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[rp] Cité Impériale


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284 réponses à ce sujet

#101 Ygonaar

Ygonaar

Posté 03 mai 2009 - 00:19

Bain de foule

  

  
  

20 Soirétoile 3E425, 14h00

  

  Main-d’Ombre se félicitait d’avoir choisi l’Arène. Une foule des plus impressionnantes s’y pressait, comme il l’avait prédit. Cela était du, bien sur, à l’angoisse et au rationnement alimentaire qui s’étaient abattus sur la cité, les habitants cherchant logiquement à oublier leurs problèmes dans les activités les plus ludiques. Quelques-uns uns des plus érudits cherchaient même la protection du nombre, en ce jour de Chil’a où certains vampires se déchainaient en l’honneur de Molag Bal. Impossible pour une personne invisible de s’y déplacer, ni a quiconque de surveiller toute cette foule.

  Le reptile lançait parfois un coup d’œil distrait aux combats qui se déroulaient devant lui. Comme beaucoup de monde, il aurait bien aimé voir à quoi ressemblait le Héros du Port, ce mystérieux chevalier qu’on disait revenu d’Oblivion pour terrasser un géant de pierre, et qu’une rumeur persistante prétendait qu’il participait aux joutes. Il l’avait certes déjà aperçu à la place d’invité d’honneur, tout près d’Uriel Septim lui-même, lors de la fête de l’Empereur, mais il était alors armuré de pied en cap, dans la grande tradition des héros anonymes. En tout cas, ce n’était certainement pas ce Peau-Molle à gueule d’ange qui avait faillit se faire trucider par une Bosmer maigrichonne, avec laquelle il avait décidé d’un commun accord d’interrompre le combat. Le Maitre de Jeu devait en être vert de rage, mais surement pas autant que les bookmakers qui enverraient peut-être quelques gros bras leurs expliquer l’importance de ne pas gâcher de fort juteux paris.


  Du coin de l’œil, il aperçut une tignasse rousse à la place qu’il avait réservée. Il délaissa alors le sablon pour étudier la situation. La Brétonne semblait contrariée, ce qui titillait la méfiance de l’Argonien. Déjà, elle n’était visiblement pas seule malgré leur accord, un austère porteur d’épée, surement un magelame, faisant le pied de grue à coté d’elle. On pouvait donc faire confiance aux mages pour qu’il y ait d’autres espions embusqués. Profitant du bref entracte entre chaque combat, il se mit à bousculer ses voisins avec un air pressé.

  —Pardon, laissez-moi passez… Pardon…Vite ! … Le Héros du Port est à la porte C ! Vite, c’est une occasion à ne pas louper ! … Pardon… Vite

   Une foule, surtout lorsque l’ambiance est surchauffée, n’a guère de sens critique. Le roublard n’eut guère à impressionner pour convaincre nombre de ses vicinaux qu’il y avait là un évènement exceptionnel à ne rater à aucun prix. La rumeur se propagea comme un feu dans une savane d’Elsweyr. Une véritable cohue se précipita vers la sortie, s’agglutinant devant le goulet d’étranglement que constituait l’escalier. Maelicia se sentie saisir par la main et entrainé dans le flot bien avant que le pauvre Flavius Rine ne saisisse ce qui se passait.

  

Ravi de vous revoir, ô beauté émouvante,
  Veillez à ne point choir, la foule n’est guère patiente
  Mais elle nous mène voir une personne très Causante
  Quittons seuls cette foire, autr’ présence s’rait navrante.

  
  Réussi tant bien que mal à déclamer Danse-Mot dans la bousculade. Ce qui ne l’empêchait pas d’être très attentif aux réactions de son anneau, afin de vérifier l’hypothèse non-négligeable de balises magiques.

Modifié par Ygonaar, 03 mai 2009 - 00:25.


#102 Trias

Trias

Posté 03 mai 2009 - 16:34

Illusions Brisées

20 Soirétoile 3E425, 14h20




« Citoyens, citoyennes de Cyrodiil. Le moment tant attendu est arrivé. En ce jour, deux challengers vont se livrer ici un duel à mort pour vous ravir. Notre premier combattant est une combattante, aussi délicieuse que charmante, cette jeune elfe ...».

Intriguée par la voix racoleuse du stentor, la rouquine laissa dériver la curiosité de ses pupilles vers le sable du cirque. Là, telle une ombre chinoise projetée sur une toile couleur terre, se découpait la silhouette d’une elfe dont les bras ronds étaient révélés par une armure de cuir ornée de lanières rivetées. Maelicia fut à la fois choquée et écœurée. Quoi, que signifiait une femme dans ce type de divertissement plébéien ?  Comment pouvaient-ils laisser une dame, aussi audacieuse et dévergondée soit-elle, se battre seule contre une armée de gorilles assoiffés de sang ?

L’elfe brune salua l’assistance, et le deuxième gladiateur apparut. Une brute entre deux âges, à la peau couturée de cicatrices et revêtu du même genre de cuirasse romaine que son opposante. Il avait un petit air à la fois rêveur et provocateur qui produisit un écho dans la mémoire de la bretonne. Fronçant les sourcils, elle entreprit de dépoussiérer ses lunettes de son mouchoir, afin de mieux l’observer. Darkhammer, clamait l’animateur... sans doute un nom de scène.

Le combat commençait à peine, et déjà les premières giclées d’hémoglobine coloraient le sable. La foule poussa une grande clameur au premier sang, faisant vibrer les gradins sous l’excitation populaire. Sous la prise de centaines de mains enfiévrées, les rampes rugissaient, les bancs grondaient et les clameurs déferlaient au rythme des cris et des estocades des combattants. L’arène vivait du coeur de ses spectateurs.

La magicienne ne voulait pas regarder, de peur qu’une mutilation brutale ne s’inscrive trop durablement dans sa mémoire. Cependant, à travers les interstices de ses doigts crispés sur son visage, la valse effrénée des cheveux fauves et clairs du gladiateur impérial captait son regard tant et si bien qu’elle ne pouvait l’en décrocher. Quelques mots suffirent à sonner le glas de sa recherche :

« Trop lent le vieux ! Allez Brise, tu ne sais rien faire de mieux ? »

Maelicia pâlit. Quoi, cet hercules impérial, recouvert de son propre sang, s’acharnant à trancher en deux une femelle elfe de sa claymore, c’était Brise ? Avait-il dégénéré au point de devenir l’exacte antithèse de l’idéal qu’elle avait espéré de lui ? N’avait-il rien compris ? Depuis combien de temps jouait-il les bourreaux mercenaires , depuis combien de semaine hantait-ils ces abattoirs sans jamais faire le moindre geste envers ses amis de naguère ?

Les lutteurs s’interrompirent, miséricordieusement ; mais la bretonne ne suivait déjà plus. La tête lui tournait. Son coeur s’était transformé en statue de marbre, et gisait au fond de sa poitrine. Eperdue, elle ne savait même plus lequel de la crainte de le perdre ou du dégoût de le voir à l’oeuvre avait pris le dessus. L’espace d’un instant, son regard croisa le sien et transmit son trouble. Cependant l’impérial disparut dans les coulisses... tout en soutenant la bosmer d’un bras galant.




ж ж ж
Nom de code




— Toujours aucun signe de votre informateur, Marsoric ? l’interpella le traqueur, focalisé sur sa tâche, complètement étranger à ses états d’âme.
— Euh, euh, balbutia l’intéressée, sa lèvre inférieure en proie à de violents tremblements. Enfin, elle éclata : Bouhouhou *snif* le salaud ! le salaud... bouhouhou... *snif* ce salaud m’a oubliée !!!
— Enfin, voyons, peut-être est-il simplement en retard, rattrapa Flavius, surpris.
— MAIS NON, mouise épaisse ! *snif* C’est Brise... Brise ! *snif* Brise m’a trahie !!
— Mouise-épaisse? C’est son nom d’argonien ? Quelle étrange dénomination, je me demande qu’est-ce qu’il a bien pu faire pour la mériter...

Maelicia releva des yeux encore embués de larmes sur son compagnon, une expression de stupéfaction courroucée au visage. Comment pouvait on être aussi mufle ? Exaspérée, elle se leva d’un coup puis remonta à vive allure dans les gradins, voulant s’éloigner le plus possible de cet imbécile, cherchant la solitude pour consommer son chagrin.

Une annonce répercutée dans l’amphithéâtre. Un mouvement de foule. La bretonne venait à peine de saisir ce qu’il se passait qu’une main griffue s’emparait de la sienne.

Ravi de vous revoir, ô beauté émouvante,
Veillez à ne point choir, la foule n’est guère patiente
Mais elle nous mène voir une personne très Causante
Quittons seuls cette foire, autr’ présence s’rait navrante.


— Danse-mot ! s’écria Maelicia, parvenant à peine à réprimer un cri de joie. J’suis contente d’vous revoir ! Comment ça va ? souffla-t’elle, tout en étreignant la main qui la guidait.

L’argonien n’avait cependant pas le temps de céder aux réjouissances : sa bague de détection s’affolait. Elle pivota tantôt vers la droite, l’arrière et l’avant du lézard tandis que les deux fugitifs fendaient la foule le plus rapidement possible. Main-d’ombre percevait indistinctement les appels du traqueur volontairement laissé pour compte, mais alors qu’ils pressaient le pas deux autres présences, plus puissantes s’imposèrent à lui. A sa droite, un civil au regard enflammé se rapprochait dangereusement. Ils parvinrent toutefois à le distancer en s’engouffrant dans le salvateur goulot d’étranglement que constituaient les escaliers

Cependant alors qu’ils en  dévalaient les ultimes marches, l’argonien aperçut le troisième de leurs poursuivants. Haut de taille, sa chevelure blonde coupée à ras et le regard sévère il se laissa glisser d’une anfractuosité de la paroi pour se rétablir en face d'eux d’un bon agile. Il portait des vêtements gris, et une cape noire dissimulait à grand peine le nombre impressionnant d’armes qu’il portait en bandoulière.

Piégés, il ne leur restait d’autre issue que les niveaux des gladiateurs. Interloqué, le lézard entendit sa suivante lancer un sonore « C’est bon, j’le tiens ! ».

Une faiblesse foudroyante envahit sa main gauche, le stoppant net. La rouquine l’avait pris par surprise ! Le Traqueur blond se permit un sourire. Cependant,  alors qu’une tétanie traîtresse le gagnait, il put distinguer une image de lui même se saisir d’une fiole et la jeter à terre, dans un spectaculaire nuage de fumée.




ж ж ж
La Téléportation ou L’Art de la Dramaturgie

20 Soirétoile 3E425, 15h




Sa respiration se bloqua, comme si l’air lui même compressait ses poumons, puis sa vision s’obscurcit. En moins d'une seconde, l’espace matériel se referma sur lui, le privant simultanément de la lumière du jour, du tumulte de l'arène et de l'air frôlant son derme. Il ne sentit plus qu’une pression formidable comprimant ses muscles, la volonté de la magicienne le retenant, seule ancre au sein du néant. Brutalement l’étau invisible se leva, et la vue lui fut rendue : lui et sa tortionnaire étaient apparus au  lac Rumare. Quarante pieds au dessus des eaux.

La chute venait à peine de s’amorçer que la rouquine lui infligeait une autre téléportation, en pleine verdure sylvestre. Quatre autres warps s’enchaînèrent ainsi, avant qu’ils ne terminent leur course dans un local sombre et deshabité. De nombreuses caisses s'y entassaient, et à l'odeur rance du bois moisi s'ajoutait une saveur salée propre à l'air marin. Sans doute étaient-ils dans un entrepôt des quais.

Enfin, la bretonne effectua un geste étrange dans le vide d’où ils provenaient, puis cessa. Elle haletait bruyamment, comme sous le coup d’un intense effort.  Se retournant vers lui, elle s’assit en tailleur puis sourit.
— Désolée, m’sieur Danse-mots, mais j’voulais m’assurer qu’on s’rait pas suivis. Aussi bien par mes copains collants d’la Wyverne que par vos gentils amis tire-laines. De plus j’avais b’soin de faire semblant qu’vous m’ayez enlevée... parce’que c’est tellement plus dramatique ! Surtout pour ces bouses de Traqueurs, qui s’méfient déjà de moi...

— Ah, j’oubliais ! fit-elle soudainement, levant l’étrange faiblesse qui semblait s’être emparée du corps du roublard. Quoi d’neuf ? Z’allez bien ? Z’avez des nouvelles du barde bavard ? enchaîna-t’elle sans transition.

Modifié par Trias, 29 août 2009 - 22:04.


#103 Darkhammer

Darkhammer

Posté 03 mai 2009 - 18:30

Requiem pour un homme mort

20 Soirétoile 3E425, 15h05




Le chevalier déchu continua à se balader le long de la berge, le cœur serrer…

  Il repensait à la discussion qu'il venait d'avoir avec Elia…

-C'est toi l'idiote… Marmonnât Brise

  Mais un craquement se fit soudain entendre devant lui, quatre grosses brutes Nordique sortirent d'une ruelle accompagnée d'un petit Dunmers à l'allure espiègle.

-Qui êtes-vous ? Otez vous de mon chemin. Clama Brise d'un ton agressif

  Le petit Dunmers s'approcha tout en allumant une pipe

-Tu as été très vilain mon cher, et surtout très stupide.

-Comment cela ?

-Ces gens là-bas demandent des effusions de sang, dans l'arène, ou tu gagne, ou tu perds, cette fois, c'est toi qui a perdu.

  Brise pencha la tête interloquer comprenant peu à peu ce qui les amenait.

-A cause de toi, on a perdu pas mal d'argent, moi, et d'autre, nous demandons réparations.

-Vous pensez que je vais vous payer ?

-Bien sure que non, c'est pour cela que tu vas le payer de ta chair. Attrapez le !

  Les quatre brutes s'élancèrent sur Brise.

-Quatre ? C'est tout ce que vous trouvez à m'envoyer ? Cracha Brise avant d'esquiver le premier coup porter

-Misérable, tu vas regretter amèrement ton arrogance !

  Les brutes fondirent ensemble sur l'impérial, qui eu, malgré son agilité, beaucoup de mal à éviter les coups porter tant ils était puissant. Brise décida alors de battre en retraite, n'ayant pas d'arme sur lui pour se défendre suffisamment contre ces barbares.

-Tu ne t'en tireras pas si facilement ! Allez les aider !

  Six autres brutes l'attendaient dans la direction opposer lui barrant toute fuite…

  Il était pris au piège. Seul contre dix, sans sa claymore, même en étant le « héro du port » il allait finir en pâture aux poissons carnassiers du port…

Tombant sur ses genoux, il s'apprêtant à recevoir le dernier coup, le coup qui risquerait fort de lui être fatale...

Modifié par Darkhammer, 03 mai 2009 - 22:58.


#104 Ygonaar

Ygonaar

Posté 04 mai 2009 - 15:46

Destructions du monde

  


  

20 Soirétoile 3E425, 14h55

  

  — Danse-mot ! s’écria joyeusement Maelicia. J’suis contente d’vous revoir ! Comment ça va ?
  — On ne peut mieux, puisque vous-êtes là. Bien que j’eusse préféré vous y voir seule…

  Main-d’Ombre était méfiant. Si le début de son plan s’était déroulé à merveille, la rouquine l’ayant suivit sans résistance et son chaperon de magelame étant perdu dans la foule, sa bague en revanche s’affolait. Elle semblait chauffer ou se refroidir de manière anarchique quels que soient les mouvements de sa main, indiquant probablement de nombreuses balises ciblées sur de multiples zones. Le comité d’accueil avait toutes les chances d’être nombreux, et déshabiller Maelicia au milieu des badauds poserait plusieurs problèmes techniques. D’abords gagner du temps…

  Un humain au regard fiévreux s’approchait rapidement. Epée sous le manteau, pendentif avec glyphe et… Bague représentant un dragon à deux pattes, comme le chaperon. Le saurien envoyé une bourrée dans l’épaule d’un gros bourgeois dans la direction du poursuivant.

  Fonce, impressionna–t-il massivement, pas le temps de faire dans la subtilité. Le temps que le deuxième Magelame se dégage du bouchon improvisé, le couple s’était déjà engouffré dans le goulot. Un troisième malandrin se laissa glisser devant eux, un argousin au regard de tueur.

  L’Argonien était déjà en train de fouiller sa besace de la main droite qu’il sentit sa gauche, celle qui agrippait la Brétonne, devenir atone. Son bras, subissant le même sort, retomba mollement et ses jambes devenaient flageolantes.

  — C’est bon, j’le tiens ! triompha la félonne. Son complice s’avançait déjà, narquois, se préparant à neutraliser la cible facile qu’il devenait. Il savait bien pourtant qu’il ne fallait jamais, JAMAIS, faire confiance à une sorcière. Il commençait à basculer lentement lorsqu’un curieux phénomène se produisit. Un double de lui-même projetait une fiole de brume au sol. Maelicia ayant à nouveau usé de son polymorphisme ? Il n’arrivait même plus à tourner la tête pour vérifier. Le dallage du sol commença à foncer vert lui.

  
  Les Ténèbres. Etais-ce donc ça la mort ? Errait-il en Oblivion ? Pourquoi alors-cette impression d’être écraser dans un étau, son corps avait-il été broyé ? Pourquoi cette impression que le monde était en train d’être replié ? Il n’eut guère le temps de chercher une réponse. Le froid granit pavant la Cité Impériale étant devenu une surface d’eau grise miroitant au soleil, et fonçant vers lui avec résolution. Les Ténèbres, l’univers se froissait à nouveau. Des branches lui fouettèrent le visage. Les Ténèbres. La terre nue d’un champ en hivers. Les Ténèbres. Du sable, de l’eau s’infiltrant dans ses chausses. Les Ténèbres. Les toits, des tuiles commençant à se détacher. Les Ténèbres. Un sol de terre battue. Plus rien ne tenait sa main gauche.

  Incapable de se soutenir, il roula dans la poussière, sa queue l’arrêtant heureusement rapidement malgré l’énergie cinétique emmagasinée. Une odeur de moisie, de rongeur et d’humidité. La pénombre d’un soupirail. Une caisse de bois vermoulue juste devant lui. Et son anneau qui s’échauffait en étranges pulsations. Une balise magique d’un type inconnu ? Peut-être de celle utilisée pour les téléportations ? Et une respiration soufflant comme un taureau en colère.

  — Désolée, m’sieur Danse-mots, mais j’voulais m’assurer qu’on s’rait pas suivis. Aussi bien par mes copains collants d’la Wyverne que par vos gentils amis tire-laines. De plus j’avais b’soin de faire semblant qu’vous m’ayez enlevée... parce’que c’est tellement plus dramatique ! Surtout pour ces bouses de Traqueurs, qui s’méfient déjà de moi...

  Le saurien était bien en peine de rassembler ses esprits. Le sentiment confus que la torture qu’il venait de subir était juste pour un « effet dramatique », pour un caprice de midinette, le gagnait lentement, et la colère avec lui. Soudain, il sentit ses muscles regagner leur tonus.

  — Ah, j’oubliais ! poursuivit la péronnelle. Quoi d’neuf ? Z’allez bien ? Z’avez des nouvelles du barde bavard ?

  
  Main-d’Ombre vomit, ce qui eut le remarquable effet de l’empêcher déchirer immédiatement la gorge de sa voisine. De par sa nature particulière, il ne bénéficiait pas de la bienheureuse inconscience que provoquent les Ténèbres pendant les warps. Il ressentait à chaque fois l’univers se désagréger en un instant, être chiffonné comme une boule de papier, avant de subir l’opération inverse. Six fois de suite pour un cerveau non entrainé, il y avait de quoi devenir fou.

  Ses yeux s’étrécir, sa gueule dévoila ses dents, un sifflement sourd de rage et de prédation s’échappa de son gosier. Il se retourna comme un serpent, sa main serrant déjà le cou de Maelicia. Les Ténèbres. Les Ténèbres au fond des pupilles dilatées par la peur de la magicienne… Calme-toi ! Calme-toi et réfléchis ! ordonna le conditionnement de toute une vie.

  Ses doigts se desserrèrent pour aller se planter dans une barrique toute proche. Il laissa ses griffes perforer le bois rongé par la vermine et arracha violemment les douelles pour se laisser le temps de reprendre ses esprits. Si la magicienne ne percevait pas l’horrible processus qu’engendrait ses sorts, elle devait subir en revanche l’effet délétère des Ténèbres. Elle avait certainement forcé son talent avec cette succession de saut. Sa respiration encore haletante indiquait probablement que son énergie vitale était attaquée. Il fallait sortir rapidement, s’exposer au soleil serait le meilleur remède. Quant aux ombres de l’esprit, s’il lui évitait de nouvelles terreurs, elles se désagrégeraient rapidement avec la nature exubérante de la jeune fille. Il lui montra maladroitement les dents.

