoires. Je sais maintenant à quoi me préparer et, à ce propos, j'aimerais que tu me renseignes un peu sur vos dieux, pour éviter d'à nouveau m'attirer les foudres de la population locale...

Modifié par MangaShojo, 16 octobre 2011 - 09:29.


#13 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 31 mai 2011 - 12:21

- Oui, on peut dire que je connais la vie d'aventurier ou une vie de barde, cela revient au même... Pour résumer, c'est une vie dangereuse, naturellement dangereuse, sur les routes, notamment. Entre les bandits sur les chemins, les gobelins qui quittent de plus en plus les grottes pour s'attaquer aux voyageurs et les créatures plus dangereuses encore que l'on peut rencontrer lorsqu'on s'éloigne des sentiers...

Eh bien, voilà qui était tout naturellement pour lui plaire. Des gobelins... Existait-il créature plus déplaisante sur Nirn ? Probablement pas. Il en avait vu un, une fois, dans un cirque qui s'était installé dans le quartier de l'arène ; il avait même pu s'en approcher à moins de deux mètres, comme la créature était en cage. Le dunmer en avait gardé un souvenir... nauséabond. La créature ne se contentait pas d'être hideuse : elle bavait, crachait, et par dessus tout, puait. Oh, ça oui, elle puait. Une vraie infection. Nul besoin de voir la bête : sa seule odeur vous alertait déjà de sa présence de manière fort sure.
Alors, des gobelins sur les routes... On ne pouvait guère dire que cela était pour l'inciter à se lancer à l'aventure ! Encore que simple comme elles étaient, ces créatures devaient être faciles à manipuler par le biais d'illusions. Il pourrait se cacher d'elle grâce à un sort d'invisibilité, par exemple.
Mais ces sorts étaient si fragiles ; rien d'étonnant à cela, d'ailleurs. Là où un sort d'illusion classique se contentait de se projeter directement dans l'esprit de sa victime pour le perturber — en lui donnant l'impression que son corps est incapable de bouger, par exemple —, le sort d'invisibilité exigeait du lanceur qu'il parvienne à projeter une illusion tout autour de lui, de telle sorte que n'importe qui y soit soumis. Cela avait néanmoins une faiblesse : une émission constante demandait beaucoup de concentration de la part du lanceur, et tout geste brusque mettait donc en péril le sort. Par ailleurs, le charme se dissipait sur la distance, de telle sorte que le mage pouvait être aperçu de loin.
Une alternative à cela était le sortilège de caméléon — un sort classifié dans l'école d'illusion plus par convention qu'autre chose. En effet, le sort de caméléon, de part les modifications tangibles qu'il faisait subir au corps du lanceur, était par nature plus proche de l'école d'altération que d'illusion. Mais la similitude de ses effets avec ceux de l'invisibilité avait amené les mages à le classer comme un sort d'illusion. Ils n'étaient pas à une bizarrerie près.
Seulement Raven n'avait jamais été exceptionnellement doué avec l'altération. Bien sûr, il pouvait s'en servir... Mais il préférait les écoles qui demandaient une connaissance plus subtile de l'utilisation des fluides magiques, telles que le mysticisme ou l'illusion, plutôt que celles qui exigeaient du lanceur qu'il n'emploie toute sa volonté et son pouvoir à faire plier l'environnement à lui-même. Il n'avait jamais été un mage de grand pouvoir, aussi préférait-il exploiter avec finesse ce qu'il avait déjà. Oh, bien sûr, il était dunmer, et la magie de destruction lui venait assez naturellement ; mais elle était exigeante. Trop à son goût.

- Mais la grande ville est aussi peu recommandable dangereuse, voir plus. Tu peux le savoir en prêtant attention aux discussions et en te renseignant...

Ah, la ville. Il était vrai qu'il s'agissait avant d'un repaire de gens doués de conscience et d'intelligence. Et il avait eu l'occasion de voir comment de tels gens se comportaient lorsque le pouvoir était en jeu, à la guilde de Bruma. Alors certes, oui, il avait perdu un peu confiance en la ville ; car si de telles circonstances étaient fort heureusement rares, il devait bien avouer qu'elle n'avait rien engendré. Elles n'avaient tout au plus fait que révéler ce côté hideux qui reposait en chaque être.
Hideux, oui. Comme les gobelins...

