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[rp] Cité Impériale


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284 réponses à ce sujet

#251 Ygonaar

Ygonaar

Posté 07 mars 2011 - 01:38

Sans même mentir  

21 Soirétoile 3E425, 14h30




  Faisant mine de ne pas l'entendre, la virago accrocha les gantelets de Sul-Narsil à sa ceinture, puis tapota d'un air entendu sur son bras artificiel. Voulais-t-elle signifier qu'il ne faisait pas le poids ou bien qu'elle collectionnait les objets magiques? Mate-peste la toisa d'un air ulcéré. Sous prétexte qu'elle se précipitait sur tout butin au lieu de se rendre utile, comme surveiller la vampire, par exemple, elle s'arrogeait le droit de piller une comparse qu'elle ne connaissait pas la veille?  Et ce même au détriment de compagnons pour le moins plus légitimes ou à propos d'artefacts pouvant être dangereux. Était-ce par simple goût du lucre ou avait-elle des visées plus précises?

  Mais il ne pouvait pas se permettre une altercation avec l'Aiglonne. Pas maintenant, avec S'emsyl qui approchait. Il lui faudrait faire bonne mine, à cette Impériale qui le prenait certainement pour le dernier des ratés. Enfin, il pouvait toujours ajouter un peu de piquant à la sauce.

   Comme vous il vous siéra, mademoiselle. Sachez seulement que ces objets ont le pouvoir d'arracher votre âme et que vous ne pourrez plus les ôter si vous les ceignez. Ajouta-t-il de sa voix la plus doucereuse.




  

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Changement d'ambiance

21 Soirétoile 3E425, 14h40




Le Dunmer était éberlué mais n'avait pas cédé au premier mouvement d'humeur qui l'avait traversé. Saerileth renchérissait sur lui, que ce soit à dessin ou par pure veulerie. Les choses ne se présentaient pas trop mal.

  Sauf que le monstre ne profitait pas de l'aubaine pour rebondir sur leur vénalité. Après un examen qui sembla interminable au reptile, elle récupéra son ombrelle et fit le tour de bureau du tabellion. Elle s'était arrangée pour leur couper leur ligne de vue, et Main-d'ombre n'avait aucun doute sur sa capacité à mettre à profit ce bref instant pour préparer quelque chose, ainsi que pour s'approcher et être dans le champs de ses marionnettes, là dehors. Elle se prépare! Mais bien entendu, elle posait toujours lorsqu'elle reprit la parole, d'une voie curieusement neutre.

   Vous me décevez beaucoup, vous deux. Ne comprenez vous donc pas les non-sens que vous faites ? N'observez vous donc pas ce que vos yeux voient ?  Votre « amie », qu'a-t'elle fait à l'instant ? Croyez vous vraiment que ma Rose était destinée à l'embraser ?


Une pulsion de meurtre. Oh, cela n'avait pas duré une seconde, mais le saurien avait clairement perçu une haine dévorante à son encontre dans le regard de la Stryge. Ce qu'il craignait tant avait bien eut lieu, elle l'avait reconnu! Il avait instinctivement perçu le caractère rancunier et destructeur de la créature, c'est même ce qui l'avait poussé à s'allier avec l'insupportable Maelica. Aradon l'avait plus que confirmer par la suite. Il n'avait jamais croisé S'Emsyl, il s'était même jamais opposé au clan Sh'éam. Elle aurait pu tout simplement l'ignorer au Sang-du-Guar sans que ce dernier ne se rende compte de rien. Mais il s'était attaché aux mauvaises personnes et la vampire devait y voir un moyen supplémentaire pour atteindre Maelicia. Alors que devait-elle penser de lui, qui l'avait obligé à battre retraite et lui avait peut-être infligé les douleurs les plus intenses de son existence?

Et comment l'avait-elle reconnue? Mate-peste différait fort de Charbon-Agile et il aurait jurer qu'elle ne l'avait point perçu dans sa cachette, derrière le muret. Il restait deux solutions plausibles. La plus probable est qu'elle avait identifié sa signature aurique grâce à sa dague et à sa sacoche de boulette-éclair. Une prouesse qui n'aurait posé aucune difficulté à sa propre mère, en tout cas. Et qui impliquait qu'aucun déguisement non magique n'aurait de prise sur elle. La seconde est qu'elle l'aurait repéré alors qu'il récupérait la bombe dans la cheminée. Elle serait alors capable de le reconnaître sur sa simple silhouette? Et elle devait aussi savoir qu'il résistait aux effets de l'enténébration, puisqu'il avait dégotté l'explosif. Pourrait-elle avoir deviné autre chose...

Serethi avait rangé l'épée pour farfouiller quelque chose dans sa besace. Était-il toujours sous influence? L'Argonien s'écarta d'un pas pour se coller dos au mur.


Il s'agissait d'une fleur de Sithis. Un contenant magique inoculant sélectivement et intégralement sa cible, sans trace aucune. L'enchantement de la fleur... avait été obtenu à partir de l'âme d'un atronach de feu mineur, invoqué par mes soins.
A quoi devait servir votre rose, normalement? Demanda le lézard d'un ton curieusement atone.


Comprenez vous à présent ? Les Triamites dévorent les âmes de leurs victimes ! Et vous croyez que NOUS sommes des monstres ? Qu'est ce qu'une vulgaire perte de sang quand on vous arrache votre propre âme ?? Qu'est ce que perdre la vie quand vous risquez le néant éternel ? Combien d'âmes croyez vous que le vieil homme avide ait absorbées ? Avez vous... la moindre idée de la puissance du monstre que vous servez, à travers sa disciple ?
Non. Qui est ce Vieil Homme Avide? Que sont les Triamites? Quel sont leurs objectifs? Interrogea à nouveau le reptile. Son visage, ses gestes qui perdaient aussi leurs subtiles variations accentuait encore son air sidéré. Seuls ses yeux rougeoyaient comme jamais.


   ...Et un combat en plein cœur du palais risquerait d'attirer du monde, bien trop pour vos pouvoirs, enfin, … j'imagine. Conclut le Dunmer qui avait finalement rallié leur stratégie.
— Vous devriez faire attention avec votre ombrelle, un accident est si vite arrivé avec ces engins là.
Coupa l'Argonien du voix maintenant sifflante, et froide, terriblement froide, tout en pointant ostensiblement son arbalète. Il avait maintenant un aspect ramassé qui donnait effroyablement l'impression d'un serpent près à frapper. Et vous devriez aussi congédier vos mignons tout de suite. Vous savez bien que je ne perdrais pas de temps avec eux. Et qu'en deux mois, j'ai eu tout le loisir de vous préparer de nouvelles surprises. Tenez-vous à y goûter? Vierge-de-Dagon, ôtez-donc votre bandeau.

— En revanche, votre discours comme vos propositions se tiennent. Parlez-nous du Don Noir, quelles en sont les contraintes? Comment... procède-t-on?

Modifié par Ygonaar, 07 mars 2011 - 16:18.


#252 Trias

Trias

Posté 08 mars 2011 - 23:47

Le prix de l'ombre

21 Soirétoile 3E425, 14h40




« ... Mais je n'aime pas agir sous la contrainte. Encore moins quand je commande à mes hommes. Le meilleur chef est celui qui ramène toute son escouade à la maison, pas vrai ? »

Des relents de tabac venaient effleurer l'odorat de la morte, évoquant furieusement l'atmosphère enfumée des bouges infâmes qu'elle aimait à fréquenter. L'addiction aux herbes était chose fréquente chez les humains, quelque soit le milieu social, mais c'est en bas de l'échelle que son usage devenait le plus compulsif. S'emsyl en avait trop l'habitude pour s'en formaliser, mais retint surtout que l'elfe affectait la normalité, et n'était donc plus sous son influence. Le stratagème du chef éventait encore davantage sa tentative. Les pulsations survoltées de son organe cardiaque n'avaient pas décru. Les mortels étaient sous tension...

— Vous devriez faire attention avec votre ombrelle, un accident est si vite arrivé avec ces engins là, siffla le saurien entre ses crocs. Et vous devriez aussi congédier vos mignons tout de suite. Vous savez bien que je ne perdrais pas de temps avec eux. Et qu'en deux mois, j'ai eu tout le loisir de vous préparer de nouvelles surprises. Tenez-vous à y goûter?

Les commissures de leur fatale interlocutrice se retroussèrent encore davantage. Tentait-il vraiment de l'intimider ?

— Est-ce mieux ainsi ? interrogea-t'elle doucereusement, alors qu'elle déposait gracieusement ledit objet contre le pupitre, à sa gauche, tout en en caressant la garde.

Les trois comparses s'aperçurent soudain que la vampire ne tenait plus l'ombrelle. Ses phalanges jouaient à nouveau langoureusement devant-elle, tandis que son sourire s'élargissait. Ils n'avaient pas vu le geste.

— Quant à mes mignons, je suis grandement déçue que vous n'en rememoriez pas mieux l'aspect...

Les trois hommes hypnotisés firent halte juste devant le seuil, regardant sans le voir le perron, hantés. Ils semblèrent même errer, hagards, s'éloignant presque de la consigne. S'emsyl quant à elle jouait toujours de ses  doigts, mais son regard s'arrêtait désormais sur l'homme-bête. Ses iris injectées de sang braquées sur elle, son fluide  nerveusement distribué au reste de son corps... on pouvait sentir l'animal, prêt à frapper. Le cobra menaçant de sa crête. La Main de l'Ombre sans le mensonge. L'échange devenait possible.

— Mais vos questions sont sensées, mortel. Enfin sensées...

Son regard erra un bref instant.

— Ai-je l'aspect flêtri par les années ? Ais-je l'air de craindre la lumière d'Arkay ? Il n'y a pas de contreparties au Don Noir, mortel, si tout comme vous nous nous nourrissons régulièrement. Et si vous êtes plus intelligent que ceux qui vous craignent.

Quant au Vieil homme avide, son nom résume sa nature. C'est lui qui mène les triamites. Ou la triamite, devrais-je dire. La guilde des mages n'est qu'une façade pour lui ; et ses intentions pour notre sceptre, évidentes.

Elle les considéra d'un air désabusé.
— Ce n'est pas un ennemi que des mortels comme vous, vos mages ou même vos prêtres pourriez vaincre. Mais sournois comme il est, il ne se dévoilera pas. Pas tant que vous lui êtes utiles...

Une moue ironique s'imprima sur son visage.
— Savez vous qu'il ne se nourrit que de mortels ? Le but de ma Fleur de Sithis était simple, inoculer un filtre de métamorphose. En truie pour être précise. Je l'aurais offerte aux guildistes, après cuisson bien sûr.

Ses yeux se firent rêveurs.
— Oh... murmura-t'elle, extatique, comme cela aurait été grandiose ! La dévoreuse, dévorée par les siens ; sa chair déchiquetée par autant de dentures cannibales qu'elle comptait d'amis... Oh... quel spectacle cela aurait fait !

Soupirant, elle parut revenir à la réalité.

—  Cependant, la cuisson semble avoir devancé la cuisine... Quant à m'accompagner vers notre sceptre, il n'en est pas question. Votre seule issue, c'est par le sas par lequel vous êtes entrés. Vous n'avez qu'à me confier les précieux renseignements que vous a prodigués la triamite. Et vous repartirez vivants, et sans encombres.

Déroulant son bras, elle pointa du doigt l'allée.

— Voyez, les impériaux regagnent leurs postes. Pouvoirs ou pas, imaginez quelle funeste attention serait attirée... si la compagne du Duc venait à être molestée par de mystérieux intrus...

Ses iris se durcirent et plongèrent dans le sanglant regard de Main-d'Ombre.

— Je suis lasse d'être généreuse, mortel. Tu as eu tes réponses ; alors, trêves d'enfantillages. Il manque une page à ce registre. Donne la moi, et tu as ma parole que tu dépasseras ta condition de mortel. Telle est l'offre des Disciples, et je ne la répèterai pas de nouveau.




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Faă intérieur

21 Soirétoile 3E425, 14h40




Typhaine ouvrit un oeil, puis deux. L'étudiante se trouvait dans sa chambre. Ou plutôt, dans une reproduction de son studio de l'université arcanes, dans une version inédite : la pierre froide et grisâtre de la construction avait cédé la place à un minerai poreux noirâtre, rappelant de la roche volcanique. Ses meubles semblaient avoir subi le même traitement, et jusqu'à son pupitre de bois semblait tout droit importé de Dagoth Ur. Les dimensions mêmes des lieux  paraissaient revues à la hausse.

— Tiens... s'étonna la brétonne, en entortillant une méche de cheveux tout ce qu'il y a de plus normale.  Machônnant distraitement l'extrémité capillaire (ce qu'elle évitait habituellement de faire en public), elle remarqua que la couverture de ce qu'il faut appeler son lit ressemblait à de l'osier tressé, mais d'un brun plus prononcé, virant vers le bordeau. Sa splendide descente de lit se voyait pareillement modifiée. Jusqu'à sa peluche (en forme de feu follet, sa préférée) avait pris une teinte cendre des plus ternes.

— Y'a quelqu'un qui a refait la déco, ici... murmura-t'elle en se levant.

Elle contourna en quelques pas son pupitre, puis fit halte devant sa bibliothèque, qui semblait comme vitrifiée. Saisissant un petit recueil d'ébonite, elle l'ouvrit, puis le feuilleta, stupéfaite : c'était bien « Le maquillage pour les nuls », en édition poche, sauf que des gravures daedriques rougeoyantes s'étaient substituées aux caractères d'imprimerie. Jusqu'à ses annotations (à la rubrique joues rouges, chapitre fond de teint) avaient pris un aspect torturé, et luisaient comme la braise.

— Ça alors...

Soudain, prise d'un brusque accès d'angoisse, elle reposa le livre et courut jusqu'à sa penderie, qu'elle ouvrit dans un crissement strident : ses robes, TOUTES ses robes ressemblaient désormais plus à des conglomérats de cendres rigides qu'à des étoffes. Le seul vêtement à peu près visible qu'elle possédait était désormais la tunique de bure bleue sur ses épaules ! Laquelle était arrivée là par quelque obscur artifice...

Un coup de tonnerre résonna, à l'extérieur. Sous ses yeux écarquillés se développait un ciel écarlate, jalonné de nuages sombres et d'éclairs. La stupéfaction fut telle que la rouquine en oublia le check-up frénétique de sa garde-robe.

« S'pas possible, j'dois être en train de rêver... » s'affirma-t'elle tout en sortant vers le couloir de la résidence universitaire, promenant un regard effaré sur les murs d'ébène scupltés de motifs torturés.

— Tu ne rêves pas, gulima, fit une voix aux harmoniques étranges derrière son dos.

Typhaine volta d'un bond.

— Midran'daă !

Et effectivement, l'élémentaire au regard bleuté se tenait dans le corridor, tandis que les cieux de l'Oblivion se déchiraient au dehors. Cependant, l'élémentaire n'avait plus rien de la fragile néo-atronach de la vision précédente. Non, devant Typhaine se tenait désormais une splendide faă'ran, haute de stature, et dont les formes incandescentes étaient désormais protégées des regards par un corset de métal sombre. La créature, dont la brûlante chevelure dansait vers le plafond rocheux, surplombait Maelicia d'au moins deux têtes.

— Gulima voleuse ! s'écria soudain la daedra, dont l'incandescent visage se crispa de haine alors qu'elle se jetait sur la magicienne.

Par réflexe, conditionnée qu'elle était par son entraînement, l'étudiante se téléporta au loin, dans le dos de son attaquante. Les griffes enflammées de celle-ci frappèrent dans le vide.

— Arrête Midran'daă ! intima la brétonne, sans pour autant baisser sa garde.

L'être immortel se retourna, écumant de rage.

— Gulima perfide ! cria-t'elle de sa double voix tout en fonçant sur l'attiédie à une vitesse inouïe.... pour n'atteindre à nouveau que de l'air

La brétonne venait de réapparaître à l'extérieur, et observait avec inquiétude les vapeurs toxiques émanant des brasiers qui jonchaient le parc des arcanes.

— Arrête Midran'daă, j'te veux aucun mal ! reprit-elle, en surveillant du regard la daedra.
— Aucun mal ! s'esclaffa l'élémentaire, depuis l'ouverture qu'aurait du occuper une fenêtre. Aucun mal !? Tu veux voler mon Faă, gulima ! Toi et les tiens... n'êtes que nii'j perfides et traîtres ! Mais Midran'daă ne sera pas ta capture ! Midran'daă vengera les siens pour toute la cruâuté des tiens !

L'atronach bondit du haut des quartiers, droit sur la magicienne qui l'esquiva encore dans un warp. Mais cette fois, la brétonne n'avait pas fini de se rematérialiser que la faă'ran était déjà sur elle : aussi rapide qu'une étincelle, elle semblait s'être comme accrochée au trait de feu qu'elle avait émis, puis laissée tracter par les flammes. Typhaine n'avait jamais vu cette technique. Les ongles acérés de l'entité lui lacérèrent l'abdomen, de bas en haut. Butant contre les bras croisés de leur cible, qui protégeait son visage, la seule force de l'impact fit voler l'étudiante sur quelques mètres. Le violent choc d'un mur contre son crâne arrêta sa course.


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Typhaine s'écroula, sonnée. Si c'était un rêve, en tout cas la douleur était bien retranscrite, songea-t'elle en sentant un filet de liquide chaud dévaler sa nuque. Elle se sentit saisie sans douceur par la cheville, puis propulsée à nouveau contre le sol hostile, qui lui râpa cruellement le derme.

— Défends toi ! ordonna l'atronach, en lui infligeant un coup de pied dans les côtes.
*crachotte un filet de sang*
— Pourquoi ne te défends tu pas, gulima ?
— Parce'que... parce'que... j'suis pas ton ennemie... Midran'daă, souffla Typhaine, à plat ventre, en se retournant pour faire face à l'élémentaire.

Ladite daedra observait l'humaine d'un air circonspect, ou l'incompréhension disputait à la méfiance. Rapprochant son ardent visage de celui de la brétonne, elle pointa son abdomen.

— Non sens, Gulima. Je t'ai creusé des plaies, et tu froidis. Tu m'as capturée. Donc nous sommes ennemies. Tes propos sont du non sens.

S'appuyant sur ses coudes, Maelicia tenta de se redresser un peu. Son crâne résonnait encore du choc, et son ventre la lançait douloureusement.
— J'ai pas voulu t'emprisonner, Midran'daă.

Un sourire acerbe anima les traits de l'élémentaire.
— Tu mens comme les churls, gulima... j'ai vu, moi aussi, dans ton esprit tiédi. J'ai vu ta faim de dévoreuse. Et tu  veux me faire croire que tu ne dévores pas ?

Ce fut au tour de la rouquine d'arborer une expression ironique. Elle s'assit en tailleur, aux pieds de l'élémentaire. La douleur s'atténuait.

— Ah oui ? Alors j'suis la grande dévoreuse, hein ? J'ai dévoré tout plein de bébés daedras dans leur berceau, hein ? Alors, regarde autour de toi : pourquoi qu'y'a personne ici ? Hein ? Pourquoi t'es toute seule si j'suis sensée avoir absorbé toute une ménagerie avant toi ?

La faă'ran s'assit pareillement, plissant des sourcils incandescents.

— Ton parler est étrange, gulima.
— N'empêche qu'il est vrai : si j'fous ici tous'ce que j'absorbe, pourquoi t'es toute seule ?

L'élémentaire ne répondit pas. Elle fixait la magicienne de son lumineux regard, cherchant vainement à y déceler toute trace de tromperie.

— Tu n'as pas voulu m'emprisonner ?
— Nan. D'ailleurs j't'ais même pas invoquée, en fait.
— Pourtant... tu dévores...


Typhaine croisa les bras, et observa un instant l'atmosphère écarlate du ciel disputer sa lumière aux étoiles.

— J'vais t'dire un truc, Midran'daa. J'ai jamais voulu absorber des esprits. J'ai aspiré plein d'fois les mêmes pierres, mais jamais complètement, parce que j'avais peur qu'y soient détruits. J'ai même pas choisi de d'venir dévoreuse !

L'ignée paraissait indécise.
— Mais... cet outil gulim que tu recherches...
— J'vais t'dire un secret, Midran'daă. Un truc que personne sait. « L'outil », comme tu dis, tout le monde le veut. Même mon maître.

Ses iris émeraudes se teintèrent de tristesse, et elle abaissa son regard.

— Mais aussi inhumain qu'y soit devenu, mon maître n'est pas une mauvaise personne. Il... il s'est juste laissé avoir... il a craqué... mais il a un bon fond. Il croit... tout le monde croit que j'vais ramener le sceptre, mais c'est faux. J'vais l'détruire, ce satané sceptre de fiente !! Et comme ça... j'protégerai mon maître de lui même... et tout s'ra fini.

L'élémentaire flamboyait sans mot dire, observant en silence l'attiédie devant elle. De discrètes gouttelettes perlaient au coin de ses yeux, un peu comme du métal en fusion, mais transparentes. Elle tendit son bras vers la gulim, et lui toucha la poitrine à travers la bure, qui étrangement ne se consumait pas.

— Tu es vraiment étrange, gulim. Ta peau est tiède, et pourtant, le Faă habite ton cœur. Comment t'appelles tu ?
J'm'appelle Typhaine, répondit l'étudiante, surprise. Loin de la brûler, la main de l'élémentaire diffusait vie et chaleur en elle, régénérant lentement ses blessures.

La faă'ran secoua la tête.
— Ce n'est pas ton nom. Tu n'es plus une gulim. Le Faă vit en toi, comme en tout membre du faă'rum. Typhan'daă. Ce sera ton nom, désormais.

La rouquine releva la tête. En effet, l'atronach s'était tenue près d'elle, l'avait touchée, et ce sans qu'elle soit le moins du monde incommodée par la température infernale qu'elle irradiait.

— Ca veut dire quoi comme nom ?
— Ca veut dire petite nu'chaăn qui parle trop,
éluda Midran'daă.
— Ca m'définit tout à fait, rétorqua la brétonne, qui n'en était plus vraiment une.

La créature eut un sourire, et Typhan'daă y répondit.
— Typhan'daă ?
— Oui ?
— Tu dois libérer les prisonniers des gulims.
— J'essayerai, Midran'daă, j'te le promets.


L'élémentaire se redressa, scrutant les étendues solitaires qu'il lui faudrait explorer.

— Et en attendant, ne renais pas, Typhand'aă. Je veux revoir mon clan...




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Plan rouge

21 Soirétoile 3E425, 14h45




Un souffle de vent frais, effleurant sa peau. Maelicia revînt à elle. Elle avait l'impression d'avoir dormi des heures. L'étudiante se trouvait cependant toujours dans la chambre du souterrain ayléïde. Le calcaire du sol, rêche et poussiéreux, lui mordait les cuisses, de son froid pénétrant. La rouquine écarquilla les yeux.

Levant brutalement les mains, elle poussa un cri de joie : à peine éclairé par la lueur blafarde de la torche mystique, son épiderme avait repris son teint pâle et uni. Et par dessus tout, les vilaines griffes étaient redevenues ses ongles !

Baissant le regard tandis que des mèches cuivrées dévalaient son col, elle vérifia aussitôt sa préocupation majeure numéro deux : et non, nulle abominable cicatrice ne scarifiait les contours de son abdomen.

C'est alors que ses pupilles myopes s'accomodaient sur sa peau nue que Maelicia prit conscience de la catastrophe. du cataclysme, de la situation qui représentait à ses yeux bien plus d'urgence que tous les Sh'éams du monde. Poussant un autre cri, elle se releva d'un bond, et fouilla la salle du regard.

Les reflets bleutés de l'étrange brasero miniature contouraient de leur lueurs vacillante une sorte d'excavation taillée d'une porte coulissante au sein du mur. Mue par l'instinct, la rouquine sentit que c'était une penderie. Cela DEVAIT être une penderie !

Maelicia se jeta sur le meuble, et tenta frénétiquement de faire coulisser la fermeture dudit placard. Cependant, malgré ses forces décuplées par la nécessité, le mécanisme grippé par les siècles ne céda pas. Se relevant, essoufflée, dépitée, la magicienne se réprésenta l'ampleur du ridicule si quelqu'un, ou même quelque chose la voyait s'escrimer dans un tel appareil. Jamais sa réputation ne s'en remettrait. Il lui fallait agir, et vite !

