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[rp] Cité Impériale


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284 réponses à ce sujet

#76 Trias

Trias

Posté 21 mars 2009 - 10:18

Eaux troublées




D'abord la douleur, puis plus rien.


Le soc de jambes griffues labourant le sol boueux au dessous d'elle. Le feulement rauque de l'air sifflant entre les dents de l'argonien, tout près de sa tête. Les effluves des bassins de tanin se combinant à une atmosphère plus familière de bois renfermé.

Maelicia revînt à elle, émergeant brutalement de son état de semi-inconscience, telle le nouveau-né, arraché du néant par l'oxygène abrasant ses poumons. Le tonus momentanément dissout de ses muscles périphériques se restaura, et son estomac se contracta tandis qu'il chassait un liquide trop longtemps demeuré dans sa gorge : la bretonne émit un long râle stertoreux, avant de vomir pour de bon.

Une traction ferme sur ses cheveux lui apprit qu'on la redressait et lui essuyait les lèvres sans douceur aucune, puis une nouvelle et singulière brûlure lui parcourut encore l'oesophage. De l'alcool à n'en point douter, la rouquine sentant déjà les prémices d'une action diurétique venant confirmer son hypothèse. Mais il y avait un autre goût, plus subtil, qu'elle ne parvenait à identifier.        

« Voici comment j'matte les choses, la frangine », susurra une voix grave et rocailleuse à son oreille.

L'argonien ! L'effet de la foudre frappant la terre n'eût pas eu plus d'impact sur la bretonne. Elle se cambra sur la chaise qui la soutenait, gémissant un cri de désespoir trop rapidement amorti par la chitine d'une main sévèrement plaquée sur son visage. Des liens immobilisaient presque totalement ses pieds et ses mains, un bandeau couvrait ses yeux : elle était à nouveau prisonnière de Vrai-nom !

Comment Dagon le pangolin avait-il fait pour se libérer de ses liens, la suivre de l'insula à la maroquinerie, puis la cueillir de nouveau, comme on ramasse une fleur sur le sol ? Un sentiment d'épouvante l'envahit lorsqu'elle réalisa qu'elle était complètement à la merci du voleur, bien vite remplacé par la cuisante morsure de l'humiliation. Elle, qui se croyait maligne au point de s'être jouée de toute une guilde de malandrins, capturée par le plus novice d'entre eux alors qu'elle entrevoyait la victoire...

Maelicia s'effondra sur la paille tressée de son siège, et son ego avec elle. De circulaires auréoles vinrent assombrir l'étoffe qui l'aveuglait tandis que ses pommettes s'humidifiaient. Un frisson lui parcourut l'échine tandis qu'elle réalisait que seuls ses collants s'interposaient entre ses pieds et le froid environnant. Vaincue, nulle, impuissante et désarmée : le moral de l'étudiante était au plus bas. Aussi n'opposa-elle pas plus de résistance qu'une poupée de chiffons lorsque son tortionnaire la secoua.


ж ж ж



« Alors pourquoi ? Juste pour espionner? Qu'est-ce que tu vas pouvoir me chanter pour t'faire amnistier ? T'as pas intérêt à escobarder ni tenter d'attrapoire ! »

Maelicia s'efforça de dissimuler ses sanglots. Elle n'accorderait pas au lézard ce plaisir là. Aussi fut-il d'une voix lasse mais ferme qu'elle répondit :

— J'm'appelle Maelicia. Y'a à peu près trois mois, mes amis et moi on a trouvé un bâton bizarre censé faire rev'nir des morts les gens crevés à proximité. On l'a ramené à la guilde, où j'voulais faire carrière, mais on a aussi ramené des ennuis avec nous. La salope qui a tué Ulvasa fait partie des disciples de Sh'éam, une bande d'allumés morts vivants très intéressés par le bâton. Ça fait pas mal de temps qu'on se frite avec eux, et y'en a qui y sont restés. Votre khajit s'est joint à nous lorsqu'on revenait de Bravil.

Elle observa une courte pause, rassemblant ses idées.

Aradon a disparu suite à la visite de « Bouge-la-main » — votre visite —. J'sais même pas comment z'avez fait pour rentrer, Nestor vous a jamais vu, y'a qu'Ulvasa qui se soit souvenue de vous. Les supérieurs de ma guilde ne lui faisaient pas confiance, et le surveillaient, donc quand il s'est tiré ils ont pensé à une fuite. Moi j'croyais qu'il s'était fait capturer, donc j'étais inquiéte. Puis le pendule s'est mis à faire des détours, et en arrivant à la taverne du Guar on a compris qu'il voulait pas qu'on le suive. P'têtre pour vendre des infos, qui sait ?
  
J'surveillais les gens d'la taverne, et Ulvasa devait faire diversion. Et voilà qu'vous vous pointez, sorti d'on ne sait où, juste derrière elle. Z'auriez aussi bien pu être un assassin, z'avez vu votre tête ? Elle vous a grillé, comme prévu. Akatosh sait pourquoi, la disciple vous a aussi trouvés, alors j'ai décidé de sauver la peau du chat et p'têtre la votre par la même occasion.

Elle reprit d'un ton plus ferme.
J'vous fais pas confiance, m'sieur. J'vais pas faire confiance à un type censé vendre de l'info et qui change trois fois de nom dans la même journée. J'vais pas faire confiance à un type qu'y a l'obligeance d'bander les yeux d'vos protégés pour les ramener en pleine souricière. Z'esperiez quoi, que j'allais vous suivre, bien docile, pour m'faire interroger par Akatosh sait quels coupe-jarrets dans vot'genre ? Z'êtes aussi naïf que moi ?

Les muscles de sa mâchoire féminine se contractèrent, puis elle reprit.
J'vais vous faire une confidence, m'sieur l'argonien, puisque c'est c'que vous voulez. Apparemment le bâton s'rait un sceptre, censé permettre à Sh'éam de revenir. J'ai lu votre contrat. Je sais qu'vous cherchez un mendiant du nom de Causant... pour vous procurer le bâton. Puis pour le vendre au plus offrant. C'que vous savez p'têtre pas, c'est qu'le plus offrant se réincarnerait en Sh'éam dès qu'il utiliserait le sceptre. Un seul de ses disciples a mis une ville à feu et à sang, vous comprenez, ça ?

Ulvasa était désintéressée. Et c'est à cause de crevards cupides comme vous, voleurs doublés d'ignorants, seulement intéressés par leur profits qu'elle est morte !

Elle sentit ses larmes mouiller sa gorge. Tiens ça allait se voir maintenant, elle n'en avait plus rien à faire, cela l'indifférait à vrai dire.

Et voilà, z'avez vos infos maintenant, vous les croyez si vous voulez, j'en ai rien à cirer. Alors z'allez faire quoi maintenant, m'sieur l'parano ? Maintenant qu'vous z'avez plus b'soin m'donner de faux nom pour avancer,  z'allez m'tuer ? Ou me refiler à vos parrains, moyennant dédommagement, ça s'rait plus lucratif, non ? M'foutre encore un voile artisanal sur la tronche, histoire que jouer les tauliers obligeants ?

Maelicia inclina la tête sur le côté et se tut. Elle avait vidé son sac, ce qui était profondément stupide, mais cela n'avait plus d'importance. Sa fatigue était désormais telle qu'aucun effort magique ne lui serait possible à court terme, aussi son destin ne reposait-il plus entre ses mains... mais entre celles d'Akastosh. Elle eût une pensée pour ses amis, confortablement logés à la guilde des mages ou parcourant les champs de Bravil. La riante Aewin et le ténébreux Jeraselm. Sylph le rêveur et Sonia la moqueuse. L'amer Briséadius et le sauvage Celegorn. Aradon... le traître.  

Elle s'avachit sur sa chaise et se mura dans son silence, laissant les eaux troublées de ses pleurs dévaler ses joues.

Modifié par Trias, 21 mars 2009 - 10:37.


#77 Ygonaar

Ygonaar

Posté 21 mars 2009 - 15:05

Indécision

  

  Un bâton ! Le cerveau du reptile s’était enfin mis en branle : l’étrange perquisition de gardes impériaux s’enquérant d'une vulgaire canne de marche, la discussion alambiquée entre Causant et J’Rhassa, puis entre ce dernier et ces compères du jardin de Dareloth… La Cité Impériale elle-même mise sous quarantaine pour un vulgaire bâton ! Cette histoire donnait curieusement un accent de vérité aux confessions de sa prisonnière. Plus que ses larmes en tout cas. Si le saurien savait depuis longtemps que ces dernières sont souvent le signe de grande émotion chez les Peaux-Molles, il avait rencontré plusieurs femelles qui savaient en jouer à leur gré. Et il apprit de cuisante manière que la Brétonne était loin d’être dépourvue de rouerie.

  — Ce que j’vais faire de toi ? débita Vrai-Nom d’un ton neutre. S’pourrait bien qu’j’aie l’meurtre moins facile que toi et ta collègue, on va voir si t’arrives à me convaincre ? Y a plusieurs failles dans tes craques. Qui pourrait monter les encans plus haut que la très galetteuse Gilde des Sorciers, voire que l’empereur lui-même ? Comment que t’aurais fait pour renifler que c’était moi, Bouge-la-Main, sans même m’avoir maté ?Et pourquoi choisir Ulvasa pour nous coller aux pognes, du hasard p’t-être ? Comment tes labadens auraient put nous attendre à la taverne, si c’est l’elfe et toi qu’avaient un pendule à matou ?Et question haret, qu’est devenue la Khajiit qui faisait diversion, avec son phare autour du cou ? Pourquoi m’avoir changé en toi au moment d’te barrer et t’être noyautée parmi mes potes ? Et t’as lu quoi dans mon contrat d’ailleurs ?

  Il espérait avoir gardé une voix suffisamment neutre sur sa dernière question pour ne pas trahir son intérêt particulier. Il doutait qu’il puisse réussir à déchiffrer ce qui devait être « son contrat » dans son état d’épuisement, même s’il avait disposé de beaucoup de temps et d’une bonne lumière. Si l’humaine ne devinait pas ses lacunes, elle lui fournirait certainement de précieuses informations sur la conduite à tenir sans s’en rendre compte. Il la laissa se dépatouiller avec ce premier flot de questions avant d’enchaîner :
  — Et tu prétends que la Stryge en avait après Aradon, mais pourquoi ? Comment elle a fait pour le dégoter ? Pourquoi nous foutre la bonace ensuite ? C’est qui ce Sh’éam, et qui m’dit que sa badine s’ra moins nuisible dans ton camp ?

   — Quant au désintéressement d’une sorceuleuse, reprit-il avec une voie chaude aux accents de tristesse palpable, une rosière née dans des draps en jaunet et faisant partie d’une corporation lui permettant de s’contreficher du reste du monde, d’vivre dans un luxe dont peu d’gens bayent, de trucider sans bourrèlement l’bas peuple pasqu’un type qui lui revient pas la racole… On pourrait en reparler. Mais j’suis chagrin qu’la Dunmer et les autres se soient fait désosser et d’avoir dû laisser leurs charognes là-bas. Fallait sauver les survivants, comprenez ?

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:46.


#78 Darkhammer

Darkhammer

Posté 24 mars 2009 - 19:29

Devant les portes de la cité, un chevalier se tenait face à deux gardes, son armure d'ébène semblait s'enflammer lorsque les torches des gardes se réfléchissaient sur les décorations rougeoyantes qui l'ornaient. Son lourd casque masquait l'intégralité de son visage, ne laissant passé son regard sombre ainsi que son souffle étouffé et roque.

"Halte, la cité est sous un couvre-feu, vous ne pouvez entrez. "

Le chevalier mesura quelque instant le garde qui lui faisait face lui barrant la route vers la cité impériale.
Au bout de quelques instants, il acquiesça et descendit de cheval afin de se mettre à la hauteur du garde.
  
« D'ailleurs, puis-je connaître votre identité ? Je ne vous ai jamais vu dans les environs… Vous avez l'air louche… »

Le chevalier plongea son regard dans celui du garde.

« Que ? Que faites-vous ? Qui…Qui êtes vous ? »

L'autre garde voulu s'interposer mais il fut comme paralyser lorsque le guerrier lâcha d'une voix sinistre :

  « Assez ! »

  Peu à peu il se retourna vers le second garde et fit subir un sort similaire…

  Les deux gardes semblaient inertes

Le guerrier avança et entra dans la cité impériale, dans son dos on pouvait remarquer un objet long emballer par un voile noir, suspendu à ce dernier par une robuste corde.

Quelques instants après les deux gardes semblèrent émerger d'une longue absence.

  «Bon ce n'est pas tout ça, mais la relève va bientôt arriver, on peut enfin souffler. »

Non loin de là, un chevalier d'ébène se mêlait peu à peu à la foule de la cité impériale…



ж ж ж


    Voilà un moment que le chevalier d'ébène errait sans but précis à travers les rues de la cité baignée d'ombre, atmosphère qui semblait lui convenir à merveille…

  Il s'arrêta pourtant devant une taverne, peut-être instinctivement, il haussa les épaules et continua son chemin.

  Evitant quelques catins de quelques quartiers mal famés, il s'était aventuré loin dans les ruelles délaissées de la cité impériale. Un bruit de lutte attira son attention…

  D'abord éloigné, puis de plus en plus proche, il ne pouvait y résister, l'appel… l'appel de l'acier, l'appel du sang.

  Espérait-il trouver des adversaires de sa trempe ?

  Peu à peu il arriva en vue d'une lutte à peine perdue entre des soldats impériaux et un colosse énorme maniant deux claymores avec aisance.

  Le chevalier d'ébène pris le paquet qu'il transportait et le libéra de ses liens dévoilant une épée dont la noirceur semblait absorber toute lumière autour d'elle.

  « Viens à moi pouvoir de l'ombre, l'heure du combat est à l'affût, réveilles-toi Aenerian Syndaerone ! »

  Un souffle magique se dégagea soudain du guerrier.

  Le guerrier d'ébène à la puissante stature semblant désormais ne faire qu'un avec les pouvoir des ténèbres qu'abritait son épée avança vers le colosse qu'il avait jugé à sa hauteur.

  S'approchant suffisamment que pour être à portée de voix, il la, ça en direction du colosse :

  « Ho toi puissant guerrier semblant bercé par la bataille, je suis ici pour découvrir les limites de ma puissance pourras-tu me les montrer ? Ha moins que tu ne te sente pas à la hauteur, tu t'amusera avec ces gueux plus tard… »

  Le chevalier d'ébène se mit à rire nerveusement d'une voix dont la noirceur semblait sans fin…

Modifié par Darkhammer, 24 mars 2009 - 21:31.


#79 Daimyo Tai Shi

Daimyo Tai Shi

Posté 25 mars 2009 - 01:29

Prédateur



Pendant ce temps, dans le quartier du Palais impérial...

Un cor sonna au loin, vers le sud-est et les quartiers pauvres, d'où s'élevait une inquiétante et sombre colonne de fumée... Une large ombre passa devant l'imposante tour immaculée du palais des Septim. Cinq silhouettes s'élevaient dans un tourbillon spiralé, le long de la bâtisse, pour parvenir finalement à son faît. Romulus Raegar, perché sur le dos de son gigantesque dragon couleur jais, se posa sur le sommet, dominant la tentaculaire Cité Impériale.

Un vent puissant soufflait, renforçant encore davantage le côté chaotique du spectacle en contrebas. Même le ciel s'était ligué contre le puissant Empire de Cyrodiil... Une terrible et titanesque machine d'ébonite ravageait les rangs impériaux, dans le quartier pauvre. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter... Mais la protection de la légion et de la capitale n'était pas la mission que Raegar et ses dragonniers devaient remplir dans l'immédiat. Un disciple courait toujours, et il lui fallait le mettre à jour avant qu'il ne file et ne puisse continuer ses exactions dans la région...

Les dragonniers étaient montés sur des Wyvernes, d'imposantes et puissantes créatures magiques, néanmoins plus petites que la propre monture du Visionnaire. Ce dernier commença à rechercher une trace du Sh'éamite en fuite dans l'esprit de citoyens pris au hasard dans la cité...



ж ж ж ж ж
Feu de joie



"REFORMEZ LES RANGS ! REEEEFORMEZ LES RAAAAANGS, SOLDATS !"

Le fracas des armes, la débandade, les monceaux de cadavres entassés dans les venelles du quartier pauvre... C'était là le sinistre quotidien des légionnaires impériaux déployés dans les rues miteuses du moins riches des arrondissements de la faste Cyrodiil, en ce funeste jour de Sombregivre. La troisième légion avait dépêchée trois cohortes sur place pour repousser les assaillants morts-vivants, l'une prenant l'ennemi par l'extérieur, à l'ouest, la seconde venant des murailles internes depuis le nord-est, et la dernière bloquant le flanc ennemi sur le front sud-est, vers le quartier portuaire, également en proie au chaos...

"Décurion ! Les hommes de la cohorte des 'Loups sauvages' et des 'Faucons impériaux' ont été mis en déroute. Certains d'entre eux viennent vers notre position, pour se joindre à nos unités, si vous le désirez..."

Le commandant de la cohorte des 'Serpents d'acier' acquiesça d'un simple geste de la tête. Des archers essoufflés parvinrent finalement à ses côtés, tentant de reprendre leur souffle de leur mieux.

"Hssh, hssh... Nous appartenons... à la... deuxième compagnie d'archers des... 'Faucons impériaux', décurion... Notre unité... a été... décimée... Quels sont vos ordres ?"

L'officier supérieur des 'Serpents d'acier' réfléchit un moment à la stratégie à adopter, tandis qu'un second groupe d'hommes, de légionnaires cette fois-ci, derniers rescapés des 'Loups Sauvages', accourait dans sa direction... Le colosse semblait avoir été attiré par autre chose, de l'autre côté du quartier, bien qu'il fût impossible d'en connaître la cause exacte à telle distance...

Le décurion Lucius Prétorus, commandant des 'Serpents d'acier' de la troisième légion impériale, diplômé de l'école militaire supérieure rougegarde de Sentinelle et jeune officier prometteur de la Légion impériale, ayant participé activement à la victoire impériale lors de la campagne visant à rompre le siège de Winter Hold par la horde des gobelins du nord, pour la première fois, cet homme posé et réfléchi, fin stratège et respecté commandant, manquait d'inspiration. Il fit cependant mander les capitaines des compagnies sous ses ordres, afin de tenter d'établir un semblant de plan pour repousser cette 'chose' titanesque qui avait, sous ses yeux impuissants, décimé deux cohortes en l'espace de quelques dizaines de minutes...

"Commandant !" le saluèrent ses officiers. Ils étaient sept, dirigeant chacun une unité, plus les deux unités récupérées des deux cohortes récemment dissoutes. Au total, le décurion dirigeait en cet instant deux unités d'archers, trois de légionnaires, trois de lanciers et une de cavalerie. Du matériel et des renforts étaient disposés tout autour du quartier pauvre, dont deux tours à baliste et un corps de garde. Lucius Prétorus fronça les sourcils. Les balistes n'avaient eu que peu d'effet sur le monstre, mais toujours davantage que les attaques de l'infanterie et des archers... Toutefois, l'effet semblait exacerbé lorsque les balistes enflammaient leurs projectiles. L'officier poussa un soupir de contentement. Il tenait enfin sa meilleure option !

