Indiquations spatio temporelles :
L'histoire se déroule dans la province Impériale de Morrowind, environ huit mois après les évènements des jeux de Morrowind et Tribunal. Comme le lecteur aura le loisir de le découvrir, le point de vue adopté sur certains points (par exemple, le statut du Nérévarine par rapport à Indoril Nérévar, le Roi) est légèrement différent de ceux sous entendu dans le jeu original.
PROLOGUE
Pour la énième fois Irvin Pain se demandait pourquoi il se trouvait, lui et sa compagnie, posté si loin de la capitale. La Garde Royale était sensée protéger les souverains et leur entourage mais les seuls agresseurs potentiels que Pain distinguaient étaient des rats et des braillards. Haussant les épaules – geste plus difficile qu'il n'y paraissait quand on était engoncé dans une armure lourde et encombrante – il commença sa ronde. Trapu et musclé, Irvin était aussi un peu gourd et sa progression dans flaques de boues qui entouraient le camp provisoire ne devait pas manquer de susciter les rires de ses compagnons, depuis leur tour d'observation et l'agréable feu de camp qui s'y trouvait.
Son visage dur, qu'on aurait dit coupé à la serpe refléta une expression agacée en pensant à tous les endroits où il serait mieux que dans ces maudits marais de Rublesse, à chercher d'invisibles membres d'une secte contre-monarchiste qui auraient soi-disant une planque dans les environs. D'ailleurs cette mission lui avait paru étrange dès que leur capitaine leur en avait parlé et, bien que ses camarades soient prompts à rires de ce genre de chose – et à lui rappeler que son rôle se bornait à obéir, son instinct lui disait que tout cela finirait mal. Brusquement, l'homme stoppa. Il lui avait semblé percevoir un éclat furtif dans son champ de vision.
Balayant les alentours du regard il s'apprêta à conclure à l'hallucination quand son pied buta sur quelque chose. S'accroupissant en regardant attentivement il eut la surprise de voir un morceau de métal rougeâtre dépassant de la boue. Un désagréable picotement le parcourut tandis qu'un tout aussi désagréable sentiment de familiarité le gagnait, au fur et à mesure qu'il dégageait la boue et la terre qui recouvrait le métal. Et alors vint le choc.
C'était un corps, indéniablement. Et pire, c'était un corps de garde royal. Certes, seule la tête et son casque était dégagée, et le tout était encore boueux et enveloppé de terre, mais c'était bien suffisant pour quelqu'un qui passait sa journée à voir défiler les soldats rouges. Un panel d'images horrifiques lui traversant l'esprit, Pain se releva et commença à courir le plus vite possible en direction du camp. Glacé par la peur qu'il ressentait pour ses camarades – et, il faut l'avouer, pour lui même – Pain ne vit pas la racine qui se trouvait devant lui et dans laquelle il se prit les pieds, le faisant chuter lourdement au sol, son casque – et la tête qu'il contenait - percutant violemment une pierre et le faisant peu à peu sombrer dans l'inconscience.
***
En ce bel après midi la foule se pressait sous le Grand Balcon du Palais de Vivec, à l'extrémité sud du Canton du Temple. Et pour cause un évènement exceptionnel était sur le point de se dérouler : le Seigneur Nérévar allait s'exprimer au sujet des événements récents. L'excitation du peuple était à son comble, on hésitait pas à piétiner jeunes et vieilles pour s'attribuer les meilleures places, on hésitait pas non plus à se monter les uns sur les autres et à dresser des tours en bois – vites détruites par les ordonnateurs, si prodigues en coup de masse – dans lesquelles les places étaient payantes. Cependant c'était assez compréhensible.
Ne parlait on pas de celui qui avait d'abord vaincu Dagoth Ur, de celui qui avait, d'un doigt, arrêté la course du Ministère de la Vérité quand celui ci était sur le point de chuter sur le Grand Sanctuaire – et d'annihiler Vivec au passage, excusez du peu -, de celui que ni les maux de la chair ni ceux de l'âge ne pouvaient abattre ? Ce dernier point qui stupéfiait particulièrement depuis que le département de l'information avait décidé que rendre publique une partie des prophéties serait un excellent coup médiatique. Ne parlait on pas de celui qui était l'égal des dieux ? Et à propos de dieux, le peuple se demandait bien où ses tribuns avaient pu passer. On n'avait pas vu d'Almalexia ou de Vivec depuis des mois et des mois – pour ne pas parler de Sotha Sil. Et la Chute de la Lune, l'évanouissement de la muraille magique de Longsanglot, l'explosion de la statue colossale qui représentait l'union des trois tribuns n'étaient pas pour rassurer. Certains insolents osaient même suggérer – quoique toujours très discrètement et bien peu fort – que les trois dieux vivants qui, si longtemps, avaient été là pour leur fidèles étaient… morts.
