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[rp] Cité Impériale


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284 réponses à ce sujet

#276 Trias

Trias

Posté 24 avril 2011 - 10:52

Gage

21 soirétoile 3E431, 15H17




— En avez-vous besoin ?  offrit obligeamment le Chevalier, en lui tendant une fiole aux reflets argentés.

Typhaine examina ledit récipient d'un œil soupçonneux. Son comportement d'errante miséreuse s'était considérablement normalisé depuis sa réhydratation. Et coller ses lèvres au goulot d'un bouteille humectée des sécrétions salivaires d'un parfait inconnu, fusse-t'il un prince charmant, n'avait rien d’hygiénique. Toutefois, elle cherchait à se concilier les bonnes grâces du commissaire...

— Oui s'y vous plaît... déclara-t'elle poliment, en saisissant à son tour la fiole. L'obscurité ambiante avait cédé la place à une pénombre plus tamisée, et même ses yeux myopes purent déchiffrer les sigles gravés sur le verre : un filtre de restauration ! Elle en but une gorgée, aussi élégamment qu'elle put, tout en frémissant intérieurement : pourvu qu'elle n'attrape pas  la vérole !

Tandis que la pusillanime rouquine s'escrimait à procéder aussi proprement que possible, le sentiment du Chevalier de Desailly se précisa. Il s'agissait d'une Présence, une aura de puissance telle que les mages en dissipaient en développant leur Vouloir au lancer d'un sort. Sauf que l'étrange sensation ne semblait pas s'estomper...

— Je veux bien admettre que le temps nous soit pour l'heure trop compté pour que vous m'expliquiez toute votre histoire en détail, Typhaine, concéda-t'il en récupérant sa potion. Mais avant d'aller plus loin, je dois pouvoir vous faire un minimum confiance. Et notamment savoir sous l'influence de quel sortilège vous étiez lorsque l'on vous a retrouvé ?

La palombe releva un regard surpris sur le questeur, comme cherchant à lire dans ses traits un quelconque stigmate d'aveu. Quel voulait-il dire ? Était-ce une allusion à l'outre d'eau qu'elle avait engloutie, alors qu'elle était encore en phase instable de pré-ignition ? Que savait-il au juste ? Comment pourrait-il savoir ? A quel point pouvait-elle se confier à ce bellâtre, qui semblait vouloir lui soutirer un à un ses secrets, comme l'amant sous l'alcôve ? Il l'avait observée alors qu'elle régénérait son influx... était-ce une manoeuvre pour...

Quelques secondes s'écoulèrent. Au loin, l'écho de l'acier frappant le sol résonnait en cadence. Le grand impérial surplombait sa frêle interlocutrice d'une tête. Sa mise raffinée, sa coiffe soignée et son port altier s'affichaient comme autant d'évidentes primautés sur le linge déchiré, la crinière désordonnée et la pâleur de sa suivante. Seul l'éclat de ses iris, qui s'était fait dur et analytique, démentait avec vigueur le rapport de force.

Elle baissa soudain les yeux, et ramena distraitement une mèche cuivrée sur son front. Le geste était simple, naturel, sensuel. Ô combien féminin. Alors que l'épaule dénudée jouait sous l'étoffe, Valens ne put s'empêcher de considérer sa captive sous un jour nouveau.

— Vous vous d'mandez comment une fillette peut v'nir à bout d'une outre d'militaire, et réclamer après, hein ? un sourire d'autodérision retroussa un coin de ses lèvres. L'oppressant malaise confusément ressenti par l'agent du BIIM s'était presque complètement évanoui.

— J'vais vous l'dire... maintenant qu'on est seuls. Mais d'abord... j'aurai b'soin moi aussi d'une preuve que j'peux vous faire confiance...

Elle pointa une main encore malmenée par les poussières des souterrains sur la canne du nobliau :

— Annulez vot'machin Kairos, Sire Valens. Z'avez ma parole qu'même si on est séparés, j'reviendrai dans vos bureaux pour qu'on m'questionne en m'chatouillant avec des plumes... une fois qu'tout s'ra terminé.

Maelicia n'ignorait pas qu'elle risquait très gros en tentant d’influencer le commissaire. Néanmoins le sortilège était si adroitement dissimulé dans un geste anodin, si subtil dans sa si faible intensité... que seul un expert illusionniste aux aguets aurait pu démasquer la suggestion.

Néamoins, étant donné le degré auquel elle serait exposée à cet homme, autant maximiser les chances de s'en faire un allié...

Modifié par Trias, 24 avril 2011 - 14:17.


#277 nood

nood

Posté 02 mai 2011 - 17:07

Le marchand de sable est passé.

  

21 Soirétoile 3E431, 14h55

  "AU NOM DE L'EMPEREUR, VOUS ETES EN ETAT D'ARRESTATION. VOUS AVEZ LE DROIT DE GARDER LE SILENCE, DANS LE CAS CONTRAIRE, TOUT CE QUE VOUS DIREZ POURRA ETRE RETENU CONTRE VOUS."

  La (les ?) voix semblait émerger de nulle part, tout comme les projectiles qui fusèrent avec légèreté, prenant des trajectoires improbables, et de curieuses fumerolles vertes s'élevèrent, ajoutant une atmosphère pour le moins curieuse à la transe des chevaux encore présent.

  "Putain, fit Drem qui comprit tout à coup, foutons le camp, ils nous enfument !"

  Le temps de se cacher le nez dans le coin du coude, il s'aperçut que Danse-Mot ne l'avait pas attendu pour prendre la tangente sur le dos d'une pouliche apeurée. L'elfe essaya bien d'imiter son compagnon, mais les artifices des Magelames l'avaient déjà privé de la poigne nécessaire pour agripper les rênes d'une autre monture.

  Chaque pas était moins solide et précis que le précédent alors qu'il tenta, à défaut d'une meilleure idée, d'atteindre la ruelle par ses propres moyens. Il tenta également de se remémorer plusieurs sortilèges de libération pour contrer la paralysie, finit, par désespoir, par essayer une forte dissipation (qui échoua), et ce fut en boitant misérablement qu'il atteint le seuil de l'écurie, où il s'écroula.