D'un geste, la compagnonne en mysticisme imposa sa volonté au placard, qui s'ouvrit d'un trait sous l'effort télékinétique. Une multitude de bestioles dans le genre cauchemardesques (comprendre beaucoup de pattes, minuscules et se tortillant) s'en échappèrent et fuirent sans demander leur reste. Le rangement hébergeait effectivement des robes cérémonielles, blanchâtres et recouvertes d'une couche de poussière à liquider une ménagère asthmatique.

Rien n'arrêta l'étudiante. Pas même les restes d'insectes décomposés qu'elle secoua hors des chausses assorties, en grimaçant de dégout. Mais l'essentiel était acquis : Maelicia était enfin habillée.

S'asseyant sur la couche, la magicienne se remit à penser, tandis d'une croissante sensation de soif s'emparait-d'elle...

Modifié par Trias, 09 mars 2011 - 19:47.


#253 Arakis

Arakis

Posté 16 mars 2011 - 19:20

Tenté par une paire de bottes en lézard ?


21 Soirétoile 3E431, 14h30


Saerileth glissa les gantelets de Maelicia à sa ceinture et fixa la gibecière à sa propre ceinture, elle prendrait le temps plus tard de les examiner en détail, pour l'instant mieux valait faire gaffe à cette vampire qui approchait.

— Comme vous il vous siéra, mademoiselle. Sachez seulement que ces objets ont le pouvoir d'arracher votre âme et que vous ne pourrez plus les ôter si vous les ceignez.

Décidément l'argonien ne voulait pas lâcher l'affaire, il y tenait à ses gantelets. Saerileth connaissait les bougres de cette espèce, des rats, des pillards, le genre qui n'en démordaient pas et voulaient un truc précis dans le butin, emmerdant tout le monde au moment du partage. Comble du comble c'était souvent ceux qui en foutaient le moins et ouvraient le plus leur grande gueule (ici l'expression était encore plus adapté étant la physionomie de l'argonien). Curieusement dans son esprit ça collait bien avec l'idée qu'elle avait de l'argonien, pour l'instant la seule chose qu'il avait fait c'était se chier dessus face à un type en cape rouge, raconter des conneries, obéir aux ordres et menacer tout le monde avec son arbalète au mépris le plus élémentaire des règles de l'unité de groupe improvisé. Décidément elle allait le garder à l'oeil ce petit saligaud, pas question qu'il lui fasse une entourloupette fumeuse et se barre avec le fric.


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Réglements de compte à O.K Impérial

21 Soirétoile 3E431, 14h40

Au vu de son discours Drem semblait avoir repris pied. Déjà ça de gagné, ils seraient donc trois faces à la vampire et non deux, d'autant qu'elle ne comptait guère sur l'aide de l'argonien. Jusqu'à présent ce dernier n'avait pas fait franchement preuve d'un quelconque talent utile ... Visiblement celui-ci connaissait la vampire, et il s'est bien gardé de nous le dire, comme par hasard ... A défaut de lui apporter une pièce du puzzle qui se construisait autour d'elle cette omission la confirma dans ses certitudes, on ne pouvait pas faire confiance à cet argonien.

Et comme si ça ne suffisait pas voila qu'il lui donnait des ordres, et il l'appelait par ce surnom à la con. La première fois qu'elle l'avait entendue elle avait cassé la gueule à l'inopportun, malgré l'état plus qu'impressionnant des dégâts infligés au nez et à la mâchoire de l'individu on s'était passé le mot. Après avoir éclaté une dizaine de mercenaires, mages barbus, piliers de bars et voleurs fouineurs elle en avait eu marre et laissé courir. Les emmerdeurs étant averti de ne pas prononcer ces mots en sa présence sous peine de changer de visage d'une façon brutale. A vrai dire elle avait bien envie d'expliquer ce fait à l'argonien mais au vu des circonstances elle reportait cette formalité réjouissante à plus tard.

Lâchant un soupir à fendre la banquise elle tira sur son bandeau d'un doigt, laissant voir son oeil artificiel, histoire d'accentuer l'effet elle fit un bref zoom sur l'ombrelle de la vampire, essayant de voir s'il n'y avait une lame planquée à l'intérieure ou quelque chose du même genre. Une fois son inspection finie elle revint dans une vue normale. Elle écouta d'une oreille distraite la vampire déballer sa vie, ses états d'âmes et ses fantasmes un tantinet malsain. Y'avait pas à dire le vampirisme et le culte de Sh'Eam n'était pas fait pour Saerileth. Elle n'entendait rien au Don Noir, un petit peu aux promesses d'or et la magie l'ayant toujours dépassé .... Ne supportant plus son blablatement incessant elle prit une grande inspiration, s'éclaira la gorge et lança à l'adresse de la vampire.

"Pour quelqu'un qui veut de l'aide vous la demandez fort mal, vous avez jamais pensé à devenir polie ? A moins qu'il y ait besoin qu'on vous botte le cul avant que ce concept ne pernettre dans votre cervelle nécrosée par 300 ans si ce n'est plus d'existence ?"



Histoire de ne pas être prix par surprise elle glissa une main sur la garde d'une de ses épées courtes.

Modifié par Arakis, 02 avril 2011 - 09:58.


#254 Ygonaar

Ygonaar

Posté 22 mars 2011 - 00:40

Tope là!



21 Soirétoile 3E425, 14h45



— Pour quelqu'un qui veut de l'aide vous la demandez fort mal, vous avez jamais pensé à devenir polie ? A moins qu'il y ait besoin qu'on vous botte le cul avant que ce concept ne permettre dans votre cervelle nécrosée par 300 ans si ce n'est plus d'existence ?
— Ce ne sera pas nécessaire, je croie, Vierge-de-Dagon. Trancha le saurien, mais toujours la même voix menaçante. Néanmoins, il abaissa son arbalète et farfouilla de l'autre main dans sa gibecière. Il en extirpa doucement un petit bout de papier plié en huit, qu'il tendit vers la vampire après avoir préalablement posé son arme au sol.
Votre offre me convient. Nous rirons certainement ensemble de cet épisode pendant longtemps.





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Vive-Dague





21 Soirétoile 3E425, 14h40



L'Aiglonne obtempéra et ôta son bandeau. Cela se passait correctement. D'un coté la mercenaire serait immédiatement opérationnelle et devait avoir compris qu'il en savait relativement long sur elle, de l'autre la Cible la considérerait avec plus d'attention. Soit elle la connaissait de réputation, et porterait peut être la chose au crédit de leur force offensive, soit ce surnom ne lui disait rien et ne lui permettrait pas d'identifier Saerileth trop rapidement par la suite. Dans tous les cas, la mise en exergue des attributs daedriques de l'Impériale devrait l'interloquer. A cette distance, avec son champ visuel étroit de primate, elle devait commencer à avoir du mal à les surveiller correctement tous les deux. Quant à l'attitude nonchalante de Serethi qui fumait tranquillement sa pipe au milieu, elle aurait pour le moins déconcerté Main-d'Ombre, alors pourquoi pas S'emsyl ?

Vive-Dague, lui s'en moquait éperdument. Le Dunmer ne semblait pas lui être un danger immédiat mais plutôt un élément potentiellement utile. Il ne s'y attardait donc pas trop, si l'on excepte bien sûr les trois ou quatre types d'approche pour le poignarder ou lui briser la nuque le plus rapidement possible en cas de besoin, qu'il réajustait continuellement. Mais ce n'était que pour pouvoir réagir à son environnement immédiat. Les états d'âme du légionnaire, ses objectifs, ses liens avec le BIIM ou d'autre mystérieuses cabales n'encombraient plus son esprit. Vive-Dague était sans conteste aucun le personnage le plus étrange de Main-d'Ombre.



Déjà, il n'apparaissait ni ne disparaissait pas immédiatement selon le bon vouloir du saurien. Il fallait que celui-ci se plonge dans une transe d'auto-hypnose qui durait quelques minutes. Son esprit subissait alors une mutation impressionnante. Il oubliait alors toutes ses angoisses qu'il entretenait constamment en toile de fond, telles les manœuvres présomptives de la Wyvern ou les préjugés que devaient certainement avoir ses interlocuteurs du fait de sa race... En réalité, il perdait même toute sensation de peur. Oh, il pouvait toujours analyser intellectuellement un danger mais il ne ressentait plus de signal d'alarme instinctif. Cela pouvait être gênant. Prit dans le feu d'une poursuite, il s'était déjà surpris en train de caracoler sur le faîte d'une toiture des plus pentues, lors d'une nuit orageuse. Il avait évité de justesse une chute de trois étages.

Il perdait également tous liens empathiques. Il aurait le plus grand mal à conjecturer sur les sentiments ou la souffrance d'autrui, dans une situation où il serait forcé à s'y intéresser, bien sûr. Même les signaux de douleur ou d'épuisement de son propre corps étaient largement étouffés. Par exemple, il était délicat pour Vive-Dague de s'enténébrer trop longtemps. Il risquait de ne pas ressentir la pernicieuse influence sur son corps, ce qui pouvait carrément le mener au coma, ou sur son esprit qui pouvait générer des crises psychotiques d'une rare violence.

En revanche, il avait une conscience accrue de son environnement, de l'organisation spatiale et du moindre mouvement. Toute digestion devenait impossible car son sang était détourné vers ses muscles, ses réserves de graisse, son organe de Jacobson, ses neuromastes et ses yeux, dont les iris passaient alors du cinabre à une pulsative alizarine. L'organisation cérébrale des Argoniens étant sensiblement différentes que celle des Mers et des Humains, une telle transe hypnotique permettait de réguler spécifiquement certains noyaux du système limbique, notamment au niveau des amygdales et des hippocampes. L'inhibition du conditionnement sociétal impliquait d'adopter cette posture ramassée, prête à frapper ou à bondir, sauf effort conscient du lézard. Celle de la peur et des processus empathiques entrainait une augmentation de l'agressivité... Il était toujours dangereux que Main-d'Ombre devienne Vive-Dague.



Il avait pourtant prit ce partit lorsqu'il avait perçu la haine que S'emsyl éprouvait pour lui. Il aurait autrement sérieusement étudié ses propositions. Ils étaient effectivement dans une situation des plus délicate, Maelicia était pour le moins une infâme cachotière et ne serait-ce que le Don Noir n'avait pas de prix. D'autant plus que son collègue se trouvait peut-être toujours dans la gemme qui l'avait attirée au Sang-du-Guar. Les Sh'éamites avaient peut-être besoin de recruter et pourraient fort bien être intéressés par ses talents. Mais comment accorder la moindre once de confiance à pareille créature ? Qui pourrait arrêter sa vengeance lorsqu'il serait à sa merci ? Le sens de l'honneur de la vampire ? Main-d'Ombre était trop profondément menteur lui-même pour pouvoir y porter crédit.

La confrontation semblait donc devenir inévitable. La situation ne devait pas convenir à la Stryge non  plus, sinon elle les auraient déjà fait ployer sous sa botte. Les magelames en alertes devaient la chagriner et elle était peut-être beaucoup moins puissante de jour. Elle n'avait cependant pas hésité à se jeter dans le gueule du loup, malgré le fait d'avoir put étudier la situation un long moment. Il fallait donc truquer le jeu. Chose peu évidente en l'occurrence, surtout sans influx pour soutenir sa magie. Il avait bien un plan, mais terriblement dangereux. Un plan qui ne souffrait aucune peur de sa part. Un plan où aucune émotion ne pourrait le trahir car il n'en éprouverait plus.


Il n'éprouva donc qu'un vif intérêt devant la démonstration de rapidité de la Cible. Si la Trouée de Magnus l'affaiblissait, ce n'était guère perceptible. Main-d'Ombre en aurait conçut les plus vives appréhensions, considérant que son plan était voué à l'échec. Mais Vive-Dague tablait lui sur le fait qu'il s'agissait là d'un mouvement préparé. Si le monstre avait du réagir sur un événement impromptu, il pouvait certainement tabler sur un petit temps de réaction. Et encore, il s'agirait probablement là d'un mouvement réflexe, et donc pas forcement opportun.

Il nota aussi avec un certain détachement le départ des trois gardes qui les avaient menés à la consigne, bien incapable de toute façon de les reconnaître formellement. Il admira très intellectuellement la complexité de la vengeance projetée par le monstre. Il fut surpris qu'elle puisse maitriser les mythiques Filtres de Transformation, opérations qu'il croyait tenir plus de la magie que de l'alchimie, et qui étaient bien loin des ses propres compétences. Il regretta que la sublime créature ne devienne jamais son mentor. En alchimie comme dans l'art délicat d'occire son contemporain, s'il avait bien interprété l'allusion à Sithis. Il nota cependant que Don Noir ou non, une sorcière restait une sorcière, désirant l'édification et l'humiliation de ses adversaires, incapable d'être efficacement sobre. Et qu'elles éludaient toutes les questions. Pas grand chose à tirer sur l'identité du chef des Triamites ou sur la nature des Vampires. Saerileth intervenait, la danse sanglante n'allait pas tarder, il était plus que temps d'intervenir.



Selon l'analyse de Main-d'Ombre, toute favorite de duc qu'elle était peut-être, S'emsyl avait plus à perdre qu'eux si les Magelames intervenaient en force. Ils étaient censés être la crème de la crème et disposaient selon toutes probabilités de pouvoirs leurs permettant de mettre à mal même un vieux vampire, et de l'identifier comme tel si leur attention était correctement aiguillonnée. En revanche, la puissance et surtout la rapidité surnaturelle de la Stryge rendait tout à fait concevable qu'elle puisse les navrer tous trois en quelques secondes. Et comment espérer enquêter incognito dans le palais avec un tel adversaire à leur trousse ? Sans même pouvoir faire appel aux Ténèbres ! mais s'il n'avait plus vraiment les moyens de truquer son propre jeu, il pouvait cependant tenter d'ôter les atouts de son adversaire... Au moins une fraction de seconde.

Le seul moyen qui lui venait à l'esprit était de projeter la mort-vivante en l'air. Elle ne devait cent vingts livres grand maximum et réagirait probablement à une brutale poussée comme n'importe quel quidam. Durant la durée de la chute, elle n'aurait rien sur quoi prendre appuis afin d'exploiter ses formidables capacités. Une fraction de seconde qui devrait suffire pour que l'Aiglonne la cloue sur place si elle méritait ne serait-ce que le quart de sa réputation. Et si Serethi pouvait ensuite finir le travail... Évidemment, il y avait de gros risques pour que S'emsyl s'agrippe à lui par réflexe, vu sa rapidité stupéfiante. Être empêtré par un gros lézard la ralentirait peut-être, mais il s'en prendrait plein la gueule. Il ne fallait vraiment pas avoir la trouille.



Mais comment pouvoir l'agripper convenablement ? En lui tendant ce qu'elle désirait tant. Un délicat bout de papier qu'elle ne pourrait saisir que lentement si elle ne voulait pas le déchirer avec les griffes du saurien. Un papier qu'il brandissait de telle manière pour que seul ses comparses, qui se tenait maintenant derrière lui puisqu'il avançait désarmé vers la Cible, puisse remarquer qu'il n'était pas calligraphié mais typographié.  

...ANES...
...
aventure « Maelicia »,

...dans les environs du
...é sans raison apparente
...ombre de rapports
...d. Mais jamais la porte
...lement impliquée dans une
...e caractérisée. Nous
...n Argonien connu sous le
...huls Venim, Aspirant de la

Pouvait-on déchiffrer, avec de bons yeux, contre le pouce du saurien. Heureusement que l'Aiglonne avait ôté son bandeau, cela diminuait un peu le risque qu'il se prenne directement un carreau entre les omoplates. Un léger crissement de lame dans son fourreau. Voilà qui mobiliserait d'autant l'attention de la Brétonne. Il découvrit légèrement les crocs pour mieux sceller son alliance avec sa présumée nouvelle patronne. Il attendait, impassible, le moment opportun pour lancer son attaque de toute la célérité dont il pourrait faire preuve. « Tire ! », hurlerait-il alors pour déclencher la riposte immédiate de ses comparses.

Modifié par Ygonaar, 22 mars 2011 - 01:01.


#255 Trias

Trias

Posté 22 mars 2011 - 23:08

Bluffs

21 Soirétoile 3E425, 14h45



« Pour quelqu'un qui veut de l'aide vous la demandez fort mal, vous avez jamais pensé à devenir polie ? À moins qu'il y ait besoin qu'on vous botte le cul avant que ce concept ne pénètre dans votre cervelle nécrosée par 300 ans si ce n'est plus d'existence ? »

Les yeux virides de la morte flamboyèrent l'espace d'un instant, foudroyant l'impudente. Celle-ci restait prudemment en retrait, au centre de l'établissement. Comme par défi, la boucanière dévoila alors, d'une traction sur son bandeau, l'éclat minéral de son orbite, grotesque imitation de globe oculaire. Des reflets concentriques semblèrent soudain en parcourir la surface, alors que l'organe modifié accommodait vers son ombrelle.

Incompréhension et hostilité se succédèrent sur le beau visage de S'emsyl. La mortelle le perçut, et porta sa main restante à la garde d'une de ses lames.

— Ce ne sera pas nécessaire, je crois, Vierge-de-Dagon, désamorça le saurien, alors que les deux femmes se dévisageaient en chien de faïence. Votre offre me convient. Nous rirons certainement ensemble de cet épisode pendant longtemps.

Et, à la stupeur générale, il produisit le fatidique feuillet. Les ventricules conditionnés par la non-vie de la brétonne s'affolèrent. Là, à portée de main, les indices qui les mèneraient enfin au sceptre de son maître !

Masquant sa tension interne, la stryge parut hésiter. Ignorant l'elfe noir tout proche, désarmé, qui tirait sa pipe comme un Khajitt inhalant du skouma ; elle observa à nouveau l'Aiglonne. Un sourire avide dévoila de nouveau sa denture, et la vampire parut se détendre.

— Enfin un mortel qui agit en adulte...

Et de s'avancer lentement vers le Judas. Négligeant son ombrelle, elle n'en reprit par moins la gestuelle hypnotique qu'elle affectait.

— Votre geste sera remémoré en temps utile, Sang-froid, poursuivit-elle d'une voix mielleuse.

Dépassant l'elfe cuirassé dans un bruissement, elle poursuivit lascivement ses pas vers son objectif  demeuré dos au mur, dos à la sortie, consciente de l'observation tendue de ses pairs. Seuls quelques pieds séparaient désormais la Disciple des doigts griffus de l'homme-bête, et du fatidique billet.

— Quant à...

S'emsyl n'acheva pas sa phase : en moins d'une fraction de seconde elle s'était propulsée vers l'argonien, glissant au sol sous l'effet d'un élan surhumain. Ses ongles délicats se plantèrent dans le parquet, la prodigieuse énergie cinétique imprimant un mouvement réactionnel de rotation au reste de son corps, amenant sa main opposée au contact du document, aussitôt arraché. Mais surtout ses membres inférieurs se détendirent aussitôt, balayant littéralement vers le torse de Vive-Dague afin de le projeter... tout droit vers Saerileth.

L'attaque était fulgurante. Le coup ainsi porté ne serait probablement pas mortel, mais assurerait la neutralisation du seul élément dangereux à très court terme pour la stryge. N'ayant pas ses bébés à disposition, et ne pouvant guère plus incanter ses orbes de destruction dans un tel contexte, S'emsyl ne pouvait en cet instant compter que sur sa seule vitesse.

Certes, la force et la vélocité de la disciple étaient moindres que celles du Porteur. Mais contrairement à ce dernier, la vampire pouvait se montrer au grand jour, et comptait bien exploiter  son statut de future duchesse. Un ou deux bonds de plus la sépareraient du refuge de l'allée. Une fois celui-ci gagné, un ou deux cris apeurés suffiraient à monter la milice contre les intrus.

L'insulte de la mercenaire, et l'hostilité latente qu'elle véhiculait avaient dissuadé la Sh'éamite de la possibilité diplomatique. Restait le parchemin, restait le sceptre... la était tout ce qui importait aux yeux de S'emsyl




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Instinct de conservation


21 Soirétoile 3E425, 14h45




Les crépitations timides du luminaire, chatoyant faiblement, arrachaient à l'obscurité ambiante des reflets bleutés et étranges. Maelicia contemplait la flamme sans la voir, le regard perdu dans l'étrange clarté de ses palpitations. L' étoffe grossière de sa tunique, d'un blanc crayeux, lui rappelait la bure de la Phalène. Basé sur une version antique du froc monacal, une sorte de chasuble piquée d'argent couvrait col et épaules, si bien qu'elle aurait pu passer pour une ecclésiastique. La découpe était cependant bien trop ample pour la brétonne : conçue pour un elfe mâle, la longueur de la robe relevait désormais davantage de la traîne nuptiale, sans compter les ouvertures béantes des manches. Enfin, cela n'en dissimulerait que mieux la démesure de ses chausses, enrubannées jusqu'à mi-cuisse.    

Un clapotis lointain, funèbre goutte à goutte, venait mourir jusqu'aux ouïes torturées par la soif de la magicienne.   Prostrée, les bras croisés repliés sur ses genoux, celle-ci ruminait de bien sombres pensées. Tout d'abord ses associés trop tardivement préparés, et qu'elle avait abandonnés devant une Disciple. S'en sortiraient-ils vivants ? Parviendraient-ils à fuir ? Et puis, il y avait leur mouvement de rejet apeuré, qui resterait à jamais ancré dans sa mémoire. Jusqu'à Danse-mot, le compagnon bigarré dont elle avait fini par s'attacher aux retorses manies, l'avait menacée de son arbalète. Tous la croyaient devenue un monstre.

Sans compter la terrifiante S'emsyl, dont le sceptre était à portée de main... sauf si on l'en distrayait en premier. La rouquine fronça les sourcils. Voyons... quels étaient les noms inscrits sur sa liste, déjà ? Orvas Ma'canu, ou quelque chose comme ça pour le premier. Un comte Telius machin-chouette... et un certain Ra... Ra'bidule, enfin un khajit quoi. Peut-être parviendrait-elle à les rallier... si jamais elle pouvait remonter jusqu'à la surface.

Maelicia leva les yeux, scrutant l'embrasure de la porte, qui se perdait dans les ténèbres. Se levant, elle effectua quelques pas de plus en plus hésitants, puis se pencha par l'ouverture.

L'obscurité la plus totale régnait au delà du seuil, se perdant dans des méandres où le fantasme disputait à la vue. Un souffle froid et humide, porteur de relents de putréfaction, transit l'échine de la jeune femme, qui frissonna. D'effrayants échos lui parvenaient, embrasant son imagination. La brétonne osa un très léger sort de lumière, et un discret rai pointa du bout de son doigt.

Les raclements s'intensifièrent. Maelicia se réfugia dans la penderie de l'angle de la pièce, saisie d'effroi : il y avait des « choses » là bas. Des choses, qui avaient bougé lorsqu'elle avait éclairé. La brétonne n'osait plus faire un mouvement. Son cœur envoyait des canonnades dans sa poitrine. Les râles résonnaient, plus réguliers. Une gouttelette de sueur dévala sa colonne. Il y avait comme des grognements dans le couloir.  

Les inquiétants bruits refluèrent, et Maelicia reprit enfin sa respiration. Une peur sans nom s'était emparée d'elle. Contrairement à l'état d'observation détaché qui l'avait gagnée lors de sa condition daedrique, l'instinct de conservation propre à son état de mortelle dominait à présent. La où son Faă s'imposait face à l'ombre, l'obscurité l'englobait maintenant toute entière, prête à la dévorer.  

Des larmes humidifièrent ses joues. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ce soit elle qui avance ? Pourquoi elle, quand la peur la rendait malade au point d'être incapable de franchir une simple porte ? Les héros sans peur, traversant sans sourciller les pires horreurs imaginables... c'était de la fumisterie oui ! Une blague monumentale ! C'était une toute autre paire de manches, lorsque c'était SA vie qu'il fallait risquer...