Bien entendu la Section des Réprimandes du Temple mettait bon ordre à ces murmures mais on ne pouvait éviter l'inévitable et il fallait bien avouer qu'en ce jour du 13 Soirétoile – à deux jours de la Prière des Vents du Nord, pour ne rien arranger – tous les ordonnateurs du monde auraient la partie rude si ils avaient voulus exercer un semblant de contrôle sur le peuple.
Peuple duquel, soudain, monta une clameur phénoménale qui fit trembler les murs de la ville, si l'on en croit certaines sources bien informées – ou bien alcoolisées. On aurait vu, on aurait aperçu, on aurait peut être distingué l'ébauche d'une silhouette sur une des plates formes menant au Grand Balcon. Et le tumulte devint indescriptible quand, sur le perchoir, apparut la haute silhouette en armure noire que le peuple avait appris à vénérer.
Ah c'est sûr qu'il était impressionnant. D'une taille avoisinant les deux mètres – géant pour un dunmer et grand même pour les altmer, dans une armure sur le modèle de celle des Grands Ordonnateurs, mais noire, avec moult incrustations d'or et de pierre précieuse, le blason de l'Astre-Lune resplendissant sur le bouclier, Indoril Nérévar le Réincarné était vraiment, vraiment impressionnant. Et il le fut encore plus quand une image magique tridimensionnelle de lui, largement plus grande que l'original, se matérialisa au dessus de la foule, déclenchant de véritables émeutes et même des combats pour s'approcher le plus possible de l'image idolâtrée.
Et puis d'un coup le silence. Laissant voir une peau grise, Nérévar retira son gantelet droit et brandit son poing en direction de la foule. On eut bien sûr pu penser qu'il s'agissait d'un geste de menace, voir de haine. Il n'en était rien. Il s'agissait en fait d'un geste désormais bien connu visant à monter l'anneau d'Astre-Lune, preuve irréfutable de l'identité du Seigneur Nérévar qui, effectivement, scintillait au doigt de celui ci, qui remettait lentement sa pièce d'armure. Le silence devint absolu, total, presque étouffant, le temps semblant s'être arrêté. Et puis enfin la voix du messie résonna dans la Cité, une voix forte mais envoutante, semblant hypnotiser l'univers.
« Dunmers et étrangers je vous salue. Je suis conscient que les évènements récents vous ont profondément ébranlés et que, même si la fin de la Guerre Ecarlate fut heureuse et signa la défaite du Diable Dagoth Ur, de nombreuses questions restent en suspend. J'ai l'intention, aujourd'hui, d'y répondre car vous méritez tous ici de connaitre la vérité, vous qui êtes Vvarfendell, vous qui êtes Resdayn ! »
Nérévar fut alors dans l'incapacité de poursuivre – ou plus vraisemblablement, fit semblant d'être dans l'incapacité de poursuivre – devant le tonnerre d'applaudissements, et d'insultes anti impériales, qui éclata quand le nom de « Resdayn » fut prononcé. A ce stade quelques explications s'imposent : dans le cadre d'un discours ouvertement anti-impérial et tout aussi ouvertement nationaliste, Saint Nérévar et Helseth Hlaalu – dont l'accord n'avait pas manqué de susciter les plus vives interrogations – avaient décidés d'autoriser Resdayn comme dénomination officielle de Morrowind (même si « Morrowind » restait usité en part égale). Revenons au tonnerre d'applaudissement, qui cessa dès que Nérévar eut levé une main.