"Capitaines... appela-t-il. Prenant un morceau de planche cassé au sol, venant d'une habitation dévastée toute proche, il commença à tracer des lignes au sol. Voici le quartier. Ici, dit-il en traçant une croix, notre position actuelle. Les tours de garde nord-ouest et nord, et entre les deux la porte vers le quartier du Temple."

Les officiers observaient d'un oeil attentif le schéma grossier tracé à même la terre humide. Certains hochaient du chef, pour signifier qu'ils suivaient jusque là la pensée de leur commandant. Ce dernier poursuivit donc :

"Le titan métallique semble occupé, ce qui nous arrange bien, cela lui évitant de se concentrer sur l'annihilation de notre cohorte... L'affrontement direct est voué à l'échec, mettons donc ce répit à profit pour nous mettre en position. Je veux une unité d'archer sur chaque tour du quartier, accompagnées chacune d'une unité de légionnaires. La dernière unité de légionnaire se placera sur le corps de garde, expliqua-t-il en désignant un trait au sol. Nos trois unités de vougiers se placeront face à la porte, comme s'ils en défendaient l'entrée. Notre unité de cavalerie les accompagnera."

Les capitaines acquiescèrent. L'un d'entre eux demanda toutefois, peureusement, ce qu'allaient bien pouvoir faire des lanciers et des légionnaires montés face au colosse, alors que deux cohortes tout entières avaient été vaincues...

"Le plan est le suivant... Depuis les tours, les archers enverront des volées de flèches enflammées sur notre ennemi, tandis que l'infanterie fera fonctionner les balistes, toujours avec des munitions brûlantes. Pendant ce temps, nos cavaliers, vu leur vitesse et leur maniabilité, pourront distraire notre ennemi, tandis que nos vougiers feront mine de bloquer la seule issue du quartier..."

La petite assemblée semblait perplexe. Un capitaine sceptique lança cependant :

- Et l'unité de légionnaires placée sur le corps de garde ?
- C'est bien simple,
répliqua le commandant en souriant. Il faut ramener cette épée géante à la forge, capitaine...

Tandis que ses officiers échangeaient des regards interloqués, le visage de Lucius Prétorus se para d'un sourire sombre.

"Le feu grégeois, cher Septimus... Les tours de gardes en contiennent plusieurs centaines de livres. Lorsque ce colosse chargera nos vougiers, ces derniers se replieront par la porte et notre unité placées sur le corps de garde lui balancera la poix sur sa panse métallique. Puis nos archers le gratifieront de flèches enflammées pour le remercier de son passage dans la cité impériale. Un joli feu de joie en perspective... et de quoi fondre de nouvelles armes à toute notre cohorte ! En avant, capitaines !"

Les officiers saluèrent leur commandant, et le cor sonna le rassemblement de la troupe...



ж ж ж ж ж
Une proie fraîche...



Un cri strident déchira les tympans d'un citadin du quartier du Temple. Le vacarme dans les quartiers pauvres était terrible, mais ce son-là, suraigu, effrayant, intense, était bien pire encore que le bruit d'une quelconque nouvelle lutte dans les rues les plus défavorisées de la cité... Une ombre survola le quartier, faisant converger tous les visages en contrebas vers le haut.

Le volatile géant semblait fasciner les pieux habitants de la place du Temple. Lorsqu'enfin ils revinrent à eux, les citadins, peu habitués à voir des dragons et des wyvernes, se mirent à courir, paniqués, vers le Temple de l'Unique pour y trouver asile et prier pour leurs misérables vies.

Le monstrueux destrier volant de Raegar traversa la place et finit par se poser sur l'une des tours de garde du quartier. Les compagnons du Visionnaire de l'Ordre se posèrent plus bas, directement sur la place, à présent vide.

Le mentaliste l'avait sentie, cet esprit solitaire, discret et sombre, mais pourtant irrésistiblement attirant et puissant... Il s'agissait sans aucun doute possible du Disciple qu'il recherchait. Le titan d'ébonite qui dévastait les quartiers pauvres ne pouvait pas être la bonne cible. Il l'avait observé du haut du Palais, et s'il était doué d'un pouvoir de dévastation des plus impressionnants, et que sa cuirasse avait été envoûtée par une magie puissante, il n'en était pas moins qu'il ne maîtrisait pas lui-même la magie, qui avait pourtant été nécessaire aux troubles initiaux survenus dans la taverne et ses alentours...

"Il est ici..." marmonna le Visionnaire.

Le dragon prit à nouveau son envol et se posa sur un toit voisin en douceur. Quelques tuiles se détachèrent malgré tout, agrippés par les pattes du volatile, et glissèrent vers le rebord avant d'entamer leur longue chute jusqu'aux pavés quelques étages plus bas. La présence que Raegar avait ressentie s'était renforcée, comme si elle se trouvait désormais dans la rue en contrebas voire dans le bâtiment lui-même...

Sondant les esprits concentrés dans le Temple de l'Unique, le Visionnaire rechercha des informations sur ce bâtiment. Il trouva rapidement ce qu'il cherchait, et fit atterrir sa monture sur la place, rejoignant ainsi ses compagnons dragonniers de l'Ordre.

"Il est là-dedans, lança-t-il en désignant la bâtisse d'un geste vague. Ce bâtiment semble posséder une issue vers le réseau des égouts de la Cité, et donc vers l'extérieur. Nous devons empêcher ce Disciple de quitter la ville, ou il poursuivra ses méfaits... Ulic, Rufus et Eddard, vous m'accompagnez. Flavius, tu vas chercher une unité de Traqueurs et tu me fais sceller ce quartier et condamner ce bâtiment."

Parvenant sur le pas de la porte avec ses trois mages d'élite, Raegar se retourna pour faire face à son dragon et lui indiqua mentalement de survoler la Cité pour rechercher d'autres signes de Sh'éamite, et de lui en faire part le cas échéant. La relation d'un dragonnier et de sa monture est très particulière, et commence en général à un très jeune âge pour les deux parties. Les deux individus évoluent alors en parallèle, et se lient progressivement, jusqu'à parvenir à une relation quasi-fusionnelle où ni l'un ni l'autre ne domine son partenaire, contrairement aux idées reçues d'un maître - le magicien - et de sa monture. La communication par les sentiments, l'empathie, sont des caractéristiques du dialogue entre le dragon et son dragonniers, bien que certains couples, à l'instar de Raegar et sa monture, Targaeris, puissent également communiquer par la pensée, communication permise par l'état de mentaliste du Visionnaire et par l'éducation à cette même magie et à la puissance du dragon.

Sur ces entrefaites, Targaeris inclina la tête, sa manière d'acquiescer, puis s'éleva dans le ciel, suivi de ses compagnons Wyvernes dont les dragonniers accompagnaient Raegar. Le petit groupe de l'Ordre pénétra alors dans le bâtiment, pour poursuivre le Disciple en fuite que le maître mentaliste avait semble-t-il repéré...

Modifié par Daimyo Tai Shi, 25 mars 2009 - 01:30.


#80 Trias

Trias

Posté 28 mars 2009 - 21:12

Le Colosse et le Chevalier




« Ô toi, puissant guerrier semblant bercé par la bataille ! Je suis ici pour découvrir les limites de ma puissance pourras-tu me les montrer ?  A moins que tu ne te sentes pas à la hauteur, tu t'amuseras avec ces gueux plus tard »

Le cri de défi du téméraire étranger parut se perdre quelques instants dans le vacarme environnant, sarcasme éphémère brisé sur l’autel de la guerre. Dans le théatre sinistre des quartiers effondrés, ne se faisaient plus entendre que les cris des blessés et des fuyards rompant les rangs. Soudain, le silence. L’immense engin de mort issu des mains de Sh’éam s’était arrêté, devenu comme soudainement attentif.

Un chant étrange sembla porté par le vents.

« Le champion au coeur d’ébonite,
Spectre faucheur, guerrier de granite... »


L’armure d’ébonite se retourna, et le chevalier put prendre la mesure de sa folie : trois fois plus grande qu’un homme, constituée de plaques de métal volcanique atteignant par endroits plus de quatres pouces d’épaisseur, l’abomination rivalisait en dimensions avec les tours de siège qu’on lui opposait. Les orbites obscures du heaume de la créature parurent toiser l’imprudent, et il y eut comme un murmure, comme un souffle glacial qui transit son opposant jusqu’aux entrailles.

« Bourreau des hommes, fléau des armées
Vivants, le Jagannâta, fuyez ! »


Les gigantesques lames se retournèrent vers le guerrier, et leurs dorures semblèrent répondre aux palpitations ocres d’Aenerian Sindaerone. La nature du disciple restait inconnue, mais d’après les écrits du Sage Enlirac, le deuxième apôtre de Sh’éam aurait été un grand champion de jadis. Désormais réduit à l’état de spectre, les rouages de son esprit animeraient les articulations d’ébonite.

Le colosse fit un pas, et deux bâtiments furent ébranlés.

« Car des cinq indéfectibles
Le Silence, est indestructible... »


Le monstre bondit, et la masse d’air alors déplacée ébranla alors le guerrier : un impact phénoménal ponctua l’atterrissage, effondrant deux bâtisses tandis qu’un véritable tronc de métal perçait le sol à sa droite. Un nuage de débris et de mortier obstrua la vision du combattant, tandis qu’un vrombissement puissant lui signifiait qu’un des deux espadons balayait l’air dans sa direction.


http://img440.imageshack.us/img440/2305/silencesheam.jpg




ж ж ж
Attachement



La voix du lézard, psalmodie tantôt sifflante, tantôt grave, alternait avec harmonie accentuations et affaiblissements. Ses intonations recelaient un soupçon d’indéfinissable et de fascinant qui captivait la bretonne. Cependant, Maelicia s’apitoyait bien trop sur son sort pour en prendre conscience : ce maudit tétard ne la croyait pas !

Aussi contesta-t’elle vivement ses répliques.

— Ca n'a rien à voir avec la guilde ! C’était pas du tout prévu qu’Aradon disparaisse, on savait rien d’vos combines avec le bâton, et puis on vous a suivies parce qu’on était les seules à s’être rendues compte d’votre entourloupe !
— Comment tes labadens auraient put nous attendre à la taverne, si c’est l’elfe et toi qu’avaient un pendule à matou ?
— Ben... j’suppose que... commença à s’embrouiller l’étudiante, réalisant avec étonnement sa propre ignorance, avant que l’argonien ne la coupe de nouveau.
— Et question haret, qu’est devenue la Khajiit qui faisait diversion, avec son phare autour du cou ?
— C’était moi la khajite, juste une illusion pour pouvoir surveiller le bar. Mais j’avais pas d’...

Soudain, la lumière fut, et Maelicia en resta bouche-bée : l’amulette-âme autour de son cou, elle l’avait sentie s’agiter. Et l’argonien semblait dire qu’elle était devenue visible... C’était elle qui avait permis à la vampire de les repérer ! Le Passeur, prisonnier du bijou, avait réussi, par l’intermédiaire de l’équipée des magiciennes, à alerter sa condisciple. Indirectement, l’étudiante était donc responsable de la mort d’Ulvasa !

La jeune fille se sentit soudain tellement mal qu’elle en oublia de pleurer. Ses épaules s’affaissèrent encore davantage, si bien qu’elle n’écouta qu’à peine les doléances de Vrai-nom. Ulvasa n’avait tué personne, elle le savait bien puisque ressentant les âmes de la salle. Elle en revanche, avait par son ignorance entraîné la chute de son amie. C’était impardonnable.

— Et tu prétends que la Stryge en avait après Aradon, mais pourquoi ? Comment elle a fait pour le dégoter ? Pourquoi nous foutre la bonace ensuite ? Pourquoi m’avoir changé en toi au moment d’te barrer et t’être noyautée parmi mes potes ? Et t’as lu quoi dans mon contrat d’ailleurs ?

La rouquine réfléchit. En fin de compte, elle s’était révélée aussi ignorante que l’argonien dans cette affaire. A un point de vue au moins, ils étaient solidaires.

— J’voulais simplement savoir où j’étais, parce que j’en avais aucune idée.  Ecoutez, m’sieur l’lézard, j’crois qu’on s’est fait avoir tous les deux dans cette affaire. Votre guilde vous a pas dit qu’votre mission avait trait au bâton. Ma guilde m’a pas dit qu’elle me suivait. On s’est r’trouvé ensembles à cause de la disciple, parce que j’savais pas que mon amulette — que j’ai perdue — allait l’attirer. Les disciples sont mauvais, y z’aiment tuer, ç’aurait été une bonne occasion de régler leur comptes avec nous.

Soupirant, elle se jeta à l’eau.
—J’crois qu’ma guilde savait qu’Aradon était de votre mafia, et qu’elle voulait vous débusquer pour obtenir vos infos sur le bâton. D’où les suiveurs en double. J’crois aussi que vot’guilde savait qu’Aradon était grillé, et qu’c’est pour ça qu’y z’ont envoyé un novice sur le coup. Nos deux corporations voulaient le contact, mais en y perdant le moins de cookies possible en cas d’problème...  

Inspirant profondément, elle poursuivit.
— Ma guilde veut l’sceptre. Votre guilde veut le trouver avant pour le revendre à la mienne. Vot’contrat consistait à débusquer le mendiant Causant, qu’y a l’air d’être intéressant tout plein. J’vous propose un truc : On s’aide dans nos missions. Vous m’filerez vos infos, j’vous filerai les miennes. Comme ça on prendra chacun du grade dans nos guildes, mais elles pourront plus nous manipuler.

Elle observa une courte pause, afin que son interlocuteur prenne bien la mesure de ses propos.
— J’vous f’rai remarquer qu’j’ai la bouche libre : j’aurai d’ja pu vous envoûter quinze fois depuis qu’vous avez enlevé vot’main, donc je joue franc jeu. Si j’avais une main dégagée j’vous la tendrais, m’sieur l’argonien. Vous la prendriez ?  




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La maison de maîtresse Ursula




Kathie était inquiète. Elle avait entendu un grand bruit, comme si le toit de sa maison allait s’écrouler, et depuis tous les adultes couraient partout. Habituellement il arrivait que des gens courent, sans prendre attention à elle, mais c’était plutôt pour entrer.

Ce soir, Kathie avait pourtant tout fait comme il fallait : elle avait puisée de l’eau dans le puits, nettoyé les assiettes et rangé les vêtements des damoiselles dans les paniers. Maîtresse Ursula lui avait donné une pièce puis lui avait permis de dormir dans le grenier, en attendant que les monsieur qui entraient dans les chambres des mademoiselles partent.

Mais là, les mademoiselles couraient aussi partout, et Kathie n’y comprenait plus rien. Alors elle attendait.

L’une des portes s’ouvrit, et Clothilde en sortit. C’était une mademoiselle nouvelle, mais Kathie l’aimait bien. Parce qu’elle était blonde, comme elle !

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Clothilde enfila une simple robe de nuit, puis sortit de sa chambre tout en la boutonnant. Kathie, la petite nordique de neuf ans, se tenait là, à l’étage, au centre du couloir si fréquenté de nuit. La propriétaire avait recueilli l’orpheline dans la rue, et l’employait depuis pour de menues corvées.

La bretonne s’empressa de finir de dissimuler sa chair d’albâtre sous le lin blanc, puis s’approcha de l’enfant.
— Tu ne devrais pas être à l’étage Kathie. Tu sais que maîtresse Ursula te gronderait si un homme te voyait.
— Je sais, mademoiselle Clothilde ! J’étais au grenier ! Mais y’a eu du tonnerre, alors j’ai eu peur, donc je suis descendue.

La femme parut réfléchir un instant, une expression indéchiffrable sur le visage, comme si elle un souvenir depuis longtemps oublié remontait en elle. Elle était très belle. Kathie se mit à jouer avec l’une de ses boucles blondes, mais Clothilde lui prit la main.
— Tu as les mains froides ! réagit l’enfant.
— Je sais. Tu dois m’accompagner, Kathie, on va descendre avec les autres. Et je te raconterai une histoire.

Elle accompagna l’enfant au rez de chaussée, s’installa dans un recoin puis la prit dans ses bras. Entamant un conte de nuit d’hiver, elle se demanda combien de temps les traqueurs resteraient sur place.

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Un océan de plaisir, et en même temps si faible ! Orvas Hlaalu se réveillait. C’était à chaque fois pareil avec cette courtisane. Lui, Seigneur Dunmer ambassadeur à la cour impériale, lui qui avait vécu deux-cents ans et qui pensait avoir tout expérimenté, tout vécu, subjugué par une simple pute ?

Il l’inviterait à sa cour. Les sensations qu’elle lui inspirait étaient tellement étranges qu’il en oubliait toutes les autres catins. Un cliquettement métallique le tira de ses rêveries : à sa fenêtre, des officiers, en armure ! Dagoth le scandale s’il était vu ici !

Oubliant d’un coup la mystérieuse Clothilde, il revêtit rapidement braies et tuniques, puis dévala les escaliers. A son grand dam, les gradés étaient déjà entrés. Saisissant sa seule chance, il fonça vers la porte du sous-sol puis gagna les égouts.

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Ulic avait une confiance et une admiration absolue en son visionnaire. Il ne pouvait se tromper. Cependant, bien qu’endurci aux arts de la traque, de la guerre et de la magie, il s’était sentit mal dès qu’il avait aperçu la lanterne rouge. Quoi, une maison close, à quelques rues du temple, c’était révoltant !

La tenancière de l’établissement avait paru très gênée au moment d’ouvrir, et il le comprenait. Mais parmi toutes ces catins rangées contre les murs, parmi tous ces maquereaux et clients penauds, pouvait se cacher le disciple qu’ils cherchaient.

Un dunmer dégringola d’un escalier. A leur vue, il jura puis s’engouffra dans un colimaçon.
— Il est là ! hurla le traqueur, et il s’élança à sa poursuite.

Modifié par Trias, 28 mars 2009 - 21:25.


#81 Ygonaar

Ygonaar

Posté 29 mars 2009 - 15:57

L'alliance

    
  
  Main-d'Ombre réfléchissait intensément à ce que lui disait la mage. Elle  semblait avoir été ébranlée, réagissant de tout son corps, lorsqu'il avait  abordé la question de la Khajiit. Il lui aurait été si simple d'avouer que ce  n'était qu'un simple attrape-nigaud pour le repérer, ça ne lui coûtait rien dans  sa position actuelle. Alors pourquoi ? Il commençait à soupçonner que sa  prisonnière soit aussi candide qu'elle voulait le faire croire. Tout  s'emboîtait trop parfaitement, notamment l'attitude de leur guilde respective.

        Cela soulevait un autre problème. La vampire, qui serait  donc à la recherche du collier de la Brétonne, avait commencé à s'en prendre à  Aradon. Uniquement parce qu'il avait croisé sa route, semble-t-il. Or il  s'était lui-même opposé à elle de manière assez véhémente. Il était même fort  possible qu'elle n'ait pas ressentie une telle douleur depuis un sacré paquet  d'années. Et cette sorcière avait longuement étudié sa dague et son sachet de  boulettes-éclairs. Combien de temps avant qu'elle ne le retrouve et ne lui tombe  pas dessus à l'improviste ? La peste soit de l'enténébration et des zones  de foudre, se serait-il intervenu s'il avait eut sur le coup toutes ses  facultés de raisonnement ? Décidemment, la proposition de la rouquine  commençait à avoir de plus en plus d'attrait, notamment celle d'avoir une force  de frappe à disposition maniant les boules de feu…

    — Puisque la gaupe a récupéré votr' babiole, elle va  nous fiche la paix, non ? Mais est-ce férin, avec vos histoires de  baguette et de Sh'éam que vous m'avez toujours pas dégoisé qui c'était ?  Sinon, z'avez un fichu problème, car m'est avis qu'au prochain coup qu'elle se  revanchera, échaudée comme elle l'a été, la suceuse f'ra moins sa faraude et  vous n'l'entraverez qu'une fois dépiautée. A moins qu'j'sois là, d'évidence…

        Il trancha d'un geste rapide les lacets de cuir ficelant  étroitement sa captive, et ôta le bandeau. Effrayante vision que ce mufle  reptilien avec cette étrange blessure rougeâtre semblant couler de sa tempe  droite, qui essayait de sourire de toute sa dentition acérée. Et qui  contrastait singulièrement avec son timbre chaleureux.