  — Je vais… Mieux. Affirma-t-il en lâchant la douve qu’il venait de fracasser. Admirablement, même ! Veuillez me pardonner, je suis parfois un peu soupe-au-lait lorsque l’on me surprend. Vous… Vous feriez bien d’essayer d’éviter de tels procédés si ce n’est pas strictement nécessaire.


  Il se mit alors en devoir de rassembler le contenu de sa gibecière, malheureusement ouverte lorsqu’il avait roulé au sol. Il ramassa entre autre une fiole de grès au bouchon cacheté. Elle était heureusement intacte. Il la déboucha d’un coup de griffe et la tendit à Brétonne.

  — Vous devriez boire ceci. Et je vous propose de quitter cette resserre, à moins que nous y ayons d’autres choses à faire ?

  Danse-Mot réajusta sa mise, épousseta son surcot, coiffa son imposant chapeau à plume, et vérifia que sa rapière n’était point brisée.

  — Je me suis effectivement acquitté du service que vous avez eut la bonté de me confier. Mais hélas, autant vous prévenir de suite que de nombreux mufles sont insensibles à la détresse d’une damoiselle, et que mon triste confrère réclame dix milles septims, payables d’avance. Et sachez que jamais je n’eus connu marchandage aussi acharné. Plus mille pour ma guilde, à laquelle je n’ai pas réussi à faire comprendre la notion d’altruisme.

  Il laissa sa compagne digérer la note, et ne reprit la parole qu’en ouvrant la porte de l’entrepôt.

  — Mais vous parliez vous-même de gêneurs de la Wyverne, les maroufles de l’arène, je suppose. Quel est donc leur rôle dans cette histoire ? Et quels sont les fâcheux qui auraient la prétention de vous traquer ?

Modifié par Ygonaar, 04 mai 2009 - 15:53.


#105 Trias

Trias

Posté 08 mai 2009 - 17:25

État sauvage

20 Soirétoile 3E425, 15h




Le lézard s’effondra à terre, ses membres parcourus de tremblements spasmodiques, comme s’ils étaient à peine capables d’assurer le tonus nécessaire à sa posture. Son estomac reprit vie lui aussi, et le manifesta par d’amples bouffées de liquide gastrique, déversant avec générosité acide chlorhydrique et autres débris alimentaires sur la terre sèche.

La magicienne ne s’en formalisa pas, de longues journées d’entraînement l’ayant rendue familière de ce type de contrecoup. Sous son surcot couleur bordeaux, les ampliations de l’abdomen de Danse-mot se faisaient plus régulières, et ses bras retrouvaient leur solidité, témoignant de sa prompte récupération.

Un sentiment de fierté et de joie diffuse envahit Maelicia. Plus de six téléportations hétéropersonnelles d’affilées, si seulement maître Dreslobet avait pu voir cela ! Et aucune chance que les Traqueurs ne puissent retrouver sa trace tant l’écheveau spatial qu’elle avait tissé était complexe et ponctuel. Allez rechercher l’empreinte d’un warp vingt pieds au dessus d’un lac, c’était impossible !

Toute entière à sa joie, elle se baissa pour aider l’argonien à se lever. Mais au moment où elle lui tendait la main, ses yeux rouges injectés de sang se tournèrent vers elle, ses pupilles s’étrécirent, et dans un sifflement terrifiant il bondit à la gorge de la bretonne. Maelicia sentit  ses cheveux se dresser sur sa tête, et décontenancée, elle en tomba à la renverse. Instinctivement, elle se recroquevilla, en se protégeant de ses bras contre une éventuelle morsure, se voyant déjà dévorée par le varan enragé.

Elle resta ainsi quelques secondes à terre, interdite, tremblante, sentant son coeur pomper des canonnades dans sa poitrine, lorsqu’elle se rendit compte que le reptile avait poursuivi sa course. Il déchaînait sa colère contre l’une des rangées de tonneaux de l’entrepôt, arrachant des lambeaux entiers de bois usé, comme pour calmer une hargne trop soudainement installée.

— Euh... z’êtes... z’êtes sûr que ça va ? glissa timidement Maelicia, toujours à terre, ses yeux verts écarquillés par l’étonnement.

Il s’interrompit.
— Je vais… mieux... souffla-il, avec un bronchement sonore. Admirablement, même ! surenchérit-il, comme s’il tentait de se convaincre lui même. Veuillez me pardonner, je suis parfois un peu soupe-au-lait lorsque l’on me surprend. Vous… Vous feriez bien d’essayer d’éviter de tels procédés si ce n’est pas strictement nécessaire.

— Euh... j’essayerai, assura Maelicia, encore sous le coup de la frayeur. Bon sang ce qu’il m’a fait peur, songea-t’elle tout en se relevant, incapable de détourner les yeux du reptile, qui ramassait son attirail dispersé. Cette folie furieuse qu’elle avait lu dans ses pupilles, cette rage qui s’était échappée, sifflante, de ses crocs affûtés comme des rasoirs... avaient de quoi surprendre, surtout de la part d’un être aussi sophistiqué. Il était pour ainsi dire revenu à l’état sauvage ! Avec un cynisme propre à une professionnelle, elle songea que cela serait certainement exploitable par la suite, et entreprit de se calmer.
  
— Ecoutez... j’cherchais... simplement à vous épargner une entrevue avec les gorilles de la Wyverne, s’expliqua-t’elle, se sentant brutalement responsable de la crise de nerf de son compagnon. Y sont tout sauf sympa... et encore moins galants qu’vous, vous savez ?

Elle réalisa qu’elle pantelait légèrement. Pour toute réponse, Danse-mots lui tendit une fiole. Avec un brin d’autodérision, Maelicia se revit vomissant tripes et boyaux  alors que le lézard la soutenait par le menton dans les eaux du Rumare.

— Sans façons, déclina Maelicia, tout en reprenant le contrôle de sa respiration. Ca va aller... et y’a d’ja un peu trop d’machins pas digérés par terre, trouvez pas ? Mais vous parliez d’autre choses à faire ? détourna-t’elle tout en finissant de lisser sa cape.

— Je me suis effectivement acquitté du service que vous avez eut la bonté de me confier, ironisa-t’il, redevenant aussi maniéré qu’à son habitude. Mais hélas, autant vous prévenir de suite que de nombreux mufles sont insensibles à la détresse d’une damoiselle, et que mon triste confrère réclame dix milles septims, payables d’avance. Plus mille pour ma guilde, à laquelle je n’ai pas réussi à faire comprendre la notion d’altruisme.

— Ouh... parvint à articuler Maelicia, estomaquée, haussant les sourcils. Eh ben... Wahou... Dix briques !! Z’imaginez qu’on a des culottes en poil de licorne à la guilde ? Qu’on porte de la dentelle dorée et qu’on chie des perles de Dreugh ? Vous comptez vous offrir un château dans l’Archipel ou quoi ?

— Sachez que jamais je n’eus connu marchandage aussi acharné, rétorqua effrontément le matois.

A ces mots Maelicia grommela quelque chose d’incompréhensible, puis se reprit en voyant que le lézard l’observait.

— Bon, bah j’pensais qu’vous pourriez être payé en une seule fois mais apparemment ça s’ra pas possible, déclara-t’elle enfin, en le retenant alors qu’il allait ouvrir la porte. Dans l’entrepôt D7 de ce port, travée onze, rangée trois, vous trouverez une caisse marquée MGC 928 ou 926, j’sais plus. La démolissez pas, celle là ! Elle contient une boite en carton, un ours en peluche, pas mal de tissu, et pis surtout cinq mille septims dorés comme vous les aimez. On les a astiqués nous mêmes ! Z’avez qu’à considérer qu’c’est une avance pour me mener jusqu'au bâton, l’autre moitié viendra lorsqu’y s'ra bien au calme chez nous.

Elle observa une pause, puis eut un sourire perlé.
— Ben c’est marrant, vous dîtes plus rien d’un seul coup ! Bon, ça c’est la clé, si z’êtes du genre pragmatique, fit-elle en lui en confiant une version particulièrement contournée. Et le récépissé est là. Z’avez le choix entre aller vérifier maintenant ou après m’avoir menée juqu’au sceptre, mais j’préfère autant vous dire qu’la boiboite est sous surveillance. Bon, maintenant j’vous demande une p’tite minute, j’reviens.




ж ж ж
L’amitié d’Ahman

20 Soirétoile 3E425, 15h15






La rouquine s’éloigna d’un pas rapide, puis se perdit dans les méandres du bâtiment. Une fois sûre d’être hors de vue, elle fouilla fiévreusement ses gibecières. Elle se sentait à la fois tendue et mal à l’aise. Elle avait sans doute trop pris sur ses propres pouvoirs : si elle était capable de se téléporter personnellement des douzaines de fois sans sourciller, il en allait autrement lorsqu’il s’agissait d’héberger des passagers.

Ses doigts se refermèrent sur une forme oblongue et froide dans l’une de ses poches. Elle en ôta la pierre-esprit, la saisit à pleine main, puis laissa sa puissance affluer à elle. Fermant les yeux, elle se laissa aller jusqu’à émettre un discret mais profond soupir de satisfaction tandis que son énergie croissait vertigineusement. Se sentant de nouveau d’attaque, elle retourna d’un pas enjoué vers l’argonien et ils passèrent la porte ensembles.

— Vous parliez vous-même de gêneurs de la Wyverne, les maroufles de l’arène, je suppose, l’interpella-t’il alors qu’ils franchissaient leur seuil. Quel est donc leur rôle dans cette histoire ? Et quels sont les fâcheux qui auraient la prétention de vous traquer ?

— Ben, pour résumer, c’est des concurrents d’ma guilde. Sauf que leurs motivations pour trouver l’bâton sont pas claires, qu’y z’ont des méthodes un peu trop chaleureuses et qu’y s’prennent pour des militaires. En fait y sont...

Maelicia s’interrompit, soudainement bouche-bée. A quelques mètres d’eux sur les quais, une masse informe et recroquevillée s’avachissait sur le sol, aux pieds d’une dizaine de malandrins khajits et rougegardes. Sa tunique, originellement blanche, était maculée de sang et de poussière, tandis que de multiples déchirures la réduisaient à l’état de loques. Il devait probablement s’agit d’un humain, mais Maelicia n’aurait su en décrire la race. Un rougegarde de haute taille paradait devant lui.

« Allons, Hamme’, tu me déçois. A qui tu dois ton salai’e, hein ? persifla-t’il avec un accent prononcé. Son crâne chauve luisait au soleil, tandis que lui même était revêtu d’un pantalon ample et de chaussures pointues, une veste de cuir riveté lui protégeant le torse. Son bouclier, un rond de métal et de bois, pendait dans son dos.

—  Gué’ion le bosme', Salazi’ l'assassin, ‘émus le g'and, D’o’mata le khajit... continuait-il,  tu t’imagines que tu les as vaincus tout seul peut-t’êt’ ? T’avais un pacte avec nous, Hamme’. Alors quand t’as juste à t’ucider une elfette de me’de, pou’quoi tu t’laisses fai’e, hein ?

Du corps gisant sur les dalles émergea une main vacillante, puis un visage bouffi par les coups et les hématomes, encadré par une chevelure blonde souillée de terre. Maelicia ne put retenir un cri d’horreur : « Briséadius ! » Elle agrippa soudain le bras de Danse-mots, et lui souffla de ne pas bouger.

— T’avais oublié qu’y avait du f’ic en jeu, hein? T’avais oublié, la bande de Ahman le c’uel, hein mon pote ? reprit le caïd, en extrayant un cimeterre de son fourreau. Tu mé’ites pas de viv’, mon salaud. Tu vas c’ever, tu comp’ends ! C’ever ! Tu comp’ends, mon pote ?

Il éleva son sabre dans les airs et retroussa les lèvres en une expression sadique.
— ‘endez-vous en enfe’, Da’khamme’ !!

Une flèche siffla dans les airs, et se ficha avec violence dans le bouclier d’Ahman. Les forbans se retournèrent : de l’autre côté des quais, environné par une vingtaine de gardes montés et en armure lourde, se tenait un chevalier à la cuirasse étincelante. Son haut casque, coiffé d’une crête menaçante, le rendait immédiatement identifiable en tant que capitaine. Du haut de son destrier il toisait les scélérats, et une aura de puissance semblait émaner de lui.

Le rougegarde reculait lentement, les yeux exhorbités. Nul n’avait entendus venir les gardes impériaux, nul ne les avait prévenus ! C’était son port et nul n’y contestait son autorité,  comment se pouvait-il que les gradés fassent une descente sur son territoire, notoirement connu comme zone de non loi ?

Le capitaine dégaina sa lame, et parut grandir, éclipsant le soleil alors qu’une atmosphère de pure terreur gagnait les petites frappes. Il éperonna son cheval, et ses subordonnés chargèrent à sa suite, dans un vacarme de fin du monde, dévastant les conteneurs mercantiles les séparant de leurs cibles, devant un parterre de manoeuvres et de marins stupéfaits.

Ce fut la débandade : les vauriens s’éparpillèrent en quelques secondes, fuyant sans réfléchir le courroux de l’empereur. Maelicia mit à profit la confusion, et saisissant sa chance, elle se précipita vers son ancien compagnon.

La horde furieuse des cavaliers s’évanouit subitement : la magicienne venait de buter sur une pierre mal équarrie, et de s’étaler de tout son long, à quelques centimètres de Briséadius. Sa concentration étant rompue, l’illusion avait pris fin.

— Et fiente, jura-t’elle en se relevant.

Modifié par Trias, 08 mai 2009 - 17:28.


#106 Darkhammer

Darkhammer

Posté 08 mai 2009 - 22:04

Retrouvaille inconnue


20 Soirétoile 3E425, 15h17


Brise releva la tête, une jeune femme venait de s'étaler devant lui… Entraînant la disparition des cavaliers.

  -Une illusion… Une épée aurait pu être plus profitable…

  L'impériale se redressa tant bien que mal, il était pas mal blesser mais la douleur lui était encore supportable. Il tendit la main vers la rouquine afin de l'aider à se relever.

  -Vous n'auriez pas dû m'aider, ceux qui n'ont pas détalé trop loin reviennent déjà… Et  vous y passerez vous aussi mademoiselle…

  Il se dressa ensuite sur ses deux jambes, faisant face avec courage contre les cinq brutes restantes, effort vains car dans l'état où il est, il ne tiendrais pas longtemps de toute manière…

  -Tu n'nous aura pas deux fois, les autr' sont peut-êtr' partit mais nous on est toujours là.

  Il souleva sa masse et s'apprêta à l'abattre en direction de Brise… Mais un cri bestial venant de derrière les brutes se fit entendre, le gros-bras fit volte-face.

  Un orque furieux se tenait derrière eux une énorme hache à la main.

  La brute s'adressa alors à ce dernier.

  -Qui t'es toi ? Tu vois pas que tu dérang' ?

  L'orque se mis à rire.

  -Ho ? Pardonnez moi, je ne voulais pas vous déranger, j'ai toujours tendance à m'incruster là où l'on ne m'attend pas.

  -Trace ton chemin alors !

  -L'ennuis c'est que c'est sur mon frère que tu tape là, et ça ne me plais pas du tout.

  -Tu crois nous faire peur ?

  -Non… Mais vous devriez.

  Sur ces derniers mots l'orque s'élança et vint abattre son énorme hache sur le bouclier de la brute qui vola en éclat avant de poursuivre sa route à travers le plastron de ce dernier, le gros-bras s'effondra au sol.

  -Et maintenant vous avez peur ? Pas encore assez je vois.

  Faisant tournoyer sa hache dans les air il en abattit un second, les trois restant reculèrent, cet orque avait une force démesurée pour manier ainsi sa hache.

  -On s'tir' ! On s'retrouvra' Darkhammer !

  Les trois brutes restantes partirent aussitôt frustrer.

  

  L'Orque s'approcha de Briséadius étonné de ce sauvetage inespéré. Arriver à sa hauteur il lui balança un coup de poing en pleine face. Sous l'impact, Brise s'effondra au sol.

  -Crétin… Tu savais pourtant que ça se passerait ainsi…

Morgrak lui tendit ensuite la main l'aidant à se relever.

  -Oui je le savais, mais c'était le risque à prendre.

  L'Orque se mis à rire.

  -Tu n'es pas croyable… Désolé de ne pas être arriver plus tôt, je suis arrivé aussi vite que j'ai pu lorsque j'ai eu vent de ce qui se planait au dessus de ta tête…

  Son regard tomba ensuite sur la rouquine qui se tenait derrière lui.

  -Et qui c'est celle-là ?

  Brise se retourna et observa quelques instants la jeune femme

  -Je ne sais pas, je crois qu'elle était à l'arène tout à l'heure.

  Il s'inclina ensuite devant elle

  -Merci de m'avoir aider, sans vous je ne serais probablement plus de ce monde, Je me nomme Briséadius Danselame, et vous mademoiselle ?

Modifié par Darkhammer, 08 mai 2009 - 22:33.


#107 Trias

Trias

Posté 08 mai 2009 - 23:46

Sans-nom, la magicienne frustrée

20 Soirétoile 3E425, 15h17




— Merci de m'avoir aidé, sans vous je ne serais probablement plus de ce monde. Je me nomme Briséadius Danselame, et vous mademoiselle ?

La rouquine cilla l'espace d'un instant, et sa main se mit à trémuler légèrement. Tandis qu'elle le fixait, paraissant comme rendue muette par une émotion intense, Briséadius put l'observer. Elle était revêtue d'une ample robe de bure bleue, doublée intérieurement par une étoffe de coton noir émergeant pour s'ajuster au niveau du col, tandis que ses poignets étaient dissimulés par de mystérieux gantelets. Une mante de tissu gris enveloppait ses épaules. Son visage était raisonnablement plaisant, bien qu'un éclat dur orna actuellement ses iris vertes, dissimulées derrière de petites lunettes rondes. A l'éclat de sa chevelure cuivrée ne répondait que la pâleur de son épiderme  et de ses lèvres rosées. Une épaisse ceinture de cuir noir laissait présager de la finesse de sa taille. Pour autant que Briséadius puisse en juger, elle ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans.

— Tu t'souviens pas d'mon nom ? lâcha-t'elle enfin tandis qu'une expression rageuse venait animer son visage. T'es trop occupé par ton nouveau job, peut-être ? continua-t'elle, d'un ton étrangement calme, présage d'une tempête future. Darhammer, c'est ça ? Gladiateur, hein ?

Sa lèvre inférieure tremblait méchamment, cependant elle prit une moue pensive.
— C'est marrant, Brise.... t'es un héros ici. Le « Héros du port » qu'y a arrêté l'armure géante. Et maintenant « Darhammer » , l'champion, qui gagne sa vie en terminant celle d'ses collèges. T'as un nom, quoi.

Elle eut une expression désabusée, mais son regard commençait à s'embuer.
— En un sens, t'es bien plus malin qu'ces cons de mages et leurs études stupides hein ? *snif* T'es bien plus fûté qu'... qu'les pacifistes et leurs principes imbéciles, hein ? *snif* T'es bien plus friqué qu'ces aa... abrutis d'aventuriers *snif* qui crèvent la gueule ouverte... en tentant d'arrêter les disciples, hein ? Y sont anonymes eux, hein ?

Elle ôta ses lunettes, et ses larmes devinrent évidentes
— Ben j'suis sans nom, moi *snif*, et c'est pour ça *snif* qu'tu me re *snif* reconnais pas, Brise !

Sortant un mouchoir, elle sécha ses larmes nettoya ses lunettes.
— Bah, j'sais même pas pourquoi j'pleure... *snif* j'ai un d'ces penchants pour l'mélodrame... Enfin, j'vais arrêter t'de faire la morale, depuis le temps qu'j'essaie j'sais bien qu'ça sert à rien. Côté nouvelles, Sylph pisse sur ma guilde, Aewin est première de sa classe de traqueurs et Celegorn broute des pissenlits à Bravil. Kimey s'est tiré sans s'faire la malle. Mention spéciale pour Aradon qui joue les agents doubles. T'as pas connu Ulvasa, elle est d'ja enterrée. Quant à Sonia, j'ai un message de sa part...

Elle remit ses lunettes, s'approcha, et lui colla une gifle retentissante, symétrisant ainsi admirablement l'oeuvre si artistiquement débutée par Morgrak.

— T'as qu'à considérer qu'ça vaut pour moi aussi, ajouta-t'elle, en lui tournant le dos. Elle fit ensuite quelques pas en direction de Danse-mots, une expression boudeuse magnifiquement travaillée sur ses traits.

Modifié par Trias, 09 mai 2009 - 00:15.