« Amis, du calme ! Il ne sied guère à un peuple aussi fier et noble que celui de Resdayn de se comporter ainsi. Ainsi donc, vous méritez de connaître la vérité et je vais vous la révéler. Sachez que Vivec, Alamalexia ainsi que Sotha Sil sont morts. »
D'abord un silence, lourd, quand Nérévar s'interrompit pour laisser le temps au peuple de digérer la nouvelle. C'était une erreur bien sûr. On ne pouvait pas concevoir la mort de dieux. Absurde. Le silence se transforma en un puissant grognement de mécontentement au fur et à mesure que Nérévar confirmait l'absence d'erreur de langage par son silence. Nérévar qui fit un signe discret à Besil Arctus, Seigneur de la Garde de l'Etoile, le corps d'armée privé du Seigneur Nérévar pour lui intimer de se tenir prêt à une éventuelle intervention. L'apparition tridimensionnelle, comme de bien entendu, ne reproduisit pas le signe. Défaillance ? Toujours est il que le Réincarné reprit la parole avant que le grognement n'enfle en de trop grandes proportions, jugeant que la foule était « cuite à point ».
« Oui les tribuns sont morts. Comment, me demanderez vous, des dieux peuvent mourir ? En effet les dieux, les vrais dieux, ne peuvent pas mourir. Mais Amalexia n'était pas une déesse pas plus que Vivec ou Sotha Sil. Apprenez ce qu'ils vous ont fait et jugez ensuite de leur divinité ! ».
Le peuple se vit ensuite conter la plus incroyable des histoires. Comment leurs tribuns avaient ignoblement assassinés leur Roi, la première incarnation de Nérévar. Comment, grâce à un artefact interdit créé par Nérévar - le peuple n'était pas prêt, de l'avis du Saint, à apprendre l'existence d'une chose aussi sidérante que le coeur de Lorkhan - qui avait commis l'erreur de leur montrer, ils avaient acquis un statut divin et avaient provoqués la malédiction d'Azura, spoliant les éclatants Chimers de leur éclat et les transformant en ces parodies grisâtres.
Oh, il fallut un peu de temps pour que l'horrible réalité – du moins la réalité transformée et adaptée pour produire l'effet adapté - soit acceptée par le peuple. Toutefois celui qui tenait ce discours n'était il pas un Roi Saint qui les avait délivrés du mal ? Alors comment ne pas y croire ? Et puis en plus quelle autre façon d'expliquer la disparition de la Triune ? Et quand les mots « redevenir Chimer » furent prononcé plus aucun doute ne subsistait. Nérévar était plus qu'un héros, c'était un Ange venu sauver les Chimers désormais Dunmers et les délivrer de leurs afflictions. C'est sous des jets de fleurs – mais comment la plèbe était arrivé dans les plates formes suspendues au dessus du balcon ? Comment avait elle eu les roses de lune, une fleur aussi rare et chère ? –, des homélies, des prières, des acclamations, des vivats, que Nérévar et son escorte regagnèrent le Palais de Vivec – et déjà, les audacieux pariaient sur le futur nouveau nom de ce dernier. Toutefois la foule ne vit pas le sourire de son idole quand celle ci tourna les talons. C'était un sourire glacial et fort inquiétant. Pas du tout le sourire d'un Saint.
Chapitre 2
« Sa Majesté l'Empereur »
Dès que les premiers sons partirent de la gorge du héraut tous mirent un genoux à terre. Du plus noble des Ducs aux plus humbles des vicomtes tous regardaient le sol, ne prêtant aucune attention à l'époustouflante symphonie des instruments accordés magiquement, toute leur attention concentrée sur les faveurs qu'ils allaient pouvoir solliciter quand ils parviendraient à s'approcher d'Uriel Septim. L'intéressé fit son apparition quelques secondes après qu'on l'ait annoncé. Malgré son âge avancé et une certaine lassitude perceptible en lui, il émanait de l'Empereur du Monde, comme la propagande le désignait, un sentiment de puissance enivrant. Sa démarche, grave et affectée ne parvenait pas à masquer sa conviction d'être bien différent des hyènes en costumes présents dans la salle.
