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[rp] Cité Impériale


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284 réponses à ce sujet

#26 Trias

Trias

Posté 26 octobre 2008 - 15:44

Voyager sucré




L’homme-bête éclata d’un rire pareil à un rugissement devant l’improvisation de Danse-mots, puis l’observa, une lueur malicieuse dans ses prunelles dorées. Il semblait très à l’aise en environnement populaire.

— Enseignez-moi tout sur ces feuilles qu'affectionne tant les Peaux-Molles, mon cher Ra'jiskar, reprit l’argonien, mais commencez par me dire ce que signifie votre nom ?

— L’écaillé veut comprendre le nom de Ra’Jiskar ? s’exclama-t’il, dévoilant de noires gencives. Il faudrait que Jiskar ‘Ra’ et l’écaillé aient perdu bien des griffes ensembles avant que Ra’Jiskar l’instruise sur son nom...

Il s’adossa plus confortablement au mur, sur son banc. Puis, saisissant son broc, il le fit tournoyer légèrement avant d’en absorber une lampée qui eût fait pâlir un nordique.
— Ahhh, fit-il, extatique, mais Ra’jiskar veut aider l’écaillé, et c’est justement par les noms qu’il le fera.

Il se redressa, et découvrit à nouveau une rangée de crocs étincelants.
— Les peaux-glabres aiment les noms. Les peaux-glabres ne les comprennent pas, mais aiment les collectionner. Lorsqu’un de leur chatons devient adulte, ils écrivent ses noms sur une feuille précieuse, sur une feuille ornée, avec laquelle le chaton peut voyager sans crainte des singes-gardes.

Il s’accouda à la mince table de bois, et se rapprocha, sa voix muée en un souffle à peine capable de faire osciller ses vibrisses.
— Habituellement, les chats demandent à Ra’Jiskar la feuille d’un autre chat pour voyager sucré. Mais aujourd’hui, les singes ont fermé la cité parce que les singes-gardes y ont perdu quelque chose. Et les singes ne laissent plus sortir les chats saufs s’ils ont les bonnes feuilles. Si l’écaillé veut sortir, sucré ou pas, Ra’Jiskar peut lui trouver les feuilles qu’il lui faut.




Allégeances de coin du feu




« Mes compagnons peuvent vous en dire davantage, si vous le désirez, notamment en ce qui concerne certaines reliques. Cependant, il est certain que les Disciples ne vont pas s'arrêter sur un échec. Nous devons donc nous presser afin de nous préparer. Vous devez nous aider à défendre ce qu'il reste de Tamriel... Vous nous seriez relativement utiles dans ce combat... »

L'étudiante rousse, à l'extrémité droite du groupe, resta ébahie. Toujours revêtue de la robe d'apparat rouge sombre prodiguée par le comté de Bravil, à demi-cachée sous sa mante grise, elle se tenait assise avec la grâce d'un piquet de tente aux côtés de Sylph.

Initialement, impressionnée par l'impeccable phrasé d'Aewin, un élan de gratitude et d'admiration mêlées l'avait envahie. L'effronterie manifeste de ses propos, combinée à d'outrageants raccourcis avaient bien vite chassé ces sentiments. Et surtout, elle avait dû retenir un hoquet d’étonnement lorsque son amie avait exposé la destruction d’un autre disciple par Terdewen : depuis l'évasion de Jorus, Aewin n’avait plus évoqué de qui s’était passé dans la tour de Bravil. Que venait faire un disciple là dedans ?

Un spasme sonore, moqueur et hilare retentit. Maelicia tourna brusquement la tête : Jeraselm riait à gorge déployée, avec un naturel d'autant plus humiliant vis à vis de celle qui constituait, bon an mal an, la supérieure de son ordre en ruines. Ses éclats laryngés furent soudainement secondés par d'autres tessitures, quelques octaves au dessus. Dame Caranya, par connivence spontanée, joignait ses rasoirs de velours aux sarcasmes du traqueur.

Son rire s’interrompit brutalement.
— Vous servir ? s’esclaffa-t’elle, sa voix mélodieuse charriant des glaçons, votre prétendue Matriarche ne manque pas de culot, vous ne trouvez pas, traqueur ?

Il y eut un silence. Jeraselm hésitait, ayant remarqué le soudain emploi de sa vraie fonction.
— La prétention n’est pas la moindre de ses qualités, avoua-t’il enfin d’un ton rageur, comme s’il se soulageait d’un fardeau indu.
— Cette demoiselle est charmante, ironisa Aragir, sans se départir de son accent.
— Elle est gonflée, oui ! lâcha le mage chauve aux côtés de Caranya, laconique.
— Je... euh... *hem* suis certain que ce n’était pas ce qu’elle voulait exprimer, s’excusa Raminus.
— Elle n’a rien révélé, répliqua le chauve, qui d’après la présentation de l’aldmer devait s’appeler Jarol.
— Ohoh, mais si.... la ‘Matriarche’ a mentionné la victoire sur DEUX disciples, rien que ça, reprit Caranya, crachant du venin, de sa voix suave.

L’apprentie magicienne n’en revenait pas : atterrée, elle assistait sans mot dire à la lapidation de son amie, par un conseil de mages, pour un simple sous-entendu ?
— Mais enfin, piaula-t’elle plaintivement, vous n’allez tout de même pas nous renvoyer pour... pour ... pour simple une étourderie, non ? plaida-t’elle, maladroitement. On a voyagé sur des centaines de lieues, affronté des morts, manqué d’se faire coffrer ou assassiner et vous trouvez rien de mieux que de vous moquer de nous ? On vient s’expliquer, parce qu’on nous le demande et vous ... vous...  vous jouez avec nous ? articula-t’elle, contente d’avoir enfin trouvé un terme pour exprimer son ressentiment. Alors qu’on essaye de faire preuve de bonne volonté ? C’est ça votre sagesse de mages ?

Il y eut un nouveau silence. La tirade de la bretonne, bien que manquant sensiblement d’étude et trop fournie en octaves, avait eu pour mérite de trancher avec le ton acéré que prenait l’échange.

Le mage au bouc, se pencha sur la table, au loin, et éleva un doigt d’enseignant :
— L’intelligence construit l’orgueil, et l’orgueil détruit la sagesse. Et nous sommes très intelligents. Ne l’oublie pas, pimprenelle...

Un irrésistible sourire pointa aux coins des lèvres, déridant l’assistance. Le vieux professeur semblait avoir un certain bagout, que Maelicia apprécia pleinement.




Les deux Ordres




Caranya, contre-attaqua :
— Vous avez la langue bien p...
Elle s’interrompit. L’archimage avait levé le bras, en signe de halte.

— Merci de tout coeur pour cette séance d’observation, Caranya, dit-il sans l’ombre d’un sarcasme, nous avons suffisamment appris. Je vais poursuivre.

Les membres du conseil cessèrent leurs piques leurs visages redevinrent neutres, même s’il subsistait un éclat vengeur dans les yeux de l’aldmer.

Traven se tourna vers Aewin.
— Aewin Melleandra, les données que vous nous avez prodiguées nous seront précieuses, effaça-t’il. En retour, veuillez accepter nous condoléances pour la perte de votre tuteur... il s’agit toujours d’évènements difficiles et nous comprenons.

Il se tut un instant, et joignit ses doigts en arc de cercle, s’accordant une brève réflexion.
— Le conseil souhaite que vous exposiez en détail les circonstances de la seconde mort des disciples. Néanmoins, vous avez fait l’effort d'un voyage, et de nombreuses épreuves ont pesé sur vous. Nous souhaitons votre coopération future, et allons donc partager les premiers nos connaissance sur le sujet... Raminus, je te prie...

Le maître mage se pencha un instant, posa un lourd dossier de cuir sur la table et l’ouvrit : il contenait nombre de parchemins poussiéreux, jaunis par le temps, mais les dimensions du meuble de marbre étaient telles qu’elles en interdisaient la lecture aux aventuriers.

Il s’éclaircit la voix.
— *hem*... le nom de Sh’éam n’est pas inconnu de la Guilde. Vers le début de notre ère, en l’an 102, nous avons enregistré la nomination de deux apprentis : Rafael Kalérion et Gabriel Daresort. Ces deux étudiants ont effectué ici même leur cursus universitaire, au cours de neuf années de formation dont nous disposons de traces écrites dans nos archives.

Il tourna quelques pages du vieux grimoire.
— Le premier, Kalérion, était exceptionnellement brillant, mais indiscipliné. Bien qu’ayant connu quelques accidents de parcours, ses résultats au concours de magicien furent tels qu’il eut les félicitations de l’archimage, en 108. Le second, plus jeune et bien que présentant un parcours sans fautes, resta dans l’ombre de son ami.

Saisissant une feuille blanche d’aspect plus récent, il poursuivit.
— Daresort et Kalérion ont tous deux finit par exceller dans leurs disciplines respectives, et furent rapidement nommés maîtres mages. Daresort s’est spécialisé en mysticisme, et les découvertes qu’il a faites dans le domaine de la télékinésie et du contresort nous ont bénéficié jusqu’à ce jour. Kalérion était plus polyvalent, et nous avons quelque parutions en altération, guérison et destruction le concernant. En 122, ils ont effectué à la guilde des recherches communes, mais secrètes, dans lesquelles ils étudiaient les capacités d’expansion de l’âme humaine.

Raminus ferma le livre, et déploya un parchemin enroulé autour de cylindres de bois.
— Il est arrivé, ce qui devait arriver : Daresort a découvert un processus lui permettant de faire fusionner deux esprits en une sorte d’âme étendue qu’il a nommé « manta ». Mais, lorsqu’il en a exposé le fruit à Kalérion, celui-ci lui a proposé d’expérimenter sur l’âme humaine en utilisant des gemmes spirituelles noires. Daresort a refusé, et a gardé ses recherches pour lui.

Son doigt s’arrêta sur l’une des lignes zébrant le document.
— Kalérion s’est vengé en dénonçant Daresort. Ce dernier a été exclu de la guilde pour ses recherches, et les deux amis se sont séparés pour fonder deux ordres distincts : le premier s’est proclamé Sh’éam, et a poussé ses recherches dans le domaine de la non-vie. Son ami s’est fait appeler Triam, et a transmis ses méthodes de mysticisme à ses disciples.

Raminus referma le document et observa ses hôtes.
— Les deux ordres se sont mutuellement annihilés au cours du même siècle, mais des rapports sporadiques de témoins oculaires laissent penser que cinq disciples de Sh’éam, particulièrement puissants, auraient... disons... persisté.

Il observa une pause, puis guetta une réaction de l’archimage. Celui-ci prit le relais, en fixant alternativement chacun des compagnons :

— Nous pensons... que les deux ordres se sont anéantis en se disputant.. le sceptre que vous avez trouvé. Pour qu’un artefact justifie pareil fratricide, il faut qu’il soit... d’une certaine puissance et nous avons donc entrepris de le dissimuler, sous la garde d’un Dragon-Golem d’argile, que nous supposions indestructible, non loin du lac Rumare. A l’heure qu’il est celui-ci a été détruit. Le sceptre a donc dû être rapatrié vers la cité impériale.

Il eût un air embarrassé.
— Notre guilde était assistée d’un détachement de chevaliers impériaux lors du transport. Nous craignons qu’ils aient... égaré l’objet.

Modifié par Trias, 11 novembre 2008 - 08:03.


#27 Ygonaar

Ygonaar

Posté 28 octobre 2008 - 00:46

De la protonymique quotidienne

        


« L'écaillé veut comprendre le nom de Ra'Jiskar ? s'exclama  le félidé. Il faudrait que Jiskar 'Ra' et l'écaillé aient perdu bien des  griffes ensemble avant que Ra'Jiskar l'instruise sur son nom.. »

        

Danse-Mot était perplexe. Les quelques Khajiits qu'il avait  côtoyé jusqu'ici n'avaient fait aucun mystère sur leur patronyme. Ils pouvaient  bien sûr lui avoir raconté n'importe quelle faribole, mais dans quel  but ? Comment auraient-ils pu être aussi cohérents entre eux ? Et pourquoi  Ra'Jiskar ne jouerait-il pas le jeu dans ce cas-là ? Non, ce n'était pas  crédible. La signification du nom devait être gênante pour une quelconque  raison… L'Argonien croyait avoir compris que « J' » voulait dire  veuf. Peut-être que son convive pleurait encore une certaine Iskar ? Ou  alors cela avait rapport avec des activités professionnelles… non déclarées.
  
   « Ahhh, reprit l'interlope assoiffé, mais Ra'jiskar veut  aider l'écaillé, et c'est justement par les noms qu'il le fera.
  —Les peaux-glabres aiment les noms. Les peaux-glabres ne les comprennent  pas, mais aiment les collectionner. Lorsqu'un de leur chaton devient adulte,  ils écrivent ses noms sur une feuille précieuse, sur une feuille ornée, avec  laquelle le chaton peut voyager sans crainte des singes-gardes. »

L'Argonien essayait de comprendre le discours de son compère  avec beaucoup d'application, mais ça lui semblait tellement invraisemblable. Ca  lui rappelait quelques allusions glanées de-ci de-là au cours de son périple,  mais qu'il n'avait pas intégrées car il avait tellement de choses à découvrir.  Il faut dire tout d'abord que le papier moisit tellement vite dans sa région  natale qu'il n'est guère utilisé que sous une forme très grossière pour filtrer  certaines potions alchimiques. Mais surtout, il avait du mal à saisir pourquoi  les humains conservaient toute leur vie un nom qui ne veut rien dire, plutôt  qu'adopter un patronyme leur correspondant vraiment à un moment donné !

    

Cela lui rappelait en outre de vagues souvenirs des leçons  de sa mère sur la Puissance Protonymique. Un cours affreux, beaucoup trop  compliqué pour un mâle, même aussi doué que lui. Mais il en avait quand même  retenu qu'il fallait être fou pour utiliser son Premier Nom…

        

« Habituellement, les chats demandent à Ra'Jiskar la  feuille d'un autre chat pour voyager sucré, lui susurra le Khajiit. Mais  aujourd'hui, les singes ont fermé la cité parce que les singes-gardes y ont  perdu quelque chose. Et les singes ne laissent plus sortir les chats saufs  s'ils ont les bonnes feuilles. Si l'écaillé veut sortir, sucré ou pas,  Ra'Jiskar peut lui trouver les feuilles qu'il lui faut. »

Le barde comprenait en revanche beaucoup mieux ce discours.  Qu'était donc vraiment le chat, un faussaire, un simple contact ou une taupe de  la Légion ? Il regarda pensivement le tonnelet trônant fièrement au milieu  de la table. Il devait bien contenir deux gallons, soit seize pintes d'une  bière sucrée et onctueuse, mais au titrage alcoolique terriblement traitre. Son  invité semblait un bon buveur, il tiendrait au moins six pintes, peut-être dix.  La conversation promettait d'être longue et passionnante. Une nécessité de  toute manière s'il voulait être certain de bien comprendre cette histoire de  papier malgré l'argot de son interlocuteur. C'était maintenant à son tour de  lancer une amorce :

« Ce que m'apprend le poilu est passionnant mais il  va falloir me le répéter de nombreuse fois pour qu'un stupide Argonien puisse  le comprendre.

        

Ô merveilleux  tonneau, soutien indispensable,

    

Délaye donc nos  mots en une histoire affable,

    

Foin de gardes,  mangonneaux, violence et connétables,

    

Eloigne tous les  maux à cent pas de cette table !

        

Déclama l'incorrigible  trouvère en réajustant le niveau des choppes. Le museau dans la sienne, il  poursuivit à voix basse :

«Ces feuilles ornées ont l'air terriblement précieuses.  Danse-Mot espère que le guet des Peaux-Molles le laissera quand même se rendre  dans le quartier du port pour aller dormir, car il n'en a pas. Mais il faudra  bien que j'en possède un jour, n'est-ce pas ? Quelle chance d'avoir  rencontré quelqu'un d'aussi précieux ! »

Il se mit ensuite à jouer avec un drake, le faisant disparaître entre deux doigts, apparaître dans  l'autre main, et autres manipulations simples.

« Ra'Jiskar semble savoir beaucoup de chose.  Peut-être qu'il connaîtrait quelqu'un susceptible d'aider Danse-Mot à prendre  de la hauteur… dans ses… loisirs ? »


Modifié par Ygonaar, 27 novembre 2009 - 10:14.