#108 Darkhammer

Darkhammer

Posté 09 mai 2009 - 01:20

Brise fut troubler par les paroles de la jeune brétonne, elle le connaissait. Quelqu'un le connaissait!
Alors qu'elle lui tournait le dos après l'avoir giffler, Brise fit un pas vers elle lui agrippant le bras.

-Attend ! Je... Je suis désolé... Tu... Tu me connais n'est-ce pas? Tu sais ce que j'ai pu avoir été auparavant... Pour réagir ainsi... Tu devais tenir beaucoup à moi, mais je... J'ai perdu la mémoire il y de cela peu de temps... Si seulement je pouvais me rappeler de ton nom, d'une bride, d'un visage... J'ai chercher tout ce temps, et... Tu es la seul qui m'aie marquée jusqu'à présent... Je... Je crois qu'on se connaissait bien...

L'impérial relâcha le bras de Maelicia avant de tomber à genoux.

-Tu...

Brise semblait chercher intensément au fond de lui...
L'impérial releva soudain la tête les yeux affoler autant par l'effort mentale que cela lui demandait mais aussi par l'afflut d'information qu'il débloquait peu à peu de sa mémoire.

-Tu... Je... Maelicia...


Il se redressa sur ses deux jambes.

-Tu es Maelicia! Je me rappelles! Pas de tout mais de toi j'en suis sûre!

Brise se plaqua la main sur son front.

-Imbécile que je suis... J'aurais dû penser à toi chaque jour chaque soir depuis tout ce temps... Sauras-tu m'excuser un jour...

Il tourna le dos à son tour à Maelicia.

-Tout est clair à présent... Comment ais-je pu me passer de la femme que j'aimais... Et même l'oublier... Je suis impardonnable

Modifié par Darkhammer, 09 mai 2009 - 12:08.


#109 Ygonaar

Ygonaar

Posté 09 mai 2009 - 01:39

Suspens




  

20 Soirétoile 3E425, 15h05

  

— Euh... j’essayerai, assura Maelicia. Ecoutez... j’cherchais... simplement à vous épargner une entrevue avec les gorilles de la Wyverne. Y sont tout sauf sympa... et encore moins galants qu’vous, vous savez ?

  —Je ne vous ferais point l’offense de douter de vos raisons, et je n’aurai de cesse que de racheter ma galanterie à votre égard. Disons juste que je dois être… allergique à votre sortilège. Pour commencer à me faire pardonner, j’ai un cadeau pour vous, déclara Danse-Mot en tendant triomphalement une petite ampoule de terre cuite. Vous devriez boire ceci. Et je vous propose de quitter cette resserre, à moins que nous y ayons d’autres choses à faire ?
— Sans façons, déclina la Brétonne en regardant la médication d’un air peu amène. Ca va aller... et y’a d’ja un peu trop d’machins pas digérés par terre, trouvez pas ? Mais vous parliez d’autre choses à faire ?

  — Je crains de devoir insister. Ce n’est point là quelques orviétans fallacieux mais une décoction qu’il vous faut absolument boire. Il va falloir me faire confiance, car je ne puis rien révéler maintenant, même si le bien-fondé de cette mesure vous apparaitra bientôt comme évidente, et pour que cette entrevue puisse porter ses fruits,  allégua le reptile en déposant à coté de la magicienne l’étrange mixture exhalant, pour un nez expert, de caractéristiques odeurs d’ail, de bergamote et de… digitale !

  — Je me suis effectivement acquitté du service que vous avez eut la bonté de me confier, poursuivit le saurien. Mais hélas, autant vous prévenir de suite que de nombreux mufles sont insensibles à la détresse d’une damoiselle, et que mon triste confrère réclame dix milles septims, payables d’avance. Plus mille pour ma guilde, à laquelle je n’ai pas réussi à faire comprendre la notion d’altruisme.

— Ouh... hoqueta la jeune femme. Eh ben... Wahou... Dix briques !! Z’imaginez qu’on a des culottes en poil de licorne à la guilde ? Qu’on porte de la dentelle dorée et qu’on chie des perles de Dreugh ? Vous comptez vous offrir un château dans l’Archipel ou quoi ?

— Sachez que jamais je n’eus connu marchandage aussi acharné. Mais le rustre soutien que votre confrérie ne sera que trop heureuse de débourser cette somme pour une babiole suffisamment importante pour que la capitale soit mise en quarantaine pendant plus de deux mois. J’ai eut bien du mal à lui faire admettre que ses prétentions n’étaient pas qu’une larme dans l’océan de ce désastre. Et mes propres sociétaires sont intraitables sur leur dix pourcent de commission.
— Bon, bah j’pensais qu’vous pourriez être payé en une seule fois mais apparemment ça s’ra pas possible, finit-elle par grommeler. Dans l’entrepôt D7 de ce port, travée onze, rangée trois, vous trouverez une caisse marquée MGC 928 ou 926, j’sais plus. La démolissez pas, celle là ! Elle contient une boite en carton, un ours en peluche, pas mal de tissu, et pis surtout cinq mille septims dorés comme vous les aimez. On les a astiqués nous mêmes ! Z’avez qu’à considérer qu’c’est une avance pour me mener jusqu'au bâton, l’autre moitié viendra lorsqu’y s'ra bien au calme chez nous.

La moitié, à peu de choses près. Il était amusant de constater que les mages semblaient être tombés sur une estimation similaire à celle d’Armand et de J'Rhassa. Une bonne base de négociation, avaient-ils estimés, et qui permettrait largement de traiter ultérieurement avec les mendiants. Et attribuer la revendication à l’introuvable Causant couperait court aux éventuels pinaillages de l’Université des Arcannes.  Main-d’Ombre se demandait quelle aurait été la réaction de la rouquine s’il avait eut la fantaisie de lui annoncer cent milles septims. L’empereur aurait-il mit la main à la poche ? Probablement, mais au prix de terribles représailles une fois la situation normalisée. Ne jamais convaincre qui peut vous détruire que l’effort en voudrait la peine…

  — Ben c’est marrant, vous dîtes plus rien d’un seul coup ! clama triomphalement son interlocutrice en interrompant cogitations. Bon, ça c’est la clé, si z’êtes du genre pragmatique. Et le récépissé est là. Z’avez le choix entre aller vérifier maintenant ou après m’avoir menée juqu’au sceptre, mais j’préfère autant vous dire qu’la boiboite est sous surveillance.

  — Espérons que la mouche se contentera de quatre battons pour l’allécher. Je ne vous promets rien, mais je ne vous ferais en revanche point l’insulte d’aller éprouver la qualité du miel.

  — Bon, maintenant j’vous demande une p’tite minute, j’reviens. déclara la thaumaturge en s’éloignant dans l’entrepôt. Au vif déplaisir de l’Argonien qui détestait ne pas tout contrôler dans une situation pareille, et ses apriori sur les sorcières n’arrangeaient rien. Mais se contenta de montrer les dents largement, réfrénant son envie de suivre l’humaine comme une ombre. Il n’était pas encore des doutes sur ce qui s’était passé il-y-a deux mois, au Sang du Guar, et sur l’incapacité de cette Peau-molle à le surveiller par magie. Ne pas compromettre maintenant une affaire qui lui avait demandé tant d’effort...

  Elle revint au bout de deux minutes,  prête à partir renforçant les supputations du lézard sur son probable contact avec ses confrères. A ce propos, il restait encore un point à éclaircir.

  — Vous parliez vous-même de gêneurs de la Wyverne, les maroufles de l’arène, je suppose, la questionna-t-il. Quel est donc leur rôle dans cette histoire ? Et quels sont les fâcheux qui auraient la prétention de vous traquer ?
— Ben, pour résumer, c’est des concurrents d’ma guilde. Sauf que leurs motivations pour trouver l’bâton sont pas claires, qu’y z’ont des méthodes un peu trop chaleureuses et qu’y s’prennent pour des militaires. En fait y sont...

  
  Cette femelle ne répondrait décidément jamais à ses questions ! Elle s’était interrompu pour contempler la bande de ce gros imbécile vicieux d’Ahman le Noiraud tabasser un pauvre quidam. Ces gangs de racailles à la petite semaine étaient une plaie, mais les Ombres n’avaient pas les moyens de se payer une guerre ouverte contre eux. Elle se contentait donc de les toiser en chien de faïence, à partir du moment où ses voyous avaient le bon sens minimum de ne pas s’en prendre aux protégés de la guilde. Ce qui ne semblait pas être dans les intentions de Maelicia.
— Briséadius ! Ne bougez pas d’ici, lui souffla-t-elle en lui étreignant le bras. Avant d’invoquer une massive et complexe illusion. Main-d’Ombre devait admettre que cette dernière était toute beauté. Tout détachement de cavalerie impériale ! On entendait les chevaux piaffer, les armures rutilaient correctement au soleil, le chant de l’arc était tout à fait convaincant. Un puriste aurait peut-être déploré l’absence de crottin ou d’une subtile odeur de sueur, mais c’est le genre de détail auquel on ne fait point attention lorsqu’on fait l’objet d’une charge imminente. Il admira de même la synchronisation entre l’aura de terreur et le signal du capitaine, mais se dit qu’elle en faisait peut-être trop.

  A raison, d’ailleurs, car la moitié des rufians furent trop hébétés pour avoir la présence d’esprit de s’enfuir. Un détail non négligeable, lorsqu’une chute malencontreuse brisa le charme de la Brétonne. Le saurien se préparait à agir lorsqu’un orc musculeux s’interposa et trucida promptement deux des brigandeaux à la hache de bataille, démontrant de manière convaincante que l’air était plus sain ailleurs. Suivit une scène probablement émouvante d’où il ressortit que le providentiel samaritain était un gladiateur du nom de Morgrak et la victime un de ses collègues répondant au patronyme de Briséadius Danselame, ou Darkhammer pour les intimes. Darkhammer ? Ce n’est pas la gueule d’ange qui avait piétiné le protocole de l’arène tantôt ? Il aura peut-être plus de mal avec les femelles Peau-Molle pendant quelques temps, maintenant…

  La suite plongea le reptile dans la perplexité. La ressemblance entre Briséadius et Brise-Radius l’avait chatouillé et il semblait bien que l’individu soit le compagnon de la rouquine. Mais qui semblait curieusement distant et cette dernière affectait de lui faire une scène. Ne serait-elle pas en train de lui monter une grossière farce à sa façon ? Dans quel but ? Et pourquoi prétendre que ce miraculé soit le Héros du Port ? Il n’aimait pas du tout la tournure des événements, surtout lorsqu’on avait un ordre de magelames aux basques et qu’on avait très inconsidérément fait une débauche de magie bien voyante. Voilà que la péronnelle se mettait à pleurer, et assena une magistrale gifle à l’Impérial. Il fallait interrompre cela avant que ça ne dégénère. Il était possible que l’humaine ait perdu le contrôle d’elle-même sous l’influence des Ténèbres… Trop tard, voilà que le tabassé s’accrochait à elle.

  
  Main-d’Ombre s’avança, près à évacuer d’un bond la jeune fille par la voies des eaux. Il n’en montrait pas moins consciencieusement les dents d’un air avenant, un ample salut avec son extravagant chapeau masquant l’objet qui venait de tomber dans sa paume.
— Bien le bonjour gentils sires, permettez-moi de me présenter. Je me nomme…

  Le reptile stoppa net. C’était bien un piège... Il y avait une balise magique sur Briséadius!

Modifié par Ygonaar, 08 juillet 2009 - 17:11.


#110 Trias

Trias

Posté 09 mai 2009 - 03:53

Chasse au lézard

20 Soirétoile 3E425, 15h20




— Tu es Maelicia ! clama enfin le gladiateur. Je me rappelle ! Tout est clair à présent...

L'intéressée tourna la tête, un peu surprise, et écouta son monologue avec attention. L'effet produit par ses aveux suivis par les dissertations sentimentales de l'impérial, en plein port, après un règlement de compte et une pseudo charge de cavalerie avait une tonalité singulière.

— Je suis impardonnable, conclut-il enfin, en se retournant.
— Oui, appuya la bretonne, avec un sourire en coin. Et un peu mièvre aussi, même si j'suis pas mauvaise non plus à ce jeu là.

Elle se rapprocha de lui, et de son doigt, lui toucha le nez.
— Faut que j'te fasse une scène pour qu'tu t'souviennes de moi ! rit-elle un instant. T'essayerais pas d'me faire passer pour une harpie, des fois ?

Lui prenant la main, elle le releva.
— Bon, là normalement dans le manuel du parfait mélodrame y'a écrit que j'dois dire qu'j'ai aussi pensé à toi tous les jours, j'dois théoriquement recommencer à pleurer, et pis tu devrais m'embrasser et tout l'monde serait heureux. SAUF qu'en fait t'as trop d'terre dans la binette pour qu'une minette t'embrasse, t'as une elfette sur — ou sous, je sais pas, les gens ont des préjugés — les bras, et que t'as b'soin de récupérer un peu. J'ajoute que de mon côté j'ai beaucoup à penser depuis que pour quelques milliers de septims seulement, j'ai gagné l'aide désintéressée d'ce monsieur. Danse-mots, vous venez ? appela-t'elle en guise de présentations, tout en se redressant.

L'argonien s'exécuta docilement, puis esquissa un salut excentrique. Maelicia se rappela la fiole qu'il lui avait offert, traînant maintenant au fond de sa gibecière, toujours inutilisée.
— Bien le bonjour gentils sires, permettez-moi de me présenter. Je me nomme… et il s'interrompit.

Surprise, Maelicia déporta son regard vers lui. Son expression changea soudainement :
— Baissez vous ! hurla-t'elle tandis qu'un sortilège de paralysie filait depuis le toit de l'entrepôt, droit vers Danse-mot.

Le faisceau d'énergie poursuivit sa trajectoire vers les autres individus, mais elle s'interposa. Au prix d'un sérieux effort, elle parvint à le contenir de sa main, puis le renvoya brutalement vers le Traqueur embusqué. Sans perdre une seconde de plus, elle se téléporta immédiatement dans son dos,  puis le propulsa dans les airs d'une brusque poussée télékinétique. Ainsi déséquilibré, le magelame heurta le rayon réfléchi sans pouvoir se défendre, et s'affala au sol les bras en croix quelques pieds en contrebas, paralysé. Le tout n'avait pas duré plus de quelques instants.

La bretonne se rematérialisa sur les quais, tout près du paralytique, l'air inquiète.
— Comment est-ce qu'y nous a retrouvés, celui là ?

Avec un air dégouté et tout en rosissant légèrement, elle se pencha vers lui, et commença à fouiller avec une étonnante circonspection le pourtour de sa poche gauche. Ainsi récalcitrante devant la tâche, elle mit un moment pour ne parcourir que la moitié de ladite poche.
— Bon, vous m'aidez, les gars ? les héla-t'elle, furieuse.

Soudain elle s'immobilisa, aux aguets, scrutant les alentours : si sa myopie avait été moindre, peut-être aurait-elle pu discerner trois formes filandreuses et transparentes déformant subtilement le relief du paysage....

Modifié par Trias, 09 mai 2009 - 21:50.


#111 Ygonaar

Ygonaar

Posté 10 mai 2009 - 13:57

Le fan-club de Brise




20 Soirétoile 3E425, 15h2


    
  Le questeur-lieutenant Markal gro-Terashom, spécialiste en filatures et infiltrations au Bureau Impérial d’Investigations Magiques, hésitait pour une fois sur la marche à suivre. Il lui était explicitement interdit de se mettre au travers du chemin de l’Ordre de la Wyverne, mais il avait le sentiment que ces imbéciles allaient tout gâcher. Deux mois d’effort, de quoi vous mettre en rogne !

  
  La piste des protagonistes du Sang du Guar avait fait rapidement long feu. Une créature, probablement un vampire formé par le légendaire Sh’éam, s’était évanouie dans le quartier du Temple, trompant même les fameux visionnaires de la Wyverne. Les autres semblaient avoir été engloutis par le lac, après de multiples détours dans les égouts et diverses caches de vauriens. Mais il y avait eut plusieurs témoins, dont un légionnaire orc qui s’était montré très fiable, et d’une richesse insoupçonnée en détails sous transe hypnotique. Des prénoms, des cadavres de magelames et d’étudiantes en magie, des représentations mentales, des sortilèges, autant d’éléments qui avait finit par convaincre le Commissaire Divisionnaire Paullus Valens qu’une certaine Maelicia Marsonic faisait partie des fuyards.

  Mais la Wyverne avait posé son étau sur l’Université des Arcannes, et les mages semblaient des plus réservés pour des raisons qui leur étaient propre. Guère évident de mener une discrète enquête dans un tel nid de vipère. Le Commissaire avait beau essayer d’étayer son dossier sur la Brétonne, les éléments étaient rares. Et il soupçonnait l’Archimage de lui mettre des bâtons dans les roues, en faisant suivre à sa suspecte une formation accélérer en téléportation. Mais il y avait eut également l’histoire du Titan et du Héros du Port.

  Difficile à croire que les deux affaires n’avaient aucun lien, puisque le Titan était probablement un disciple de Sh’éam lui-même, et que le Héros s’avérait être un certain Briséadius Danselame, un ancien compagnon de la magicienne sus-citée. Quels pouvaient donc être leurs liens et leurs objectifs ?


  C’est pour répondre à cette épineuse question que Markal, parfois surnommé le Colosse de Raven, c’était attaché au pas du mercenaire, devenu maintenant gladiateur. Pour l’approcher, il s’était fait engager comme homme d’entretien dans l’Arène, effectuant de menues réparations, nettoyant le sang, changeant le sable, évacuant les cadavres... S’il était aussi bon pour l’infiltration, outre ses talents magiques, c’est que les orcs sont généralement franc et direct. Et que peu de personnes imagineraient que sa carcasse de sept pieds sept pouces pour près de trois cent trente livres, associée au regard bovin qu’il savait si bien faire, cachait un fonctionnaire impériale ayant terminé son troisième cycle à l’Université des Arcannes depuis déjà seize ans. Il trainait donc de son pas lent un peu partout dans quartier de l’Arène, allant boire des coups avec les guerriers, riant fort à leurs blagues et semblant totalement imperméable à la moindre provocation. Il avait vite sympathisé avec Morgrak, ce qui lui fournissait un bon prétexte pour être souvent dans le sillage de sa cible, et usait autrement de métamorphose ou de surveillance magique.

  Il commençait d’ailleurs si son suspect n’était pas trop fort pour lui, ou si le commissaire ne s’était pas fourvoyé, car il n’avait décelé aucun élément tangible pendant près de deux mois. Il n’avait jamais cherché à prendre contact, n’avais reçu aucun message secret, n’avait jamais prononcé même le nom de ses compagnons malgré les incitations les plus habiles, et semblait se complaire dans sa vie à la dérive et sa romance naissante avec une jeune Bosmer. Jusqu’à cet après-midi.


Markal avait été très attentif, se demandant comment Brise réagirait à sa confrontation avec sa bien-aimée. Il n’avait guère été surpris par le statu quo du combat, et se demandait quelles complications cela engendrerait. Comme à son habitude, le gladiateur était parti flâner dés sa blessure recousue, au grand mépris des consignes du guérisseur. Le questeur avait usé de tout son art pour le suivre, et hésita à intervenir lorsqu’une bande de gros bras entreprit de rosser le malheureux Impérial. Il prit parti d’attendre le dernier moment et bien lui en prit, car l’illusionniste ne se serait autrement peut-être pas révélée.

Elle correspondait parfaitement à la description Maelicia Marsonic, et elle fit un usage intensif de magie. Un peu maladroitement, tout de même mais Morgrak survint providentiellement pour sauver la situation. La filature s’annonçait des plus fructueuses lorsque ses artefacts de protection lui signalèrent de nouveaux venus. Quatre Traqueurs venaient de se téléporter à proximités, ce qui ennuyait profondément l’agent du BIIM. Avec leurs manières de militaires mal dégrossis, ils semblaient comme d’habitude vouloir arrêter tout le monde pour extorquer des renseignements par la force et la magie de leur fameux visionnaire. L’orc pressentait que cette grossière approche allait détruire dans l’œuf cette chance inespérée d’enfin dénouer l’écheveau de cette affaire.
  
  Ca y était ! Un des magelames s’en prenait à un Argonien pouvant fort bien être celui de la taverne détruite, une diversion efficace pendant que les trois autres s’approchaient sous le couvert de sortilège de caméléon. Comment intervenir sans s’opposer ouvertement au puissant ordre secret ? Perfidement, Markal incanta des charmes de confusion sur les trois agresseurs transparents.


