Théories physiques et tentatives d'explications
d'après la majorité des radiesthésistes, il n'existe pas de nos jours d'explication satisfaisante de ce que sont réellement les rayons-E. Cette argument phraséologique est fallacieux dans le sens où il rend indiscutable l'existence des champs en soi. Il n'y a pas d'explication satisfaisante pourtant les explications abondent. Il serait trop long et fastidieux de toutes les citer et de les expliquer en détail, en voici quelques-unes les plus populaires avec le nom de leur "chercheur" ou "découvreur" (encore des incompris sans doute !) :
- La Biogravitation du Dr Alexander Pavlovich Dubrov
- Les Courants électrocinétiques du Pr. R. Häfeli
- Les Champs de tensions souterrains de Nils-Axel Mörner
- La radiation par la chaleur de Gustav Freiherr von Pohl
- L'ionisation du Dr P. Dobler
- Le rayonnement neutronique du Dr Aschoff
- La radiation thermonucléaire et micro-ondes du Pr K.E. Lotz
Manifestement il ne règne pas une grande unanimité chez tous ces "chercheurs", mais ce qu'il faut noter est que toutes les explications sont formulées dans des termes classiques. Ces termes, hormis celui de "champs de tensions souterrains" et le néologisme "biogravitation" désignent déjà des phénomènes naturels connus, mesurables qualitativement et quantitativement.
Pourquoi dans ce cas les fameux Rayons-E ne sont-ils pas, eux, mesurables ?
La plupart des tentatives d'explications ont recours au mot "
fréquence". Tous les matériaux auraient donc une fréquence naturelle à laquelle ils vibrent. Les propriétés du rayonnement émis par ces vibrations sont principalement dépendantes de la température : plus elle est haute plus haute est la fréquence. Ces fréquences naturelles sont soi-disant responsables de certains champs. Le seul problème est que ces champs (à une fréquence donnée) sont tout à fait mesurables par des méthodes scientifiques ordinaire (avec une caméra infrarouge par exemple). D'aucuns affirment d'ailleurs pouvoir les mesurer avec des amplificateurs électriques banals, mais à certaines fréquences, les rayons-E sont, paraît-il, impossibles à mesurer ce qui en un sens définirait leur fréquence. Lorsque les rayons-E disparaissent, une ligne se forme depuis l'endroit du champ jusqu'aux hauts parleurs de l'amplificateur ! Ainsi, les lignes Curry et Hartmann, et les courants souterrains, auraient des fréquences respectivement de 202, 142 et 440 Hz. D'autres ont trouvé des fréquences d'un autre ordre, 401,9, 279,1 et 193,8 Hz ce qui prouverait qu'ici aussi il n'existe aucun moyen objectif de mesurer les rayons-E. En tout cas, ce n'est pas plus précis ni objectif que l'apparition ou la disparition des champs via l'utilisation de la baguette.
plusieurs de ces "chercheurs" travaillent sur l'hypothèse que les rayons-E sont des champs électromagnétiques. Pourtant la technologie de nos jours est constituée de détecteurs extrêmement sensibles, capables de détecter et de mesurer l'activité du cerveau, les signaux des satellites géostationnaires dans l'univers, les fréquences radios des étoiles, le rayonnement fossile de l'univers, etc. de ce fait, ces rayons-E auraient déjà dû être détectés et mesurés depuis bien longtemps s'ils étaient réellement de nature électromagnétique. Pour certains signaux, venant des confins de notre système solaire, la puissance est de l'ordre de 20 watts (soit celle d'une ampoule).
Nous serions donc capables de détecter un rayonnement éloigné de millions de kilomètres mais incapables de détecter celui de champs perturbant pourtant une baguette de sourcier si fort qu'elle pourrait nous blesser ? Si les rayons-E existent vraiment, ils auraient donc certainement une forme différente de celles du rayonnement électromagnétique.
La psychologie de la radiesthésie
L'effet idéomoteur
prenez une agrafeuse et attachez-là au bout d'un fil de 20 à 30 cm, posez votre coude sur la table en tenant le bout du fil avec vos doigts et laissez l'agrafeuse se balancer comme un pendule au-dessus de la table. Tenez ainsi plusieurs minutes sans bouger votre bras du tout. Maintenant visualisez bien que le pendule oscille d'avant en arrière, mais ne bougez surtout pas votre avant-bras. Le pendule bouge-t-il ? Si non, regardez le plus fixement parce qu'il se pourrait bien qu'il bouge en fin de compte. La raison n'est pas magique du tout. Ce qui se passe est un
effet idéomoteur, qui est un mouvement inconscient dirigé indirectement par votre
espérance de le voir bouger plutôt que par une activité musculaire consciente. Puisque l'effet idéomoteur est la cause d'un tel mouvement musculaire, un instrument sensible permet de rendre l'effet bien visible, c'est à ce moment que les systèmes instables sont utiles. Un tout petit mouvement déséquilibrant le tout cause de grandes fluctuations dans le système, si vous vous demandiez comment il se faisait que les instruments de radiesthésie semblaient bouger tout seuls, vous saurez maintenant qu'ils ne bougent jamais tout seuls.
Biais de l'instabilité et de l'attribution externe
tout comme dans le cas des baguettes en L et en Y, l'instabilité elle-même augmente la crédibilité de l'instrument. Il est très difficile de garder un système instable en équilibre et des écarts doivent sans cesse être compensés. Cette imprévisibilité conduit le radiesthésiste à croire qu'il n'a plus le contrôle des mouvements du pendule, ce qui d'ailleurs est, en quelque sorte, correct. Par contre, c'est l'interprétation de la cause des mouvements qui se révèle être fausse. Ce qui est intéressant de noter est la propension du radiesthésiste à penser que parce qu'il ne peut contrôler le mouvement du pendule qu'il tient lui-même, cela est forcément dû à quelque-chose d'autre. Cette tendance, d'attribuer une autre cause que soi-même à un phénomène qui pourtant est bien la conséquence d'un mouvement inconscient, est une
des conclusions illogiques à laquelle cèdent facilement les tenants du paranormal.