#28 Trias

Trias

Posté 16 novembre 2008 - 20:43

Le guide





Alors que Danse-mots jouait avec le drake, l'éclat cuivré de la couronne septime voltigeait, dansait et se confondait avec l'or des prunelles du khajitt. Sa vivacité ne semblait en rien entamée par les quelques pintes placidement englouties par l'homme bête, et le reflet de ses iris, loin d'être embrumés, se teintèrent de nuances avides.

— Ra'jiskar craint de n'être qu'un chat simple et honnête, et de ne pas pouvoir renseigner le lézard si aimable,
commença-t'il, en se pourléchant les babines d'un air rêveur, son regard balayant la salle d'un air faussement distrait. Ra'jiskar ne fait pas partie des ombres, comment pourrait-il avoir entendu parler du jardin de Dareloth, dans le quartier portuaire, si peu visité par les chats de minuit ? Donc Ra'jiskar ne peut pas aider l'écaillé, mais il lui souhaite de gagner en aises et en amitiés pour longtemps.

Il joignit ses pattes à présent exemptes de griffes en un salut, inclina légèrement le chef, puis amorça un lever lorsqu'une interpellation joviale retentit :

— Ça alors, mais c'est mon grand ami moustachu ! Emerveillement ! Faste, bombance et joie !

Et avant même que les deux compères eussent pu esquisser un geste, un individu bariolé s'attabla à leur côté : il s'agissait d'un Cyrodiil d'âge moyen dont le pourpoint singulièrement coloré, alternant bleus et rouges défraîchis, n'était pas sans rappeler ces polichinelles loqueteux qu'on pouvait croiser dans certaines cours. Sous un criard chaperon et une bataille de touffes chevelues d'un noir de geais, émergeait un nez pointu encadré de petits yeux noirs : ses pupilles pétillaient. Une odeur sale chatouilla les narines de Danse-mots.

— Namira te bénisse, mon grand biquet, tu t'es fait des connaissances ! Et un collègue en plus, enchanté ! lança-t'il, saluant l'argonien d'un théâtral mouvement de chapeau. Son geste découvrit un luth usagé, mais fonctionnel à son côté. On m'appelle Causant, continua-t'il, avant de se tourner de nouveau vers le khajitt. Comment dois-je t'appeler aujourd'hui, mon cher frère ?

— Ra'jiskar ne comprend pas ce que son ami barde veut dire, mais il est content de le voir, répondit l'intéressé, d'un ton légèrement pincé, en se redressant de manière à mettre le maximum de distance entre lui et son envahissant interlocuteur.

— C'est ça ! Ra'jiskar ! Diantre, enfer et damnation que la mémoire d'un barde me soit aussi traîtresse !
s'exclama l'histrion, découvrant une rangée de dents étonnement blanches. Il adressa un rapide clin d'oeil à l'argonien.    

Puis, s'accoudant à la table avec un insolent manque de retenue, il poursuivit, à voix plus basse.
— Tu diras à la belette grise que le bâton n'est plus dans les roues.

Le Suthay eût l'air étonné.
— Ah ? Ra'Jiskar trouve que... les nouvelles vont vite dans la cité des peaux glabres. Et il se demande si le bariolé sait où s'est planté la tige ?

— Bien sûr que non ! s'exclama le petit homme, souriant à nouveau, avec une vivacité toujours aussi surprenante. Mais les rues ont des yeux, un nez... et des oreilles ! Je serai dans le quartier du temple, si d'aventure, de grâce et par un nocturne hasard... tu me cherchais.

Il paraissait surexcité. Après un autre et extravaguant salut, le trublion de carnaval bondit alors sur une table voisine, effectua une roue entre les chopes et se propulsa d'une pirouette au centre de la taverne, s'emparant immédiatement de l'attention du parterre de buveurs. Ill entreprit ensuite de jongler avec des gobelets et autres ustensiles, déclenchant rires et applaudissements au sein de l'assistance, au grand dam de Findulain qui l'observait d'un oeil noir.

Enfin, il acheva son numéro par une dernière prouesse acrobatique, puis ôta son couvre-chef et parcourut les tables, recueillant les piécettes alors prodiguées par les plus enthousiastes des spectateurs. Sa nature devint alors évidente :

L'homme était mendiant.

Modifié par Trias, 16 novembre 2008 - 20:57.


#29 Ygonaar

Ygonaar

Posté 23 novembre 2008 - 00:42

Petites suspicions entre amis

    

    —    Ra'jiskar  craint de n'être qu'un chat simple et honnête, et de ne pas pouvoir renseigner  le lézard si aimable, répondit-il nonchalamment. Ra'jiskar ne fait pas  partie des ombres, comment pourrait-il avoir entendu parler du jardin de  Dareloth, dans le quartier portuaire, si peu visité par les chats de minuit ?  Donc Ra'jiskar ne peut pas aider l'écaillé, mais il lui souhaite de gagner en  aises et en amitiés pour longtemps.

    —     Danse-Mot est soulagé de se savoir en aussi probe  compagnie ! Il n'aurait pas demandé à Ra'jiskar des conseils sur les  guides de montagne s'il ne l'avait pas cru honnête. Il se gardera donc bien  d'aller se promener dans les jardins du port à la mi-nuit, conclu le  saurien saurien dont la voix commençait lentement à prendre les rauques accentuations  Khajiit.

        Le drake disparu mystérieusement  de sa main pour se retrouver sous la chope de son convive. Alors que ce dernier  préparait son départ, un coloré pouilleux l'aborda :

    —     Ça alors, mais c'est mon grand ami moustachu !  Emerveillement ! Faste, bombance et joie !   Namira te bénisse, mon grand biquet, tu t'es fait des connaissances ! Et  un collègue en plus, enchanté ! On m'appelle Causant, lança-t-il, saluant  l'Argonien d'un théâtral mouvement de chapeau.

        

Je suis fort  honoré, un véritable bonheur

    

En cette belle  soirée, après un dur labeur

    

De vous être  présenté, remarquable Conteur

        

Nouveau dans cette  Cité, Danse-Mot, votre Honneur.

    Répondit l'Argonien en reprenant sa voix normale, saluant de  la tête à l'énoncé de son nom. Le prolixe mendiant poursuivit alors vers le  Khajiit.

        —     Comment dois-je t'appeler aujourd'hui, mon cher frère ?demanda  Causant au Khajiit.

    —     Ra'jiskar ne  comprend pas ce que son ami barde veut dire, mais il est content de le voir,  répondit l'intéressé.

    —    C'est  ça ! Ra'jiskar ! Diantre, enfer et damnation que la mémoire d'un barde me soit  aussi traîtresse ! s'exclama l'histrion, puis reprenant à voix basse. Tu  diras à la belette grise que le bâton n'est plus dans les roues.

    —     Ah ? Ra'Jiskar trouve que... les nouvelles  vont vite dans la cité des peaux glabres. Et il se demande si le bariolé sait  où s'est plantée la tige ?

    —     Bien sûr que non ! Mais les rues ont des  yeux, un nez... et des oreilles ! Je serai dans le quartier du temple, si  d'aventure, de grâce et par un nocturne hasard... tu me cherchais.

    
  Danse-Mot se demandait ce que cela voulait dire. Pourquoi cet individu venait  discourir des affaires des Ombres sous son nez ? Le Khajiit était-il un  recruteur demandant à un comparse de venir le tester ? Devait-il alors  filer le barde pour prouver son talent ou bien ne rien faire et surtout ne rien  dire à personne pour démontrer sa fiabilité ? A moins que l'humain ait  vraiment cru qu'il était un ami de Ra'jiskar, une persona grata comme ils  disent par ici, ou ait dû transmettre un message de toute urgence ? Que  pourrait alors vouloir dire ce code ? Aurait-il un rapport avec l'activité  étrange de la Garde Impériale ? Dans l'hypothèse bien sûr que le chat soit  un espion de cette dernière, ce qui pourrait expliquer qu'il ait interpelé le  capitaine tout à l'heure…

        Laissant là ses interrogations, le barde se mit à examiner  Causant du coin de l'œil. Avait-il déjà croisé ce particulier ? Difficile  à dire avec ces hommes qui se ressemblent tous. Homme ? Oui, les oreilles  rondes, le visage épais, pas de lueur dans les yeux, il devait bien s'agir d'un  homme. Probablement un Breton ou un Impérial au vu de la peau… Mais un mendiant  pas tout à fait honnête en tout cas, les dents trop saines, un instrument en  bon état et donc d'une valeur certaine… Il devrait maintenant pouvoir le  reconnaitre en cas de besoin… La nuit au quartier du Temple, donc… Tendre une  dernière perche au chat, avant d'aviser sur la conduite à tenir… Il tient  rudement bien l'alcool pour un mammifère… De la magie peut-être ?
  

    Danse-Mot sortit enfin son museau de sa chope. Il jeta une  pièce de cuivre dans le chapeau de Causant qui avait cessé de jongler et fit  remarquer au Khajiit :

        —     Très poussiéreuse cette Cité, n'est-ce pas ? C'est fou le  nombre de bestioles grises qu'on y croise…

Modifié par Ygonaar, 17 décembre 2008 - 10:54.


#30 Ygonaar

Ygonaar

Posté 29 novembre 2008 - 23:59

Paranoïa sportive    



Puisque son convive ne répondait rien, Danse-Mot engloutit  d'un trait sa chope. Il s'étira et bailla en se déboitant au sens propre les  mâchoires, révélant par la même occasion deux rangées de dents triangulaires  horriblement effilées…

    —    Je  crains avoir trop bu et qu'il soit plus que temps pour moi d'aller retrouver ma  couche. Je vous laisse le soin de surveiller ce tonnelet, maître Ra'jiskar,  et au bon plaisir de vous revoir !

    
    

Ô destin  malicieux, ô rencontre fortuite

    

Puisse qu'en un  jour radieux nous en voyons la suite

    

Car me voilà heureux,  mais bien proche de la cuite

    

Avant d'être  nauséeux, je dois donc prendre la fuite !

    

    Il ponctua sa tirade d'une révérence maladroite, ceint sa  rapière et son manteau, et s'en fut d'une démarche légèrement hésitante en  gratouillant son kitar. Il parcourut les rues en fredonnant quelques hommages à  Dibella à ne pas mettre entre toutes les oreilles, faisant de multiples pauses  pour retrouver un équilibre précaire ou admirer un réverbère avec un air  probablement extatique pour un Argonien. Il montra consciencieusement ses dents  à toutes les patrouilles qu'il croisa, avec le salut un peu trop théâtral du  bourgeois éméché. Il trébucha sur les racines d'un vénérable chêne du Quartier  du Temple et resta étalé plusieurs minutes sur un parterre de pelouse. Il reprit  finalement sa route vers le tunnel descendant vers le Port. Arrivé sur le Pont  du Phare, il accrocha soigneusement ses chaussons de feutres à son baudrier,  peut-être par peur de glisser sur les pavés luisant d'embruns…

         Une façon efficace de contenir la populace de cette cocotte  minute qu'est le Quartier du Port, songea le reptile en contemplant les deux  ponts menant à l'îlot du Phare. Ce dernier faisait de surcroît une tour de garde  stratégiquement placée, au besoin. On apercevait d'ici les extrémités des  lourdes chaînes interdisant les deux accès du port. On voyait bien également  des rondes de torche témoignant d'une activité de la garde accrue sur les  docks, et l'on pouvait même imaginer la silhouette d'une trirème glissant  silencieusement dans les volutes de brume du lac Rumare. La Cité est close, se  dit-il.

         Mais ce qui intéressait surtout l'Argonien en question  d'urbanisme défensif, c'est qu'un éventuel poursuivant serait probablement  obligé de se mettre à découvert pour traverser les ponts. Il n'avait repéré  personne malgré toutes ses manœuvres, mais il était bien placé pour savoir que  cela ne voulait pas forcément dire grand chose. Et l'hypothèse d'être pris en  chasse par quelqu'un d'aussi doué que lui ne lui plaisait vraiment, mais alors  vraiment pas. Certes, il y a avait peu de chance que ça arrive mais la soirée  avait été trop riche en événements inhabituels. Pourquoi la garde avait-elle ce  comportement étrange ? Quels étaient les rôles exacts de Ra'jiskar et de  Causant ? Quels partis servaient-ils ? Avait-il vraiment attiré  l'attention sur lui ? Dans le doute, il préférait trancher dans le vif.

         Tout en se dirigeant vers les quais, il se mit doucement à  psalmodier en Argonien :

        

Nous sommes le  Peuple des Racines

    

La Sève des Hists  Anciens coule dans nos veines

    

Ils nous donnèrent  le Don Animal pour courir le monde en leur nom.

    

Que la Sève  réveille en moi le souffle puissant des guars courant la plaine.

    

Que la Sève  réveille en moi la vitesse du serpent éclair frappant sa proie en plein vol.

    

Que la Sève  réveille en moi l'ample foulée du lion des montagnes froides.

    

Qu'elle parcourt  chaque veine, chaque muscle et les modèle selon mon Vouloir.

         Comme chaque fois qu'il faisait appel au pouvoir de la Sève,  il sentait son cœur s'accélérer, sa chair devenir brûlante alors qu'il pliait  son organisme à sa volonté. Il arrima solidement la bandoulière de son kitar  alors qu'il empruntait le passage voûté qui longeait les entrepôts impériaux,  puis posa la patte dans la boue du quartier pauvre…

         Il s'élança, le corps très en avant, la queue tendue faisant  contrepoids, les orteils écartés pour augmenter l'assise. Si peu d'humains  peuvent accélérer aussi vite qu'un Argonien mâle, celui-ci s'astreignait à un  entraînement rigoureux et était supporté par la puissance de la Sève. Il planta  ses griffes dans le sol et projeta vigoureusement la queue pour virer à angle  droit dans une ruelle, puis vira encore, enjamba deux ivrognes avinés, sauta la  clôture d'une cour intérieure, dévala des escaliers, s'engouffra dans l'étroit  espace séparant les murs avachis de deux taudis mitoyens, déboula devant un  groupe de coupe-jarret trop éberlués pour réagir, changea d'îlot, se précipita  sous un porche obscur…

        Ses poumons étaient en feu, même ses branchies intercostales  s'ouvraient dans le pathétique espoir de grappiller un peu d'oxygène… Ralentir  sa respiration malgré la douleur et l'instinct… La rendre inaudible et écouter,  comme à l'entraînement… Se fondre dans les ombres… Cinq longues minutes, avant  que son cœur ne reprenne un rythme normal. Et il commençait déjà à avoir très  faim. Mais nulle trace de poursuite. Un traqueur aurait dû nécessairement se  révéler, à condition qu'il posséda les capacités de le suivre bien sûr. Et le  lézard était certain qu'il serait sorti du périmètre de détection de sa mère.  Si quelqu'un le suivait par magie, cela devait être une sacrée pointure !  Il pouvait maintenant disparaître en toute quiétude. Et essayer de retrouver  son chemin…

    

    

         Minuit et dix minutes. Une ombre se mouvait sur le faîte  d'une toiture. A y regarder de plus près, ce n'était qu'une espèce de gros rat  lacustre. Mais même un observateur attentif aurait du mal à s'apercevoir que le  rat trottinait maintenant sur un sombre manteau étalé sur les tuiles. Un  manteau recouvrant un Argonien absolument immobile. Un Argonien qui observait  une masure et ses environs. Je suis un rat. Il se focalisait sur son  compagnon rongeur, ses mouvements, sa façon d'humer l'air, de pencher la tête de côté, de tendre l'oreille, afin de tenter d'impressionner l'éventuel  guetteur qu'il n'aurait pas remarqué. Cela devait faire au moins vingt minutes  qu'il était là et tout lui semblait normal. Il ramassa son rat qui se réfugia  dans une manche de son sayon de cuir épais, puis se laissa glisser jusqu'au sol  sans un bruit. Il vérifia que sa gibecière et sa machette était bien à leur  place, avant de se diriger d'un pas tranquille vers le jardin de Dareloth.

Modifié par Ygonaar, 17 décembre 2008 - 11:03.