  Dans un dernier effort, avant que ses muscles ne deviennent complètement atoniques, il se mit assis contre le mur jouxtant le bâtiment dont il venait de sortir et observa, plein de désespoir, l'Argonien partir sur son cheval. C'était de l'inconscience pure et simple d'être venu jusqu'au fond du palais, en faisant confiance à des inconnus tous plus louches les uns que les autres.

  Sa tête tomba misérablement en avant, alors que les gaz paralysants achevaient leur œuvre. Il pesta intérieurement contre Maelicia, conte Danse-Mot, contre Saerileth, contre lui-même, contre Valens, contre les impériaux… et se résigna, par absence d'options mais aussi par démotivation, à attendre qu'on vienne le ramasser comme lui-même ramassait les ivrognes du quartier du Port.

  Au loin, un clocher à peine en avance sur ses congénères sonna trois coups.

Modifié par nood, 03 mai 2011 - 21:21.


#278 Arakis

Arakis

Posté 04 mai 2011 - 08:54

Certains l'aiment flasque



21 Soirétoile 3E431, 14h55


L'injonction des magelames déchira les oreilles de Saerileth, d'une part parce que les bruits trop forts l'avaient toujours insupportés et d'autre parts parce qu'elle détestait qu'on lui donne des ordres surtout quand c'était pour la mettre au trou ensuite. En tout cas c'était une raison en plus pour s'arracher de là. Sans doute par un tour obscur de ce vicieux individu qu'est le hasard cette pensée lui vint en même temps que les fumeroles des mages tombaient sur eux. Elle bloqua tout de suite son souffle, pour s'être plusieurs fois entraîné à la plongée en apnée (Chose qui ne serait pas arrivé si Hlaf n'avait pas fait tombé sa hache dans un lac alors qu'ils le traversaient en barge. Le concerné avait refusé catégoriquement de quitter le bac tant qu'il ne l'aurait pas et l'idée même d'en prendre une nouvelle était selon lui "révoltante et tellement infâme qu'elle est digne d'être sorti du cul de Malacath") elle savait qu'elle arriverait bien à retenir son souffle peut être une minute au maximum, autant mettre ce peu de temps à profit.

Empoignant la valise elle se mit à chercher un lieu pour la cacher, pas question que ses affaires tombent entre les mains de gardes débiles qui ne les jugeraient pas à leurs justes valeurs (c'est vrai quoi, une arbalète ouvragée à 2000 septims ...). Ses deux yeux parcoururent vite l'écurie, cherchant désespérément un recoin peu visible, un trou dans le plafond, une cache à gnole de palefrenier ou quelque chose du genre. Soudain ses yeux tombèrent sur la voie d'évacuation, ça serait parfait. Gagnant l'objet convoité en faisant les enjambés les plus grandes possibles de façon à économiser son oxygène et gagner du temps elle jeta un coup d'oeil dedans. C'était un conduit en pierre, large de plus d'un mètre, on y aurait fait entré un bosmer sans problème (d'ailleurs on avait déjà raconté à Saerileth qu'on envoyait souvent des bosmers s'occuper de l'entretien des latrines et des conduites intérieurs, ces derniers ayant plus de facilité à ce genre de travails du fait de leur petite taille). Elle envisagea un instant de jeter la valise sommairement mais se ravisa, qui sait où elle aurait pu finir. Elle scruta la cavité, cherchant une cache. Rien à faire, les parois étaient lisses comme une peau de catin royale.

Enervé par cette situation, par son impuissance, par la disparition de Maelicia qui était sensé arranger le reste des choses, par cette salope de vampire pas foutu de crever, par le fric qui était en train de lui passer sous les doigts et bien d'autre choses elle cogna dans le mur de sa main gauche. Curieusement celui-ci résonna en un son de cloche. Intrigué elle répéta la chose plus doucement de sa main droite, le mur tinta de nouveau. Curieux, très curieux, elle répéta la manoeuvre un peu plus à droite, aucun bruit ne récompensa son effort. Son cerveau embrumé par le manque d'oxygène arrivant mit un temps à assimiler. Visiblement un ouvrier feignant avait salopé le boulot, substituant une plaque de pierre là où il y aurait du avoir un bloc. Surprenant que celle-ci ne ce soit pas déjà arraché au vu de l'usage fréquent du conduit ... Enlevant son gant en vitesse elle glissa ses ongles métalliques dans l'interstice et tira un bon coup. Une pluie de poussière et autre débris de torchis utilisé pour souder la plaque au reste lui tomba sur la figure, c'était le cadet de ses soucis. Regardant derrière la plaque elle y vit un espace d'un bon mètre cube, parfait pour y cacher quelque chose. Elle y jeta la valise et remit la plaque en place du mieux qu'elle put avant de soupirer de soulagement.

Un geste qu'elle regretta juste après l'avoir fait, les fumeroles paralysantes étaient toujours là et elle sentit ses membres s'engourdirent. Une peur panique s'empara d'elle, à la limite la paralysie oui, mais être paralysée dans un conduit à merde ... Usant ses muscles de moins en moins dynamiques elle remonta le conduit, inspirant à grandes bouffés. A peine avait elle fait deux pas dans l'écurie elle même que ses jambes la lâchèrent. En tombant elle se réceptionna sur son bras droit. Curieusement celui-ci marchait aussi bien qu'avant. Intéressant, me reste au moins une carte à jouer. Elle se laissa aller, de toute façon ce n'était pas avec un bras qu'elle allait pouvoir quitter cet endroit à moins d'un hasard pas possible. Autant garder des forces pour plus tard. Avant que la paralysie ne coince définitivement son unique main de chair elle pensa à renfermer ses doigts tout en laissant le majeur seul devant.

#279 Trias

Trias

Posté 05 mai 2011 - 16:46

L'immortel

21 Soirétoile 3E431, 14h58





Hommes et bêtes s'affaissaient, victimes des vapeurs mystiques. Le gaz maléfique semblait s’engouffrer volontairement dans les naseaux de ses victimes, s'infiltrant davantage à chaque inhalation. La plupart des chevaux  gisaient ça et là, éparses ci contre un box, ci face contre terre.