Mais pourquoi s'infligeait-elle un tel supplice ? C'était pourtant si simple, elle n'avait qu'à se téléporter ! Ouvrant son esprit au Réseau, elle entreprit de ressentir les présences des vivants alentours. Le sondant, elle s'interrompit, dépitée. Pas de vivants, exceptés les vibratos éphémères de quelques insectes. S'était-elle enfoncée aussi profondément ? Crispant les yeux sous l'effort, elle augmenta le rayon de sa toile. Les résonances d'innombrables présences apparurent à ses ouïes mystiques, dans un choeur étrangement dissonant, loin, loin au dessus.

Maelicia rouvrit les yeux, et la pâleur maladive des murs lui apparut à nouveau. Insectes et autres bestioles exceptées, elle n'avait ressentie aucune présente vivante dans un proche périmètre. Ce qui signifiait.. que les raclements de tout à l'heure étaient... un goût amer envahit sa bouche déjà bien sèche, et la brétonne déglutit péniblement.

— Eh bah c'est l'pompon, marmonna-t'elle. On peut difficilement faire pire... Bon, allez, autant s'casser d'ici tout d'suite !

Incantant mentalement les très familières arcanes de téléportation unipersonnelle, elle cibla l'aura qu'elle pensait correspondre à Danse-mot et ferma les yeux. Puis les rouvrit. Obscurité, froideur, clapotis lointain. Son pouls s'accéléra vertigineusement : elle était toujours au même endroit.


ж ж ж



L'étudiante sentit la panique l'envahir. Elle fit un nouvel essai, puis un troisième sans plus de succès. Le conduit de warp ne s'ouvrait tout simplement pas. Déstabilisée, elle tenta de changer de destination et s'orienta vers l'autre chevet du lit. Le warp eut bien lieu, et moins d'une seconde plus tard elle apparaissait de l'autre côté de la pièce.

— Bordel, j'peux pas traverser les murs ! s'exclama-t'elle à mi-voix.

La rouquine se prit la tête entre les mains. Il lui fallut une grande force de volonté pour se retenir de se réfugier à nouveau dans la penderie. Parvenant à s'assoir dignement sur la couche défraîchie, elle entreprit de s'apitoyer sur son sort. L'obscurité omniprésente. Les effluves cadavériques de la galerie. Les entités inquisitrices, toutes proches.  La jeune femme sentait ses membres se tétaniser, comme étreints par une morsure algide et mortelle.

Là, seule, dans l'ombre, les paroles de son opiniatre tuteur lui revirent.

— Alors pimprenelle, qu'est-ce que ce sera cette fois ? Qu'y a-t'il pour ta défense ?
Typhaine revoyait les yeux bleutés rieurs du vieil homme, leur éclat éternellement moqueur dissimulé derrière un bouc et une moustache d'une blancheur vénérable.

— J... jjj... j'avais peur, maître Aragir.
—Ah.
constata le mage, en observant avec intérêt les organes internes du monstre qu'il venait juste de faire exploser. Ce troll était certes sinon effrayant, du moins dénué de politesse. Et, en quoi cela t'a-t'il aidé, d'avoir peur ?
—...
— Je vais te le dire, moi, jouvencelle. Tu as couru, pour tenter de distancer une créature qui t'aurait rattrapé. Tu as arqué tes bras, pour protéger vainement ton visage. Tu as crié, pour avertir tes pairs, alors que tu étais seule. Et en quoi cela t'a t'il aidé ?


L'enseignant baissa la tête pour la regarder de par dessus ses lunettes. Avec sa peau ridée, il ressemblait vraiment à un grand-père quand il faisait ça.
— À réinterpréter le petit chaperon rouge ? décocha-t'il, en forçant sur son irréstible accent méridional.

Typhaine étouffa un rire, et les iris azurées du vieux mage pétillèrent. Il caressa d'un doigt la joue de sa protégée, maculée de boue séchée et de sang.

— Alors maintenant, Pâquerette, tu sais — il fit mine de compter sur ses doigts — : qu'il faut éviter de pleurer seule dans son coin ; qu'il est préférable ne pas contredire grand-père Aragir ; qu'il faut pratiquer pour apprendre ; que l'on se doit de vérifier la température du lac avant de s'y noyer ; que les bouquins sont faits pour être lus... et qu'avoir peur pour soi-même... ne sert à rien.

Il lui toucha le menton.
— Capito, pimprenelle ?


Maelicia revint à la sombre et oppressante réalité. Elle eut un sourire en coin, en songeant à la fameuse liste des choses à savoir selon Aragir, qui s'était considérablement accrue depuis son mois au Rumare.

— Bon. Quitte à finir becquetée, autant éviter d'refaire le coup du chaperon...

Saisissant les pans traînants de sa robe, elle entreprit de les glisser sous sa ceinture, évitant ainsi tout contact involontaire avec le sol.

— J'espère qu'y m'élèveront une stèle au moins ! jura-t'elle entre ses dents, parlant plus pour se donner du courage qu'autre chose. Pis j'déteste ce sortilège...

Ses mains prirent une posture compliquée alors qu'elle commençait à psalmodier, puis remontèrent jusqu'au niveau de ses yeux. La magicienne ressentit comme des picotements oculaires, suivis de   coups d'aiguilles, puis une franche douleur alors que l'arcane influençait ses muscles ciliaires. L'illusion faisait croire à ses iris qu'elles appartenaient à un autre être, à sa rétine qu'elle était inversement disposée. Tant et si bien que ses pupilles devinrent verticales.

Lorsque l'incantation prit fin, ses yeux ressemblaient désormais à s'y méprendre à ceux d'un félin... ou d'une daedra. Maelicia promena son regard dans la salle. Comme elle s'y attendait, elle avait perdu toute perception des couleurs, mais percevait désormais jusqu'à la paroi opposée du sombre couloir, reflétant vaguement la lueur des flammes.

Elle caressa distraitement le flambeau ayléïde, sans même se rendre compte de ce qu'elle faisait :

— T'es une flammèche gentille tout plein, toi ! Bon... quand faut y aller... faut y aller...

Et de se diriger à pas de loup vers le fatidique corridor.

Modifié par Trias, 22 mars 2011 - 23:15.


#256 Arakis

Arakis

Posté 23 mars 2011 - 21:53

Vous êtes de la gachette ?



21 Soirétoile 3E431, 14h40


Un gargouillement, pareil à un choc qui résonne à travers une caverne, un tambourinement sur la paroi. Saerileth dut s'en rendre compte, elle avait faim. En y réfléchissant elle n'avait pas avalé quelque chose depuis plus de quatre heures, curieusement ce petit creux lui fit l'impression de se prendre six ans dans le coin du nez d'un seul coup. Elle nota intérieurement de régler ce problème une fois la vampire éradiquée, un ventre vide pouvait poser problème s'il y avait besoin de faire un effort continu (et son flair lui soufflait que ça allait être le cas) un autre souci était que, le ventre vide, elle se montrait parfois affreusement irascible et ce pour un oui ou pour on non. Ceci dit il y avait plus important pour l'instant que de se mettre quelque chose dans l'estomac.

Secrètement elle avait espéré que la Sh'Eamite réagisse à sa provocation, ça serait ça de régler. Elle eu une surprise désagréable, ce damné lézard vendait la mèche, cet espèce de sac à merde écailleux les vendait pour devenir une sangsue immortelle. Et comme pour prouver sa trahison il exhibait fièrement la page que Maelicia lui avait donnée. Ne sachant pas précisément quelle était la résistance des écailles d'argonien à une épée courte lancée à quatre mètres de distance et n'ayant pas envie de la perdre pour un hypothétique combat qui suivrait avec la mort-vivante. Elle lâcha la garde cerclée de cuir et empoigna son arbalète. L'arme décrivit un arc de cercle alors qu'elle passait devant, les ailes émirent une sorte de bourdonnement alors qu'elles fendaient l'air. Tenant la poignée de la main droite elle tendit l'arc de la main droite de façon à cacher son bras artificiel à l'oeil de la Disciple. C'était un de ses atouts majeurs et elle tenait à le garder dans sa manche aussi vite que possible.

Tenant son arbalète de ses deux mains de façon à passer pour une mercenaire relativement normale (quoique après le coup de montrer son oeil c'était un peu râpé) elle mit en joue l'argonien, elle hésita une seconde entre directement l'aligner à la tête ou seulement lui exploser le poignet d'un carreau bien senti. Se sentant d'humeur clémente (ou sadique envers l'argonien qui l'avait appelé deux fois par ce surnom de merde) elle avisa le poignet. Fermant son oeil normal elle zooma sur le bout de papier, quitte à lui arracher la main autant le lire avant qu'il ne soit couvert de sang et de bouts d'écailles. Ce qu'elle y lut faillit lui faire jeter l'arbalète pour embrasser l'argonien de son astuce, un sacré filou celui-là mais pour ce coup là il reprenait un peu de grade dans son estime. Ceci dit que comptait-il faire une fois que la vampire saisirait la duperie ? Soit il était inconscient soit il comptait sur leur collaboration tacite, sur ce coup là il pouvait compter sur son soutien, planter un carreau dans cette robe de poufiasse et la tacher de sang lui procurait un plaisir que n'égalait que les soirées de buveries qui finissait par d'épiques jaillissements de substances gastriques et fortement éthylisés.



Ca tombe bien moi aussi

21 Soirétoile 3E431, 14h45

Le geste de la vampire la prit par surprise, bien qu'aidé par son oeil peu naturel qui, elle l'avait remarqué, saisissait souvent bien mieux qu'une paire d'yeux normaux les mouvements rapides (ce qui la rendait souvent imbattable à pas mal de jeux d'adresse). La vitesse de la mort-vivante était incroyable et sa force était à peu prêt au même niveau. Le saurien parti dans sa direction pareil à un boulet de canon projeté par une arquebuse en jupons et fanfreluches.

Visiblement l'argonien n'avait pas le monopole des manoeuvres risquées et imprévisibles. Sous l'effet de l'adrénaline relâchée subitement  elle eu l'impression de voir les choses au ralenti. Elle devait agir, pas qu'elle portait leur troupe dans son cœur, seul Drem lui était sympathique, elle savait qu'ils étaient du même univers, celui où l'épée et l'or dictent une grande partie des lois (le reste appartient aux grattes papiers), Maelicia ne lui avait guère fait bonne impression mais elle avait apprécié sa candeur, Danse mots ... pas forcément un ange mais il avait le sens des priorités et elle respectait encore cela. Pas question que ça finisse comme Dun, comme Hlaf, comme Gakken, comme Gaël ...

Elle vit le boulet d'écaille qui fondait sur elle, sa main gauche lâcha l'arbalète et se glissa à sa ceinture vers un couteau, alors que l'argonien s'approchait méchamment vers elle, elle se laissa tomber en arrière, sentant doucement un étrange vent soulever ses cheveux vers ses yeux. En milieu de chute quand elle eu la sensation que l'angle de tir était potable pour qu'elle ne touche pas l'argonien (du moins si celui-ci ne tourbillonnait pas en vol ou restait dans la position qu'il avait au décollage)elle appuya sur la gâchette en direction de la vampire dont elle voyait le bas du corps (le reste était caché par l'argonien volant). Du fait de sa chute et de la puissance de l'arme elle se retrouva propulsée contre le sol, le choc lui vida les poumons et elle essaya de se relever en prenant une large goulée d'air et dégainant un couteau de la main libre et priant un peu pour que le carreau ait touché sa cible et non Danse Mots, enfin, ça faisait partie des risques du metier ...

Modifié par Arakis, 24 mars 2011 - 11:38.


#257 Ygonaar

Ygonaar

Posté 27 mars 2011 - 17:46

Protection de témoin



21 Soirétoile 3E425, 14H40



— Capitaine Kastav Liore, Monsieur.
  Répliqua l'officier d'un ton sec, après avoir examiné le document. J'vois pas ce que votre service à avoir avec la Légion, sauf votre respect.
— Vous devriez réexaminer l'apostille, vous y verrez le contreseing de Deidre Nermac, Commandante de la Légion. Vous ne remettriez pas son ordre en doute, j'imagine?
— Non, non, bien sûr... Gro-Yurgul ! Tu es maintenant affecté la disposition de ce civil. Et en te magnant le train, on bloque la colonne !


— Désolé de vous réquisitionner comme cela, s'excusa Markal en s'éloignant des soldats, mais nous avions besoin de vous pour plusieurs raisons. La première étant d'essayer de vous sauver la vie, je vais nous lancer un sort d'illusion afin de perdre votre piste...


      

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L'arroseur arrosé



21 Soirétoile 3E425, 14H45



Les décombres fumaient encore, malgré l'intervention des mages. La chaleur dégagée par l'Astronach avait fini par embraser la poussière de farine. La détonation avait fait pâle figure par rapport à celle de Fort Wyss, mais avait suffit pour transformer une partie de la cours en champs de ruine. Si on y rajoute les deux mois de quarantaine et les dégâts au port, ça ne va pas faire baisser les impôts. songea le commissaire de manière incongrue. Heureusement, les magelames présents avaient bien fait leur boulot et seul un jeune noble trop curieux était sérieusement blessé, un moellon lui ayant brisé le bras. Le limier avisa un petit groupe devant une excavation.

   Sénéchal Phillida, vous m'avez fait mander ?
—  
Ah ! Commissaire, vous tombez bien. Nous avons une astronach de feu qui, fortuitement ou non, a révélé cette issue non répertoriée vers l'hypogé Ayléide. Il faudrait nous le déloger.
—  Ce n'est pas précisément votre fonction?

—  C'est un dédale immense. Je ne peux pas trop dégarnir les défenses de surface au vu des évènements. Et les élémentaires de feu peuvent être particulièrement redoutables en milieu confiné, comme vous le savez certainement. J'ai certes envoyé mes exstinguendorum mais ils ne sont que six... Une seule équipe, donc.
   —  Pourquoi ne pas attendre qu'il déphase spontanément, si ce n'est pas déjà fait?
—  Peut-être, mais cet élémentaire est atypique. D'un pouvoir thermique mineur au début, il semblait forcir à vu d'œil. Allez savoir ce qu'il peut nous préparer ? Et on ne peut jamais exclure un coup de grisou. Après le désastre de Fort Wyss, je ne veux prendre aucun risque.

    Cela ne convenait pas du tout au Chevalier de Dessailly. Il avait l'impression d'être ballotté de droite à gauche depuis le matin, et se demandait si cela n'était pas fait exprès pour l'empêcher de réfléchir posément et de s'organiser. C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait justement évité d'aller voir ce qui se tramait à Fort Wyss. Outre le fait que le lien avec la Wyvern ne lui inspirait rien de bon et qu'il n'était même pas sûr que les environs soient déjà sécurisés. Il tenta donc une diplomatique esquive.

—  Votre conscience professionnelle vous honore, Sénéchal, mais le BIIM doit déjà gérer plusieurs affaires hautement prioritaires. Je n'ai actuellement aucun personnel de disponible pour un cas aussi hasardeux et...
—  Allons, allons, Commissaire. Dois-je faire parvenir à la Commandante Nermac un ordre en bonne et due forme de l'état-Major ?
    Tempéra le Magelame avec un sourire narquois. Ils se jaugèrent un instant, puis Valens extirpa sa Sphère de Communication d'un air las.

—  Deidre, nos invités sont installés ? Parfait, ramènes-toi de suite avec tes bébés.



    

ж ж ж


  

Rodolphe



  

21 Soirétoile 3E425, 14h50



  Rodolphe tapotait machinalement le mur avec son fragment de bas-relief. Il aimait ce geste, il aimait ce son monocorde. Des souvenirs confus lui venaient parfois dans ces moments là... sensations tactiles d'un burin et d'un marteau... Rieurs yeux noisettes d'une femme... Il ne se sentait jamais aussi Rodolphe que lorsqu'on le laissait tranquillement marteler une pierre. Cela lui faisait oublier un peu la douleur, au profil de fugitives réminiscences. Et là, cela faisait pas mal de jour qu'on le laissait errer tranquillement dans le noir.

  Enfin, pas tout à fait. Une lumière avait interrompue sa quiétude. La lueur torturée d'un brasier n'ayant  pas assez d'air pour s'exprimer pleinement. Rodolphe avait ignoré l'Etre de Feu. Ce genre de chose ne l'intéressait pas. Il préférait tambouriner la roche à la recherche de son passé.

  La lueur d'une vie, d'un être humain en plus. La haine revint d'un coup, et avec elle la douleur. Tout ce qui fut autrefois Rodolphe se trouva engloutit par un maelström de souffrance. Il n'y avait qu'un moyen de, brièvement, l'arrêter. Cette idée activa abondamment ses glandes salivaire, les seules qui fonctionnaient encore.


   Le Rapide s'agrippa avec une aisance déconcertante aux diverses saillies du mur avant de s'accrocher au sillon de pierre qui courrait au sommet du couloir, canalisant certainement d'une occulte manière l'énergie mystique de la Tour d'Or Blanc. Le monstre n'en avait cure, bien sûr, mais le style Ayléide lui était idéal pour galoper au plafond.

  Mais pour l'instant, il avançait avec d'une allure modérée afin que ses serres ne crissent pas sur la pierre, et se cachait d'un renforcement d'arche à un autre. La Chair semblait inquiète et se retournait fréquemment, mais il arriverait bientôt au dessus d'elle. Il savourait d'avance des images de cri de terreur, de tripes sanguinolentes et de la Vie qui allait couler dans son gosier.


  Ploc... Ploc... firent deux filets de bave en s'écrasant au sol.

Modifié par Ygonaar, 27 mars 2011 - 17:51.


#258 Trias

Trias

Posté 28 mars 2011 - 21:29

Toast impérial

21 Soirétoile 3E431, 14h45




S'emsyl venait à peine de se rétablir de sa prouesse acrobatique qu'un sifflement sourd défrayait ses ouïes. Une brusque pression ; puis, la douleur. La vampire observa le flot sombre maculant l'étoffe précieuse, en regard de son tibia gauche. Tout autre os que le sien, renforcé par des décennies de non-vie hématophage, se serait rompu à l'impact du carreau.

L'argonien cobalt s'écrasa contre le mur opposé, l'impact miséricordieusement en partie atténué par le grillage, qui naissait en cet endroit. Le défi de la mercenaire lui demeurait fiché là, dans la jambe de la morte.

La Sh'éamite vit rouge. Une disciple, humiliée dans sa chair par un vulgaire sac de sang ? Par du bétail ?  Oubliant toute réserve, elle pointa un doigt chargé d'énergie électrique vers Saerileth, encore au sol. La foudroyer jusqu'à ce que sa cervelle s'écoule par son orbite borgne, c'était tout ce qu'elle méritait !

L'ionisation fit vibrer l'air, mais s'interrompit avant même d'éclore : le calcul perfide avait repris le dessus. Faire usage de la magie dans un tel lieu c'était attirer toute une armée de magelames en quelques minutes. Et elle n'était pas Sh'éam....

Aussi poursuivit-elle plutôt son bond vers la sortie, se jetant déjà vers des portes qui s'ouvrirent à la volée :

« Gardes, à moi, on m'agresse ! »    




Entourage

21 Soirétoile 3E431, 14h50




Les ténèbres de la galerie régnaient sans partage, dévorant la pâleur du minerai taillé de leur insatiable appétit. Avançant au cœur de l'obscurité, c'est à peine si les pupilles fauves de Maelicia devinaient le dessin des arches, et les occultes motifs marbrant le sol sous ses chausses. II faisait froid, et Typhaine sursautait à chaque chuchotement du vent souterrain, étrangement distordu en gargouillements par ce qu'elle espérait être son imagination.

A chaque fuligineuse embrasure la magicienne marquait une halte, retenant sa respiration, guettant chaque son en provenance des mystérieuses béances. Elle se retournait fréquemment afin d'identifier une quelconque menace sur ses arrières. Las, seuls les sourdes palpitations d'un cœur éperonné par l'adrénaline résonnaient à ces ouïes. Et c'est bien là ce qui la perturbait le plus : les raclements de tout à l'heure s'étaient faits indistincts, et le clapotis aquatique, désormais lointain, ne lui parvenait plus qu'à l'état d’écho.

Or elle savait qu'il y avait « quelque chose » qui rôdait dans ces couloirs, elle n'avait pas rêvé. « Quelque chose » qui avait réagi au pâle et inconscient halo lumineux qu'elle avait produit. « Quelque chose » qui n'avait pas apprécié d'être tiré de sa léthargie  aveugle...

Typhaine approchait maintenant d'une autre cellule, d'où vacillait faiblement une lueur azurée, présence amicale dans la nuit environnante. Elle hâta le pas, reconnaissant la flamme mystique d'un brasier ayléïde. Son pouls s'accéléra, tandis qu'une sourde sensation d'urgence l'envahissait. Son coeur envoyait des canonnades dans sa moite poitrine.

Parvenant face à la logette, elle écarquilla les yeux : la flamme s'étirait frénétiquement vers le plafond, sa teinte bleutée palpitant de reflets blancs angoissés. A l'exact unisson du Faă battant dans le sein de la semi-daedra. Une angoisse panique transit soudain la jeune femme : la flamme avait peur ! Attention, attention ! soufflait-elle de ses crépitations alarmées.

« Sploouich, splouich » fit la chute d'un filet de bave éclatant juste derrière elle.  

La magicienne fit instantanément volte-face, n'ayant que le temps d'apercevoir les mâchoires débordantes de glaires d'un globuleux encéphale fondant sur elle. Elle esquissa un geste de défense : sauf qu'il ne s'agissait pas d'un mouvement ordinaire, mais  d'un réflexe conditionné.

Les rangées de dents effilées, proéminentes, se refermèrent sur le vide, tandis que les serres de l'écorché balayaient l'air : la Chair, avait disparu.  L'écorché tituba quelques instants dans la loge, puis se sentit saisi, et décolla de terre.

La Prise était l'une des applications de la télékinésie les plus utilisées par l'étudiante. Un mage pouvait aisément briser l'arcane ; cependant, toute créature qui n'esquivait pas l'onde initiale se retrouvait soulevée, en apesanteur. Maelicia en avait rapidement compris la portée : tout animal, aussi redoutable qu'il soit, avait besoin de points d'appui pour exercer sa puissance. Nombre de trolls l'avaient appris à leurs dépens dans les ruines du Rumare.

La mystique s'était téléportée derrière son agresseur, position la plus sûre pour frapper, et l'avait saisi de sa Volonté. Le Rapide était à sa merci.

— Niiî soö'rum soör ! cracha l'hybride dans le dos du mort-vivant.

L'écorché perçut comme une violente poussée, le projetant en direction de la paroi opposée, mais ne le heurta pas.  Flottant comme sous l'effet d'un lent courant marin, il reflua vers le centre de la salle et décrivit une lente rotation vers celle qui avait été sa proie.

La lampe brûlante se consumait avec ardeur, éclairant le visage de Typhaine, qui n'exprimait plus que la haine. Il fallait le brûler, le consumer, faire comprendre à cet être froid ce que signifiait la vie véritable du Faă jusqu'à ce qu'il meure en réalisant son imperfection ! Saisie de nausées, elle s'interrompit : non ! Il fallait qu'elle soit Maelicia, et non Typhan'daă si elle voulait remonter à nouveau dans le monde des gulims.

L'abomination émit un hurlement strident, où l'amertume disputait à la douleur ; et aussitôt réduit au silence, d'un geste de sa geôlière. Ses mandibules, aux gencives sanguinolentes parcourues de crocs s'agitaient et s'entrechoquaient sans qu'aucun son n'en échappe. Les muscles de la bête, apparents, se contractaient fébrilement  tirant sur tendons et aponévroses sans pouvoir brasser plus que de l'air. Les circonvolutions cérébrales, débordant sur un massif facial éclaté jusqu'aux fosses nasales, étaient comme zébrées de reptations. L'ensemble lévitait au centre d'une réplique exacte de la première chambre où s'était assoupie l'élémentaire.

Tout en contemplant la monstrueuse créature, Typhaine réalisa la similitude entre ses serres de corne noirâtre... et les élégantes griffes incandescentes qui prolongeaient ses phalanges lorsqu'elle s'était embrasée. Jusqu'à sa pensée s'était altérée, infiltrée par des concepts pyromanes aux yeux des attiédis. Elle n'était probablement pas moins monstrueuse que la créature qui se débattait, peut-être même plus aux yeux des Divins...