    — Ores z'êtes libre comme l'eau ! Frottons-nous  les paumes comme vous disiez, s'exclama-t-il en lui tendant une main  griffue.  Mais avant qu'j'aille  récupérer votre bataclan, faudrait m'affranchir d'avec quoi vos cinquanteniers  vous collaient au croupion, histoire d'éviter les surprises pendables. Ensuite  j'vous amèn'rais dans un racoin douillet, car ça m'esbrouferait qu'on fasse  rien d'mieux cette nuit.

        En revanche, si le saurien ne souriait plus et que sa voix  prenait des accents désolés, ses yeux semblaient briller d'une curieuse lueur  narquoise lorsqu'il enchaîna :

    — Ah ! Et si vous vous sentez que la ventraille devient sinoque et se débonde, vous faites pas d'bile. C'est pas bien galant mais ça pass'ra assez vite.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:50.


#82 Trias

Trias

Posté 29 mars 2009 - 17:23

Bonnie & Clyde




— A priori, oui, répondit prudemment la captive, remarquant le changement de ton de l’argonien. Plus d’bijou, plus d’ennuis. Quant au monsieur Sh’éam, c’est leur patron, et apparement il serait mort. Euh, détruit j’veux dire, se reprit-elle aussitôt. A part qu’il s’appelait Raphaël Kalérion et qu’il faisait des expériences pas très religieuses sur des gens périmés depuis longtemps, j’en sais pas vraiment plus sur lui.

Il y eut un courant d’air à côté d’elle, et Maelicia se raidit. L’instant d’après, elle était libre, et redécouvrait avec... un léger mouvement de recul le faciès du reptile. Elle resta un moment intimidée devant ce monticule d’écailles aux pupilles verticales injectées de pourpre, puis esquissa un sourire. L’humanoïde parut soudain se rappeler de quelque chose, et exhiba soudain une double rangée de crocs tranchants comme des rasoirs.  

— Ores z'êtes libre comme l'eau ! Frottons nous les paumes comme vous disiez, s'exclama-t-il en lui tendant une main griffue.

La rouquine hésita une seconde. Ca allait certainement être une drôle d’aventure, mais après tout ? Logeant sa main gantée dans les griffes du roublard, elle déclara :
« Marché conclu, m’sieur lézard... » et scella leur association.

Enfin elle se leva, radieuse, et profita de sa liberté retrouvée pour assouplir son corps ankylosé.

— Avant qu'j'aille récupérer votre bataclan, faudrait m'affranchir d'avec quoi vos cinquanteniers vous collaient au croupion, histoire d'éviter les surprises pendables, lança Vrai-nom, sur le ton de la conversation.

Le sourire de Maelicia s’effaça instantanément.
— C’était PAS par mes fringues, rétorqua-t’elle d’un ton sans réplique, étrécissant les yeux. Y z’ont tout à fait pu nous suivre comme on suit habituellement, Ulvasa a rien fait pour se cacher, expliqua-t’elle aussitôt tout en se radoucissant. Il y eut un silence, et elle en profita pour fureter dans les diverses malles et paniers du local, à la recherche de ses bottes et de sa cape. L'absence de lunettes lui faisait plisser les yeux.

— Bon au fait, c’est quoi la suite du programme, m’sieur l’guide ? J'sais pas vous, mais moi j'suis crevée... ajouta-t’elle, tout en continuant la fouille.

— J'vous amèn'rais dans un racoin douillet, car ça m'esbrouferait qu'on fasse rien d'mieux cette nuit.  Ah ! Et si vous vous sentez que la ventraille devient sinoque et se débonde, vous faite pas d'bile. C'est pas bien galant mais ça pass'ra assez vite.

— J’vous suis, acquiesça Maelicia, un brin de résignation dans la voix, abandonnant ses recherches. De toute façon la cantine était pas terrible, aujourd’hui, capitula-t’elle.

Et de fait, son estomac était en révolution.

Modifié par Trias, 29 mars 2009 - 20:52.


#83 Darkhammer

Darkhammer

Posté 29 mars 2009 - 18:54

Le chevalier d'ébène vit le géant lui bondir dessus. Déstabiliser quelque peu par la masse d'air déplacer, il se dit que cela allait sans dire, ce combattant était bel et bien puissant. Ce qui n'était pas pour déplaire au guerrier qui semblait avoir pris place dans les ténèbres de la guerre.

  D'un bon peu agile mais surprenant au vu de sa hauteur et sa vitesse comparer à l'armure qu'il portait, le chevalier esquiva de peu l'assaut violent. Le géant d'ébonite frappa le sol dans un violent fracas, faisant voler en éclat tout ce qui avait pu subir l'assaut.

  Le chevalier, beaucoup moins imposant que son adversaire, s'était bien reçu et s'apprêtait à répondre à l'attaque de la créature de Sh'éam.

  Sa démence était telle que tout cela semblait ne pas l'inquiété, l'afflux de puissance noire qui émanait de sa cible n'avait aucun impact sur lui, grand ou petit, fort ou faible, l'important pour lui, s'était de se battre,

  Dans son regard on pouvait pourtant lire une souffrance, voir même celui d'un combat encore plus grand que celui qui se dressait devant lui. Se yeux reflétant la démence était animé par une lueur étrange et indescriptible, comme si son âme elle-même voulait fuir de son corps.

  « Vas-y ! Attaque ! Attaque ! Tu l'écraseras, comme toujours ! Mais fait attention, il est fort, très fort »

  Le chevalier semblait se parler à lui-même, mais d'une façon que l'on aurait pensé voir deux personnes distinctes.

  « Fiche moi la paix, je sais quoi faire, je n'ai pas besoin de toi, je te l'ai déjà dit ! »

  Il se mit à ricaner dans son élan pour attaquer l'immense colosse.

  « Très bien, mais ne viens pas te plaindre lorsque tu devra récupérer les morceaux de ton corps déchiqueter et éparpiller aux quatre coins de Tamriel, mais il est vrai que cela ferait un si beau spectacle ! »

  « La ferme j'ai dit ! »

  Dans un hurlement de rage, le chevalier d'ébène fondit sur sa cible invoquant la magie de sa lame ténébreuse.

Avec une vivacité hallucinante, le chevalier emplis de fureur abattit sa lame sur le colosse d'ébonite.
Une explosion d'énergie s'en suivit dégageant une masse de poussière prodigieuse, peu à peu, les décombres retombant, ceux qui purent assister à la scène purent voir le chevalier d'ébène, encore dans les airs, qui forçait sur son épée, dans un feux d'artifice fait d'étincelles, afin de tenter de briser la défense croisée des deux claymores de son ennemi.

Une seconde onde de choc retentit, cette fois beaucoup plus bruyante de que lors de l'impact premier, lorsque le colosse d'ébonite parvint à repousser son assaillant, le renvoyant à plusieurs mètres de lui.

Le chevalier d'ébène se réceptionna violemment sur une dalle de pierre qui vola en éclat sous le choc, un genou à terre, il ne tarda pas à ce relever, redressant son arme des ténèbres dans la direction de la créature de
Sh'éam...

Modifié par Darkhammer, 30 mars 2009 - 22:45.


#84 Ygonaar

Ygonaar

Posté 30 mars 2009 - 23:44

La pause

  

  
— A priori, oui, déclara l’humaine. Plus d’bijou, plus d’ennuis. Quant au monsieur Sh’éam, c’est leur patron, et apparemment il serait mort. Euh, détruit j’veux dire. A part qu’il s’appelait Raphaël Kalérion et qu’il faisait des expériences pas très religieuses sur des gens périmés depuis longtemps, j’en sais pas vraiment plus sur lui.

  — Donc c’est plutôt d’la veine qu’on vous ait chouravé votre affûtiau, si j’entrave correct ? Lui répondit le lézard, qui trouvait la chose étrange. Pourquoi ce collier avait une telle valeur pour la disciple et si peu pour Maelicia, une simple relique sentimentale ? Et les pontes de la guilde, ne s’étaient-ils pas rendu compte du danger de la situation ?

— Ores z'êtes libre comme l'eau ! Frottons nous les paumes comme vous disiez

  « Marché conclu, m’sieur lézard... » lui dit Maelicia en lui tendant à son tour une main bardée de métal. L’Argonien toisa avec une visible désapprobation le gantelet, sursit une seconde avant d’accepter la poignée.

  — Avant qu'j'aille récupérer votre bataclan, faudrait m'affranchir d'avec quoi vos cinquanteniers vous collaient au croupion, histoire d'éviter les surprises pendables, lança Vrai-nom, sur le ton de la conversation.
— C’était PAS par mes fringues, rétorqua-t-elle avec véhémence. Y z’ont tout à fait pu nous suivre comme on suit habituellement, Ulvasa a rien fait pour se cacher.

  — Z’ en êtes certaine, vous les avez apurés ? J’cuidais d’après vos dires que vous avez récemment gambergé que votre gilde vous embabouinais… Et si elle vous toise comme une recrue sacrifiable, vous fait-elle vraiment plus créance qu’à Aradon ? Car je suppose qu’ils ont bien dû réussir à envoûter le grippeminaud en loucedé, non ?

  
— Bon au fait, c’est quoi la suite du programme, m’sieur l’guide ? J'sais pas vous, mais moi j'suis crevée...
— J'vous amèn'rais dans un racoin douillet, car ça m'esbrouferait qu'on fasse rien d'mieux cette nuit. Ah ! Et si vous vous sentez que la ventraille devient sinoque et se débonde, vous faite pas d'bile. C'est pas bien galant mais ça pass'ra assez vite.
— J’vous suis, acquiesça Maelicia, d’un ton lugubre. De toute façon la cantine était pas terrible, aujourd’hui.
— On va s’escamper par le lac. Ca bigornera complètement notre piste et peu de gonciers seraient capables de m’y agrafer, même en vous paumoyant. Ca froidira aussi un peu vos spasmes et les… fuites s’ébrèneront d’elles-mêmes. Dans l’même ordre d’idée, ça résoudra le problème attigent qu’va causer votre fourbi. En revanche, vous allez cailler sec, j’préfère vous avertir.

  L’Argonien se coula hors de la masure pour aller fouiller le fumier. Il revint avec diverses breloques malodorantes, dont des binocles à la transparence maintenant des plus douteuses. Il les tendit à sa nouvelle alliée, avec un air contrit heureusement souligné par ses inflexions.

  — Z’êtes bien sûr de pas vouloir vérifier si on nous a pas fourgué une balise ?

  

  Il entraîna ensuite une magicienne bien peinée de sa personne dans l’onde glacée, faisant fi de ses récriminations à voix basse. Il lui passa un bras sous l’aisselle pour lui maintenir le menton, et le reste de la face par la même occasion, hors des flots. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’un gros rongeur fleurant la spécialité fromagère fut séduit par le front et la dense chevelure de la rouquine comme promontoire. Expérience des plus insolites, surtout avec un saurien vous propulsant silencieusement dans l’eau opaque de sa queue puissante.

     Après un laps de temps jugé interminable pour une Brétonne proche de l’hypothermie, ils s’engagèrent dans un petit canal et s’arrêtèrent devant une minuscule bicoque de pêcheur perdue parmi ses semblables. Sa porte miteuse déverrouillée dévoila une petite pièce éclairée d’une unique fenêtre, mais empestant l’urine de rat, ne laissant qu’à grand mal les plus attentifs deviner d’autres fragrances bien plus ténues et exotiques.

     Une fois allumé, l’âtre dévoila une unique et misérable pièce, ne contenant guère qu’une paillasse, une armoire, un vaisselier, une table, une chaise, un tonneau… et une grande cage abritant une dizaine de muridés où Sire Maroilles fut expédié. Le sol dallé comme les murs de rotins suintaient d’une humidité que les flammes repoussaient avec peu de conviction. Un vieux tapis et un filet à un mur essayaient avec courage d’égayer ce taudis.

     —On d’vrait être en sureté ici. J’n’ai point de nippe pour Peau—molle, mais j’peux me fendre d’une couvrante bien sèche pour l’moment, sinon vous allez baisoter Arkay. Pas d’effarouch’ment, j’vais m’retourner, mais j’peux vous bouchonner si vous voulez, lança Vrai-Nom en même temps qu’une épaisse couverture. Et il s’exécuta tout en se dévêtant lui-même. Enfin presque, puisqu’il s’arrangea pour que Maelicia fût à l’extrême limite de son considérable champ de vision lorsqu’elle ôterait ses bracelets.

     Une fois vêtu d’une longue limace de jute, il étendit consciencieusement les habits détrempés, mais surtout les feuillets contenus dans le contrat de la guilde des voleurs, sur une corde à proximité de la cheminée. Il sortit alors quelques provendes, charcutailles, harengs fumés, pain blanc presque frais, noix et figues sèches et céda son unique siège à sa convive.

     —Devriez becqueter, ça f’rait du bien à vos tripes. Si l’eau du quartaut est honnête, j’vous prône tout de même mon oxymel dans votre état, ou ma prune qu’vous aviez pas l’air de détester tantôt. Après, vous pieuterez dans mon pucier. Mais n’flânochez pas sans m’en avertir d’abord, ça peut être funeste.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:55.


#85 Trias

Trias

Posté 04 avril 2009 - 07:20

Un Héros pour la cité




Les hommes de la sixième décurie restaient pantois. Camouflés à une distance respectable du combat, dissimulés derrière les décombres, ils observaient d’un oeil ébahi le champion inconnu assaillir le colosse. Ce même colosse qui venait de détruire deux cohortes, de ravager des dizaines d'habitations et de moissonner des centaines de vies.

Avec une incroyable audace, le chevalier d’ébène se précipitait à nouveau sur le monstre d’ébonite. Esquivant d’un saut une ouverture autrement fatale des deux lames, roulant un instant sur lui même, il asséna une formidable attaque à ce qu’il pensait être le point faible du géant : son genou. Dans une gerbe d’étincelles rougeâtres, Aenerian mordit, arrachant un trait entier de métal sombre comme s’il s’était agit de beurre.

L’escouade de légionnaires éclata d’un cri de joie, alors que le Silence chancelait.

Tel n’était pas le cas du guerrier : sa lame coinçée à mi-profondeur de l’articulation, des éclats rougeâtre de matière fondue et d’autres magies lui sautant au visage, une résistance s’opposait à sa progression. Le spectre abrité par la roche volcanique maintenait la cohésion de l’armure.

La riposte ne tarda pas, l’abomination pivotant brutalement sur elle même pour expédier le guerrier contre un bâtiment adjacent. Miracle entre tous, l’humain trouva la force de retenir sa lame de ses poings crispés. Bien lui en prit : l’un des deux immenses espadons vrombissait, percutant sa garde avec une violence inouïe.

Les hommes d’armes fermèrent les yeux, tristement. Quelle ne fut pas leur surprise de constater que leur sauveur vivait toujours : encastré dans le mur, un océan de rayons couleurs sang et ténèbres s’échappant de sa lame maudite, le chevalier parait l’attaque du géant, sans toutefois parvenir à l’écarter. De sourdes et profondes vibrations parvenaient de la créature, comme en réponse aux éclats malveillants d’Aenerian.

Soudain, la contrainte se leva, et un deuxième hurlement du vent annonça sa perte : la créature tourna sur elle même dans le sens opposé, entrainant ses deux lames dans le dos de l’édifice, et donc de son opposant. Dans un vacarme ahurissant, la bâtisse fut démolie, et son courageux adversaire enseveli sous une montagne de décombres tandis qu’un tranchant trop dense pour être vrai venait le surprendre.

Le silence revînt. L’espoir venait de faillir. De sa pesante démarche, le colosse piétina la butte que constituait désormais l’habitation effondrée, puis s’en fut vers le lac.

L’escouade de Demetrius s’approcha, et l’un des hommes cria : là, sous un pan de mortier, bougeait une main gantée.




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Damoiselle homéotherme





— Z’ en êtes certaine, vous les avez apurés ? J’cuidais d’après vos dires que vous avez récemment gambergé que votre gilde vous embabouinais… Et si elle vous toise comme une recrue sacrifiable, vous fait-elle vraiment plus créance qu’à Aradon ? Car je suppose qu’ils ont bien dû réussir à envouter le grippeminaud en loucedé, non ?

Le silence reprit ses droits l’espace de quelques secondes, avant que l’intéressée ne le brise
— Nan, j’en suis pas certaine, m’sieur le lézard... Mais à vrai dire, j’ai pas vraiment envie d’m’en assurer là-maintenant-devant vous, si vous voyer c’que j’veux dire... , répondit-elle avec une moue provocante, tout en plantant directement l’éméraude de ses iris dans celles du lézard, avant de reprendre ses recherches.

L’inconfortable pesanteur du mutisme ne s’installant que trop vite, elle crût bon d’enchaîner rapidement sur les plans de son nouvel associé, histoire de changer de sujet. En dépit se son écoute distraite, ponctuée regards en direction des derniers paniers de la tannerie, elle saisit suffisamment bien pour esquisser une grimace.

— On va s’escamper par le lac... exposa-t'il. Ca bigornera complètement notre piste et peu de gonciers seraient capables de m’y agrafer, même en vous paumoyant. Ca froidira aussi un peu vos spasmes et les… fuites s’ébrènerons d’elles-mêmes. Dans l’même ordre d’idée, ça résoudra le problème attigent qu’va causer votre fourbi. En revanche, vous allez cailler sec, j’préfère vous avertir.

L’argonien s’esquiva sans demander son reste, laissant sa victime méditer sur l’attigence qui avait bien pu s’abattre sur son matériel. Ce ne fut que lorsqu’un délicat fumet de selles macérées accompagna le retour de ses bottes favorites qu’elle comprit l’idée, examinant, humant et soupesant ses frusques avec déconfiture.

— Z’êtes bien sur de pas vouloir vérifier si on nous a pas fourgué une balise ?
— Vous voulez parler d’leur nouvelle couleur ou d’ce t’odeur de bouse ? ne put-elle retenir, avec un tel regard de bête blessée que le saurien n’insista pas.

Alors qu’il se dirigeait d’un pas discret mais déterminé, Maelicia l’accompagna sans entrain. Journée de merde, pensa-t’elle en fixant le lac, froid et moqueur.


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Astres lointains ou miroirs des dieux, un parterre d’étoiles se reflétaient sur la surface polie lac, dont une discrète brise venait troubler la surface. Le reptile fendit les eaux avec la facilité du nageur persistant, tandis que la bretonne frissonnait à la seule idée de l’imiter. Lors de leur escapade aux égouts, ils s’étaient déjà immergés jusqu’aux cuisses dans la masse des eaux sombres, et le souvenir en était frigorifiant. La perspective d’y plonger plus profondément ne l’enchantait guère.  