Main-d'ombre pouvait sentir son tonus se dissoudre, relâchant irrémédiablement sa prise sur une monture engourdie. Ledit canasson s’emmêla soudain les pattes, entraînant son hôte dans une mortelle culbute. Impuissant, l'argonien ne put qu'assister au choc de son propre corps contre les dures dalles de l'allée. Par miracle, il chuta latéralement à l'équidé, roulant sur quelques mètres de contusions.

Son regard vitreux fixait la voûte céleste, se perdant par delà murs, se perdant dans un domaine où seul l'astre solaire disputait aux beau du ciel. Sa vision s'assombrit soudain. Une silhouette encapuchonnée, obscure et immense dans le contrejour le dominait. Sa cape descendait sur de larges épaulières de cuir renforcé, surplombant une cuirasse du même matériau.

— On ne se fait pas la belle avec tonton Helm, nargua le magelame de sa voix râpeuse, en faisant non de la tête. C'est notre ami du 121, Lasserre ?
— Point chaud confirmé, Lieutenant, répondit quelqu'un dans son dos.
— Bien. Et les autres ?
— Signal semi-récent... là ! Juste à l'entrée de l'écurie !

Il y eut un silence, marquant l'hésitation de l'officier.
— Le valet ? Mais c'est le bal costumé ici ! Dasilim ! Vérifie !

Des bruits de pas se firent entendre, et trois autres prétoriens s'avancèrent vers Drem.

— Il a une armure, mon lieutenant ! Et il y a une femme avec lui, dans la même livrée !

— Je n'aurais pas dit, grommela Helm. Coffrez moi tout ça !

Alors que deux autres silhouettes s'avançaient, Main-d'Ombre sentit qu'on le touchait, et l'étrange faiblesse de ses membres s'accrut encore. Ainsi embrumés, les cristallins reptiliens du lézard peinèrent à accommoder sur un objet cylindrique parcouru de renforts métalliques. Ce ne fut que lorsque la minerve s'ouvrit, dans un grincement, que l'argonien la discerna nettement. Un collier d'esclave. Un collier de prisonnier. Outil de détention par excellence pour les adeptes des arts magiques. Et visiblement, le même sort attendait ses comparses, dont on renforçait méthodiquement la paralysie.

— Que devons nous faire de l'espion de la wyverne ? reprit l'intervenant qu'il ne pouvait voir, interrogatif.
— Le caméléon ? Vous... *WAPS*

La phrase de Helm s'interrompit. Manifestement les subordonnés s'étaient également détournés, à en juger par l'immobilisation du collier, tout près de son col.  

— Qui êtes vous ?! tonna Helm. Au nom de l'empereur, identifiez vous !
— Moi ? Mon nom ne vous dirait rien, jouvenceau... débouta une voix chaude, au moins aussi rocailleuse que celle du magelame.

Les forces de Main-d'Ombre fluctuèrent légèrement, lui permettant d'orienter ses iris vers le l'officier, qui ne pipait mot. Un mage en robe bleue se tenait tranquillement devant les trois magelames, tandis que d'autres accourraient de par le toit et les stalles. Sa chevelure blanche, sévère, était coupée court. Bouc et moustache taillés à raz accentuaient la dureté de son apparence, lui conférant des allures de loup des neiges. Seul l'éclat bleuté rieur de son regard, jouant derrière des binocles rond, démentait l'autorité du personnage.

— Comment êtes vous entré ? Et que voulez vous ?
— Mais par la porte bien sûr ! s'esclaffa le mystérieux vieillard, rappelant soudainement au garde la quasi-compléte dégarniture du passage lié à l'assaut de la consigne. Et je voudrais le lézard en livrée, là...

— Il suffit ! éclata Helm, hors de lui. Bouclez moi cet imbécile !

Le vieillard leva un bras. Deux magelames tombèrent du toit : leurs sphères paralysantes venaient d'exploser prématurément, libérant leurs toxines dans leurs mains mêmes. Ils s'écrasèrent au sol dans un fracas métallique.

— Je vous déconseille de vous interposer, mon enfant, suggéra le vieil homme, très calme. Ce serait vain...

Le visage du prétorien se ferma sous l'insulte. Deux autres encapuchonnés roulaient sur les tuiles, vivant affront au corps Magelame. Lorsqu'il rouvrit ses paupières, son regard se consumait de haine.

— CIRCULAIRE ! aboya-t'il.

Les six magelames restants entourèrent l'impertinent, circonscrivant le malotrus par groupes de deux, rôdant à dix pieds de lui. La formation, mouvante, était à l'évidence remaniée pour éviter les feux croisés.

— Intrusion dans l'enceinte impériale, refus de coopérer, attaque sur magelame prétorien ! énuméra Helm. Ramassé sur lui même, le lieutenant ressemblait à un fauve prêt à frapper. Au nom de l'empereur, sus à l'ennemi !

L'ensemble de l'escouade attaqua, à commencer par leur chef : d'une brutale passe de bras il projeta une onde translucide suivie d'une orbe glacée.

Le mage de guerre eut à peine le temps de se jeter à terre pour esquiver ses propres assauts qu'une demi-douzaine de contresorts manquaient de peu son épaule. Diverses arcanes percutèrent les éminences de la consigne et de l'écurie, dans de lumineuses détonations,  alors que le vieillard réapparaissait non loin de là.

Helm n'avait pas fini de rouler à terre qu'il incantait un monstrueux arc électrique, ionisant instantanément l'air, imparable. Sous leurs regard abasourdis l'éclair se sépara par la moitié, foudroyant sur place deux de ses subalternes. Un atroce fumet de chairs carbonisées s'éleva dans l'atmosphère surchauffée.