Dédaignant un instant l'écorché, elle tendit l'oreille. Aucun son. Elle ferma les yeux... les présences étaient parfaitement calmes à présent, n'était le brasero attenant qui rêvait d'incendier le mort-vivant. Toutefois, topographiquement parlant, elle avait atteint le coude souhaité. Il ne lui restait plus qu'à remonter vers la flamme d'une autre branche, et  une issue comparable serait au bout. Son regard félin revint sur sa proie.

— J'savais pas qu'z'êtiez intelligents, vous autres les froids. T'as bien failli m'becqueter, confessa-t'elle à mi-voix.

La rouquine promena un instant un regard sur les viscères du mort, transfixiés par des filets nerveux exposés à l'air.

— Tu dois avoir mal comme ça, sussura-t'elle. Mais j'peux pas libérer ton esprit comme j'le fais d'habitude. Ce s'rait trop long, et trop bruyant.

Ses pupilles étincelèrent.

— J'te libérerai qu'après. Par contre y'a qu'eque chose qui n'va pas changer...

La main opposée à celle dirigée vers le rapide s'ouvrit alors que la magicienne se concentrait, psalmodiant mentalement les composantes d'un sort maintes et maintes fois lancé.

Jusqu'à son terme : l'encéphale démesuré fut parcouru d'une secousse. Maelicia faillit hurler de douleur en ayant accès aux sensations dépecées du mort. Comment pouvait-on créer volontairement pareille souffrance ? C'était comme si sa propre présence abrasait chaque terminaison nerveuse de la pitoyable bête... Elle restreignit son champs de perception aux sensations extérieures. Orientant brièvement ses serres, elle abandonna également le contrôle moteur. Elle voulait laisser un maximum d'autonomie au non-être... aussi se contenta t'elle de modifications corticales, détournant la souffrance sur ses pairs, insufflant de nouveaux objectifs à la cervelle torturée.

La créature retomba soudain sur ses pattes, à nouveau sujette aux lois de la pesanteur.

— Pars devant, pas trop loin de moi. On va tourner vers l'allée qui remonte. Avertis et défends contre les froids qui marchent.

Alors que la créature partait, Typhaine détourna des yeux embués vers la flamme surnaturelle.

— Quant à toi, Faă'line, j'te dois une fière chandelle, félicita-t'elle, tout en donnant la couverture vieillie au brasier en guise d'os à moelle. La flammèche lui rappelait Shiyo, son petit cheval orangé...

Modifié par Trias, 31 mars 2011 - 20:56.


#259 nood

nood

Posté 31 mars 2011 - 20:24

Stratégie militaire basique mais stratégie quand même.

18 hautzénith 3E385, 11h20.

"Mieux vaut ne placer qu'une salve d'attaque bien réussie, lorsque la configuration s'y prête, prononça l'elfe avec le ton d'un précepteur avisé. Correctement réalisée, ça vous ôtera le besoin d'en placer une deuxième."

Sa jeune recrue, vautrée sur le sol et à moitié assommée, ne le contredit pas. On l'avait pourtant prévenu que les entrainements dirigés par le lieutenant Serethi n'étaient pas toujours une partie de plaisir.



Comment ça, "A moi" ?

21 Soirétoile 3E431, 14h45

On dira bien ce que l'on veut, pensa l'elfe, mais on n'est tout de même pas tant réactif quand on porte une armure d'une vingtaine de livres sur le dos. Et peut-être, continua-t-il dans ses pensées, qu'il manquait d'entrainement physique. Il finit par se rendre à l'évidence qu'il n'était plus le Dunmer athlétique et vif qu'il fut autrefois, une quinzaine d'années de consommation d'alcool étant passées par là. C'est donc en réfléchissant à ses propres limites physiques qu'il contempla l'Argonien choir mollement sur l'Impériale. A sa décharge, la stryge était aussi rapide qu'un faucheclan acculé et tout ce beau monde s'était agité devant lui sans montrer d'ouverture franche dans laquelle s'engouffrer avec conviction.

Le papier tant convoité, le trait d'arbalète, la glissade et l'envolée du lézard lui passèrent sous le nez comme autant d'occasions manquées de se rendre menaçant, sinon utile, par une estocade bien placée. Il s'était pourtant bien préparé, à l'annonce de Danse-Mot, à trancher le bras de cet enfoiré de traitre ; sa main droite était allée se crisper sur la garde de son épée, à son flanc gauche. Comme une réminiscence du charme dont il avait été victime, la vision de S'emsyl en mouvement avait provoqué en lui une demi-seconde d'hésitation et le coup ne partit jamais. Les mantras de Destruction en toile de fond dans son esprit ne s'étaient pourtant pas tus pour autant, solidement enracinés par de longues nuits d'études un siècle plus tôt et bien souvent utilisés…

Drem finit par finalement s'obliger à agir, à bouger, ragaillardi par la vue du sang de la vampire. C'était le seul signe de faiblesse qu'elle avait montré jusqu'à présent, comme le premier signe d'une quelconque faille d'humanité en elle. Il ne perçut même pas qu'elle canalisait elle-même un sort lorsque la genèse du sien débuta réellement. Invoquant en pensées l'énergie de la destruction, il s'approcha lentement de sa cible, qui se mouvait avec vivacité vers la sortie. Sa main gauche s'éleva graduellement, prête à vomir des flots d'énergie et à intercepter une vampire en fuite…

L'ivresse des boucles d'Aether amplifiant leurs vibrations dans sa chair l'envahit, provoquant ce sentiment très contradictoire de plénitude précédant le fracas d'éclairs. Le temps se courba alors qu'il resserra les flux magiques autour de sa moelle épinière, engendrant un frisson incomparable le long de l'échine. S'emsyl bondissait encore avec légèreté vers la sortie, malgré un accoutrement pas vraiment prévu pour faire des acrobaties et répandant des gouttes de sang noir et épais sur le sol da la consigne… Renforcé dans sa confiance par la brève sensation d'éternité consécutive à son sort, Drem allait mettre un point final à son incantation dont seuls les trois derniers mots de daedriques résonneraient dans la pièce. Les Mots de Destruction sortirent au rythme de sa propre foulée, alors qu'il se rapprochait dangereusement de son ennemie.

"Tayem !" donna au sort sa couleur, vive et claire comme la foudre.

"Iya !" provoqua une dernière résonance dans les rythmes de l'énergie, engendrant par la même une ultime amplification, inattendue mais bienvenue.

"Yakhem !" libéra l'énergie impatiente du bout de sa main gauche : comme un torrent s'échappe d'un barrage qui cède, l'ogive magique fendit l'air de la pièce, produisant une belle détonation. Ce fut un sort de foudre parfaitement exécuté qui fondit, droit sur la vampire, à présent debout dans l'encadrure de la porte.

  - Gardes, à moi, on m'agresse !
Trop tard pour stopper le sort ; et tant pis les conséquences.  


Sans attendre d'éventuelles contre-mesures ou ripostes, Drem se jeta à corps perdu sur la vampire; et lorsqu'il fut à portée de bras de son ennemie, il imprima à son buste un vigoureux mouvement rotatif tout en dégainant son arme. Dans la lancée de son mouvement, son épée décrivit un large coup de taille à trancher un gobelin en deux.


Modifié par nood, 03 avril 2011 - 11:16.


#260 Ygonaar

Ygonaar

Posté 03 avril 2011 - 13:21

Des affres de la célébrité




21 Soirétoile 3E431, 14h45



La Vampire s'approchait. Il s'apprêtait à lancer son mouvement, à hurler son injection. Ce qu'il fit, alerté par une contraction anormale de sa cuisse, dès que le monstre devint flou.  

Tiiroouuchtchoing...

  
Il n'eut pas le temps de sentir que le papier se déchirait entre ses griffes qu'un choc monumental lui comprimait la poitrine et le propulsait comme un boulet de canon. Sa queue entrant en contact avec une surface dure lui permit tout juste de replier la tête par réflexe et de frapper avec les bras afin d'atténuer l'onde de choc. Curieusement, la surface dure plia sous la pression de ses épaules en un horrible grincement métallique. S'emsyl l'avait heureusement projeté sur le grillage de la remise, lequel avait atténué la collision en se déformant et en s'arrachant du mur. Comme un filet, somme toute. Un filet très très peu complaisant...


  
Alors que le reptile, qui glissait au sol de manière très cinématographique, tentait de remplir ses poumons dans un râle pitoyable, la Stryge foudroyait Saerileth d'un regard haineux, un carreau fiché dans la jambe. Alors qu'elle tendait un doigt vengeur, elle préféra soudain décamper, peut-être parce que Drem incantait lui même. Main-d'Ombre aurait certainement profité de cette occasion pour s'éclipser mais Vive-Dague ne percevait le danger qu'intellectuellement. Et il n'avait, une fois n'est pas coutume, pas trop prit le temps d'analyser la situation lorsqu'il se jeta sur l'arbalète qu'il avait posée au sol un instant plus tôt.

Gardes, à moi, on m'agresse ! Hurla la ménesse sur le pas de la porte alors qu'une orbe incandescente filait vers elle. Jambe gauche en avant, légèrement pliée, bras droit tendu pour souligné son interpellation. Les capacités d'interprétation spatiale surboosté de l'Argonien postulèrent immédiatement du geste qui semblerait le plus naturel pour esquiver le missile. Il tira droit vers où serait alors la poitrine de la non-morte. Le trait siffla non loin du ventre d'un Drem qui courrait vers sa victime. Il se demanda dans un éclair de lucidité quel serait les choix du monstre, maintenant qu'elle avait focalisée l'attention sur elle. N'esquiver que la foudre au risque de se prendre le carreau ? Éviter les deux missiles d'un geste absolument surnaturel ? Encaisser le projectile magique dans une attitude de fragilité feinte, puisqu'elle voulait jouer à la Duchesse ? Pouvait-elle se le permettre sans mourir ? Sans attirer l'attention sur sa résistance exceptionnelle, sur sa nature vampirique ? Quelqu'un remarquera-t-il que le carreau de Saerileth, capable de fendre une pierre tombale, aurait du lui emporter la jambe ? Que le deuxième carreau était curieusement taillé comme un pieu ? Il n'avait hélas pas le loisir de rester au spectacle...


Revenez, Dunmer ! Enflammez moi ça et suivez moi vite, ordonna-t-il à Drem en désignant sa hotte maintenant fracassée, sans aucune once de diplomatie en dépit de sa voix faible qui cherchait encore son souffle. Il n'attendit pas la réponse pour se couler sous le grillage tordu. Il chercha rapidement dans la consigne une de ces grosses valises de cuir qui contenaient généralement les affaires des domestiques.
Il y a coups sûr une porte à l'arrière pour faire passer les malles les plus volumineuses, expliqua-t-il en filant entre les longues étagères de bois. Les fumées des champignons hallucinogènes comme celles des toxiques devraient sérieusement gêner nos poursuivants, lorsqu'ils s'en rendront compte. On a une chance de leur fausser compagnie et de poursuivre la mission. Quelqu'un aurait de quoi régénérer l'Influx?
  

En arrivant devant une large porte de bois, hélas verrouillée, le reptile tenta de l'ouvrir d'un vigoureux coup de pied.



ж ж ж

Souvenir


  

21 Soirétoile 3E431, 14h50




  
La Chair n'était plus là ! L'écorché se contorsionnait d'effrayantes manières mais il semblait incapable de se mouvoir. Il fut de nouveau face à elle et griffa l'air sans se lasser, afin de la réduire à l'état de charpie. Il ne comprenait rien à ce qu'elle baragouinait, seul les Maitres étaient compréhensibles, et il n'arrivait pas à l'atteindre. Il en hurla de frustration, mais même ce dérivatif lui fut bientôt interdit. L'haïssable Vie restait là, à le narguer.

Il ressentit alors un Contact, un peu comme celui des Maîtres. Quelques lambeaux de pensée de la Chair lui parvinrent, alors que la douleur et la haine disparurent un bref instant, sans même taper sur une pierre. Un moment de plénitude où un souvenir lui revint avec une acuité qu'il n'avait plus connue depuis sa mort.



Rodolphe était horripilé. Il faut dire que le climat de Daggerfall en ce jour de Semaille était des plus frisquet. Il ne fallait pas se plaindre que l'on avait la chair de poule si l'on se promenait en simple gilet. Mais le jeune homme aimait laisser deviner son torse et ses bras, qu'il jugeait avantageusement découpés et qui lui valait un certain succès auprès de la gente féminine. Mais aujourd'hui, ce qui motivait surtout Rodolphe à affronter les frimas était d'exhiber à la vue de tous son bracelet de force. Son oncle, ferronnier de son état, avait fait du beau travail. La demie rosace, symbole de la Guilde des Tailleurs de Pierre, fusionnait parfaitement avec une moitié de tête du bélier noir des hauts-plateaux, qui servait d'emblème à leur famille. Il pouvait ainsi afficher à la face du monde son tout nouveau statut de Chien, compagnon habilité à parcourir les chantiers de Tamriel et certifié du savoir faire de sa corporation, ainsi que les armes de son clan. Avec son largeot écru, ses outils en harnais à sa ceinture, il estimait avoir fier allure. Il ne tarderait pas à prendre femme, pour sûr!

— Regardez ! Pisse-carotte nage dans la boue ! Tu fais la truie, Pisse-carotte ?
Dans une ruelle attenante, une petite fille était étalée dans une flaque bourbeuse. Certainement poussée par la bande de garnements qui ramassaient des mottes de curures du caniveau, dans l'évidente intention de bombarder leur malheureuse victime.

— Vous voulez qu'j'vous aide, les p'tits merdeux ?
Rugit le jeune homme en leur fonçant dessus, ce qui provoqua immédiatement la fuite des tortionnaires. J' m'appelle Rodolphe, confia-t-il à la gamine en l'aidant à se relever. Tu veux mon mouchoir ?...


Le souvenir fut balayé par la douleur qui revint. Il y avait enfin de la pierre sous ses serres mais aucune cible à part le Maître. Le Maître lui demandait d'ouvrir la voie. La douleur baissait toujours lorsqu'on obéissait aux Maîtres. L'épouvantable monstre reprit sa position à quatre pattes, et s'en fut de sa démarche horriblement véloce. Ses haillons ensanglantés lui conférait encore un aspect curieusement humain, même si aucun vêtement ne résistait vraiment à la naissance d'un Rapide. Rien, sauf peut-être un solide bracelet de cuir avec une cocarde de métal incrustée.

Un hurlement haineux retentit, sautant d'échos en échos à chaque cloison. D'autre lui répondirent, difficile de deviner combien dans cette cacophonie. Les Autres avaient du être interloqués par son son cri de frustration. Ils avaient donc du s'approcher en catimini pour voir de quoi il en retournait. Ils devaient estimer maintenant être suffisamment proche, suffisamment nombreux. La chasse était ouverte. Et comme tous bon traqueurs, ils avaient bien sûr coupé la voie menant à la surface.          



ж ж ж

Des petites vieilles et de leurs familiers irritants.



  21 Soirétoile 3E431, 14H53



Deidre, qu'est-ce que tu veux faire de ces horreurs ? En plus, ils retardent sérieusement la marche !
Ces horreurs, Popaul,
répliqua la vieille femme d'un ton cassant, nous sont bien utiles pour être envoyés en première ligne. Pas question que je risque un des mes légionnaires dans un piège à la con. Tu sais combien de temps et d'énergie je mets pour relever chacun d'eux ? Sans compter que le nombre de condamnés se fait rare...

    
Ça y est, il l'avait mise de mauvaise humeur et aurait droit à cette appellation pendant quelques heures encore. La nécromancienne avait l'habitude de ressortir le surnom idiot qu'on lui avait attribué lorsqu'il n'était lui-même que Stagiaire chaque fois qu'elle estimait qu'il marchait sur ses plate-bandes. Une manière à elle de rappeler qu'elle était la doyenne incontestée du service, et qu'elle employait déjà sur le précédent Commissaire Divisionnaire, voir sur leurs citérieurs.

  
  
L'objet du conflit était maintenant le troisième zombi sauvage qu'ils rencontraient. Malédiction Ayléiide ou non, toute personne décédant dans ces souterrains avait tendance à générer un mort-vivant quelconque si son cadavre n'était pas rapidement sanctifié. Ça limitait sérieusement le nombre d'aventureux pilleurs s'y risquant, d'ailleurs. Et expliquait en partie pourquoi les magelames n'avaient guère envie de se taper le sale boulot.

  
Mais leur position était difficilement attaquable, en convenait Valens de mauvaise grâce. L'état d'urgence dans le palais, les maraudeurs non-morts et surtout un Atronach de Feu en milieu confiné justifiait que la tâche fut confiée à la Manipule Funèbre. Peu d'agents impériaux étaient en effet aussi bien armé face à untel risque. Il y avait bien sûr leur absence totale de peur, leur coordination remarquable pour des recherches grâce à leur lien avec leur Commandante, leur immunité aux fumées ou au manque d'air. Mais leur atout majeur était encore leur remarquable résistance aux flammes. Il est en effet très difficile de carboniser un Légionnaire Funèbre. D'abord car ils n'ont aucune chair à griller, aucun délicat globe oculaire prêt à éclater, aucun fluide à perdre. Ensuite car se sont des squelettes très haut de gamme, dont les puissants enchantements assurent une solidité remarquable à leurs os. Enfin, car ils ont leur armure.

  
Les armures de la Manipule Funèbre, si elles sont conçues pour ressembler à celles d'autre corps de la légion, en garde pas moins quelques particularités fondamentales. Ils n'ont en effet aucune entrailles à éviscérer, aucune carotide à égorger, mais en revanche leur squelette n'ait pas protégé par une couche de muscle et de peau. Les zones de renfort ou de flexibilité ne sont donc pas conçut de la même manière que pour un être vivant. Leur carapace  n'est ensuite pas conçue pour être ôtée autrement qu'au marteau et à la tenaille. Pas besoin de sous-ventrière pour les besoins pressants ou autre fragile charnières. Les pièces étaient forgées à même le squelette. Et comme le volume final devait être comparable à celui d'un homme, il fallait bien combler le vide que représentait le manque de chair par un gambison d'une épaisseur indécente, qui conférait une très bonne résistance aux chocs... ainsi qu'une isolation thermique exceptionnelle.


  
Le Commissaire avait donc rapidement cédé à la requête du Sénéchal des magelames, certain qu'une contestation lui donnerait tort. Mais comme il ne pouvait se permettre que Deidre perde des jours à explorer les souterrains, il s'était résolu, avec beaucoup de répugnance, à l'accompagner pour utiliser son Orbe Kairos. La vieille avait divisé les deux cents soldats qu'elle avait ramenés en vingt groupe de dix, dont un attaché à sa propre protection et un autre à celle du Chevalier. Ils avaient rapidement progressé, quelques contubernii étant détachés à chaque croisement pour poursuivre l'exploration. Enfin, jusqu'à ce que la magicienne se mette en tête de contrôler tous les mort-vivants qu'ils croiseraient.

  
De terrifiants hurlements résonnèrent soudain dans les tunnels.

Modifié par Ygonaar, 03 avril 2011 - 18:37.


#261 Trias

Trias

Posté 06 avril 2011 - 17:39

Les impasses de l'instinct

21 Soirétoile 3E431, 14h45




« Tayem ! »

L'esprit survolté de la vampire mesura instantanément les risques de la situations. Les arcanes de foudre ne lui étaient que trop connues. Et le dunmer, qui fondait gauchement sur elle, avec toute la célérité autorisée par l'armure dans lequel il était engoncé, avait pris la peine d'énoncer  l'incantation. C'était donc un sortilège à pleine puissance qui jaillirait de son index, doigt accusateur pointé vers elle. La Disciple ne pouvait se permettre d'encaisser un tel assaut. Tant pis pour la prétendue faiblesse qu'elle devait affecter...

« Iya ! »

D'un pivotement de sa hanche, le membre sanglant de S'emsyl changea d'orientation. L'esquive était sa seule option.

« Yakhem ! »

Étrangement, la fin de l'incantation différait de ce que la sectatrice attendait. Au lieu d'un bel arc électrique ionisant l'air entre cible et lanceur en moins d'un quart de seconde, ce fut une ogive que le magelame produisit. Laissant tout le temps à la morte pour sa manœuvre.

Mais pendant que la Disciple se projetait latéralement vers la droite, dans l'intention évidente d'interposer la façade entre elle et son agresseur, un sifflement sourd vrombit dans son dos. Le lézard ! L'attaque était traitresse ; la réaction, impossible.
Il y eut un choc violent contre son épaule, et la Disciple se retrouva soudainement projetée en  direction opposée à ce qu'elle planifiait. Une ombre s'était élancée, dès que l'objet de son adoration avait été menacé.

Le projectile magique effleura l'albâtre de l'épaule de la duchesse, tandis que celle-ci atterrissait de l'autre côté du bâtiment, sans contrôle aucun de sa trajectoire. Relevant vivement la tête du parterre jardiné ayant amorti sa chute, la rescapée aperçut... l'un des factionnaires subjugués !

L'impérial se tenait sur le seuil, hébété, regardant sourdre sans comprendre le flot écarlate qui s'échappait de sa poitrine, et le carreau de bois l'ayant provoqué. Il fut balayé par la charge brutale de Drem, immédiatement consécutive, quoique la robustesse de sa cotte de maille lui évita l'éviscération.

Une demi-douzaine de gardes assistèrent à la scène, médusés. Sans compter les quelques nobliaux choqués, valets et autre petit personnel naturellement présents sur les lieux. Jusqu'à l'armure rutilante d'un officier accourant, immobilisé dans sa course sous le coup de la stupeur.

Le visage du second optione du Lieutenant-Colonel du palais se déforma, écumant sous l'effet de la fureur :

— Tuez les !! Sus aux traîtres ! fulmina le capitaine Gratius.

Puis se ressaisissant :

— Boucliers ! Rabattez les civils !! Protégez la duchesse ! Quintus, tes arcs, en position !! J'veux ces saligauds morts ou vifs, par Talos !

S'emsyl, quant à elle, exultait. La vampire avait eu du mal à ne pas rire en voyant cet imbécile de garde chuter, roulant mollement sur le perron de l'officine. Cet idiot s'était sacrifié pour elle ! Ce genre de choses arrivait de temps à autres. Certains sujets... plus vulnérables que d'autres à ses charmes demeuraient sous son emprise alors même qu'elle ne le souhaitait plus. Les mâles étaient des créatures tellement instinctives...

Profitant de l'alibi végétal qui lui était fourni, elle dissimula ce qui restait du document dans son décolleté et ôta le trait fiché dans son tibia. Son bras droit la brûlait férocement, mais elle s'en moquait. Après tout, souillée de terre et de sang comme elle l'était, son vêtement sensuellement déchiré par endroits, quoi de mieux qu'une autre blessure pour accentuer son rôle de victime ?

Se composant une mine catastrophée, elle se redressa et rampa jusqu'au chevet de son sauveur, étalé de tout son long. Ses blessures n'étaient pas fatales. Dommage... avec une telle dévotion il aurait fait un enfant remarquable. L'espace d'un instant, son beau visage se détourna vers l'édifice. Si Serethi, bravant l'assaut des gardes qui accouraient, était demeuré sur le pallier, il aurait pu y lire le jubilé d'une insondable malice...




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Le marteau et l'enclume

21 Soirétoile 3E431, 14h50




Bronchant brièvement sous son injonction, le non-être se départit un instant de sa posture voûtée. De sanguinolentes loques recouvraient l'écorché, simiesques réminiscences d'une humanité torturée. Un sceau métallique luisait à son poignet, effegie solidement laçée par un robuste bracelet de cuir. La créature reprit sa course, dépassant Maelicia en coup de vent, griffant le sol de ses serres.

La brétonne cilla. D'abord Ulvasa, maintenant Rodolphe ! Le jeune artisan qui s'était pris de pitié pour Typhaine, gamine moquée par ses pairs à l'abbaye de Camlorn... Un autre innocent, insatiablement torturé par quelque jeu du sort ? S'emsyl paierait pour ses crimes !

Emboitant le pas à la bête, Maelicia scruta anxieusement les parois de la galerie. Guettant quelque forme dégingandée griffant les arêtes rocheuses de son galop, elle se détournait fréquemment.  Alors qu'ils parvenaient à un embranchement, le monstre fit halte. Humant l'air vicié des catacombes, il hésita, comme subodorant quelque occulte présence.