Espérance et environnements évocateurs
Les perturbations sur le système, dues à l'influence de l'attente et du désir sur l'inconscient et le hasard, peuvent causer toutes sortes d'effets. Un environnement suggestif, comme par exemple des spectateurs enthousiastes qui ont foi dans la radiesthésie, rendent les résultats positifs plus probables sans se soucier des effets physiques contingents impliqués. D'autres environnements
ensorcelant peuvent être considérés comme "sacrés" tels les cimetières, églises, ou des objets comme les stations électriques, télévisions, ordinateurs, citernes d'eau,
aimants, etc. La tâche première de l'expérimentateur doit être, dans le cas de la radiesthésie, d'essayer d'éliminer, autant que faire se peut, les résultats des tests dépendants des espérances du sujet, un principe jamais appliqué chez les radiesthésistes.
Pourquoi essayeraient-ils de falsifier leurs propres hypothèses quand ils sont eux-mêmes convaincus que la radiesthésie marche ? La réponse à cette question toute simple fera la différence entre
la science et la pseudoscience. Plusieurs raisons peuvent s'opposer aux tests rigoureux : l'ignorance, le manque de connaissance, la peur d'obtenir des résultats négatifs et la volonté de croire. Ces aspects ne rendent pas seulement l'esprit susceptible de quoi que ce soit, ils peuvent aussi injustement faire qu'on écarte la validité de résultats issus de tests corrects. Si un test donne un résultat négatif ou non attendu, le test lui-même est considéré comme erroné !
Les dangers pour la santé
les dangers pour la santé sont susceptibles d'être entendus, peu importe ce sur quoi il se fondent. Toute personne saine d'esprit aura un comportement vigilant et protecteur, tout spécialement quand il s'agit d'assurer la sécurité de sa progéniture. Ce comportement est abondamment utilisé par les radiesthésistes avides de disséminer partout leurs théories fumeuses des ondes nocives et des zones "géopathogènes". Qui n'écouterait pas l'un d'eux affirmant que le berceau du nourrisson est situé sur un point qui augmente significativement les risques de mortalité infantile ? Peut-être quelques radiesthésistes sont-ils honnêtes en croyant réellement à leurs "dons", cependant cela ne les empêche pas d'avoir recours à tout un ensemble de techniques de persuasion qui sont totalement injustifiées et fausses.
Préparations expérimentales et explications
un des dénominateurs communs de la plupart des recherches
parapsychologiques ou paranormales est la pauvreté des préparations expérimentales. A ceci il est répondu que la complexité des phénomènes surnaturels fait que l'isolement des variables est difficile et la méthode scientifique inapplicable. A la différence d'autres disciplines hautement discutables, "l'art" de la radiesthésie vante ses pouvoirs facilement testables (les radiesthésistes eux-mêmes croient qu'ils font "avancer le monde" pendant que les physiciens s'amusent). La plupart des revendications sont effectivement détaillées et peuvent être évaluées d'une façon relativement simple et pour pas cher. La seule chose dont on ait besoin est un peu de temps et d'intelligence. la propension à enregistrer les coups réussis et à négliger les loupés est probablement la raison numéro un du développement et de la stabilité de la superstition et de la pseudoscience de nos jours, y compris de la radiesthésie. Toute étude serrée des
affirmations de guérison, des prédictions, des
horoscopes, etc. montrera un tel comportement dans un sens ou un autre. Virtuellement tout résultat de nature statistique peut être atteint en choisissant ses données de manière sélective. Dites, par exemple, que vous voulez prouver votre capacité extraordinaire d'obtenir "pile" lors d'un lancer de pièce de monnaie. La seule chose dont vous aurez besoin est d'une séquence de "piles" assez longue pour pouvoir être statistiquement significative et "confirmer" ainsi votre affirmation. Comment le faire sans truquer les données ? Très simple, lancez la pièce un très grand nombre de fois, puis sélectionnez une partie de la séquence qui s'accorde magnifiquement avec ce que vous recherchez. CQFD. Ainsi, les coups réussis sont beaucoup plus facilement retenus (mémorisés) que les loupés, particulièrement quand chaque coup réussi s'ajoute à la confirmation d'une hypothèse
que l'on veut être vraie.
Conclusion
Qui ne serait pas ému ou excité à l'idée que la radiesthésie soit prouvée, démontrée comme vraie ? Un nouveau champ de savoir s'ouvrirait, de nouvelles recherches physiques à l'horizon, les lois actuelles de la physique devraient être réécrites ou bien élargies. Ce scénario est un rêve pour beaucoup de physiciens, trouver de nouvelles lois fondamentales de la physique expliquant mieux encore le monde qui nous entoure, la théorie du complot scientifique contre la radiesthésie ou la sourcellerie est un fantasme de personnes aigries pour faire taire les "négateurs" ou "détracteurs" selon les termes
d'Antoine Luzy, ou de gens non au fait de la méthode expérimentale scientifique seule garante de la réalité. Mais dans le cas de la radiesthésie, les partisans ont déjà eu la possibilité, depuis des siècles, de prouver que leurs idées étaient exactes, ceci sans grand succès. La communauté scientifique elle-même peut parfois rester insensible, mais 700 ans d'évaluations et de patience pour finalement ne rien obtenir du tout fait que le point de vue critique et sceptique est bien le seul qui se tienne.