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[h] Tarhiel - Chroniques D'un Accident Aérien


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11 réponses à ce sujet

#1 redolegna

redolegna

    Les vacances de Monsieur Hulot


Posté 30 septembre 2008 - 17:20

Une petite matinée brumeuse sur Seyda Nihyn.

Non, retirez brumeuse.

Le matin est toujours moche, sur Seyda Nihyn.

Réflexion faite, supprimez petite.

Après tout, s’il s’agit du bled qu’est Seyda Nihyn, qu’un Dunmer a un jour décrit en ces termes peu flatteurs « un trou autour d’un port et de percepteurs », ce serait cruel de s’acharner de la sorte.

Une matinée sur Seyda Nihyn.

Il y a quand même encore beaucoup de superflu dans cette phrase.

Prenez Nihyn.

Aucune autre ville de tout Tamriel ne commence par Seyda. Enlevons le Nihyn, il alourdit inutilement.

Et la matinée. Personne ne fait rien dans l’après-midi. Brumeux le matin, étouffant mais toujours humide passé onze heures.

Est-il au final besoin de dire Seyda ?

C’est que le titre évoque déjà l’idée... Ce serait redondant.

Ecartons donc résolument cette première phrase. Réflexion faite, elle figure déjà en tête et insiste un peu trop sur le décor, mais préservons-la dans le champ des potentialités, des premières phrases de récit qui ne voient pas le jour et restent à jamais figées, simples vagues quantiques en effondrement perpétuel dans les synapses torturées de l’écrivain qui se demande dès sa première page s’il ne tire pas à la ligne.

Bref.

Seyda Nihyn. Onze heures. Une route. Pas loin de la plage. Brumeux. Pas loin du crachin qui pourrait se transformer en violent orage sous ses latitudes, car il ne faut pas trop compter sur l’anticyclone de Thras et....

C’est une impression ou le narrateur s’égare ?

Trois gardes battent le pavé. La terre. La gadoue. Au choix, selon votre conception d’une route impériale. Ils attendent que le percepteur qui a eu une petite amie qui se prétendait guérisseuse il y a de ça trente ans rende son avis sur la pauvre chose ratatinée.

« Trois septims que c’est un Altmer, glisse tout de même le plus joueur de ces gaillards pénétrés du sens de la discipline.
– Sept que c’est un Bréton. C’est con, un Bréton. C’est bien capable de finir comme ça. Qu’est-ce que t’en dis, Hedus ?
– Beuh... Moi, je pensais que c’était un chien de Nyx, alors... »

Le collecteur de taxes s’indigne.

« Messieurs, un peu de dignité. C’était un contribuable !
– Ça, il contribuera vachement à la moisson de l’année prochaine. Moi, je dis, plutôt que de parier la solde bêtement, on le partage en trois, léger avantage à celui qui a vu juste bien sûr, et on le vend comme engrais.
– Pas idiot, approuve le deuxième.
– Hedus ? demandent les deux légionnaires, bouche en cœur.
– Beh... Et si monsieur veut sa part ? »

Dégoûtés, les reliquats d’humanité secouent la tête. Crétin comme ça, il n’y a qu’Hedus.

« Les revenus, ça se déclare, Hedus, explique le premier patiemment. Les revenus déclarés, ça se taxe. Donc, il a sa part. Pas la peine de diviser en quatre tiers.
– Quatre quarts.
– Je connais rien à la patisserie.
– Ouais. Sorti de ton panaché, tu vaux bernique à la cuisine.
– C’est pas ce que tu disais la dernière fois que j’étais de corvée de popote.
– J’étais ivre. »

Pour plus d’efficacité dans son autopsie, le percepteur retourne le cadavre à coups de pied. Le visage n’est pas en bon état. Mais...

« Oreilles pointues en parfait état. C’est un elfe, conclut le premier d’un ton satisfait.
– Et s’il les a taillées comme ça ?
– Pas possible. Regarde-lui la tronche. Une vraie bouillie. Mais les esgourdes sont intactes. C’est elfique, ça, pas de doute.
– Hedus ? »

L’intéressé hausse les épaules, tire son glaive de son fourreau et essaye de percer lesdites oreilles. Peine perdue.