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Larmes à l’œil




Baissez vous ! hurla soudain Maelicia. Main-d’Ombre s’aplatit au sol, évitant de justesse une curieuse ondulation dans l’air. La magicienne disparue pour réapparaitre quelques instant après avec un des magelame de l’Arène, étendu au sol dans une position peu naturelle.
Comment est-ce qu'y nous a retrouvés, celui là ? enchaina-t-elle en entreprenant une fouille malhabile de sa victime, avant de réclamer de l’aide. L’Argonien allait proposer ses quelques talents en la matière lorsqu’il remarqua les trois tâches de chaleur qui ne devrait pas être là, puis le très subtil flou que provoquent des quidams se déplaçant sous mimétisme magique. Heureusement qu’il s’était préparer au pire, et qu’il avait réveillé l’Œil du Serpent, malgré le maigre soleil de Soirétoile qui en atténuait l’efficacité. Mais il n’avait guère le temps pour réfléchir sur la conduite à tenir. Trois potentiels magiciens hostiles, il fallait frapper vite et le plus fort possible.

Le saurien projeta l’ampoule de Suie qui était encore masquée par son chapeau. Le récipient de verre se fracassa contre les dalles du quai, libérant un épais nuage de fumée noire qui irritait la gorge et la cornée. Non seulement il masqua toutes lignes de vue mais, absorbant la lumière du soleil, il généra en sus une interface d’obscurité suffisante pour le reptile puisse s’enténébrer.

Les tâches de chaleur prirent de l’éclat, révélant les parties les plus chaudes, généralement les moins couvertes, des mammifères l’entourant. Le temps de retrouver leurs esprits et un des traqueurs s’écroulaient déjà, un dard paralysant planté directement dans la carotide.

Modifié par Ygonaar, 13 mai 2009 - 12:22.


#112 Trias

Trias

Posté 10 mai 2009 - 21:42

Discipline

30 soufflegivre 3E425, 13h



— HAH ! força la bretonne, ses doigts en sang pointés vers le firmament, accusant le coup tandis que la fabuleuse décharge d'énergie repartait vers le haut, dans un vrombissement inouï.

Dans le ciel, d'un azur uni, le soleil était à son apogée, son Zénith brillant de mille feux sur les eaux du lac Rumare. Deux silhouettes lévitaient au dessus des flots : la première et la plus bas située était celle d'une petite femme, vêtue d'une simple chemise de lin et de braies en toile à sac. Une cinquantaine de pieds au dessus d'elle était la seconde, celle d'un mage sévère en robe bleue, bouc et moustaches blanches.

Alors que l'onde télékinétique atteignait le vieux mage, celui-ci eut un petit rictus.
— Allons, jouvencelle, c'est tout ce que tu as en magasin ? répliqua Aragir Dreslobet, sans se départir de son pittoresque accent. Il fit tourner sa main droite et la volumineuse décharge le contourna docilement pour reprendre la direction... du lac, au grand dam de Maelicia.

— Mais... professeur ! Ca fait DEUX FOIS que j'la renvoie !? J'ai les poignets en compote !!
— Vous auriez les bras brisés que vos adversaires n'hésiteraient pas une seconde ! En garde, pimprenelle !

Le troisième renvoi fut plus dur, plus douloureux, et l'étudiante perdit plusieurs mètres d'altitude en retournant le sortilège à son envoyeur. Ses articulations émirent d'inquiétants craquements, et les larmes lui vinrent aux yeux. Aussi pâlit-elle lorsqu'elle vit que son tortionnaire n'avait nulle intention de faire cesser le supplice.

— S'il vous plaît... stop, gémit-elle, en levant les yeux au ciel.
— Non, répondit simplement Aragir, d'une voix dont avait disparu tout accent. Face à l'ennemi, tu ne ploieras pas...

Il vola légèrement sur la gauche, et éleva les deux bras. La massive colonne le dépassa, puis s'arrêta. L'onde grandit, forcit et prit des proportions dantesques. Enfin, il se plia en deux, et ce fut un véritable ouragan qui fondit vers l'apprentie.

— Ouïlle, anticipa celle-ci, tout en préparant mentalement son renvoi de sort.

Il y eut un gigantesque *PLOUF*, accompagné d'une respectable gerbe d'eau, et la rouquine se retrouva sous les eaux, les yeux en croix, complètement sonnée.

— Elle a encore perdu, commenta Jim l'anguille.
— Si ça continue, elle va vraiment toucher le fond, renchérit Tom, le poulpe.
La carpe, Buma, ne répondit pas. De toute façon, elle ne disait jamais rien, la carpe.



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20 Sombreciel 3E425, 17h



La grotte était sombre, et traversée par un léger souffle, semblable à du vent. Maelicia, les yeux plissés, ne bougeait pas, osant à peine respirer.

Soudain, elle sentit sa présence, là, juste à sa droite ! Elle fit immédiatement volte-face : là, Aragir, faisant pleuvoir une pluie de boules feu dans sa direction, si vite qu'on n'apercevait même plus ses mains. Déterminée, l'étudiante serra les dents.

Toutes les sphéres de feu furent renvoyées vers leur point d'origine, mais lorsqu'elles le rencontrèrent, le vieux mage n'était plus là. Il réapparut juste dérrière Maelicia, mais le temps qu'il la saisisse celle-ci s'était volatilisée. Il donna un minuscule coup de coude vers l'arrière.
— Ouch, reçut la bretonne, en se tenant la mâchoire.
— Oh, pardon... fit-il, en riant.

Il y eut un bruit d'explosion provenant du fond de l'anfractuosité, puis un hurlement féroce et animal. L'instant d'après, un troll furieux et au derrière encore fumant fonçait sur eux.
— Cela constituerait un bon entraînement, jouvencelle, remarqua le vieil homme.
— Bien maître, céda Maelicia, résignée. Et de préparer son sortilège...


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Une forme sombre et massive se matérialisa dans le lac Rumare. A y regarder de près, on aurait dit un Troll.
— Tiens, qu'est-ce qu'il fait là, celui-la ? s'exclama Jim.
Buma resta bouche-bée. Comme d'habitude en fait.




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Cri Primal

20 Soirétoile 3E425, 15h45




Tout se déroulait comme prévu, songea Jeraselm, un sourire moqueur accroché au visage. Maelicia semblait avoir mordu à l'hameçon, et examinait maintenant Flavius sans se douter que trois d'entre eux, sous le couvert d'un charme de caméléon, convergeaient vers elle. Il ignorait encore comment elle avait fait pour les semer, bon nombre de Traqueurs s'étant retrouvés dans le Rumare en tentant de suivre la cicatrice de téléportation. Mais elle avait fait l'erreur de faire une débauche inconsidérée de pouvoir, et la Wyverne était équipée pour pister ce type d'erreur.

Il prépara sa sphère de givre majeure, et ses deux complices firent de même. Elle était cuite ! Et le lézard serait à eux.

Il se passa ensuite un certain nombre de choses simultanément. D'abord, un ustensile divers explosa en plein milieu d'eux, laissant la place à une satanée fumée noire opaque comme de la poix. Puis le lézard disparut de sa trame de détection magique. Une forme sombre et indistincte, plus sombre que les ténèbres même du carbone en combustion se mouvait dans le nuage noir. Jeraselm sentit le néant de sa trame foncer vers Demetrius.

— A ta droite ! beugla-t'il, mais étrangement Demetrius ne réagit pas. Il détectait pourtant la vie aussi bien que lui, mais il semblait ailleurs, comme distrait ou confus. Arriva ce qui devait arriver : le mage-soldat poussa un cri de surprise, et Jeraselm l'entendit s'effondrer.

Il fallait reprendre rapidement le contrôle de la situation.
— Balançe par terre !! hurla-t'il, en précipitant lui même la sphère de glace entre lui et Demetrius, puis bondissant vivement sur le côté. Hébrard fit de même, et en percutant le sol les deux sphères explosèrent, gagnant soudainement en amplitude jusqu'à couvrir plusieurs mètres en l'espace de quelques secondes, le souffle glaçial dissipant brutalement la fumée.

Demetrius était congelé, mais, entre le groupe de la magicienne, interloquée, et les deux traqueurs, un beau bloc de glaces aux allures de reptile s'était produit. Une sorte de dard en émergeait.

Maelicia, réagissant, commença à attirer télékinétiquement le bonhomme de neige à elle, ce qui déplut fortement aux deux Traqueurs restants.

— Neutralise la, on récupèrera le lézard après ! ordonna le magelame.
Hébrard projeta un magnifique rayon paralysant, puis se jeta au sol juste après alors que ledit rayon revenait. Jeraselm jura, puis jeta dans la nasse un sortilège de silence qui dévia illico. Les trois mages se tenaient désormais en triangle, le traqueur et son agresseur, congelés, trônant au milieu d'eux. Un artiste aurait pu remarquer qu'il était équilatéral.

Ils étaient deux, et elle seule : ils n'avaient qu'à la submerger ! D'un commun et tacite accord, les deux guerriers firent pleuvoir une pluie de sortilèges sur la magicienne. Alternant ondes de paralysie, rayons de silence et sphères de fardeau, ils déchaînèrent sur elle un véritable déluge de maléfices, incantant à tour de bras pour profiter de leur nombre.

Le mage blond crut qu'il hallucinait : la rouquine tenait encore ! Bien que transpirant à grosses gouttes, elle parvenait à bloquer, dévier ou renvoyer la quasi-totalité de leurs attaques ! Cependant  non seulement ne pouvait-elle pas les attaquer, mais, au fur et à mesure se contentait-elle juste de les bloquer de ses gantelets. Elle fatiguait !

Soudain, Hébrard se découvrit : empoignant un énorme sphère de fardeau, il la pointa au dessus de sa tête, comme s'il se préparait à lancer un objet trop lourd pour être vrai. La guildiste leva la main, et il fut projeté contre le mur de l'entrepôt, sonné quelques instants , sa baguette roulant à côté de lui.

Ce crétin s'était découvert, songea Jeraselm : il était tout seul à présent ! Non, Flavius, revenait à lui. Maelicia le vit, et un éclair de panique passa dans son regard. D'une main elle se mit à incanter, tandis que de l'autre, elle parait les attaques du Traqueur. Je suis dépassé, pensa Jeraselm, qui n'en revenait pas des progrès de la rouquine. Les runes se combinaient dans les gantelets de la magicienne, et comprit qu'il lui restait peu de temps pour agir. Il faut que je l'affronte sur mon terrain se dit-il, ou je suis cuit.

Dans un rugissement, il suscita une nuée de sphères d'énergie, et chargea la rouquine juste à leur suite, dans l'espoir de la renverser d'un coup d'épaule. L'un des projectiles se fit renvoyer, et il buta contre lui, chutant. Mais déja Flavius et Hébrard se relevaient : ils la tenaient, cette garce !

Mais alors que ses acolytes se redressaient, d'un coup l'incantation prit fin, et le silence s'installa. La  magicienne toussota, comme si elle cherchait à s'éclaircir la voix avant un discours. Puis elle inspira profondément, gonflant sa poitrine, écartant les bras pour emplir ses poumons d'un maximum d'air... puis cria.

D'abord juste de sa petite voix aigue, en un "la" plutôt juste bien qu'un peu cassé. Puis le cri s'amplifia, devint terrible et colossal. La terre trembla, les murs grincèrent, et son souffle repoussa tous ceux qui n'étaient pas derrière elle contre les bâtiments, plaqués par un torrent de vent plus intense encore qu'un ouragan. Caisses pesantes et lourds conteneurs de bois glissaient lentement vers l'entrepôt sous la poussée. Neige et vitres de verre éclatèrent finalement, libérant l'argonien de sa prison de glace.

Mais la hauteur du cri augmentait toujours, devenant supersonique, vrillant ses tympans, massacrant ses neurones. La douleur était maintenant insoutenable, empêchant Jeraselm de bouger voire même de penser, cloué sur place par la puissance du Son. Les traqueurs étaient vaincus, incapables de faire autre chose que de se boucher vainement les ouïes contre ce bruit affreux, ce cri de banshee qui ne persistait désormais plus que dans leurs esprits.

La compagnonne s'avança promptement, prit la main de Danse-mot, et se téléporta sans demander son reste. Tout au juste Briséadius eut-il pu distinguer sur ses lèvres, un fugitif mot d'adieu.

— Dire que je croyais que ma femme gueulait, lâcha Hébrard, en retombant au sol dans un choc sourd.


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Maelicia et son passager se matérialisèrent dans une écurie, ou tout du moins dans un endroit bourré de chevaux, de paille et de crottin, ce qui revenait au même. L'argonien nota qu'un seul warp lui avait été infligé cette fois.

L'humaine se laissa choir au sol, dans la paille, le teint terreux. Danse-mot ne l'avait jamais vue aussi pâle. Sa respiration était saccadée. Elle releva une main tremblante vers le roublard.

« Là.... le cheval... aide..» elle s'interrompit un instant, roulant des yeux, cherchant son souffle.

« Montez... moi... sur le cheval, reprit-elle enfin. Courez vite... il... vous suivra. Faut pas... rester là  » acheva-t'elle, puis elle ferma les yeux et se concentra sur son souffle.

Un alezan à la robe orangée s'approcha, puis laissa tomber le foin qu'il tenait dans sa mâchoire en voyant le lézard, interdit. Sapristi, sa maîtresse s'était faite attaquer par un crocodile !

Modifié par Trias, 12 mai 2009 - 09:05.


#113 Daimyo Tai Shi

Daimyo Tai Shi

Posté 11 mai 2009 - 02:45

Marchandage magique

2 Sombreciel, 17h



— J'en voudrais deux comme ça, s'il vous plaît... demanda la brétonne en contemplant les vastes étagères qui l'entouraient, remplis de parchemins poussiéreux et d'ouvrages sur lesquelles tout un écosystème semblait avoir établi domicile depuis bien des années.
— Bien, répondit le commerçant d'un ton sec. Il vous en coûtera cent septims.

Aewin en resta bouche bée. Cent pièces d'or pour deux sachets de poudre, c'était une aberration qu'on ne pouvait bien voir que dans le monde de la magie. Le prix était plus qu'exorbitant et la jeune femme hésita un instant avant de fouiller dans ses économies, n'était la nécessité de cet achat. Soupirant, elle déversa le contenu de sa bourse sur le comptoir et entreprit de compter sa monnaie.

— Quatre-vingt dix, quatre-vingt onze, quatre-vingt douze... Et bouse de guar ! jura-t-elle en constatant qu'il lui manquait pas loin de dix septims...
— Pas d'argent, pas de sable elfique, jeune fille... ironisa le vendeur.

Aewin avait besoin de ce sable de l'Archipel d'Automne. Elle avait énormément progressé ces dernières semaines, et était même parvenue à élaborer ses premiers rituels en Haute Magie. Cette poudre mystique lui serait d'une grande utilité, mais il n'en restait que trois sachets ici-même, au 'Grand Magasin Mystique', et c'était la seule boutique à pratiquer des prix "raisonnables" pour les étudiants-mages... Elle savait que d'autres personnes à la Guilde étaient intéressées par cette affaire et que les arrivages étaient peu fréquents. Or sa paie n'arriverait qu'une semaine plus tard, et d'autres acheteurs potentiels risquaient de passer à la boutique d'ici là. Il lui fallait à tout prix récupérer ce sable elfique avant qu'il ne parte...

La brétonne entreprit de fouiller dans ses poches à la recherche de pièces égarées, mais ses doigts ne parvinrent à trouver que quelques petits galets ramassés quelques jours plus tôt, lors d'un entraînement au bord du lac Rumare... La solution lui apparut alors presque comme une évidence.

Ses yeux verts brillèrent, de petites rides joueuses se dessinant à leur coin, tandis qu'elle mettait en place sa Sphère d'un battement de cil. Elaborant discrètement son rituel, elle altéra rapidement les lignes et l'aspect de l'un de ses galets. Sortant la main de sa poche, elle en tira une petite pierre verte, transparente et éclatante, semblable à une petite émeraude de qualité moyenne, qu'elle fit tourner entre son pouce et son index pour bien l'exposer à son interlocuteur.

— Et avec ceci ? interrogea la magicienne.
— Hmmm... fit-il en contemplant le caillou enchanté d'un oeil avide. Faites-moi voir ça... Le commerçant étudia la fausse pierre précieuse à contre-jour, bien qu'il n'y connaisse à l'évidence pas grand chose en joyaux. Emeraude, n'est-ce pas ? Oui, ça devrait aller...
— Je vous trouve dur en affaires... Depuis le temps que je viens faire mes achats chez vous, vous auriez pu me concéder huit septims de remise exceptionnelle... La prochaine fois, j'irai sans doute acheter mes livres et ma paperasse ailleurs, lança la brétonne amèrement.

Le front du gérant se creusa de sillons horizontaux tandis qu'il haussait les sourcils, décontenancé. Il réfléchit un moment, puis lança à sa cliente :
« C'est vrai. Prenez-vous donc un article en plus, en cadeau... »

Tandis qu'Aewin inclinait la tête pour le remercier de son geste "commercial" et qu'elle étudiait les rayonnages de la boutique, le vendeur ajouta, en marmonnant dans sa barbe :
« Pas trop cher quand même, le cadeau... »

Aewin quitta finalement le magasin un sourire sur les lèvres, deux sachets de poudre elfique à la ceinture et une chevalière en argent au doigt, et la bourse complètement vide...



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Les fruits du labeur

14 Sombreciel 3E425, 9h30



Le lac Rumare semblait calme. Une fine bruine clapotait doucement sur les eaux tranquilles de la Cité Impériale. C'était sur cette plage que venait régulièrement Aewin pour essayer ses nouveaux rituels grandeur nature. Au moins ne risquait-elle pas ici de détruire un pan de mur ou de changer une statue centenaire de la Guilde en vieux menhir décrépi, s'attirant ainsi les foudres de ses dirigeants...

— En garde, Brevius ! lança la brétonne.
— Ca y est, t'es enfin prête, 'Matriarche' ? la taquina le jeune Traqueur.

Elle aimait bien le jeune homme. Il était jovial et amical, et, s'il respectait à la lettre la hiérarchie en mission, savait passer outre les grades lorsqu'il était en permission. Et, fait très important, il était vif d'esprit, ce qui le plaçait d'emblée au-dessus de la plupart des butors qui servaient sous les ordres d'Aewin.

Brevius Garladan avait sympathisé avec Aewin dès son arrivée à la Cité Impériale, environ une semaine après la "bataille du Port", comme on l'appelait au sein du petit peuple. Il appartenait aux renforts envoyés par l'Ordre pour soutenir Raegar et ses hommes et pour maintenir l'ordre public dans la capitale cyrodiilienne. Le jeune impérial avait suivi les progrès de sa supérieure dans sa discipline, et l'avait aidé à s'entraîner depuis.

Le Traqueur était un impérial d'assez grande taille, les cheveux auburn, les yeux bruns, l'air moqueur — son visage rappelait d'ailleurs étrangement celui de Jeraselm en plus affable — et le nez légèrement retroussé. Sa tignasse flottait librement dans les airs, lui arrivant à hauteur des épaules. Il était vêtu d'une longue robe sombre de mage, à l'effigie de la Wyverne, et d'une cape noire. Il était très différent des autres Traqueurs "lambda" dans le sens où il ne maîtrisait pas du tout l'art des armes, mais s'était spécialisé dans l'usage de la magie, particulièrement dans les domaines de l'illusion et du mysticisme, qu'il avait étudié auprès d'un mentor magicien errant. Il avait alors rejoint la Wyverne lorsque son maître avait été capturé par des pirates, près de Leyawiin. N'eût été leur différence d'âge, Brevius ayant tout juste atteint l'âge adulte, les deux jeunes gens avaient tout en commun.

— Je suis prête depuis qu'on a quitté la Guilde, bêta ! cria Aewin en guise de réponse.
— Et moi depuis que j'ai quitté le pays de songes... renchérit le jeune impérial.

Brevius ouvrit les hostilités avec un sortilège de paralysie. Le trait vert émeraude fila droit vers Aewin, qui ferma les yeux et se plongea dans son monde intérieur, à l'aspect spectral, sa Sphère déjà établie. Le temps et l'espace semblèrent se dilater autour de la magicienne à mesure qu'elle consolidait ses liens mystiques avec son environnement. Le trait parvenant à sa portée, son rituel de protection n'étant pas encore en place, la brétonne y interposa prestement une rune simple de protection magique, qui ne dissipa le sortilège que partiellement. La Matriarche chancela sous l'effet atténué du sort, et rouvrit les yeux pour se rétablir, des étoiles lui voilant la vue pendant un instant et un bourdonnement assez désagréable dans les oreilles.

Le Traqueur incanta un second sort paralysant, et Aewin entreprit de tisser cette fois-ci une protection convenable. Se replongeant dans sa Sphère, elle croisa les liens mystiques qui la composait et en altéra les mailles, pour former une barrière énergétique tout autour d'elle. Le trait magique s'écrasa net contre cette barrière invisible, sous les applaudissements du jeune impérial.