Elle allait improviser un quelconque contre-argument que son vigilant tortionnaire la saisissait déjà par le menton, histoire de couper court à toute répartie (commençait-il déjà à la connaître ?) et de l’entraîner dans l’onde tout en préservant sa respiration.  La rouquine eût bien un pitoyable éclat de voix lorsque le liquide glaçé lui lécha l’abdomen, mais ne put la suite qu’endurer en silence alors que son guide la propulsait. Elle crût même percevoir un éclair moqueur dans les yeux du saurien lorsqu’il lui infligea la baignade. Comble de l’inconfort, la mascotte du lézard émigra dans sa chevelure, manquant de la faire passer dans un état second. Luttant contre l’hypothermie, elle s’acharnait néanmoins à décrire quelques mouvements natatoires de ses membres restés libres.

Soudainement, la bretonne eût un spasme et disparut dans l’onde. Elle émergea presque aussitôt, tenant le rongeur par la queue tandis qu’une nappe saumonée se dessinait derrière eux. Alors qu’elle redéposait son invité capillaire sur son hôte d’origine, Vrai-nom comprit que les restes de son dernier repas dérivaient probablement vers le fond du lac.

La peau-molle ne se fit pas prier lorsqu’il fallut gagner la terre ferme. Lorsque les premières flammes illuminèrent l’âtre, la rouquine tremblait de tout son corps, les bras croisés contre sa poitrine en une vaine tentative de retenir la châleur.

— On d’vrait être en sureté ici. J’n’ai point de nippe pour Peau—molle, mais j’peux me fendre d’une couvrante bien sèche pour l’moment, sinon vous allez baisoter Arkay. Pas d’effarouch’ment, j’vais m’retourner, mais j’peux vous bouchonner si vous voulez, proposa-t’il alors, en lui tendant une couverture.

Incitatif, il se dévêtit lui même devant son interlocutrice, tout en l’observant du coin de l’oeil. A sa grande surprise Maelicia ne fit pas prier pour s’arracher ses vêtements, les gantelets cédant avec une vibration métalloïde au contact l’un de l’autre. Châle, chemise, bottes et collants trempés volèrent, découvrant un épiderme inhabituellement pâle par rapport à l’insula. Sa jupe, bien qu’humide jusqu’à la trame, assura toutefois la sauvegarde de son intimité alors qu’elle s’emmitouflait dans une couverture de laine brune.  

Il ne comprit le pourquoi de ce revirement qu’alors qu’elle se rapprochait de l’âtre : ses lèvres habituellement rosées avaient pris une méchante coloration bleutée, tandis que de violents frissons lui parcouraient l’échine. Elle respirait rapidement, mais lui dédia tout de même quelques mots, ses bras à nouveau recourbés sur elle même, semblant prendre conscience de son observation :

— Ccc cc ca ira, mm mm mm'sieur ll l'lézard *renifle*. Cccc ccc'est jjj jjjuste qq que çççç ça pelait ss ssacrémm mment danns vv votre  fff fffou ffffoutu dd'bain dd de mm mmm mmibbbuit beuh... mi mmiNuit ! Aaa aah à  qqq qqqui llla fff faute ss ssi j’dois mm me dé dddd ddé ddéfringuer  ààà aaah *tchoum*  chh chhaque fff fois, hhein ?? *snif* Rre rrecommenccc ccez  ppp ppas sss sssinonn jj jjj'vvous emm emplumme !

Les tremblements de la gamine semblèrent s’atténuer légèrement sous la couvrante. L’étudiante accepta même de la miche de pain et un gobelet d’eau, puis esquissa un sourire.
— Jjj’bois pas d’aaalcool, berci. Cooc ccomment vvv vvous fffaites pppour pas hibbberber par un ff froid ppareil ? Jjj jj’croyais qq qq’les rrr rreptiles ééé éétaient poïkilothermes ?

Modifié par Trias, 04 avril 2009 - 21:44.


#86 Darkhammer

Darkhammer

Posté 04 avril 2009 - 18:20

Il faisait noir autour de lui, mais il voyait rouge. Ensevelit sous les gravats, le chevalier d'ébène tentait de se libérer, mais seul sa main avait pu parvenir vers la surface, l'espace trop étroit que pour faire levier pour déplacer le pan de mur qui le plaquait au sol.
Soudain un mouvement se fit ressentir, quelques cris d'effort se firent entendre et le guerrier pu voir à nouveau la lumière. Un garde pencher au dessus de lui s'écria: « Il est en vie! Donnez moi un coup de main ! »


  Deux autres soldats se joignirent à lui pour extirper le chevalier d'ébène légèrement vaseux de son trou.

  « Vous croyez qu'il va s'en sortir ? » Dit le premier soldat.

  « J'en sais rien, je comprend même pas pourquoi il est toujours en vie… » Répondit le second

  « A mon avis il ira plus très loin… » Ajouta le troisième

  « On ne peut rien faire pour lui de toute façon… » Conclut le premier.

  Le chevalier d'ébène revint peu à peu à lui, il tenta une première fois repoussant les gardes mais retomba aussi sec… Il prit ensuite appuis sur sa lame qu'il tenait fermement dans ses mains pour se relever un peu avant de s'asseoir contre un morceau de mur encore debout.

  « Ha ha ha ! Je t'avais prévenu, je suis étonner que tu aie survécu d'ailleurs. Pas de chance ! »

  « Tais-toi ! Je t'ai dit de la fermer ! »

  « Rigole un peu, tu as survécu grâce à ces mortels. »

  « Ouais ouais… Costaud ce bougre… »

  « Un peu trop, je te l'avais dit, il ne fait pas partie lui non plus du commun mortel… Tu ne l'es plus grâce à moi, mais tu manque d'expérience en matière de magie… Tu ne me maîtrises pas comme tu pourrais le faire… »

  « Je sais… Mais d'habitude ils ne sont pas comme ça… A chaque fois que c'est toi qui décide du lieux où aller chercher de quoi combattre, on se retrouve dans cet état là… »

  « C'est parce que je choisi de vrai adversaire ignare ! »

  « Le jour où tu sera brisé durant un combat, on verra qui est l'ignare… »

  « Hahum… Ce n'est pas la question ! »

  « Ca peut l'être… »

  « Bon tien toi tranquille maintenant, si tu veux que je puisse régénérer tes blessures en moins d'un jour, faut pas te fatiguer… Crétin de guerrier… »

  « Au fait, je t'ai dit tantôt de la fermer… »

  Les soldats étaient ébahit par le monologue du chevalier d'ébène. Leur héro semblait proie à la folie…

   « Ha! Ca m'étonnait qu'il soit encore en vie… Mais à mon avis c'est sa tête qui a tout pris… » Dit l'un des soldats…

  Le chevalier d'ébène lança un regard noir au soldat tout en pointant sa lame vers lui

  « Si j'étais un peu plus apte au combat, tu n'aurais déjà plus de langue… »

  Le chevalier ôta son casque. Il était fortement abîmé et l'empêchait de respirer.

  Il avait des cheveux mi-courts blonds dans lesquels apparaissaient de nombreuse mèche blanche étrange pour son âge, les traits de son visage étaient fort marqués comme s'il n'avait pas dormis depuis facilement 2 semaines. Le plus inquiétant était ses yeux bleu azure, au fond desquels brûlaient une lueur étrange et malveillante… Au premier regard il aurait semblé plus ou moins normal, mais plus les soldats l'observaient, plus une sensation de malaise les parcourut comme s'ils ne riraient plus jamais…

Modifié par Darkhammer, 04 avril 2009 - 18:23.


#87 Ygonaar

Ygonaar

Posté 05 avril 2009 - 14:27

Chrysalide

  

  — Jjj’bois pas d’aaalcool, berci. Cooc ccomment vvv vvous fffaites pppour pas hibbberber par un ff froid ppareil ? Jjj jj’croyais qq qq’les rrr rreptiles ééé éétaient poïkilothermes ?

  — iberber  des policlodermes ? J’entrave que dalle à c’que vous m’chantez là. Et l’oxymel, c’est point d’la rincette mais d’la médecine, dans vot’cas ! répondit l’intéressé en aérant la mauvaise courtepointe de sa couche. Et en parlant d’purge, devriez empoicrer vos blessures avec cette embrocation, si vous voulez obvier l’mal noir, continua-t-il en dénichant un gros pot de grès aux tenaces effluves de camphre et de graines de bergamote.

  Il se mit alors en devoir de s’improviser une litière près du foyer et de s’y lover en boule.

  —    Roupillez bien. M’est avis que demain s’ra guère peinard…


жжж

  

  

Une peau opaline et une crinière fauve,

  

Damoiselle lutine aux fragrances de mauve,

  

Quelle vile rapine la mène en piètre alcôve,

  

D’un lézard sombre de mine et aussi pauvre que chauve ?

  
  Le timide rayon de soleil d’une maussade journée de Soufflegivre taquinait le visage de Maelicia, à défaut d’éclairer convenablement la mansarde. Il permettait toutefois de deviner les couleurs bariolées bien que délavées des vêtements de l’Argonien. Celui-ci posa son étrange luth sur la table et, ôtant un extravaguant chapeau à plumes, se fendit d’une révérence.

  — Permettez-moi de vous présentez mes hommages du matin… de midi devrais-je plutôt dire. Je me nomme Danse-Mot, piètre baladin, bonimenteur avéré et présumé poète. Et si mon verbiage vous est aussi pénible que sa médiocrité est évidente, je ne puis que vous suggérer de vous restaurer au plus vite !  Mais au préalable, souffrez que je vous amène ces quelques défroques qui devraient êtres bien sèches à cette heure.

  Le sosie de Vrai-Nom, si ce n’est la vilaine blessure à la tête, amena à Maelicia ses habits, portables bien que sentant un peu le fumé. Il décrocha ensuite les feuillets de la guilde des voleurs et, tournant ostensiblement le dos à la jeune fille, se mit à les étudier.  Une fois cette dernière vêtue et venue se restaurer, il exprima sa contrariété.

  — La peste soit de cette encre ! Les coulures rendent ces billets illisibles ! Vous qui les avez déjà parcourues, auriez-vous l’obligeance d’essayer de les déchiffrer à nouveau ?

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:58.


#88 Darkhammer

Darkhammer

Posté 05 avril 2009 - 21:40

Un gigantesque marteau frappait sur le crâne du guerrier, enfin, c'était l'impression qu'il avait, il était légèrement vaseux…

  « Te voilà enfin éveillé ! Cela fait déjà un moment qu'un garde t'a amené pour que je penser tes blessures.

  
Le guerrier observa un moment l'homme qui se tenait assis non loin de lui, c'était un orque d'âge avancer dont les blessures au visages montrait qu'il avait déjà souvent combattu.

  « Les gardes ? On est en prison ? »

  
L'orque se mis à rire

  « Non, mais ça peux y ressembler au premier regard. Les gardes qui t'ont amené ont demandé au chef de s'occuper de toi car ils

n'avaient pas le temps de le faire eux même avec les dégâts causer par un dit colosse immense d'ébonite. »

  « Où sommes-nous ? Et qui es-tu ? »

  
L'homme se redressa et s'avança

  « Moi c'est Morgrak, mais ici on me surnomme Morglum Brise-nuk. Tu te trouves actuellement dans les souterrains de l'arène de la

cité impériale, dans l'aile où l'on recolle les combattants grièvement blesser. »

  
Le chevalier d'ébène se redressa et observa les alentours.

  « Pourquoi ? Pourquoi m'ont-ils aidé ? »

  
L'orque sembla troubler.

  « Ben, tu en a sauvé plus d'un en combattant ce monstre de métal. Ce n'était pas ton but ? »

  
Le guerrier se mis alors à rire

  « Mon but était simplement de trouver quelqu'un de plus fort que moi, je l'ai d'ailleurs trouvé sur ce coup là. Je n'avais que faire de leur vie. »

  
L'orque sembla d'avantage troubler sur le coup, puis de mis à rire lui aussi

  « J'aime cet état d'esprit, mais tu risque de laisser en fin de compte à force de faire cavalier seul, tu était salement amoché sur ce

coup-ci. D'ailleurs je comprend même pas comment tu as cicatriser si vite. »

  
Le guerrier souleva son épée, toujours parfaitement maintenue dans sa main, et ce même lorsqu'il avait été inconscient.
  « C'est grâce à cette épée que j'ai pu éviter d'y laisser ma vie. Son pouvoir m'a maintenu en vie, mais il a des limites, il est vrai

que je dois limiter les dégâts, Si je meure, magie ou pas, rien n'y fera. »

  
Morgrak observa la lame, il est vrai que la détermination du guerrier à la maintenir dans ses mains l'avait étonné, il comprenait à présent pourquoi.
  « Aufait, tu portes un nom ? »

  
Le chevalier d'ébène sembla se perdre quelques instants dans ses pensées.
  « Je me nomme Briséadius Danselame. »

L'orque conclut alors la discutions en disant

  « Et bien mon cher Brise, heureux de faire la connaissance d'un fier guerrier tel que toi… »

Modifié par Darkhammer, 05 avril 2009 - 21:55.


#89 Trias

Trias

Posté 11 avril 2009 - 10:05

Candide




D’ici deux courtes heures, l’astre du jour parviendrait à son Zénith. Main-d’ombre savait qu’il était considéré comme impoli et déplacé d’interrompre le sommeil des sang-chauds avant leur réveil. Hélas, la spontanéité de ce dernier se faisait tardive : l’humaine dormait à poings fermés, sa tête reposant sur l’édredon de paille tressée sans plus de tonus que celui d’une poupée de lin. La curiosité étant mère de l’audace, il se rapprocha néanmoins et sussura :

Une peau opaline et une crinière fauve,
Damoiselle lutine aux fragrances de mauve...


La réaction de la mammifère ne fut pas celle qu’il escomptait : emplissant ses poumons d’air, elle inspira bruyamment, puis se retourna dans sa couverture pour finalement lui tourner le dos et poursuivre sa nuit dans l’indifférence la plus complète. En un sens, elle répliquait par l’indélicatesse à l’impromptu de son laïus. S’enhardissant devant cet accueil, le saurien s’empara de son luth, et en fit puissamment vibrer les cordes tout en scandant d’une voix sonore :

Quelle vile rapine la mène en piètre alcôve,
D’un lézard sombre de mine et aussi pauvre que chauve ?


— Ahhhhhooooummm.... lâcha-t’elle enfin, étirant les divers muscles et tendons de son corps assoupi, dans une cambrure matinale.  Mmmmmh ?

Et sur ces dernières simagrées, elle ouvrit les yeux, étonnée : elle avait compris ce qu'avait dit le lézard. Bon bien sûr la formulation restait singulière, mais le vocabulaire, lui au moins était intelligible. L’image bigarrée du lézard, mosaïque vivante de velours vert et bordeau, en profita pour s’imprimer dans sa rétine.

— Hmmm ? Oh pardon ! s’exclama-t’elle soudain, réalisant le manque de considération de son attitude. Plaquant une main contre l’épaisse étoffe de laine qui la recouvrait, elle se redressa légèrement. C’était le moment que son hôte attendait : il se fendit d’une courbette outrancière, puis entreprit de se représenter.

— Permettez-moi de vous présenter mes hommages du matin… de midi devrais-je plutôt dire. Je me nomme Danse-Mot, piètre baladin, bonimenteur avéré et présumé poète. Et si mon verbiage vous est aussi pénible que sa médiocrité est évidente, je ne puis que vous suggérer de vous restaurer au plus vite ! Mais au préalable, souffrez que je vous amène ces quelques défroques qui devraient êtres bien sèches à cette heure.

— Danse-Mot ? répéta-t’elle, encore un peu hébétée tandis qu’elle se déployait de nouveau, cherchant à faire revenir la vie dans ses bras engourdis. Alors, c’est ça vot’ vrai nom ? lui demanda-t’elle innocemment, un sourire railleur venant éclairer ses commissures labiales.
Ravie d’faire votre re-connaissance, messire, alambiqua-t’elle, avant d’esquisser elle aussi une révérence, magistralement interprétée compte tenu de sa défroque. Dame Marsoric, pour vous servir...

Il paraissait difficile au saurien d’imaginer que le moindre pouvoir aie élu domicile chez cette jeune fille, dont le comportement enfantin paraissait presque volontairement accentué. Mais l’éclat rieur qui éclairait ses pupilles reflétait l’intelligence au moins autant que la candeur.

Elle récupéra avec avidité les vêtements qu’il lui tendait, puis disparut sous la couvrante. Lorsqu’elle réapparut, dans un théâtral lever de couverture, jupe, châle, collants et chemise paraient de nouveau sa frêle carnation. Tout enfilant cape et lunettes, elle s’approcha des victuailles rassemblées et en sélectionna quelques unes pour se restaurer.


жжж



— La peste soit de cette encre ! lança l’argonien, après un laps de temps jugé suffisant. Les coulures rendent ces billets illisibles ! Vous qui les avez déjà parcourus, auriez-vous l’obligeance d’essayer de les déchiffrer à nouveau ?

— Ben on va essayer, acquiesça Maelicia, en s’essuyant avec un malheureux mouchoir dégradé en serviette. En se rapprochant, il la vit remettre ses gantelets de maille, qui semblèrent soudain enserrer sèchement ses avants-bras, dans une vibration métalloïde.

Alors..., fit-elle en fronçant les sourcils, tenant d’une main le contrat tandis qu’elle se recoiffait de l’autre. :

« Les ombres te vont bien, Avidus. Jeu de piste numéro sept, bla bla bla. Trouve le jouet Causant, il est caché dans le temple. Si Magullus le trouve avant toi, tu auras perdu — ha, c’était pour moi ça ! Gardullus le cherche parce qu’il a volé la baguette de Magullus — ils doivent parler du bâton, là... — Demande au jouet où il a caché la baguette, Magullus la cherche partout. Ne cherche pas seul la baguette, Avidus, mais reviens en parler à Khajittus un Fredas, là où tu sais qu’il est. Méfie toi, si Magullus trouve Causant avant ton tour, tu auras perdu — hum ! —. Les jetons seront dorés si tu réussis.
Embrasse maman de ma part,
Nemetrahus »


Maelicia lui tendit la lettre codée, puis reprit.
— On dirait un mauvais jeu de gamins, non ? Moi j'’trouve que ça fait froid dans le dos en fait, confessa-t’elle, ça fait écrit par un schizophrène en mal de meurtre ! J’ai eu deux ou trois minutes pour y réfléchir et en fait je pense que vot’ guilde veut savoir où est le bâton que nous, « les magullus », on cherche pour nous le revendre. J’pense que vous devriez faire comme ils disent, et donc trouver Causant. Puis votre guilde vous utilisera pour revendre ces infos ou votre aide à ma guilde et le tour sera joué.

Elle observa un instant les pupilles étréçies du lézard. Il n’avait pas cillé pendant toute sa lecture.
— En résumé, il vous faudrait juste un moyen de me recontacter, en fait. Et un peu de temps, sourit-elle. Ca vous va ?

Tout en fixant, l’argonien, elle finit enfin par se décider à jouer totalement franc jeu, et cessa d’influençer son interlocuteur. Main d’ombre se rendit soudainement compte que le sentiment de naïveté et de candeur qui s’était emparé de lui en écoutant la bretonne s’était partiellement dissipé. L’approche avait été tellement subtile, tellement plus sophistiquée que les impressions qu’il placardait sur les psychés voisines qu’il n’en avait même pas perçu la présence au premier abord. Il s'aperçut qu'elle avait omis un passage, presque complètement effacé par les assauts de l'eau.