« Elfe, approuve-t-il, laconique.
– Bosmer, ajoute l’agent du fisc. Et instruit : il avait un livre et des parchemins. Il les tenait dans ses mains. Propriété impériale.
– En quel honneur ? demande le deuxième légionnaire. On était d’accord sur le partage !
– En l’honneur que c’est moi qui les ai trouvés et que vous ne vous étiez pas entendu sur ce genre d’objets. Pas de discussion, messieurs ! »

Une demi-heure plus tard, la patrouille a écrit son rapport. En trois exemplaires. Le commandant de la garnison ne l’a pas lu. Il a plus important à faire. Inspecter ses ongles pour voir s’il n’y a pas un peu de saleté dessous. C’est dans le manuel, dit-il. Le légionnaire doit veiller avant tout et en premier lieu (les militaires, eux, ne reculent devant aucun pléonasme. C’est à ça qu’on les différencie d’un narrateur) à son hygiène personnelle. La saleté sous les longles est sûrement le foyer de tas de maladies dangereuses. Il faut la surveiller pour l’empêcher de frapper.

Mais s’il remplissait ses autres devoirs, le commandant aurait lu :

« Conformément aux ordres, trouvé individu de type cadavre sur la route. Procédure habituelle suivie. La cause de la mort la plus probable est une agression commise par un individu de type porteur de massue. Dépouillé le cadavre comme conformément à l’usage en vigueur institué pour notre bénéfice. Affaire classée, c’est l’heure du déjeuner et j’ai faim, ne notez pas ça, idiot, vous voyez bien que j’ai fini de dicter. »

Il y a des gens qui sont tout simplement incapables d’accorder à une mort de ce genre l’aura épique qui devrait l’entourer. Par un manque de chance exceptionnel qui vient fort à propos conclure sa vie calamiteuse, le dénommé Tarhiel s’est écrasé près d’un village où toute la population est affligée de cette tare. Ah, si le sort avait tenu trois lieues de plus et qu’il avait dégommé la statue d’Akatosh à Cœurébène ! Quelles légendes il aurait inspirées !

Qu’est-ce que je vous disais sur les premières phrases qui ne viennent jamais au monde ?

#2 Thaeris

Thaeris

Posté 30 septembre 2008 - 22:55

Si Image IPB, et si v0 est la vitesse initiale, faisant un angle α par rapport à l'horizontale, la position Image IPB à l'instant t est .

Image IPB avec Image IPB

Dans un repère Niirnien idéal, considéré ici orthonormé (Oxyz), orienté en sorte que (Oz) soit vertical vers le haut, et (Oy) perpendiculaire à Image IPB

(on a alors ( a > 0 ) :

Image IPB Image IPB Image IPB

puis :

Image IPB Image IPB Image IPB

puis :

Image IPB Image IPB Image IPB

La trajectoire parabolique correspondante du corps éjecté dans un repère (Oxz) est alors  :

Image IPB

La portée atteinte par le projectile à l'horizontale s'exprime par...

"Alors Tarhiel, c'est le grand jour n'est-ce pas ? J'espère que vous n'appréhendez pas trop votre humiliation prochaine ?"

Le grossier personnage qui venait d'interrompre mes savants calculs n'était bien entendu nul autre que Valendor Falinesti, proche parent de Glaum Falinesti, heureux dirigeant de la cité fortifiée de Falinesti, ainsi que des propriétés territoriales de Falinesti (et de tout ce qui y vit, passe, respire, éructe ou éternue), propriétés territoriales de Falinesti, disions-nous, qui, coincées entre Silvenar et Arenthia, se fondent si bien dans Val-Boisé qu’elles ont naturellement fini par en devenir le troisième duché, duché dit, de Falinesti (dont le nom viendrait selon les légendes locales de Galthragoth Falinesti, un fermier bosmer bossu et alcoolique qui aurait fait fortune dans le commerce de rutabagas d’export, bien que ceci soit une autre histoire)... Glaum Falinesti donc, de fait comme de nom duc de Falinesti, et Valendor, son petit-neveu.  

Ah, si son oncle ne le protégeait pas, il y a des lustres que ce jeune fat aurait tâté d'un ou deux doigts de douleurs... On aurait bien vu alors, lequel se serait senti le plus humilié, lui qui passe tant de temps assis...