Thanara siffla d'une bien étrange façon, le tirant de ses réflexions. Raven comprit qu'elle appelait sa monture uniquement lorsque cette dernière passa juste à côté de lui, pour aller sagement se placer auprès de sa maîtresse. Cette dernière se mit à fouiller dans les  paquetages que le canasson transportait sur son dos, visiblement à la recherche de quelque chose de précis.
Raven en profita pour observer un peu plus en détail l'environnement. La nuit était déjà presque en place ; il commençait à avoir du mal à distinguer correctement tous les détails des alentours. Non loin, il lui semblait apercevoir quelque bois mort, dont ils pourraient avoir utilité pour s'éclairer.
Il se retourna vers Thanara, pour la voir lui tendre un gobelet en argent. Quelque peu surpris, il s'en saisit sans poser de question.

- Néanmoins, Chorrol est du genre à échapper à la règle. C'est une ville plutôt tranquille, mais très pieuse. Je n'y suis allée qu'une fois et lorsque j'ai eu la maladresse de jurer par Vivec, j'ai cru que j'allais être brulée en place public. Je n'y suis donc pas restée bien longtemps, juste de quoi apprendre quelques histoires. Je sais maintenant à quoi me préparer et, à ce propos, j'aimerais que tu me renseignes un peu sur vos dieux, pour éviter d'à nouveau m'attirer les foudres de la population locale...

Pendant qu'elle parlait, Raven avait porté le breuvage à ses lèvres. C'était du vin. Une boisson qu'il appréciait assez... Tant qu'il n'était pas chaud. Encore que c'était avec un verre de vin chaud qu'il avait fait la connaissance de la dunmer. Mais peut importait.

- Les dieux... ah, j'ai peur que tu ne sois en train de mettre à jour les failles de mon éducation. Comme je l'ai mentionné auparavant, je suis assez... perplexe, devant cette religion. Bien sûr, j'imagine qu'il existe des entités qui gouvernent nos vies et ce monde... mais de là à dire que le clergé détient la vérité absolue...

De tels propos pourraient être considérés comme un dangereux blasphème, mais il ne lui semblait pas qu'en parler à Thanara le mettrait dans une situation particulièrement risquée.
Pendant qu'il laissait à la dunmer le temps de bien analyser ses propos, il tourna son attention vers les branches qu'il avait repérées plus tôt, et lança un sort de télékinésie. Beaucoup de gens ne comprenaient pas la différence entre ce sort et celui de lévitation. Pourtant, la différence était fondamentale. Un sort de lévitation altérait la nature profonde de l'objet, en lui permettant de s'affranchir de la gravité ; alors qu'un sort de télékinésie, lui, ne s'attaquait nullement à l'objet, mais constituait à manipuler les fluides magiques autour de l'objet pour que ceux-ci le déplacent selon la volonté du lanceur. École d'altération ; école de mysticisme. La nuance était de taille.
Lorsqu'il eut amené à lui une quantité suffisante de bois mort, il déversa une partie de son pouvoir sur celui-ci pour le faire s'enflammer. Beaucoup plus brutal que la télékinésie — mais pas moins efficace.
La lueur du feu accentuait les traits aiguës de Thanara. Son regard était fixé sur lui.

- Bâh, tu sais, les dieux, c'est pas si compliqué, reprit-il. Il suffit de savoir qu'ils sont neufs, et qu'ils ont chacun un lien avec un domaine important de la vie : Akatosh pour le temps, Dibella pour la beauté.. à moins que ça ne soit l'amour ? Non, ça c'est plus du domaine de Mara... Hum.. Arkay est lié au cycle de la vie et de la mort, Julianos est le dieu de la connaissance et de la logique, Kynareth est en quelque sorte la mère de la nature... Il m'en manque trois... Ah, il y a Zénithar, patron du travail et du commerce... Talos, qui représente... je ne sais pas trop quoi en fait... ce serait un empereur devenu dieu.. une histoire assez étrange, tu en conviendras... et... râh, suis-je bête ? Stendarr, le dieu de la miséricorde. C'est à lui qu'est dédiée la chapelle de Chorrol. Enfin, j'imagine que c'est pareil pour le Tribunal ? Chaque dieu représente une facette de la vie ?

#14 MangaShojo

MangaShojo

Posté 02 juin 2011 - 13:10

- Les dieux... ah, j'ai peur que tu ne sois en train de mettre à jour les failles de mon éducation. Comme je l'ai mentionné auparavant, je suis assez... perplexe, devant cette religion. Bien sûr, j'imagine qu'il existe des entités qui gouvernent nos vies et ce monde... mais de là à dire que le clergé détient la vérité absolue...  