— Ah et... euh... pour être honnête, y’a un post scriptum aussi, ajouta-elle, les lèvres pinçées, évitant soudainement son regard :

« Grisus fera l’arbitre. »

Modifié par Trias, 11 avril 2009 - 10:22.


#90 Ygonaar

Ygonaar

Posté 12 avril 2009 - 18:27

Trois petits riens




Ravie d’faire votre re-connaissance, messire, minauda l'humaine avant d’esquisser elle aussi une révérence. Dame Marsoric, pour vous servir...
Main-d'Ombre essaya d'accuser le coup sans rien laisser paraître. Marsoric ? Maelicia Marsoric, la Tueuse de Chorrol! Si la moitié de sa légende était vraie, il avait en face de lui une redoutable exterminatrice, massacrant sans remords une colonie de gobelin et assassinant des opposants au sein même des geôles ducales. Pas du genre à s'embarrasser avec la santé d'un "homme-bête" comme lui, pour sur. Et qu'était donc devenue sa bande malandrin? Ulvasa était-elle en réalité l'androgyne Sylve sous un pseudonyme? Il avait peut-être fait une grossière erreur en l'amenant ici, il fallait faire très attention.

Mais une sensation d'absurde l'envahit en examinant cette frêle créature se cachant derrière la couverture pour se vêtir, telle une souris nouvelle-née se terrant au fond d'un terrier. Son comportement puéril, les multiples actions absurdes de la nuit derrière ne trahissaient-ils pas une personne naïve et inoffensive ? Et ses dents rondes d'herbivore, n'indiquaient-elle pas clairement qu'elle ne représentait aucune menace? Voilà maintenant qu'elle lui déchiffrait cette satanée lettre, ne se doutant pas une seconde qu'il serait bien en peine de vérifier si elle ne lui chantait pas n'importe quoi. La vie allait devenir reposante, avec une telle interlocutrice avalant la moindre ruse sans sourciller.

On dirait un mauvais jeu de gamins, non ? Moi j'’trouve que ça fait froid dans le dos en fait, ça fait écrit par un schizophrène en mal de meurtre ! J’ai eu deux ou trois minutes pour y réfléchir et en fait je pense que vot’ guilde veut savoir où est le bâton que nous, « les magullus », on cherche pour nous le revendre. J’pense que vous devriez faire comme ils disent, et donc trouver Causant. Puis votre guilde vous utilisera pour revendre ces infos ou votre aide à ma guilde et le tour sera joué.
En résumé, il vous faudrait juste un moyen de me recontacter, en fait. Et un peu de temps, sourit-elle. Ça vous va ?
—  Oui, rien de bien méchant. Trouver ce Causant et vous rapporter les informations ne devrait pas être bien sorcier, si j'ose dire! acquiesça-t-il en montrant largement les dents malgré une sourde appréhension qui commençait à poindre dans un recoin de son esprit…

Avant de se rendre compte de la stupidité de son comportement. Comment pouvait-il admettre une telle proposition dans la situation actuelle ? Comment avait-il pu postuler sur la bonne foi d'un interlocuteur ? Quel était ce délire sur l'innocuité en fonction des dents, à fortiori avec une mage ? Il avait été ensorcelé en beauté, d'un sortilège montant progressivement en puissance pour lui faire avaler n'importe quoi. Presque tous les barrages mentaux qu'il avait patiemment élaboré pour résister à sa mère et à ses sœurs avaient été débordés un à un. Mais pourquoi cette brusque interruption ? Une erreur de la jeune fille ou une action volontaire ? Et dans cette dernière hypothèse, pourquoi un tel geste ? Pour lui signifier qu'il était à sa merci ? Pour se venger d'avoir été impressionner cette nuit ? Ou uniquement pour lui signifier qu'elle n'était pas aussi candide et désarmée qu'elle le laissait parfois paraître ? Dans tous les cas, il faudrait qu'il essaye d'adapter son système de défense…

Quittant son immobilité statuaire, il s'efforça à grand peine d'avoir l'air jovial et naturel, mais tout de même trop ébranlé pour improviser le moindre vers.  
Cette affaire est donc presque conclue. Vous avez bien fini de lire toute cette missive?
Ah et... euh... pour être honnête, y’a un post-scriptum aussi, ajouta-elle d'un air gêné. Grisus fera l’arbitre.
Il ne reste donc plus quelques infimes détails, trois petits riens. Le premier est qu'est ce que vous allez dire à votre guilde à propos de la mienne, des personnes et des lieux que vous vous avez aperçus? Le second est qu'est-ce que vous allez faire vous-même à propos de ce bâton, la course continue-t-elle? Le dernier, ô certainement le plus négligeable, concerne cette S'emsyl. Car voyez-vous, en cas de rencontre impromptue, je risque fort d'être un peu à court de boules de feu à lui envoyer. Quant à vous… Je crains qu'elle ne puisse vous occire sans même que vous vous en rendiez compte si je ne suis pas là. À moins bien sûr qu'il n'y ait des talents cachés dans votre bande? Rien que de futiles préoccupations, n'est-ce pas?

Modifié par Ygonaar, 12 avril 2009 - 18:31.


#91 Trias

Trias

Posté 13 avril 2009 - 18:54

L'esclave ou les doutes de la philanthrope




« Il ne reste donc plus quelques infimes détails, trois petits riens. Le premier est qu'est ce que vous allez dire à votre guilde à propos de la mienne, des personnes et des lieux que vous vous avez aperçus? Le second est qu'est-ce que vous allez faire vous-même à propos de ce bâton, la course continue-t-elle? Le dernier, ô certainement le plus négligeable, concerne cette S'emsyl. Car voyez-vous, en cas de rencontre impromptue, je risque fort d'être un peu à court de boules de feu à lui envoyer. Quant à vous… Je crains qu'elle ne puisse vous occire sans même que vous vous en rendiez compte si je ne suis pas là. À moins bien sûr qu'il n'y ait des talents cachés dans votre bande? Rien que de futiles préoccupations, n'est-ce pas? »


Danse-mot observa la femelle sang-chaud quelques instants. Elle se rassit calmement, soutenant son chef de son coude appuyé contre la modeste table de bois et de rotin tressés, semblant rêveuse.

— Ahhh, s’exclama-t’elle finalement, alors c’est pour ça qu’vous m’aviez ramenée au départ ? Et qu’vous m’avez criblée de questions indiscrètes sur la couleur de mes chausses l’hiver dernier ? Z’aviez peur qu’la disciple vous recolle au derrière, hein ?

La mammifère fixa un instant l’argonien, amusée.
— Vous perdez pas l’Nord, hein ? En fait vous z’êtes même très simple, vous voulez de un survivre, et deux, une belle carrière dans la mafia. Vos intérêts, quoi. Comme tout l'monde. Ben laissez moi vous rassurer, vous finirez pas tout d'suite en mocassins : le danger était lié à la pierre de mon collier. J’y avais enfermé... ben disons, le cousin de la madame que z’avez vue t’t’à l’heure. Il a dû trouver un moyen de l’appeler, et ça a entraîné le tintouin qu’vous savez. Du coup, vous courrez plus aucun danger jusqu’à c’que vous vous rapprochiez du bâton. Mais normalement, là, ça vous concernera plus, donc z’aurez pas d’souci. Z’aurez d'ja vendu vos infos.

Elle prit appui sur son autre coude puis joua négligemment avec l’une de ses mèches.
— Quant à moi, je jouerai le jeu. J’dirai rien d’plus à ma guilde qu’il n’est nécessaire, à savoir que j’ai croisé un gang organisé — c’qui savent déjà —, et j’ferai bien mes devoirs en attendant qu’vous m’sonniez à propos du bâton. Personne d’autre sait où il est, donc y’a qu’à attendre. Puis, j’aurai p’têtre une chance d’venger Ulvasa et d’mettre la main sur l’sceptre avant d’finir empaillée. Mais vous s’rez payé avant, vous z’inquiétez pas !

Son regard croisa le sien, et elle sourit.
— Un type m’a dit un jour qu’les vivants étaient les esclaves de leurs intérêts, et qu’il fallait être mort pour en devenir libre. Vous, vous z’êtes bien vivant, donc l’appât du gain va vous faire retrouver ce Causant — et ses infos — à ma place. Et maintenant vous savez qu’vous craignez rien entretemps, donc z’allez pouvoir me laisser.

Elle se leva et épousseta brièvement sa chemise et sa pèlerine.
— Ah oui, et j’sais pas qui vous a causé d’ma bande, mais entre un alcoolo, un amoureux d’la nature qu’à horreur des mages, un elfe qu’à rien compris à la société, une amie qui trouve rien d’mieux que d’bosser pour des rivaux... le collègue qui se tire avec une bosmer, et un traître qui flaire le bon coup, moi j’appelle pas ça ‘une bande’.

Et de se diriger vers l’issue du cabanon.
— Bon, c’est pas tout ça Danse-mot, mais j’crois qu’si j’continue à causer j’vais d’venir dépressive ! Devez m’prendre pour une cinglée, non ? En tout cas, merci pour l’accueil, les bains, le pain, les liens et la conversation ; j'me suis pas ennuyée !  

Modifié par Trias, 13 avril 2009 - 19:01.


#92 Ygonaar

Ygonaar

Posté 16 avril 2009 - 15:24

De la lutte des classes


  
  — Ahhh, s'exclama Maelicia, alors c'est pour ça qu'vous m'aviez ramenée au départ ? Et qu'vous m'avez criblée de questions indiscrètes sur la couleur de mes chausses l'hiver dernier ? Z'aviez peur qu'la disciple vous recolle au derrière, hein ?

   — Cette idée m'a effleurée, je le confesse, puisque je me suis opposé à elle de cuisante manière. Mais il se pourrait que votre propre survie, ainsi que celle de ce maudit khajiit, n'aient pas été totalement étrangères à mes motivations, répondit l'interpelé en reprenant son timbre chaud et son phrasé rythmé.

  — Vous perdez pas l'Nord, hein ? En fait vous z'êtes même très simple, vous voulez de un survivre, et deux, une belle carrière dans la mafia. Vos intérêts, quoi. Comme tout l'monde. Ben laissez moi vous rassurer, vous finirez pas tout d'suite en mocassins : le danger était lié à la pierre de mon collier. J'y avais enfermé... ben disons, le cousin de la madame que z'avez vue t't'à l'heure. Il a dû trouver un moyen de l'appeler, et ça a entraîné le tintouin qu'vous savez. Du coup, vous courrez plus aucun danger jusqu'à c'que vous vous rapprochiez du bâton. Mais normalement, là, ça vous concernera plus, donc z'aurez pas d'souci. Z'aurez d'ja vendu vos infos.

  Main-d'Ombre était loin de partager la belle assurance de son invitée. S'emsyl était visiblement dotée de pouvoirs magiques et il n'avait aucune assurance qu'elle ne pourrait pas le retrouver. La mage n'avait certainement pas à s'en faire, elle qui serait bien en sécurité dans l'Université des Arcannes. Elle avait beau jeu de le rassurer, il allait certainement devoir se montrer encore plus prudent pendant… sa vie entière ? Mais il n'avait aucun moyen de pression sur cette foutue Peau-molle, elle lui avait bien démontré qu'elle pouvait le transformer en pantin à son gré. Autan donc faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il empoigna donc à nouveau son kitar.

  — Quant à moi, je jouerai le jeu. J'dirai rien d'plus à ma guilde qu'il n'est nécessaire, à savoir que j'ai croisé un gang organisé — c'qui savent déjà —, et j'ferai bien mes devoirs en attendant qu'vous m'sonniez à propos du bâton. Personne d'autre sait où il est, donc y'a qu'à attendre. Puis, j'aurai p'têtre une chance d'venger Ulvasa et d'mettre la main sur l'sceptre avant d'finir empaillée. Mais vous s'rez payé avant, vous z'inquiétez pas !

  

La misère est cruelle et refroidie l'ardeur

  

De l'atma la plus belle comme du plus noble cœur,

  

Tuant la bagatelle, ne laissant que la peur

  

D'avoir ni pain ni sel quel que soit son labeur.


  

En cette masure minable point n'est de superflu,

  

Une paillasse et une table, un filet à merlu…

  

Il m'est donc regrettable que l'destin ait voulu

  

Qu'une bourse honorable par vos mains soit perdue.

  

  — Un type m'a dit un jour qu'les vivants étaient les esclaves de leurs intérêts, et qu'il fallait être mort pour en devenir libre. Vous, vous z'êtes bien vivant, donc l'appât du gain va vous faire retrouver ce Causant — et ses infos — à ma place. Et maintenant vous savez qu'vous craignez rien entretemps, donc z'allez pouvoir me laisser.

  — Il faut se garder de juger trop hâtivement qui a le ventre creux lorsqu'on ne manque de rien. Mais il me serait pénible que l'on prétende que j'eut laissé une Dame dans le besoin. Je me chargerai donc de retrouver se Causant et de partager quelques confidences.

  L'humaine se prépara au départ et brossa de la main sa pèlerine que lui tendait l'obligeant reptile.

  — Ah oui, et j'sais pas qui vous a causé d'ma bande, mais entre un alcoolo, un amoureux d'la nature qu'à horreur des mages, un elfe qu'à rien compris à la société, une amie qui trouve rien d'mieux que d'bosser pour des rivaux... le collègue qui se tire avec une bosmer, et un traître qui flaire le bon coup, moi j'appelle pas ça 'une bande'.

  — Quelques odes à votre gloire ouïes dans une médiocre taverne, probablement, poursuivit l'Argonien en ceignant sa rapière... La Fortune chante parfois de rocambolesques louanges…

  — Bon, c'est pas tout ça Danse-mot, mais j'crois qu'si j'continue à causer j'vais d'venir dépressive ! Devez m'prendre pour une cinglée, non ? En tout cas, merci pour l'accueil, les bains, le pain, les liens et la conversation ; j'me suis pas ennuyée !

  — Mais tout le plaisir à été pour moi, minauda-t-il en déverrouillant l'huis de la cahute, vous avez été une convive des plus… primesautière. Permettez-moi de vous raccompagner vers quelques lieux plus civilisés. Le quartier portuaire peut sembler fort vaste pour qui s'y perd et il serait dommage de faire une mauvaise rencontre maintenant, n'est-ce pas. Et à propos de fâcheux, que savez-vous des forces et des faiblesses des disciples de ce Sh'éam ? Juste dans le cas fort improbable où j'en croise à nouveau le chemin, au mépris de vos très sages prédictions.

  
Il entreprit alors de guider la Brétonne dans les dédales populaires du quartier pauvre, avec peut-être quelques détours supplémentaires pour faire bonne mesure. Arrivant au niveau des quais, il prit alors son congé.

  — Je crains hélas devoir vous rendre à vos éminents travaux. J'ai grand empressement d'avoir quelques palpitantes nouvelles à vous confier pour avoir l'heur de vous contempler à nouveau. Mais n'aviez vous point évoqué un moyen de vous contacter ?

Modifié par Ygonaar, 16 avril 2009 - 15:25.


#93 Darkhammer

Darkhammer

Posté 20 avril 2009 - 20:14

Quel est ce rêve ? Il a l'air de faire partie d'un autre monde, un monde auquel je n'ai pas ma place, un monde où peut-être je n'ai plus ma place…

Cela semble si lointain dans mon esprit, mais si proche à la fois. Je voyageais beaucoup dans de nombreuse contrée, faisant ça et là divers boulot, parfois très sale… Après tout, cela n'a pas de différence avec ma situation actuelle même si je ne voyage plus, c'est le monde qui vient à moi. Une bête… C'est ça, je suis une bête pour eux, ils veulent du sang, toujours plus de sang. Je peux le leur donner, mais le sang d'un être vivant nous tâche, et on a beau tenter de le laver, rien n'y fait, il nous colle à la peau. Lorsque ce sang coule sur notre corps, c'est la mort elle-même qui semble danser autour de nous. J'aime ce sentiment autant qu'il me répugne. Cette force, je me suis entraîné pendant des années pour l'acquérir, mais il m'en fallait toujours d'avantage. Je suis leur favori après tout… Pour combien de temps ? Je finirai par y passer, comme tout ceux qui sont venu avant moi, et tout ceux qui me précèderons…

Dois-je continuer ainsi ?

Des gens défile autour de moi, certain visage me sont vaguement familier mais je n 'arrive pas à percevoir qui ils sont, certain passe et repasse, comme s'ils voudraient attirer mon attention… D'abord cet elfe noir au visage fin, semblant toujours très calme… Et cette fille frêle mais déterminée à la chevelure châtain clair, elle ne me semble pas inconnue… Quel malheur de ne pouvoir distingué qui elle est… Il y a aussi un elfe étrange portant une longue cape noire, il ne semble pas enclin à parler, il semble renfermer un lourd fardeau… Peut-être que je les connais… qui sais… Parfois une jeune fille vêtue de bleu apparaît, je crois la connaître mais elle semble si lointaine part rapport à moi… Ses longs cheveux roux masquant sa mine réjouie la plupart du temps, mais parfois, sont sourire semble lui-même masquer une grande tristesse… Je voudrais découvrir ce qui lui arrive mais elle part au loin…

Parmi tout ces gens, une très jeune Bosmer se tien debout, un peu perdue, cherchant son chemin, elle me regarde puis sourit, pourquoi ce sourire me semble-t-il si amère ? Je crois que c'est par crainte de ne plus pouvoir le voir… Je me rappelle du jour où je l'ai vu pour la première fois…

Je venais de disputer mon premier combat dans la fosse, mon adversaire était un elfe noir d'âge moyen, j'avais eu peu de mal à m'en débarrasser, c'est ce que l'on m'a raconté… Car je ne m'en souviens pas… J'avais fait l'erreur d'user de la magie de l'artéfact… D'après ce que l'on m'as également raconté, l'elfe avait été tuer peu de temps après le combat, la magie sombre l'artéfact l'avait brûler durant le combat, puis ensuite avait continué à le consumer jusqu'à le tuer tard dans la nuit dans d'atroces souffrance… Etais-ce le prix pour avoir acquit un si grand pouvoir ? Au point de ne plus me reconnaître moi-même, mon passé semble s'effacer peu à peu, ne laissant apparent que l'instant présent… Comment faire machine arrière ? C'était probablement trop tard…

Ce jour là, j'étais sortit hors de la salle sanglante, la nuit était fraîche, les étoiles dans le ciel formaient un manteau de mille éclats sous les rayons de la lune… Alors que je me perdais dans le ciel éternel tout en continuant ma route, un arbre vint troubler mes pensées lorsqu'il entra dans mon angle de vue… Il était vieux et abîmer, mais semblait faire face à la vie avec vigueur, ce cerisier était comme un sujet de fascination pour moi. Je m'en approchai peu à peu et je me suis assis à son pied. Il était désormais tard dans la nuit. Mais je n'avais pas sommeil, pas encore, quelque chose semblait vouloir me maintenir éveillé. Comme si mes démons qui me hantaient étaient venus pour m'emporter…

Lorsqu'une voix attira mon attention… Une jeune elfe se tenait au dessus de moi, assise sur l'une des branches du cerisier.