"Toute la cour de Haven a fait le déplacement, on dit même que certains seraient venus de Silvenar rien que pour voir ça ! Il est vrai que les distractions manquent cruellement en ce moment... La plupart des nobles ont parié que tu ne dépasserais pas les remparts de la ville. Personnellement, je ne pense pas que tu dépasses l'enceinte du palais... Aha, surprends nous mon ami !

_Je vous remercie de l'intérêt que vous portez à mes travaux, jeune mer, cependant, je puis vous assurer que mes calculs sont tout à fait...

_Assurément, assurément, et je ne doute pas que les résultats soient à la "hauteur" des vos dernières tentatives... Nous avons beaucoup ri en vous voyant heurter cette chapelle hier soir, mon oncle vous a même immédiatement pardonné d'avoir cassé ce vitrail qu'il trouvait si laid...

_Sa seigneurie est trop bonne...

_Eh bien, mon cher Tarhiel, je vous vois tout à l'heure, je suis sûr qu'il vous reste de nombreux préparatifs à faire, formules à réviser, sorts de protection à lancer, sorts de soin, plume, et autres... Enfin, c'est vous le mage, faites votre travail quoi...

_Bien sieur Valendor, soupirai-je...

Alors comme ça ils s'attendent à me voir m'écraser avant même la sortie de la ville ? Eh bien ils vont être déçus ! Nous visions Arenthia ? Eh bien ce sera la cité impériale !
On verra bien qui rira quand le monde de la magie apprendra que Tarhiel le magnifique a atterri sur la Tour d'Or, sans étapes, depuis Falinesti !
Aha, ahaha, oui mon trésor, la gloire sera à nous !

Je passe par mon bureau le temps de reprendre quelques papiers, mon journal, mon sac de potions, et rejoins à la hâte le sommet du donjon. Après tout, il suffit que le duc et le mage du château prennent bonne note de mon départ, peu importe que les badauds soient là ou non... Ces ignares ne sont de toute façon pas à même d'apprécier les arcanes suprêmes de mon art prodigieux !

Ah, les chiens ! Ils sont déjà tous là, à s'agiter et à rire comme à une fête des moissons... N'ont-ils donc pas compris que nous assistions à un moment historique ?

Et qu'est-ce ? Des bannières de soutient ?! "
Courage Tarhiel" ? "Bon rétablissement vieux fou" ?! Cette fois c'en est trop ! Ils veulent du spectacle, ils ne seront pas déçus !

Je pose mon sac de potions de plume et me rapproche du trône en or massif, monté là pour l'occasion, afin de dire adieu au Duc ainsi qu'au représentant sénile que la guilde des mages a bien daigné m'envoyer, prononce les incantations et enjambe la balustrade, un petit bond pour le bosmer, mais un......

BAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANG

Un bruit énorme m'assourdis soudain, et je sens mes yeux s'enfoncer dans leurs orbites... Mes joues s'étirent tandis que je sens mon visage retrouver le galbe de ses 300 ans !

Tiens, était-ce la cité impériale ? Où ai-je mis mes potions ?

. . .

Une petite matinée brumeuse sur Seyda Nihyn.

Non, retirez brumeuse.

Le matin est toujours moche, sur Seyda Nihyn.


"_Regarde Fargoth, un oiseau, non un braillard des falaises, non, un dragon...

_Ne dis donc pas de bêtises mon petit gars, ce n'est pas parce que tu m'as redonné mon anneau que je te laisserai en profiter pour me voler ma bourse...

_Je ne suis pas un....

_Baste, il s'est posé là-bas apparemment. Si ça t'intéresse, vas donc voir ce qu'il en est..."


Bref.

Seyda Nihyn. Onze heures. Une route. Pas loin de la plage. Brumeux. Pas loin du crachin qui pourrait se transformer en violent orage sous ses latitudes, car il ne faut pas trop compter sur l’anticyclone de Thras et....

Modifié par Thaeris, 05 novembre 2008 - 12:42.