Un déluge d'attaques magiques pleuvait sur le magicien, en vain. Sous l’œil atterré de ses assaillants l'inconnu parait, contrait ou renvoyait chacun des multiples sorts déchaînés contre lui. Un contre lui demandait une fraction de seconde, un renvoi guère plus, et cela s'il n'agrémentait pas sa riposte de vicieuses runes de perce-sort. Les mouvements de ses doigts devenaient si rapides qu'ils en paraissaient troubles. Et sa vitesse accélérait encore, dissipant une puissance stupéfiante. Ses yeux, à présent dépourvus de pupille comme d'iris, brillaient d'un feu blanc insoutenable. Le sol à ses pieds commença même à se fissurer. A chacun de ses enchantements, les aventuriers pouvaient sentir une phénoménale présence, se dévoilant le temps d'un écrasant instant. Dans ces moments, la pression était telle que même respirer devenait difficile.

L'un des agents, désespéré, alla même jusqu'à oser se téléporter derrière l'être invincible, se jetant vers lui, collier anti-magie grand ouvert. La contention ferma, dans un craquement. Sur un collègue stupéfait, à quelques mètres de là.

Helm était orgueilleux, mais également pragmatique. Ce ne fut toutefois que lorsqu'un de ses hommes hurla, téléporté malgré lui sur le trajet d'un menaçant jet de feu, qu'il comprit. Le Vieil homme n'avait pas plus cure de leur vie que lui n'en avait de la sienne. Ses contres étaient secs, arides, n'hésitant pas à interposer ses opposants s'il pouvait en ressortir une quelconque économie. Ils n'étaient pas de taille à lutter face à un mage aussi puissant.

— REPLI ! ordonna t'il soudain, à contrecœur.  

Alors que les magelames encore en état désertaient les lieux, Helm réapparut à côté de l'Immortel. Celui ci le toisa de son regard lumineux, immaculé de blancheur, imperturbable. Il l'observa sans mot dire, alors que le lieutenant agrippait son subordonné par le bras. C'était Lasserre. Il respirait très vite, tentant d'oublier la douleur de son flanc calciné. Helm disparut, téléportant le blessé hors du champs de bataille.

Des cris s'élevaient d'un peu partout, appelant à l'évacuation de la demeure impériale. Le chaos le plus complet semblait régner dans l'enceinte. Le mage fit demi tour, puis s'approcha de l'homme bête, qui sentit les derniers restes de paralysie se dissiper.

— Danse-mot, n'est-ce pas ? fit le vieillard, dont les orbites étaient revenues à la normale. Puis après quelques secondes : dis-moi jeunot, aurais-tu égaré le tendron qui t'accompagnait ?  




ж ж ж
Erreur d’inattention

21 Soirétoile 3E425, 14H30




Jeraselm n'y croyait pas : le mystérieux ancêtre, le vieux qui avait tout planifié s'était désintéressé du combat ! Au pire moment, alors que le titan allait heurter Aenerian de ses pales mortelles, il s'était détourné, scrutant un point invisible dans le fuligineux horizon.

Ca n'avait pas raté : conformément à ses prédictions, la tornade d'ébonite avait poursuivi sa course, emportant pierres, colonnes et autels dans un assourdissant fracas.

— Hmmm. Il semblerait que cela s'écroule... avait alors observé le vieillard, d'un ton distrait.
— Sans blagues ! avait éclaté le traqueur, alors que le temple souterrain s'effondrait par pans successifs. Vous aviez dit qu'il fallait...

Sans accorder le moindre crédit à ses propos, l'ancêtre l'avait alors agrippé par l'épaule. L'albâtre rougeoyant des ruines avait alors disparu, aussitôt remplacées par les verdoyantes forêts des environs de Fort Wyss.

— Je le lui avait pourtant défendu... marmonna l'étrange personnage, fixant toujours le même point. Alors qu'il abaissait son capuchon bleu, il se tourna alors vers Jeraselm, comme s'il s'apercevait brusquement de sa présence.

— C'est quelque chose tout de même, jouvenceau !

L'intéressé était demeuré interdit quelques secondes. Il en était maintenant certain, le vieil homme avait perdu la raison !

— Vous êtes complètement fou...
— Hein ? Fou, moi ? Qu'est ce qui vous fait dire cela, jeune homme ?
— Vous ne vouliez pas éliminer le Disciple ?
— Mais bien sûr que si. D'ailleurs c'est fait : il est enterré maintenant !


Le blond magelame fronça les sourcils. L'accent que l'ancêtre affectait d'avoir avait à présent complètement disparu, au profit d’intonations très proches des siennes.

— Et Aenerian ? Et Danselame ?
— Dessous aussi. L'affrontement aura été plus bref que projeté initialement, je suppose...


Il y eut un silence. Le Vieil homme parlait de l'élimination d'entités monstrueuses avec une telle légèreté que c'en était perturbant.

— Danselame est mort ?
— Qu'importe. Vous savez, marmouset, être incapable de mourir peut-être une bien pire malédiction. Mais à quoi diantre pensait-elle !
reprit-il, fulminant.

Le traqueur comprenait de moins en moins.

— Tiens ! Votre heure de gloire semble arrivée, cher freluquet...

Jeraselm se retourna. Et effectivement, de nombreux formes en armure descendaient du cratère, criant son nom en dévalant la colline. Accourant au milieu d'eux, l'aspirant reconnut Galaad, son frère d'armes.

— Vous voilà un Héros... vous saviez qu'elle vous trouvait plaisant ?

Le temps que le flot d'informations s'imbrique enfin dans l'esprit de Jeraselm, le vieux mentor avait disparu. Aussitôt rejoint et fêté par Galaad, Darno et autres soldats en liesse, le bréton se laissa enfin aller. Cette bataille là, la sienne, s'était achevée. Sa mission était assurée : là était l'essentiel.




ж ж ж
Révélé

21 soirétoile 3E431, 15H17





L'éphèmère lueur produite par les arcanistes s'évanouit alors qu'ils se repliaient, laissant les légionnaires seuls, dans l'ombre. Droit devant eux les terribles coups assénés au mécanisme se succédaient, furieux. De poussiéreuses volutes s'affaissaient du plafond, ajoutant à l'opacité de la pénombre. De multiples débris ricochaient sur les heaumes et les pavois des funèbres squelettes. Immobiles, ceux-ci maintenaient la formation, avec la glaciale ténacité de ceux qui ne craignent plus pour leurs vies.