-Il est bien tard pour une balade au grand air, me dit-elle

-L'air de la nuit, la mélodie du vent, les éclats des étoiles, tout cela est agréable je trouve, lui répondis-je caillement.

-Peut-être, mais c'est sous mon arbre que tu t'assis… Dit-elle d'un air malicieux

-Ton arbre ? Je ne vois ni nom ni réservation, cet arbre m'appartient autant qu'à toi… Dis-je d'un ton moqueur.

-Tu as raison, mais en réalité, il n'appartient à personne, il a pousser ici de son plein gré, il désire vivre, et le fait sans personne, nul ne peut le réclamer. Son air semblait mélancolique

-Voilà des paroles bien sages… Qu'elle est ton nom ?

-Elia et vous messire chevalier ?

-Br…Brise Danselame… mais je ne suis pas chevalier, je ne suis qu'un vulgaire mercenaire sans foi ni loi, sans but ni destin…

-Voilà des paroles bien triste monsieur Danselame…

-Apelle moi Brise…

-Ok Brise…

-Que fais-tu là à cette heure-ci ? Lui demandais-je

-C'est le seul arbre comme celui-ci près du seul lieu qui m'abrite désormais…

-Le seul lieu ? Lui demandais-je en observant les alentours… L'arène ? Repris-je…

-Oui je suis une des combattantes…

-Combattre pour survivre… C'est une voie sans fin…

-Je sais… Mais je n'ai plus que cela… Je n'ai plus de famille…

-Ha bon ? Quel âge as-tu ?

-19ans… Et vous messire Danselame ?

-Brise…

-Oui Brise…

-J'ai 26ans… Mais j'ai parfois l'impression d'avoir vécu 100ans…

-Vous n'avez pas du avoir la vie facile messire Danselame…

-Brise…

-Oui Brise…

-Je ne sais pas, tout est confus, la dernière chose dont je me rappelle, c'est arriver à la cité impériale et défier une sorte de colosse… Au-delà de ça… C'est le vide…

-Alors vous avez peut-être vécu une vie paisible.

-Je ne crois pas…

-Comment le savez-vous ? Dit-elle en descendant de l'arbre.

-Je le sais, c'est tout…

-Peut-être, mais un jour, il faudra bien vous rappeler...

-Qui sais, un jour sûrement.

La jeune elfe vint s'asseoir près de moi et posa sa tête sur mon épaule.

-Moi je suis sûre qu'un jour, vous retrouverez votre passé messire Danselame…

-Brise… Dis-je d'un ton agacer

-Oui Brise désolé… répondit-elle en riant.

Alors que je ne trouvais plus le sommeille, le contact d'Elia me permit d'être à nouveau paisible et serein…

J'avais besoin d'elle, autant qu'elle semblait avoir besoin de moi…

Ma plus grande peur est de me rappeler de mon passé… Si cela arrivais, je risquerais de la quitter, ou peut-être est-ce elle qui me quitterais par peur de ce que je suis réellement, je ne veux pas me souvenir, jamais… Mais malgrés tout, ce jour arrivera… A ce moment là, Morgrak, Elia, et tout ceux que j'ai pus rencontrer au cours des dernières semaines me sembleront peut-être futiles… Après tout, c'est peut-être tout cela qui est un rêve...

Modifié par Darkhammer, 20 avril 2009 - 20:18.


#94 Ygonaar

Ygonaar

Posté 25 avril 2009 - 01:26

Le deuxième panier


  
  Le seigneur Faivre essuya ses besicles d’un air ennuyé, geste dont il était assez coutumier, pour être honnête. Il faut dire que la charge de Premier Edile en charge de la sécurité, des bonnes mœurs et de la morale n’est pas un poste de tout repos. Il nécessite de louvoyer continuellement entre les prérogatives de la Légion, des armées ducales, des milices privées, des ministres des Neuf Divins et autres cultes plus mineurs. Mais la situation actuelle aurait fait passer le bourbier politique qui était son quotidien pour une aimable discussion entre personnes de bonne compagnie.

  En premier lieu, la capitale était sous pression à cause de la quarantaine décidée par l’Empereur. Prés d’une semaine déjà que les portes étaient closes. Le ravitaillement était en phase de devenir un problème insoluble ; les puissants exigeaient tous de bénéficier de passe-droit pour aller se mettre à l’abris ; le commerce était exsangue, une bonne partie de la population au chômage forcé ; la plèbe désœuvrée tuait le temps dans les débits de boisson, les rixes et les rumeurs se faisaient légion ; des prédicateurs commençaient à prophétiser la fin du monde… D’aucuns croyaient encore mollement à la version des pirates Nibénéens, mais ne pouvaient s’empêcher de se demander en quoi permettre de sortir de la ville engendrerait un problème de sécurité. L’idée d’une mystérieuse maladie incurable faisait son chemin, les actes désespérés devenaient plus nombreux.

  Et comme si sa tâche n’était pas assez complexe comme cela, le chancelier Ocato lui-même l’avait fait mander au milieu de la nuit, pour qu’il se mette à l’entière disposition d’un organisme secret, l’Ordre de la Wyverne. Si le désabusé Claudius Faivre était habitué à subir les caprices des Lames, à camoufler leurs exactions et à ne bénéficier de leurs renseignements qu’au compte-gouttes, les nouveaux venus étaient d’une toute autre trempe, investissant la cité avec des dragons ! Et sans même lutter contre le monstrueux géant en armure qui avait décimé d’innombrables soldats et deux ilots du quartier portuaire. Inutile  de préciser que leur chef, un butor du nom de Raegar, n’avait aucune idée de la manière de gérer une population. Eviter la guerre civile avec un pareil phénomène ne serait pas un mince exploit.

  Mais ce qui provoquait le présent astiquage de ses verres, se fut la dernière phrase du mage de guerre impériale. Un prudent « Une dernière chose, ne mettez peut-être pas tous nos œufs dans le même panier ». Le Premier Edile avait tout à fait saisi le message. Il avait donc demandé au Commissaire Divisionnaire Paullus Valens de mener une enquête parallèle. Un titre bien ronflant que Commissaire Divisionnaire, pour qui n’avait habituellement que trois subordonnés, mais il faut préciser que tous les membres du Bureau Impérial d’Investigations Magiques étaient d’efficaces pratiquants des arcannes. Qui semblaient néanmoins vouloir du renfort.

  — Ainsi, Chevalier, la vieille Nermac est décidée à sortir de sa retraite ?
  — La Guilde des Mages est sous le contrôle de la Wyverne, Messire, l’Archimage Traven a certainement bien d’autres soucis que de causer du tort à Deidre. Même elle a finit par l’admettre.
  — Et elle aurait la sous la main la Manipule Funèbre, n’est-ce pas ? Du moins si j’autorise sa sortie, ce dont il va falloir me convaincre.
  — Les premières investigations démontrent la présence de créatures identiques à celles du massacre de Bravil. Nous pouvons donc envisager une forte concentration de mort-vivants de ce type dans les égouts. Or les individus ayant pris part à l’altercation, et cela a été confirmé par un chapelain de la légion ayant été un témoin direct, ont fuit par cette voie. Si nous demandons le soutien de la garde impériale, qui a bien d’autres chats à fouetter en ce moment, les pertes risquent d’être conséquentes. La Manipule Funèbre y serait en outre bien plus efficace.
  — Et l’idée d’amener une centaine de mort-vivants d’élites dans les griffes d’un puissant nécromant ne vous gène pas le moins du monde ?Et qui vous dit que la vielle ne va pas tourner casaque et faire cause commune avec ses confrères ?
  — Deidre est formelle sur la solidité de ses envoûtements. De plus, je vous aie amené la totalité des gemmes noires de la Manipule, en cas de retournements d’allégeance imprévus. Quant-à la loyauté de Deidre, il me semble qu’elle a été démontrée depuis plus d’un siècle. Et je pense à titre personnel qu’elle est beaucoup trop individualiste et paranoïaque pour envisager de s’allier avec un quelconque pratiquant des Arts Noirs. Un quelconque magicien, devrais-je même dire, c’est parfois tout juste si elle tolère les autres membres du service.

  Le haut fonctionnaire soupira et essaya d’envisager tous les aspects du problème malgré son manque de sommeil. L’analyse du jeune Valens ne manquait pas de pertinence. Deidre Nermac ne voudrait certainement pas risquer de compromettre son poste, surtout depuis que l’Archimage avait déclaré la guerre à la nécromancie. Position sur laquelle l’Empereur ne s’était pas prononcée, ne remettant donc pas en question les fonctions de la vielle sorcière. Prérogatives à faire froid dans le dos, puisqu’elle était à la fois médecin légiste, invocatrice, geôlier et bourreau au sein du Bureau Impérial d’Investigations Magiques. Et commandante de la Manipule Funèbre, évidemment. Cette dernière était forte d’une centaine de squelettes de première puissance, d’anciens condamnés à la servitude éternelle pour « crimes atroces et abominables », armés et revêtus de pièces d’armure adaptées, semblables à celles de la garde impériale. Ils étaient sollicités de temps à autres lorsque leur nature se révélait être un atout indéniable, comme en cas d’épidémie, d’incendie, ou pour draguer le fond du lac…

  Le commissaire avait déjà démontré qu’il était efficace. S’il estimait que la Manipule était indispensable, il avait probablement raison. Il n’était pas magicien, lui, et ne pouvait guère juger des considérations techniques avec plus de pertinence, même si son aval était requit. Et si cela tournait vraiment mal, chaque mort-vivant était lié à une gemme noire qui permettait de le renvoyer dans les limbes d’Oblivion en cas de besoin…

  — Vous avez gagné, Chevalier. Usez donc de vos macchabés à votre guise, nettoyez moi les égouts de toute la vermine que vous dénicherez, mais dans la plus grande discrétion. Et tâchez de ne pas vous mettre sur la route de la Wyverne, j’ai assez d’ennui comme cela. J’espère ne pas vous revoir sans bonnes nouvelles à me donner…

Modifié par Ygonaar, 26 avril 2009 - 10:14.


#95 Darkhammer

Darkhammer

Posté 26 avril 2009 - 00:24

Combat mortel

18 Soirétoile 3E425
14h20


Une voix s'éleva :


  « Citoyen, citoyenne de Cyrodiil. Le moment tant attendu est arrivé. En ce jour, deux chalengeur vont se livrer ici un duel à mort pour vous ravir. Notre premier combattant, qui s'avance sur votre gauche, est arrivé tout droit des terres Nordique. Je vous prie d'acclamer Drakan le Preux. »

  Des applaudissements s'élevèrent dans la foule.

  « T'es prêts ? Il a l'air coriace celui là, tu devrais utiliser ta magie de temps en temps, ça t'éviterais d'aussi grave blessure que la dernière fois. »

  Brise leva la main pour l'interrompre

  « Ne t'inquiète pas. C'est mon choix. Et puis, le combat sans magie, y'a que ça de vrai. Je n'en ferai qu'une bouchée mon ami. »

  L'orque se mis à rire.

  « Le jour où j'entendrai que Darkhammer à été vaincu, je viendrai pisser sur ton cadavre. »

  Le guerrier leva un sourcil.

  « Même mort, je ne te laisserais pas souiller ainsi mon armure. »

  Tout deux se mirent à rire.

  « Aller c'est l'heure. Bonne chance boucle d'or. »

  Brise se leva, et remis en place sa longue chevelure blonde parsemée ça et là de mèche blanche.

  « Garde ta chance pour le jour où l'on se retrouvera face à face là-bas. »

  Puis Brise quitta la salle en direction de l'arène.

  « Et voici le second challenger, j'ai le plaisir de vous annoncer le nouveau combattant vedette que vous attendiez tous, l'invaincu Darkhammer ! »

  Brise s'avançais peu à peu vers le centre de l'arène, son adversaire était digne de sa race autant par sa hauteur et que par la taille de ses muscles. Sa hache de guerre était d'avantage impressionnante. Mais Brise ne semblait que très peu impressionner.

  « C'est tout ce qu'on me donne à combattre ? Je m'attendais à mieux, mais vu que c'est le premier combat de la journée, ça m'échauffera. »

  Le nordique semblait s'irriter peu à peu face à l'arrogance de l'impérial qui se tenait devant lui.

  « Lorsque je t'aurai fracasser le crâne de mes deux poings tu fera moins le malin microbe. »

  Brise passa sa main dans ses cheveux.

  « Disons que si tu tiens plus de 5 minutes, je te laisserai la vie sauve. »

  Le maître des jeux repris alors la parole :

  « Bien bien, ce combat s'annonce plutôt intéressant. Je déclare les jeux ouverts ! »

  Sur le dernier mot du maître des jeux, Darkan s'élança vers Brise avec rage. Bien que massive, son attaque avait été relativement vive pour un nordique. L'impérial eu tout juste le temps d'éviter l'assaut avant que l'énorme hache ne s'écrase au sol dans un violant fracas.

  Brise s'élança à son tour… Le nordique se débrouillait bien, mais le jeune guerrier était très rapide malgré lui, conférant à ce dernier une agilité incroyable.

  « Arrête de sauté dans tout les coins microbe, quoi que tu fasse je te pulvériserai ! »

  Brise leva un sourcil :

  « Cause toujours papy, tu ne toucherais pas un éléphant empaillé même si tu y mettais du tien »

  Le nordique fonça alors en hurlant vers l'impérial arrogant qui feinta en se glissant sous la garde de la hache esquivant ainsi le coup, prolongeant son élan, il fit un croche-pied à l'énorme Nordique qui s'effondra au sol la tête la première.

  Le visage en sang, voulant se relever, Darkan tomba nez à nez avec la lame de Brise pointée sur sa gorge.

  « Tu as perdu. »

  Le Nordique baissa la tête en signe de capitulation.

  « Tu as de la chance, cela fait un peu plus de 5minutes que l'on combat. »

  Des acclamations montèrent dans le public.

  « Mes amis, nous avons un vainqueur, c'est évidement Darkhammer qui l'a emporter, veuillez l'applaudir ! »

  Brise rangea son épée dans son fourreau et leva la main pour saluer le public quelques instants avant de se diriger à nouveau vers a salle sanglante.

  C'est alors que le Nordique agrippa sa hache et fondit vers Brise qui était désormais dos tourné. C'est au dernier instant que l'impérial fit volte-face, dégainant sa lame d'appoint et transperçant de part et d'autre le Nordique qui s'effondra au sol, tué sur le coup.

    Brise secoua d'un coup sec sa lame afin de faire partir la majorité du sang qui coulait encore sur celle-ci. Remettant celle-ci dans son fourreau tout en reprennent sa route, il cracha : « Crétin… »     


*******

Nouvelle inquiétante


18 Soirétoile 3E425
  15h00

« Bien joué Brise, tu leur en a mis plein la vue »

  Lança l'orque qui venait de rejoindre l'impérial. Mais Brise ne semblait pas réjouit par son combat, il était plutôt maussade…

  L'orque intrigué lui demanda :

  « Que se passe-t-il Brise ? »

  L'impérial soupira.

  « J'ai eu la liste des prochains combats de demain. »

  « Et ? »

  « Elle est sur ma liste… »

  L'orque se mit à rire

  « Ha je vois, tu as peur de la blesser, mon pauvre vieux. »

  L'orque eu tout juste le temps d'éviter le coup de poing de l'impérial qui s'écrasa contre le mur laissant un impact dans ce dernier alors que des éclats de pierre tombèrent au sol.

  L'orque repris de plus belle son fou rire.

  « T'inquiète pas, elle ne tentera pas de te frapper dans le dos elle, tu n'auras pas à la tuer… »

  Brise sembla d'avantage dépiter

  « Avec elle… Rien n'est moins sûr… »

Modifié par Darkhammer, 26 avril 2009 - 11:10.


#96 Trias

Trias

Posté 26 avril 2009 - 03:10

Deux mois plus tard, et des poussières

18 Soirétoile 3E425
01h15




Un éclat de métal dans la main d’un artiste ; un objet de changement pour les victimes du dernier sommeil. Le légiste Helevion comme on l’appelait officiellement, développa un instant des doigts pâles et effilés avant de saisir son scalpel, et de soulever sans ménagement le drap recouvrant le plan de travail. Avec l’assurance de gestes cent fois répétés, il incisa le cadavre le long du pectoral gauche, suivant le relief des côtes sur toute leur longueur.

En effet, il avait depuis longtemps constaté qu’un abord latéral fragilisait moins le cadavre qu’une ouverture du sternum, pour la bonne et simple raison qu’un mort ne consolide pas. Par conséquent, lorsqu’il venait dévider ce qu’il restait du coeur des quelques caillots et autres fluides contaminés qui s’y trouvaient, il profitait de l’élasticité du grill costal, et ne fragilisait pas son futur serviteur. Ainsi la momie se retrouvait débarrassée de tous les organes impropres à sa conservation tout en restant d’une solidité optimale.

Une onde sourde suivie de cliquetis le tira de ses rêves de perfection, et il se retourna : derrière lui, les moellons du souterrain suintaient la mousse et l’humidité malsaine. Le local, aménagé dans un recoin désaffecté des égouts, non loin au dessous de son domicile, abritait une douzaine de lits de pierre froides sur lesquels maturaient des macchabées plus ou moins décomposés. Numéro 23 descendait l’unique issue, de son pas lent et intemporellement régulier, chacune de ses phalanges crissant au contact du sol, ses orbites vides semblant perdues dans une éternelle observation.

Rassuré par la vision du squelette, le nécromancien reprit sa tâche. Un cadavre frais, cela n’arrivait pas tous les jours et...

Il sentit l’explosion avant de la voir arriver : faisant volte-face, il se protégea instinctivement de ses bras contre les fémurs, radius et autres débris de feu-numéro 23, soudainement projetés contre lui. Roulant sur le côté, il évita de justesse les ondulations verdoyantes d’un sortilège de silence, et se rétablit contre l’un des bancs de pierre. Se relevant dans un craquement de vertèbres digne de °23, il ionisa l’air de sa main gauche tandis qu’un arc de foudre venait percuter l’endroit où se tenait un instant plus tôt son agresseur. La roche vola en éclat, mais sa cible ne s’y trouvait déjà plus.

Le son caractéristique d’un warp venait de retentir dans son dos : là, sa frêle adversaire, encapuchonnée dans une pélerine grise, titubait pour reprendre son équilibre sur le sol jonché de fioles et d’outils. Pour une fois, Helevion se félicita de n’avoir point rangé son souterrain. Presque par réflexe, le mage invoqua un bouclier, presque aussitôt rompu par une rune de perce-sort parfaitement exécutée. Il bloqua de justesse un nouveau rayon de silence, puis dans un moment d’inspiration, altéra le mur de sorte qu’il emprisonne les membres de son opposante.

Celle-ci poussa un cri de surprise, confirmant ses soupçons : de petite taille, la tignasse rousse, la peau pâle, il s’agissait bien d’une femme. Le mage-noir eut un rictus triomphant, puis asséna sans vergogne une véritable coulée de lave magique sur sa victime immobilisée. Comble de l’exaspération, l’intruse en réchappa puisque se téléportant à nouveau juste derrière lui. Helevion étendit la main pour la paralyser, puis ne bougea plus : son maléfice venait d’être renvoyé.