#31 Trias

Trias

Posté 13 décembre 2008 - 22:29

Les jardiniers de Dareloth




Sous les pas de Danse-mots, le sol dallé et régulier se teintait de boue, d'humides clapotis accompagnant ses pas, à peine étouffés par un miséricordieux tapis végétal. Un vent frais et pénétrant soufflait dans les ruelles de la périphérie, s'acharnant à transir les rares et fugitives ombres vaquant encore à ces heures nocturnes. Les murs de précaires habitations, sombres et suintants, encadraient de leur noire silhouette des rues désertes. Des arbres aux branches torturées, initialement peu nombreux, venaient peu à peu maquiller de leurs feuillages les pierres de la cité. Parmi l'un d'entre eux, à peine visibles à la lueur vacillante d'une torche, des formes bigarrées se dressaient.

L'argonien était parvenu au jardin de Dareloth.

Son ouïe de reptile parvînt à se saisir de quelques échos.
  
« ...de ce fiéffé filou. Qu'est-ce que ça cache ? Qu'a-t'il à y gagner ?. » fit une voix d'elfe féminine.

— Gagner ? L'ami khajitt pense que le mendiant veut voir de l'or en échange de son coup de patte. L'ami khajitt pense que Methredel devrait comprendre l'amitié pour ce qui est doré, répondit une voix râpeuse, familière au troubadour.

— Des clous, coupa un timbre grave aux accents occidentaux. La ville est sens dessus-dessous : la garde impériale retourne tout pour retrouver cette foutue canne. Ils ont même essuyé des pertes en dehors des murs, avant de comprendre que le bâton était dedans. Le port et le pont sont fermés. Et la guilde des lunatiques ne va pas tarder à rappliquer aussi. Causant sait que cette activité nuit à nos... affaires. Il va vendre ses renseignements au plus offrant. Il n'a fait qu'ouvrir les enchères, J'rhassa.

— Armand, si la moitié de ce qu'on dit sur lui est vrai, lui et sa clique savent tout de ce qui se passe dans...

Il y eut un hululement, et les silhouettes s'immobilisèrent. Il ne faisait nul doute que la venue de l'argonien avait été repérée.

— Crénom !! Qui va là ? fit la voix grave d'un rougegarde.

Modifié par Trias, 13 décembre 2008 - 22:30.


#32 Ygonaar

Ygonaar

Posté 15 décembre 2008 - 22:58

Présentations

    

        Un hululement. Celui d'une chouette-pêcheuse de Cyrodiil.  Remarquablement exécuté… Mais le guetteur devrait apprendre que cette espèce  vit exclusivement sur les falaises et les habitations, jamais dans les arbres.  Choisir un autre point d'observation serait pertinent, surtout avec l'hiver qui  approche. Ou apprendre à imiter une simple hulotte. Toujours est-il qu'il  pouvait maintenant arrêter de battre le froid dallage. Curieux, d'ailleurs, ce  résidu d'urbanisme dans un quartier si misérable. Mais certainement très utile  pour entendre de loin les lourdes bottes de la garde. Et pour l'empêcher de  courir sur la pierre glissante, chose des plus fréquentes vu la proximité du  lac. Le jardin de Dareloth n'a certainement pas été choisi au hasard.

        La démarche de l'Argonien se fit plus souple, moins  humaine, métatarses et phalanges cherchant à épouser amoureusement les pavés  tandis que la flexion de ses longs tarses absorbaient tous les bruits. La boue  messagère de la froidure nocturne montait à l'assaut de ses écailles. Il lui  faudrait bientôt porter des chausses en permanence, songea-t-il avec un vif  dépit…

        — Crénom !! Qui va là ? fit la voix grave d'un Homme.

        Le reptile releva sa capuche et écarta largement les bras,  repoussant les pans de son lourd manteau. Il les salua de la tête et exhiba ses  blanches dents avec conviction.

        — Mes hommages du soir, gente assemblée. Heureux de  vous revoir, mon cher J'rr… Ra'jiskar, vous avez donc abandonné notre  protégé ? Il examina alors soigneusement les personnes lui faisant  face, avant de reprendre.

        —J'espère ne point troubler votre cénacle. Je  souhaiterai même savoir s'il y reste de la place… Plus exactement, je me  demandais si vous prendriez un apprenti… Mais permettez-moi de nous présenter.  Je me nomme Charbon-Agile, et voici Sir Maroilles, dit-il en extrayant un  rongeur hirsute de sa manche. Ce dernier lui grimpa aussitôt sur l'épaule, s'assit sur son postérieur et,  relevant ses pattes antérieurs, explora les alentours par de rapides coups d'œil  et force frémissements de museau.

        Salut  par devant, siffla l'Argonien dans se langue natale. Et le  muridé de se fendre d'une curieuse et cocasse révérence.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 22:33.


#33 Arkan Lord

Arkan Lord

Posté 19 décembre 2008 - 19:34

Dans une grande assemblée, le silence fut brisé. Par de puissants sorciers, un débat fut lancé. Ainsi fut entraîné un héro présumé, par erreur emmené dans un lieu prohibé où les plus grands secrets sont jalousement gardés, au milieu d'un congrès de légendaires guerriers.
Prononcé par un maître, un mot s'échappe en traître, résonnant dans son être, une lueur vient de naître.
"sceptre"...
  Ce sceptre évoqué par l'archimage éveilla la curiosité d'Aradon qui repensa à son arrivée dans la cité où il croisa un confrère. Ayant aperçut Valencia, un ami khajiit avec qui il avait passé le test d'entrée de la guilde des voleurs, il s'était éclipsé quelques minutes pour le rejoindre.
- Tiens te voila de retour Aradon, tes exploits nous honorent.
- Trève d'ironie, qu'as-tu de nouveau à m'apprendre sur les plans du Renard Gris.
- Ta prochaine mission arrivera sans tarder, la guilde s'agite ces temps-ci.
- Que se passe-t-il?
- Nous avons été doublés! Un sceptre d'une valeur inestimable aurait été dérobé alors qu'il était gardé par un convoi se dirigeant vers la cité et l'auteur est encore inconnu. On raconte que le Renard Gris le convoitait. Sa nature est un mystère, mais cela provoque des remue-ménage chez les autres guildes. Je t'informerais s'il y a du nouveau.
- Merci bien, je passerais chercher ma prochaine mission plus tard, j'ai à faire.
- Que l'ombre te guide.

  La curiosité le dévorait. Si bien qu'il se mettait à se lécher les babines. A aucun moment il a pensé à posséder cet objet, c'est l'idée qu'un tel artefact si mystérieux puisse exister. En voyant que les héros y prêtaient attention et qu'ils allaient sûrement le rechercher, il se disait qu'en les accompagnant il pourrait sûrement en apprendre plus. Et puis... s'il vendait la mèche au Renard Gris une fois le sceptre trouvé il aurait une bonne récompense.
Beaucoup d'idées trottaient dans sa tête. Aussi pouvait-il commencer son enquête dès lors.
"Excusez mon impolitesse vénérable archimage, mais pourriez vous m'éclaircir sur la nature du sceptre que vous venez d'évoquer. Quelles seront les conséquences s'il passe entre de mauvaises mains?"
L'écho rauque de la voix du khajiit résonnait dans la grande salle tandis qu'il fixait l'archimage.

Modifié par Arkan Lord, 19 décembre 2008 - 19:35.


#34 Trias

Trias

Posté 22 décembre 2008 - 01:07

L'Offre de la Guilde




Il y eut un silence.


Le cyrodiil chauve braqua vers son archimage un regard interrogateur, et celui-ci y répondit par un hochement de tête.

— L'honnêteté sera la moindre de nos courtoisies, confirma Traven. Irlav, je vous prie...

— Certes, Archimage, reprit obséquieusement l'impérial, reportant son attention sur les aventuriers.

Maelicia l'observa alors plus attentivement : il s'agissait d'un homme entre deux âges, ayant probablement plus que maturé la cinquantaine. Sa houppelande, blanche et matelassée, n'uniformisait qu'à grand peine des bras trop grêles et un ventre trop rond, stigmates du temps. De profondes rides lui parcouraient front et profil, ses traits restants pourtant parfaitement détendus et inexpressifs. Seuls ses yeux, verts, froids et calculateurs, paraissaient dotés de vie au sein de son impassible visage.

— Je me nomme Irlav Jarol, et je suis, comme vous le savez, en charge du département des recherches, commença-t'il d'une voix grasse et éraillée. Nous ignorons l'utilité exacte du sceptre, en ce sens que nous n'en savons pas l'usage qu'en faisait Sh'éam. Mais nous avons étudié l'objet. Il est formé d'un catalyseur de pouvoir — d'un bâton, reprit-il en voyant Aradon froncer les yeux — en ébène, taillé depuis trois cents à quatre cents ans, auquel il a été adjoint un cristal prismatique blanc, de nature inconnue.

Irlav se passa un instant la langue sur les lèvres, puis continua.
— Il semble que le joyau induise des flux d'anti-vitae, similaire à ceux qu'une liche émet. C'est ce type de flux qu'un nécromancien lie à des cadavres pour les animer. Il a, cependant, été démontré que le bâton propage ces flux à son environnement, ce qui est, théoriquement, impossible. En effet, nous savons qu'un esprit mort ne peut-être rattaché qu'à un corps, et non à plusieurs. Il nous est aussi apparu qu'il drainait la vitae de son détenteur, et ce de manière définitive. Tar-meena, notre archiviste, étudie actuellement le mémoire que Kalérion avait laissé à la guilde, mais son langage nous est étranger et ses travaux n'avancent que... péniblement.

Il inspira.
— En synthèse, nous savons qu'il crée des non-vivants. Mais nous ne savons pas comment, ni pourquoi, étant donné qu'il tue ses porteurs avant d'être parvenu à activation maximale et...

— Pourquoi ne l'avez vous pas détruit ? coupa abruptement Jeraselm.

Il y eu un silence embarrassé. La justesse de l'intervention frappa Maelicia. En effet, pourquoi avoir cherché à dissimuler pareil engin de mort s'il suffisait de le détruire ? Pourquoi toutes ces efforts alors que l'issue de leurs maux était à portée du plus frustre des premiers-venus ?  

— Parce que c'est une Pierre-esprit qui anime le sceptre, répondit posément l'archimage. Et que nous craignons les conséquences de sa rupture.

Tout devint alors clair aux yeux de l'étudiante. Les travaux de Triam et de Sh'éam portaient sur la manipulation des esprits. Elle revit la nuée sombre de l'esprit du porteur quitter le rubis de Bravil pour s'infiltrer dans le crâne de Raminus. Elle revit le regard de possédé et le sourire dément... du Passeur qui reprenait prise en ce monde.

— Vous craignez que Sh'éam soit dans la gemme ! s'exclama Maelicia, détournant sur elle l'attention de l'assemblée.

Un souffle d'air froid et pénétrant sembla soudain envahir le conseil, transissant ses occupants jusqu'à la parcelle la plus intime de leur être. Bien que sachant pertinemment qu'il ne s'agissait que d'un de ces vents souterrains balayant les sous-sols, la bretonne ne put s'empêcher d'imaginer que sur sa nuque, soufflait la respiration d'un mort.

— Oui, admit alors Traven, et sa voix sembla rompre le charme qui les pétrifiait. Nous redoutons qu'un inconscient n'utilise le sceptre et ne devienne un deuxième Sh'éam. Nous sollicitons donc votre concours pour le retrouver et le mettre hors de portée des disciples. A ces fins, nous offrons asile et formation à ceux d'entre vous qui pratiquent la magie, doublé d'un important capital pour dédommager les autres de leurs efforts.

Là est l'offre de la guilde des Mages, conclut-il. Qu'en dites vous ?




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Rite d'initiation




Les visages vacillaient, fuyants et indistincts à la lueur de l'unique torche du jardin. Seul celui du rougegarde, avec ses traits durs et nerveux tirés au couteau, ses yeux sombres et son teint basané, étaient clairement visibles à l'intrus.

— Ben voyons ! aboya-t'il bruyamment. Charbon agile, hein ! Mon cul, oui, mais bienvenue par ici ! J'rhassa m'a parlé de toi, et on ne marche pas jusqu'au jardin de Dareloth par hasard.....

Il s'approcha sans crier gare et s'arrêta à quelques centimètres de Danse-mots, l'examinant, le jaugeant du regard. Il semblait être le seul à ne pas craindre d'être vu.

— J'm'appelle Armand Christophe, mon gas, et rien que le fait d'être vu en ma présence peut te valoir deux mois de prison ferme et une entrevue avec cap'taine Lex le buté. Et avec lui, y'a pas d'présomption d'innocence. Alors considère toi compromis, comme tous ceux-ici.

Il tendit son bras libre en direction des ombres évanescentes sur ses pas.

— Elle, c'est Carwen, elle te filera un coup de main au cas où tu d'vrais te planquer. Le Khajitt à la crinière répond au nom de J'Rhassa, et il sait faire des papiers. Les trois gars derrière toi, t'as pas besoin de connaître leurs noms. C'est des pseudos d'toute façon, comme pour nous tous ici, et comme pour toi.

Il planta son regard dans le sien.

— Y s'trouve qu'on est en manque de beaux-parleurs pour l'instant. On a un infiltré à la guilde des mages. Y  s'fait appeler Aradon. Trouve le et ramène le sans attirer l'attention, et alors on discutera de choses sérieuses. Tu seras payé. En attendant, t'es à ton compte, pigé ?

Il se tut et parcourut le tissu de feuillages du regard. Plus personne n'était visible. Il lui dédia un salut bourru puis éteignit la torche, plongeant à nouveau le maquis végétal dans l'obscurité.

Modifié par Trias, 22 décembre 2008 - 10:22.


#35 Ygonaar

Ygonaar

Posté 26 décembre 2008 - 12:15

Dossier  refusé car il manque les pièces ci-dessous

    

         - Ben voyons !  aboya le Rougegarde. Charbon agile, hein  !

         - Certes, un fort beau nom pour…

         - Mon cul, oui, mais bienvenue par ici ! J'rhassa m'a  parlé de toi, et on ne marche pas jusqu'au jardin de Dareloth par hasard...

        Si l'Argonien subit  l'examen qui s'en suivit sans ciller, ce ne fut point le cas de Sire Maroilles qui se réfugia en couinant dans les frusques de son porteur à l'approche de l'impérieux humain. Il fit mine de ressortir la tête et d'exhiber ses longues  incisives, mais jugea vite la situation trop périlleuse et disparut derechef  pour ne plus se montrer.

                     - J'm'appelle Armand Christophe, mon gars, et rien que le fait d'être vu  en ma présence peut te valoir deux mois de prison ferme et une entrevue avec  cap'taine Lex le buté. Et avec lui, y'a pas d'présomption d'innocence. Alors  considère toi compromis, comme tous ceux-ici.


- Vraiment flatté de rencontrer une telle célébrité !  Me narrerez-vous un jour vos exploits ?

    - Elle, c'est Carwen, elle te filera un coup de main  au cas où tu d'vrais te planquer. Le Khajitt à la crinière répond au nom de  J'Rhassa, et il sait faire des papiers. Les trois gars derrière toi, t'as pas  besoin de connaître leurs noms. C'est des pseudos d'toute façon, comme pour  nous tous ici, et comme pour toi.

        - Et où puis-je rencontrer cette envoûtante damoiselle  et l'accorte J'Rhassa en cas de besoin ? Ici à la même heure ?




        - Y s'trouve qu'on est en manque de beaux-parleurs  pour l'instant. On a un infiltré à la guilde des mages. Y  s'fait appeler  Aradon. Trouves-le et ramènes-le sans attirer l'attention, et alors on  discutera de choses sérieuses. Tu seras payé. En attendant, t'es à ton compte,  pigé ?

Une épreuve, songea  Charbon-Agile. Il s'attendait à une chose de ce genre mais certainement pas à  devoir infiltrer la Guilde des Mages ! Il espérait que ce ne soit pas trop  présomptueux pour un novice comme lui. D'un autre côté, cela faisait un certain  temps qu'il avait envie de la visiter, et l'ébauche d'un plan germait dans sa  cervelle…

    - Un exposé d'une clarté et  d'une concision remarquable, Maître Armand. Et qui m'agréée complètement à  condition que ma formation fasse parti du paiement. Quelques points me  paraissent cependant encore obscurs, souffrez que je vous pose quelques  questions… A quoi ressemble cet Aradon ? Sera-t-il coopératif ? Ai-je  un moyen de lui prouver que je viens bien de votre part ? De m'assurer de  son identité ? Quel est le délai ? De quelle position se réclame-t-il  chez les mages ? L'exfiltration est-elle prioritaire sur toutes les autres  consignes de la cible ? Où se fait la livraison ?