— Pas mal, tu l'as réussi au deuxième assaut cette fois-ci... Tu vas de plus en plus vite ! l'encouragea Brevius.
— Oui, mais pas encore assez apparemment, répondit-elle en se laissant tomber à genou au sol pour rassembler ses forces et son esprit.

Le Traqueur fit de même. La méditation permettait à Aewin de se remettre de la fatigue mentale et physique qu'occasionnait encore l'utilisation de rituels de Haute Magie chez elle. Si tisser sa Sphère ne lui demandait à présent plus aucun effort, matérialiser son pouvoir en combat l'exténuait réellement. Brevius ne médita pas. Il ne méditait d'ailleurs jamais. Il se contentait d'observer sa supérieure et amie en attendant qu'elle termine de récupérer, puis fermait les yeux pour faire mine de rassembler lui aussi ses esprits, Aewin l'avait observé une fois...

Après une quinzaine de minutes, la jeune femme se releva et demanda à son compagnon de l'attaquer à nouveau :
— Vas-y plus hargneusement cette fois-ci...
— Tu ne pourras pas suivre, Aewin. Restons au même rythme jusqu'à ce que tu maîtrises parfaitement ton pouvoir... suggéra Brevius.
— Non, donne tout ce que tu as, cette fois-ci, insista la Matriarche. J'ai quelques nouveautés à expérimenter...

Le Traqueur acquiesça, puis se remit en position. Une fois en garde, il incanta un nouveau sortilège de paralysie. Aewin altéra prestement l'espace, le comprimant au maximum de ses compétences, sa Sphère se comprimant en parallèle, et fit un pas de côté sur la gauche, puis relâcha brutalement la compression spatiale qu'elle imposait à son environnement. Le trait magique passa alors au large, sur la droite de la brétonne...

Décontenancé, n'ayant pas saisi ce qui s'était produit, l'impérial fit pleuvoir une pluie de traits paralytiques sur son adversaire. Invariablement, la magicienne semblait se mêler à l'air et la poussière et se déplacer sur de relativement grandes distances en une fraction de seconde, esquivant ainsi chacune de ses attaques.

Aewin décida alors d'en finir, en répétant plusieurs fois d'affilée sa manipulation. Elle se retrouva alors en moins d'une seconde derrière son ami Traqueur et le poussa en avant, dans de grands éclats de rire amusés. Elle toussa alors et se laissa tomber à genou. Son compagnon se remit debout, s'épousseta, puis fit de même, juste en face d'elle, à moins d'un mètre. Puis ensemble ils commencèrent à méditer...



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Surprise équestre

20 Soirétoile 3E425, 16h00



Aewin était revenue d'une de ses séances d'entrainement au lac Rumare, heureuse des nouveaux usages qu'elle venait de trouver à sa poudre elfique. Décidément, c'était un bien bel investissement, au vu des infinies possibilités qu'il offrait à condition d'être un minimum imaginatif, et du fait de son caractère inépuisable, le sable mystique revenant invariablement à son propriétaire, comme s'il était magnétique...

Elle comptait rentrer à l'Université pour y étudier jusqu'à la fin de la journée, puis aller passer un peu de temps en compagnie de Brevius, qui n'était pas en poste ce soir. Elle lui devait une revanche aux échecs, et ce dernier lui devait un verre d'hydromel... Ils pourraient ainsi se raconter les fresques des personnages hauts en couleur du campement de la Wyverne et de la Guilde, comme à leur habitude. Les commérages et bruits de couloir étaient sans doute leur passe-temps favoris lorsqu'ils passaient du temps ensemble. Il fallait dire que la Cité Impériale était une grande source d'inspiration pour les commères et les histoires...

Cependant, avant toute chose, elle devait déposer sa monture à l'écurie et s'en occuper. Elle caressa au passage l'alezan de Maelicia, Shiyo, et conduisit son propre cheval vers son box. Elle entreprit de retirer la selle et le harnais, puis brossa son pelage en caressant l'animal derrière les oreilles. Tandis qu'elle terminait de s'occuper de sa jument, Aewin entendit un "pop !" retentissant, plus loin derrière elle.

Faisant volte face, elle tenta de percer la pénombre des boxes alentours, cherchant l'origine de ce son étrange. Des chevaux s'agitèrent sur la gauche. Ce fut alors qu'une respiration rapide, saccadée, et irrégulière se distingua des hennissements et autres bruits de sabot. Une voix faible se fit entendre, ses paroles demeurant toutefois incompréhensibles à l'oreille de la jeune brétonne. Sur le qui-vive, tissant sa Sphère et se préparant à un éventuel combat, la magicienne s'avança vers le box de Shiyo, qui semblait être la source de ces bruits pour le moins inquiétants...

« Maelicia ? tenta-t-elle en voyant Shiyo se retourner vers l'intérieur de son box. Est-ce que c'est toi ? »

Modifié par Daimyo Tai Shi, 11 mai 2009 - 02:49.


#114 Ygonaar

Ygonaar

Posté 12 mai 2009 - 17:09

Un grand instant de désarroi

  

  

2 Sombreciel 3E425, 18h

  

  L’Altmer traversait le Quartier du Marché à grand pas, fouillant d’un regard suspicieux les zones d’ombre entre les torchères. Il n’y avait guère de raison d’avoir de crainte, avec le nombre de garde patrouillant en ce moment, mais on ne sait jamais. Pour une fois qu’il avait fait une bonne journée. Le blocus limitait certes l’affluence de clients, et son stock se réduisait de manière effrayante, mais il avait au moins le mérite de faire grimper les cours des matières premières. Cette émeraude semblait être de toute beauté et d’une taille fort honorable, il avait donc laissé son échoppe à son commis pour la faire expertiser sans tarder à la bijouterie du Diamant Rouge.

  — Salut Hamolf, les affaires sont bonnes ?

  — Pas terrible, Calindil, pas terrible avec cette crise. Et toi ? Qu’est-ce qui t’amènes, l’anniversaire de ta femme ?

  — Non, une fois par an, ça me suffit ! Je voudrais savoir combien tu me donnerais pour cette petite merveille ?

  — Fait voir… Mais elle me semble d’une pureté exceptionnelle, je ne décèle aucune inclusion ! s’exclama le lapidaire en reposant sa loupe. Où a-t-elle été extraite, l’Archipel d’Automne ?

  — Aucune idée. Tu m’en donne combien ?

  — Deux cent vingt carats, ça va te faire une belle somme mon ami, une dernière petite vérification…

  Le prudent Dentrouge posa la gemme sur sa Plaque de Vérité, un artefact qu’il avait acheté à prix d’or à Calindil lui-même, il y a près de dix ans, mais qui lui avait évité nombre d’escroquerie de la part de ces aventuriers sans foi ni lois. L’illusion se dissipa donc aussitôt.

  — Les adeptes des arcannes ne te respectent peut-être pas autant que tu l’imagines, railla-t-il en tendant le galet. Tu devrais surement t’acheter une plaque.

  — La sale petite gaupe ! s’étouffa l’elfe devenu orange de colère.


  

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Politique agricole de Cyrodiil

  

  

3 Sombreciel 3E425, 9h

  

  C’est Vinicia Melissacia qui faisait la permanence au Bureau du Commerce Impérial. Elle maudissait chaque jour son grand-père d’avoir dilapidé la fortune familiale à l’Arène, l’obligeant à faire ce travail ingrat et certainement pas digne de son rang. Elle se dit que la journée allait être très longue lorsqu’elle vit l’Altmer entrer.

  — Non monsieur Calindil. Toujours pas de sauf-conduit pour vos fournisseurs et pas question de détaxer la digitale et les organes de gobelins sous le prétexte de « produits agricoles régionaux »…

  — Non, non, madame, je viens aujourd’hui pour porter plainte. Une étudiante de l’Université en ville depuis un petit mois. Elle se prénomme Avine je crois, une Brétonne surement.

  — Remplissez le formulaire, répondit la fonctionnaire désabusée.


  

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La mesquinerie du subalterne



  

5 Sombreciel 3E425, 9h

  

  Le seigneur Faivre astiquait ses bésicles avec conviction, activité qui lui devenait des plus régulières ces derniers temps.

  — Je comprends bien, capitaine Lex. Il s’agit bien sans conteste d’un cas d’escroquerie avec aggravation par usage de magie. Mais d’après mes dossiers, il s’agirait d’Aewin Melleandra, Matriarche de l’Ordre de la Wyverne. Une gradée, Hieronymus, et de surcroit une magicienne d'une section secrète lutant contre le mal. Elle avait certainement d’excellentes raisons pour agir ainsi… Des trucs mystiques et tout ça !

  — Dans ce cas là, j’aimerai bien qu’elle nous les expose, Monseigneur.

  — Impossible. Le chancelier lui-même a bien insisté sur l’importance du secret. Et comment pourrions-nous comprendre les agissements d’un mage, franchement ?

  — Avec tout le respect que je vous dois, je…

  — Ce sera tout, capitaine. Passez à la trésorerie, elle vous donnera un assignat pour dédommager ce commerçant. Et dites-lui bien que tout est parfaitement sous contrôle.

  Le Premier Edile n’en pensait pas un mot, évidement, mais il avait reçu l’ordre de « mettre du liant ». Les agents de la Wyverne étaient parfois mal dégrossis, tellement persuadés de la supériorité qu’apportaient leur engagement contre les forces du chaos et leurs connaissances mystiques. Et l’isolement dans leur base secrète n’aidait pas non plus à se confronter aux réalités de la civilisation. Certains membres avaient donc tendance à se croire dans une ville sous occupation, et les petites exactions étaient nombreuses. Evacuations sommaires, insultes envers les notables, réquisition de ravitaillement, intrusions magiques… La plupart de ces actes ne portait guère à conséquence, mais les forces régulières, ulcérées de devoir soudainement se mettre à la disposition d’inconnus, les prenaient comme des affronts  personnels.

  Et le seigneur Faivre lui-même n’était pas loin de partager ce sentiment, ayant détesté le Visionnaire Raegar dés leur premier contact. Ce cas là était particulier, cependant. Un cas d’escroquerie caractérisée avec usage de la magie, et de la part d’une gradée en plus. Il hésita un long moment puis, presque joyeusement, il écrivit deux directives,  l’une à l’argentier de l’Ordre de la Wyverne pour signifier une retenue de solde pour la Matriarche, l’autre était une lettre de protestation officielle adressée au Visionnaire. Avec une copie pour les Archives, bien entendu.

    

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De futurs commérages

  

  

20 Soirétoile 3E425, 15h55

  


  Main-d’Ombre s’écroula de nouveau, sujet à la terrible désorientation que provoquait une téléportation pleinement consciente. Il chercha bien à vomir, mais son estomac était vide et sa ceinture abdominale encore anesthésiée par le froid. Heureusement que sa Potion d’Hivers avait limité la perte de chaleur, sinon il aurait peut-être été en totale léthargie, voir pire. Il aurait certainement de bonnes brulures cutanées et son brocart avait été arraché avec les éclats de glace. Plus un mal de tête carabiné à cause de ce cri horrible que la Brétonne avait émit. Mais pourquoi aucun plan ne pouvait se dérouler normalement en sa présence ? Il était apparemment devenu la cible d’une bande de magelame ne lésinant pas sur les moyens, il avait connu avenir plus radieux.

  Elle aussi, d’ailleurs. A quatre pattes dans la paille, elle cherchait vainement à reprendre son souffle, au bord de la syncope. Le reptile n’était pas surpris : trop de Ténèbres. Il faudrait certainement ne plus compter sur elle pendant un bon laps de temps. La situation devenait donc critique, puisque leurs traqueurs semblaient particulièrement bien armés pour le neutraliser. Même son ampoule de suie ne les avait guère déstabilisés, de la fort onéreuse cendre vampire gâchée en pure perte.

  — Là.... le cheval... aide..ahana la jeune femme en désignant le petit bourrin qui les regardait d’un air peu amène, peu habitué à partager sa stalle avec tous les téléportés de passage, sans doute. Montez... moi... sur le cheval. Courez vite... il... vous suivra. Faut pas... rester là.

  
  Le saurien était bien d’accord sur ce dernier point. Mais il n’avait jamais aimé les chevaux, et ces derniers le lui rendaient bien, ne voyant souvent en lui qu’un prédateur inquiétant. Ceci dit, Maelicia semblait connaître la bête et il lui fallait admettre que son concours semblait indispensable. Il s’efforça à réprimer son malaise et entrepris de hisser péniblement la Peau-Molle sur ces jambes.

  — Maelicia ? Est-ce que c'est toi ? demanda une voix hésitante dans leur dos. C’est donc cachés dans une écurie, à demi couchés, enlacés et haletants comme en plein coït que l’intruse découvrit son amie en pamoison dans les bras d’un Argonien torse nu.

  — Mademoiselle ? Madame Marsonic est au plus mal. Pourriez-vous me prêter main forte pour la hisser sur le fier destrier que voilà ? répondit le lézard sans se démonter. Il fut toutefois mon faraud lorsqu’il avança une main prudente de Shiyo, découvrant néanmoins ses dents à cause de la nouvelle venue.

  — Calmes. Calmes-toi et reste tranquille, lui murmura-t-il d’une voix douce, espérant que cette stupide bête comprendrait suffisamment ses paroles pour se laisser impressionner.

Modifié par Ygonaar, 12 mai 2009 - 22:54.


#115 Ygonaar

Ygonaar

Posté 16 mai 2009 - 17:59

La Manipule Funèbre

  

  Markal gro-Terashom jurait entre ses dents un chapelet d’insultes à faire frémir un charretier imaginatif. Comme il l’avait prédit, les pandours de la Wyverne n’avaient réussi qu’à faire fuir ses cibles. Il lui fallait l’aide du commissaire au plus vite. Il sorti donc sa Sphère de Contact de son étui.

  Ces cinq petites boules d’ébonite, fabriquées par le Commissaire Divisionnaire Arentus Jastia en 3E284, étaient un des principaux trésors du Bureau Impérial d’Investigation Magique. Activées par un sortilège mineur, elles pouvaient entrer en contact avec une de leur congénère, transmettant à leur porteur les images et les sons entourant l’autre sphère. Elles pouvaient même servir de balise magique, que ce soient pour les localiser ou générer un warp.

  Il ne fallut donc guère qu’une poignée de seconde pour que le « pop » caractéristique d’une téléportation trahisse l’arrivé du chevalier de Desailly.

  Le commissaire observa la scène qui se tramait un peu plus loin en écoutant le succinct rapport de son subordonné. Il fallait agir vite, l’heure n’était hélas plus à la subtilité. Une médiocre solution lui venait à l’esprit pour ne pas s’opposer trop directement à l’ordre de magelame. Il répugnait la publicité mais il devait faire appel à la vieille. D’abords se rendre à l’arrière des docks.

  Si les Sphères de Contact étaient artefacts des plus utiles quotidiennement, le plus puissant et complexe objet magique du service restait sans conteste le Heaume de Décurion, dont l’exclusive utilisatrice était Deidre Nermarc. Tous les squelettes de la Manipule Funèbre étaient liés à une gemme noire, mais également à ce casque. Il permettait non seulement au porteur d’entrer en contact télépathique avec chaque membre de sa troupe, mais également de lancer des enchantements et des contre-sorts de groupe. Il était la principale assurance que les disciples de Sh’éam n’arriveraient pas à prendre le contrôle des membres de la Manipule. Et sans lui, jamais la vieille nécromancienne n’aurait put se téléporter avec sa compagnie, même en utilisant le portail du palais.

  
  Un pas cadencé se fit entendre. Monstrueusement cadencé, d’ailleurs, jamais trouffions n’ont été autant en rythme. Les deux ruelles encadrant le théâtre des hostilités dégorgèrent chacune un bataillon de légionnaires impériaux. Un observateur attentif serait peut être surpris par leur casque intégral qui, visière baissée, camouflait admirablement leur condition de squelette, et se demanderait quel régiment arborait le crâne de corbeau gueule sur champ sinople comme insigne. Sans un mot, les lanciers des premiers rangs abaissèrent leurs piques, prenant en tenaille les belligérants encore présents.

Modifié par Ygonaar, 16 mai 2009 - 18:00.


#116 Daimyo Tai Shi

Daimyo Tai Shi

Posté 18 mai 2009 - 22:30

La rouquine se dévergonde...

20 Soirétoile 3E425, 16h05



« Mademoiselle ? » lui répondit une voix sifflante.

Aewin s'aventura dans le box de Shiyo et découvrit avec stupeur son amie, Maelicia, dans les bras d'un argonien à moitié nu, tous deux empilés dans une configuration pour le moins suggestive. Tous deux haletaient comme des soufflets de forge, et Aewin se sentit soudainement extrèmement gênée d'ainsi surprendre la jeune magicienne dans ses ébats...

— Je... balbutia la magicienne aux cheveux d'or. Veuillez m'excuser, je ne pensais pas que vous...
— Madame Marsonic est au plus mal...
la coupa l'argonien entre deux respirations polypnéiques. Pourriez-vous me prêter main forte pour la hisser sur le fier destrier que voilà ?

L'argonien découvrit alors une dentition pointue, comme pour ponctuer sa demande, dans ce qui devait être soit un sourire, soit une menace. Aewin n'avait jamais été très douée pour interpréter les expressions des espèces non humanoïdes... Méfiante et soudainement inquiétée par le comportement de ce sombre et inconnu saurien, la jeune femme recula un pied en arrière pour se mettre doucement en position de garde.

Tandis que la jeune magicienne renforçait les mailles de sa Sphère et tissait tranquillement un rituel de protection majeure, le reptile semblait tenter d'apaiser Shiyo d'une voix sifflante mais néanmoins douce, qui avait quelque chose d'apaisant... Poursuivant les motifs complexes nécessaire à la préparation de son rituel, la jeune magicienne s'avança vers l'homme-lézard et tenta d'engager la conversation, comme si de rien était, en l'aidant à hisser la guildiste rousse sur son "fier destrier", comme l'étranger qualifiait le petit alezan de Maelicia...

« Qu'est-ce qui lui est arrivée ? » s'enquit-elle auprès de l'inconnu.

Fixant l'argonien droit dans les yeux, elle tenta de le jauger.

« Je suis une amie de Maelicia, et pourtant elle ne m'a pas parlé de vous... commença-t-elle sur le ton de la conversation. Il faut dire qu'on a été pas mal occupées elle et moi ces derniers temps, et chacune de notre côté en plus... On a pas trop eu l'occasion de discuter, y compris de nos relations, vous comprenez... Vous la connaissez d'où ? » demande-t-elle finalement d'un ton qui se voulait faussement innocent.

Tandis qu'elle formait mentalement le dernier motif nécessaire, elle paracheva son rituel de protection et bougea les lèvres, imperceptiblement et sans bruit, pour formuler son mot de pouvoir sans alerter son interlocuteur, et son environnement direct s'altéra subrepticement, l'air autour d'elle semblant comme chargé d'énergie. La cuirasse invisible qui l'entourait devrait lui permettrait de rester maîtresse de la situation si le besoin s'en faisait sentir, à supposer que l'argonien n'était pas mage lui-même...

#117 Ygonaar

Ygonaar

Posté 19 mai 2009 - 13:42

Tentative de congés



  

20 Soirétoile 3E425, 16h00

  
—  Qu'est-ce qui lui est arrivée ?

  — Elle est… malade. Je dois l’emmener au plus vite voir un guérisseur au quartier du Temple.
— Je suis une amie de Maelicia, et pourtant elle ne m'a pas parlé de vous... Il faut dire qu'on a été pas mal occupées elle et moi ces derniers temps, et chacune de notre côté en plus... On a pas trop eu l'occasion de discuter, y compris de nos relations, vous comprenez... Vous la connaissez d'où ?
  
Une amie de la Peau-Molle? Surement une mage alors, elle pouvait donc causer potentiellement des ennuis. Main-d’Ombre observa la jeune femme pendant sa diatribe. Elle semblait visiblement méfiante, mais faisait alors preuve d’une curieuse confiance en soi en s’approchant aussi près. Des odeurs de simples, une robe, un tonus modéré en hissant la rouquine, une simple dague peu entretenue, des mains délicates n’ayant pas été modelées par de durs labeurs… Des mains avec une bague représentant une Wyverne !

  Dans quel guêpier était-il encore tombé ? L’affaire devenait de plus en plus embrouillée, et il allait devoir jouer sur du velours. Qu’avait dit la Brétonne sur ses compagnons déjà ?  Ah oui, « une amie qui trouve rien d’mieux que d’bosser pour des rivaux » et « Aewin est première de sa classe de traqueurs ». Elle n’avait autrement fait mention que d’une Sonia et d’Ulvasa, mais aucunes des deux ne pouvaient coller, la première étant Bosmer et la seconde décédée. Le reptile tenta sa chance.