L'étudiante volta vers le point semblant retenir l'attention du non-être. Et sentit ses cheveux se hérisser d'effroi : le couloir derrière eux ! Ses délicates arches minérales, ses parterres sombres et poussiéreux... Tous  paraissaient mouvants, fourmillant constamment, comme envahis par un flot sombre et fantasmagorique. Ce ne fut que lorsqu'une des fluctuations se fendit d'un cri strident et douloureux que Maelicia comprit. Ses pupilles s'étrécirent de terreur : il pouvait y en avoir plusieurs dizaines...

« Bordel ! À droite !! » s'écria-t'elle, en prenant ses jambes à son cou.

D'autres hurlements résonnaient derrière eux, écho sans cesse repris et amplifié par quelque gorge torturée. Un rapace concert talonnait désormais les proies, se rapprochant sans cesse malgré les efforts soutenus de l'étudiante. Le sol vibrait sous le poids de la cavalcade. Tout affrontement semblait vain. Et ce n'étaient pas ses frêles jambes qui lui permettraient d'échapper à pareille traque.

« Fous l'camp, Rodolphe ! J'te libère ! »

Délivrant le mort de son emprise, Maelicia passa à la vitesse supérieure : visualisant le point le plus lointain qu'elle pouvait deviner, elle le rallia mentalement dans un faible warp. Puis recommença instantanément l'opération, alors que son pied affleurait à peine sa destination. Et ainsi de suite : l'espace défila vertigineusement autour de la magicienne, alors que sa vitesse égalait désormais celle des félins les plus véloces de la nature. Pareillement assistée, la fuyarde ne tarda pas à mettre de la distance entre elle et ses poursuivants.


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Soudain, la téléporteuse stoppa net : droit devant, des silhouettes déchiquetées se prélassaient sur la roche, à l'orée d'un labyrinthe sans lignes de vue. Elle s'était faite rabattre dans un piège ; coincée entre le marteau et l'enclume. Et cette fois, personne ne viendrait la sauver.

Le désespoir s'empara de la rouquine. Les échos sauvages et acérés de la cavalcade lui parvinrent à nouveau, dans son dos. Les rapides face à elle ronronnaient sur leurs murs, se délectant des doutes de leur proie. La horde sauvage, ou le maquis carnivore ? De nouveaux pleurs humidifièrent ses yeux, mais sangloter ne servait à rien.

« Y'a qu'une seule sortie d'toute façons... » marmonna Maelicia, la bouche sèche. Elle inspira profondément...

Et reprit sa trajectoire. Le premier guetteur aboya de plaisir en fondant sur elle, toutes griffes dehors.  Il n'attrapa qu'un warp, tandis que ses confrères gardant les deux entrées du dédale volaient dans les airs.

Alors que la sombre béance de l'antichambre s'ouvrait droit devant, la brétonne étouffa l'envie de fuir qui montait en elle. S'approchant de l'albâtre des parois de gauche, l'enchanteresse les toucha de sa main. Une violente secousse les parcourut, force transmise plutôt que propagée. Trois cervelles dentées tombèrent du plafond, aussitôt propulsées vers les gardiens de l'orée, déjà rétablis.

Sans attendre les impacts qui suivirent, la demi-daedra s'engouffra au pas de course dans le funeste enchevêtrement de cellules. Des vagissements sauvages issus de toute part lui vrillaient les tympans. Elle manqua de percuter les occupants de la salle attenante, sans doute molestés par  la vibration précédente. La compagnonne ne prit pas la peine de les défaire : accélérant, elle s'était déjà téléportée vers son prochain objectif : un long corridor, que nulle lueur n'illuminait. Déplaçant mentalement une pesante armoire, elle barra l'issue qu'elle venait de franchir : raclements frénétiques, ça cavalait autour. Elle progressait trop lentement, la horde allait finir par la rattraper !    

Ignorant les furieux coups de butoir encaissés par sa barricade, elle tendit l'index vers l'obscurité, mais une pensée inhabituelle lui vint. Le Feu facétieux surgit de son doigt, et d'un souffle embrasa l'ensemble du couloir. Les Froids qui s'y dissimulaient accueillirent la vie que le feu leur communiquait, et feulèrent pathétiquement. Un éclat de plaisir illumina les yeux de la pyromane, alors que les torches ambulantes se précipitaient dans toutes les directions, créant de nouveaux foyers à chaque contact. Au moins, on y voyait, maintenant !

La chaleur, ravivée par la combustion d'antiques tentures,  devenait étouffante. Ignorant les émanations toxiques, riant sous les caresses de l'incendie, la semi-daedra circulait joyeusement, retrouvant son élément : les morts n'oseraient pas la suivre dans un tel brasier. Brusquement, comme l'une de ses victimes affolées se jetait dans un atrium plus volumineux, un abominable cliquetis s'enclencha . Sous les yeux effarés de sa tortionnaire, le plancher minéral de la salle se souleva, et broya l'imprudent. Une plaque-pression, juste sur le seuil du piège.

Dès lors, Maelicia progressa encore plus précautionneusement. Envoyant d'involontaires éclaireurs lui ouvrir la voie, exploitant chaque avantage possible à mesure qu'il se présentait, la magicienne parvint jusqu'à une excavation plus large. De dimensions généreuses, jonchée de colonnades à perte de vue, le terrain de ce qui paraissait une immense arène remontait en pente douce. L'espoir revint : elle était sortie du complexe !


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Alors qu'elle s'élançait, la seconde issue vomit un flot de rapides : la horde. Qui avait tout simplement emprunté la deuxième aile du labyrinthe... Alors qu'elle était si près du but !

Rattrapée en quelques secondes, elle pulvérisa les premiers assaillants d'une décharge télékinétique vers l'arrière, mais d'autres venaient latéralement. Écartant d'un sortilège les appendices crochus d'un des zombies à sa droite, elle n'eut que le temps de rouler sur le côté pour esquiver un autre  assaut provenant d'en haut.

Or Maelicia était une ensorceleuse émérite, et non une acrobate : elle buta à la réception et manqua de s'étaler.  Ce fut la curée. Une dizaine de rapides affamés se jetèrent sur la malheureuse, qui n'eut que le temps d'incanter une déflexion circulaire tout autour d'elle. Tous valsèrent, mais aucun ne percuta la roche : bronchant sous l'effort, la magicienne les avait mentalement rattrapés dans les airs. Les créatures interloquées parurent soudain flotter autour de la mystique, comme portés par un vent invisible, alors que celle-ci psalmodiait en tendant ses deux mains vers le sol. La rotation s'accéléra, encore, et encore. Une véritable tornade de chair protégeait maintenant la brétonne, percutant murs et assaillants avec une violence inouïe alors qu'un concert de chocs retentissaient. A chaque monstrueux impact du cyclone mort-vivant, une cervelle, un membre ou d'autres tissus moins définis s'érodaient contre la paroi.

Lorsqu'une Maelicia à bout de souffle mit enfin terme au sortilège, plus d'une douzaine de monstres gisaient autour d'elle. Broyés à des degrés divers, leurs corps pas toujours entiers étaient éparpillés dans des positions improbables. Sauf qu'il y en avait encore : elle eut à peine le temps de ciller qu'un spécimen plus grand que les autres fondait sur elle. Dans son dos.

La brétonne se sentit comprimée par une terrifiante étreinte, alors que des muscles visqueux mais puissants enserraient son cou et son flanc. Des poinçons osseux se plantèrent sous sa clavicule et dans son abdomen. Un frisson d'horreur lui  parcourut l'échine, sentant la présence, toute proche, qui l'attirait à elle. Perdant contact avec le sol, elle se tortilla et hurla désespérément alors que la créature mordait. Fourrageant dans son épaule, lacérant de concert poussière, étoffe et tissus humains, le monstre mastiquait frénétiquement, dans un écœurant gargouillis mêlant sécrétions salivaires et giclées d'hémoglobine.

Il y eut un choc, et la rouquine roula à terre. Un rapide plus petit avait molesté le dévoreur pendant son repas. Il tendit une main rougeâtre vers la brétonne. Une main cerclée par un bracelet de cuir. Une main qui jadis aurait pu contenir un mouchoir.

L'étudiante ne se le fit pas dire deux fois : elle se téléporta aussi loin que portait sa vue, alors que Rodolphe disparaissait sous les assauts de ses pairs. L'arène souterraine touchait à sa fin, et ses colonnes se clairsemaient pour céder la place à un nouveau couloir, tout près.

Encore sous l'effet de l'adrénaline, la brétonne réfléchissait rapidement. De toute façon, elle n'arriverait jamais à semer durablement ses opposants. Il fallait une autre approche à ce problème

Ses mortels poursuivants accouraient, rugissant férocement l'hallali.

Alors que l'enceinte s'étrécissait, Maelicia s'aperçut que le sol qu'elle foulait changeait de nature. Cherchant des yeux vers la galerie toute proche, elle y trouva ce qu'elle cherchait. Bondissant, elle actionna mentalement la trappe en dessous d'elle. La roche crissa dans son dos, alors que les rouages du piège surélevaient vertigineusement le plancher de l'arène, droit vers la voûte qu'il atteignit dans un choc.

Les créatures percutèrent violemment le mur improvisé, s'escrimant vainement contre la barrière minérale, sans que cette dernière ne bouge d'un millimètre. La fugitive était coupée de ses poursuivants, séparée des rapides par une lame rocheuse de plusieurs mètres d'épaisseur. Bloquant le mécanisme avec quelques éclats pierreux, Maelicia tomba à genoux, épuisée. Elle s'en était sortie vivante !




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Contrôle technique

21 soirétoile 3E431, 15H10




L'adrénaline retomba, et avec elle son cortège de sensations anesthésiantes. Son épaule gauche la lançait douloureusement. Un flot sombre et chaud s'en échappait, bouillonnant par petits jets au rythme de son pouls, maculant corps et vêtements au fur de l'hémorragie.

La vue de Typhaine se brouillait, l'effet nyctalope touchant à sa fin. Elle hasarda une main tremblante vers son moignon, et gémit au contact de la plaie. Cependant, même au sein de ce magma sanguinolent se reconnaissait le galbe d'un bras. Par miracle, elle pouvait également encore mobiliser son membre.  

Tirant d'un coup sec sur ce qui restait de sa manche, l'éclopée voulut s'en confectionner un bandage. Toutefois, le tissage résista. Il lui fallut aller jusqu'à s'y reprendre plusieurs fois avant d'arracher quoique ce soit. Pestant contre les clichés romanesques, geignant au frottement de l'étoffe contre la peau lacérée, elle parvint néanmoins à endiguer le saignement.

La sensation de soif revint, aigue, la tenaillant plus vivement que jamais. La rouquine aurait donné n'importe quoi pour un verre d'eau. Le déficit hydrique avec lequel avait composé son organisme durant sa métamorphose s'était aggravé, et son corps déjà mutilé criait au supplice.

L'hybride se redressa, déprimée. De toutes façons, il était inutile d'espérer quêter le sceptre ainsi souillée de sang. Elle aurait droit sinon à la prison, du moins à l'hospice, ou pire... au laboratoire. Tout comme ces monstres, enfin... ces bêtes humaines dont les cris résonnaient encore dans les couloirs. Semblables à ceux de Rodolphe...

De par son inexplicable sacrifice, le tailleur de pierre avait désormais avait trouvé la paix. Jusque dans sa mort, le brave bréton l'avait protégée. Sa gratitude lui était acquise, même si, comme treize années auparavant, elle ne pouvait autrement le récompenser...

La blessée se redressa, chancelante. Sortir de ces maudites ruines, voilà qui la contenterait. Et, par dessus tout, elle voulait boire ! C'est ainsi, rêvant à moitié d'oasis souterraines, aveuglée par une obscurité qu'elle n'osait rompre, que la vagabonde crut entendre comme des pas cadencés. Elle s'immobilisa, puis se replia derrière une anfractuosité.

Modifié par Trias, 06 avril 2011 - 19:09.


#262 Ygonaar

Ygonaar

Posté 08 avril 2011 - 13:30

Génitoires sacrilèges

  

21 soirétoile 3E431, 15H10



Les bruits se rapprochèrent. Raclements des hampes de lances sur les parois, cliquetis d'armures lourdes, et pas cadencés de lourdes bottes ferrées. D'une cohésion remarquable, même, si l'on considérait qu'ils approchaient au pas de course. Et dans le noir complet.

  Ils s'arrêtèrent brusquement, proches, bien trop proches de la magicienne moribonde. Seuls la respiration affolée de la Brétonne et l'acharnement des Rapides, de l'autre coté de la dalle, déchirèrent le silence pendant quelques secondes. Deux lueurs verdâtres apparurent à hauteur de visage, d'un vert malsain, tremblotant, évoquant bizarrement les miasmes d'un marécage putride. Puis une colonne de lueur pâle tomba du plafond.

  La magicienne pouvait maintenant voir dix guerriers en armure la toisant. Dix légionnaires armés de lourdes framées et de pavois d'assaut, blasonnés du crâne de corbeau sable en champs de sinople. Neuf des soldats la pointait de leur lance. Le dixième, lui, avait les yeux qui flamboyait de cette énergie bilieuse.  

   Toi ? Par les couilles velues de Sithis ! S'exclama celui-ci d'une voix sépulcrale, assourdie par son heaume, mais exprimant malgré tout la surprise. Que faits-tu ici ? Et qu'est-ce qui fait un tel boucan ? Demanda-t-il en désignant le couloir obstrué.
Popaul, ramènes-toi en vitesse. Je crois bien avoir déniché ta pintade. Ajouta-t-il à mi-voix.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2011 - 13:33.


#263 Arakis

Arakis

Posté 08 avril 2011 - 16:19

Le poing de l'étoile du borgne (mais pas tout à fait)



23 Ondepluie. 3E410, 16h27



Le type en face d'elle sautillait d'une bien étrange façon, jamais vraiment en l'air mais jamais en même temps sur ses deux jambes. Lui aussi transpirait sous la chaleur et le soleil de plomb, des goûtes de sueur coulait sur son torse nu et musclé quelques peu marqués de cicatrices et de quelques tatouages de mercenaires. Par souci de commodité il avait attaché ses cheveux en arrière avec un bandeau dévoilant ses deux yeux bleus hypnotisant. Ses deux bras étaient levés devant son torse et très proche l'un de l'autre, les paumes pendantes vers l'avant. On dirait presque un serpent se dit Saerileth, et dans la seconde qui suivit elle lança son poing en direction de son nez. Mal lui en prit, la main gauche de son adversaire se détendit avec la même vitesse qu'un cobra se ruant sur une souris et chassa son coup de poing. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait que l'autre main touchait son visage, et c'était loin d'être une douce caresse. Elle se mordit la lèvre quand les phalanges touchèrent son nez et continua sur sa lancée enserrant la taille du jeune homme de son bras droit et frappant comme elle pouvait de l'autre ses côtes.

L'homme essaya de bouger mais elle tenait fermement sa prise, ragaillardie par cette prise la jeune fille s'accrocha de plus belle et mordit la hanche à pleine dents ce qui ne manqua pas de faire hurler son propriétaire. Saerileth avait le sourire aux lèvres à l'idée d'humilier ce pauvre petit macho de merde quand elle sentit quelque chose la frapper avec la force d'un bélier au niveau des reins. Surpris par la force du coup de coude (car ce n'était point un quelconque animal ou machine de siège) elle lâcha prise et s'écrasa sur le sable qui composait le ring improvisé. Essayant de frapper une jambe à sa portée elle eut la mauvaise surprise de recevoir sa sœur jumelle dans le ventre ce qui lui fit violement expirer tout l'air contenu dans ses poumons. Comme un écho à sa douleur une clameur discrète mais visiblement impressionnée par la violence du coup monta des quelques spectateurs.

Alors qu'elle rampait à moitié pour se relever l'impérial qui lui avait mit une raclée regagna le coin du cercle et enfila sa chemise, détachant ses longs cheveux bruns d'une main il prit une gourde de l'autre, la déboucha avec les dents et en but une longue gorgée avant de s'arroser le visage et les épaules avec.

« Sale connard
, grogna Saerileth, toujours par terre et cherchant à reprendre son souffle.
-J'ai pas entendu, tu peux répéter ? Le jeune impérial continuait de boire et visiblement le spectacle d'une jeune fille de 18 ans se traînant comme un insecte pour se relever alors qu'elle avait le nez à moitié cassé et le souffle court (sans parler de ses reins ...) l'amusait follement.
-J'ai dit que t'étais qu'un sale connard dit Saerileth, sa voix était hachée de respirations courtes et saccadées.
-Ha ouais ?
-Ouais, et je vais te péter ta sale petite gueule de macho de merde.
Cette remarque suscita l'hilarité autant de l'impérial que de ses compagnons en dehors du cercle
-Hé Gaël, elle a du cran la mome, dommage qu'elle morde, lança un nordique large comme une barrique appuyé sur la barrière.
-Hlaf apprends à parler correctement aux demoiselles, seulement après t'auras voix au chapitre, lui renvoya l'impérial qui visiblement répondait au nom de Gaël.
-Je t'emmerde, suppôt de l'Empire colonisateur et liberticide répondit le dénommé Hlaf.
L'hilarité gagna les membres du cercle à l'exception de la jeune fille qui semblait visiblement bouillir de rage.
-Quand t'auras fini de faire ta commère amène toi et bats toi !!
L'impérial se retourna alors qu'il reboutonnait sa chemise
-Pas besoin.
-Je te demande pardon !?

-Je te mettrais out en deux coups, tu sais pas te battre et en plus t'es borgne.
Cette dernière remarque gênât la jeune impériale, elle ne voulait pas montrer cet œil qu'on lui avait imposé, elle portait donc un bandeau fait d'un bout de toile qu'elle avait découpé dans une voile de marin.
-Je t'emmerde » fut la seule chose qu'elle trouva à dire.
Le jeune homme haussa les épaules et commença à enjamber la clôture qu'il avait placé pour marqué les limites quand il sentit quelque chose le prendre par la ceinture et le tirer en arrière. Il s'écrasa sur le sable et eut à peine le temps de lever les bras qu'une pluie de coups de poings (heureusement pour lui donnée d'une façon médiocre) s'abattait sur lui. Au bout de dix secondes de pluies de poings il vit une ouverture et s'y glissa, roulant sur lui-même il frappa son tibia des deux pieds la faisant tomber de tout son long par terre. Le combat se poursuivit pendant une trentaine de secondes, chacun empoignant l'autre, le griffant, le mordant et tous les deux se roulant par terre. La poussant Gaël se releva tant bien que mal, son nez saignait abondement et ses côtes lui faisaient mal, visiblement cette gamine (quoi qu'il n'ait que trois ans de plus qu'elle au grand maximum) avait du répondant. Elle-même semblait chanceler après le nombre de coups qu'elle avait encaissé.

« T'as du cran je dois le reconnaître.
-Merde, je crois que je viens d'entendre un éclat d'intelligence.
-Ceci dit si tu veux intégrer la Brigade des Griffons va vraiment falloir que t'apprenne à mettre correctement des coups de poings ... »




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Sésame, ouvre toi


21 Soirétoile 3E431, 14h45


Saerileth se releva aussi vite qu'elle pouvait et levant les yeux vit l'état des choses, son tir avait fait mouche, bien que la chose n'ait en elle-même rien d'incroyable elle se sentit fier de sa précision. Jetant un œil par-dessus son épaule elle vit que l'argonien ne semblait pas en trop mauvais état, sa réception avait été moins violente que prévue et visiblement rien n'était trop abîmé au vu de la façon dont il s'était rué sur son arbalète. Visiblement Drem lui aussi s'était agité les puces et la vampire semblait en bonne passa de passer de non-vie à trépas. Mais malheureusement pour Saerileth ses attentes furent déçues et au vu de la situation mieux valait ne pas traîner dans les parages. Chose qui faisait plaisir elle n'était pas la seul à avoir cette idée, l'argonien l'avait devancée, se glissant derrière le grillage qui avait servit à amortir sa chute. Sanglant le plus vite possible son arbalète elle se glissa à sa suite, les hurlements de la garde derrière eux agissant comme le meilleur des stimulants.

S'enfonçant dans les rangés d'armoires, de valises et de coffres plus ou moins poussiéreux s'interrogeant sur leurs contenus et l'hypothétique fric qu'il y avait à en tirer. Plongée dans ses pensées elle faillit percuter l'argonien qui s'escrimait sur une porte fermée. Le prenant par l'épaule elle lui lança

« Poussez vous, ce genre de truc j'en fais mon affaire »

Se plantant des deux pieds devant la porte elle prit une grande inspiration, leva son bras droit, ferma le poing, prit une nouvelle inspiration. Le bras devant elle, le coude plié, le poing au niveau de ses yeux, exposant le dos de celui-ci à la porte. Son bassin bougea légèrement, elle se décala doucement, levant son bras gauche, paume ouverte devant elle. Puis d'un coup tourna violement son buste dans l'autre sens son poing suivant le mouvement et vrillant l'air en effectuant un tour de 180°, augmentant ainsi la force du coup. C'était bien une des choses les plus utiles que Gaël lui avait apprises. Son poing frappa le coin de la porte au niveau de la serrure, au vu de la force de son bras il y avait peu de chance qu'une serrure normale encaisse le coup sans broncher. Si on arrivait au niveau porte blindée, serrure à triples loquets piégés et autre subtilités du genre là ce n'était plus de son ressort ...

Modifié par Arakis, 08 avril 2011 - 19:25.


#264 Trias

Trias

Posté 08 avril 2011 - 18:16

La femme qui parlait à l'oreille des portes

21 Soirétoile 3E431, 14h50




L'alliage elfique percuta le laiton de la serrure dans un choc retentissant. Pêne et platine sautèrent, éjectant le mécanisme vers l'extérieur tandis que le battant claquait. La porte maintenant grande ouverte donnait sur une allée au dallage souillé par divers résidus telluriques, tandis qu'un fumet évoquant sans nul doute du crottin venait chatouiller les narines de la mercenaire.

Il s'agissait sans nul doute d'une voie accessoire, à en juger par l'hygiène plus laxe que la grande avenue de la façade. De nombreux espaces étaient occupés par des charrettes à l'arrêt, tandis que palefreniers et valets censés les décharger commentaient avec véhémence les insolites évènements. Tout ce beau monde s'interrompit.  
Sauf l'homme en armure de plates qui accourait de l'autre bout de l'allée, visiblement essoufflé.

A l'avers du bâtiment, un impact sourd ébranla le mur tandis qu'un individu casqué pointait une arbalète à travers les débris calcinés de la fenêtre.

— HALTE !! s'écria-t'il alors qu'il ajustait sa mire sur l'un des fugitifs.

Non loin de là deux archers étaient déjà en position, retranchés derrière deux arbres, face à la devanture. Trois soldats lourdement cuirassée avançaient lentement vers les portes, repliés derrière les pavois de deux autres les précédant.

La voix du capitaine Gratius hurlait des ordres secs et rapides, organisant tant bien que mal l'assaut et la protection des civils.




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J'ai tort monsieur l'agent

21 soirétoile 3E431, 15H10




Le pesant battement des pas la rattrapa et la dépassa, tandis que bruissaient comme des plates et que s'entrechoquaient des armes. Puis, plus rien ; alors qu'ils étaient tout près. Le cœur de Maelicia s'emballa dans une poitrine déjà fort contuse. De trop longues secondes s'écoulaient. Elle essaya en vain de retenir sa respiration, quand deux lueurs caractéristiques percèrent l'obscurité. La brétonne se plaqua soudain contre la paroi de la galerie, dans une exclamation : une forêt de lances l'environnait ! De hautes et menaçantes armures intégrales l'encerclaient. Des légionnaires, avec un corbeau sur leur bouclier. Elle allait finir en tôle !

Alors qu'elle cillait de ses yeux myopes, tentant cette fois d'accommoder son regard au rai de lumière mystique, une voix bourrue résonna de derrière un heaume à fente :

— Toi ? Par les couilles velues de Sithis ! Que fais-tu ici ? Et qu'est-ce qui fait un tel boucan ?