Thanara pouvait comprendre cela... Sur certains points. Selon ce qu'elle avait apprit, malgré la nature divine des Tribuns et leur toute puissance, ils n'étaient à l'origine que des Chimers, des mortels comme Raven et elle. Pour elle, s'ils étaient capables de protéger Morrowind, les plus sombres secrets leur était aussi inconnu que le sens même de la destiné et les prophéties des parchemins des anciens... Les parchemins pouvaient peut-être se vanter d'en savoir plus que certains dieux et en cela, ils représentaient aux yeux de tous une légende vivante plus fascinante que celle des Tribuns, des Dwemers ou même de Tamriel. Qui n'avait pas rêvé un jour de poser les yeux ou la main sur un de ces parchemins mystiques et d'y découvrir des secrets que personne n'aurait osé jamais imaginé ? Face à elle, Raven avait détourné le regard vers des branches  et tendu la main pour lancer un sortilège de télékinésie. Vraiment, elle ne comprendrait jamais comment les mages pouvaient réussir à étudier le mysticisme. C'était une école tout particulièrement spécialisée, avec un maniement très contraignant des fluides magiques et de la théorie, ce qui demandait une grande réflexion, contrairement aux écoles plus pratiques, comme l'altération. Certes, cela pouvait demandait une certaine volonté et faculté de concentration, mais créait au moins des choses concrètes, plus faciles à visualiser. Un sortilège de lévitation, même si ce n'était guère sa tasse de thé, lui semblait être d'une facilité déconcertante en comparaison avec la télékinésie, dont le nom suffisait à lui donner mal à la tête. Mais peut-être cela venait-il du fait de la différence, encore, entre mages de la Guilde et Telvannis. Ces derniers avaient tendance à connaître le sortilège de télékinésie avant même la plus simple boule de feu pour des raisons strictement pratiques : ils n'utilisaient pas les escaliers. Avec ça, la lévitation était interdite en Cyrodiil, du moins, de ce qu'elle se souvenait, alors qu'en Morrowind, voler était tellement commun qu'il n'était pas rare de voir tomber des mages du ciel. Thanara sentit son cœur avoir un léger sursaut quand le bois s'enflamma dans des lueurs qui dansaient sur son visage gris au cours d'un ballet joyeux. Elle passa une main derrière sa tête pour défaire sa queue de cheval, libérant une longue masse de cheveux blanc-argent qui encadraient follement son visage. Elle secoua un peu la tête, avant de fixer son attention sur Raven qui continua :

-Bâh, tu sais, les dieux, c'est pas si compliqué. Il suffit de savoir qu'ils sont neufs, et qu'ils ont chacun un lien avec un domaine important de la vie : Akatosh pour le temps, Dibella pour la beauté.. à moins que ça ne soit l'amour ? Non, ça c'est plus du domaine de Mara... Hum.. Arkay est lié au cycle de la vie et de la mort, Julianos est le dieu de la connaissance et de la logique, Kynareth est en quelque sorte la mère de la nature... Il m'en manque trois... Ah, il y a Zénithar, patron du travail et du commerce... Talos, qui représente... je ne sais pas trop quoi en fait... ce serait un empereur devenu dieu.. une histoire assez étrange, tu en conviendras... et... râh, suis-je bête ? Stendarr, le dieu de la miséricorde. C'est à lui qu'est dédiée la chapelle de Chorrol. Enfin, j'imagine que c'est pareil pour le Tribunal ? Chaque dieu représente une facette de la vie ?
-Oui et non... Répondit-elle en observant les flammes. Enfin, c'est compliqué... Nous pouvons dire que nous ne faisons vraiment pas les choses comme tout le monde... Le Tribunal est déjà composé de trois dieux, ce qui laisse moins de diversité que pour les Neufs... Ensuite, ils se recoupent parfois dans leurs « fonctions », enfin, fonctions... Ils n'en ont pas vraiment d'attribués à la manière de vos divinités... Almalexia est la Mère de Morrowind, elle nous protège, de la même manière que les autres Tribuns. Vivec est le poète-guerrier, on peut dire qu'il représente l'ambivalence, l'androgénie, tandis que Sotha Sil pourrait être la magie, le mystère, le savoir... Mais même nous, dunmers, qui les vénérons, ne pouvons guère savoir ce qu'exactement ils sont, ce qu'ils représentent... Mais après tout, n'est-ce pas le propre des dieux de ne pas être accessibles aux mortels ? Nos Ancêtres deadriques sont eux plus discernables et peuvent être un peu plus assimilés à vos dieux. Azura, l'aube et le crépuscule, Méphala, le ou la Tisseuse, bien que je préfère la voir comme une femme, tout comme je préfère voir Boéthia en homme, lui qui représente les complots, les mensonges et les conspirations...  