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 22:40.


#36 Trias

Trias

Posté 27 décembre 2008 - 23:12

Perspectives d'avenir




« B, E, A, F... C... » déclama lentement Maelicia.

Au beau milieu d'un des innombrables locaux pierreux de la guilde, dressée sur un tabouret de bois brun, l'étudiante plissait les yeux. A travers un impressionnant binocle d'acier noir, le regard étréci par l'effort, elle s'acharnait à déchiffrer un lointain panneau mural, suspendu à quelques mètres de là.

— Mmmmh, fit un homme derrière elle, dont la tignasse en cascade rivalisait de blancheur avec son long bliaud. Et comme ça ? interrogea-t'il, en agissant patiemment sur les rouages des lunettes de test.
— B, E, A, R, G, rectifia alors l'intéressée.
— Parfait ! s'exclama-t'il, avant de déclarer un ton péremptoire : vous êtes modérément myope et discrètement astigmate, mademoiselle.
— Eh ben j’suis modérément contente de l’apprendre... rétorqua Maelicia, ce qui arracha un sourire au mage.

La faisant allonger, il entreprit ensuite de l'examiner.
—  Très joli, commenta le mage-guérisseur en observant d'un oeil distrait l'ourson rose brodé sur sa chainse.
— J'pensais pas le montrer de sitôt, confessa l'étudiante d'un ton pincé.

Il fallut encore qu'il lui demande de monter sur une balance dwemer, de sauter sur un pied ou de tirer la langue avant de l’autoriser à se revêtir. Il griffonna finalement quelques lignes illisibles sur un parchemin vierge puis le lui tendit.
— Vous êtes en parfaite santé. Veuillez simplement donner ceci à Delmar au Chironasium, il vous procurera des lunettes. Au revoir, mademoiselle.
— Au revoir, monsieur Tacrolimus.

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Jaillissant du bâtiment telle une fontaine de sa source, la bretonne fut à nouveau frappée par la paix des jardins intérieurs : clairs et verdoyants, la végétation y répondait par sa luxuriance à l’austérité de la pegmatite ayléïde des édifices. Une atmosphère de sérénité s’y développait, entretenue par le pas lent et pensif des enchanteurs, les voix feutrées des mages et le doux bruissement du vent. Qu’il s’agisse de magiciens confirmés ou bien d’apprentis absorbés dans l’étude de traités magiques, tous portaient des robes en rapport avec leur rang, et les atours bigarrés de la jeune fille ne passaient pas inaperçus.

Elle finit toutefois par localiser le Chironasium, jouxtant le centre d’alchimie. Une longue et éprouvante file attente s’imposa à elle devant les comptoirs, de sorte qu’elle dût se résoudre à prendre son mal en patience. Lorsqu’enfin disponible, le dénommé Delmar se trouva être un rougegarde au crâne tondu et au visage ridé, un brin trop occupé pour être agréable.

La bretonne comprit qu'il devait s'agir d'une sorte d'intendant lorsqu'il lui prit des mains le parchemin de Tacrolimus pour le remplacer par des lunettes de métal vert aux formes arrondies. Il lui procura également une robe de bure vert bouteille, splendidement étiquetée « M. Marsoric — Apprentie de la Guilde des Mages », de lourds recueils d’étude rivalisant de volume les uns les autres, et les clés de la chambre °84 du pensionnat. Une bourse, bienvenue bien que modeste, lui fut même attribuée.

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La nuit tombant, Maelicia se réfugia logiquement dans les appartements qui lui avaient été alloués. Il s’avéra que « la chambre » se rapprochait davantage du cagibi que de l’appartement, l’ameublement spartiate (un lit, un bureau et un placard) ne démentant en rien la sobriété des murs de roche. Mais, bonheur suprême, le local était individuel, de sorte que l’étudiante se l’appropria instantanément : posant son baluchon, elle s’allongea sur le lit. Et, scrutant le ciel à travers l'étroite meurtrière de la pièce, elle laissa vagabonder ses pensées.

Le conseil s’était conclu par un accord avec les mages, mais faute de piste sérieuse, leur mission s'était vue reportée jusqu’à nouvel ordre. De même, si Aewin et Jeraselm avaient été incités à s’instruire, Maelicia avait, elle, écopé d’une obligation en bonne et due forme : elle devait devenir compagnon en mysticisme d'ici moins d'un mois. Le professeur Aragir s’étant porté volontaire pour être son tuteur, elle n’avait pu se défiler.

Soupirant, elle jeta un coup d’oeil désabusé à son emploi du temps : ça allait être gratiné. Sylph et Aradon, eux au moins, étaient libres de leurs mouvements, ayant pour seul obligation d’être présents dans le hall à certaines heures de la journée, mais guère plus. Cela dit ils ne pouvaient aller au delà du hall sans être accompagnés, ce qui les excluait de l’université proprement dite.

Et Maelicia était certaine qu'à l'exception d'elle même (l'unique qu'ils aient laissé partir seule), ils étaient tous surveillés.

Bref, à défaut d’être excitant, l’avenir promettait d’être studieux.




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Registres divergents




« Et où puis-je rencontrer cette envoûtante damoiselle et l'accorte J'Rhassa en cas de besoin ? Ici à la même heure ? » sussura Danse-mots, contenant à merveille son accent argonien.

  Cependant pour toute réaction, le rougegarde fronça ses épais sourcils et grimaça.

— L'accorte quoi ?! explosa-t'il. Tudieu de maroufle, par les sept trous du cul de Morhva, j'piges rien à ce tu m'brosses mon gars !
— J'rhassa est l'accorte, souffla une voix rauque derrière lui, la silhouette du khajitt se faisant à nouveau plus distincte.
— Quoi ? Tu quoi ?
— J'Rhassa est aimable.
— Hein ?
— J'rhassa est aimable et serviable, reprit patiemment le fauve. Donc J'rhassa est accorte, parce qu'il aide l'écaillé comme une chatte aide ses chatons.
— Ah, fit enfin Armand Christophe, avant d'observer une courte pause. Il y eût comme un silence où seuls l'éclat doré des yeux malicieux du Khajitt troubla la quiétude ambiante.

—Ouais bon, foutues conneries qu'tout ça ! rugit enfin l'homme basané. J'suis sûr qu'ce boulot t'ira comme un gant, mon gars ! T'as pas d'heure fixe pour aller voir tes copains, tu les croises dans les rues ou dans les tavernes. On n'est pas des comptables, compris ? On a juste nos p'tites réunions de temps en temps, à des endroits différents, qu'on s'dit lorsqu'on se croise. Deux ou trois fois par semaine, tout au plus, vu ?

Il entreprit ensuite de lui exposer le contenu de sa mission, ce qu'il fit avec sa concision habituelle. Pour toutes réponse à ses multiples interrogations, Danse-mots eut droit à une petite enveloppe de papier gris, sans origine ni destinataire.

— Toutes les infos dont t'as besoin sont là dedans, vieux, expliqua Armand. Et celles qui n'y sont pas, t'en as pas b'soin. Brûle la juste une fois que tu l'as lue. T'as une semaine.

Il se retourna, fit quelques pas, puis fit volte-face à nouveau.

— Ah, et au fait : merde pour ta première mission ! le revigora-t'il en lui administrant une chaleureuse tape sur l'épaule. J'me taille, conclut-il. Et il s'éloigna d'un pas tranquille vers les arbres.


Au premier d'entre eux il devint silencieux ; au second, il avait disparu.

Modifié par Trias, 27 décembre 2008 - 23:36.


#37 Ygonaar

Ygonaar

Posté 28 décembre 2008 - 18:33

Infiltration


L'Argonien laissa couler la cire fondue. La toile goudronnée protégeait maintenant de manière étanche son précieux sac. Il sortit comme une ombre de son repère et glissa sans un bruit dans le canal attenant. Immédiatement, des membranes nictitantes recouvrèrent ses yeux, afin de les protéger et de corriger la réfraction de l'eau, son pharynx se contracta pour dégager le canal branchial, ses opercules costaux s'écartèrent sous la pression du liquide, son sang reflua de ses membres pour alimenter sa queue puissante… Il rasa le fond du canal, vague ombre mouvante laissant indifférents tous les pauvres hères des environs, avant de déboucher dans le lac Rumare. Il se dirigea alors plein Est selon une trajectoire sinueuse, prudente. Bien qu'il ait déjà fait ce parcours lors de sa reconnaissance, il craignait toujours de tomber sur des congénères surveillant les eaux. Après tout, la garde impériale ayant bouclée la cité, elle ne pouvait certainement pas se permettre de laisser cette énorme voie d'accès complètement sans surveillance…

Le sable céda aux rochers. Ses ondulations de queue devinrent très lentes pour ne point troubler l'onde. Si le coin ne pullulait peut-être pas de tous les monstres fantasmagoriques dont les tavernes sont friandes, il y avait au moins des anguilles géantes fort agressives. Il pénétra dans une profonde anfractuosité menant vers son passage. Un bien grand mot, d'ailleurs, que passage, car si l'antique grille de fer rouillé avait cédée sans grande résistance, ramper sur une distance inconnue dans un boyau d'un pied de diamètre ne sera pas une partie de plaisir. Il se mit à subvocaliser un sifflement tout juste audible.

Nous sommes le Peuple des Racines

La Sève des Hists Anciens coule dans nos veines

Ils nous donnèrent le Don Animal pour courir le monde en leur nom.

Que la Sève réveille en moi la souplesse du serpent s'enroulant dans l'arbre.

Que la Sève délie mes muscles pour ramper tel la chenille.

Que la Sève réveille en moi le souffle de la carpe qui respire sous le sable.

Qu'elle parcourt chaque veine, chaque os, chaque muscle et les modèle selon mon Vouloir

La chaleur caractéristique de la Sève parcourut son corps. Il sentit tous ses muscles se détendre alors qu'il expulsait le moindre résidu d'air de ses poumons et basculait ses épaules en avant selon un angle improbable. Il plongea alors la tête dans le ténébreux tuyau et commença la lente reptation.

La progression était lente et pénible. Il prenait un risque conséquent car il n'avait guère que ses dents pour se défendre en aveugle si un ennui surgissait. Et avec le sac qu'il charriait avec ses pieds, il n'était même pas sûr de pouvoir faire demi-tour en cas de besoin. Bien que ne souffrant nullement de claustrophobie, il se mit à ressasser les derniers jours…

Déchiffrer les consignes ne fut pas le moins pénible. Il n'avait pas osé avouer qu'il connaissait à peine son alphabet. Il s'était usé les yeux à essayer d'assimiler la sèche calligraphie du commanditaire et à répéter de nombreuses fois chaque syllabes, chaque mots, jusqu'à en faire des phrases que son cerveau acceptait de comprendre.

Sa liberté d'action était vaste, mais il avait affaire à des mages. Sa prudence avait rejeté tous les moyens les plus simples car il voulait exclure que l'on puisse remonter à lui par des moyens occultes. Quant à escalader les murailles de la guilde ou user d'illusion sur ses Magelames, il n'était pas assez bête pour s'y risquer. Mais comme toutes les forteresses trop bien gardées mais densément peuplées, on pouvait s'y déplacer aisément une fois les barrières extérieures franchies. Une solution lui vint logiquement : un tel bastion devant forcement avoir des puits, et ces derniers devaient communiquer avec le lac.

Vinrent ensuite quatre journées de reconnaissance, d'observation, de prise de renseignements et de collecte d'ingrédients, avant d'élaborer soigneusement ses potions alchimiques. Il les avait cachetées ce matin tard dans la nuit, mais avait ensuite passé la majeure partie de sa journée à dormir…

Son museau buta sur la paroi. Un coude ! Pourvu que la Sève le soutienne encore assez pour passer l'obstacle, car l'idée de pourrir dans un boyau, sous terre et ignoré de tous, ne l'enchantait guère. Sa tête bascula encore plus en arrière pour épouser l'angle du tuyau. Ses vertèbres glissèrent sur leur disque à faire frémir un contorsionniste, ses côtes s'écrasèrent encore plus, flexibles comme le cartilage de l'oreille, ses os se déboîtèrent de leurs articulations. Lentement, très lentement, le reptile franchi l'improbable angle droit.

Si le tuyau concédait maintenant une rectitude probablement d'origine magique, la forte déclivité ne rendait pas moins la reptation harassante, et faire circuler assez d'eau dans les branchies pour s'oxygéner demandait une coordination complexe. Mais une vague clarté finit par apparaître au loin. Le boyau déboucha sur un puits de presque deux verges de large. Un océan aux yeux de notre reptile.

Il se déplia doucement, muscle par muscle, une articulation après l'autre. Il aura probablement des courbatures pendant une semaine mais il éprouvait une joie simple d'avoir survécu à l'épreuve. Il nagea vers la surface. Une bonne perche plus haut, la lumière du jour déclinant découpait la margelle du puits. Il planta trois dagues dans les jointures des moellons, pris appuis sur les gardes des deux premières et attacha son sac à la troisième…

D'abords avaler une potion de pépize verte à la pastèque pour récupérer un peu physiquement, puis une décoction de jacinthe d'eau et de chapeau de carpophore pour compenser le massif appel à la Sève. Se sécher et enfiler l'ample brocart de soie verte broché de vagues d'argents. Le miroir pour vérifier si son maquillage d'ocre et d'émeraude n'a pas trop souffert… De puissantes marques de personnalité, et avec sa toque de crête, bien malin sera celui qui pourrait reconnaître Danse-Mot le trouvère. Enfin le plus important, l'exsudat de graisse de Troll à l'essence de bile de Lutin, filtre d'amour bien connu mais surtout un redoutable catalyseur de charisme, afin de jouer correctement son rôle, impressionner plus facilement ces mages et, détail important, altérer significativement son aura.

Les derniers rayons de soleil dirent adieu à Tamriel. L'Argonien se hissa jusqu'au bord du puits, vérifia avec son miroir que la voie était libre et prit pied dans la guilde des mages. Trouver un novice… Il prit son air le plus majestueux et se dirigea droit vers une jeune dunmer.

- Bonsoir, je suis Bouge-la-Main, maître ès illusion de la guilde de Leyawiin. Veuillez donc me quérir un Khajiit du nom d'Aradon. Il doit probablement se trouver dans les quartiers des hôtes extérieurs.

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 22:46.


#38 Ryukan

Ryukan

Posté 30 décembre 2008 - 21:23

La discussion paraissait toujours interminables aux oreilles allongées de Sylph . Celui-ci avait déjà décroché de cette réunion qui l'intéressait que trop peu pour se perdre une fois de plus dans ses pensées .
Il écoutait d'une oreille distraite ce que les mages annonçaient, parlant de sceptre, de Sh'éam, et d'autres choses diverses, mais pour le moins importantes, qui pourtant n'intéressaient toujours pas l'elfe noir .

Enfin, ayant terminé son discours, l'elfe guérisseur entendu alors l'archimage parler de "formation", et d'autres choses.
"S'ils croient que je vais accepter de me faire instruire par cette université de formatage, et ben, ils sont bien dupes pour des clairvoyants !" se dit Sylph .

"-Merci de votre propostion, annonça l'elfe, je dois cependant vous avouer que je ne suis pas le moins du monde séduit par une quelconque envie de travailler avec vous, vous devez savoir que j'ai déjà refusé d'entrer dans la guilde suite à la proposition d'un de vos camarade mage . C'est pourquoi je vais plutôt vous laisser et me retirer, pour aller travailler mon art .... en solitaire, comme à mon habitude ." conclut l'elfe noir, avec un ton pour le moins sec et froid, qui ne lui était pas familier, mais celui-ci nourrissait un profond dégout pour la guilde des mages, il pensait que la magie était un art noble, qui ne pouvait être appris correctement que par un exil dans la nature pour mieux comprend le fonctionnement du monde et en desceller les moindres facettes .

Ignorant l'air outré, indigné ou impassible des mages, il prit congé d'eux, sans même se retourner, et se dirigea vers la sortie de la pièce .
L'elfe repensa au début de la réunion, puis au silence incompréhensible qui avait régner pendant, lui semblait t'il, plusieurs vies, il remarqua alors que ce "congres" avait été vraiment interminable .