Soudain, l'inquiétant cliquetis d'un engrenage en chute libre résonna, et la paroi s'abaissa. Le lointain chatoiement d'un incendie illumina faiblement une immense galerie, parcourue de vastes colonnades. Mais surtout, une massive silhouette massive se tenait là, solide, environnée de Rapides agrippés aux parois.

Athlétiquement dessinés, les prodigieux reliefs d'une féroce musculature se développaient dans le sombre rougeoiement. L'individu faisait bien deux têtes de plus qu'un rapide, et son volumineux et ramassé poitrail était dissimulé par une armure de cuir, bardée de plaques métalliques. Ses yeux luisaient de l'éclat bestial propre à la condition vampirique. Mais de sa puissante stature, de son cimeterre scintillant ou même du respect que semblaient lui témoigner les écorchés, aucun ne retenait le plus l'attention. Non, ce qui choquait, c'était l'aspect hirsute, velu et moustachu de l'assaillant.

Ce ne fut que lorsqu'il rugit, que sa denture tigresque et son fauve museau devinrent évident. Toutefois, les non-vivants de la Manipule n'eurent pas l'heur de se perdre dans la contemplation que le Cathay-rath chargeait. Et quelle charge : l'homme bête fondit sur eux, à une vitesse insensée, laissant même sur le carreau les frénétiques Rapides. Cependant, si sa célérité n'avait rien à envier à celle de S'emsyl, ce ne fut que lors du choc que les Morts prirent la mesure de leur opposant : alors qu'il bondissait à partir d'une paroi latérale, il se réceptionna sur le mur opposé. Ou plutôt, saisit au vol l'un légionnaires par son heaume, qu'il écrasa contre la paroi tout en s'en servant de contre-appui. Le casque pourtant robuste s’aplatit brutalement, brisant l'os sous-jacent sous la pression de la mitaine du monstre.

Le jaguar vampire propulsa ses deux jambes contre le flanc de la ligne, renversant les lanciers avec la force d'un taureau enragé. Avant même que ses opposants n'aient pu réagir, son cimeterre décrivit un large arc de cercle. La lame maudite chanta un son étrange alors qu'elle fendait torses et pavois. Il ne s'était pas écoulé plus d'une poignée de secondes. Les écorchés couraient de nouveau sur les murs.

Deidre perdit rapidement le contact avec ses précieux subordonnés. Si elle avait été versée dans les écrits les plus anciens de la Wyverne, sans doute aurait-elle pu identifier le Porteur, l'ultime Disciple de Sh'éam. Fautes de témoins, rares en étaient les descriptions : sa force déjà immense même pour un Cathay, additionnée à la puissance du Don Noir, ne faisait pas de survivants. On le murmurait capable de tuer un guar d'un seul coup. Combinée à des talents guerriers mûris par des siècles de combats, on aboutissait à une machine à tuer digne de légendes.

Cependant, une telle puissance avait un prix : contrairement à S'emsyl, le Porteur ne pouvait endurer la morsure du soleil. Ainsi, assumant pleinement ses dons vampiriques, sa seule apparence provoquait l'effroi et la fuite des foules. Ce dont Shar'hamshir n'avait cure. En fait il ne comprenait même pas qu'il puisse en être autrement : les fauves d'Elsweyr parlent-ils à leur nourriture ?

Modifié par Trias, 05 mai 2011 - 23:16.


#280 Ygonaar

Ygonaar

Posté 29 août 2011 - 01:14

Des affres de la paranoïa et de l'amour des pièges compliqués

21 Soirétoile 3E431, 15h06






— Danse-mot, n'est-ce pas ? fit le vieillard, dont les orbites étaient revenues à la normale. Puis après quelques secondes : dis-moi jeunot, aurais-tu égaré le tendron qui t'accompagnait ?

Main-d'Ombre était sidéré.

D'une part car il devait bien admettre que les Impériaux avaient fait un travail remarquable dans le curieux réalisme de cet ébaubissant combat magique. Les cris, les sourdes ondes de chocs des sortilèges s'écrasant, les volutes de poussières tourbillonnant dans cet atmosphère malmenée, la subtile odeur d'ozone que laissait derrières elles les décharges de foudres, sa paralysie qui se dissipait peu à peu et par conséquent son champs visuel qui s'agrandissait, sa focalisation qui s'affinait, la sourde douleur due sa mémorable chute qui devenait insistante. Chute et paralysie qui avaient d'ailleurs rendues la transition digne d'un cas d'école. Le meilleur spécialiste s'y serait certainement laissé prendre. Du grand art, le saurien le reconnaissait sans conteste.

D'autre part car il trouvait tout bonnement incroyable la naïveté du scénario. Au moment où leur petit groupe sombrait face à l'adversité, ta-dam, un super-archimage arrive, met en déroute le Palais Impérial à lui tout seul et se propose de les libérer ? Avaient-ils enfin compris la mesure du danger que représentait S'emsyl désiraient-ils par conséquent lui extorquer ses renseignements au plus vite ? Ou méprisaient-ils tout simplement au plus haut point l’intellect des « homme-bêtes » ? Un peu des deux, certainement.

Toujours est-il qu'il était peut-être déjà enchainé dans un cul de basse-fosse de la prison impériale avec illusionniste si compétent qui lui trifouillait l'esprit qu'il n'avait même pas senti ses nombreuses barrières mentales céder. Une situation peu plaisante. Mais ce dernier ignorait peut-être encore qu'il n'était pas lui-même totalement profane dans le métier. Tout d'abord, il avait vaguement perçu les afflux de Ténèbres lorsque ces soit-disant sorciers se téléportaient, un détail normalement criant de réalisme car apparemment fort méconnu, mais qui indiquait certainement des suggestions plutôt que des sensations paramétrées. C'est donc son propre esprit qui aurait de lui-même rajouté ce détail à la trame générale que lui proposait son bourreau. Il est hélas bien plus difficile de nier tout bonnement une suggestion qu'une image mentale, puisque la volonté est embringuée dans le processus. Il vaut en général bien mieux aller dans son sens mais en biaiser légèrement l'orientation jusqu'à ce que l'esprit la reconnaisse clairement comme étrangère. Il allait donc devoir jouer le jeu mais en essayant de pousser son manipulateur à la faute, afin de recouvrer ses protections et ses perceptions réelles. S'il jouait finement, il pourrait peut-être évaluer correctement la situation avant que son opposant ne remarque. Et dans l'hypothèse absolument incroyable que cette scène ne soit pas qu'un pur fantasme, il n'irait de toute façon pas se mettre à dos un magicien d'une telle puissance. Pas sans truquer sérieusement les cartes, en tout cas.