L'étudiante haletait, en proie au stress, son regard parcourant lames et hampes, tout autour d'elle. Les nausées la prirent de nouveau d'assaut, mais elle ne pouvait pas se transformer ! Sa seule option viable au sein de pareille digue était la téléportation. Une à une seconde et demie selon sa forme. Mais pour aller où ? Elle n'y voyait plus guère sans sa nyctalopie. Oh et puis tant pis, elle voulait remonter à la terre ferme, sortir ces ruines folles et prédatrices !

— Jjj... j'faisais rien d'mal ! piailla-t'elle nerveusement, cherchant le regard du commandeur. J'cherchais... un artefact ! expliqua-t'elle, sans même mentir véritablement. Et... j'ai failli m'faire becqueter !! Par ces choses horribles qu'j'ai coincées là bas !

Au loin, les rapides, sentant la Vie, s'escrimaient vainement contre la roche, aboyant leur rage par des cris stridents.  La douleur de son épaule s'accutisait, lancinante. Son regard (qu'elle aurait volontiers agrémenté de quelques pleurs, n'était la sécheresse qui la torturait), creusé par la soif et la fatigue, se fit implorant.

— Dites...  z'auriez pas un peu d'eau ? S'il vous plait... supplia-t'elle, vers le seul des militaires démontrant quelques traces de sociabilité.

L'étrange et mutique discipline des légionnaires la mettait mal à l'aise, et la lueur venimeuse luisant dans le regard de son interlocuteur ne la rassurait guère plus. Néanmoins le type marmonna un truc qui ne lui plut pas, de derrière les vantaux de son casque. Elle aurait juré qu'il l'avait traitée de dinde.

— La pintade de qui ??! releva-t'elle d'un ton cassant, oubliant momentanément soif et douleur.

Modifié par Trias, 09 avril 2011 - 13:19.


#265 nood

nood

Posté 08 avril 2011 - 21:30

Instants précieux.

  

21 Soirétoile 3E431, 14h50

Tout absorbé qu'il était à sa charge assurément peu fine, Drem n'eut que des sensations parcellaires des événements qui se déroulèrent alors qu'il lança sa fidèle épée dans un puissant coup de taille. Il eut bien la sensation d'entendre son projectile magique faire mouche bien qu'il n'aurait  pu jurer formellement de l'impact ; il avait bien entendu le claquement sourd d'une corde d'arbalète et le sifflement d'un carreau dans l'air, qui plus est dans sa direction ; quant à sa cible, elle eut des mouvements pour le moins non prédictibles mais le fait était qu'elle ne se trouvait manifestement plus à l'endroit prévu lorsque le coup porta.

  
L'épée de Drem trancha l'air puis rencontra une plaque d'acier orné du dragon impérial, dont le tranchant de l'arme et la force centrifuge vinrent péniblement à bout, puis buta contre une cotte de maille serrées qui permirent d'éviter une incision pure et simple, vibra un temps jusque dans les phalanges de l'elfe, avant de s'arrêter à nouveau dans l'air. Le Dunmer n'aurait pu dire qui était le plus hébété, de lui ou du garde impérial qu'il venait de faucher dans la course de son arme.

  
Lorsqu'il leva à nouveau le regard, il nota surtout les deux douzaines de paires d'yeux braqués sur lui et sur le corps du fonctionnaire en armure étalé à ses pieds. Il resta cependant bien peu de temps à se demander le pourquoi du comment. Gratius, le fier Gratius, celui-là même qui lui avait hurlé dessus une poignée de minutes plus tôt, éructait des ordres secs et bien timbrés. L'elfe n'eut pas le loisir de profiter à nouveau de son franc parler ; il ne perçut que les flèches pointés vers lui et les arcs quis e tendaient ; et bien entendu, plus aucune trace de la vampire qui avait foutu le camp on ne sait où. Et tant mieux, à vrai dire ; il décampa du seuil de la porte sans demander son reste, saisit fermement ladite porte qu'il claqua vivement, juste à temps pour entendre le bruit sourd des flèches impériales se plantant dedans avec insistance. Un juron lui échappa.

" Bordel ! c'est vraiment pas passé loin !

  
- Revenez, Dunmer ! Enflammez moi ça et suivez moi vite !"

  
Ce fumier d'Argonien, tout à l'heure timoré à l'idée de se glisser dans le palais sans prendre cent cinquante précautions, lui donnait à présent des ordres. Il tenait encore l'arbalète qui était sans doute à l'origine du carreau de tout à l'heure, et si la situation n'avait pas été si pressante Drem lui aurait bien expliqué à coup de pieds au cul qu'on ne tire pas quand un collègue est dans la ligne de visée. Cela attendrait un peu.

  
Sa main gauche s'échauffa prestement ; il l'apposa à la serrure en laiton qui devint malléable. Il la molesta du pommeau de son épée, suffisamment pour souder le loquet et le mécanisme, ce qui la scella temporairement et leur donna quelques secondes d'avance. Se dirigeant à grande enjambées vers le grillage et ses deux compagnons d'infortunes, il saisit une lampe à huile trainant sur une étagère qu'il jeta sur la hotte fracassée de Danse-Mot et n'eut plus qu'à claquer des doigts pour que celle-ci prenne feu avec moults crépitements et fumées odorantes. Pour conclure cet épisode mouvementé, il se glissa à la suite de Saerileth sous le grillage après y avoir fait passer son baluchon et son épée. L'Argonien d'ébène, décidément bien en forme, vociférait déjà dans l'arrière de la consigne.

  
- Il y a coups sûr une porte à l'arrière pour faire passer les malles les plus volumineuses. Les fumées des champignons hallucinogènes comme celles des toxiques devraient sérieusement gêner nos poursuivants, lorsqu'ils s'en rendront compte. On a une chance de leur fausser compagnie et de poursuivre la mission. Quelqu'un aurait de quoi régénérer l'Influx ?

  
- J'ai ça, répondit Drem, fouillant dans son barda et en extrayant une fiole de potion de regain de Magie. Et ça aussi, ça peut être utile, ajouta-t-il en présentant sa fameuse mixture dite du "coup de fouet du mage".

  
Un mélange astucieux de champignons et de minéraux divers délassant pour l'esprit et l'aiguisant comme un rasoir, et une demi-fiole du sirop bleu aux vertus thaumaturgiques. Précisément ce qu'il fallait à un Drem qui venait de lancer deux sorts dont un très conséquent et qui manquait peut-être de vivacité d'esprit. Il avala sans tarder la moitié de chaque fiole, et les tendit au barde transformiste et écailleux.

  
L'Impériale finit par ouvrir la porte dans une victoire à la Pyrrhus qui ne sembla même pas l'affecter physiquement, ne serait-ce que par un petit mouvement de douleur, porte que Drem franchit sans se faire prier.

  
- HALTE !!

  
L'ordre venait de derrière lui. L'elfe saisit un peu tard qu'il est en effet bien inutile de sceller une porte si l'on ne prend pas la peine de bloquer les fenêtres à côté. Trois archers à six heures, un garde en armure à midi. La réaction fut rapide et peut-être pas assez réfléchie, mais l'heure était à l'action tant la situation était critique. Le Dunmer claqua la porte dérobée, frêle rempart contre les traits précis des gardes du palais et lâcha un éclair imposant de la main gauche contre l'unique adversaire face à lui. Pas un sortilège travaillé comme celui qu'il avait lancé plus tôt contre S'emsyl, mais plus une réaction instinctive comme il en avait élaboré lors de ses escarmouches pendant son service. Les divers employés des écuries prirent la fuite à grands renforts de cris en entendant la détonation de l'arc électrique, libérant la place d'éventuels dommages collatéraux. Drem lâcha un ordre sonore :

  
- Défoncez-moi ce bonhomme sans trainer !

  
La situation s'aggravait à chaque instant, et ce n'était pas prêt de s'arranger, au vu des ordres que lançait Gratius et qui envoyaient probablement une escadre de Magelames à leur trousse. A son grand dam, Le Dunmer se rendit compte que la potion qu'il avait ingurgité auparavant ne lui avait pas permis de trouver une issue miraculeuse à leurs problèmes, mais lui avait simplement fait comprendre de manière plus claire la gravité de l'instant présent.

Modifié par nood, 11 avril 2011 - 12:36.


#266 Ygonaar

Ygonaar

Posté 09 avril 2011 - 23:54

De Charybde en Scylla



21 soirétoile 3E431, 15H10

  
La supplique de Maelicia n'entraina aucun mouvements de compassion de la part des légionnaires, aucun mouvements du tout, même. Ils restèrent de même impassible lorsqu'elle fit mine de se rebiffer. Seul son allocutaire poursuivit son interrogatoire sa voix d'outre-tombe.


— Un artefact ? Où est-il ? Et qu'elles sont ses choses, là-bas ? Combien ?

Soudain, les deux flammes glauques qui brillaient dans le heaume s'éteignirent. Le légionnaire se remit en rang avec les autres. Woooops. Le bruit d'un warp. D'un warp de bonne taille, même. Au bout du couloir, à l'angle, une orbe illuminait faiblement une bonne dizaine de nouveaux légionnaires. Pendant deux secondes...

Woops. Un soldat apparu à deux mètres de la Brétonne, seul. Enfin, pas longtemps, car les dix premiers guerriers l'encadrèrent aussitôt. Le nouveau venu était plus petit, plus mince. Bien que son heaume soit aussi massif que les autres, le reste de son armure était bien plus légère, son pectoral indiquant sans conviction une femme. Elle n'avait pas de pavois, et n'arborait qu'un long bâton d'os en guise de lance. Un bourdon au sommet duquel une massive gemme noire irradiait curieusement d'une lumière pâle. La femme se pencha vers Maelicia, qui put observer de plus près son casque. Il était finement gravé sur l'intégralité de sa surface, de délicats liserés qui atténuaient remarquablement le poli exceptionnel du mithril, des arabesques décrivant symboles cabalistiques et mots de pouvoir dans un hermétiques dialectes daedriques.

— C'est toi, Marsoric, n'est-ce pas? Demanda une voix sèche comme les déserts d'Elsweyr, bien qu'on y devina un reste d'accent de Hauteroche. Tu as l'air salement amochée, montre-moi. Elle examina d'autorité l'épaule de sa congénère, tout en continuant son monologue.
— Tu sais que tu es officiellement morte ? Tu as même été incinérée ce matin même.


Une douleur fulgurante envahit l'épaule de l'estropiée. Si celle-ci croyait avoir eu mal auparavant, ce n'était rien en comparaison de cette souffrance atroce, comme si quelqu'un s'échinait à calciner tous ses nerfs un à un, mais très très rapidement. Après le premier choc où la torture semblait uniforme, la jeune femme ressenti des variations plus subtiles, comme si une armée de vers se frayait un chemin dans sa chair en la dévorant. Il lui semblait même voir sa peau s'agiter de vagues interne.


— Tu te rappelles, il y a quatre nuits, ton petit raid dans la laboratoire d'Hélévion ? Tu te souviens dans quel état tu l'a laissé? Cracha la vieille sorcière d'une voix haineuse. Tu vois, j'ai moi aussi mes informations sur toi. Alors petite conne, tu crois toujours avoir la carrure pour ta stupide croisade?

La suppliciée avait maintenant l'impression que les vers creusaient sa poitrine et remontaient dans son cou.


ж ж ж


Filer à la Bosmer


21 Soirétoile 3E431, 14h45



D'après les cris et les impacts de trait, S'emsyl avait évidemment ameuté toutes la garnison présente dans la cours contre eux. Une situation difficile, mais à laquelle l'Argonien voyait au moins deux points potentiellement positif. Le premier est que la « Duchesse » aurait certainement du mal à s'éclipser rapidement pendant un bon moment, et qu'ils avaient donc de une chance de lui faire perdre la piste. Le second est qu'il y aura certainement de secourables guérisseurs désirant la soigner. Des magelames, peut-être ? Qui pourraient à l'occasion découvrir sa nature et la mettre en fâcheuse posture ?

Drem avait réussit à les suivre, malgré son armure. Il avait aussi enflammé sa hotte, à l'aide de l'huile d'une lampe. Ce qui surprit le saurien, car certains champignons étaient aussi sec que de l'amadou, mais il n'y a que le résultat qui compte, n'est-ce pas ? Le Dunmer avait ensuite réussi à trouver deux fioles dans son barda, dont il s'arrogea une copieuse rasade de chaque. Cela suffisait à Vive-Dague qui ingurgita le reste dans la foulée, sans même s'accorder une analyse olfactive, ce qui aurait été impensable pour main-d'Ombre. En revanche, ce dernier ce serait tout de même fendu d'un « merci ». Au lieu de s'étendre, même avec modération, en remerciement, le lézard ce remit en quête de sa porte. Il la trouva, mais en dépit de son regard le plus venimeux, elle se montrait plus intransigeante que lui. Alors qu'il se retournait pour quérir l'aide de Saerileth, cette dernière le devança.

— Poussez vous, ce genre de truc j'en fais mon affaire.

Ce qui a son sens ne réclamait aucun commentaire. Il profita plutôt de la concentration de l'impériale pour extraire une petit pot d'argile de sa besace. Un choc semblable à un bélier de siège le fit tout de même sursauter. La porte s'ouvrit à la volée, la serrure littéralement arrachée. A retenir, ce dit-il. Son récipient dans une paume, la valise volée dans l'autre main, il se ruait dehors avant même que l'arbalétrier termine son interjection. Le bruit du solide vantail de chêne se fendant ne tarda pas, mais le légionnaire avait lui aussi put sortir.


Une allée de service menant aux écuries. Intéressant, même si tous les palefreniers s'égayaient déjà. Dommage, des boucliers en moins... sauf si leurs poursuivants l'ignoraient. Un soldat armuré arrivait déjà de la cours principale. Il n'avait cependant pas fait deux pas  que Serethi le foudroya sur place. Plus loin, des archers prenaient position.

— Défoncez-moi ce bonhomme sans trainer ! Hurla le légionnaire.
— Trop tard, ne vous exposez pas. Siffla le saurien de sa voix glaciale en fracassant au sol son petit pot. Une épaisse fumée noire en jaillit et se dilata rapidement. Vive-Dague empoigna un bras de ses deux comparses et les entraina au pas de course vers les écuries. Avec un remarquable sens du positionnement spatial, puisqu'on n'y voyait maintenant plus grand chose.

— Vous les aurez rendus prudents, et donc plus lent, c'est parfait. Enchaina-t-il dès qu'ils furent à l'abri d'une stalle. Fouillez la valise, vous devriez y trouver les changes d'une maisonnée blasonnée. Attifez-vous d'oripeaux de domestiques, même grossièrement. Cela devrait suffire si vos potions sont efficaces, Drem, et il ne sera pas nécessaire d'ôter votre armure, expliqua Main-d'Ombre d'un ton progressivement plus doux, et se redressant petit à petit. Et trouvez moi une tunique et un manteau. Nous nous enfuirons par l'entrée nobiliaire, comme les autres lads, comme les domestiques apeurés que nous sommes dorénavant.

Pendant ses explications, sous le regard certainement effarés de ses compagnons, le saurien se bourrait rapidement une pipe.
— Pouvez-vous me l'allumer ? Demanda-t-il au Dunmer en lui présentant le foyer. Et n'oubliez pas la valise. Autrement, ils seront immédiatement sur nos traces.



ж ж ж



L'huile brulait joyeusement, faisant éclater les champignons qui dégageaient rapidement leurs vapeurs délétères. Elle s'attaqua aussi au comptoir qui, encore chaud de l'ardent contact de l'Atronach, commença à s'embraser. Juste à coté, le vieux tabellion de la consigne, endormi et  oublié de tous, s'intoxiquait lentement.


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Médecine hyperalgésique.

  

21 soirétoile 3E431, 15H12


Woops. Un homme apparut, seul, raffiné dans son costume noir, un tricorne vissé sur la tête et à la main une élégante canne d'ébène au pommeau d'un acier au reflet bleuté. Avec pour seule arme une mince épée à la ceinture.


— Que se passe-t-il ici ? Demanda-t-il immédiatement.

La douleur cessa brusquement dans l'épaule maintenant comme neuve de Maelicia. Les vers brétonophages, si tant est qu'ils aient existés, s'étaient volatilisés.


— Rien. Ronchonna la vieille Nermac. J'ai juste l'habitude de patient moins douillet.

Modifié par Ygonaar, 10 avril 2011 - 00:04.


#267 Trias

Trias

Posté 11 avril 2011 - 19:07

Guérison à petit feu

21 soirétoile 3E431, 15H10




L'étudiante n'eut pas le loisir de répondre à son funèbre interrogateur. Elle hésitait encore quand le halo malsain dansant dans ses orbites se tut. L'inquiétant officier reforma les rangs. C'est alors, étroitement encerclée par les silencieux lanciers, que l'hybride comprit : nulle tiède condensation rythmant le reflux de respirations, nulle oscillation de muscles endoloris contractés en alternance. Nul autre échange que le glacial mutisme de la mort...

C'est ainsi tenue en respect qu'un individu plus petit, dont la stature aurait pu correspondre à la sienne, fit son apparition. Ses phalanges bardées d'acier empoignaient solidement un long pilon osseux, dont  les apophyses sculptées enserraient une imposante gemme couleur d'obsidienne. Une prison. Semblable au collier du Rire. Semblable à la pierre de S'emsyl. L'hybride ne put retenir un frémissement de dégoût, alors que la femme se penchait sur elle...

— C'est toi, Marsoric, n'est-ce pas ? l'apostropha la vieille, dont la voix charriait des glaçons, à travers huppe de son casque.

Le visage de l'intéressée se décomposa. Comment diable connaissait-elle son identité ? Sa visible déconfiture sembla satisfaire la mégère cuirassée, car même les vantaux de son heaume ne purent masquer un rictus de satisfaction.  

— Tu as l'air salement amochée... reprit la bique, savourant du regard le sang qui transsudait de l'épaule lacérée. Montre-moi !

Se jetant sur sa compatriote moribonde, elle arracha sans complaisance son pansement loqueteux. Typhaine serra les dents, alors que deux pilums se rapprochaient de part et d'autre, la contraignant à la soumission. Hors de question qu'elle crie devant cette garçe ! Un index ganté se promena voluptueusement dans le magma sanglant et informe qui creusait son membre. Le teint de Typhaine vira dangereusement vers le blanc.

Sa tortionnaire s'interrompit, délitant distraitement l'hémoglobine coalescente ramenée entre ses doigts.

— Tu sais que tu es officiellement morte ?

Il y avait quelque chose de malsain, dans le timbre froid et éraillé de cette sorcière. Comme quelque chose d'éhontément morbide dans l'avide fascination de son répugnant examen. Quelque chose d'enfoui, de volé, qui voulait resurgir dans la mémoire de l'étudiante.

L'ancienne s'immobilisa. Ses yeux brillaient d'un éclat moqueur, comme se délectant par avance de quelque méfait.

— En fait, tu as même été incinérée ce matin même, précisa-t'elle, levant soudain la main.

Un océan de douleur s'abattit sur la rouquine, qui en tomba à la renverse. Un flot d'informations nociceptives abrasait le moindre axone de ses nerfs, semblable à de l'huile en fusion. L'atroce sensation s'infiltrait dans son corps, grignotant au travers des tissus lésés de sa clavicule, rongeant ses muscles, dénudant les vaisseaux de la malheureuse.

Cris et gémissements plaintifs résonnaient dans les voûtes du souterrain, vaines tentatives d'infléchir la volonté de son bourreau. Laquelle se penchait, gouailleuse, vers l'être se contorsionnant à ses pieds.

— Tu te rappelles, il y a quatre nuits, ton petit raid dans la laboratoire d'Hélévion ? Tu te souviens dans quel état tu l'a laissé ? lui jeta t'elle, d'un ton cette fois ouvertement hostile.

Les nausées revinrent, impérieuses, et l'estomac désespérément sec de la brétonne se contracta dans son abdomen. Alors qu'elle se débattait dans la poussière contre l'absurde supplice gagnant son cou, l'hybride planta un regard haineux dans celui de la nécromancienne. Car c'en était une, Typhaine le tenait des souvenirs d'un Hélévion laissé semi-comateux sur sa table d'examen. Doublée d'une esclavagiste, incapable ne serait-ce que d'entendre l'intolérable calvaire infligé à l'âme, fiérement exhibée sur son bâton.

— Tu vois, j'ai moi aussi mes informations sur toi, poursuivait l'innommable. Alors petite conne, tu crois toujours avoir la carrure pour ta stupide croisade ?

Les ongles soudain élégamment acérés de son interlocutrice crissèrent sur le sol. L'hybride pouvait sentir la haine que vouait déjà son élémentaire à cette attiédie perfide asservissant les âmes. Et Typhaine, elle même, s'était consacrée à la lutte contre les nécromants.

« Aslaverna de fiente... » siffla inaudiblement Typhand'aă, entre ses dents. Leur colère combinée atteignit jusqu'à Deidre, qui remarqua une indéfinissable anomalie dans la signature thaumique de sa victime. Quelque chose de subtil, quelque chose d'étrange.


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— Que se passe-t-il ici ? tonna soudain une voix masculine, mettant aussitôt fin aux souffrances de la semi-daedra.

Typhand'aă hasarda un regard vers la source sonore. Et redevint instantanément Typhaine : la silhouette d'un type supermignon se dessinait dans la pénombre ! Étrécissant ses iris émeraude sur son sauveur, Typhaine dissimula prestement ses mains sous les larges pans de sa dalmatique éventrée. Rétractant ses griffes en catimini, elle attendit quelques secondes que celles-ci disparaissent

— Rien, dénia éhontément la sorcière. J'ai juste l'habitude de patients moins douillets.

C'est alors qu'elle se relevait que la compagnonne de la Guilde s'aperçut que son épaule, coulissant avec naturel sous une peau au galbe parfait, avait repris son intégrité. C'est néanmoins bien pâle qu'elle se redressa. Utiliser ce genre de sortilège était passible de suspension temporaire de la Guilde des mages, jusqu'à comparution devant le Conseil de Discipline. C'était inhumain, et ce n'était certainement pas par hasard que la collègue d'Hélévion en avait fait le choix.

Elle croisa le regard de l'élégant gentilhomme... ses cheveux bruns arrangés en une galante queue de cheval, la finesse de ses traits, l'autorité de ses yeux. Même par une aussi faible luminosité il parvenait à être beau ! Rosissant légèrement, rajustant inconsciemment sa mise catastrophique, la brétonne préféra reporter son regard sur le nez fripé de l'acariâtre sorceleuse. Sa rancoeur se raviva comme on souffle sur des braises.

— Y s'passait qu'on m'interrogeait, rectifia la jeune fille. Quant aux affreux jojos de derrière le mur, y sont comme vous les aimez, Nermac : morts et douloureux...

Le bellâtre la dévisageait, de sous son tricorne, et Typhaine en fut une nouvelle fois déconcentrée. Bon sang, n'aurait-il pas pu être vieux gras et moche comme tout le monde ? Et que faisait-il là dessous ?

— Pourriez lui dire d'éloigner ses gaziers ? implora-t'elle le nouvel arrivant, désignant du regard les framées pointées vers elle. Qui qu'il soit, il semblait avoir une autorité sur la vieille. Aurait-il le pouvoir de l'en soustraire ?




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Les Prétoriens

21 Soirétoile 3E431, 14h52




Instinctivement, l'homme d'armes interposa son écu. Réaction stupide s'il en est : la foudre s'abattant sur le massif conducteur métallique électrocuta son porteur dans la seconde. Le garde  roula à terre, sonné.

De l'autre côté de la consigne, les battants du seuil avaient été enfoncés. Le hardi arbalétrier ayant menacé Drem avait escaladé la fenêtre, et s'affairait maintenant à tracter le vieil intendant hors de l'édifice. L'ancêtre ronflait de bon coeur, tandis qu'il était progressivement soustrait à l'inquiétant nuage verdâtre émanant du local.

Gratius avait d'ailleurs dû renoncer à donner la charge à travers le bâtiment, et ses subordonnés contournaient à présent l'enceinte. Le valeureux portier et la Duchesse éplorée avaient été mis en litière, et transportés vers l'infirmerie. La noble avait en effet obstinément refusé que les premiers soins se fassent en public... et le capitaine n'avait pas été fâché de voir les civils évacuer. A vrai dire, l'aristocrate brétonne nuisait à sa concentration...