  — Je me nomme Danse-Mot, modeste troubadour itinérant de son état. Et je suppose que vous devez-être Aewin ? Maelicia vous porte beaucoup d’affection, savez-vous ? Je ne suis pour ma part qu’une connaissance assez récente, rencontré par hasard grâce à la magie de la musique. répondit-il obligeamment en enfilant une vielle blouse qui devait servir aux garçons d’écurie lorsqu’ils ramassaient le crottin. Il emmitoufla ensuite sa « malade » dans une couverture de selle qui sentait la sueur équestre de manière tenace.

  — Je fus ravi de vous avoir enfin rencontré, bien que les circonstances ne s’y prêtent hélas guères. enchaina-t-il en essayant d’entrainer Shiyo hors de l’écurie.

  

Mais par les neufs divins, nous n’en resterons là !

  

Etant un peu devin, enfant de Dibella,

  

Devant coupes de vin nous rirons de tout ça,

  

De cet affolement vain où nous plonge Maelicia.

  Improvisa-t-il de sa plus belle voix, bien que la dernière rime soit maladroite, signe indiscutable que l’Argonien était pressé et contrarié.

Modifié par Ygonaar, 19 mai 2009 - 13:43.


#118 Trias

Trias

Posté 21 mai 2009 - 19:56

Cruelle férule

2 Sombreciel 3E425, 14h




Les eaux calmes du lac, se rompant contre les écueils, en de lents et rythmés assauts. Le tapis de mousse et d’algues recouvrant la roche. Le soleil de midi, illuminant de ses rayons deux formes dressées sur les brisants : la silhouette frêle et dégingandée d’une bretonne, vêtue d’une chemise courte et d’un pantalon de toile grossière ; l’image haute et fière d’un vénérable mage en robe de travail et la mine sévère.

— Eh non, bécasse, commentait le vieux mage, en fronçant de broussailleux sourcils.

Et de fait, l’ondulation chatoyante que produisait le contresort s’inversa dans les airs, et rejaillit aussi sec en direction de l’étudiante, déconfite. Maelicia tenta bien un arrêt primaire, mais le sortilège devenu instable explosa au contact de ses paumes.

Déséquilibrée, elle recula d’un pas sur son rocher spumeux, et glissa. Elle tenta bien de se rétablir, brassant l’air pendant quelques secondes de ses bras nus, se tordant et se contorsionnant afin de faire revenir à elle son centre de gravité. Rassemblant toutes ses possibilités de concentration, elle prit mentalement appui sur l’eau, et parvint à léviter.

L’étudiante resta ainsi quelques instants suspendue, retenant son souffle. Son maître se matérialisa à ses côtés, l’observant quelques instants. Puis, de son doigt, il lui infligea une brève pression entre deux côtes, au point vulnérable. L’effet de la chatouille fut immédiat : Maelicia tomba à l’eau, pour la trentième fois. Elle reparut aussitôt, toussant et crachant, projetant une gerbe d’écume.

— Dis moi, ma petite oie, n’avais-je pas mentionné que le cinquième tenant de l’arcane de Perce-sort devait répondre au motif du bouclier ? Comment veux-tu éviter que ton sortilège en subisse la défense autrement ?

Notre amie sentait la moindre parcelle de sa peau se hérisser au contact glacé du lac. Elle foudroya le magicien du regard :
— J’en sais rien ! cracha-t’elle. J’m’en contrefous ! J’en ai rien à foutre d’votre mouise de Perce-sort et d’vos fientes d’arcanes ! Pourquoi vous m’avez fichue à l’eau, hein ? Pour satisfaire vos fantasmes ? Z’êtes sadique ?? hurla-t’elle, effrayant une mouette voisine.

— Parce que... je me sens particulièrement solitaire, petite sotte. Et donc gravement victime de l’ennui.

La rouquine jura, puis projeta de toutes ses forces une vague télékinétique contre l’enseignant suranné. Et une sphère de feu. Puis un éclair de lumière, un éclat de glace, deux ou trois rochers, un rayon paralysant, un Perce-sort raté, une ellipse de silence... Tous se trouvèrent déviés, renvoyés ou stoppés par l’ancêtre. Jusqu’au moment où, n’y pouvant plus, elle concentra son pouvoir dans une phénoménale onde sismique... qui revint droit vers elle.

L’apprentie reprit conscience peu de temps après, une cinquantaine de pieds plus loin, à demi-immergée. Son corps était trop meurtri pour réagir, ses muscles ayant été trop fortement compressés contre le mur des flots lacustres. Aragir était auprès d’elle, une solide touffe de ses cheveux à la main, maintenant sa bouche au dessus des eaux.

— Tout pourrait se terminer ainsi, bécassine. Avec un Disciple, un nécromancien, une bête ou un Traqueur prêt à t’achever. Je vais te donner quelques éléments de réflexion... à court terme, déclara-t’il, d’un ton inquiétant.

Et il la lâcha. La gravité tamriellienne étant universelle, Maelicia n’y fit guère exception : elle sombra, abandonnant tout au plus quelques bulles sur son sillage. Réalisant qu’elle coulait, elle paniqua, griffant les eaux de ses membres endoloris, mais en vain : une force inouïe s’opposait à sa remontée ! Formulant mentalement la fameuse arcane de dissipation, elle la projeta contre la barrière invisible. Rien à faire. Elle recommença, plus fébrilement. En vain. Désespérée, elle injuria, tempêta, cracha, pleura, mais rien n’y fit si ce n’est qu’elle perdit davantage d’air.

Une sourde pression lui étreignait la poitrine, tandis que le besoin d’air se faisait plus pressant. Déjà, sa conscience s’altérait. Quelle manière atroce de mourir, vraiment, la noyade ! Maelicia se relâcha. Le mur d'Aragir était trop résistant. C’était vain, de toute façon elle allait se noyer, c’était inévitable. Elle parvint à penser à Akatosh, puis sentit une traction puissante... et se retrouva à l’air libre. Hoquetant, respirant à pleins poumons, elle entendit la voix aride d’Aragir résonner dans ses oreilles.

— Je n’étais pas obligé de te sauver. Après tout, tu t’es fourvoyée seule, comme une grande !

Il se rapprocha de sa rescapée, encore tremblante et choquée.

— Donc, désormais, ta vie m’appartient, pimprenelle. Et je ne te libérerai que lorsque tu parviendras à vaincre mon mur, entendu ?

Maelicia releva sur lui des yeux à la fois soumis et écoeurés, entre ses mèches dégoulinantes. Elle, passer sa vie avec ce vieux fou ? Traven était-il seulement au courant de ce qu’il faisait subir à ses élèves ? Enfin, il l’avait piégée : elle n’avait plus d’autre choix que de lui obéir. Pour l’instant.

— Oui, marmonna-t'elle, vaincue.

— Oui, qui ?

— Oui, Maître, renifla-t'elle rageusement.

— Bien, fit-il, une lueur étrange dans le regard. Maintenant va te changer, bécasse, tu as des algues sur la figure.



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Revers

20 Soirétoile 3E425, 16h15




Jeraselm écumait. Tous ces sourires, tous ces chastes baisers, ces gestes de la main... Tout s’était envolé il y avait deux mois. Cette fieffée femme avait depuis paru au mieux distante, au pire, évitante. Elle s’était même permis une moue amusée lorsqu’il lui avait transmis les instructions de la Wyverne : toujours rester à deux pas de Flavius, prévenir les traqueurs en observation en cas de déplacement, et ne surtout pas prendre contact hors de sa vue. Elle avait tout prémédité.

Certes, les rapports entre sa guilde et l’ordre auquel répondait le Traqueur étaient houleux. Hostiles même, depuis que les besoins de la Wyverne avaient nécessité la réquisition de la cité Arcanes. Mais tout cela ne dépendait pas de lui, il n’y pouvait rien, et il était injuste qu’elle lui en tienne gré. Ah, pourquoi fallait-il toujours que sa vie sentimentale se complique de la sorte ?

— Le soleil se couche, aspirant, observa Hébrard à côté de lui.
— Je le vois bien, imbécile, qu’est-ce que ça peut faire ? rétorqua-t’il, en repoussant une lourde caisse de bois le plaquant contre l’entrepôt, dans un grognement.

Son subordonné s’empourpra.
— Pardonne moi, soldat, s’excusa Jeraselm. Ses hommes n’avaient pas à faire les frais de son humeur. Que voulais tu dire ?
— Il y a des forces en déplacement devant l’horizon, expliqua le breton.

Le blond magelame tourna la tête : effectivement, un détachement avançait, leur pas cadençé résonnant sur les quais. Il aurait juré qu’il n’y avait rien quelques secondes plus tôt.

D’un ordre de Jeraselm les quatre Traqueurs se rétablirent, mais déjà ils étaient encerclés, de part et d’autre des quais. Tandis que d’étranges et d’inquiétants emblèmes flottaient au vent, une rangée de lances se hérissa.

— La légion ? s’exclama Demetrius. Mais qu’est-ce qu’ils font ici, on leur avait pourtant dit de ne pas ingérer ?
— Ce n’est pas la légion, déclara Flavius, soudain grave. Flavius était parmi les plus érudits de l’escouade, et bon diplomate. C’étaient ces raisons qui avaient poussé Jeraselm à le faire accompagner  Maelicia, et ce laconisme ne lui ressemblait guère.
— Et, c’est quoi, alors ? demanda Jeraselm.
— La Manipule Funèbre. Des légionnaires. Morts, expliqua-t’il.
— Le soleil se couche, répéta Hébrard, et tous comprirent où il voulait en venir.

L’aspirant de la Wyverne ne se laissa pas démonter. L’accès à la cicatrice de warp de la guildiste leur était interdit, pour le moment. Mais il savait où la retrouver, et la compagnonne n’avait pu aller bien loin après une telle débauche d’énergie. Il prit sa décision.

— Dispersion ! Rendez vous au point B-7-22, exécution !

Les quatres Traqueurs se volatilisèrent. Ou plutôt redevinrent translucides, comme à leur arrivée. Quelques secondes après, un plongeon résonna, quelques poutres vibrèrent, deux ou trois dalles crissèrent puis ce fut tout. Pour Markal, le champs était désormais libre.




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Rouerie ambiguë

20 Soirétoile 3E425, 16h15





Mais par les neufs divins, nous n’en resterons là !

Etant un peu devin, enfant de Dibella,

Devant coupes de vin nous rirons de tout ça,

De cet affolement vain où nous plonge Maelicia.


L’épais et grossier tapis de selle retomba sur la tête de Danse-mot, imprégnant son nasopharynx  d’une pénétrante odeur de crottin. L’argonien et la Matriarche s’aperçurent que l’intéressée, dressée sur son canasson, les couvait du regard. Une flamme courroucée dansait dans ses pupilles.

— Au cas où z'auriez pas remarqué vous deux, j'suis ni absente, ni demeurée, donc j'vous s'rai reconnaissante d'arrêter d'parler d'moi à la troisième personne comme si j'étais pas là... Pis j'vais d'ja mieux. Il en faut plus que ça pour m'mettre à genoux, savez ?

Et effectivement, sa respiration s’était calmée, se coulant de nouveau dans les bruits ambiants. Néanmoins, elle restait d’une effrayante pâleur, mais comptait sur une expression goguenarde et sur les faiblesses de l’illumination de l’écurie pour masquer cet état de fait à Aewin.

Immédiatement en dessous d’elle, son modeste alezan était d’un calme olympien. Ou plutôt d’une immobilité parfaite, troublante même, pour une bête. Ce comportement étrange, Shiyo le devait à une pensée stratégique : il avait vu sa maîtresse, dans les bras du crocodile, se laissant faire. Epargnant ses mouvements alors même que le monstre venait la titiller, de ses griffes acérées. Faisant la morte ! Or, Shiyo n’ignorait rien de l’intelligence limitée des reptiles, et s’appliquait donc à rester d’une parfaite immobilité. Ainsi le crocodile aux yeux rouges les prendrait pour une poutre de l’écurie et finirait par les laisser tranquilles, lui et sa propriétaire. C’était indubitable.

Mais voilà qu’imprudemment, sa bipéde reprenait la parole !

— J’peux même encaisser beaucoup plus, appuya Maelicia, jouant aux maximum sur l’ambiguïté de la situation.  Elle voyait le rouge monter aux joues de son ancienne amie, c’était parfait. Aewin... j’suis désolée qu’t’aie dû voir ça, m’enfin .... bon peu importe. Ca faisait un moment qu’on s’était plus vues et... j’voulais t’en parler mais... j’ai pas eu le temps ! Entre nous deux c’est...foudroyant ! Juste une chose, implora-t’elle, avec une fausse sincérité touchante, n’en parle à personne ! Et surtout pas à Jeraselm, y s’rait furibard, tu l’connais...

La compagnonne rajusta sa position, et serra les rênes de sa monture, essayant ainsi de dissimuler les tremblements de son membre supérieur. Elle ressentait une intense fatigue, ainsi qu’un pressant besoin de méditer, mais elle ne pouvait se permettre de se laisser aller devant... une arriviste telle qu’Aewin. Si elle s’imaginait qu’elle lui pardonnait d’avoir trahi sa confiance puis envahi sa guilde, elle et ses copains raides comme des pieds de grue, elle se fourrait le doigt dans l’oeil. Mais pour l’instant, il fallait lui laisser sous-entendre qu’elle batifolait. Si elle passait pour une jeune écervelée, amourachée de lézards Shakespeariens et de rimailleurs fauchés, moches comme des poux, tant pis ! Du moment qu’elle mettait la main sur le bâton, elle pourrait tout supporter...

— Bon, y’aura trop d’monde chez l’guérisseur, mon bichon, interpella-t’elle Danse-mot, avec une oeillade complice. Suis moi, j’ai une autre idée.

Elle talonna faiblement son minuscule destrier, qui ne bougea pas d’un poil. Un brin agacée, elle lui infligea un bon coup dans les flancs, et parvint à le mettre au pas.

— Tu viens... chéri ? le héla t’elle d'un geste incitatif. Aewin, à plus tard, et surtout motus, hein ? Tchaô !

Et, entraînant sa fière mule de cheval dans un trot léger, elle quitta l’écurie en direction des portes de la cité. Dans un coucher de soleil splendidement romantique...

Modifié par Trias, 21 mai 2009 - 20:08.


#119 Ygonaar

Ygonaar

Posté 22 mai 2009 - 00:16

Protection civile

  

  

20 Soirétoile 3E425, 16h15

  

  Les quatre trappeurs disparurent. Deidre percevait leur aura vitale se disperser au dessus les bâtiments. L’objectif était atteint mais elle était presque déçue. Auraient-ils donc pris toutes ces précautions en pure perte ? Avec un peu de chance, un observateur reviendrait observer la scène.

  Les morbides légionnaires relevèrent leur lance en se positionnant en cercle autours de Briséadius et Morgrak. L’officier, une femme curieusement petite pour la légion et en armure légère, sortit du rang. Une voix sèche et autoritaire filtra de la visière baissée du heaume.

  — Briséadius Danselame ? Je suis le questeur Deidre Nermac du Bureau Impérial d’Investigations Magiques. Nous avons détecté que vous avez été agressé, notamment via des moyens thaumaturgiques. L’Empereur ne peut tolérer que le Héros du Port subisse de tels sévices au sein même de la capitale, vous le comprenez bien. Nous avons donc été mandés pour vous escorter jusqu’au Palais. Acceptez-vous de nous suivre ? demanda-t-elle, alors que des légionnaires chargeaient déjà les cadavres des malandrins occis par Morgrak.


  

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Halloween qui déchire

  

  Les sensations étaient plutôt désagréables. Il avait l’impression que le froid lui pénétrait au plus profond de la chair, que sa peau était poisseuse et la lumière déclinante curieusement terne. Le commissaire Paullus Valens se demandait bien pourquoi la vieille avait appris ce sort de Masque de la Mort. Cela devait être certainement très branché chez les nécromanciens, et pouvait servir au besoin pour effrayer ses compatriotes, mais il n’aurait lui-même jamais perdu du temps sur un charme aussi inutile. Sauf aujourd’hui, il devait bien l’admettre, puisque Markal et lui semblaient avoir une aura de mort-vivant. Couplée avec les illusions de l’Orc, les questeurs ne devraient pas se rendre compte que deux des soldats étaient bien plus vif qu’ils ne voulaient bien l’admettre.

  Il laissa la vielle Brétonne gérer le mobile officiel de l’intervention de la Manipule Funèbre, se concentrant exclusivement sur la déchirure du warp. Le Chevalier de Desailly avait un indubitable don d’empathie qui lui avait permit de devenir un psychométricien de premier ordre. Il put donc non seulement déterminer le point de chute de la brèche, mais également analyser les subtiles rémanences psychiques qui caractérisaient les sortilèges de Maelicia. Cela se présentait bien, il devrait pouvoir imiter assez finement la signature thaumique de mademoiselle Marsonic…

  Dans l’indifférence générale, deux légionnaires disparurent en un discret « pop » assourdi par le remue-ménage des autres soldats.

  
  

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Gouailleries inconvenantes


  

  

20 Soirétoile 3E425, 16h15

  

  — Au cas où z'auriez pas remarqué vous deux, j'suis ni absente, ni demeurée, donc j'vous s'rai reconnaissante d'arrêter d'parler d'moi à la troisième personne comme si j'étais pas là... Pis j'vais d'ja mieux. Il en faut plus que ça pour m'mettre à genoux, savez ?
La Brétonne indignée venait de lui balancer sur la tête la couverture de selle. Décidément, elle comprenait toujours de travers. Mais l’heure n’était pas aux explications… Main-d’Ombre roula calmement l’odorant bout de tissu alors que la jeune femme poursuivait sa diatribe indignée.
— J’peux même encaisser beaucoup plus ! Aewin... j’suis désolée qu’t’aie dû voir ça, m’enfin .... bon peu importe. Ca faisait un moment qu’on s’était plus vues et... j’voulais t’en parler mais... j’ai pas eu le temps ! Entre nous deux c’est...foudroyant ! Juste une chose, n’en parle à personne ! Et surtout pas à Jeraselm, y s’rait furibard, tu l’connais...

  
Le saurien resta interloqué. Elle n’était tout de même pas en train de suggérer que… Si, visiblement, d’après la réaction de sa copine qu’il considérait comme typique des humaines devant les choses du sexe. Comment cette damnée rouquine pouvait l’imaginer avec une Peau-Molle, chaude et à la face plate ? Ça n’était pas crédible du tout ! Et il lui semblait maintenant que ce n’était pas la première fois qu’elle faisait des allusions de ce genre… Un indéfinissable malaise lui contracta l’estomac.
  
  Insensible aux préoccupations du reptile, Maelicia enchainait de plus belle.
— Bon, y’aura trop d’monde chez l’guérisseur, mon bichon, l’aguicha-t-elle. Suis-moi, j’ai une autre idée.

Bon, autant corroborer la stratégie de la magicienne devant une source d’ennuis potentielle, un recul de sa part briserait toute crédibilité.
  — Ne sois pas jalouse comme ça, Biquette ! répliqua-t-il en lui pinçant la fesse. Je faisais juste connaissance avec mademoiselle.

  Il partait du principe que toutes les femmes ne devaient pas avoir les supposés tortueux fantasmes de sa compagne. Et par conséquent, plus il en ferait, plus Aewin serait fort aise de les voir partir. Mais le temps manquait. Il s’approcha donc de la Matriarche et lui saisit le bout des doigts.
— Tu viens... chéri ?
le convia l’autre mégère. Aewin, à plus tard, et surtout motus, hein ? Tchaô !
— Votre vision fut pour moi un ravissement ! Nous aurons certainement l’occasion de nous connaître… plus profondément. insinua-t-il d’une voix égrillarde en effleurant ses phalanges de son museau. Il se releva en lui adressant un clin d’œil qu’il espérait coquin, et rattrapa la cavalière hors de l’écurie.
— Mais nous devons tout de même aller voir ce guérisseur, lui souffla-t-il à voix basse.

Modifié par Ygonaar, 22 mai 2009 - 07:33.


#120 Trias

Trias

Posté 23 mai 2009 - 21:43

La Malédiction de l’Escalier mouvant

3 Sombreciel 3E425, 11h




Cadran Nord-Est de l’île de Cyrodiil, quelque part entre l’orée de l’immense zone forestière bordant la cité impériale et le lac rumare. Une étudiante bien connue, revêtue de ses désormais habituels frusques de toile, scrute avec dépit un cabanon au bois rongé par les algues, sous une abrupte falaise. Elle est assise dans le sable et tient un volumineux almanach, ouvert sur des pages recouvertes de glyphes abscons. De volumineux rocs, chus par le passé, sont éparpillés un peu partout sur la plage.