— L'Archimage Traven, bien sûr ! Vous parlez bien de Mademoiselle Défiante ? Elle a due hélas s’éclipser dés qu'elle a eut trop chaud aux fesses... Mais que faites-vous ici. Articula péniblement le saurien en guise de première sonde.

Modifié par Ygonaar, 30 août 2011 - 13:52.


#281 Trias

Trias

Posté 09 septembre 2011 - 20:19

De l'Art de la Nomenclature

21 Soirétoile 3E431, 15h07




Les traits du vieillard s'étirèrent, et une constellation de rides apparut.  

— Défiante ? gloussa-t'il, de sa voix éraillée. Quel pseudonyme à la mords-moi-le-noeud ! Autant se présenter en tant que Sans-Nom, ou encore comme « Personne », et faire au moins preuve de références culturelles...

L'étrange magicien tourna un instant la tête. On aurait vainement cherché la moindre trace d'anxiété dans son regard. Il semblait d'un calme olympien. Soudain, Main-d'Ombre se sentit compressé de toute part par une force invisible, et invincible. L'argonien fut remis debout sans ménagements, puis aussitôt libéré.  Alors qu'il chancelait, le Vieil Homme reprit :

— Quoique ce genre d'effronterie lui ressemble bien. Elle a un caractère... enfin elle se croit très... et puis elle fait ça avec un tel...

Marquant une pause, il le couva d'un oeil critique.

— C'est comme Danse-mot, cela ne se prête pas du tout aux circonstances ! Droit-Dans-Le-Mur irait bien mieux en ce moment...

Il se caressa un instant la moustache. Au loin des ordres contradictoires fusaient, triomphant à peine d'une clameur allant croissant.

— Écoute moi bien, marmouset. La pimprenelle que je cherche ressemble à une adolescente, cause comme une pipelette, mais cogite comme une illusionniste. J'ajouterai qu'elle un don pour les cachotteries et la conception de catastrophes d'une ampleur rare. Et si son tuteur ici présent — il eut un geste comme s'il saluait du chapeau — la cherche, c'est précisément parce qu'elle a dû en déclencher une. Mais... ce n'est pas le meilleur endroit pour en discuter. N'est-ce pas jeunot ?

Il se redressa.
— À moins que tu ne veuilles te remettre à l'équitation ? Ces deux bleuets sont avec toi ? demanda-t-il en désignant Drem et Saerileth, toujours en livrée, dans l'écurie.

Modifié par Trias, 09 septembre 2011 - 20:32.


#282 nood

nood

Posté 14 septembre 2011 - 14:48

La tête dans le cirage

21 Soirétoile 3E431, 15h08



Le vieillard s'adressait à Danse-Mot, et, au vu de la loquacité actuelle de l'Argonien, la discussion pourrait durer longtemps. De quoi laisser le temps à l'intégralité de la Légion d'arriver sur place. Drem se relevait péniblement, s'approchant du saurien par sa gauche. Ses jambes étaient encore endormies, comme lourdement courbaturées.

- Je vois tout à fait de qui vous voulez parler. J'aurais moi-même deux mots à lui dire, si jamais vous la retrouvez…

Le vieil homme avait l'apparence d'un tronc de chêne noueux et ridé par l'âge, et s'il n'avait pas mit une déculottée cuisante aux molosses en armure du lieutenant Helm, L'elfe ne l'aura pas cru capable d'être un grand danger. Son regard ne trompait pas, en revanche. Dur et trempé, semblait voir au-delà de l'esprit des gens. Drem reprit, malgré une perception quelque peu embrumée des environs :

- Défiante, ouais ! C'est sûr qu'elle ne l'a pas volé, son pseudonyme. Mademoiselle nous a quitté, et pas forcément en bonne forme. Elle ne ressemble plus vraiment à une adolescente, maintenant, mais elle doit continuer à provoquer des catastrophes. Ça m'étonne que vous l'ayez pas remarquée. Si elle est dans le même état que lorsqu'elle nous a faussé compagnie, elle doit être visible comme un feu de joie au milieu de la nuit.

La prestance de ce mage impressionnait le Dunmer. Lui qui venait de faire usage de magie comme il en avait rarement vue, qui avait repoussé sans broncher plusieurs hommes en arme et hommes d'esprit, se tenait pourtant debout sans le moindre signe de défaillance, de surprise ou même de doute. Il arriva à la hauteur de Danse-Mot, à qui il posa la main sur l'épaule. Etait-ce pour rassurer l'Argonien ou pour se procurer un appui au cas où ses jambes flanchaient à nouveau sous l'effet de la paralysie ?

- Mon … ami, fit-il après avoir hésité sur le terme à employer, ici présent, n'est pas un monstre d'extraversion, et sa réponse vous a sûrement laissé un goût d'inachevé et de défensive. J'exagère peu en disant que nous avons frôlé la mort en bien trop d'occasions pour la seule journée d'aujourd'hui, ce qui explique sa réaction. Mais vous avez raison, l'endroit est mal choisi pour faire plus ample connaissance. Si vous avez une échappatoire quelconque à nous proposer, je pense parler en notre nom à tous en acceptant de foutre le camp d'ici.

Modifié par nood, 14 septembre 2011 - 14:51.