#3 Shadow she-wolf

Shadow she-wolf

    Le katana de la GBT


Posté 05 octobre 2008 - 11:08

Le jeune page montait avec empressement l'escalier cyclopéen menant à la chambre du maitre de la guilde, un très vieil et puissant Altmer répondant au nom de Qorwyneen Rumare.
Oui, c'est bien le fils de l'illustre mage de guerre Rumare qui pendant l'ère seconde perçât les défenses humaines jusqu'au lac Rumare où il périt glorieusement pendant ce que l'on considère comme étant la bataille la plus sanglante que Tamriel eu connue: la Bataille de Rumare, donnant nom aujourd'hui au lac autour de la Cité Impériale.

Voilà, il se trouvait tout en haut de l'escalier, devant la lourde porte de la chambre du maître, le pauvre mer était terrorisé; on racontait tout un tas d'histoires sur ce vieux mage et personne n'ose l'approcher de trop près. On raconte qu'il est entouré d'une sinistre aura révulsant bien du monde.

Il déglutit difficilement, leva le point pour toquer, le rabaissa, re-déglutit, prit une grande bouffé d'air saturé de magie et toqua à la porte pour de vrai. Rien ne se passa. Alors après un effort surelfique le jeune bosmer ouvrit la porte qui grinça sinistrement.
La pièce était sombre et froide, pleine de vieux grimoires et d'instruments alambiqués tels que des alambiques. Juste en face de l'entrée se trouvait une masse informe de...poils ? Non, c'était les cheveux du vieux mage.

-Ex-cusez-m-moi m-maî...

-Goi, guesche gui y a ? Répondit l'intéresser, agomphe, qui se tourna devant son visiteur.

Ce fut trop pour le jeune bosmer, outre l'absence de dentition du mage, ce dernier était maigre comme un squelette, avec des cheveux très longs et d'une épaisseur double de celle de son corps. De son visage on ne pouvait distinguer qu'un nez écrasé et des tout petits yeux vitreux. Mais le pire était sans conteste son...haleine, digne d'un ogre crevé...

-Je...vo...vous avez rendez-vous avec la cour... Bégaya le jeune mer avant de se faire interrompre une fois de plus:

-Ah, goui, guarrive. Chbeuillier apendre guègues binsbants.

Le page s'évanouit.


[...]


Qorwyneen se trouvait devant la porte du laboratoire du mage du palais, un certain Tahriel qui selon les dires du Duc, serait en train de préparer l'évènement magique de l'ère. *rire sous cape*

*Boom*
*Rire sinistre*

L'altmer ouvrit la porte sans plus de cérémonie, un petit bosmer...hum, pardon du pléonasme. Oui donc le bosmer riait à gorge déployée, l'air crépitait autour de lui, de la fumer dans tout le laboratoire, et quelque chose d'informe encastré dans le plafond de pierre.
Furibond, il apostropha son visiteur:

-Ah ! C'est vous le représentant de la guilde, vous en avez mis du temps !

-Gue...

-Vous verrez ! Vous pleurerez -écrasez devant tant de génie- lorsque Tahriel Le Grand effectuera Le Grand Bon en Avant !
Voyez-vous ? Je vais révolutionner le monde du déplacement, la lévitation, le sort de saut, tout cela ne sera que bagatelle fasse à mon pouvoir. Imaginez ! Pouvoir traverser de milliers de Miles dans les airs en un rien de temps grâce au...Vol d'Icare !


-Volv d'Icare ?

-Vous trouvez cela prétentieux n'est-ce pas ? Et bien non non non ! Car d'après les calculs des savants Dwemer rapportés du planétarium de Stros M'Kai, Magnus ne serait qu'a 3000 Miles de Nirn. Alors en partant des montagnes Velothi et en rebondissant sur le Mont Écarlate d'un angle de 5π/12 nous pourrons atteindre Magnus comme dans la légende d'Icare.
Hum...je vois sur votre visage que vous êtes septique, attendez ! Je vais vous montrez mes calculs...



[...]


-Alors, qu'en pensez-vous ? Demanda le duc Falinesti.

-Gue birais gu'il ba bserbir be compope à bes crabes bes marais. Répondit Qorwyneen qui est, rappelons-le, devin.

-En Argonia vous pensez réellement ?

-Oh non, le marais 'alferie gue birais.

-Celui entre ici et Arenthia ?

-Goui...

-Alors ça ne sera qu'un demi-échec...