Il arriva dans le hall où il aperçut quelques jeunes étudiants en magie, en retard, complètement submergés de livres, en train de marmonner des jurons bas à propos de tel professeurs ou de telle chose qui lui avait déplu ou lui avait valu un devoir supplémentaire, d'autres encore se dirigeaient vers leurs chambres, en se plaignant à propos de la "montagne de devoirs que les attendait une fois chez eux" et du fait qu'ils "ne survivraient pas à autant de travail" .
Sylph se dit que finalement, il préférait largement l'initiation à la magie en pleine nature dont il avait bénéficié, au cœur de Solstheim, bien qu'elle eût lieu dans des conditions extrêmes, elle lui avait permis d'être en total communion avec cette terre, et lui avait appris à parfaitement la comprendre et agir selon ses désirs.

Il quitta le hall, et quand il atteignit l'extérieur, un Soleil plus que lumineux l'éblouit alors . Ce Soleil n'étant autre qu'une sorte de grande lentille, probablement pour les appareils très ingénieux et particulièrement imposants que possédait la guilde pour l'astronomie, qui reflétait la lumière du Soleil et éblouissait le guérisseur .
Bien qu'il n'appréciait guère la guilde des mages, Sylph dût tout de même admettre que l'Université Arcane possédait un certain charme : des jardins verdoyants, une architecture originale, de beaux parcs, le lieu était attachant .

Il partit de l'Université et se dirigea alors vers une étendue de verdure qui bordait une rivière autour de la cité impériale, dans l'herbe de laquelle il s'allongea nonchalamment .

#39 Arkan Lord

Arkan Lord

Posté 01 janvier 2009 - 22:41

La réunion s'étant achevée, Aradon serra la  main d'un mage âgé en robe bleue qui le gratifia d'un sourire révélant ses  dents blanche comme la craie. Sans trop s'attarder il s'éclipsa et rejoignit le  hall pour se poser et se dérouler les évènements récents. Suite à son échec à  Bravil il avait du retourner à la Cité Impériale pour transmettre son rapport.  Ayant perdu sa monture et la route étant longue et dangereuse pour un simple  voleur, il s'était trouvé un groupe qui se trouvait être en fait une troupe de  valeureux héros. Arrivé à destination il n'était pas allé au point de  rendez-vous car, épris de curiosité, il avait suivi ce groupe jusqu'au congrès  dans la Tour des Arcanes où il avait collecté des informations intéressantes à  propos d'un sceptre qui intéressait la guilde des voleurs. Il avait décidé  d'enquêter sur ce sceptre puisqu'il s'était introduit dans le groupe.

      Aradon savait qu'il avait du temps avant que  le groupe ne remette en marche et décida donc de rencontrer Armand Christophe  pour lui rendre son rapport. Sortant du hall, il arriva sur la grande place. En jetant un coup d'œil sur la tour il cracha au sol.  ~Maudit soit ces mages~ pensa-t-il. Il était libre pour quelque  temps du fait qu'Armand se montre seulement lorsque la nuit recouvre la  ville de son profond voile d'ombre. Il décida donc de premièrement se  rééquiper.
    
      Marchant dans le quartier marchand depuis un  bon quart d'heure il finit par apercevoir un panneau représentant une enclume.  Le rythme du marteau frappant le fer lui comfirma qu'il s'agissait bien d'une forge. En passant le seuil de la  porte un tintement de cloche retentit.
    
    -           Bonjour,  que puis-je faire pour vous ? demanda le jeune homme derrière le comptoire, sûrement apprenti.
    -           Mhh  bonjour, répondit-il trop occupé à regarder une magnifique dague accrochée au  mur.
    -           Monsieur ?
  
    Il sortit une dague de verre  sous sa robe sombre et la tendis à contre cœur à l'apprenti qui le regardais d'un  air étrange. Pourquoi ce khajiit gardait-il sa capuche sur lui ? Il  commençait à avoir des doutes sur l'identité de l'inconnu.
    
    -           Attendez,  laissez-moi voir cela…
    
    Il prit la dague et la regarda  à la lueur des flammes. Aradon grimaça. Il n'aimait pas qu'on touche à la dague  de son maître mais il l'avait fissurée lors d'un combat contre un ours sur la  route vers Bravil. Il caressa son épaule, ce qui lui arracha un crissement de  douleur.
    
    -           Etrange…  Pöpi viens là s'il-te-plait.
    
    Un vieil homme assez petit  arriva un marteau à la main.
    
    -           Pöpi  j'arrive pas à forger cette dague, j'ai peur de la casser !
    
    Le maître forgeron observa  attentivement la dague. Ce fut interminable. On l'entendait pousser des  « Mhhh » et des « Hum » lorsqu'il finit par saisir son  lourd marteau et frappa avec force la dague ce qui  provoqua un grand bruit sourd. On voyait la surprise et la peur dans les yeux d'Aradon  qui en un éclair sauta sur le comptoir et posa sur le cou du maître la lame de son katar.  Etrange dague composée d'une poignée perpendiculaire à une longue lame ce qui donne  l'impression qu'elle sort directement du poing. Meründiil lui avait enseigné le  maniement de cette arme exotique. Le forgeron qui n'avait pas bronché d'un poil  lui montra que la dague qui aurait dû exploser n'affichait qu'une simple petite  fissure à l'endroit où le marteau avait frappé.
    
    -           Cette  dague est magnifique, sans aucun doute magique, annonça le vieil homme.
    
    L'apprenti louchait sur la  lame qui était passée devant son nez et frémissait de peur. Aradon la retira et  regardait la dague avec les pupilles dilatées, point caractéristique des  félins.
    
    -           Je  vous répare ça et je vous conseil d'aller voir le vieux mage au bout de la rue,  dites lui que c'est de la part d'Hérios. Ah et gamin, t'inquiète pas pour ça et  retourne travailler, je m'occupe du client.
    
    Puis il se retira dans sa  forge.

                          

                                                                                ***


Le forgeron sortit enfin de  son atelier et présenta la dague flambant neuve d'Aradon. Il le remercia et lui  remit avec regret quelques septims. Il suivit les conseils du vieil homme et  alla chercher le magasin de magie. Le crépuscule approchait. En entrant dans le  magasin il remarqua le désordre qui s'y présentait. De nombreux livres anciens  jonchaient le sol, des étagères portaient une multitude de fioles multicolores  renfermant des liquides douteux, un bureau recelait un tas de parchemin, une  plume et des ustensiles étranges. Au milieu de la pièce se trouvait un vieil  homme en robe violette, s'appuyant à un bâton d'ébène, qui semblait dormir  debout. La situation était trop tentante pour le khajiit qui aurait pu voler ce  qu'il lui plaisait. Mais rien de grande valeur ne se trouvait dans la pièce.
    
    -           Monsieur ?  demanda le khajiit pour s'assurer qu'il dormait, monsieur ? Hey !
    -           Aaaa…azuluzum !  Sursauta le mage qui disparu d'un coup.
    
    Ce fut le calme plat quand  soudain il aperçut un flash de lumière bleue sous une pile de livres.
    
    -           Grmlmhem…  qu'est-ce donc que ce boutoir, non de non ! dit une voix sous les livres.
    -           Monsieur  le mage ? C'est Hérios qui m'envoie.
    -           Ah  mon frère… pfff, encore en vie ? dit-il en se relevant.
    -           Mage  pouvez vous identifier cette dague ? répondit le khajiit qui ne voulait  pas perdre son temps avec ces pitreries.
    -           Oui,  oui, oui… deux minutes petit. Et appelles-moi Hélios.
    
    Aradon se senti vexé d'être  appelé ainsi alors qu'il mesurait deux tête de plus que le mage. Il lui tendit  la dague et le fixa du regard. Il ne fallait pas qu'il lui vienne l'idée de se  téléporter avec.
    
    -           Hum…
    -           Quoi  hum ?
    -           Mhhh…
    
    Il dut attendre une bonne  vingtaine de minutes avant qu'il daigne lui réponde. ~C'est génétique~  pensa-t-il.
    
- Bon elle a quoi à la fin cette dague?
- Quelque chose brouille ma vision...


Le mage se mit à fermer les yeux et à bredouiller des mots incompréhensibles. Quand il les rouvrits une lueure bleutée les masquaient et donnait au mage une allure démonique. Il regarda dans la salle puis se focalisa sur le khajiit.

- Avez-vous des objets magiques sur vous? demanda Hélios.
- Par Borthor le fourbe, Dieu que non!
- Laissez-moi un instant...


Encore une fois le mage incanta silencieusement dans une langue inconnue.

- Mhhhh un sort divinatoire...
- Pardon?
- Un sort d'observation longue distance.
- Sur moi ?! Et ça se dissipe?
- Il est très probable que ce soit par le biais d'un objets très puissant, comme une boule ou un mirroir. Donc à moin de détruire l'objet, je ne peut rien pour vous. Cela fera 200 septims
.
-           Quoi !  Mais vous ne m'avez presque rien révélé ! gronda Aradon.
    -           La  magie coûte cher, allez hop hop hop par ici la monnaie ou je vous pétrifie.
    
Les moustaches d'Aradon frémirent. Il abandonna son honneur et donna une grosse bourse à Hélios puis il sortit rageur en claquant la porte.

Il parcourait les rues, perdu dans ses pensées. Ainsi la guilde des mages le surveillait. Il n'était pas question de prendre contact avec la guilde. Il imagina plusieurs méthodes comme donner un parchemin à un mendiant mais il était possible qu'ils le voyent. Le crépuscule s'annonçait et le khajiitt commençait à avoir froid. La meillieur solution était sans doûte de continuer l'enquête. Il finit par se rendre à la Tour des Arcanes où il était logé et nourri pour attendre que le groupe soit pret.

Durant les quelques jours où il fut en compagnie de tout ces mages, il se familliarisa avec ce terrifiant mystère qu'était la magie. Il apprit qu'elle pouvait être bénéfique et  très variée. Il decouvrit en ouvrant un index où étaient répertoriés les sortilèges d'un mage au nom imprononçable  que cela pouvait aller du "Arrache-dents" à la " Zoomorphie". Il fut tiré de sa lecture par une jeune dunmer en robe.

- Monsieur Aradon? demanda-t-elle.
- Oui? répondit-il sèchement, interrompu dans sa lecture.
- Ah... Monsieur Bouge-la-Main vous demande à l'entrée. Son soupira révéla qu'elle le cherchait depuis longtemps.

Il la remercia et la congédia. Il fouilla sa mémoire mais il ne se souvenait pas d'un nom pareil. Intrigué il se dirigea donc vers l'entrée où se trouvais un Argonien portant un ample brocart de soie verte broché de vagues d'argents. Encore un mage...

- Monsieur Bouge-la-Main? Par quel augure venez-vous me déranger dans ma lecture?


Modifié par Arkan Lord, 10 janvier 2009 - 21:10.


#40 Ygonaar

Ygonaar

Posté 03 janvier 2009 - 18:04

  Exfiltration suicidaire


L'Argonien dut admettre qu'il s'amusait follement à interpréter Bouge-la-Main. Sa position sociale, ses puissantes tâches de personnalité et surtout l'effet du filtre de charisme lui donnaient un aval sur son entourage dont il avait rarement joui. Seule la prudence l'empêchait d'interpeller tous les étudiants qui le croisaient pour leur donner de fantasques consignes. Il serait tout même dommage de se faire repérer maintenant, après tant d'effort ! Un Khajiit correspondant à la vague description qu'on lui avait fournit vint enfin l'aborder.

- Monsieur Bouge-la-Main ? Par quel augure venez-vous me déranger dans ma lecture ?
- Magistère Bouge-la-Main… répondit le reptile en se drapant dans une dignité outragée. Suivez-moi, monsieur Aradon, je dois m'entretenir avec vous au sujet d'un point obscure dans l'épineuse question  qui vous conscerne, poursuivit-il sans même vérifier que son interlocuteur s'exécutait. Le nœud du problème vient du fait que vous êtes un Khajiit, comme vous l'avez sûrement constaté. Or vous devez savoir que l'ascendant lunaire possède une influence considérable sur les membres de votre race. Et lorsque ce produit une rarissime conjonction entre Masser et la lointaine Algool, alors que Secunda possède une inclinaison de trente sept virgule huit degrés zénithariens en direction du ponant, à la minuit plus trois dix-septième de cycle, il se produit une anomalie dans l'écoulement de mana, de vingt et un millispasmons de magnitude, comme vous l'avez probablement deviné... Excusez-moi, je dois me remettre mon baume car j'ai tendance à avoir les écailles qui ternissent à cause du froid, continua l'intarissable imposteur en s'admirant dans un petit miroir. Et de continuer derechef sans aucune considération pour le pauvre Aradon. Donc nous soupçonnons une malheureuse coïncidence entre votre nature et votre thème astral qui pourrait induire chez vous une sensibilité particulière à l'influence des catalyseurs tubulaires, tels les bâtons et baguettes de sorcellerie, bien sûr, mais également les ouvrages d'art en pierres monumentales, comme les tours que les Ayelides avaient coutumes d'ériger dès l'an deux cent vingt-sept de la première ère, si l'on peut en croire les dernières conclusions de la Société Historique Argonienne, dont je suis les travaux avec la dernière attention comme vous devez bien vous en douter. Cette sensibilité présomptive pouvant induire toutes les conséquences fâcheuses que vous devinez aisément, il a donc été jugé utile de vous emmener dans un lieu convenable, comme ici par exemple.

Danse-Mot n'a pas perdu son temps à traîner dans ces tavernes de l'Arboretum, songea-t-il. Outre d'intéressants renseignements, il y avait glané le vocabulaire nécessaire à cette logorrhée verbale en écoutant les élèves de l'université travailler leurs cours. Déluge de paroles qui lui avait permis d'aller jusqu'au fond du jardin, au pied de la muraille, en noyant suffisamment un éventuel guetteur pour qu'il ne détecte pas en lui, du moins l'espérait-il, un intrus de la dernière incompétence. Son miroir ne lui ayant révélé aucune subtile déformation caractéristique des sorts de caméléon, il estimait que leur conversation était maintenant réellement privée.

- Lieu adéquat, disais-je, à une conversation sérieuse. Reprit-il à voix basse. Je viens de la part… d'amis communs. Pour le prouver, je puis vous informer que vous n'avez plus à vous préoccuper d'Ongar. A vous maintenant de confirmer votre identité en m'en disant un peu plus sur ce dernier.

Visiblement satisfait par les réponses du Khajiit, le temporaire Bouge-la-Main enchaîna.

- Ces amis communs veulent s'entretenir avec vous, mais sans les encombrants cerbères qui s'attachent à votre personne. Une tâche difficile, car il est malaisé de tromper la vigilance de mages. Ils m'ont donc mandaté pour vous… extraire au moins temporairement à leur compagnie. Paradoxalement, c'est au sein même de l'université que la chose est la plus facile, car leurs murailles et protections diverses les dispensent de vous consacrer une épuisante surveillance. C'est d'ici que vous devez disparaître, en évitant tous procédés magiques qui sont leur spécialité. Voici ce que je vous propose…

Tous les trois jours, maître Garamblus et son fils fournissent à l'Université une cargaison de tonneaux et d'amphores d'huiles, vins et autres denrées, et repartent avec les contenants vides des précédentes livraisons. Ils déchargent généralement aux premières lueurs de l'aube dans la cour extérieure, et leurs va-et-vient laissent fréquemment le chariot sans surveillance. Demain matin, ils auront une caque surnuméraire, vide, qui ne quittera pas la charrette. Vous devrez-vous y introduire discrètement, je ne doute pas que vous soyez assez souple pour vous y trouver une position pas trop inconfortable. Vous devrez en revanche y boire assez rapidement cette potion, dit l'Argonien en remettant discrètement une flasque métallique au félin, sinon vous manquerez d'air. Il s'agit d'une lotion de Petite Mort, une recette secrète des Marais Noirs qui vous plongera dans un profond coma. Il y aura un rat dans la caque. Il ne devrait pas vous mordre si vous êtes doux avec lui. Sa présence masquera votre aura et votre énergie vitale qui ne tiendront qu'à un fil pendant votre coma. Vous n'aurez bien sûr aucune pensée décelable et votre odeur sera largement masquée par celle, résiduelle, des harengs saurs. La famille Garamblus ignorera son rôle dans l'affaire et, si vous ne pouvez compter sur leur coopération, ils ne pourront pas vous trahir. Il est donc fortement improbable que les Magelames de faction aient la moindre raison de fouiller votre cache, à condition que vous ne portiez rien de magique bien sûr. Je vous récupèrerais dans l'entrepôt des Garamblus, sur les quais, d'où nous disparaîtrons aisément jusqu'au point de rendez-vous. Cela vous convient-il ?  
    


Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 22:52.


#41 Arkan Lord

Arkan Lord

Posté 03 janvier 2009 - 23:25

Aradon paniquait. L'humidité, l'obscurité, les courbatures augmentaient le sentiment de doute qui l'emplissait. Une multitude de sentiments contradictoires traversaient son esprit. Il ressassa dans son cerveau les évènements récents.

  En d'autre termes il n'aurait pas écouté de tels propos, mais l'inconnu qui s'adressait à lui émanait une sorte de charisme qui convaincu le khajiit. Il passa une longue nuit en pensant à cette potion qu'il lui avait remit. Sept heures. La charrette de maître Garamblus était sur la place, éclairée par les premiers rayons du soleil. Le fils se trouvait à côté des barils attendant la permission de son père qui discutait avec un homme en robe qui  regardait le chargement avec intérêt en hochant la tête de temps à autres. L'homme fit un signe de main et le garçon chargea un tonneau. Petit à petit, sous la surveillance du sorcier, la cargaison diminuait. Un mage encapuchonné s'approcha  et proposa son aide au maître. Les trois personnes faisaient des allées et venues entre la charrette et l'entrée.

  -          Voilà tout est là, dit maître Garamblus.
  -          Et le tonneau là-bas ? demanda le premier magicien.
  -          Ah, je m'étais trompé en le prenant. Il est vide.
  -          Père, sommes-nous prêt à partir ?
dit l'enfant devant la charrette.
  -          Un instant.


  Le mage lui remit une grosse bourse et le salua. Garamblus scruta les environs, deux pièces à la main, cherchant l'homme qui les avait aidés.

  -          Etrange… j'aurais aimé le remercier.
  -          Père !

  Le bruit des roues sur la terre, des éclats de voix, les couinements du rat, la faune locale ; le tout entremêlé résonnait dans le baril, puis… plus rien. Tout s'interrompit. Le sommeil s'appropriait petit à petit la conscience d'Aradon qui plongea dans les abysses.

Modifié par Arkan Lord, 03 janvier 2009 - 23:26.


#42 Ygonaar

Ygonaar

Posté 04 janvier 2009 - 20:54

Et sans cire s’il vous plait !




L’Argonien fit la mise au point de sa lunette. La coupable caque était bien sous la charrette, sous le fourbi de caisses et barriques vides que maître Garamblus ramenait à son entrepôt. Le plan avait donc probablement réussi… Un plan dont il était fier, mais qui lui avait demandé beaucoup de travail et qui n’en conservait pas moins de nombreuses étapes incertaines. La lassitude commençait à le gagner… Allons, c’était la dernière ligne droite !Malgré sa grimace, le Khajiit avait accepté sa proposition sans discuter. Il avait bien eu du mal avec l’idée de lui donner un de ses sous-vêtements, afin que Sire Maroilles s’habitue à son odeur, mais avait été sur le point de faire un tollé lorsqu’il apprit le projet de diversion qu’envisageait le reptile. Ce n’était pas tant lui céder quelques lambeaux de vêtement qui le dérangeait, mais surtout l’idée de s’arracher une grosse touffe de poil, avec les racines si possible. Pourtant, Bouge-la-Main lui avait demandé cela en montrant largement ses dents.

Notre stratège avait dû sortir de l’Université par la voie même qui lui avait permis d’entrer. Il en gardait de douloureuses courbatures et avait épuisé son stock de potions de régénération de mana et de fatigue. Il lui avait fallu encore semer quelques poils aux buissons, imiter les traces d’une barque dans le sable, nager plein est en évitant les patrouilles jusqu’au couralin préalablement caché dans des buissons, semer d’autre discrets indices afin de laisser à penser qu’Aradon avait pris la route vers Leyawiin. Si la novice qui l’avait aidé se rappelait que le magistère Bouge-la-Main se prétendait de cette cité, il y avait peut-être matière à faire perdre pas mal de temps aux mages. Voir, espérait-il, à ce qu’ils ne découvrent jamais la vérité…

Le reptile aquatique avait ensuite regagné son repère en longeant le fond du lac pour y dormir deux trop courtes heures. Il lui avait fallut impressionner Sire Maroilles pour qu’il tolère l’odeur du Khajiit, puis la famille Garamblus pour qu’ils ignorent la caque. Et enfin la longue attente avant de savoir si tous ses efforts n’avaient pas été vains…

Les négociants étaient enfin partis déjeuner. Et le molosse colovien contemplait toujours béatement sa queue, encore sous l’effet de la saucisse au skouma. L’Argonien espérait que le gardien d’entrepôt ne se transformerait pas en fauve sanguinaire lorsque le manque se ferait ressentir. D’autant plus que les Garamblus avaient fort obligeamment remplis le rôle qu’il leur avait assigné. Il finit par se décider à l’attacher, tant pis pour la logique. La caque était toujours sur la charrette, de nouveau délaissée comme il l’avait prévu.

Sitôt ouverte, Sire Maroilles se précipita dans sa manche. Il devait être fort aise de fuir l’obsédante odeur du félin. Qui de plus avait le toupet de prendre toute la place, replié comme il était dans l’étroite caisse. Après l’en avoir extirpé comme il le pouvait, le voleur postulant ressentit un vif soulagement en constatant que le corps qu’il examinait était encore en vie. Il ne s’était pas attardé sur le sujet mais plonger dans un coma si profond un individu dont on ne connaissait pas la masse exacte, sans parler de sa sensibilité aux drogues, était toujours un pari risqué. Vite, l’antidote…

Aradon avait un terrible mal de tête. Il prit progressivement conscience qu’on lui étirait les paupières afin d’examiner son œil. Un Argonien aux écailles noires, si ce n’est quelques tâches rougeâtres sur les tempes, et vêtu comme un portefaix. L’inconnu se mit à lui masser les membres qui, à la réflexion, semblaient bien être en tétanie totale.

- Je m’appelle Charbon-Agile, et je suis chargé de vous mener vers un point de rendez-vous. Je pense que tous ceux que vous connaissez doivent être temporairement délaissés, au cas où les mages aient fouillés dans vos souvenirs… Oui, je sais que vous passez un sale moment mais vous devriez pouvoir marcher d’ici dix minutes. Contentez-vous de mordre ce bout de bois pendant que je nettoie et range la caque à sa place légitime…

- Vous semblez commencer à aller mieux, vous vous sentez d’attaque pour crocheter la porte de l’entrepôt ?

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 22:57.


#43 Trias

Trias

Posté 04 janvier 2009 - 21:30

Cours aéré




Les premières lueurs de l’aube se levaient sur la cité arcane. Sur les collines attenantes, régnait une brume matinale plus opaque encore qu’un traité d’alchimie. Entre deux de ces modestes anticlinaux, sur une petite crique donnant sur le lac Rumare, un petit groupe d’apprentis en robes vertes luttait contre le froid.

« Je crois qu’on peut le dire, on se les pèle » lança une dunmer courte et menue du nom d’Ulvasa Drorulu. Elle cessa de jouer avec ses nattes de cheveux blancs crayeux pour frotter ses mains l’une contre l’autre.
— On se les pèlait aussi dans les salles de l’univ’, pour autant qu’je m’souvienne, releva Maelicia, tout en observant le petit nuage de vapeur créé par ses paroles. La petite taille d’Ulvasa l’avait immédiatement rapprochée de la bretonne, de sorte qu’elles étaient devenues amies.
— Oui.... mais, là, c’est différent... il y a de l’eau gelée... l'eau ne gelait pas en Morrowind.
— T’as l’estomac vide, c’est ça ? redemanda Maelicia, un sourire en coin.
— Alors, les filles, ça boume ? demanda un jeune breton dégingandé aux yeux vert espiègles et au teint blanc efféminé, s’invitant sans manières dans la conversation.
Il s’appelait Combe. L’étudiante, plutôt réservée, ne l’appréciait pas particulièrement. Il reprit :
Sacré endroit pour un cours, non ? On dit qu’le prof est sourd et timbré, vous savez ?
— Timbré, peut-être, jeune coq, mais pas assez complètement sourd pour ne pas vous entendre, fit une voix sonore et méridionale, provenant de son dos.

Les cinq apprentis firent immédiatement volte face pour saluer l’enseignant, qui descendait tranquillement le chemin dessiné à travers les hautes herbes pour rejoindre la plage. Il s’agissait du mage que Maelicia avait aperçu lors du conseil : la soixantaine bien frappée du haut de son bouc et de sa moustache blanche, toujours revêtu de son ample robe bleue à capuchon. Il parcourut sans se presser les quelques mètres qui le séparaient des étudiants.

— Tout d’abord, présentons nous, continua-t’il. Je me nomme Aragir Dreslobet, chef du pôle mysticisme, et c’est moi qui suis chargé de former les futurs compagnons en mysticisme. Vous vous demandez sans doute pourquoi ce lieu découvert. La raison en est simple : le mysticisme ne s’apprend pas dans les livres. Comme toutes autre école, c’est un art qui se pratique.  Et la leçon du jour porte sur le renvoi de sorts.  

— Dis-moi, polisson, quel est ton nom ? demanda-t’il soudain à l’étudiant moqueur, en s’écartant un peu du groupe.
— Combe, monsieur. Hector Combe, répondit l’apprenti, pris de court.
— Cher Hector Combe, savez vous renvoyer un sort ?
— Oui monsieur.
— Faites nous une démonstration, je vous prie.

Il lui désigna du doigt un emplacement distant d’une douzaine de mètres, puis attendit qu’il fasse mine d’être prêt pour ouvrir le poing d’un geste distrait. La libération d’énergie télékinétique qui s’ensuivit fut tellement soudaine que l’étudiant ne put même pas esquisser un geste, s’envolant déjà sur quelques pieds. C’est à cet instant que Maelicia comprit pourquoi Dreslobet les avait emmenés à la plage : Combe retomba lourdement au sol, mais au lieu d’essuyer durement le choc il s’enfonça dans le sable meuble, dans une petite volute de poussière. Lorsqu’il se releva, sa mine était passablement déconfite. Les autres élèves étaient bouche-bée.

— Remarquable atterrissage, observa le professeur, sarcastique. Mademoiselle Marsoric, veuillez prendre sa place s’il vous plait.

Maelicia s’exécuta avec une certaine appréhension, ce qui se traduisait en général par un teint pivoine des pommettes. Et comme elle craignait que ce soit visible, son stress augmenta encore d’un cran.

— Prête, primprenelle ?
— Euh... on va dire.
— Bien.

Avec un bruit électrique, le vieux mage fit surgir une étincelle de la taille d’une épingle au creux de sa main. Puis, soufflant délicatement dessus, il la propulsa vers Maelicia avec une lenteur étudiée.

La bretonne, qui n’en était pas à son coup d’essai, renvoya le sort d’un geste machinal du bras. L’étincelle oscilla, mais dévia en vrille sur le groupe d’apprentis, bien malgré Maelicia.

— Faux ! intervint le professeur, et l’étincelle parut soudain rebondir sur un axe invisible, filant de nouveau vers sa destination d’origine. Laquelle destination accueillit la décharge avec un tressaillement désagréable doublé d’un pitoyable « ouille ».

— Faux, mademoiselle Marsoric, répéta Aragir en regroupant les élèves, j’ai demandé de renvoyer le sort, et non de le dévier. Vous faites la même erreur que la plupart des mages : on ne veut pas changer la direction du sortilège, on veut l’inverser. C’est toute la différence entre mysticisme et altération, vous ne devez pas ‘changer’ la direction du sort, parce que votre volonté percuterait l’impulsion mentale qui l’anime. Ses arcanes s’entrechoqueraient, la direction finale serait aléatoire et son ‘formant’ global affaibli. Non, ce qui vous devez faire, c’est créer un plan de symétrie. Le théorème du miroir à symétrie spirituelle de Lavoisin... cela vous dit quelque chose, n’est-ce pas ? Vous devez inverser l’impulsion, sans toucher aux arcanes, ainsi le formant restera inchangé. On recommence.

Et ils recommencèrent tous pendant deux bonnes heures. Au final, ils étaient fourbus, et avaient la douloureuse conscience des longs paragraphes de mysticisme qu’ils allaient devoir relire pour demain. Ulvasa, qui s’était montrée plus douée que Maelicia, entreprit de rompre le silence :

— Au fait, ton copain tigré, tu sais qu’il s’est fait un pote maître mage ?
— Mon ami.... euh... Aradon ?
— Oui, maître Bouge-la-main m’a demandé de le retrouver hier soir.

Il y eut un répit, puis Maelicia commença à sourire.
— Oui, je sais, c’est un nom ridicule, concéda Ulvasa, mais n’empêche ça n’arrive pas tous les jours qu’un argonien fraternise avec un Khajitt ! Peut-être qu’ils ont été esclaves ensembles ?
— Ouais, c’est bizarre, confirma Maelicia en fronçant ses sourcils cuivrés derrière ses lunettes. J’savais pas qu’Aradon connaissait des gens sur l’univ...
— Pas n’importe quels gens ! Maître "Bouge-la-main", frère de "Lève-le-pied" et de "Tourne-L’Oeil" !

La bretonne se dérida complètement et les deux amies échangèrent quelques éclats de rire. Elles décidèrent d’aller retrouver le vieux Nestor pour voir s’il y avait d’autres illusionnistes argoniens aux noms bizarres, puis d’aller asticoter Aradon lui même à propos de son nouvel ami.




ж ж ж
Sous la ceinture





Confortablement affalé au fond de son siège, Voironus, mage de son état, exerçait ses fonctions de Délégué aux Affaires Notoires Divinatoires Internes (ou D.A.N.D.I). En d’autres mots, le DANDI de la guilde des mages passait ses journées à scruter la quarantaine de boules de cristal alignées sur les murs de la salle de surveillance, chacune étant consacrée à la surveillance d’une individualité liée aux intérêts de la guilde.

Mais, en cette morne matinée d’hiver, Voironus avait rendu sa tâche notablement plus divertissante.
— Qu’est ce que c’est ? lui demanda Deuton, en observant la sphère de cristal supplémentaire scrutée par son collège.
— Ce sont les aventures d’Emma Nuelle la bretonne, expliqua Voironus. J’ai relié la sphère au planétaire. On capte Cyrodiil 2 et Empire 5.
— Whouaaa, pour des aventures, c’est aventureux, confirma Deuton en sifflant d’admiration.
— Elle mène une vie de relations, abonda son collègue.
— Elle semble très à cheval sur ses... principes.
— On peut la dire collet montée, je crois.
— Et ils passent ça à toute heure de la journée ?


Le tintement de talons féminins se réverbérant sur la roche se fit soudain entendre dans le couloir voisin.
— C’est Caranya ! Eteinds moi ça tout de suite ! s’exclama Deuton.
— C’est fait.
— Regarde ! La pierre du khajitt ne fonctionne plus !

Voironus avisa la sphère divinatoire et ne put que se rendre à l’évidence : la pierre chargée de surveiller l’homme bête était devenue d’un beau et désespérant noir uni. Derrière eux, les pas se rapprochaient.
— Elle arrive !

L’impérial, pris de cours, opta pour la dissimulation : il se plaça devant la pierre défaillante, et s’arma de son plus beau sourire. Juste à temps : la maîtresse mage entrait, avec le Portier Nestor et  deux apprenties sur les talons.

— Bonjour, commença Caranya d’un ton sec. Apprenties, voici les DANDI de la guilde. Magicien, avez vous des anomalies à signaler ?
— Euh.... *Voironus se racla la gorge* aucune, magister.
— Nous avons sollicité la surveillance d’un khajitt du nom d’Aradon. Où se trouve-t’il actuellement ?
— Euh... *ahem* ...il se trouve que sa pierre est défectueuse actuellement.
— Défectueuse ? la voix de l’aldmer charriait des glaçons.
— Euh... le mage sentait le regard de la magister s'appesantir sur lui. Ben voyez, on n’a plus l’image...