#283 Trias

Trias

Posté 19 septembre 2011 - 22:17

Échappatoire quelconque

21 Soirétoile 3E431, 15h08





— Quelconque ? Diantre, et le panache, jeune elfe ? s'exclama le Vieil Homme. Réaliser une incartade de ce genre, puis verser dans la médiocrité ? Las, voilà qui ne sied guère à un Vvardenfellien...

Alors qu'il arguait, les yeux du mage parcouraient les monumentaux bâtis du palais, explorant rapidement les lieux.
— Cependant.. votre parler est franc. Direct et pragmatique. Courageux. Et...

Le regard du vieillard s'éleva. Il n'acheva pas sa phrase, un sourire carnassier retroussant sa moustache.
— Oui... ce serait parfait...

Lorsqu'il leur accorda à nouveau son attention, une étincelle de malice brillait dans l'azur de ses iris.
— Très chers bambins, c'est l'heure du départ !

Il eut un geste de la main, simple et banal. Comme on appelerait un valet caché derrière une tapisserie. Il ne daigna même pas même se retourner, que Saerileth était brutalement aspirée. Propulsée de l'écurie jusque parmi ses collègues, l'étau invisible qui s'était emparé d'elle se retirant aussi subitement qu'il était venu.

L'environnement se referma soudain sur les trois compagnons, comme dévoré par un néant avide et obscur. Main-d'Ombre, Drem et Saerileth furent coupés de toute perception. A l'exception du contact physique de leurs corps : la main de l'elfe crispée sur l'épaule de l'argonien ; le bras de l'impériale se raccrochant à celui du dunmer. Là était bien la différence avec les téléportations de leur rieuse acolyte : point de force écrasante, point d'énergies mystiques incontrôlées envahissant leurs hôtes à chaque changement de destination. Rien. Rien que le vide, et le toucher.

Les « passagers » retrouvèrent l'usage de leurs yeux. Une brusque rafale de vent, glacée, les transit jusqu'au sang et manqua de les renverser. D'un blanc crayeux maculé par les intempéries, le sol semblait fait de roche massive. Une dizaine d'éperons polis, immenses, formaient comme les créneaux de ce qui semblait-être une plate forme circulaire. Tout autour n'était que ciel nuageux, et horizons lointains.

— Et voilà ! fit la voix rocailleuse, forçant un peu pour couvrir les bourrasques. Maintenant, les enfants, je vous serai gré de pas employer le moindre sortilège. C'est comme ça qu'Helm et ses limiers pistent les indésirables. C'est comme ça que vous avez été débusqués.

Le mage en robe bleue volta, puis s'assit contre l'un des contreforts géants, afin de s'abriter du zéphyr. Il réhaussa son col, rabattit son capuchon, puis les couva de nouveau. De son regard qui ne cille pas.

— Je crains de n'avoir pas saisi vos histoires de fesses chaudes et de feu de joie. Je suis le professeur Dreslobet, de la Guilde. Qu'est-il advenu de Maelicia ?

Modifié par Trias, 19 septembre 2011 - 22:19.


#284 Arakis

Arakis

Posté 10 octobre 2011 - 21:16

Quand faut y aller, faut y aller


21 Soirétoile 3E431, 15h07




Les pierres de l’écurie empestaient, c’était déjà un fait évident quand on entrait dans la pièce, mais avec le nez écrasé dessus et l’impossibilité de bouger c’était encore plus flagrant. Une expérience des plus déplaisantes que Saerileth expérimentait en cet instant. Certes la vie d’aventurier et de mercenaire obligeait à des désagréments olfactifs d’ordre divers et variés tel que les vêtements sales, les bottes usées, la nourriture peu saine et pas forcément très bien conservée au fond des sacs de voyages,  le sang séché sur les armes et effets personnel, le vomi du aux libations et autres fêtes « virils » (quand bien même elle était une femme) qu’imposait le métier sans parler des corps plus ou moins frais indissociable du travail mais le crottin de cheval en plein visage … Elle se prit à un moment à rêver que le sort de paralysie affecte aussi ses narines mais par un coup bas du destin et de la magie il n’en fit rien.

Sentant ses muscles se détendre elle s’efforça de stimuler ses muscles comme elle pouvait, s’appliquant plus particulièrement (pour une raison qui lui échappait) sur le gros orteil gauche. Toute occupée qu’elle était à animer ses muscles plantaires elle ne prêta que très peu attention au combat magique qui se jouait à l’extérieur, du moins jusqu’à ce qu’un mage de guerre passe par-dessus sa tête, propulsé comme un boulet de canon par un sortilège de télékinésie. Sa perplexité fut d’autant renforcé qu’en levant le cou (qui était doucement redevenu mobile) elle vit que ledit garde-projectile ne venait pas d’une catapulte que l’on aurait installé dans la cour ou autre facétie de mage mais de ce qui ressemblait fortement à un duel de magie. Un mage seul contre une cohorte complète qu’il tenait en respect visiblement sans trop d’effort.

Curieusement la quantité de projectiles magiques de diverses natures la motiva encore plus à essayer de bouger ses membres gourds. Ceci dit la motivation n’ajouta pas grand-chose à sa tentative de libération de ses propres barrières physiques. Le temps qu’elle soit remise debout et arrive à tenir sur ses jambes toute la troupe de mage de guerre était mise en déroute et se téléportait, la queue entre les jambes vers des horizons sûrement plus prospère. Alors que le mage (visiblement pas de la première jeunesse) s’entretenait avec Danse-Mots elle se dirigea vers le conduit et cassa la dalle d’un coup de poing métallique, au vu de la situation il n’était pas franchement nécessaire de s’encombrer de beaucoup de subtilités. Alors que les gravats tombaient dans le boyau elle prit la valise et reparti en direction des autres, alors qu’elle se retournait elle se sentit happé par une force irrésistible, avant qu’elle ait pu cligner des yeux elle se trouvait à coté de Drem et de l’argonien, et soudain le noir complet. Et l’instant d’après la lumière, le vent et le froid.