Modifié par Shadow she-wolf, 05 octobre 2008 - 11:26.


#4 Elenwel

Elenwel

    Granny Smith Wiwi


Posté 08 octobre 2008 - 19:09

8 heure sur Val boisé, vaste forêt tropicale. Les effroyables prédateurs nocturnes qui hantent les sous bois cèdent la place au non moins effrayant prédateurs diurnes. Des oiseaux tropicaux chantent  et volent de chêne-grath en chêne-grath, habillés de chatoyantes couleurs. Une petite grenouille observe le monde-de-l'autre-côté-de-la-fleur et se demande si dans tout cet ailleurs, il y a une autre fleur avec une petite grenouille à l'intérieur. De grands singes aristocratiques se lèvent en prenant des poses affectées, pour se rendre compte, horreur, que leurs poils avaient repoussés durant la nuit, que la poudre blanche est partie, et qu'ils sont en retard pour leurs duels...

8 heure sur Haven, l'une des rares citées de pierre de la contrée. Les vieux mages bavant et puants se lève dans un râle, refusant de céder la moindre parcelle de pouvoir aux jeunes, qui ne sont plus ce qu'ils étaient. Des mages s'agitent et bruissent dans leurs longues robes étincelantes, se demandant si le vieux avait enfin perdu son éternelle bataille contre le temps durant la nuit...Les seigneurs locaux se lèvent en minaudant, pour constater, horreur, que leurs cheveux sont décoiffés, que leurs teints est blanc et qu'il va encore falloir se taper la démonstration de Tarhiel...

8 heure sur le laboratoire du dit mage, petit recoin plein de bruit et de fumée. Personne ne se lève ici...Au milieu des volutes de fumée, le seul occupant, un petit bosmer, observe le monde au travers de sa fenêtre. Il se demande ce qu'il fait, ce qu'il va faire d'ici trois heures lorsque tous le regarderont. Tarhiel regarde le monde de l'autre côté des murailles et se demande si tout cela vaut vraiment le coup. Disons le tout net, Tarhiel doute...

C'est vrai que le bosmer, s'il avait la moindre minuscule petite parcelle du pouvoir d'un vieil Altmer crasseux de ma connaissance, aurait de quoi se faire du mouron. Le genre de mouron qui se termine très vite dans une assurance vie avec prime contre l'atterrissage raté au milieu des vases putrides d'une île volcanique, avec option garantissent une indemnité supplémentaire en cas d'ingestion par une bête ayant 6 pattes, un bec corné, une carapace conique et une chaire succulente.

Mais Tarhiel rappelons-le n'est pas devins...

- une incantation, il me faut une incantation...

La vue du soleil sur la forêt, la peur de paraître ridicule une fois de plus devants toutes la ville, voilà qui pourrait faire douter notre Bosmer. Mais non, Tarhiel n'en a cure. Il a explosé un vitrail lors de sa dernière tentative, il n'a jamais pu survoler les murailles de la ville, il n'a jamais franchi plus de 20 mètres sans s'écraser lourdement au sol ? Ce n'étais que des essais, rien de bien grave. Cette fois si tout est près. Il a refait les calculs et par précautions il a doublé la puissance nécessaire au décollage.

-ou une dernière phrase... Une phrase choc, quelque chose d'historique, quelque chose qui marque et qui fait réfléchir

La peur de l'inconnue ? La crainte que là haut il rencontre un mage qui l'aurait précédé? La nostalgie de quitter sa patrie natale ? Que nenni, Tarhiel est au-dessus de tout ça. Non, ce qui l'ennuie vraiment c'est quel nom donner à son sort. Et surtout, quelle formule utiliser pour l'incantation.... Classiquement une incantation ça ressemble à du Prumeo Forlmenam Athemenrarium Therath ou un truc du genre, mais c'est vieux jeu, c'est démodé, c'est has-been...De plus Tarhiel n'a jamais été très doué en langue. Non, ce qui a de la tronche, ce qui peut plaire aux dames, c'est du bruit, de la fumée argenté et surtout un nom cool et une incantation super cool. Le truc, c'est de marmonner une incantation, puis hurler haut et fort la formule qui marquera les esprits... Et trouvé un nom qui accroche, c'est dur...