Et en effet il ne ressentait que du mépris pour la foule rassemblée. Tous ces pleutres qui se terraient derrière leurs privilèges et pour qui « peuple » était un mot aussi répugnant que « meurtre » ou « peste ». Il se sentait infiniment plus à l'aise quant il sortait incognito et regardait son peuple évoluer, vivre sa vie, dans l'Empire qu'il maintenait sur la bonne route. Ou du moins qu'il espérait maintenir sur la bonne route. Comment en être sûr quand la corruption galopante du Conseil et de la bureaucratie empêchait toute mesure noble d'émerger de la fange ? Poussant un soupir il se dirigea vers le premier noble qu'il devait « absolument rencontrer par hasard », selon l'expression d'Ocato. Il s'agissait du Duc Von Sherrma. Un plaignant, bien évidemment. Selon les services de renseignement, le grief qu'il comptait adresser à l'Empereur était simple : bien que Duc, ses terres étaient l'équivalent de celle d'un petit comte et se trouvaient dans une région perdue de Morrowind. Le temps qu'il se remémore ces éléments, Uriel était parvenu jusqu'à l'individu qui avait tout du noble caricatural. Enveloppé dans une tunique bouffante aux larges dentelles dorées, puant le parfum, son visage, ressemblant vaguement à celui d'un crapaud, généreusement poudré, sa vue même importunait l'Empereur. Qui n'en laissa pourtant rien paraître.
« Seigneur Von Sherrma, nous sommes fort aise de vous voir céans. Il nous siérait toutefois encore davantage que vous nous faisiez part des tracas qui vous affligent, selon votre propre entourage.
Toujours paraître le plus informé, toujours employer ce maudit « nous ». Que cela agaçait Uriel Septim. L'idée de parler de lui au pluriel le répugnait. Si il devait se multiplier et multiplier également le nombre de ses vies d'Empereur, nul doute qu'il finirait fou ! Un temps il avait pensé à entamer une vaste réforme du langage de cour mais Ocato – qu'Akatosh loue la sagesse de ses conseils – l'en avait dissuadé. Cependant, tout le monde ne renonçait pas aussi facilement à ses projets, pas le Duc en tout cas, qui répondit immédiatement, de son ton le plus mielleux.
- Votre Impériale Majesté aura-t-elle l'indulgence de me permettre, avant tout, de lui affirmer que cette soirée est resplendissante, toute à son image, commença Sherrma, inclinant servilement la tête. Quant à l'affaire qui nous occupe j'ose affirmer que même Son Excellence Ocato n'a pu vous informer à l'avance de l'inquiétante nouvelle dont je vais faire part à Votre Majesté et dont même Sa Majesté Helseth Hlaalu est encore ignorante, bien que des messages soient partis l'en avertir il y a une heure et…
- Nous vous prions d'en venir au fait, Seigneur Von Sherrma, notre temps est précieux et les nouvelles fiscales et territoriales, bien que certainement « inquiétante », pour vous, ne suscitent nul sentiment semblable en nous, interrompit sèchement l'Empereur.
- Je prie votre Sublime Majesté Impériale d'excuser mon impudence mais vous faites erreur. Voici : le corps régimentaire des Gardes Royaux, matricule 45, que le Roi Helseth a placé sur mes terres conformément à votre excellent arrêté visant à arrêter les infâmes complotant contre la monarchie de Morrowind a… disparu. J'ai préféré vous en avertir avant que l'information ne soit communiqué au Roi, étant donné les évènements récents qui ont secoués la province, et l'empressement de certains à se soustraire à l'autorité de Votre Impériale Majesté. Par certains je veux bien sûr dire le Seigneur Nérévar… »
L'individu avait ménagé son effet et bien préparé son dernier mot. Il avait, malgré la gravité de la nouvelle qu'il annonçait, l'air immensément satisfait de lui même, telle une mouche suceuse de sang resplendissante dans la catastrophe. Toujours est il que le ridicule poudré avait doublement touché un point sensible : l'Empereur ignorait complètement qu'un corps d'armée, dont il avait, par ailleurs, complètement oublié l'existence, avait disparu. Et le Duc avait réussi à rappeler à son Empereur que celui ci se montrait incapable de gérer un sauveur devenu bien encombrant. Devant se retenir pour ne pas faire montre de son agacement, le souverain répondit soigneusement, pesant chacun de ses mots.