Le délégué montra l’objet de la main, puis entreprit de raser les murs le plus discrètement possible. Caranya s’approcha de la pierre, la saisit et l’ôta de son socle. Elle l’examina quelques instants, puis déclara :
« Cette sphère d’observation n’est pas défectueuse, délégué. Le khajitt se trouve au fond d’une cave non éclairée : je vois un rat à son côté. »

Puis, se tournant vers Maelicia et Ulvasa :

— Je vous informe à regrets que nous surveillons votre... compagnon depuis quelques temps. Notre sphère d’observation capte les images en provenance de son environnement immédiat, grâce à l’empreinte d’un objet dont nous savons qu’il ne s’est jamais séparé jusque là et que nous avons enchanté
— Quel objet ? demanda l’étudiante, intriguée.
— Son pantalon noir. Nous l'avons désodorisé pendant son sommeil.

L’aldmer retourna la sphère et en retira un minuscule cube d’acier qu’elle relia à une chaîne et laissa pendre dans les airs. Le cube pointa vers le Sud-ouest.

« Suivez le pendule, ordonna-t’elle, il vous mènera au khajitt. Ou à son pantalon. »

Modifié par Trias, 04 janvier 2009 - 21:59.


#44 Arkan Lord

Arkan Lord

Posté 05 janvier 2009 - 23:24

Le goût du vieux bout de bois et la masse de résidus dans sa bouche le fit frémir de dégoût. Aradon le cracha vivement et tenta de se mettre en position assise. Il regarda son environnement mais tout était encore flou. Il lui semblait qu'un gnome piochait dans sa tête. Les évènements récents ne lui revenaient pas. En forçant ses articulations douloureuses à se mouvoir, il perdit l'équilibre, roula sur le coté et dégurgita. Une toux grasse se fit entendre. Il retira lentement sa robe de mage et finit par s'essuyer la bouche. Voyant qu'il reprenait peu à peu ses sens il demanda à l'argonien qui se trouvait à côté de lui de l'aider à se relever. Il fallut dix bonnes minutes au voleur pour retrouver ses capacités.
L'argonien lui montra une porte située au fond de l'entrepôt, visiblement fermée. Un gros molosse colovien affichant un air étrange l'observait.
Le khajiit regarda sa "prison" de bois et grimaça. Il voulait les assaillir de questions mais il était comme en stase.
Ayant terminé sa scéance d'étirement, Aradon sortit un crochet attaché à sa ceinture et se dirigea vers la porte. Il observa la serrure, pas trop compliquée. Enfin, il insera le crochet et débuta les tests. Un exercice facile en temps normal mais, prit de vertiges, le fer claqua et le crochet se brisa, coincé. Il fallut son compagnon une patience à toutes épreuves car le khajiit mit un temps fou pour sortir le bout de crochet. Après de longues minutes, un déclic retentit. "Eh voilà" annonça-t-il d'un ton un peu faible.

Modifié par Arkan Lord, 07 janvier 2009 - 18:58.


#45 Ygonaar

Ygonaar

Posté 06 janvier 2009 - 11:46

  Le plan B


Même s’il n’en extériorisait rien, l’Argonien observait Aradon avec inquiétude. Ce dernier semblait avoir du mal à récupérer, bien que l’antidote était visiblement efficace. Il faudra songer à ajuster le dosage de la drogue pour les Khajiits… En tous cas, il mettait tant de temps à crocheter la serrure qu’il était illusoire d’envisager qu’il puisse la refermer dans la rue sans attirer l’attention des quidams. Il fallait ajuster le plan…

Alors que le convalescent voleur s’échinait à retirer les fragments du crochet, Charbon-Agile se mit à farfouiller dans l’entrepôt. Il y dénicha une vielle blouse de jute, une amphore de vin de palme, une barre d’attache pour charrette, et une bâche. Il força ensuite trois coffres à grand coup de barre d’amarrage, préalablement enroulée dans la bâche afin d’atténuer le bruit, chercha divers petits objets semi-précieux, mit un peu de désordre… Voilà, ça lui semblait correspondre à un cambriolage bâclé, interrompu à la va-vite. Et ça expliquera pourquoi le chien est attaché, la porte de l’entrepôt ouverte et le vomi. En espérant que les mages n’en entendent pas parler trop vite, ou ne fassent pas le rapprochement. Ah oui! Ne pas laisser traîner la robe de mage "empruntée" par Aradon.

Il demanda ensuite au félin d’enfiler la poussiéreuse défroque et l’aspergea copieusement de vin de palme.
- Vous ferez comme cela un parfait manœuvre ayant abusé de boisson pendant son déjeuner. Cela expliquera votre démarche hésitante et se mariera au mieux avec votre odeur d’hareng saur. Un petit plus pour éloigner la garde, au besoin. Prenez-en une ou deux gorgées, pour l’haleine, mais ne l’avalez surtout pas, tout alcool vous est fortement déconseillé pendant au moins deux jours après le traitement que vous avez subit.

Une fois qu’Aradon eut terminé son délicat ouvrage, l’Argonien entrouvrit la porte et vérifia que la voie était libre avec son miroir.

- Filons, les Garamblus ne devraient pas tarder à revenir. Nous allons faire quelques détours avant d’aller à la planque histoire de vérifier qu’aucun ne béjaune nous colle au train.

Soutenant le Khajiit, il l’entraîna dans les sordides venelles du quartier pauvre.

    


Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:02.


#46 Trias

Trias

Posté 10 janvier 2009 - 18:30

Couverture




Au sein des ruelles sombres et humides, glissant sur des pavés luisant sous les rares torches des passants, deux silhouettes menues se hâtaient. La première, bien droite dans la nuit, avait revêtu une longue houppelande sombre pour dissimuler les quelques armes et protections de chitine qu'elle avait jugé utile d'emmener. A ses yeux sanguins, on aurait reconnu Ulvasa.

Maelicia, elle, s'était contentée d'enfiler sa pèlerine, dite de la Niben, par dessus sa robe d'apprentie. L'étudiante espérait sincèrement que la cape était dotée des vertus qu'on lui prêtait. Protégée des assauts du froid par ses gants de mailles, don de Raminus, elle surveillait avec attention la direction du pendule enchanté, oscillant sous ses doigts.

— Il tourne encore, fit-elle observer à mi voix. Ça commence vraiment à devenir louche, tout ça.
— Le khajitt essaye sans doute encore de nous semer, en déduisit Ulvasa, on tourne en rond depuis des heures dans ce ghetto de mendiants ! Sale fils de chienne d'animal !
Techniquement, en fait, ce serait plutôt un chat, corrigea Maelicia.
— Qui joue la souris, dans ce cas ? rétorqua la dunmer, et il n'y fut pas répondu.

Elles marchèrent encore pendant quelques minutes. L'écho de leurs pas leur paraissait assourdissant, et chacune des formes informes qui se confondaient dans la nuit leur semblait être animée de sombres intentions.

—  Je pense qu'on doit être tout près, murmura enfin la bretonne avec un regard entendu : si on était loin, le pendule pourrait pas changer de direction si rapidement. Son expression changea : j'suis pas très rassurée, Ulvasa...
— Peuh, cracha l'elfe noire. Les femmes des hommes sont vraiment des chiffes molles ! Tiens, c'est moi qui vais prendre le pendule. On verra bien ce qu'on verra.

Maelicia la laissa faire sans se faire prier. Puis après quelques instants de réflexion, elle arrêta son amie.
— Ecoute Ulvasa, j'suis pas sûre que ce coin mal famé ait été choisi pour ses qualités touristiques. J'vais m'mettre invisible : si quelqu'un roule des mécaniques de trop près, j'pourrais l'avoir par surprise. O.K ?
— Et pourquoi ce n'est pas moi que tu rendrais invisible, hein ? lui lança l'elfe noire avec un sourire en biais. C'est bon, Maelicia, finit-elle par acquiescer, mais ne t'avise pas de fuir ou je te fais rôtir comme un hérétique à Vivec.

Deux ou trois ratages d'incantation après, une seule et unique silhouette descendait désormais dans les rues du quartier pauvre.

Modifié par Trias, 10 janvier 2009 - 23:49.


#47 Ygonaar

Ygonaar

Posté 11 janvier 2009 - 21:49

  Le plan Ω

L’Argonien détestait ce qu’il voyait dans sa lunette. La faible lueur de lampe à huile filtrant à travers une vitre en basane huilée n’éclairait que faiblement la Dunmer, mais il avait vu ce visage la veille, et il reconnaissait cette démarche : la novice de l’Université des Arcannes. Et il ne voyait guère de raison justifiant sa présence si ce n’est de confondre l'imposteur Bouge-la-Main… Non seulement sa fausse piste avait fait long feu, mais les mages n’étaient déjà qu’à deux ruelles d’Aradon et de surcroît sur ses propres traces. Un véritable fiasco ! Il avait eut tort de se fier à l’enseignement de sa mère, la Guilde disposait visiblement de méthodes qu’il n’imaginait même pas…

Mais pourquoi envoyer une novice seule ? Par arrogance, ou se serait-il complètement mépris sur son âge ? Et cette damoiselle ne serait-elle pas en train de s’adresser à quelqu’un présentement ? Un groupe d’intervention camouflé ou une forme de télépathie ? Et à quoi servait l’étrange bijou que l’elfe contemplait si souvent ? Il fallait en avoir le cœur net !

Rattrapant un Aradon maintenant tout à fait alerte, ils firent un large détour et revinrent sur leurs pas. Les mendiants furent des plus instructifs. Tad l’Aveugle était certain de n’avoir entendu que deux femmes, ce que Tremblote confirma en ajoutant la description d’une rousse péronnelle bretonne. Qui serait devenue invisible. D’une invisibilité n’ayant rien à voir avec celle que connaissait le reptile… Quelques drakes bien dépensés, la situation n’était pas forcément si catastrophique. Il fallait tenir un conseil de guerre avec le félin :

- Donc seuls deux jeunes mages nous suivraient a priori, mais il nous faut savoir si elles en ont après vous, moi, ou tous les deux. Et surtout, par quel moyen elles nous traquent. Tout en espérant qu’elles ne nous tendent pas un piège à plusieurs niveaux, avec de puissants renforts derrière elles. La prise de risque est considérable mais c’est ça ou retourner de vous-même dans le giron de leur université, au grand mécontentement de nos amis et au risque pour vous de vous faire réellement enfermer.

Un bref instant pour vérifier que leurs poursuivantes étaient toujours hors de portée de vue (du moins pour la dunmer), avant de poursuivre.

- Voila ce que je vous propose. La cité étant bouclée, le Sang du Guar sera certainement bondé à cette heure. Nous y entrerons par la porte de l’impasse des Maraudeurs et vous ressortirez par la porte arrière qui donne sur le chemin des Petits Egouts. Vous vous cacherez là-bas et y attendrez mon signal. Un double cri de chouette. Hulotte la chouette, bien sûr, et non une pêcheuse de Cyrodiil. En cas de pépin, vous pourrez toujours piquer une tête dans le lac et tenter de rejoindre la planque par vos propres moyens.


Je resterai pour ma part dans le bouge. Si les pécores osent entrer malgré la clientèle, l’humaine devra certainement redevenir visible. Au pire, un trou dans la foule devrait me permettre de la localiser, tout en rendant ma propre identification des plus problématiques. Lorsqu’elles arriveront au niveau de l’escalier arrière, je neutralise la rouquine avec un dard paralysant et je fais causer l’autre pour savoir comment et pourquoi elles nous pistent.


- Je n’ai pas mieux pour l’instant. Vous avez des suggestions ? Et savez vous ce qu’elles vous veulent avec tant d’acharnement ?

Modifié par Ygonaar, 08 avril 2009 - 23:04.


#48 Arkan Lord

Arkan Lord

Posté 12 janvier 2009 - 21:30

- Je n’ai pas mieux pour l’instant. Vous avez des suggestions ? Et savez-vous ce qu’elles vous veulent avec tant d’acharnement ?

Une étincelle de lumière surgit dans son esprit. Une brétonne rousse… son équipière fixait un objet... Le mal de crâne d'Aradon le tira de ses pensées. Il opta pour la proposition de l'inconnu qui lui dictait depuis quelques temps la marche à suivre. Ayant récupéré de sa lucidité, il observa ses frusques et les arracha pour les jeter dans une vielle boite servant de poubelle à un mendiant. Le voyage dans la charrette n'a pas été des plus confortables, de plus que le khajiit avait tenu à garder son sac. Mais il ne regrettait rien à présent car il put sortir sa longue toge sombre avec capuche qu'il réservait aux sorties en public. La nuit avait envahie le ciel. Arrivés dans l’impasse des Maraudeurs l'argonien lui montra du doigt la porte du Sang du Guar, auberge faisant office de taverne d'où résonnait des éclats de voix, des bruits de verres accompagnés d'un son de guitare qui offraient au voleur un moment de nostalgie.

  Une femme trop maquillée les salua d'un air fallacieux en passant le seuil de la porte. C'était l'heure propice pour les occupants, presque tous ivres, de boire entre eux sans modération. La bâtisse se composait d'une multitude de tables en bois presque toutes occupées, d'un escalier conduisant à l'étage supérieur où se trouvaient les chambres et d'un grand comptoir derrière lequel se trouvait plus d'une centaine de bouteilles plus ou moins grandes, du simple quart au salomon, en passant par le jéroboam de trois litres et l'indémodable nabuchodonosaure. C'était le repaire de tout les buveurs du quartier, voir même de la cité, reconnu pour sa spécialité, l'ours à la bière. Son compagnon, ne pouvant pas lui parler directement, lui fit un geste de main en indiquant une porte derrière le comptoir. Se faufilant à travers la foule le khajiit atteignit le comptoir. Il appela vivement le tenancier du bar qui, trop occupé, lui fit perdre patience. Son plan de simuler une overdose de bière s'évanouit. Il observa un gros nordique assis à une table jouant au poker, portant des habits voyants et un bandeau noir sur l'œil droit. Il souriait à ses deux compagnons, sûrement parce qu’ils plumaient le pauvre bréton assis en face de lui. Plusieurs objets en tout genre étaient posés sur la table: peigne, bracelet, argent, dent en or... Aradon eut une idée. Il se précipita derrière un argonien observant la scène et le poussa de toutes ses forces sur la table. Le pauvre paysan, prit de surprise, chuta sur la table qui se brisa sous le regard noir des joueurs. Plusieurs jurons et menaces plus tard plus tard, une bataille générale éclata. Le voleur sourit  et se dirigea vers le comptoir quand soudain un poing percuta son visage, le faisant basculer. Il finit ramassé puis lancé par la foule. Il arracha un rictus et arriva avec peine jusqu'a la porte, hors du champ de vision du tenancier affolé. Il claqua vivement la porte arrière qui donnait sur le chemin des Petits Egouts et s'assit contre un mur avec un homme en coma élitique comme compagnie. Blottit dans sa toge, il soufflait sur ses mains pour les réchauffer. La fraicheur nocturne semblait transformer les minutes en heures. Attendre était la dernière chose qu'il lui restait à faire et il en profita pour se remémorer ses morceaux de souvenirs perdus.

#49 Daimyo Tai Shi

Daimyo Tai Shi

Posté 15 janvier 2009 - 17:55

Premier Cycle des Etudes Magiques, 1ère année (PCEM1)



Aewin saisit un tas de livres, qu'elle cala sous son coude, puis se dirigea prestement vers les escaliers. Posant son pied sur la première marche, elle grommela et retourna dans sa chambre récupérer une liasse de parchemins qu'elle avait oubliée. Après avoir descendu précautionneusement le colimaçon, chargée comme une mule, elle traversa le couloir d'un pas rapide en direction de la cour de l'Université. Le ciel était teinté des lueurs orangées du crépuscule, dernier vestige de la journée passée - une journée de travail comme toutes les autres depuis qu'elle était l'invitée des mages de la Cité Impériale.

Après avoir croisé et salué deux apprentis de la Guilde avec qui elle avait eu le temps de sympathiser, la jeune brétonne se dirigea vers la salle commune. Elle trouva une table libre près d'un âtre - dans lequel brûlait un grand feu - et y déposa son tout son barda, dans un bruit mat et un nuage de poussière. Elle s'installa dans un fauteuil et ouvrit l'un de ses volumineux ouvrages, le Tome de Bélarius, offert par Méravina à Bravil...