-Le vol du kollopi, tout le monde aime ça le kollopi...pitoyable... Les étoiles pour seules amies... trop réfléchie... aller Tarhiel...aller! ...Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas de la terre au ciel, pas top le ciel...et...tu en reviens? C'est important ça, le retour, il ne faudrait pas que j'aille m'écraser je ne sais pas où...d'ailleurs...il faudrait peut-être que... OH, je sais ! De la terre à l'éther...Et d... de l'Ether à la terre ! Ça rime en plus, ça rime ! Le vol D'Icare, de la terre à l'éther... Tarhiel tu es génial...

Thariel parle, seul... Il s'auto-congratule, le fou, alors qu'il devrait courir acheter une assurance...Et il ne connaît pas ses classiques...L'enchanteur imagine la scène qui se déroulera d'ici deux heures. En haut du vieux donjons, le petit discours qu'il pourra servir au duc, les airs méprisant qu'il prendra envers le représentant de la guilde. Les derniers préparatifs... L'envol puis, l'atterrissage sur la tour d'or... Il éclate de rire, saute en avant, se prend un établis, s'affale par terre, renverse divers flacons.. La fumée envahie le laboratoire, deux produits se mélangent, doucement, une goutte tombe sur un parchemin intitulé le vol d'Icare...

-"Un petit bond pour Thariel, un grand saut pour Tamriel! Ça sera ça mes dernières paroles...Thariel, tu vas rentrer dans l'histoire."

*****


Il est 9 heures sur Haven, les nobliaux sont près, ils sont rasés de frais, leur teint est blanc, leurs capes sont âpretés... Dans deux heures, le destin de Tarhiel sera joué...En attendant, il faut quérir un responsable de la guilde, que l'on soit sûr qu'il s'agira bien d'un échec...A la cour d'Haven, on commence a en avoir marre des lubies du mage...

- Page ! Va chercher maître Rumare, j'aimerais m'entretenir avec lui de l'exploit magique de la semaine. Si vous pouviez passer au laboratoire de Thariel en passant, afin qu'il puisse préparer sa fumée et ses explosions...

Voir le messageD.A.D., le 29 avril 2013 - 21:21, dit :

Un avertissement d'Elenwel, c'est un avertissement qui en vaut deux : si tu n'en tiens pas compte, c'est toujours pour TA pomme, et en général, il ne fait pas de quartier. Mieux vaut éviter les pépins, ça empêche d'y laisser sa peau.

#5 Kira

Kira

    Top-modeleuse...