Cette subite transition lui fit subitement perdre l’équilibre et alors qu’elle faisait un pas en avant pour se rattraper elle vit la hauteur à laquelle ils se trouvaient, visiblement une haute tour avec vue plongeante sur la cité. Intérieurement elle s’estima heureuse de ne pas avoir le vertige, Hlaf l’avait et tout le monde se moquait de lui sur le sujet, elle essaye d’imaginer l’intéressé à sa place mais tout ce qu’elle vit fut un tas de viande déchiqueté. Secouant la tête pour chasser ce souvenir elle se tourna vers le mage qui semblait se mettre à l’aise (si tant est que ce soit vraiment possible dans un tel endroit) et se préparer à un interrogatoire en règle. Au fond ça ne la surprenait pas outre mesure, prendre autant de risque pour arracher des fugitifs aux mains de la garde impériale pour les laisser filer ensuite …

Elle fit craquer son cou et son épaule qui finissait de se désengourdir et histoire de rentrer un peu dans le mou lançant tout de go

« Maelicia s’est changé en atronach de flamme avant de disparaître, très visiblement c’était du à l’intervention d’une vampire faisant partie des disciples »

Alors qu’elle prononciation cette phrase elle se rendit compte à quel point cela paraissait irréaliste et complètement aberrant et pourtant c’était si vrai …

#285 Trias

Trias

Posté 24 octobre 2011 - 20:37

Synthèse d'une catastrophe

21 Soirétoile 3E431, 15h10




« Maelicia s’est changée en atronach de flamme avant de disparaître. Très visiblement c’était du à l’intervention d’une vampire faisant partie des disciples. »

Le regard broussailleux du vieil homme se redressa en direction de l'impériale, qui assouplissait ses articulations comme un pugiliste se préparant à l'entraînement. Il la dévisagea quelques instants sans mot dire, comme cherchant à évaluer son degré de santé mentale. De violentes bourrasques embrasaient par intermittence les terminaisons nerveuses des trois aventuriers, portant comme l'écho de cris et de rumeurs alentours.

— Pimprenelle, l'intéressée est mon étudiante. Je sais mieux que quiconque que ses compétences en altérations flirtent dangereusement avec la nullité. Qu'une bille pareille en métamorphose soit capable de se transformer en Atronach relève du fantasme pur et simple.

Hum, ajouta-il en se caressant pensivement le bouc.

Hum, fit-il encore en s'éclaircissant la gorge. Mettons que ça aie été votre Joker. Comprenez moi gamins, Maelicia ne fait que réprésenter la Guilde, qui est votre employeur. Et que votre humble serviteur représente encore davantage. Nous n'avons pas eu de  contact avec notre rosière depuis 24 longues heures. Si je vous ai retrouvés, c'est parce que j'ai toujours un oeil sur la signature spirituelle de votre coquine d'associée, et que je me suis précipité au dernier lieu où je l'ai perdue. C'est à dire, au beau milieu de ce charmant palais impérial.

Il joignit les doigts, comme pour tenter une synthèse de la situation.

En ce moment, il n'y a pas plus de trace écrite de votre mission pour la guilde que de charité dans le cœur d'un gêolier prétorien. Nous avons donc tout intérêt à accorder nos violons. Qu'avez vous appris sur le sceptre ? Où s'en est donc allée ma carambole de pupille ?





ж ж ж

Par le vide

21 Soirétoile 3E431, 15h10




« ...tout un escadron. De ma vie, je n'ai jamais vu un mage aussi puissant... et pourtant j'ai bourlingué. Et vous croyez pouvoir y aller seul ? » s'exclama le Lieutenant Prétorien.

— Ai-je mentionné être seul ? releva Atohn, qui avait rejoint l'escadre devant la consigne, où s'était maintenu une sorte de cordon de sécurité le temps de l'évacuation.

Helm tiqua, puis se renfrogna. Son orgueil déjà malmené par échauffourée précédente s'abrasa.

— Non. Mais j'avais cru comprendre que le recrutement de votre ordre avait connu des jours meilleurs...

Un sourire en coin retroussa les lèvres du Visionnaire, tandis que ses yeux auparavant atones dérivaient lentement vers son interlocuteur. Atohn... Un nom qui lui allait bien, à cet homme malingre, perpétuellement vêtu d'un gris trop assorti à la pâleur de son teint. Helm détestait particulièrement son regard, insondable, abyssal, auquel il soumettait tout être un tant soit peu digne d'intérêt. On ne pouvait faire confiance à un individu aussi calculateur. Le Lieutenant était autant un mage qu'un soldat. En tant que Prétorien, il ne pouvait comprendre le crédit qu'accordait Ocato au dernier Visionnaire de la Wyverne.

— En effet. À ce titre, peut-être devriez vous commencer par relâcher nos agents. Dont l'homme qui pistait les intrus depuis le toit de votre consigne, et dont la  filature ne se serait interrompue sans votre remarquable intervention.

Le battement des artères temporales de l'officier s'accéléra.

— Savez vous seulement à QUI vous avez affaire, Traqueur ?

— À un bréton du nom de Gabriel Daresort, se faisant passer pour l'enseignant d'une guilde qui l'a expulsé depuis l'an 122 de notre ère. Pour ses recherches sur les processus d'anti-création pour être précis...

Helm resta coit quelques instants.

— L'anti-création n'est qu'une théorie de mes...
— Des théories, coupa Atohn. Dont vous avez pu constater aujourd'hui l'indiscutable efficacité. Votre question était de plus mal posée. Je sais à qui j'ai affaire. Ou plutôt à quoi. Et je sais également comment le défaire. Maintenant, par l'autorité du Chancelier, vous allez accomplir votre tâche, Prétorien, en aidant à achever l'évacuation du palais. Et en cessant de vous interposer.

— Ce qui vous arrange bien, Visionnaire, lâcha Helm, alors que ses subalternes déliaient l'espion de la Wyverne. Tout un palais, rien que pour vous. Sans aucun témoin... vous cherchez quoi, Atohn ?

L'être malingre qui lui faisait face le toisa de nouveau, de ses traits à nouveau dénués de toute expression.

— À éviter de perdre autant d'hommes que vous dans l'incartade... Prétorien...




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