Une brève détonation avait retenti du côté des écuries, aussitôt réverbérée en un millier d'échos. Aussi l'avance des deux unités de contournement se faisait-elle prudente, sous la constante couverture de francs tireurs. Les assassins seraient rattrapés, et jugés.

— Lieutenant Helm, deuxième escadron magelame prétorien au rapport, capitaine...


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L'intéressé se retourna : une dizaine de silhouettes encagoulées venaient de jaillir d'on ne sait où. Leurs capes, arborant le dragon Septim, tombaient selon les cas sur des armures de plates ou de cuir brun. Un mage d'allure âgé au visage couturé de cicatrices le fixait sans ciller, droit dans les yeux.

— Capitaine Gratius, second optione du lieutenant-colonel de la garde du palais. On a des assassins sur les bras ! Quatre individus, un putain d'elfe de la légion, un lézard bleu probablement mâle, une femme louche avec un bandeau et une rouquine brétonne. D'après mes hommes ils se seraient enfuis vers les écuries par une porte dérobée, après avoir raté leur cible. Encore un coup de ces  enfoirés de la Confrérie si vous voulez mon avis...

— Je ne le veux pas, coupa sèchement son interlocuteur. Donnez l'ordre de maintenir la position et de fermer le périmètre. Vous avez fait votre job, capitaine, on s'occupe du reste.

N'accordant plus la moindre attention à l'impérial stupéfait, l'autoritaire prétorien fit volte face. Une opaque fumée noire semblait maintenant s'élever de l'aile opposée.

— Laserre ! Combien de vivants au delà du périmètre des gardes ? demanda-t'il à un bréton qui scrutait attentivement une demi-sphère couleur d'ébène.

— J'ai trois signaux en AAD-121, et quatres autres se dispersant d'AAD-121 vers 122, et encore quatre d'AAD 121 vers AAE. Une vie immobile en AAC-120. Autres signaux fixes en batîments alentours. Nombreux parasites animaux.
— Détection d'auras mystiques ?
— J'ai deux résiduelles en AAD-121. Dont un écho chaud et un semi-récent. Rien sur les huit se dispersant.
— On les tient ! Manque le quatrième...

Le mage de guerre parut réfléchir quelques instants.

— Lieutenant Helm ! s'exclama soudain le second. J'ai un autre écho sur le toit !! Du type animal, mais avec des empreintes mystiques ! Des contre-mesures !
— Rhaah, un caméléon ! Le voilà notre quatrième larron !! Suasil, tu diffuse le communiqué habituel sur leurs droits de reddition, patin-coufin. Et tu gueule, surtout, je ne veux pas qu'on entende les warps. Vous quatre, sur les toits. Préparez les paralysies à effet de zone. Les autres, vous foutez votre anneau d'action libre et vous venez avec tonton. On va leur causer deux mots, à ces drôles du 121...




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L'Allégeance de la Wyverne

21 Soirétoile 3E431, 14h55




« ...profil indiscutable d'un néo-atronach, il aurait au final atteint un niveau thermique surpassant... »

Chocs contre la porte. Un factionnaire en armure étincelante entrouvrit délicatement le noyer sculpté de l'entrée. Les deux hommes assis de part et d'autre d'un luxueux bureau s'étaient tus. L'un était un vieil aldmer, enveloppé dans une longue robe bordeaux richement ornée. Le second, un impérial cuirassé et cagoulé entre deux âges.  

— Qu'il y a t'il, garde ? demanda le plus grand.
— Veuillez me pardonner, Chancelier Ocato. Le Visionnaire Atohn, de l'Ordre de la Wyverne, désire d'entretenir avec vous sans délai.

L'aldmer resta quelques instants interdit. Ce qui ne se traduisait absolument pas sur l'expression neutre qu'il arborait, sempiternellement.

— Bien sûr, faites le entrer. Sénéchal Phillida, notre entrevue est ajournée.
— Mais... protesta celui-ci
— J'ai dit, notre entrevue est ajournée.
— Ce ne sera pas nécessaire, Chancelier, fit la voix grave du visionnaire, dont le pâle faciés apparaissait dans la pénombre. Il se trouve que la raison de ma venue coïncide avec les attributions du Sénéchal de la Magelame prétorienne...

Le garde se retira, tandis que s'avançait le Visionnaire. Malgré sa physiologie malingre, il se tenait parfaitement droit dans son ample vêtement anthracite.

— Et s'il se trouve que mon rapport ne coincïde pas avec vos attributions, Visionnaire ?

Atohn tourna son regard vers le mage de guerre. Ses pupilles étaient étrangement dilatées, et ne cillaient pas. L'impérial se sentit soudain mal à l'aise. Ce fut finalement Ocato qui rompit le silence.

— Visionnaire Atonh. Vous avez mentionné connaître le rapport du Sénéchal. Par quel biais ?

L'intéressé reporta son attention sur l'aldmer. Lequel affichait une expression inchangée, sempiternellement neutre. Quelques secondes s'écoulèrent, puis le statuesque Atohn parut reprendre vie.

— Par l'intermédiaire des espions de la Wyverne. Nos rapports mentionnent la jonction d'un groupe de mercenaires avec notre ex-matriarche, récemment démise. D'après nos éléments, le groupe s'est infiltré dans le palais vers 14h00. L'atronach qui a... si  incompréhensiblement échappé aux services du sire Philida est apparu dans un bâtiment investi par les infiltrés. L'imputabilité temporelle et spatiale entre l'un et l'autre de ces évènements avoisine les 85%.

Derrière lui le magelame tiquait. Mais l'inquiétant visiteur n'en avait cure : son regard restait rivé sur Ocato. Lequel demeurait de marbre.

— Quel est l'objet de votre venue, Visionnaire Atohn ? On ne peut pas dire que vous affectiez la communication jusque céans...

— L'objet de ma visite est simple, Chancelier. D'après mes services, les intrus sont sous la direction d'une individue instable se faisant appeler Maelicia. D'appartenance Triamite, une branche séparatiste de la Guilde des Mages. Une secte fanatique dont le seul but est l'acquistion du Sceptre de Sh'éam. Un arterfact dont une unique activation détruirait de 75 à 96% des vies au palais impérial...
— Et la source ? Vos services, aussi ? ironisa Phillida.

Sous sa longue chevelure noire comme le geais, les lèvres du Visionnaire se retroussèrent.

— Ma source ? Les documents du BIIM collectés depuis l'incident du Sang du Guar sur une certaine Maelicia. Alias Typhaine Elodie Gabrielle Marsoric, pupille préférée d'un certain Aragir Dreslobet, professeur inscrit au registre de la Guilde des Mages. Correspondant à 91% à Gabriel Daresort,  dont c'est le parfait anagramme. Et le leader de la secte Triamite bannie de la Guilde des mages, en l'an 122 de notre ère. D'après leurs relations et leur style de combat, la probabilité de complicité entre ces deux sectateurs frôle les 97%...

Appelant brièvement un serviteur, il produisit deux liasses parcheminées. Les sceaux de la Guilde des Mages ainsi que du BIIM était reconnaissables. Phillida était abasourdi, et ne pipait mot. Seul le Chancelier était demeuré impassible... à l'exception de l'accélération du battement de ses artères temporales, que seul Atohn pouvait distinguer.

— Vous avez largement outrepassé les autorisations de votre Ordre, Visionnaire. Je pourrais vous faire traduire en justice. Que voulez vous, Atohn ?
— Chancelier, si j'expose ainsi les divergences vos organisations, c'est que nous avons malgré tout  un but commun : protéger l'Empereur. Un nouveau Sang du Guar est probable à 86%. Il était de mon devoir de sortir de ma réserve.

Il se redressa.
— Faites le vôtre, Chancelier. Évacuez le Palais. Sauvez Uriel pendant qu'il en est encore temps !

Modifié par Trias, 11 avril 2011 - 19:27.


#268 Ygonaar

Ygonaar

Posté 11 avril 2011 - 23:49

Le coup du méchant et du gentil flic.


  

21 soirétoile 3E431, 15H12


Valens senti immédiatement la tension entre les deux femmes. La Gamine s'apprêtait, emportée par un torrent de douleur et de haine, à agresser la Vieille. Est-ce qu'avait recherché Deidre ? Les légionnaires réagiraient immédiatement s'y on s'en prenait à leur Commandeur. Avait-elle cherché à faire occire Marsoric en état de « légitime défense », ou avait-elle voulu venger Hélévion de manière plus mesurée ? Difficile à déterminer, mais il ne fallait pas laisser ces deux là seules ensemble.

— Que se passe-t-il ici ? Tonna-t-il.
— Rien, répliqua la vieille en reprenant une posture plus neutre. J'ai juste l'habitude de patients moins douillets.
— Y s'passait qu'on m'interrogeait, accusa la jeune fille. Quant aux affreux jojos de derrière le mur, y sont comme vous les aimez, Nermac : morts et douloureux...
— Comment, Questeur, un interrogatoire sans Sphère d'Isolation ? Avait-vous déjà oublié mes consignes ?
— Elle n'a rien dit de toutes façon, lui répondit-elle, pour une fois bizarrement penaude.
— Pourriez lui dire d'éloigner ses gaziers ? Supplia la jeune fille. Il remarqua également son trouble, et lui répondit de son plus beau sourire.

— Bien sûr, Mademoiselle Marsoric, dès que vous m'aurez juré solennellement de ne pas essayer de me fausser compagnie. Mais permettez moi de me présenter: Commissaire Divisionnaire Paullus  Valens, du Bureau Impérial d'Investigations Magiques, pour vous servir. Déclara-t-il en effectuant une petite révérence de son chapeau. Mais... Vous me semblez fort déshydratée, souhaitez-vous ma gourde ?

Il laissa Maelicia s'échiner avec l'outre délicieusement gonflée et incanta un brève formule qui provoqua un subtil ondoiement de l'air ayant la forme d'une sphère de trois pas de rayon centrée sur  l'Impérial.

— Nous allons avoir beaucoup de chose à nous dire, Typhaine. Vous permettez que je vous appelle Typhaine ? Mais pour commencer, il va falloir être le plus précis possible sur le type et le nombre de créature qui sont de l'autre coté. Et... J'avais cru comprendre que vous vous étiez trouvée des compagnons?

Modifié par Ygonaar, 11 avril 2011 - 23:52.


#269 Trias

Trias

Posté 12 avril 2011 - 13:21

Du danger selon Mamie Alphonsine

21 soirétoile 3E431, 15H12




Sous les regards stupéfaits de la pittoresque assemblée, la rouquine se jeta sur la gourde. Une telle avidité, une aussi impérieuse soif faisait presque pitié à voir. Surtout pour une eau aussi ordinaire. Mais l'hybride n'en avait cure : le flot délicieux qui cascadait du récipient dansait dans sa gorge, revigorant ses tissus sous sa rafraichissante emprise. D'ailleurs, lors qu'elle soutira à l'outre les dernières gouttes du précieux fluide, ses pulsions pyromanes l'avaient quittée.

C'est reconnaissante, qu'elle lui rendit le récipient aussi généreusement prodigué.
— Merci...

La brétonne elle même était métamorphosée. Plus de faciés creusé par la fatigue et la soif, plus de tremblements nerveux d'animal pourchassé. N'étaient les accrocs de sa défroque, on aurait dit une autre personne. Ses pensées revinrent vers son sauveur.

En gentilhomme, le charmant commissaire s'était empressé de combler ses besoins, allant même  jusqu'à se fendre d'une révérence en anticipant les présentations. Un simple détail qui eût pu paraître grotesque en de telles circonstances, mais qui n'était pas sans faire son effet sur les femmes du peuple. Le contraste avec la haineuse nécromante n'en était que plus frappant.

— J'vous promets d'pas prendre tout d'suite la tangente, sire Valens, concéda-t'elle, ne sachant trop comment titrer ce parangon de noblesse.

— Nous allons avoir beaucoup de chose à nous dire, Typhaine. Vous permettez que je vous appelle Typhaine ? tenta sournoisement le détéctive.

Ladite Typhaine rougit soudain brutalement, trahissant sa surprise. Comment Dagon connaissait-il son identité ? Et cette manière de rompre la distance, ne l'avait-elle pas trop souvent utilisée dans ses numéros d'illusionniste ? Une vile tentative de séduction ? Tout comme ces hommes à femmes, avides de conquêtes, contre lesquels Mamie Alphonsine l'avait si souvent mise en garde ? Toute à son trouble, elle omit de répondre.

— Mais pour commencer, développa l'enjôleur, il va falloir être le plus précis possible sur le type et le nombre de créature qui sont de l'autre coté. Et... J'avais cru comprendre que vous vous étiez trouvée des compagnons?

Il n'y avait rien à faire. Même en se répétant obstinément que ce type n'était qu'un tombeur se sachant mignon, elle ne parvenait pas à soutenir son observation. Mais quand bien même... avait-elle une chance de retrouver le sceptre sans l'appui de l'influent responsable ?

— J'vous dirais tout, m'sieur le commissaire, commença-t'elle, tout en observant obstinément le plancher. Parce que j'pense que vous d'vez être capable de juger avec vot'conscience.. Elle lui jeta une œillade fugitive puis s'absorba dans la contemplation des légionnaires de la manipule, puis du piège bloqué par ses soins.

— Vous voulez savoir c'qui à derrière c'mur ? C'est bourré de Rapides. Des matois morts, écorchés et avec une cervelle dégueulasse toute sortie... Comme au Sang du Guar. Vu qu'vous savez mon nom, savez p'têtre ce qu'y avait là bas ?

L'étudiante tapa nerveusement dans un caillou à portée de chausse. Il fallait espérer que ce Valens ne soit pas qu'un filou bureaucrate, sinon ses aveux allaient lui coûter cher.

— Une bouseuse de suceuse de sang, voilà qu'y avait ! Et là, elle en a fabriqué tout un régiment ! J'ai pas compté, mais y'en avait au moins trois douzaines...

Typhaine inspira profondément.
— Ma guilde m'a envoyée pour récupérer un artefact — elle loucha dangereusement vers le sceptre de Deidre, mais tenta d'ignorer les lamentations de l'esprit prisonnier — avant c'te fienteuse.

Tentant vainement de planter son regard dans celui de l'Apollon au tricorne, elle reprit.
— Alors j'suis v'nue au palais avec trois compagnons...

Une lueur d'espoir sembla jouer dans ses iris émeraudes, et elle parvint à dévisager Valens.
— Si vous m'promettez d'pas leur faire de mal j'vous dirai où y sont ! Mais faut faire vite, à l'heure qu'il est c't'horrible vampire les a p'têtre déjà liquidés jusqu'au dernier !

Modifié par Trias, 12 avril 2011 - 13:49.


#270 nood

nood

Posté 13 avril 2011 - 17:24

Au bal masqué...

  

21 Soirétoile 3E431, 14h54

  - Pouvez-vous me l'allumer ? Et n'oubliez pas la valise. Autrement, ils seront immédiatement sur nos traces.

  Sans se défaire de son air hébété, Drem saisit la pipe de la main droite et l'alluma machinalement de l'index gauche. Son regard passa rapidement de l'Argonien à l'Impériale alors qu'il ingurgitait les directives d'un Danse-Mot au caractère bien changeant. Il n'était cependant pas l'heure de discuter des variations d'intonation de sa voix et ni de sa posture de serpent acculé se déverrouillant petit à petit. L'elfe faillit mettre la pipe à la bouche avant de se souvenir de son propriétaire et de lui rendre.

  - Une sortie déguisée ? C'est risqué, mais qu'est-ce qui pourrait être plus risqué que la situation présente… dit-il, jetant un œil au dessus du haut comptoir derrière lequel ils étaient dissimulés.

  L'écurie était encore calme, si l'on omettait les chevaux rendus nerveux par la détonation de l'arc électrique et l'épaisse fumée imputable à l'Argonien. Les palefreniers et garçons d'écurie ayant décampé rapidement, les trois compagnons d'infortune avaient tout le loisir d'entendre les ordres et le cliquetis des bottes de la garde encercler le bâtiment. Sous l'effet de son breuvage neuro-stimulant, les perceptions, possibilités et probabilités de succès s'enchainaient rapidement dans l'esprit d'un Drem au meilleur de sa forme, comme lui-même ne s'était pas senti depuis de nombreux mois. A gauche de leur position, la fumée les cachait encore ; les vapeurs issues de la hotte emplie de champignons et le début d'incendie ralentiraient sûrement leurs poursuivants. A leur droite, l'écurie continuait sur une vingtaine de pieds avant de se séparer en deux sorties.

  - Ne trainons pas, finit-il par dire en ouvrant la valise, sinon ça aura l'air trop louche. Et oui, on ferait bien de se remettre un petite dose de musc d'insecte – enfin si tu as toujours ma fiole, parce que tu me l'as pas rendue, ajouta-t-il en concluant d'un grand sourire vers Danse-Mot.

  Ladite valise, plutôt large, contenait de quoi habiller quelques domestiques d'une obscure maison noble, certainement de passage au palais. Un blason constitué d'une tête de cheval flanquée de d'un écu bleu et or, ceinte par une tige épineuse, ornait quelques uns des vêtements les plus cossus ; et, fouillant plus en avant dans le récipient, Drem finit par trouver une étiquette brodée mentionnant "Maison Gavyn du comté de Cheydinhal". Bien que peu versé dans l'héraldique, l'elfe connaissait de renommée cette maison de nobles tenant un haras plutôt bien coté, à quelques lieues de la ville en question. Ayant des racines Dunmer indéniables, on lui avait souvent demandé s'il n'était pas en relation avec eux, mais Drem n'était plus en relation avec grand monde depuis son déclassement au sein de l'armée, et encore moins en Cyrodiil. En revanche, cette couverture lui allait fort bien, puisqu'un elfe noir ressortissant de cette maison ne choquerait pas grand monde.

  Sans trainer, il désangla ses épaulettes et protections de tibia qu'il emboita et plaça dans son baluchon ; puis déploya les jambes de son pantalon afin qu'elles recouvrent ses bottes. Il s'enfila ensuite dans une large cotonnade qui dissimulerait son armure, et acheva de se transformer un maréchal ferrant improvisé en se ceinturant d'un grand tablier de cuir. Celui-ci devait être taillé pour un Orque, pensa-t-il, mais la grande taille lui permit de dissimuler son épée et son fourreau pendant à sa ceinture.

  - A vous ! ajouta-t-il en se redressant fièrement. Me voici Maréchal-ferrant du haras de la maison Gavyn, et toi, Saerileth, tu seras mon assistante.

  Il lui jeta un chemise de lin et un tablier identique au sien (bien que de dimensions plus modestes), lequel ne jurerait pas avec son pantalon de cuir, puis tendit quelques vêtements de meilleure facture à Danse-Mot :

  - Une tunique et un manteau pour toi. Vous avez vingt, trente secondes pour vous changer, et on décampe d'ici… à moins d'un meilleur plan, bien entendu.

  Profitant d'un instant de répit, il se tenta à sonder les environs d'un sortilège de Détection de Vie. Les effets de potions étant encore vivaces, il perçut clairement l'aura des différents chevaux encore attachés autour d'eux, puis agrandit prudemment le rayon de la zone d'action de son sortilège, quasiment pied par pied. Il distingua bientôt l'écho du vieil homme de la consigne, celui du garde qu'il avait assommé d'une copieuse décharge, puis, à la faveur d'un accroissement de la portée de son sort, au moins deux douzaines de formes qui prenaient position autour du bâtiment. Il stoppa bien vite son activité magique de peur d'être aperçu par un pratiquant de la Magie – comme par exemple les magelames chargés de protéger le palais, qui avaient dû arriver bien vite après le foutoir qu'il avait semé devant la consigne.

- Chers collègues, on est complètement encerclés.

  Il préféra laisser Saerileth ou Danse-Mot donner le signal qui les précipiterait dans la gueule du loup.

Modifié par nood, 13 avril 2011 - 20:47.


#271 Arakis

Arakis

Posté 13 avril 2011 - 20:40

Je m'y oppose


21 Soirétoile 3E431, 14h55


La porte ne résista pas à son coup de poing ce qui la fit sourire, même au palais impérial on radinait sur les portes. S'engouffrant avec les autres par celle-ci elle déboula dans l'allée, claquant la porte derrière bien qu'intérieurement elle doutait de l'utilité d'un tel geste ... Mais à peine l'air pur et enfumé d'une délicate odeur de merde lui caressait les narines que des hurlements claquaient derrière elle, visiblement le barrage improvisé de l'argonien n'avait pas autant porté ses fruits que ça. Enfin c'était l'intention qui compte, pour une fois qu'il donnait un peu de sa personne ... Elle se pencha et grattant de ses ongles métalliques elle empoigna un pavé à moitié descellé sous ses pieds et le lança plus ou moins négligemment en direction d'un des archers qui semblait fort intéressé par l'idée de lui trouer le cuir. Ne faisant pas attention au devenir de ce malheureux cube de pierre elle emboîta le pas le plus vite possible à ses comparses d'infortunes. Elle ne comprit pas ce qui se passait quand Danse Mots lui empoigna le bras, elle s'apprêtait à se libérer d'un mouvement vif quand la fumée l'enveloppa et que l'argonien la tira vers lui. Surprise elle manque de l'étaler de tout son long. Suivant tant bien que mal et crachant ses poumons à travers la fumée âcre elle jeta des coups d'œil autour d'elle espérant voir une quelconque échappatoire salvatrice.  Quand ses yeux cessèrent de pleurer elle vit qu'ils étaient à l'abri d'une stalle, l'argonien ayant encore un de ses plans à tiroirs comme il en avait le secret pour les tirer de là.

Elle haussa un sourcil alors que ce dernier expliquait son idée. Ca ne tiendrait jamais, déjà parce qu'à sa connaissance elle et Drem n'avait pas le talent de l'argonien pour se déguiser et que la garde avait du les voir et savait à quoi ils ressemblaient, changer de vêtement n'y arrangerait rien. Plus que de s'infiltrer il fallait mettre les bouts, la vampire était baisée et n'avait qu'un article de journal, l'argonien ayant l'information qu'ils cherchaient (du moins selon ce qu'elle avait compris) certes faire une deuxième tentative d'entrée serait plus risqué mais dans la situation présente essayé de trouver le bâton (si c'était bien ça) c'était comme fondre sur une cohorte de mercenaires orques en étant complètement bourré et juste armé d'un manche à balais ...

« Je suis contre, déclara t-elle, quand on voit ce qui se passe dehors notre couverture est cuite, plutôt que de risquer notre peau pour de la merde je suis d'avis qu'on foute le camp. On est dans une écurie de palais. Je doute qu'ils évacuent la merde via chariot à travers la ville, ce qui veut dire qu'ils ont un système d'évacuation des déchets dans le coin, souvent ce genre de conduit est relié aux égouts de la ville. Si on trouve l'ouverture de la voirie on peut mettre les voiles, on a l'info qu'on voulait et c'est déjà suffisant. En plus avec les chevaux on aura une bonne diversion pour pas qu'ils nous coursent, il suffit de foutre le feu à l'écurie, les canassons se feront la malle d'eux même et casseront toute la jolie organisation qui veut nous cueillir dehors. Pour moi le déguisement est mort, on est beaucoup trop facilement repérable. Si on fait comme je dis on a moyen de s'en sortir indemne … quoique vos bottes risquent de sentir méchamment la merde de cheval. »

Alors qu'elle expliquait sa vision des choses elle se mit à chercher la fameuse voie d'évacuation, souvent c'était une sorte de plaque ouvrante situé dans le fond , l'odeur aidant également à ne pas se tromper de sortie.

Modifié par Arakis, 13 avril 2011 - 20:47.