  

жжж



Lorsqu’il revint à lui, les lanières qu’il utilisait pour consolider ses squelettes s’enroulaient atour de lui, en un invincible étau.
— Ca va, m’sieur l’nécro ? Vous vous r’mettez d’vos émotions ? le nargua Maelicia, en se penchant sur lui.
— Qui êtes vous ? Et comment osez vous pénétrer en ces lieux, il s’agit d’une propriété privée !
— J’m’appelle Défiante Langue-de-bois, enchantée. Et vous, vous êtes un gros nécromancien en plein Cyrodiil. Savez qu’ça a été interdit ?
— Je suis Légiste au service de l’Empereur, péronelle ; et je connais mieux que quiconque la loi et le permis impérial m’autorisant d’exercer ! Et je ne pratique que dans mon laboratoire ! Que cherchez vous à la fin, en agressant ainsi un honnête citoyen ?
— J’voulais voir de plus près vos marjordomes, m’sieur l’honnête scrogneugneu. Y sont aussi à vous les sac d’os qui s’baladent dans les égouts ?

Helevion comprit immédiatement. Son interlocutrice faisait référence à la manipule. A Deidre. Certainement une envoyée de la guilde des mages, laquelle avait banni son art pourtant pratiqué depuis des millénaires.
— Je vous ai signifié que je travaillais exclusivement dans mon laboratoire, jeune effrontée ! Je ne vous dirai rien de plus, maintenant laissez moi !
— J’ai pas besoin d’votre accord, m’sieur ronchon...

L’étudiante se composa un sourire assuré, puis appliqua ses mains contre les tempes du vieux légiste. Laissant le flux magique envahir ses membres, elle l’aspira goulument, absorbant à grands traits l’âme, les pensées et la volonté du nécromant. Elle y trouva un nom, Nermac, ainsi qu’un visage, ridé, et ratatiné par l’âge et la paranoïa. Toutefois, elle ne s’arrêta pas là, continuant à drainer l’esprit du mage avec une étonnante volupté. Une sensation de puissance, de bien-être et de plaisir l’envahit si bien qu’elle se mit à haleter, maintenant dangereusement longtemps le contact avec sa victime.

Sa victime ? Elle ôta précipitamment ses mains du crâne du vieil homme, presque trop tard : ligoté sur sa propre table d’examen, celui-ci convulsait. Maelicia écarquilla les yeux en réalisant sa propre folie. En prolongeant ainsi le contact, toute entière à ses sensations, elle avait presque manqué de tuer le mage ! Elle, qui était si attachée à la vie humaine, sur le point de devenir meurtrière ? Ebranlée, elle déglutit péniblement, puis entreprit de se calmer.

L’instant d’après, et l’étudiante se téléportait vers un autre point de la cité.




ж ж ж
Addiction

19 Soirétoile 3E425
21h30




La compagnonne en Mysticisme réintégra sa chambre, ferma la porte, puis s’affala sur son lit. Elle était brisée. Son accession à ce nouveau statut s’accompagnait de responsabilité et de devoirs nouveaux, étant désormais appelée à gérer des gardes et des astreintes en plus de sa formation théorique.

La magicienne jeta un coup d’oeil aux étagères sur lequelles brillaient deux rangées de Pierres-esprit, puis secoua la tête et se replongea dans ses pensées.

Ainsi, sa dernière mission avait été fructueuse. Si le triste sire Helevion n’était pas le mage-noir que la guilde cherchait, ils avaient néanmoins appris que Deidre Nermac était revenue sur la cité et la Manipule funèbre avec elle. Maelicia nota qu’ils l’avaient laissée gérer seule sa mission, soulignant ainsi la confiance que ses supérieurs plaçaient en ses capacités. Au moins, cela la changeait de l’éternelle demande d’un « avis mysticisme » sur telle ou telle interaction magique ou sur les indications de tel ou tel sort en fonction des phases de la lune, qu’elle se devait de fournir en cas de demande au sein de la guilde.

Son regard erra un instant en direction des joyaux. Inspirant un grand coup, elle se lova sur le côté et contempla la nuit, de par l’unique fenêtre du cagibi.

Ses attributs de compagnonne n’étaient toutefois pas ce qui préoccupait Maelicia. Sous l’un des rochers d’une des plages où se déroulaient les cours pratiques, elle avait trouvé une enveloppe anonyme, contenant un jeton. Or c’était le type de pièce utilisée par les croupiers de l’arène, et le rocher en question lui servait de boite aux lettres pour son contact chez les Voleurs. Par conséquent, non seulement le Conseil des mages venait-il de lui imposer de rencontrer les roublards dans cet endroit barbare et noir de monde, mais en plus fallait-il qu’elle soit accompagnée du plus encombrant des chaperons : Flavius Rine, Traqueur de son état. Ca n'aurait pas pu être Jeraselm naturellement, sa hiérachie s'arrangeait pour qu'elle ne le croise pas. L’Anschluss de la guilde par l’ordre de la Wyverne se faisait plus pesant de jour en jour...

Soudain, elle n’y tint plus ; et, se levant, elle empoigna la première des Pierres-esprits de la bibliothèque puis la pressa entre ses mains. Le flux spirituel l’inonda à nouveau, la submergeant sous une vague de sensations pareille à un orgasme, puis reflua. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, le réceptacle était vidé de son âme. Une pierre en moins pour ses cours...

Elle le jeta à terre avec rage : elle était devenue dépendante ! Tout cela depuis qu’elle s’était abreuvée de l’âme du Passeur, dans cette fatale taverne du quartier pauvre ! Naïve qu’elle était, elle s’était imaginée qu’elle avait trouvé là une source de puissance inépuisable, et avait entrepris d’absorber de plus en plus d’âmes là où elle pouvait les trouver. Cette sensation de bien-être, quasi-physique, alors que son esprit s’étend... voilà qu’elle ne pouvait tout simplement plus s’en passer !

Se maudissant pour sa faiblesse, elle entreprit de repenser à la journée du lendemain. Elle serait riche en événements, ceci au moins pouvait-elle le parier sans trop de risques.




ж ж ж
Rendez-vous sanglant

20 Soirétoile 3E425
14h15




Comment ces gens pouvaient-ils prendre plaisir à contempler la mort d’autrui ?

Assise sur les gradins de l’arène, Maelicia fixait la masse bruyante et rieuse de la plèbe d’un air dégoûté. Fallait-il être sanguinaire pour aller jusqu’à payer un être humain pour en écharper un autre ? Elle jeta un bref coup d’oeil à son chaperon : impassible, renfermé et muet comme une carpe, le dénommé Flavius regardait sans le voir le parterre sablonneux de l’aire de combat. Il était brun bouclé à peau pâle, et avait ce nez aquilin et cet oeil suffisant qui énervait tant la bretonne chez les impériaux.

La compagnonne soupira bruyamment, et se retourna, boudant cette fois ostensiblement : les gladiateurs n’étaient points encore sortis de leurs catacombes, et elle n’avait pas l’intention de faire mine d’apprécier le spectacle.

Modifié par Trias, 26 avril 2009 - 08:58.


#97 Darkhammer

Darkhammer

Posté 26 avril 2009 - 10:57

Inquiétude


19 Soirétoile 3E425
23h30

Brise était assis contre un arbre non loin de l'arène, comme il en avait pris l'habitude le soir ces derniers temps.

  « Et ben alors ? Tu m'as l'air bien calme. Tu vas bien ? »

  L'impérial releva la tête et haussa la épaule sans mots dire.

  « Tu t'inquiète pour demain ? »

  Le visage de l'impérial le trahis lorsqu'elle évoqua le combat

  « Que veux-tu Elia… Devrais-je m'en réjouir ? Un accident est vite arriver… Déjà que je n'aime pas te voir combattre en temps normal… »

  La jeune elfe, qui se tenait sur une des branches de l'arbre contre lequel il était assis, était âgée de moins de vingt ans, mais ses traits, bien qu'agréable au regard, étaient marqué par de nombreux combats. Comme si le sang qui était versé ne pouvait jamais être totalement enlevé.

  Elle descendit de sa branche d'un pas agile et vint s'asseoir à coté de Brise posant sa tête sur son épaule.

  « Comme avec ton ami Morgrak, cela arrivera, ce sont les règles de notre métier, mais je veux malgrés tout que tu me promette une chose même si ça ne va pas te plaire. »

  Brise leva les yeux au ciel se doutant de la requête de cette dernière.

  « Je crois que je n'ai pas le choix… »

  L'elfe laissa échapper un petit rire enfantin

  « Evidement que tu n'as pas le choix. Je veux que tu ne me ménages pas, je veux même que tu donnes ton maximum, si je viens à gagner parce que tu n'as pas combattu sérieusement, ce sera pire qu'une défaite pour moi. Tu me le promets ? »

  Brise haussa les épaules…

  « Ok… »

  Elia pris la main de Brise et déposa un doux baiser sur sa joue avant de le quitter pour aller se reposer.

  Brise observa quelques instant les étoiles, se perdant dans ses songes.

  « Donner son maximum hein ? Bonne nuit ma cher Elia. »

  Peu à peu, l'impérial s'endormit au pied de l'arbre, rejoignant un monde dont il est le seul visiteur, un monde qui lui appartient…

  

******
Amitié brutale

20 Soirétoile 3E425
  14h05

  « Hey ! Brise ! Aller gros paresseux lève toi, tu va être en retard ! »

  Un coup de pied dans ses flans fit rouler au sol Brise au sol.

  « C'est bon, c'est bon, j'arrive. »

  Morgrak se mit à rire

  « Comment tu fait pour dormir au pied d'un arbre alors que t'as un bon lit à l'intérieur »

  Brise se redressa sur se deux jambes, étendant ses muscles.

  « Une vieille habitude peut-être... »

  L'orque se mit à rire quelques instants puis redevint sérieux.

  « Dit, une question, pourquoi n'utilises-tu jamais la lame que tu avais en arrivant ici ? Une fois tes blessures guéries, tu l'as enrouler dans ce vieux draps que et tu ne l'as plus utiliser, pourquoi ? »

  L'impérial observa le ciel quelques instants.

  « Il y a mainte force à l'œuvre en ce monde, certaines méritent d'être préservée et mise à l'écart pour être utilisée correctement le moment voulu. Comprends-tu ? »

  Pour l'orque tout cela n'avais pas plus de sens que la raison pour laquelle le soleil se lève et se couche tout les jours.

  « Hum… Bon, c'est toi qui vois… C'est ton choix après tout. Mais faudra que je la revoie à l'œuvre un de ces quatre. »

  Brise mis sa main sur l'épaule de l'orque.

  « Chaque chose en son temps mon ami, chaque chose en son temps… »

  Brise se dirigea alors vers l'entrée de l'arène, où un combat l'attendait….

  

******
Un combat au milieu des roses

20 Soirétoile 3E425
14h20

  « Citoyen, citoyenne de Cyrodiil. Le moment tant attendu est arrivé. En ce jour, deux chalengeur vont se livrer ici un duel à mort pour vous ravir. Notre premier combattant est une combattante, aussi délicieuse que charmante, cette jeune elfe est connu de l'arène sous le nom de la « Dresseuse de lames». Je vous prie de bien vouloir l'acclamer pendant que celui que vous attendez tous monte sur la zone de combat. Acclamer notre invaincu Darkhammer ! »

  Brise s'avança d'un pas assurer, tenant sa claymore sur son épaule.

  « Nous y voici ma très cher Elia. »

  « En effet Darkhammer, tu as dû tant attendre ce jour. »

  « Pourquoi donc ? »

  « Après tout, ce sera ta première défaite. »

  Brise se mis à rire.

  « Les enfants ne devraient pas être admit à l'arène, ils pourraient se blesser. »

  « On verra bientôt qui sera blessé en premier, en garde ! »

  Brise redressa sa claymore et se mis en position de combat.

  Le maître des jeux s'empressa aussi tôt de crier :

  « Que les jeux commencent ! »

  Brise restait sur ses gardes, bien qu'il l'ait souvent vue combattre, mais elle lui réservait certainement des coups fourrés.

  Elle entama alors les hostilité, son nom n'était pas qu'un simple pseudonyme, Elia s'élança dans les airs envoyant une multitude de petite dagues dissimulées sous sa longue cape blanche. Sous l'assaut, Brise ne pouvait rien faire d'autre que d'esquiver les lames qui déferlaient sur lui, l'une d'entre elle vint se ficher dans son épaule laissant échapper une giclée de sang lorsqu'il l'arracha aussi tôt.

  Elle était donc sérieuse… L'impérial redressa alors sa claymore et fondit sur elle. Au dernier instant, elle esquiva l'assaut laissant Brise perdre équilibre, avant de dégainé deux lames finement ciselées et de riposter à l'attaque, blessant  au bras droit ce dernier, qui fut pris au dépourvu par l'agilité remarquable de la jeune elfe.

  Chacun reculèrent alors afin d'envisager le second assaut et de pouvoir récupéré un petit peu.

  « Pas mal pour une gamine. »

  « Merci, mais pour toi c'est pas trop ça, je m'attendais à mieux du grand Darkhammer ! »

  « Ce n'était que l'échauffement ! »

  Brise s'élança vers Elia qui, par un bon acrobatique, esquiva de peu son assaut.

  « Trop lent le vieux ! Aller Brise, tu ne sais rien faire de mieux ? »

  L'impérial enchaîna alors sur un deuxième assaut qui surprit la jeune elfe. La lame de Brise déchira une partie de sa cape avant mordre sa jambe la faisant perdre équilibre. Mais lorsque Brise voulu achever le combat, elle redressa son épée qui vint à s'arrêter à raz de la gorge de l'impérial alors que celui-ci faisait de même avec sa claymore.

  Ils restèrent quelques instants dans cette position délicate avant de se mettre à rire baissant leurs armes. Brise tendit la main à Elia afin de l'aider à se relever.

  Le maître de jeux, un peu confus prit alors la parole :

  « Bon… Je… Il semblerait que ce soit une égalité, veuillez acclamer nos combattants pour nous avoir offert ce combat divertissant. Combattants de l'arène, veuillez rejoindre la salle sanglante et aller vous reposer, vous l'avez bien mérité. »

  Aidant Elia à marcher, ils se dirigèrent peu à peu vers la salle sanglante afin d'aller se reposer, à mi-chemin, une jeune rouquine attira son regard, cette vision, il la reçu comme un coup de poing mais ne comprit pas pourquoi, ce n'était pas le plus important de toute façon, Brise quitta ensuite l'arène, aidant Elia à marcher…

Modifié par Darkhammer, 26 avril 2009 - 11:07.


#98 Ygonaar

Ygonaar

Posté 01 mai 2009 - 23:31

Fest-noz



  

18 Soirétoile 3E425, 17h00



…la coque du pêle est, par conséquent, posée de même en dedans du vantail. La boîte ou bosse, biseautée sur trois côtés, est rivée au pallâtre, lequel est maintenu sur le vantail par un grand nombre de clous passant par les trous percés dans ses débords découpés. Les rivets qui maintiennent les ressorts et leurs brides sont piqués dans le pallâtre, mais ceux des estoquiaux sont rivés également sur la bosse de la serrure, et se combinent avec sa décoration…

  Les yeux du reptile s’embuaient à nouveau, déclenchant la fermeture de ses membranes nictitantes qui, adaptée à la vision aquatique, lui déformèrent aussitôt la vision. Avoir un très large angle de vision est souvent bien pratique, mais la lecture nécessite de focaliser en permanence sur un point proche. Au bout d’un quart d’heure, les larmes surgissaient invariablement. Et comme il était encore novice en lecture, et que le contenu du  Traité pratique de la serrurerie d’art de Dro’Shanji était fort complexe et technique, il se demandait parfois s’il ne finirait jamais de déchiffrer le précieux elzévir. Il s’étira longuement, fit trois fois le tour de la table en inspirant profondément pour reprendre du courage. Il s’escrima ensuite à tourner la page en papier-psautier du petit manuel. Son format et la finesse de son papier (fierté de la capitale et grand recycleur des vieilles voiles) rendait celui-ci idéal pour être glissé dans une poche, et plus d’un cambrioleur devaient la vie sauve au fait de l’avoir consulté avant de s’attaquer à un verrou piégé. Mais si nombre d’Argonien de la capitale se limaient les griffes en une parodie des ridicules ongles qu’arborent les Peaux-Molles, ce n’était pas le cas de Main-d’Ombre. Il gardait donc de solides griffes, si pratiques pour jouer du kitar ou grimper sur un tronc lisse, et qu’il considérait comme intrinsèques à sa personne. En revanche, ça pouvait rendre problématique certaines tâches, comme consulter un livre sans le déchirer.

  
  Mais malgré ses handicaps, le saurien aimait passionnément les livres, objets presque mythiques dans sa tribu natale, et leurs savoirs mystérieux. C’est probablement cet enthousiasme, et sa prodigieuse mémoire des mots, qui ont décidé J'Rhassa de lui apprendre les lettres, lorsque Charbon-Agile fut contraint de lui révéler son quasi-analphabétisme. La chose étant fort difficile à cacher, puisque le Khajiit lui fut désigné comme parrain.

  Main-d’Ombre possédait nombre d’aptitudes utiles pour un malandrin. Il réfléchissait vite et mentait avec le plus grand aplomb, remarquait souvent les détails les plus subtils, n’avait guère à apprendre dans l’art délicat des tire-laines, tirait juste, grimpait avec aisance, pouvait fuir avec une vélocité surprenante, et bien que moins agile qu’un félin, il sautait sans crainte d’honorables distances. Sans parler, bien sur, de son effrayant talent à se couler de cache en cache pour surgir dans votre dos sans un bruit. En revanche, il lui manquait parfois les bases d’une éducation civilisée (l’illettrisme étant l’aspect le plus flagrant), de la culture des voleurs, et se révélait remarquablement profane en matière de serrure et vicieux mécanismes délétères. Charbon-Agile ne montrait pas non plus le moindre talent magique.

  Il dut donc apprendre à identifier les signes de reconnaissance entre voleurs, les glyphes signalant un danger, la signification des sifflements des guetteurs, les agents du guet en civil, les différents types de tuiles pour estimer leur solidité et leur résonance, la valeur des bijoux, le client intéressant mais passe-partout du dandy flamboyant mais sans le sou… Bref, tous ces petits détails si utiles mais que l’on ne peut apprendre que dans une grande cité. L’Argonien avait bien conscience de n’être encore qu’un novice, d’en savoir parfois moins que ces adolescents ne parlant que de leur prochaine promotion à des fonctions plus importantes qu’happe-bourse. D’autant plus que les cours de serrurerie que lui prodiguait Mandil, une sévère Bosmer s’approchant lentement de la vieillesse, lui prenaient une très grosse partie de son temps libre.

  
  Temps libre, car le reptile avait également une enquête à mener. Maelicia à peine quittée, il s’était rendu dans le quartier du Temple, où il ne put que constater l’absence de Causant. La semaine qui suivit, un Argonien au teint beige, quoique certains témoins parleraient d’un Khajiit à crinière rousse, s’enquit du mendiant et visita tous les lieux où ce dernier avait ses habitudes. Il n’en retira guère que de banals objets (couverture, gamelle, frettes de luth, etc.), rien de bien précieux. En valeur marchande, du moins, puisque Main-d’Ombre avait maintenant de fiables échantillons d’odeur à faire flairer à ses rats, et à impressionner dans leur mémoire.