Comme le lui avait conseillé la Haute Mage, elle s'était entraînée à tisser sa sphère. La jeune magicienne avait beaucoup progressé depuis son arrivée à la Cité Impériale, et avait même réussi à plusieurs reprises à réaliser une sphère de pouvoir assez correcte. Il lui restait à travailler sa rapidité d'exécution et à apprendre à la maintenir sans se fatiguer, ce qui n'était pas une mince affaire... Ensuite, et seulement ensuite, elle pourrait se lancer dans l'apprentissage réel des rituels de Haute Magie... Elle déroula un parchemin sur son plan de travail, et analysa les notes qu'elle avait prises la dernière fois qu'elle avait réussi son entreprise.

La jeune femme fronça les sourcils, barra plusieurs lignes, griffonna quelques mots, et ce pendant une bonne demi-heure, sans parvenir à un résultat qui la satisfasse... Après d'intenses réflexions et la lecture de passages entiers du Tome - qu'elle dut parfois traduire avec son dictionnaire runique - son visage s'illumina. Elle avait peut-être enfin trouvé la solution, l'erreur dans ses précédentes tentatives de tissage.

En effet, cinq orbes - virtuels - étaient nécessaires pour tisser une Sphère. Le premier, Aether, était lié à tous les autres. Chacun des autres, Nenfiro, Aeris, Quaah, et Raethe, est lié aux trois autres, l'un étant appelé le 'Protos', le deuxième 'l'Anti', et le dernier le 'Chi', le 'Protos', 'l'Anti' et le 'Chi' étant différents pour chaque orbe. Le 'Protos' et 'l'Anti' sont des constantes, mais le 'Chi' varie d'un magicien à l'autre. Chaque 'Chi' doit pour finir être lié à l'Aether dans un ordre propre à chaque mage. L'Art du tissage aboutit donc à une Sphère unique pour chaque Mage, où les liens sont à réaliser selon sa propre personnalité magique.

La magicienne, lorsqu'elle avait réussi à modeler sa sphère avec succès, avait toujours tissé en mettant d'abord en place les orbes, puis en les joignant par des liens magiques, à l'image de points que l'on relie par des traits... La construction était semble-t-il fonctionnelle, mais pas assez solide, puisqu'elle s'affaiblissait inexorablement en moins d'une minute. Cette fois-ci, Aewin voulait procéder exactement de la même manière, puis tenter de déplacer les orbes pour faire s'entrecroiser les liens magiques afin de renforcer la structure... Si son idée fonctionnait, elle aurait résolu l'un de ses problèmes, et n'aurait plus à l'avenir qu'à gagner en rapidité d'exécution et à s'entraîner...

La jeune femme saisit un autre parchemin, vierge celui-ci, et se lança dans un dessin complexe, qu'elle connaissait désormais par coeur pour l'avoir réalisé de nombreuses fois. Il s'agissait du plan d'élaboration de sa Sphère personnelle, celui qu'elle avait trouvé le plus efficace jusqu'à maintenant, mais aussi le plus fatigant mentalement. Alors, Aewin songea aux mouvements à imprimer aux orbes pour obtenir une "toile magique" la plus solide possible, avec le moins de mouvements possibles. Elle y passa plusieurs heures, mais sembla, à terme, relativement satisfaite du résultat. Elle relut plusieurs fois son schéma, et, malgré l'heure tardive, décida de tester sa théorie sans attendre, n'y tenant pas. Elle jeta un regard circulaire dans la salle commune, et vit qu'elle s'était largement vidée depuis son arrivée.

L'ancienne Matriarche de la Wyverne se leva de son fauteuil, ferma les yeux, et prit une grande inspiration pour se calmer et se concentrer. Elle commença alors par incanter ses orbes de pouvoir les uns après les autres, qui semblaient prendre une forme spectrale autour d'elle aux quatre points cardinaux et au-dessus d'elle. Elle passa ensuite à la partie plus complexe et réalisa les liens entre les orbes.

"Aether Protos-Nenfiro ! Aether Anti-Nenfiro ! Aether Protos-Quaah ! Aether Anti-Quaah ! Aether Protos-Aeris ! Aether Anti-Aeris ! Aether Protos-Raethe ! Aether Anti-Raethe ! récita la jeune magicienne comme s'il s'agissait d'une litanie, monocorde."

Il s'agissait de la partie la plus simple de l'affaire. A chaque incantation, la jeune femme traçait une ligne imaginaire entre deux orbes, qui s'illuminait alors. Elle passa ensuite à la partie plus difficile, poursuivant ses incantations, jusqu'à prononcer un "Chi-Nenfiro Aether" mal placé, avant le "Chi-Raethe Aether", qui déstabilisa la structure de la Sphère en une explosion lumineuse, forçant Aewin à se rasseoir avec une forte migraine...

Un jeune étudiant ramassa ses affaires et s'apprêta à quitter la salle. Il passa à côté de la table d'Aewin et lui souffla à l'oreille :
"De toutes évidences, tu devrais faire passer l'orbe du feu après l'orbe terrestre... Tu pourras toujours les inverser une fois qu'ils seront liés entre eux..."

Puis il ouvrit la porte et s'enfonça dans la nuit. Aewin n'avait pas vu son visage, mais restait bouche bée devant une telle réflexion. En effet, le tissage est intérieur, et rien, a priori, ne peut être perçu de l'extérieur. Même l'éclair lumineux qui l'avait ébloui n'avait été perçu que par elle-même... Les forces magiques mobilisées, les flux magiques, voilà tout ce qui pouvait être vu par quelqu'un d'autre que le tisseur lui-même... Mais Aewin elle-même n'avait jamais vu ces flux lorsque son défunt maître Terdewen tissait sa Sphère... Il fallait quelqu'un de très doué dans l'art du Mysticisme pour percevoir de tels changements. Si seulement elle avait pu voir le visage de cet étudiant...

Quelques instants plus tard, la vue lui étant revenue, la jeune femme décida de tenter un nouvel essai avant d'aller se coucher. Elle réalisa la même procédure, moins vite pour ne pas commettre d'erreur aussi stupide que celle qui l'avait fait échouer quelques minutes auparavant, mais pas trop lentement pour ne pas laisser sa toile se fragiliser et pour ne pas se fatiguer trop. Une fois tous les liens en place, elle tendit mentalement un bras pour se saisir de l'orbe du feu, et tenta de la déplacer... sans succès. Elle fit de même pour chacun des orbes, mais ne parvint qu'à saisir le vide. Alors qu'elle se décourageait et que sa Sphère se fragilisait, elle eut une nouvelle idée : un sort de télékinésie. Les orbes étaient virtuels, mais leur aspect spectral laissait présager d'une "réalité mystique", non palpable mais manipulable, selon la loi de Phyck... Ce fut alors qu'il bougea. Lentement, certes, mais le sort de télékinésie était parvenu à mobiliser l'orbe. Aewin, fière de sa trouvaille, réalisa les lacets qu'elle avait prévu dans ses schémas, et vit sa Sphère prendre la forme... d'une vraie sphère.

Elle était à présent entourée de filaments luminescents tendus, disposés comme une bulle autour d'elle et sentait que la Sphère se renforçait. Cependant, les filaments étant tendus, ils tiraient sur les orbes et les déplaçaient doucement, pour alléger la traction qui pesaient sur eux. Il lui faudrait donc trouver un moyen de résoudre ce problème dans l'avenir...

La jeune magicienne ouvrit les yeux, et découvrit avec stupeur que sa Sphère avait disparu. Elle les referma alors, et sa toile réapparut. Heureuse de cet état de fait, elle rouvrit les yeux et rassembla ses affaires, puis se dirigea vers la sortie de la salle commune d'un pas joyeux, pour retourner à sa chambre et aller se coucher. Sur le chemin, elle referma les yeux à plusieurs reprises pour retendre les liens de sa Sphère et profiter au maximum de sa première réussite en Haute Magie...



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Sorti des ténèbres



Emmitouflé dans un grand manteau noir rapiécé, une large capuche dissimulant son visage, le bréton sortit de la taverne. La bise lui griffait le visage, ou du moins le peu qu'il en exposait, et sa cape battait au gré du vent, telle la voile d'un navire dans la tourmente. Il prenait appui sur un long bâton en chêne, et la boue sur ses bottes et le mauvais état de ses vêtements semblaient indiquer qu'il s'agissait d'un voyageur. Tania, l'aubergiste, avait bien essayé de lui faire la conversation, pour paraître agréable et pour se tenir informée des événements dans les contrées reculées de Tamriel. Elle n'avait rien pu en tirer, et l'homme n'avait pour ainsi dire pas ouvert la bouche de la soirée.

L'étranger avait erré pendant une bonne demi-heure au hasard dans les rues de la Cité Impériale, et avait fini par atterrir dans le quartier pauvre de la tentaculaire capitale. Un homme l'avait abordé dans une ruelle pour lui vendre une bouteille de skouma, qu'il avait payé sans poser de question, bourrant dans les mains du dealer une poignée de drakes avant de s'éloigner. Il avait ensuite croisé quelques travailleurs de nuit rejoignant leur poste, ainsi qu'un groupe de prostituées vendant leur service au plus offrant. Un binôme de gardes l'avait également observé d'un oeil soupçonneux, si tant est que quelqu'un puisse être net dans ce quartier...

Le bréton tourna à un angle de rue et s'arrêta en voyant deux formes plus loin devant lui. L'une d'elle semblait être camouflée par un sort d'invisibilité, à en juger par les flux mystiques, mais le sort de détection de vie de l'étranger permettait de la mettre à jour. Ceci éveilla la curiosité de l'homme, qui se résolut à les suivre à distance raisonnable...

Modifié par Daimyo Tai Shi, 17 janvier 2009 - 16:26.


#50 Trias

Trias

Posté 17 janvier 2009 - 19:28

A conspirateur, conspiratrices et demi




Dans le recoin d'une venelle, deux silhouettes, immobiles et attentives, se confondaient dans l'obscurité. L'éclat rougeâtre des prunelles d'Ulvasa brilla furtivement :

— J'ai bien saisi, Maelicia. J'aurai mon bouclier et tu me couvriras. Mais comment feras tu pour te couvrir toi ?
— Eh bien, j'pense pas que j'puisse rester invisible longtemps dans un coin aussi fréquenté, exposa la bretonne. Ca doit être noir de monde à cette heure-ci, et vu tous les détours que notre bige a fait, il a certainement pas choisi ce coin par hasard. C'est fûté, j'trouve, on pourrait s'faire poignarder une demi-douzaine de fois qu'on l'aurait pas encore trouvé. Alors... j'vais m'déguiser et je rentrerai en premier, pour surveiller. T'auras qu'à te laisser guider par le pendule, et si qui qu'ce soit fait mine de t'attaquer, j'lui conterai fleurette aussitôt.
— Je sers de hameçon, en somme ?
— Ben, dans le sens où d'toute façon s'balader avec un pendule s'rait pas très discret... j'dirais que oui !
— Hum, j'adore. Et tu seras déguisée en quoi, au juste ?

Pour toute réponse, Maelicia se contenta de sourire. Les prismes de Sul-Narsil, ces catalyseurs de pouvoir qui tenaient au poing comme le lierre aux murs, émirent une lueur blafarde, et l'étudiante sembla changer. L'éclat de pupilles dorées. Les ondulations hypnotiques d'une queue. Ulvasa étouffa un hoquet lorsque l'illusion se compléta : le plan serait parfait.




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Le Sang du Guar





Trop.

Trop, trop, trop d'esprits aux émotions changeantes et virevoltantes pour un seul et unique lieu. Etriqués, embrumés, adonnés aux vices et en proie au plaisirs, même Maelicia ne pouvait tous les surveiller à la fois. Elle ressentait confusément que quelques âmes hors du commun se terraient dans ce bouge infâme, mais elles ne semblaient vouloir pas se mouvoir pour l'instant.

Un rire gras, dégoulinant de bière mal brassée, et Maelicia la Khajitte rouvrit les yeux.

La patron du Sang du Guar, un Cyrodiil aux allures de bibendum, au crâne dégarni et au tablier sale, riait. Les coulées jaunâtres et poisseuses du liquide rejaillirent des coins de ses commissures mal rasées avant de retomber au sol, se mêlant à la poussière et à la sueur. L'homme les essuya d'un revers de main.

— Ha ! Y peuvent brailler tant qu'y veulent, que j'vous dis, la taverne s'ra t'jours debout après *hic*. S'pa la première fois qu'ça cogne, non. S'pa la dernière non plus, j'vous en fiche mon billet. Mais avec Manfred l'tavernier, les casseurs s'la ferment ou les fermés se cassent, pardi ! et d'éclater d'un autre ricanement gargouillant.

Derrière lui, nonchalamment engoncée au fond d'un banc miteux, l'image féline d'une Suthay-Rath au poil tigré cuvait. Emmitouflée dans une pèlerine grise, encadrée par des boiseries vacillantes à la lueur de flammes, elle semblait devoir céder aux assauts du sommeil. L'illusion d'une Khajitte en réalité très attentive aux moindres déplacements spirituels des clients. Lequel était-il Aradon ? Maelicia l'ignorait, et cela l'étonnait. Elle se serait pensée capable de déceler sa signature, vive et méfiante, au sein du bar. Qu'importe, sa priorité était de s'assurer qu'aucun ivrogne ne devenait menaçant.

Elle se permit d'ouvrir les yeux et de s'étirer. Ulvasa entrait, d'un pas circonspect, le pendule dissimulé dans une de ses mains. Tout entière à sa vigie, Maelicia ne perçut pas que le joyau écarlate de son collier, rougeoyait. Contre sa poitrine, les vibrations de l'âme piégée du Passeur résonnaient, communiquant à son coeur un bien sombre pressentiment. Ses pulsations s'accélérèrent.

La chasseresse allait devenir le gibier...




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Rencontre avec la Mort




Les fentes pupillaires d'Aradon s'agrandissaient, s'accoutumant lentement aux nécessités du manque de lumière. Il observa de nouveau son environnement : non loin de lui, un autre errant semblait avoir élu domicile sous la protection des murs. Immobile, des filets de bière sombre répandus au sol, il subissait certainement les revers d'une fête un peu trop arrosée. Peut-être s'agissait-il d'un breton, il n'aurait su le dire, mais il ne semblait pas devoir l'importuner à court terme. Deux autres masses informes, immobiles sur les pavés, entièrement recouvertes sous diverses épaisseurs de tissu, semblaient elles chercher le sommeil en dépit du froid. La rue avait ses habitués.

La marche d'un passant un peu plus grand que la moyenne troubla le silence, et le félin reporta son attention sur celui-ci. L'ample cape de l'individu ne dissimulait qu'à peine la bouteille qu'il transportait. Mais pour un ivrogne, il marchait droit. Il vint d'adosser à quelques mètres seulement de lui, mais les pans de son vêtement ne lui permirent pas d'identifier son visage.

Le vent reprit, et le Khajitt se sentit transi sous l'effet d'un froid surnaturel. Une ombre apparut, se détachant nettement sur la grisaille des bicoques. Aradon aurait juré qu'elle n'était pas là l'instant précédant, elle aurait aussi bien pu sauter d'un toit ou jaillir du néant. Il sentit son voisin de mur se raidir.

La forme s'approcha silencieusement mais rapidement de l'entrée secondaire de la taverne, puis s'immobilisa juste devant lui : des cheveux blonds cascadant sous une capuche noire, le teint pâle d'une pierre tombale, des rondeurs désirables sous le cuir d'un pourpoint... Malgré la beauté de ses traits, Aradon ressentit une terreur profonde, irrationnelle s'emparer de lui lorsque la femme tourna vers lui des yeux d'un vert livide.  

— Tiens.... siffla mélodieusement l'inconnue, je cherche la vierge, mais voilà que le chat guette ? Veux-tu jouer au loup avec moi ? demanda la disciple.

Derrière la vampire, Aradon reconnut soudain les robes de la guilde sur ce qu'il avait pris pour des clochards somnolents. Des mages. Morts. Sous l'alcoolique allongé, le ruisseau tiède de ce qu'il avait pris pour de la bière teinta les coussinets de ses pattes d'un bordeau opaque et épais.

— Ce sera court, mon minou, sussura S'emsyl.

Sa main déchira l'espace à une vitesse inouïe, droit vers le crâne du Khajitt. Si le coup portait, sa violence serait telle qu'il en serait sûrement assommé.

Aradon était en péril.

Modifié par Trias, 17 janvier 2009 - 23:35.





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