#272 Ygonaar

Ygonaar

Posté 14 avril 2011 - 15:33

Démonstrations



21 Soirétoile 3E431, 14h54



  L'Argonien se demandait ce que contenaient les mixtures du Dunmer. Il se sentait redevenir Main-d'Ombre à une vitesse peu commune. Tant mieux, songea-t-il. Il aurait plus que besoin de retrouver des perceptions empathiques, pour pouvoir impressionner correctement. Évidemment, cela signifiait aussi le retour de la douleur. Son dos commençait à l'élancer et sa paume brulée le cuisait vivement. Il faudrait faire avec, il n'avait certainement pas le temps de se soigner maintenant.
—  Une sortie déguisée ? C'est risqué, mais qu'est-ce qui pourrait être plus risqué que la situation présente…
demanda Serethi en tendant sa pipe au lézard et en ouvrant la valise. Ne trainons pas, sinon ça aura l'air trop louche. Et oui, on ferait bien de se remettre un petite dose de musc d'insecte – enfin si tu as toujours ma fiole, parce que tu me l'as pas rendue.
—  Ah ?... Euh, oui, désolé. Tenez.
Répondit le saurien en doutant un instant de sa santé mentale. Devenait-il kleptomane ? Un désir inconscient de garder le précieux breuvage ? Mais n'en mettez pas pour l'instant, nous n'en auront pas besoin et cela ne fera qu'attirer l'attention sur nous. Et dépêchez-vous Drem. L'houspilla Danse-Mot alors qu'il dégrafait ses épaulières, lui même enfilant rapidement la tunique qu'on lui tendait sur ses habits. Nul besoin d'ôter votre armure, une défroque des plus sommaires suffira.

  A vous ! Me voici Maréchal-ferrant du haras de la maison Gavyn, et toi, Saerileth, tu seras mon assistante. Vous avez vingt, trente secondes pour vous changer, et on décampe d'ici… à moins d'un meilleur plan, bien entendu.
Je suis contre, quand on voit ce qui se passe dehors notre couverture est cuite, plutôt que de risquer notre peau pour de la merde je suis d'avis qu'on foute le camp. Contesta miss Elun qui farfouillait le sol. On est dans une écurie de palais. Je doute qu'ils évacuent la merde via chariot à travers la ville, ce qui veut dire qu'ils ont un système d'évacuation des déchets dans le coin, souvent ce genre de conduit est relié aux égouts de la ville. Si on trouve l'ouverture de la voirie on peut mettre les voiles, on a l'info qu'on voulait et c'est déjà suffisant. En plus avec les chevaux on aura une bonne diversion pour pas qu'ils nous coursent, il suffit de foutre le feu à l'écurie, les canassons se feront la malle d'eux même et casseront toute la jolie organisation qui veut nous cueillir dehors. Pour moi le déguisement est mort, on est beaucoup trop facilement repérable. Si on fait comme je dis on a moyen de s'en sortir indemne … quoique vos bottes risquent de sentir méchamment la merde de cheval.
L'idée est bonne mais deux objections. Primo l'info que nous avons, avec le bastringue ambiant et la fin de la quarantaine, ne vaudra probablement plus rien dans quelques heures. Répliqua l'Argonien aux écailles d'ébène. Il avait en effet longuement hésité, mais le capitaine Grassius semblait commander l'assaut d'après le timbre qui hurlait les ordres. Il serait immédiatement attiré par un Argonien bleu, élément le plus immédiatement reconnaissable de leur groupe. Le fils des Marais Noir avait donc profité de l'exposé de Saerileth pour se racler la peinture à l'aide d'un chiffon imbibé d'alcool. Et il se servait maintenant de son propre raisonnement pour étudier une feuille de papier mystérieusement apparue dans sa main.

Secondo, les égouts sous le palais seront à coup sûr obturés de solides herses, rien à voir avec la porte de la consigne. Et les magelames nous y retrouverons certainement, faute d'autre cible dans les parages. Alors qu'autrement, nous pourrions soit les éviter avant la traque, soit tenter de les abuser par une... manœuvre atypique. Mais risqué je l'avoue. La seule autre solution que je voie serait que je m'éclipse pour tenter de vous libérer plus tard... Prenez donc cette feuille et mémorisez les noms et les blasons soulignés avant de la détruire...

Chers collègues, on est complètement encerclés. Le coupa Sérethi.

  Il était plus que temps d'agir. La fumée de louzou'ss loar, l'herbe-des-lunes, faisait maintenant pleinement son effet. Il sacrifiait là sa dernière bourrée et, n'ayant jamais pu trouver de fournisseur dans la Cité, n'en aurait certainement plus avant d'aller en récolter lui-même en Argonie, si il y retournait un jour... Pouvait-on imaginer une situation plus critique que la leur?

  Nous sommes d'humbles serviteurs, apeurés et insignifiants. Lança-t-il en impressionnant leurs nouveaux vêtements, leurs postures. Drem constata avec surprise qu'il avait envie de baisser les yeux, de se tenir moins droit, de raser les murs. Saerileth elle avait du mal à y reconnaître le flamboyant magelame Dunmer armé de pied en cap, et il lui semblait être en présence d'un obscur tâcheron angoissé.

  La laissant juger de la démonstration, le saurien avait ouvert quelques stalles. Il y avait toujours eu une franche inimité entre lui et la gente équestre. Autant que cela serve un jour, non ? Et le temps que Saerileth se décide à enfiler une cape ou à prendre la tangente...

sssssccchhhhhhhiiiiiIIIIIIIIIIIAAAAAAAARRRRRHHHHHHSSSssssss.

Le sifflement montait en volume, portant toutes les suggestions de Main-d'Ombre. Sentez mon odeur, ma haine, regardez mes crocs, mes griffes, mes yeux qui vous observent. Je suis le prédateur, le monstre, je vais vous dévorer. Fuyez, fuyez aussi vite que vous le pouvez, fuyez loin de moi....

  Les chevaux déjà nerveux hennirent et se cabrèrent tous en même temps. Ceux qui étaient maintenant libres s'enfuirent au grand galop, fuyant le monstre, renversant tout ce qui avait le malheur d'être devant eux. Ceux qui étaient bloqués essayaient frénétiquement de briser qui leur stalle, qui leur licol pour ceux qui étaient au bouchonnage. C'était le chaos. Si une sortie devait être faite, c'était maintenant.






ж ж ж



Nagash vs Ushoran, l'approche.



21 soirétoile 3E431, 15H14



— Merci...
Dit la jeune magicienne avec une reconnaissance peut commune pour un présent d'apparence si modeste. Elle semblait... transformée. L'Impérial récupéra un brin décontenancé l'outre maintenant flasque. La jeune femme venait de boire quatre pintes d'un traits, une performance.

De rien... si vous avez encore soif, nous avons plus loin des légionnaires portant du ravitaillement...



— J'vous promets d'pas prendre tout d'suite la tangente... sire Valens?
admit-elle en hésitant.

  Ne vous embarrassez pas avec les titres, ils n'ont guère d'importance. - Mettez donc vos soldats aux repos, Commandante. - Votre promesse est des plus évasives, mais cela devrait faire l'affaire, expliqua le commissaire en effectuant de complexes passes cabalistiques, alors que les squelettes reformaient le rang. Vous êtes, parait-il, une remarquable étudiante en mysticisme, mais je suppose que vous n'avez pas encore eut le loisir d'aborder le Kairos ? Bon, pour faire simple, je fige l'instant de votre serment, sa symbolique, sa quintessence, et je le stabilise dans une enclave de Surréalité. Bien que je vous sache une damoiselle bien élevée, si vous deviez néanmoins reprendre votre parole avant que je ne libère le sortilège, cela entrainerait une onde de perturbation dans votre présent, amenant des anomalies événementielles et physiques, ce qui n'est jamais souhaitable au final. C'est entre autre particulièrement efficace sur les clercs, car le parjure attirera d'autant plus l'attention de ses Et'Ada titulaires, chose qu'ils cautionnent rarement. Et sur les mages, car les flux de mana deviendraient des plus instables. Mais dans notre cas, il s'agit surtout d'un témoignage infalsifiable. La preuve entre autre que vous étiez en vie à cette heure.

Une orbe arachnéenne de mouvants entrelacs lumineux tournoyait maintenant entre ses mains. Il la réduisit à la taille d'un septim et l'inséra dans le pommeau de sa canne.
— Nous allons avoir beaucoup de chose à nous dire, Typhaine...



  

— ...Si vous m'promettez d'pas leur faire de mal j'vous dirai où y sont ! Mais faut faire vite, à l'heure qu'il est c't'horrible vampire les a p'têtre déjà liquidés jusqu'au dernier !

Je ne peux rien vous promettre de tel, étant officier de police. Sauf peut-être d'examiner la situation avec un maximum de bienveillance et pondération.
Pourquoi perdre du temps et prendre des risques avec elle, Popaul ? Tu sais bien que c'est une fourbe. Pourquoi ne pas lui faire un Sondage, puisqu'elle est adepte de la pratique ? Peu de chance qu'elle porte plainte, hein, si elle n'veut pas que l'affaire Hélévion soit déterrée malgré les pressions. J'm'en charge, si tu veux ! Débita la nécromante avec une joie froide.
— Hors de question, Deidre,
trancha son supérieur. Ce sont là des méthodes de dernier recours. Pensez-vous plutôt pouvoir circoncire seule cette menace?


En formation serrée, qui plus est dans des tunnels, leur rapidité et leurs griffes ne sert pas à grand chose contre mes bébés, postula la Commandante. Nous pourrions les cerner avec cinq cohortes de quarante, le minimum pour que l'effet de masse puisse briser toutes charges mais suffisamment de groupe car ils pourraient être dispersés en fonctions des caprices des tunnels . Au pire, nous les aurions à l'usure, et à grands coups de sort dans les endroits les plus dégagés. Il y a peu de risque, à condition qu'il n'y ai pas d'autre mauvaises surprises, bien sûr. Lança-t-elle avec un air de doute évident.
Savez-vous où se trouve les autres disciples ? Vous n'avez rien remarqué d'autre, comme des Daedras, des... créatures élémentaires ? questionna Valens.

Modifié par Ygonaar, 14 avril 2011 - 15:44.


#273 Arakis

Arakis

Posté 15 avril 2011 - 21:29

Dans l'adversité il faut savoir la fermer



21 Soirétoile 3E431, 14h54


Visiblement les génies ne sont jamais écoutés … Enfin c'est ce que Saerileth aurait aimé croire en cet instant. L'argonien n'adhérait visiblement pas à son plan et se mettait quasiment à lui parler architecture. N'étant jamais descendu dans ce genre de cavité Saerileth en ignorait les arcanes profondes et donc la présence ou non de grilles à l'interieur de celles-ci. Enfin au vu de la situation c'était pas trop le moment de tenter un quelconque deadra en pariant la dessus. Gaël lui avait expliqué ce principe en même temps qu'il lui martyrisait les côtes à coup de poing, quand la merde est partout il faut se ranger du coté de celui qui a un plan, de préférence si ce plan est étayer par divers argument et une certaine assurance de son créateur. En l'occurrence l'argonien correspondait bien au tableau, conclusion mieux valait suivre son idée. La démonstration de l'argonien de ses aptitudes au camouflage acheva ses réticences, mieux valait suivre son idée. Elle enleva vite fait son baudrier d'arbalète d'une main  puis sa veste et  sa chemise d'un seul mouvement, dévoilant accessoirement au regard de ces messieurs un ventre plat et musclé avec quelques cicatrices par-ci par-là,  une poitrine agréable caché par un large bandage et un dos tatoué d'un large griffon stylisé qui avait sans doute du faire souffrir abominablement sa porteuse pendant les premiers mois. Elle enfila la chemise que Drem lui avait tendu et la passa comme elle pouvait, boutonnant en vitesse. Entourant l'arbalète avec ses vêtements elle la glissa dans la valise et au passage en tira une paire de longs gants d'artisan un peu trop large pour elle mais parfait pour masquer son bras anormal. Histoire d'achever le tableau elle attacha le tablier histoire de cacher son ceinturon et sa machette avant d'enlever le bandeau qui maintenait ses cheveux en arrière et agita brièvement la tête et secouant son épaisse tignasse. Pour un individu non averti il était difficile de reconnaître la Saerileth qui s'était tenu devant un peu avant et c'était tant mieux.

« Laissez moi une seconde et après on prend la tangente »

La sortie d'évacuation était précisément dans le boxe où ils étaient, coup de pouce du destin il faut croire. D'une traction du bras, elle ouvrit celle-ci. L'odeur qui en sortait était ignoble et elle faillit rendre le peu qu'elle avait dans l'estomac. Brassant du pied du crottin autour de l'ouverture elle y imprima plusieurs fois son pied plus ou moins légèrement, élargissant parfois la trace de la pointe de sa botte. Une fois qu'elle y imprimé plusieurs séries d'empreintes elle recula et admira son œuvre. Les alentours de la trappe étaient battus comme si plusieurs individus s'y étaient engouffrés pour s'enfuir. Comble du bonheur c'était l'impression qu'elle voulait donner à ceux qui fouilleraient l'écurie. Récurant sa botte en même temps qu'elle marchait elle rejoignit ses compagnons d'infortunes. Le sifflement de l'argonien la prit complètement au dépourvu et lui fila des frissons dans le dos, elle savait la gente sauriene capable de pas mal de bizarreries mais ce genre de bruits … Néanmoins l'intention derrière était la même que celle qu'elle avait projeté : à savoir effrayer les carnes qui occupaient les lieux. Histoire de se donner un peu de contenance elle prit une grande inspiration et dit dans un murmure.

« Dés que les bourrins s'excitent et comment à sortir, on trace. »

Modifié par Arakis, 15 avril 2011 - 21:30.


#274 Trias

Trias

Posté 16 avril 2011 - 22:40

L'Assaut

21 Soirétoile 3E431, 14h56




Les équidés partirent au galop, dans une ruée dangereuse et désordonnée comme seule la peur pouvait en créer. Ceux qui le pouvaient déguerpirent dans un nuage de poussière, faisant voltiger le foin là où les vapeurs de l'herbe de lune commençaient à faiblir. Les hennissements affolés des bêtes en fuite furent cependant couverts par une assourdissante voix d'homme, qui fit vibrer l'écurie.

« AU NOM DE L'EMPEREUR, VOUS ÊTES EN ETAT D'ARRESTATION. »

Réverbérée contre chaque mur, la voix semblait provenir de partout et de nulle part à la fois. Son timbre grave faisait indifféremment entrer en résonance planches et cages thoraciques, sidérant les oreilles les plus fragiles au point de leur faire perdre l'équilibre.

« VOUS AVEZ LE DROIT DE GARDER LE SILENCE... »

Il y eut une déflagration douce et assourdie au dessus d'eux, suivie d'un distinct craquement de tuiles. Des cris s'élevèrent, tant humains que chevalins, surgissant à l'unisson de l'extrémité Nord de l'allée, qui remontait vers la Tour. Après un bref répit, les aventuriers virent filer d'étranges projectiles, suivis de rais fumée verdâtres projetés au jugé contre divers reliefs architecturaux.

« ...DANS LE CAS CONTRAIRE... »

Les fumerolles magiques explosèrent, libérant leurs gaz paralysants sur une vaste zone. Les  détonation étaient douce et aériennes, comme si un fragment de Zéphyr était libéré à chaque impact. Ils provenaient essentiellement du versant Nord de l'allée, mais certains traits  semblaient jaillis du ciel, ratissant jusqu'au fond des stalles.

«... TOUT CE QUE VOUS DIREZ POURRA ÊTRE RETENU... »

La plupart des bêtes encore présentes s'effondrèrent lentement vers le sol, ramollis comme des poupées de chiffon. Leur faces oblongues frappèrent la terre ; leur regard se perdit dans le vide.

«... CONTRE VOUS. »




ж ж ж
Pressentiment

21 soirétoile 3E431, 15H15




— Je ne peux rien vous promettre de tel, étant officier de police. Sauf peut-être d'examiner la situation avec un maximum de bienveillance et pondération.
— Mais...
— Pourquoi perdre du temps et prendre des risques avec elle, Popaul ? Tu sais bien que c'est une fourbe. Pourquoi ne pas lui faire un Sondage, puisqu'elle est adepte de la pratique ? Peu de chances qu'elle porte plainte, hein, si elle n'veut pas que l'affaire Hélévion soit déterrée malgré les pressions. J'm'en charge, si tu veux ! cracha Deidre, s'animant.

L'étudiante frémit. Bien sûr, ses compétences en  contre-magie lui auraient permis de prévenir une intrusion malveillante ; mais c'aurait alors constitué un aveu par omission. Cependant  les Sondages n'avaient de valeur que dans la main de mages assermentés, et en aucun cas impliqués dans l'enquête. Valens ne pouvait l'ignorer, et c'est donc tout naturellement qu'il vola à nouveau à son secours.

— Hors de question, Deidre, trancha-t'il. Ce sont là des méthodes de dernier recours. Pensez-vous plutôt pouvoir circoncire seule cette menace ?

Rassurée, la magicienne n'écouta qu'à moitié ce qui suivit, involontairement fascinée par l'orbe miniature dansant dans la canne de l'officiel. Le Kairos. A ce qu'elle en savait, il s'agissait qu'arcanes aux confluents de la divination où du mysticisme. Suggérer l'entropie, influencer le destin en quelques sortes. Une prouesse qui ne pouvait que susciter l'admiration. Beau ET intelligent...

— Savez-vous où se trouve les autres disciples ? reprit soudain l'apollon, en la regardant bien dans les yeux. Vous n'avez rien remarqué d'autre, comme des Daedras, des... créatures élémentaires ?

Les rêvasseries de la brétonne s'interrompirent brutalement. Les légions mortuaires, la venimeuse arachnide à leur tête, les galeries obscures s'imposèrent à nouveau. Les questions de l'enquêteur devenaient dangereusement précises. Le spectre du costume rayé remontait à l'assaut ! Elle se figea une fraction de seconde, interdite, puis se ressaisit.

— Euh.. des élementaires ? Ici, au palais ? esquiva-t'elle, en déplaçant l'objet de sa stupeur. J'en ai pas rencontré, non, ne mentit-elle pas. Y'avait bien une sorte d'incendie dans l'coin, mais j'y ai pas vu aut'chose que des rapides flambés...

Promenant son regard sur les séïdes cuirassés, elle frissonna.

—  Pis pour « d'autres » Disciples... À part la catin poudrée d'la consigne, j'en ai pas vus et j'en suis très contente...
Le silence le plus complet régnait dans le dédale ayléïde. Les cris des rapides s'étaient tus.  Seules résonnaient les voix des trois humains, leurs vains échos se perdant prestemment dans l'immensité du dédale.

—'coutez sire Valens, fit la petite femme en se rapprochant. J'sais qu'en tant qu'agent vous d'vez m'poser tout plein d'questions sur la couleur de mes chausses ; et sur c'que j'faisais à telle heure à tel endroit ; et si quelqu'un m'a vu ; et si j'veux un avocat. J'vous l'ai dit, j'répondrai, mais....

Le vert de ses iris scruta celles du Commissaire Divisionnaire, sans faillir cette fois
— Mais si c'étaient vos flics qu'étaient menacés, 'pourriez vraiment rester sous-terre à causer ? Ben c'est l'cas : j'vous ai dit qu'y avait une Disciple au palais ! La preuve les affreux jojos d'l'autre côté du mur et...

Ce fut à cet instant que l'ensorceleuse réalisa que nulle complainte suraiguë, nul cri sifflant ne troublait plus le calme des catacombes. C'était bien sa veine, au moment où la présence des rapides aurait pu lui être d'une quelconque utilité...

« BLAOOMM »

Un choc particulièrement puissant se réverbéra soudain depuis le piège mural. Les casques des non-vivants tintèrent alors que de minuscules éclats de pierre ricochaient un peu partout.

Un rugissement animal, féroce, déchira la froideur nocturne de la galerie. On aurait dit un tigre, sonnant la chasse de l'autre côté de la roche. Cependant des intonations de rage et de défi, étrangement humaines, hantaient le cri.

Maelicia avait interrompu net son argumentation, et fixait les contours de la cloison branlante dans l'obscurité. D'antiques pressentiments affluaient, haineux, s'entremêlant avec les pulsions vengeresses de la Faă'ran. Le long conditionnement subi au cours des derniers mois, appris dans la douleur, lui permit de se ressaisir la première.

L'étudiante agrippa le bras du nobliau, le tirant de sa torpeur :
— M'sieur l'agent, j'crois qu'y faut foutre le camps !

Un deuxième choc percuta l'obstacle, faisant crisser la paroi tandis que de nouveau débris volaient sur l'imprudente assemblée, dans un nuage de poussière. Des blocs plus gros semblaient se mouvoir sur le sol, glissant un peu plus loin à chaque impact.

Modifié par Trias, 16 avril 2011 - 22:47.


#275 Ygonaar

Ygonaar

Posté 23 avril 2011 - 14:02

La horde sauvage



21 Soirétoile 3E431, 14h55

— Dés que les bourrins s'excitent et comment à sortir, on trace.

Saerileth semblait finalement s'être rangé à son avis, non sans avoir ébauché une fausse piste. Qui sait, cela sèmera peut-être le doute chez leurs assaillants pourrait bien leur fournir quelques précieuses minutes pour disparaître parmi les indigènes du palais. Les premiers équidés fondaient déjà les diverses issues de l'écurie. Cela devrait semer une belle pagaille et la désorganisation afférente allait être des plus utiles. Main-d'Ombre ouvrit une autre stalle, et la pouliche frénétique qui s'y trouvait se plongea dehors. Le saurien profita du moment où elle virait vers la sortie pour lui sauter sur le dos. Elle rua dans le vide, mais ne réussi pas à désarçonner l'Argonien qui s'y agrippait tant bien que mal des membres et de la queue. Folle de terreur d'être attaquée par le Monstre, la bête chargea droit devant elle.

  Bien qu'à moitié démantibulé par les secousses du galop, et lui même transi par cette expérience équestre, cela faisait les affaires du lézard. On ne le verrait peut-être pas sortir de la nasse dans tout cet affolement, et avoir un peu d'avance laisserait le temps d'agir à la fumée d'herbe-des-lunes, afin de couvrir plus facilement la fuite de ses acolytes. Enfin, si sa pipe ne se brisait pas d'ici là. Là, la porte du bâtiment.

  Une voix résonna de toutes les directions. Des sifflements, des nuages de vapeurs vertes. Le reptile essaya de bloquer sa respiration mais sa prise devenait déjà moins ferme alors qu'il cavalait maintenant dans la cours.



ж ж ж


Retraite en bon ordre.


21 soirétoile 3E431, 15H17

La jeune femme tergiversait, il le sentait bien. Il ressentait maintenant un curieux malaise qu'il n'arrivait pas à définir... Les Rapides ! Les Rapides s'étaient tus.

  Un choc titanesque. Un hurlement terrifiant. Valens cru une seconde que Maelicia s'essayait à ses illusions sur eux, mais cela lui semblait improbable, surtout sans ses fameux gantelets magiques. Il fallait prendre du champs afin d'analyser la situation.


Légionnaires en couverture. Nous, on décampe ! Brailla-t-il.
Les squelettes, bouclier en avant, se mirent à bloquer le passage en rang de quatre, ceux du fond la lance levée afin de couper tout passage par le plafond. Le commissaire saisi la main de la rouquine et projeta une orbe de lumière qui fila dans le couloir pour s'écraser contre le mur du fond.


  Wooop. Les vingt soldats qui attendaient patiemment dans le noir s'écartèrent, livrant le passage au policier et à sa... témoin ? La fugace coruscation d'un nouveau sort dévoila un complexe de galeries qui devait bien faire cent toises. Nouveau Warp. Ils se retrouvèrent au pied d'un escalier qu'ils gravirent au pas de course. Deidre avait suivit avec ses vingt légionnaires. Un missile illumina une vaste salle aux fines colonnades subtilement ouvragées. Deux groupes de fantassin faisaient résonner leurs lourdes bottes ferrées en convergeant vers eux.

   Deidre, je te laisse gérer la situation à ta guise, nous filons nous vers la surface. Envoie moi un rapport sur ce qu'a vu l'avant garde et ne prend pas de risque intitule en cas de trop forte partie.


A ma guise, tu as dis, bleusaille. Grogna l'acariâtre ancêtre alors que les deux autres vivants disparaissaient déjà. Ils firent ainsi deux sauts avant que le chevalier sorte une fiole de restauration d'influx de son manteau.

En avez-vous besoin ? Proposa-t-il avant de s'en arroger lui-même une large lampée.

Je veux bien admettre que le temps nous soit pour l'heure trop compté pour que vous m'expliquiez toute votre histoire en détail, Typhaine. Mais avant d'aller plus loin, je dois pouvoir vous faire un minimum confiance. Et notamment savoir sous l'influence de quel sortilège vous étiez lorsque l'on vous a retrouvé?

Modifié par Ygonaar, 23 avril 2011 - 14:06.





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