  Danse-Mot se produisit alors dans moult recoins de la cité. Ou alors ce fut Voile-Regard, un prestidigitateur ambulant qui obtenait généralement un franc succès en faisant danser un couple de rat. Ou bien Vague-Profonde, un misérable pécheur connu depuis un certain temps dans le quartier pauvre, réduit à la mendicité par l’embargo impérial. Rien. Causant devait avoir prit la mesure du danger qui était à ses trousses, et semblait avoir littéralement disparu. Les autres limiers des Ombres se cassaient également les dents. Et si quelques mendiants savaient quelque chose, ils ne disaient rien pour une fois.

  Le lézard ne lui jetterait pas la première pierre. Il multipliait lui-même les précautions pour éviter un quelconque coup de Jarnac de la part de S’emsyl ou de la guilde des Mages. Il était entre autre aller acheter un anneau de détection des balises magiques chez Calindil, un Altmer de bonne réputation tenant boutique dans le quartier marchand. Outre la bonne qualité de ses articles, ce qui intéressait grandement Main-d’Ombre dans la renommée du commerçant était sa non-affiliation à la guilde des mages. Il avait profité du marasme économique qu’induisait l’embargo, touchant de plein fouet les professionnels des Arcannes qui n’avaient pas pu bénéficier de la forte affluence générée habituellement par le festival des sorcières, pour marchander âprement. Mais malgré une judicieuse utilisation d’un philtre de personnalité, la bourse reçue (après bien des déboires) pour son épreuve d’admission s’était réduite à une peau de chagrin. Mais après avoir longuement testé les capacités de son artefact avec le pendule magique et le pantalon d’Aradon, qu’il avait ensuite cachés dans le lac, il estima que la dépense valait la peine.

  
  Il rangea l’opuscule sur une étagère récemment promue bibliothèque. Il n’irait guère plus loin dans son étude, aujourd’hui, et il devenait temps de préparer la sortie de Voile-Regards. Dans un premier temps, l’application de la calotte qui lui masquait sa collerette et lui ajoutait de petites cornes en échange. Ensuite, le fond de teint bleu cobalt et les taches de personnalité ocres et vertes. Enfiler son fameux brocart vert lamellé par dessus ses vêtements, des bottes, ou plus exactement des mitaines de cuir pour pattes antérieures, et un chapeau pointu (pour faire « plus magique »). Vêtir Sir Maroilles et Dame Bouclette de leurs habits de parade, sans les faire trop couiner de protestation. Et surtout ne pas oublier sa potion d’hivers…

  
  Beaucoup de monde ont des apriori sur les reptiles. Ils imaginent que tous dépendent de forte chaleur pour être actif, qu’ils sont strictement à la température ambiante et que seul une longue exposition à un soleil d’été peut les faire sortir de leur léthargie. C’est oublier l’extrême diversité de la classe des sauropsides, qui sut coloniser tous les milieux. Outre ses représentants strictement nocturnes, nombres d’espèces se retrouvent dans les zones polaires. Le simple lézard vivipare, ou lézard commun de Cyrodiil, vit en fait aussi bien dans les déserts brulants d’Elsweyr que dans les montagnes du nord de Bordeciel. Mais, il n’est capable d’être actif que si les températures deviennent positives, et encore, à la vitesse d’une tortue en dessous de dix degrés. En revanche, il est capable de surfusion, abaissant son point de congélation au-delà de moins dix degrés, et même de subir une congélation réelle tout en préservant ses cellules des cristaux de glace.

  Même si les Hists Anciens avaient doté les Argoniens d’exceptionnelles facultés d’adaptations, ils n’avaient imaginé qu’ils puissent devoir hiberner, leur climat de prédilection étant les marécages tropicaux. Ainsi les enfants des Marais Noirs arrivent bien à surgeler péniblement jusqu’à moins deux degrés, mais si leur température interne descend en-dessous, c’est la mort à court terme. Ils sont certes capables de produire de la chaleur avec l’activité musculaire, mais il ne faut surtout pas que les pertes thermiques deviennent trop importantes, car un début d’engourdissement entrainerait une plus faible mobilité de ses mêmes muscles, début d’un engrenage fatal. Cela explique pourquoi ces sauriens font très attention dès que les températures deviennent négatives.

  Main-d’Ombre savait tricher à court terme. Il pouvait faire appel à la Sève pour développer une thermogénèse sans frisson qui lui donnait des aptitudes similaires à un mammifère… Tant qu’il n’était pas à court de mana. En cette froide soirée de Soirétoile, il préférait nettement faire confiance à un mélange de chapeau polypore écailleux et entoloma nitidum longuement macéré dans de l’huile de graine de lotus sacré. Il savait obtenir ainsi un philtre limitant durablement les pertes thermiques par les plus grands froids. Suffisamment couvert et n’arrêtant pas de bouger, il pourrait même envisager de sortir en plein blizzard !

  
  Une honorable foule de badauds s’était réunie sous le passage couvert. Un lieu stratégique, car bien abrité du vent et éclairé par un brasero. Même les deux gardes qui patrouillaient dans le quartier s’étaient arrêter pour observer le saltimbanque. L’Argonien avaient d’abord aguiché l’assistance avec des tours de passe-passe, mais entremêlant trop subtilement de réelles illusions pour que le public puisse faire la différence. Récupérant Sire Maroilles qui s’était mystérieusement retrouvé sous le chapeau d’une imposante bourgeoise, il estima que les spectateurs étaient entrés dans l’ambiance du spectacle, laissant leur sens critique de coté. Le moment de la danse était venu. Il déposa son rat au sol, à coté de Dame Bouclette, et empoigna un tambourin. Au premier coup de tarole, les muridés se firent la révérence, lorsque la vielle rotrouenge de Hauteroche débuta, ils se mirent à danser un trikot maladroit.

Derrière de chez mon père, il ya un moulin
  Le meunier qui l'habite est un joyeux blondin
  Le meunier qui l'habite est un joyeux blondin


  

Revenez-y donc ma jolie demoiselle
Car il est, car il est en train mon moulin
Revenez-y donc ma jolie demoiselle
Car il est en train d'y moudre


  

Revenez-y donc ma jolie demoiselle
Car il est, car il est en train mon moulin
Revenez-y donc ma jolie demoiselle
Car il est en train d'y moudre

  
  Main-d’Ombre impressionnait son auditoire, non seulement pour que celui-ci trouve que le tablier dont était affabulé Sire Maroilles lui donnait l’air d’un meunier convainquant, avec un je-ne-sais-quoi d’embobelineur, mais aussi pour qu’ils aient l’impression que tout un chœur entamait la répétions du refrain.

  

Par là passa une vieille qui voulut moudre son grain
  Pour vous ma pauvre vieille mon moulin n'marche point
  Pour vous ma pauvre vieille mon moulin n'marche point
  {refrain}


  

Si vous avez une fille amenez-la moi demain
  Quand la jeune fille arrive le moulin marchait bien
  Quand la jeune fille arrive le moulin marchait bien
  {refrain}


  Il accentuait progressivement ses illusions. Les rongeurs semblaient maintenant danser à la perfection, enchainant pas et figures avec grâce et envolée. La rate, dans son simulacre de robe paysanne, donna curieusement l’impression d’être vieille et maladive mais de devenir brutalement jeune, vive et… attirante.

  

La jeune fille s'endort au tic-tac du moulin
  Et quand elle se réveille son p'tit sac était plein
  Et quand elle se réveille son p'tit sac était plein
  {refrain}


  

De la blanche farine, la plus blanche du moulin
  Que va-t-il dire mon père de voir mon sac si plein?
  Que va-t-il dire mon père de voir mon sac si plein?
  {refrain}

  
  Le lézard adorait incarner Voile-Regard pour ces moments là. La danse des gwevn-razhdour lui permettait de pousser ses talents d’illusionniste à ses limites, d’observer à quel point il pouvait déformer la réalité, à quel point les concepts à impressionner pouvaient être ténus, et combien de personne dans une foule était capable d’y résister. Cette dernière entendait maintenant plusieurs instruments, violes, luths et flutes, jouer la mélodie. Elle se sentait également une irrésistible envie d’entrer dans le quadrille, les appuis leur venant naturellement, arrivant contre toute attente à faire un ensemble homogène.

  

Tu leur diras la belle c'est l'meunier Mathurin
  Qui caresse les filles au tic-tac du moulin
  Qui caresse les filles au tic-tac du moulin
  {refrain}

  

  Le saurien réduisait progressivement ses suggestions, afin que nul n’ait de sentiment de discontinuité lorsque la musique prendrait fin, se demandant s’il n’avait pas qu’imaginé cet épisode à cause d’une ambiance très prenante. L’interprète salua la ribambelle de danseur improvisé, récupéra ses rongeurs sur l’épaule et parcouru l’assistance pour quêter avec son chapeau pointu. Soudain Dame Bouclette se figea, la queue raide. Elle a enfin repéré l’odeur !

Modifié par Ygonaar, 01 mai 2009 - 23:44.


#99 Darkhammer

Darkhammer

Posté 02 mai 2009 - 00:14

La mort de l'astre ardent

20 Soirétoile 3E425
14h40



Le soleil commençait peu à peu à se coucher, marchant le long des quais, Brise semblait se perdre dans ses pensées comme à son habitude, l'air était doux, l'impériale aimait de temps en temps humer la Brise maritime qui lui apportait un sentiment de plénitude, le bruit des vague à toujours eu la particularité de favoriser ses longues réflexions existentiel. Malgré le fait qu'il appréciait la mer, il n'avait rarement eu l'occasion d'embarquer sur un bateau...

  Un bruit de pas derrière lui attira son attention, un sourire apparut au lèvre de l'impériale accompagner d'un sentiment beaucoup moins réjouissant.

  « Comment va ta jambe ? » Lui demanda-t-il

  Elia s'approcha de lui timidement.

  « Elle va mieux, comme as-tu su que c'était moi qui arrivait ? »

  Brise renifla l'air un instant puis lui répondit d'un air en enjoué.

  « Ton parfum à une odeur particulière… J'aime bien quand tu en mets… Chose rare d'ailleurs »

  La jeune elfe fit mine d'être frustrée.

  « Je n'en met que lorsqu'il n'y a que toi… Voilà tout… »

  Brise s'arrêta et s'appuya sur une grosse caisse en bois. Il observa la jeune elfe qui se tenait non loin de lui.

  « Tu n'y est pas forcé à ce que je sache… »

  Elle s'approcha peu à peu de lui.

  « J'essaye juste d'être un peu plus féminine, tout simplement… »

  L'impérial se mit  alors à rire.

  « Il y a encore du travail dans ce cas… Une jeune fille comme toi qui parvient à me tenir tête en combat singulier, ce n'est pas banal. Certains hommes n'y arriveraient pas… »

  Elle leva la main et tenta de le gifler mais il l'arrêta d'une main avant de la rapprocher de lui, cette dernière se blottit alors dans ses bras sans résister.

  Brise la fit reculer un petit peu afin de la regarder quelques instants dans les yeux.

  « Je voudrais que tu arrête de combattre dans l'arène. »

  Elle relâcha son étreinte et recula d'un pas tout en se tournant vers le soleil écarlate brillant à l'horizon

  « L'arène est tout ma vie, qu'est-ce que je ferais si j'arrêtais ? Je me vois mal femme au foyer… »

  Brise éleva alors la voix dans sa direction

  « Mais tu pourrais te faire tuer ! »

  « Et toi ? » répondit-elle aussi sec.

  « Comment moi ? »

  Elle fit alors volte-face, les yeux en proie aux larmes

  « Ne risques-tu pas de te faire tuer à chaque combat ? Ne crois-tu pas que cela ne me fait rien de te voir dans l'arène face à ce destin funeste qui attend tout les combattants ? »

  Brise sembla troubler par ces derniers mots…

  « Je… »

  Elle l'interrompit en lâchant sèchement

  « Tu n'es qu'un idiot ! »

  Elle partit en courant, ne laissant pas à l'impérial, dépité, la possibilité de la suivre…

  « Je… Je le sais… Elia… » Se dit-il en conclusion…

Modifié par Darkhammer, 03 mai 2009 - 22:56.


#100 Infomase

Infomase

Posté 02 mai 2009 - 16:08

Quartier du port.
Cette scène se passe il y a un mois.

Bosmian sortit rapidement de sa maison, ou ce qu'on pouvait appeler ainsi dans un quartier pareil. Il y avait peu de gens dans les rues, à cette heure : tous, ou presque, buvaient au Flotteur Bouffi. Bosmian éprouvait un dégoût sans pareil dans ce quartier malsain ; mais c'était un lieu discret où on ne penserait pas à le chercher.
Perdu dans ses pensées, il ne put éviter la balle en osier d'un enfant qui jouait là ; elle lui laissa de belles marques rouges sur la joue. Il songea un instant à rosser le gamin, puis il se ravisa : il avait assez d'ennuis, en ce moment. Hieronymus Lex enquêtait dans le port et il n'avait aucune envie que le gamin permette au capitaine des gardes de remonter jusqu'à lui.
Il était en effet étrange qu'un Bosmer anodin possède chez lui une bonne partie des objets volés sur le port durant les trois dernières années.

Bosmian se dirigea vers la berge, avec l'idée de plonger dans l'eau claire, mais au moment où il y rentra, un cri s'échappa de ses lèvres : un de ces poissons carnassiers, qui rôdaient sur la berge, lui avait mordu férocement le mollet. En quelques coups, Bosmian fit lâcher prise au poisson, et sortit de l'eau avec un pied sanguinolent.

Mauvaise journée, pensa-t-il. La joue, puis le pied ...

Un vieux mendiant lépreux lui demanda l'aumône, mais Bosmian le rejeta. Il avait assez de soucis comme ça ... Il pensait même que rien de pire ne lui arriverait aujourd'hui.
Il rentra dans son taudis, et pensa avec soulagement à sa mission envers la Guilde des Voleurs locale. Il l'avait remplie avec succès, et il était presque sûr de monter en grade, quand un coup discret frappé à la porte le fit sursauter. Personne ne savait qu'il résidait ici, et il était sûr d'avoir affaire à une personne non recommandable. Il ouvrit.
Une flèche était plantée dans la porte. Une flèche à empennage noir, tachée de sang.
Bosmian eut le réflexe de refermer la porte. Deux flèches sifflèrent à ses oreilles, se plantant avec le même bruit mat dans le bois vermoulu de la porte.

Il sortit par la porte de derrière, contourna prudemment la maison voisine. Il n'y avait personne, nulle part. Les meurtriers, voyant leur coup raté, avaient filé. Bosmian attendit encore cinq minutes, retira les flèches de sa porte pour éviter les soupçons, et décida de rejoindre les autres du quartier au Flotteur Bouffi.

Il rencontra un membre de sa guilde au Flotteur, avec qui il fixa un rendez-vous le soir même, chez lui.

Le soir, Bosmian s'interrogeait sur ces flèches mystérieuses quand des coups discrets frappés à la porte le tirèrent de sa méditation. Il ouvrit à son ami, lui montra les flèches en décrivant la scène et lui demanda :

- Tu as une idée ?

- Possible ...
fit son collègue. Ca ressemble fort à des flèches des Arcs Noirs. Bizarre ... ils sont bien moins discrets, d'habitude.

- Les Arcs Noirs ? Tu penses sérieusement que ...

- Je te l'ai dit, c'est juste une hypothèse. Mais ne prends pas ça à la légère. Ils sont aussi puissant que des gardes impériaux, quand ils s'organisent. Ce qui vient d'arriver.

- Je ...

- Tu as eu de la chance d'en réchapper. Je ne peux pas discuter plus longtemps.

- Où ...

- J'en ai vu douze à Boinoir, la dernière fois que j'y suis passé. Mais ils ne m'ont pas vu, car le jour où je voyagerai sur la route, les orques sentiront bon... Je les éviterais, si j'étais toi.

- Cesse de m'interrompre ! J'irai à Leyawiin s'il me plaît ! Les Arcs ne perdent rien pour attendre !

- Calme-toi. Je te retrouverai demain, au calme de la place Talos.

- Très bien. Prends garde ! S'ils ne m'ont pas eu, ils me surveillent depuis longtemps. Ils t'ont sans doute aperçu.

- Pas d'inquiétude.

Le voleur se leva et sortit, tandis que Bosmian s'allongeait. La porte claqua.
Bosmian médita pendant des heures sur ce que le voleur lui avait dit. Plus il craignait les Arcs Noirs, plus il voulait aller à Leyawiin, dans le Boinoir. Il ne parvenait pas à dormir ; il sortit prendre l'air près de la berge, par la porte de derrière. Son regard fut attiré par une grande ombre, au fond de l'eau. Toujours curieux, il se pencha pour mieux voir. Mais c'était peine perdue : le croissant des lunes n'aurait pas éclairé une pierre. Il partit chercher une torche dans sa cabane, et éclaira la scène.
Il faillit vomir.
Son collègue était étalé dans l'eau, percé de plusieurs flèches dans le coeur. Du sang se répandait dans la sombre eau aux reflets bleutés qui avoisinait les rives. Il jura de venger son compagnon.

Il courut chez Armand Christophe, rentrant par le sous-sol. Il le réveilla et le mit au courant de la situation.

- Comment ? grommela le doyen. Anori Sotius ? Notre meilleur voleur ?

Bosmian lui jeta un regard en coin.

- Mis à part toi, bien entendu. Les Arcs Noirs ?

- Je venais juste vous mettre au courant, maître. Je pars pour Boinoir, où je pourrai venger mon ami.

- Non, ne fais pas de bêtises, tu ...

La porte avait déjà claqué derrière le Bosmer.
Il courut jusqu'au port, puis, avisant un canot à rames, contourna furtivement le garde et dérapa sur une pierre, glissant dans l'eau avec un Plouf ! sonore.

- Quoi ? Que se passe-t-il ? fit le garde.

Bosmian maudit la pierre glissante. Le garde ne le lâcherait pas avant la fin de Nirn, il allait être obligé de faire ce à quoi il répugnait. Il sortit sa fidèle dague de sa ceinture, et s'apprêta à taillader le garde quand il se pencherait dans l'eau.
Un sifflement retentit. Une silhouette sur un toit banda son arc et visa le garde. Ce dernier s'écroula contre la rive. La silhouette sauta à bas du toit et s'approcha de Bosmian...
Un autre voleur l'aborda. Bosmian le remercia, quand il remarqua un autre garde au bout de la rue.

- La relève de la garde ! glapit le Bosmer au voleur. Monte, ou tu es grillé !

- J'arrive.

L'autre sauta sur le canot et prit les rames. Bosmian se mit à chuchoter :

- Qu'est-ce que tu faisais là ?

- Je volais, comme d'habitude, enfin !

- Tu te rends compte ? Tu as tué un garde !

- Tu étais en très mauvaise posture, et ...

- Tu t'es opposé aux lois élémentaires des voleurs ! Tu devrais être renvoyé !

- C'était la seule solution.

Bosmian opina. Il l'avait, en effet, sauvé de l'emprisonnement. Un pauvre méconnu se baladant en tenue de voleur, capuchon et dague !
Il espérait d'ailleurs que la dague n'était pas abîmée. La Dague d'Ebène était un souvenir de Val-boisé, c'était une production locale. Elle avait été enchantée par un ami mage, mais gonflait à l'humidité, ce qui était gênant pour ce genre de situations.
Dans un mois, si les courants étaient favorables, il arriverait à Leyawiin. Entre-temps, il déposerait près de l'université Arcane l'autre voleur, qui, bien qu'amical, l'encombrerait inutilement.

[hrp]Part vers Leyawiin[/hrp]

Modifié par Infomase, 05 mai 2009 - 08:10.





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