Un vieil homme, très droit, apparaît non loin d’elle : c’est Aragir Dreslobet, l’enseignant en mysticisme de l’université Arcanes. Et toujours affublé d’un accent à couper au couteau.

— Je constate que vous avez pris possession de vos nouveaux appartements, jeune amie. La vue vous convient ?

Moue irritée de Maelicia. Le mage sourit.
— Vous m’en voulez pour la modeste incartade d’hier, n’est-ce pas ? C’est tout à fait normal, cela vous passera.

Il prend ensuite une expression dure, mais un éclat de malice brille dans ses yeux.
— Mon mur psychique ne se lèvera qu’une fois par mois, donc vous feriez bien de vous habituer au cadre. D’ailleurs je pense qu’il mérite quelques aménagements, l’agencement n’en est pas pratique, vous ne trouvez pas ? Voyez vous même, le ravitaillement est au beau milieu du lac...

La rouquine fronce les sourcils, et observe le lac. Effectivement, ce qu’elle pensait être un fragile récif de granite blanc brillant au soleil ressemble maintenant bien à une plateforme réduite, taillée dans la pierre. Un accueillant sac de fibre tressées vient d’y apparaître, juste sous un étrange fragment de cristal flottant dans les airs. Mais cinquante mètres d’eaux sombres et inhospitalières séparent l’ilôt de la terre ferme...

Le cruel tuteur surprend une brève lueur de désespoir dans le regard de sa pupille, et y répond par un léger rictus.
— Pas d’inquiétude cependant, le chemin est tout tracé : vous apercevez cette colonne sombre, sous les eaux ? Il s’agit de l’ancienne voie d’accès au puits Ayléïde. On l’appelle, l’Escalier mouvant. Il a sombré il y a quelques siècles, que voulez vous le sol doit être un peu meuble. Misère que la sédimentation, non ? Je passerai dans trois jours, pimprenelle, et je vous suggère de bien étudier vos gammes sur la méditation simple et la télékinésie avancée d’ici là. Bon séjour, Pâquerette !  

Et il se volatilise, avec un « pop » discret.


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Maelicia se leva, et fit quelques pas dans le sable, afin de mieux localiser la voie. Une inquiétante piste, large de deux ou trois pieds, obscurcissait bel et bien la robe bleu-verte du lac. Elle l’observa quelques instants, indécise, puis secoua la tête.

— J’vois pas pourquoi, j’me fatiguerais, vieux pervers, répliqua-t’elle intérieurement. Et, souriant presque de la facilité du contournement, elle prit mentalement appui sur le sol pour léviter au dessus du lac.

Rien ne se passa. Déconcertée, elle recommença la maneuvre sans parvenir à un quelconque changement. Si ! Là-bas, le cristal lointain avait fugitivement paru s’enflammer d’un éclat rougeâtre.

La rouquine haussa les épaules, ôta ses espadrilles, saisit sa chemise et... non, peut-être valait-il mieux conserver cette dernière. On ne savait jamais. Resserrant d’un cran la boucle de sa ceinture, elle goûta l’eau du pied : frigorifiante ! Quel horrible sadique, ce Dreslobet ! Inspirant profondément, elle fendit les eaux, lâchant au passage un chapelet d’injures à faire pâlir un matelot Vvardenfellien. Après une dizaine de brasses, elle sentit sa chevelure se hérisser sur son crâne : deux énooormes et ténébreuses masses fondaient vers elle, tortillant avec une funeste vivacité leurs faméliques ailerons dans les profondeurs sous-marines.  

Maelicia regagna la côte avec une célérité qu’elle aurait à peine cru possible en temps normal. Des carnassiers, ici ! Décidément, le coin était prometteur. Elle tomba à genoux, vaincue, et décida se lamenter sur son triste sort. Après quelques minutes de pleurs, de « Pourquoi ?!! », de « Sale fiente d’en*** de ta parente !! », elle entreprit de sécher ses larmes et de réfléchir.

Aragir avait mentionné un chemin, en précisant bien que celui-ci devait être incrusté dans la terre sédimentaire. Vu les monstres (cherchant aussi ravitaillement) locaux, il ne devait pas s’agir que d’une simple direction. S’attendait-il à ce qu’elle extraie la Voie de son carcan humide et sablonneux ?

Levant la main, Maelicia attira mentalement la plus proche des éminences granitées incrustées dans le sol : l’effort fut atroce, le piton devant certainement peser plusieurs quintaux à lui seul. Serrant les dents, elle força, et c’est au prix d’une intense dépense d'énergie qu’elle parvint à ériger la première marche de l’escalier Ayléïde.

De grosses gouttes de sueurs perlant sur son front, haletant comme un Alit en ruth, notre infortunée brétonne attaqua la deuxième. Lorsqu’elle parvint à la hisser à la surface, elle était  hors d’haleine. Lorsque la cinquième fut redressée, elle tomba à genoux, sous le coup de la fatigue. Elle resta ainsi quelques instants dans le sable, prostrée, recouvrant son souffle. Sous son nez, le premier des échelons maudits reprenait déjà sa descente vers les profondeurs.

— Y’a quelqu’chose qu’j’ai pas du comprendre... c’est pas possible autrement, réfléchit-elle tout haut. Personne pourrait aligner toutes les marches d’affilée... elles font une tonne, et doit y’en avoir plus d’une trentaine !!

Le viscère le plus démonstratif de son individue entreprit de gargouiller avec âpreté son mécontentement.
— Navrée, mais j’ai, l’impression qu’on va pas vraiment prendre de poids, regretta la brétonne, dépitée.




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Cuisants souvenirs

20 Soirétoile, 3E425, 16h30




Les dernières emprises rougeoyantes de l'astre solaire illuminaient de leur feux déclinant la Cité Impériale. Tout près de celle-ci, sur un sentier vallonné, deux fugitifs tentaient de regagner l'abri des remparts.

— Mais nous devons tout de même aller voir ce guérisseur, bronchait l’argonien, tout en tentant de se maintenir au niveau du modeste alezan.

—Je crois pas, non, sauf pour hématome du popotin, peut-être... déclina Maelicia, un léger sourire aux lèvres, tout en se frictionnant le bas du dos.

Elle rajusta ensuite sa position sur la selle, jeta un regard inquiet vers l’écurie, puis expliqua.
— J’plaisantais pas, vous savez, j’ai vraiment connu pire... elle eut un rictus en se remémorant l’escalier infernal d’Aragir. J’ai juste besoin d’un peu de calme pour méditer, histoire de récupérer, j’ai un poil trop forcé sur les quais.

La fiole que lui avait procuré le roublard allait et venait dans sa gibecière, suivant les trépidations de sa monture. Un doute lui vînt.
— A moins qu’vot guérisseur aie un rapport avec le bâton ? C’est quoi l’élixir qu’vous m’avez refilé au fait ?

Se contorsionnant encore, elle s’assura de nouveau qu’ils n’étaient pas suivis.
— On devrait pas rester là, s’inquiéta-t’elle en talonnant sa monture, qui accéléra sa course jusqu’à un galop modéré. Les sbires de la Wyverne sont pas commodes ; z'avez pas du tout envie de les connaître, croyez moi...

Elle observa une courte pause, puis enchaîna.
— Bon, passez devant ! Shiyo, suis le lézard noir ! murmura t’elle ensuite à l’oreille du petit cheval, qui orientait déjà une oreille dans sa direction.

Modifié par Trias, 23 mai 2009 - 21:46.


#121 Ygonaar

Ygonaar

Posté 30 mai 2009 - 10:33

Jeux voilés

  

  

20 Soirétoile, 3E425, 16h30

  

  —Je crois pas, non, sauf pour hématome du popotin, peut-être... déclara la Brétonne avec une once de reproche.

  — Veuillez m'excuser, je ne suis guère habitué aux carnations aussi… tendres. répondit son compagnon, très pince-sans-rire, mais après avoir éliminé tous les qualificatifs qui auraient pu être perçus comme désobligeants.

  — J’plaisantais pas, vous savez, j’ai vraiment connu pire... J’ai juste besoin d’un peu de calme pour méditer, histoire de récupérer, j’ai un poil trop forcé sur les quais.

  L'Argonien la regardait impassible, si ce n'était une légère inclinaison de la tête. Difficile donc de se rendre compte qu'il était profondément dépité. Cette magicienne ne comprenait décidemment pas que l’heure n’était pas aux rodomontades et que ses actes étaient guidés par… Ah non, elle ne semblait finalement ne pas avoir perdu de vue leur objectif.

  — A moins qu’vot guérisseur aie un rapport avec le bâton ? demanda en effet cette dernière.

  — Certainement. Et ne sachant point si votre… amie ? allait se greffer à nous, je préférais avoir une raison officielle pour aller le voir. Mais elle semble heureusement avoir été effarouchée par notre… enthousiasme. Si elle ne contacte pas ses collègues, les choses commenceraient enfin à prendre une bonne tournure. Bien que j’eusse vivement préféré arriver à destination avant la tombée de la nuit. répondit Danse-Mot.

  — C’est quoi l’élixir qu’vous m’avez refilé au fait ?

  — Vous m’avez habitué aux mauvaises surprises, cela dit sans vous froisser, et je ne suis pas absolument certain que personne ne nous espionne par quelques biais tortueux. Soyez assurée que l’utilité de cette potion vous sera évidente en temps voulu, et que nul ne puisse anticiper sa fonction pourrait nous donner un sérieux atout dans notre manche. Et avouez qu’elle n’avait pas si mauvais goût, non ?

  — On devrait pas rester là. Les sbires de la Wyverne sont pas commodes ; z'avez pas du tout envie de les connaître, croyez moi...

  — Vous avez assurément  raison. acquiesça le reptile qui, contrairement à la péronnelle juchée sur sa haquenée, trottinait déjà à bonne allure. Mais vous m’obligeriez grandement en remettant ce plaid sur vos épaules, je ne vous en ai pas drapé pour le seul bonheur de vos narines, vous savez, il a également son importance.

  — Bon, passez devant !

  

  Le saurien tira une courte pipe de buis qu’il bourra d’une herbe malodorante avant de s’exécuter. Il grimpa alors la colline au rythme rapide de l’éclaireur léger, un mince nuage de mofette dans son sillage. Le premier indice fut le faible effectif de la garde qui surveillait la porte de la cité sans fouiller personne. Le second fut les bruyants attroupements autours de foyers improvisés dans l’Arboretum, malgré la froidure qu’apportait la nuit. Des rires, de la musique, des rumeurs. Les citoyens de la capitale comptaient bien fêter la destruction des pirates Nibénéens et la levée du blocus.

  

  Ils venaient de traverser péniblement un de ces groupements les plus importants lorsque des cris se firent entendre. Un brusque mouvement de foule s’ensuivit. Main-d’Ombre, qui n’avait plus sa bouffarde, saisit alors les rênes de Shiyo et l’entraîna à vive allure à travers massifs et fourrés. Ils ne ralentirent qu’à proximité des portes menant au quartier du temple, ou ils adoptèrent une marche tranquille. Une fois qu’il eut retrouvé son souffle, le saurien déclara d’un air satisfait :

   — Après un tour pareil, ça devait leur prendre un certain temps avant de retrouver notre piste. Poursuivez tranquillement jusqu’au temple central, j’ai une petite formalité à régler et je vous rattrape.

#122 Trias

Trias

Posté 06 juin 2009 - 23:07

Impatiences

20 Soirétoile, 3E425, 16h45




— Et avouez qu’elle n’avait pas si mauvais goût, non ?

Le regard de la bretonne dériva un instant vers celui du saurien, indéchiffrable. Une drogue, et un traquenard... voilà tout ce qu’était sa décoction. Un piège. Elle sentait déjà les traîtresses lanières du lézard l’enserrer à nouveau, liant ses chevilles, ses poignets, et jusqu’à ses phalanges. Comme deux mois auparavant. La pseudo-excuse de l’espionnage ne tenait pas, il aurait pu s’expliquer dans l’entrepôt. Comment pouvait-il oser croire qu’elle se soumettrait aussi aveuglément ?

Il y eut un silence, uniquement troublé par le grès du damné récipient, tintant toujours dans sa gibecière. Plein.

— On devrait pas rester là, éluda-t’elle. Les sbires de la Wyverne sont pas commodes ; z'avez pas du tout envie de les connaître, croyez moi...

— Vous avez assurément raison. Mais vous m’obligeriez grandement en remettant ce plaid sur vos épaules, je ne vous en ai pas drapé pour le seul bonheur de vos narines, vous savez, il a également son importance.

— J’en suis sûre. Ca coule de source. Mais comme des gros scrogneugneu invisibles nous suivent « certainement », surtout n’vous expliquez pas davantage... ironisa la magicienne, rangeant le tapis de selle derrière elle sans le déplier le moins du monde. Bon, passez devant !

Le roublard s’exécutant, Maelicia reporta son attention sur la route. Les reliefs du chemin se faisaient plus variables et plus vallonnés, au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient des murs. Une sourde clameur gagnait leurs ouïes. Aux portes, un salut réjoui se substitua au coutumier contrôle douanier. Là, éparpillés dans les parcs de l’Arboretum, des attroupements citoyens aux atours festifs semblaient célébrer quelque joyeux évènement. Un bosmer éméché brandissait même un litre de Tamika, tel un marinier exposant le fruit d’une pêche miraculeuse.

La rouquine venait à peine de comprendre que la cuvée, récente, signifiait la levée du blocus, que les cris de joie prirent des accents de sidération. Une brume aux allures de mauvaise farce opacifiait désormais les célestes jardins. Une brusque traction lui apprit que son guide saisissait les rênes de sa monture, et elle fut entraînée jusqu’au quartier du temple.

— Après un tour pareil, ça devait leur prendre un certain temps avant de retrouver notre piste, coassa enfin Danse-mot. Poursuivez tranquillement jusqu’au temple central, j’ai une petite formalité à régler et je vous rattrape.

L’intéressée eut un instant de crispation.
— J’vous attendrai au temple. Ce s’rait bien si on avait un brin de discussion, là bas, d’ailleurs. Shiyo, Galop !

Cheval et cavalière partirent en trombe, abandonnant sèchement le lézard, dans une fugitive volute de poussière.


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D’une puissante traction, Maelicia se hissa à bas de sa monture, alors même que celle-ci n’avait pas encore terminé sa course. Dans un halètement, elle se réceptionna dans l’écurie du temple, puis grimaça : ayant atterri sur une petite pierre, sa cheville avait flanché. Rien de grave, toutefois, mais cela lui apprendrait à agir dans la colère.

Caressant machinalement son alezan, elle le mena dans un box puis l’y abandonna, rejoignant rapidement l’entrée du temple. Ledit « temple » était de fait une vaste basilique, dont les parois, sculptées de pierre blanche vieillie par le temps, brillaient au soleil. Point de convergence de processions multiples et variées, le plus souvent pluriquotidiennes, une foule de fidèles, de marchands et de moines se mêlaient autour de chacune de ses quatre entrées. Un nombre semblable de chapelles jouxtaient la coupole principale, tandis que nombre de bâtiments environnants servaient moins de monastères que d’hôtels, le tourisme étant l’industrie locale.

Evidement de nombreuses files d’attentes se formaient en divers points, autour de telle chapelle, de telle tribune consacrée à tel saint ou à telle relique, et bien naturellement en direction de nef centrale, dédiée à Akatosh. Toutefois, Maelicia fendait la foule sans difficulté : la peur du mage était manne commune, et son apparence était sans équivoque.  La plupart des gens s’écartaient discrètement, après un regard suspicieux, mais l’angoisse que son statut inspirait donnait parfois lieu à de pitoyables scènes de panique.

Elle savait que le plan de l’argonien consistait sans doute à la faire plutôt passer pour une infirme, quêtant anonymement miracle et guérison aux pieds des prêtres. Cependant, elle n’était pas d’humeur à jouer. Feignant l’indifférence, l’étudiante gagnait l’entrée principale sans trop regarder autour d’elle, avant de s’y engouffrer. Enfin, elle s’assit avec raideur sur l’un des bancs les plus visibles, croisa les bras et ferma les yeux. De toute manière elle ne savait à quoi ressemblait ce Causant et ignorait quel guérisseur la mènerait à lui. Et n’avait donc d’autre choix que d’attendre l’arrivée de l’argonien.

L’argonien... Danse-mot. Il jouait avec elle, et ce depuis le début. Tous ces mystères, ces cachotteries, ces jeux et ces insinuations... La bretonne se demandait s’il y trouverait autant de ludisme si elle avait 80 ans, une barbichette et une canne. Son comportement passé, notamment dans l’insula, prenait un éclairage suspect. Il allait falloir qu’il joue franc jeu désormais, car elle n’était pas un jouet. Il en allait de cinq milles pièces d’or...

Elle tâta un instant la garde d’une dague, qui très inhabituellement,  pendait à son côté. Puis, elle soupira, et croisa de nouveau les bras. Et, libérant ses pensées, elle se laissa aller à la méditation.

La méditation était une technique ancienne, voire désuète, qui consistait à ouvrir son être à son environnement cosmique afin d’en récupérer l’énergie. Aragir lui avait exposé diverses théories sur le sujet, et Maelicia avait beaucoup rit lorsqu’il avait évoqué les « Chats-cras » des Khajitts, les ancêtres décatis bourrés de chicots des Dunmers, et les insectes sacrés mais surtout carnivores des Bosmers. En fait, lui avait-il expliqué, peu importait la source d’où leur provenait l’apaisement, du moment que l’individu ouvrait son esprit au monde afin que celui-ci le régénère.

La bretonne avait choisi Akatosh et les esprits, et ce fut donc avec une sérénité retrouvée qu’elle médita, dans l’attente de Danse-mots.

Modifié par Trias, 06 juin 2009 - 23:07.


#123 Ygonaar

Ygonaar

Posté 09 juin 2009 - 21:11

Déphasage

  

  

20 Soirétoile, 3E425, 16h45

  


La Brétonne le regardait bizarrement, sans rien dire. Main-d’Ombre était parfois encore désorienté par les réactions des Peaux-Molles, et se demandait s’il n’avait pas imaginé cette once d’hostilité. Il avait cependant appris qu’à l’inverse des Argoniennes qui jouissaient souvent d’un esprit supérieur, les femelles des mammifères étaient périodiquement enclines aux réactions les plus irrationnelles et agressives. Il fallait juste espérer que cela n’attire pas les Vampires…

  Il était également possible que sa cliente soit vexée de n’avoir su identifier sa potion, malgré son statut de mage, et ait désiré par conséquent éviter le sujet. Ce qui était stupide, ce philtre n’étant guère commun et les ingrédients de saveurs judicieusement choisis ayant en réalité pour but premier de rendre l’analyse plus complexe. Mais les pratiquants des arcannes n’étaient certainement pas réputés pour leur humilité et elle devait être mortifiée qu’un gueux comme lui puisse la mettre en défaut sur ce qu’elle devait considérer être son domaine. Bah ! Autant changer de sujet, elle comprendra vite par elle-même la nécessité du décocté et l’avantage conséquent du fait que les parties adverses ne puissent en bénéficier.

  
— On devrait pas rester là. Les sbires de la Wyverne sont pas commodes ; z'avez pas du tout envie de les connaître, croyez moi... Finit-elle par répondre en changeant effectivement de sujet.
— Vous avez assurément raison. Mais vous m’obligeriez grandement en remettant ce plaid sur vos épaules, je ne vous en ai pas drapé pour le seul bonheur de vos narines, vous savez, il a également son importance.
— J’en suis sûre. Ca coule de source. Mais comme des gros scrogneugneu invisibles nous suivent « certainement », surtout n’vous expliquez pas davantage... vitupéra la magicienne en rangeant au contraire le tapis de selle derrière elle. Bon, passez devant !

  Le saurien hésita. Il n’avait pas l’habitude de devoir expliciter ses faits et gestes, et n’avait certes pas envie de trop se révéler à une alliée de circonstance qui lui semblait plus dangereuse que bien des ennemis. Et qui s’était toujours fait tirer l’oreille pour daigner répondre à quelques-unes de ses propres questionnements. Mais elle semblait bien partie pour s’entêter et la situation lui paraissait trop précaire pour ne pas mettre tous les atouts dans leurs manches.