Elle resta un moment silencieuse à se tordre un peu les mains avant de reprendre :

-Enfin, tu dois savoir tout ça, on doit apprendre aux mages quelques connaissances sur les Deadras et comment se prémunir de leurs tentations, non ? Même dans votre religion des Neufs, une ou deux dogmes doivent se référer à ça...

Elle écarta une mèche de cheveux blancs avant de les rattacher, laissant toujours une bonne masse lui tomber dans la nuque. Elle les avait de toute manière si longs et épais que cela ne posait pas de problème. Elle se leva ensuite pour prendre dans ses bagages la natte tressée qu'elle utilisait pour se reposer, attrapant également sa couverture et un sac de vêtements pour en faire un oreiller. Elle étendit le tout par terre, au coin du feu, alors que Murmur se couchait le long de sa couchette d'un air protecteur, semblant défier du regard quiconque approcherait de sa maitresse. La dunmer caressa distraitement les naseaux de sa monture avant d'enlever son armure de cuir et ses bottes, ne gardant que sa tunique légère et son pantalon renforcée également en cuir avant de se glisser sous sa couverture, glissement discrètement Brulépine sous son oreiller de fortune.

-Mais, si cela ne te dérange pas, nous en parlerons un autre jour... Tu peux encore boire un verre, si tu le désire, je te laisse ma bouteille à disposition... Par contre j'ai tout intérêt à te prévenir que j'ai des réflexes, à force de dormir à la belle étoile, et que si tu t'a approche d'un peu trop près, je risque de croire que l'on m'attaque et tu te retrouveras avec une dague dans la jambe. Je te conseille donc d'éviter tout geste brusque. Sur ce, passe tout de même une bonne nuit, Raven...

Elle tira sur sa couverture pour s'envelopper un peu plus avant de fermer les yeux, respirant lentement en tentant de chasser les pensées parasites pour se concentrer à nouveau sur son objectif : le meurtre qui l'attendait. De nombreuses façons de mettre à terme à la vie de sa cible défilèrent devant ses yeux alors que les souvenirs de Chorrol passaient par flash, montrant les rues proprettes, les dévots se rendant à l'Église pour la prière, la silhouette austère de la guilde des mages face au grand chêne, l'établissement délabré de la Jument Grise, pas très loin de l'auberge le Chêne et la Crosse, là où il était plus conseillé de passer la nuit. C'était une belle ville malgré la présence de tout ces religieux et elle pouvait offrir quelques opportunités intéressantes...

Modifié par MangaShojo, 16 octobre 2011 - 09:32.


#15 Raven Dumron

Raven Dumron

Posté 04 juin 2011 - 15:03

Trois dieux seulement, et pourtant, leurs rôles ne semblaient guère plus aisés à retenir. Raven était surpris. Il avait toujours été persuadé que les Tribuns étaient tellement ancrés dans la culture de Morrowind que n'importe quel dunmer y ayant vécu pourrait en discuter avec précision.
Cela dit, lui-même n'avait guère été capable de parler des Neufs, qui imprégnaient pourtant la vie de Cyrodiil. Il soupira. Il commençait à se demander s'il avait vraiment une patrie.

- Enfin, tu dois savoir tout ça, on doit apprendre aux mages quelques connaissances sur les Deadras et comment se prémunir de leurs tentations, non ? Même dans votre religion des Neufs, une ou deux dogmes doivent se référer à ça...

Il hocha la tête. Bien entendu, qu'il connaissait les daedras. L'invocation est l'une des écoles de magie enseignées à la Guilde, après tout. Pas nécessairement celle à laquelle il s'était le plus intéressé — trop dangereuse à son goût — mais il connaissait au moins la théorie. Et il en savait donc suffisamment sur les daedras pour les vouloir le plus loin de lui possible.
Thanara se leva pour tirer quelques affaires de ses bagages, dont une natte, qu'elle étala au sol. La dunmer était visiblement désireuse de se reposer.

- Mais, si cela ne te dérange pas, nous en parlerons un autre jour... lui fit-elle. Tu peux encore boire un verre, si tu le désire, je te laisse ma bouteille à disposition... Par contre j'ai tout intérêt à te prévenir que j'ai des réflexes, à force de dormir à la belle étoile, et que si tu t'a approche d'un peu trop près, je risque de croire que l'on m'attaque et tu te retrouveras avec une dague dans la jambe. Je te conseille donc d'éviter tout geste brusque. Sur ce, passe tout de même une bonne nuit, Raven...

