La guérisseuse fit la grimace.
« Ce n’est pas en faisant taire la douleur que le problème sera résolu, Gnaeus. Ne pas écouter votre corps est la dernière des choses à faire, surtout si nous manquons de repos. Vous iriez au-devant de problème bien plus graves. De toute façon, je n’ai plus d’anesthésiant… »
Il fallait qu’il comprenne que refuser sa condition ne ferait que retarder son rétablissement.
« Vous guérirez bien plus vite en gardant votre bandage, souligna-t-elle en désignant le bras immobilisé du vétéran. Un ou deux jours à peine. Et tant que vous n’êtes pas guéri, vous ne soulèverez pas la moindre épée. »
Elle planta ses yeux dans les siens et, pour écarter toute contestation, termina avec fermeté :
« C’est hors de question. »
L’alchimiste se leva et commença à fouiller dans sa sacoche pour s’en remémorer le contenu, mais aussi pour vérifier que Salizar n’y avait rien glissé. La dernière fois que le Dunmer s’était éclipsé, elle avait mis bien trop longtemps à découvrir son message. Cette fois-ci, cependant, Salizar n’avait laissé aucune trace.
Seules quelques-unes des potions restantes lui seraient véritablement utiles. La plupart étaient des philtres destinés à la vente. Paralysie, marche sur l’eau… Elle espérait en tirer quelques dizaines de septims.
Elle éteignit l’alambic et récolta avec amertume un deuxième flacon du breuvage distillé pour Malicia, qu’elle tendit à Gnaeus.
« Voici le philtre revigorant. Quant aux potions de soins, nous n’avons que l’embarras du choix… »
Il restait trois fioles de la potion de bulbe-liège et de résine qu’elle avait concoctée tout au long de l’après-midi ; elle les rangea dans sa sacoche. Des potions de guérison de la légion étaient éparpillées un peu partout, certaines entamées, d’autres rangées dans des caisses. Aëana en ouvrit quelques-unes qu’elle secoua et renifla tour à tour. Deux flacons, dont l’odeur et la consistance étaient satisfaisantes, surmontèrent l’épreuve avec succès. Elle les tendit à Gnaeus en reprenant sombrement :
« Je n’ai pas de parchemins, désolée... Mais il serait utile que j’apprenne à lancer ces sorts. Il pourraient nous tirer de bien des mauvais pas.
Quel est le plan, alors ? Nous partons pour Caldéra dès ce soir ? Le… supérieur de Malicia… est à Balmora, c’est cela ? »
Elle hésita puis demanda :
« Je suppose que nous laissons Dolvane ici ? »
Le troubadour n’avait pas été d’une grande pertinence dans les évènements tragiques qui avaient eu lieu. Au contraire, son inconséquence avait gaspillé un anesthésiant précieux et endormi des renforts indispensables. Aussi sympathique fusse-t-il, il était probablement plus judicieux pour tout le monde qu’il ne les suivît pas.
Elle eut un pincement au cœur en réalisant qu’elle faisait à Dolvane ce qu’elle avait eu tant de mal à accepter de la part de Gnaeus, quelques jours plus tôt à peine. Elle n'aurait jamais imaginé que sa vie pourrait basculer aussi vite…
Modifié par Timalk-Ae, 15 août 2012 - 14:00.