« Vous avez bien agi, Seigneur Duc. Soyez assurés que l'Empire et nous mêmes vous sommes reconnaissant de votre diligence. Nous vous ordonnons de garder le silence total sur cette affaire et de rappeler vos messagers le plus vite possible. Helseth découvrira cette disparition tout seul mais sa réaction nous éclairera sur ses intentions. Maintenant, disposez. »
Uriel Septim avait toujours eu des dons de clairvoyance dont il s'était servi pour faire de l'Empire ce qu'il était. Et ces même dons lui disaient que cette disparition était le début d'un sinistre engrenage. Pris d'un frisson dans la chaleur torride de la salle il resserra son manteau d'hermine et fit signe à ses gardes. Il allait s'éclipser un moment. On verrait bien pour les autres « rencontres au hasard ». On disposerait de la sensibilité des nobles. On subirait les reproches aimables d'Ocato.
Gagnant une petite pièce appelée salon pourpre, le souverain qui régnait sur la moitié du monde s'assit sur un fauteuil et eut soudain l'air très vieux, comme si tous ses soucis lui revenaient brusquement en mémoire. Il eut un sourire faible à la pensée que finalement, même si il était monarque absolu de l'Empire humain, il avait bien peu de pouvoir dans le territoire fort réduit de son propre corps. Et il était soucieux. Qui était derrière cette disparition de masse ? Helseth ? Pourquoi, comment, que gagnerait il à faire disparaître sa propre garde d'élite ? Le Seigneur Nérévar ? Là c'était beaucoup plus logique : faire disparaître les troupes d'élite du Roi en préparation d'une révolte massive. Raisonnement évident, coupable parfait. Mais preuves inexistantes. Et en plus l'instinct du souverain lui disait qu'il y avait autre chose derrière tout cela. Mais quoi ?
***
« Belle bataille Thorvald Lame de Glace ! Je n'aime pas ces planqués de scribouillards mais faut admettre que Mukha Langue de Serpent nous a bien aidé avec sa glace. Et quel plaisir de massacrer ces couards de sudistes ! Mais quand frapperons nous un objectif important ? Comme la Cité Blanche !
- Modère tes ardeurs mon frère, répondit Thorvald, saracastique, les sudistes sont aussi rusés et fourbes qu'ils sont nombreux, et tant que la Patrie toute entière ne nous soutient pas il nous utiliser un concept impérial : la prudence. Puis aussi, les sudistes ont des mages. Et des machines. Et de nombreuses autres tactiques de couards qui sont pourtant bien douloureuses »
Thorvald comprenait parfaitement ses hommes et savait que son refus de poursuivre plus avant immédiatement pourrait être assimilé à un signe de faiblesse par ceux ci, et utilisé par ses rivaux. Mais il n'en avait cure. Car ce qu'ignoraient tous ses hommes c'était que leur chef n'avait pas obtenu les plans de la forteresse impériale, et tous les détails du dispositif défensif par ses propres moyens et des astuces de sorcier. Il devait sa victoire – bien que la bravoure et la force de ses guerriers soit indéniable – à un mystérieux bienfaiteur qui le contactait par des rêves. Il se demandait comment Shemar aurait agi si il s'était vu presque sommé d'attaquer les impériaux. Se faisant ces réflexions Thorvald eut le loisir de voir ses hommes se remettre en selle. Suivant leur exemple il prit la tête de la formation et tous galopèrent jusqu'à la frontière, la neige se soulevant derrière les sabots du destrier de chaque combattant.
En voyant cette glace blanche Thorvald pensait à Bordeciel, au Vieux Royaume qu'il chérissait tant. Tout cela il le faisait pour son peuple. Ces porcs du sud le révulsait ! Pour gagner son Empire le traître Tiber avait utilisé la magie – une infâme créature artificielle, la fourberie, la… tactique ! Ou était passée la bravoure, l'honneur, le courage ? Dans les pots de vins que les familles devaient versés aux contrôleurs impériaux bouffis dans leur graisse pour pouvoir tricher au niveau de leurs têtes de bétail et subsister ? Ou dans les enfants à qui on apprenait à chérir l'Empire et à ignorer les coutumes de leur propre patrie ? La chevauchée de Thorvald était désormais empreinte de colère, de rage. Encore et encore il se répétait sa promesse. Détruire l'Empire et l'Empereur, et au même moment dans tous les territoires annexés par l'occupant, nombreux étaient ceux qui partageaient les mêmes pensées.
Modifié par Brosys, 15 novembre 2008 - 13:17.