- Bonne nuit, Thanara, murmura-t-il en réponse.

Elle s'enroula dans une couverture tirée de ses affaires sans paraitre l'avoir entendu. Son cheval s'était couché à ses côtés, et observait Raven d'un regard qui semblait le dissuader d'approcher.
Etrange comportement, pour un cheval. Enfin, il n'avait rien à craindre ; le mage ne prévoyait nullement de perturber le repos de sa maîtresse. En particulier si cela devait être synonyme d'une dague enfoncée dans sa chair...

Il se leva. Ses jambes demandaient à être dégourdies, et il avait aperçu en venant un endroit d'où le point de vue devait être magnifique, même de nuit. Et puis, cette nuit-ci était plutôt claire. Raven se dirigea donc d'abord vers le reste de la caravane, où les marchands racontaient des histoires en riant ; puis il s'éloigna, pour rejoindre la route. Les arbres étaient hauts et touffus, cachant la plupart de la lumière lunaire — et comme il fut bientôt hors de porté des feux du campement, Raven se résolut à lancer un sort de lumière.
Une douce aura de teinte verte apparu tout autour du dunmer. La lumière n'était pas réelle ; mais de toutes les illusions que connaissait le mage, celle-ci était probablement la plus tangible. Tromper la vision de ceux qui observaient la zone du sort en s'arrangeant pour que les énergies magiques ambiantes simulent une lumière, ou générer une véritable source de lumière... la frontière entre illusion et création était des plus ténues. Heureusement, dans la mesure où le sort ne créait rien à proprement parler, il était peu fatiguant, et il était donc aisé de le maintenir longtemps.
Le point de vue qu'il avait repéré se trouvait un peu en contrebas de la route ; il s'agissait d'un rocher qui s'avançait au dessus d'une descente abrupte. De là, Raven pouvait admirer la grande forêt, qui s'étendait sur tous les contreforts et collines des montagnes de Jerall. Plus loin encore, bien au-delà de sa vision, devait se trouver la Cité Impériale. Sa maison. Et l'Université Arcane, dont il avait longtemps espéré pouvoir franchir les portes. Bientôt, il aurait sa recommandation. Mais que ferait-il, quand il l'aurait ? Irait-il vraiment s'enfermer à nouveau entre quatre murs, pendant plusieurs années, tout cela pour apprendre à déplacer des objets qu'il pourrait très bien saisir de ses seules mains ? Ou bien ferait-il comme Thanara, et partirait-il à l'aventure ?
Il soupira. Oui, il pourrait faire cela. Disparaitre pendant quelques mois, voire plus. Découvrir Cyrodiil, ou plus. Aller en Morrowind ?...
... et ne revenir qu'ivre de tout ce qu'il aurait vu. Mais était-il prêt à une telle vie ? Il n'avait jamais été quelqu'un d'exceptionnellement débrouillard. Alors, partir seul sur les routes...

Un hurlement de loup retentit au loin. Raven se retourna, pour observer la silhouette massive des montagnes de Jerall. Il avait entendu beaucoup d'histoire au sujet de ces montagnes. À les en croire, le massif était peuplé de loup-garous, de géants et d'autres créatures venues tout droit des terres glacées de Bordeciel. Tout cela lui avait paru bien peu crédible, lorsqu'on le lui racontait. Mais c'était de jour, ou après de la douce chaleur dégagée par l'âtre de la maisonnée. Là, seul au bord du précipice où il avait pris soin de se rendre lui-même, entouré des hautes silhouettes des arbres, chaque ombre lui paraissait menaçante. Il avait beau se répéter que ce n'étaient que des histoires pour effrayer les enfants...
Il frémit. Le vent faisait virevolter sa longue cape rouge, murmurant d'étranges sons à ses oreilles. Il n'était pas à l'aise.

Raven décida bientôt de retourner au campement. Là, il retrouva Thanara et son cheval, qui semblaient tous deux dormir profondément. Le feu était presque éteint.
Il se mit à fouiller ses affaires, pour en ressortir une sorte de drap miteux. C'était tout ce qu'il avait pour passer la nuit. Résigné, il s'enroula dedans, et après avoir longuement tourné et retourné pour trouver une position confortable, il finit par s'endormir, une pensée simple en tête : demain, ils seraient à Chorrol.

Modifié par Raven Dumron, 06 juin 2011 - 10:56.





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