  — Si l’on nous surveille déjà, la fonction de cette couverture devient probablement négligeable. J’ai cru comprendre que les multiples étapes de notre évasion de l’Arène avaient pour but d’empêcher vos fameux Traqueurs de nous retrouver. Puisque nous avons rejoint votre cheval en une seule… fonte ?, j’imagine que ces derniers ne vont pas tarder à être sur nos traces. Je ne prétends certainement pas connaître leurs méthodes mystiques mais lorsque l’on sera dans la cité, il leurs suffira de demander notre chemin aux passants. Mais j’ai bon espoir que ces derniers, notamment les gardes des différentes portes, se focalisent grandement sur l’aspect inhabituel de ce tartan et surtout sur son fumet, ainsi que sur celui de la blouse que j’ai empruntée. Une fois ces détails devenus les principaux éléments du questionnement des badauds, il nous sera ensuite bien plus facile de les mener sur une fausse piste. Votre malaise m’avait fourni le prétexte idéal pour vous en couvrir, mais vous aurez certainement l’obligeance de me pardonner de n’avoir point explicité mes projets devant une inconnue portant une bague à l’insigne de la Wyverne. Ce qui ne laisse de me rendre perplexe, à propos, sur vos relations avec cet ordre et cette Aewyn en particulier. Voudriez-vous bien, maintenant, ressortir cette étoffe ?

  

  

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20 Soirétoile, 3E425, 17h20

  Juste après avoir laissé tombé son paquet, le reptile tapa le fourneau de sa pipe avant de la fourrer dans sa besace. La clameur ne se fit pas attendre. Il était assez fier de lui, ayant coupé la mèche de sa bombe au poivre au plus juste, les éventuels observateurs physiques devaient être maintenant au milieu même de la tourmente. La rosse de la sorcière n’avait fait aucune difficulté pour décamper lorsque l’odeur du condiment vint titiller ses délicats naseaux. Tous limiers auraient leur flair désormais sérieusement mis à mal, et se verraient de toutes manières contraints de remonter les innombrables pistes poivrées qu’avaient générées les quidams affolés et à moitiés aveugles, dans l’hypothétique espoir de tomber sur la bonne. Même pour trouver des témoins, la tache leur serait rude. Dernier avantage, les Traqueurs devaient certainement s’attendre un tour de Riekelin de sa part. Une fois celui-ci identifié, il était plausible qu’ils tombent plus facilement dans le panneau à sa prochaine rouerie.

  Encore habité de ses bonnes résolutions sociales, il essaya de faire partager son enthousiasme à une Maelicia apparemment boudeuse :  
— Après un tour pareil, ça devait leur prendre un certain temps avant de retrouver notre piste. Poursuivez tranquillement jusqu’au temple central, j’ai une petite formalité à régler et je vous rattrape.

Qui n’eut guère l’effet escompté, la Brétonne crachant d’une voie rogue.
— J’vous attendrai au temple. Ce s’rait bien si on avait un brin de discussion, là bas, d’ailleurs. Shiyo, Galop !

Sans lui laisser le temps de placer un mot, elle s’en fut effectivement à vive allure, au risque de percuter quelqu’un dans l’obscurité des rues de l’Arboretum. Le gout amer de la déception envahit l’Argonien. Il avait tant risqué, tant enduré, tant investi pour ça ? Compromettre une mission si importante et périlleuse sur un mouvement d’humeur ? A moins qu’elle lui préparait un quelconque tour à sa façon, en bonne sorcière qu’elle était ? Ne devrait-il pas chercher un autre interlocuteur ? Voir, puisqu’il avait déjà bien compromis son précieux anonymat, marchander avec la Wyverne ? Ça lui causerait certainement beaucoup moins de soucis, puisque c’était eux qui semblaient tenir les rênes. Mais la Guilde des Voleurs s’étaient déjà engagé. Elle apportait grand soin à sa réputation, afin que ses clients puissent avoir confiance en elle lors de leurs circonspectes négociations. Et avec la levée du blocus… Non, il fallait finir cette histoire ce soir même, quelque soit la fiabilité de sa partenaire. En parlant de partenaires, il était maintenant plus que temps d’activer les réseaux de la guilde.



  

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20 Soirétoile, 3E425, 18h10

  
La présence de son cheval à l’écurie n’avait pas menti, elle était bien là ! Bien visible dans les premiers rangs de la nef centrale. Beaucoup trop visible même, c’est à croire qu’elle prenait un malin plaisir à s’afficher. Ou bien était-ce une naïve initiative pour lui faciliter sa localisation ? Avait-elle eut une impérative urgence à gagner le Temple qu’elle répugnait à lui avouer ? Ce n’était de toute façon pas l’heure de jeter de l’huile sur le feu. Cela pourrait même semer le doute dans l’esprit de cette fameuse Aewyn sur la véracité de leurs dires. Et cela n’empêcherait nullement au final l’efficacité de sa fausse piste. Il se coula parmi des fidèles lui jetant des regards hostiles, peu habitués à voir un Argonien s’imposer en leur société. Il tapota doucement sur l’épaule de la jeune fille en transe et lui souffla d’une voix douce.

  — Avez-vous terminé vos affaires au Temple ? Si vous désirez-toujours aborder des sujets moins spirituels, je suggère retrouver votre monture, le lieu y sera plus propice.

  Il se retira alors pour se diriger vers le box mentionné. Une avenante jeune femme rousse drapée d’une houppelande sombre et curieusement gantée de mitons l’y attendait, ainsi qu’un trapu lézard rouge aux marques sombres, qui avait revêtu la puante défroque de Danse-Mot et ceint sa rapière. Ce dernier fit les présentations lorsque vint la jeune mage.

  — Défiante, je vous présente Sent-le-Bourrin et Malicieuse. Je crois que cette dernière serait ravie d’échanger vos manteaux, à propos. L’idéal serait même que vous lui prêtiez votre cheval, pour la nuit disons… Je vous propose ensuite de nous rendre à notre destination, et de deviser du sujet qu’il vous plaira sur le chemin.

Modifié par Ygonaar, 23 juin 2009 - 09:33.


#124 Trias

Trias

Posté 20 juin 2009 - 22:08

Craving

20 Soirétoile, 3E425, 17h00



Un ciel orageux surplombant une mer d’encre. Une voix dissonante troublant une chorale angélique. Le chaos dissolvant l’ordre harmonieux.

Quelque chose n’allait pas. Maelicia le sentait : une légère augmentation de son tonus musculaire, une crispation dans sa posture, une discrète accélération de son rythme cardiaque. Elle ne parvenait à méditer.

Rouvrant les yeux, elle quitta sa rigide position, puis soupira profondément. Une fois. Puis deux. Puis finalement, elle se leva, tendue, et entreprit anxieusement de faire les cent pas, incapable de retenir plus longtemps sa frustration.

La magicienne était en manque. Non pas de Skouma, non pas d’alcool. Pas plus que de sexe, de jeux, de nourriture ou d’autres drogues. Non, l’infortunée bretonne était en manque de Pierres-esprits.

De fugaces vision de ces maudits joyaux lui revenaient sans cesse, si douces et si tentantes, la torturant. Elle en avait besoin, elle désirait l’exquise sensation du flux d’énergie l’envahissant lorsqu’elle en absorbait l’âme contenue. Et en même temps, elle ne le voulait pas, elle ne céderait pas. Parce qu’il était dégradant pour elle de dépendre de cette drogue pour retrouver un bien-être éphémère. Parce que ce n’était pas le genre de magicienne qu’elle voulait être.

Et... et si elle ne faisait que les effleurer, juste une fois de plus ? Quel mal y aurait-il à cela ? Ses doigts féminins plongèrent dans sa gibecière, à sa ceinture, explorateurs. Ils se refermèrent sur les fameux joyaux. L’effleurement se mua en emprise, et l’emprise en étau. Mais qu’il était bon de céder !

Quelques dizaines de secondes, et la divine sensation prit fin. Déprimée, Maelicia retira la Pierre sculptée, à présent vide, de son aumônière. Deux heures, elles n’avait guère tenu plus longtemps que cela cette fois. Elle ne valait pas mieux que ces khajiits fumeurs de sucres hallucinogènes...

Elle alla se rassoir sur son banc, le moral en berne. Ses épaules s’affaissèrent. Indifférente au murmure sacré, sourde aux psalmodies chuchotées se réverbérant sur le marbre. Fermée aux dévotions des fidèles et aux homélies des prêtres de l’unique. Seule au milieu de tous, isolée dans la foule dévote, elle ruminait son amertume.

Enfin, elle inspira et se redressa. Contre mauvaise fortune, bon coeur. L’humaine faillible reprit sa méditation.    




ж ж ж
Politesses

20 Soirétoile, 3E425, 18h10




Une respectueuse pression s’exerça sur son épaule. Maelicia tourna la tête, ses pupilles accommodant immédiatement sur le visage de l’argonien. Les sombres plaques d’écailles engrenées qui formaient ses pommettes prirent une conformation oblique et ses fentes pupillaires convergèrent vers les siennes.

— Avez-vous terminé vos affaires au Temple ? murmura-t’il de sa voix de basse. Si vous désirez-toujours aborder des sujets moins spirituels, je suggère de retrouver votre monture, le lieu y sera plus propice...

— Hein ? Oh, euh oui, balbutia-t’elle, prise de court. Elle se sentait reposée... mais la tête en vrac, comme si brutalement tirée d’une longue nuit de sommeil.  

Se levant, elle le suivit le long des allées, illuminées par les fantomatiques reflets des vitraux. En quittant le corridor latéral, elle se signa, et nota que l’argonien semblait avoir oublié de le faire. Sans nul doute leur religion devait-elle être très étrange pour lui... tout comme le reste de l’habitus des men. En tout cas il se montrait toujours très poli, voire obséquieux. Et pour Maelicia, les capacités d’adaptation étaient le corollaire de l’intelligence.

Le roublard à crête la mena jusqu’à l’écurie, à présent faiblement éclairée par l’éclat laiteux des deux lunes et la lueur vacillante des torches. Deux individus curieusement appariés s’y tenaient, paraissant les attendre. Un argonien de constitution solide, et une jeune femme à peine visible sous une épaisse houpelande noire. A peine plus grande qu’elle en fait.

— Défiante, reprit soudain l’argonien, je vous présente Sent-le-Bourrin et Malicieuse. Je crois que cette dernière serait ravie d’échanger vos manteaux, à propos. L’idéal serait même que vous lui prêtiez votre cheval, pour la nuit disons… Je vous propose ensuite de nous rendre à notre destination, et de deviser du sujet qu’il vous plaira sur le chemin.

Maelicia tiqua, puis plissa les yeux derrière ses lunettes. Mmmhhh, alors c’était pour cela qu’il avait tant insisté à propos de ce tapis de selle. Pour se faire passer pour un garçon d’écurie, et préparer le terrain pour des sosies... Il avait même deviné sa crispation du trajet précédent. Mais voilà maintenant qu’il voulait qu’elle abandonne sa cape magique à une inconnue, certainement monte-en-l’air qui plus est ? Qu’elle se fasse voler volontairement ??

Sa bouche s’ouvrit toute grande, mais l’objection mourut sur ses lèvres : elle avait déjà trop pesté aujourd’hui, et ne souhaitait pas passer pour une harpie. Et puis, la loyauté du lézard était peut-être fragile, qui savait ? Aussi invita-t’elle d’un geste son imitatrice à la rejoindre dans le box du petit alezan, pour opérer la substitution.

Au moment d’échanger leurs capes, la bretonne observa intensément son sosie. Elle avait des formes bien plus généreuses que les siennes propres. Taillée comme une vache laitière pensa-t’elle, un utérus sur pattes. Elle ne comprit qu’en voyant cette face, d’impériale à la peau pâle constellée de tâches de rousseur, et à son regard de servante battue qu’elle n’était certainement pas magicienne, ni même roublarde.

— Bon, z’allez m’voler mon apparence, ayez au moins la bonté d’me rendre ma pélerine après coup, ce s’rait sympa. Pis prenez soins d’Shiyo, c’est mon seul copain, recommanda-t’elle, au moment de l’échange.
— T’inquiéte pas, mam’selle, répondit la Cyrodillienne trop maquillée. J’y f’rai attention comme à la prunelle de mes prunelles, j’t’en colle mon billet !

Maelicia acquiesça avec rigidité vaguement inquiète. Puis elle sursauta, reprit sa cape, en extirpa une petite enveloppe, ricana bêtement, et la fourra dans son escarcelle — celle qui contenait les pierres-esprit, à sa ceinture —. Pour finir, elle alla caresser une dernière l’encolure du cheval orangé une dernière fois, lui sussurant quelques mots d’affection, puis rejoignit Danse-mots dans l’obscurité de la rue. Au dessus d’eux se dressaient les toits de la cité, assombris par la pénombre nocturne. La clameur des pèlerinages avait fait place aux pas de citadins affairés, regagnant leurs domiciles, et l’air fraîchissait déjà sous une brise agréable.

Ils marchèrent un moment. Maelicia observait sans cesse son guide, se demandant s’il allait enfin entamer la conversation. Mais elle ne supporta guère plus d’une minute ce mutisme gêné :

— Bon, z’avez dit qu’on pourrait parler de c’qu'on voudrait, non ? Ben... s’éclaircit-elle la gorge... D’abord, je souhaiterais m’excuser de mon attitude... euh, d'avant. J’suis mage, et pis bretonne, et donc passablement orgueilleuse. C’est p’être été un poil énervant de temps en temps, et euh... je m’en excuse. *Hum*.

Les mots lui brûlaient la gorge, sapristi, se comporter en adulte s’avérait plus laborieux qu’elle ne l’avait prévu.

— Mais euh *hum*, ceci dit, je m’demandais si vous pourriez pas m’expliquer les choses AVANT que j’les subisse ? Pas seulement pour m'éviter d’montrer mon caractère de cochon, mais p’têtre aussi pour qu'on puisse être préparés au mieux ?

Elle compta sur ses doigts d’un air pensif.
— Par exemple, là maintenant, ma p’tite cervelle anxieuse aimerait savoir où on va ; à quoi ressemble le monsieur Causant ; qu’est-ce qu’y’a dans vot’ fiole à cidre et euh... comment z’avez prévu qu’on rende mes affaires ??

Elle hésita un instant mais le naturel fut plus fort.
— Ah, et pis j’voudrais bien savoir d’où vous l’avez tirée, l’autre vache rousse, là...

Modifié par Trias, 20 juin 2009 - 22:18.


#125 Ygonaar

Ygonaar

Posté 23 juin 2009 - 21:18

De la défense des plantes




  

20 Soirétoile, 3E425, 18h20

  

  Alors que Maelicia faisait ses recommandations à son sosie et à sa monture, Main-d’Ombre effaçait ses tâches de personnalités factices avec un peu d’alcool. Il se coiffa d’un bonnet pendant, à la mode des meuniers, si usé que l’on percevait sa trame de jute, et coinça un coutelas d’os à sa ceinture de corde. Il était redevenu le paria que tous les Argoniens éviteraient du regard. Son apparence misérable serait parfaite pour leur destination.

  Il observa ses compagnons d’écurie. Le nouveau manteau de la Brétonne n’avait ni même coupe, ni la même teinte. De près, avec suffisamment de luminosité, son aspect miteux ressortait, ce qui serait utile plus tard et s’accordait bien avec le visage encore un peu fatigué la magicienne. Mais la transformation était néanmoins trop minime. Quelle plaie d’avoir refuser ce plaid ! Ils allaient devoir être maintenant d’une discrétion exemplaire et compter sur le talent de leur doublure. Heureusement qu’il leur avait sérieusement préparé le terrain…

  
  La louzou’ss loar, l’herbe-de-lune, mystérieuse herbacée des mangroves d’Argonia, à l’étonnante propriété d’absorber le rayonnement magique de Masser et Secunda dans sa curieuse corolle heptagonale. A l’inverse des puissants fluides émis par la Trouée de Magnus, il ne s’agit point de mana brute mais d’un potentiel magique plus subtil, plus orienté, n’affectant guère que l’esprit. C’est là un moyen de défense pour ces végétaux, les animaux passant à proximité étant pris d’hallucinations de plus en plus puissantes s’ils s’en approchent, l’ingestion étant généralement fatale car suivies d’une noyade béate. Seuls les collecteurs les plus chevronnés, et résistant le mieux aux illusions, se risquent donc à sa cueillette. Ce qui, associé à sa rareté, en fait un ingrédient alchimique fort méconnu, mais bien utile.  

  Car ces fleurs, surtout si elles sont cueillies alors que les deux lunes sont pleines, peuvent libérer leur charge magique non seulement lors de l’ingestion ou en décoction, mais également en étant incinérées. L’acre fumée dégagée amplifie considérablement les sorts d’illusion et rend ceux qui la respirent plus réceptif. Ces propriétés sont exploitées principalement par les sorcières Argoniennes, lorsqu’elles relatent les « contes vivants » à leur tribu, mais quelques cas d’addiction toxicomane ont été rapportés.
  

  Ce n’était pas une dépendance qui avait poussé le reptile à fumer cette plante de l’écurie des mages à l’Arboretum. Outre le fait de laisser un signal olfactif net jusqu’au lieu de son attentat au condiment, il avait pu également impressionner un grand nombre d’individu à moindres efforts, pour que ceux-ci ne se focalisent que sur certains détails du couple, comme l’aspect et l’odeur de sa blouse d’écurie, sa rapière, la dualité noire et rouge de ses écailles, le manteau, la couleur de cheveux et le cheval de la rouquine, ainsi que l’éclat métallique à ses doigts. Des éléments crédibles pour les identifier, estimait-il, et sur lesquels il voulait focaliser les éventuels enquêteurs. De fait, ces témoins auraient probablement jurés avoir aperçu les sosies plutôt que les originaux, à l’heure actuelle. A la charge de ses complices de balader maintenant le plus longtemps possible leurs poursuivants. Mais sans prendre de risques inutiles, ils avaient pour consigne d’avouer le subterfuge avant que l’interrogatoire éventuel ne devienne musclé.

  
  

жжж

  

Epanchements tardifs

  
  
  Dès qu’ils se furent éloignés de la perpétuelle affluence dans l’environnement immédiat du temple principal, la jeune femme déversa ce qu’elle avait sur le cœur.
  — Bon, z’avez dit qu’on pourrait parler de c’qu'on voudrait, non ? Ben... D’abord, je souhaiterais m’excuser de mon attitude... euh, d'avant. J’suis mage, et pis bretonne, et donc passablement orgueilleuse. C’est p’être été un poil énervant de temps en temps, et euh... je m’en excuse. *Hum*.
  Il n’y a nulle offense, assura le saurien de sa voix la plus aimable. La journée a été éprouvante et il est bien compréhensible que quelques tensions ressortent. Je ne suis pour ma part qu’un indécrottable des marais dont la rusticité peut à juste titre agacer.
  

Cruelle destinée que d’être né sauvage,

  

Dans quelques Noir Marais, une contrée d’un autre age,

  

Et d’avoir l’âme bornée, le futile bavardage,

  

Du gobelin abhorré, et guère plus de bagages.

  Mais foin de ritournelles, ce n’est hélas  pas l’affaire de Vague-Profonde, l’obscur pécheur que je suis…

  Si la Peau-Molle fut interloquée par cette diatribe, elle n’en continua pas moins sur sa lancée.
— Mais euh *hum*, ceci dit, je m’demandais si vous pourriez pas m’expliquer les choses AVANT que j’les subisse ? Pas seulement pour m'éviter d’montrer mon caractère de cochon, mais p’têtre aussi pour qu'on puisse être préparés au mieux ?
  — Je perçois tout à fait la justesse de votre position. Mais soyez assurée que j’essaye de faire au mieux, bien que les conditions ne soient guère favorables. Ne pouvant pour ma part prévoir avec pertinence toutes les aptitudes mystiques de nos opposants, sachant d’un autre coté que la disciple de Sh’éam est capable de s’approcher d’une manière telle que même votre magie serait bien en peine de la déceler, je suis obligé d’envisager le pire. Et pour cela, le secret absolu est la meilleure des armes tant que la divulgation de l’information ne devient pas capitale. Vous-même avez été contrainte à de tels procédés, si je ne m’abuse. Notamment lorsque je vous avais demandé ce que vous connaissiez des points forts et des faiblesses de cette fameuse S’emsyl, il y a deux mois de cela…

  La damoiselle se mit alors à enchaîner les questions en comptant sur ses doigts.
— Par exemple, là maintenant, ma p’tite cervelle anxieuse aimerait savoir où on va ?
  — Comme je vous l’ai dit tantôt, nous allons premièrement consulter un prêtre guérisseur, expliqua-il avec un sourire dentu et une lueur dans l’œil. Ce n’est pas ce qui manque dans le quartier.
   — A quoi ressemble le monsieur Causant ?
  —Un homme aimable mais secret, dont l’apparence actuelle pourrait  vous inquiéter. Mais il n’y toutefois pas d’angoisse à se faire, il a tout intérêt à jouer franc jeu.
   — Qu’est-ce qu’y’a dans vot’ fiole à cidre ?
   Dans la fiole que vous avez bue ? Permettez-moi de conserver encore le secret une dizaine de minutes, mais je vous promets de vous donner la recette ensuite, déclara l’Argonien d’un ton neutre, cherchant à masquer une attention soudain accrue.

Modifié par Ygonaar, 23 juin 2009 - 21:21.





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