Posté 15 octobre 2008 - 11:53

Pour placer une scène, nous dit le poête, il faut un temps et un espace...
Grâce aux techniques modernes qui permettent désormais de mesurer le temps avec précision, au moyen des objets aussi mystérieux que perfectionnés que sont les horloges à billes ou les clepsydres, nous savons qu'il est sept heures après minuit, ou cinq heure avant midi, si l'on se base sur la méthode de compte anticipé de maître Walger, qui n'a trouvé (pour se faire remarquer au dernier conseil) que l'idée de réformer le système de notation du temps, arguant du fait que c'est l'avenir l'important, alors que le passé appartient déjà aux cendres mortes des faits accomplis...
Cette initiative n'a d'ailleurs déclenché qu'une réaction moyenne, mais a suffi à créer un courant de pensée suffisant pour qu'on souligne le fait qu'il peut être soit sept heures après minuit ou cinq heures avant midi, notre but n'étant pas de choquer une partie de notre public, mais bien d'avoir le plus grand nombre possible de lecteurs...
La question du temps étant réglée, passons au lieu...
Nous sommes à Haven, Fief du seigneur Haven, rejeton final de la famille de Haven, détenteur de la seigneurie de Haven, qu'il lèguera un jour à son fils haven le jeune, dont certains ragots de cuisine attribuent plutôt la paternité au capitaine de la garde, ce qui ne serait d'ailleurs que peu surprenant, compte tenu du gout du seigneur Haven pour les longues expédition de chasse et de la jeunesse pleine de santé de sa femme, mais nous ne sommes pas là pour porter de jugements...
Haven donc, est une petite enclave logée au coeur de la jungle, dotée de solides murailles en pierres de taille, d'une basse cité constitué d'une douzaine d'habitations, d'une place du marché, d'une demeure seigneuriale (le chateau Haven), et d'une école de magie...
Certains appellent cela une école de magie, mais les villageois ont tendance, avec ce bon sens bourru dont font souvent preuve les gens du peuple, à nommer cet endroit "la maison des fous", et ceci en référence aux bruits d'explosion qui en proviennent parfois, bruits fort souvent assortis de fumées aux tons étranges, d'odeurs pestilentielles, ou d'animaux incongrus, voire même nuisibles... Le village entier se souvient d'ailleurs avec émotion de cet épisode d'il y a deux ans, où s'était fait entendre une détonation assourdissante, suivie d'une émission de fumée aux tons chatoyants de pourpre et d'émeraude et à l'odeur très prononcée de soufre, immédiatement suivie d'un nuage de poux, ce qui avait créé une nouvelle mode capillaire pendant un mois ou deux, les cheveux rasés étant désormais très en vogue...
Depuis cet épisode, la politique de l'école est d'ailleurs d'éviter les sorts pouvant provoquer une explosion, dans le but de ne pas augmenter inutilement la vindicte populaire...
L'école de magie d'Haven (nous garderons l'appellation officielle) est dirigée par maître Rumare, un sorcier dont le grand âge prouve, sinon son excellence, au moins sa capacité de survie aux expériences... Maître Rumare est entre autres renommé pour une potion de sa création, sensée faire pousser des plantes de toutes sortes en tous lieux... Le seul problème de cette potion est, que dans cette région de Val-Boisé, il n'a jamais été possible de trouver un espace suffisamment dénudé pour la tester, mais maître Rumare affirme qu'elle est efficace à cent pour cent... Si on en veut la preuve, on n'a qu'à lui fournir un désert digne de ce nom...
Chaque étudiant de cette école suffirait à remplir plusieurs tômes d'histoire plus incroyables les unes que les autres, mais celui qui nous intéresse aujourd'hui est un jeune bosmer, élève de vingtième année... Les études de magie sont plutot longues, à Haven comme ailleurs... Cette vingtième année est celle où on doit présenter un projet, et ce projet se doit d'être spectaculaire, comme il se doit... Comme les explosions sont déconseillées, Tarhiel (c'est le nom de notre bosmer) a décidé de se lancer sur la voie de l'utilitaire, et a privilégié le voyage, exercice pénible dans cette contrée, compte tenu de la difficulté à reconnaitre un chemin d'un ruisseau, d'un champs de plantes carnivores ou d'un nid de fourmis-tigres avant d'avoir marché dessus... Le voyage par voie terrestre étant écarté, celui par voie magique étant breveté par la guilde des mages, Tarhiel a opté pour la voie des airs... Depuis cinq ans, il multiplie les expérimentations, aidé ponctuellement par la classe des guérisseurs, ravis d'examiner régulièrement un nouveau type de fracture osseuse, loué par la guilde des vitriers qui lui demande souvent la date de son prochain essai, et observé avec méfiance par les villageois qui se disent parfois que les explosions ce n'était pas si grave, après tout...
Ce matin, Tarhiel est nerveux... Cinq ans ont passé, et il doit présenter son projet devant la cour...
Il repasse en revue ses affaires, vérifie que la tenue qu'il a acheté pour l'occasion, une robe et des chaussures chatoyantes est impeccable et sans tâches, brosse la fourrure de son bonnet qu'il a ajouté à sa tenue, au cas où il ferait frais en altitude, et dépose à coté du tout une épée magique, luxe étonnant pour un magicien, mais qu'il a obtenue à bas prix...
Il est très fier de cette épée qui suggère une appartenance à la noblesse, et souligne son coté aventurier rompu au danger... Les dames adorent cela, lui a assuré le colporteur qui lui a vendu l'arme...
Tarhiel caresse un moment la garde de l'épée, repensant à son heure de gloire prochaine, puis revient à son carnet d'expérience... La veille au soir, il y a tracé ses dernières conclusions...

"Je pense avoir trouvé la bonne formule pour le sort que je prépare. Avec lui je pourrai parcourir de grandes distances sans avoir à payer des gens pour ce service.
Si tout va bien, j'essaierai ce nouveau sort demain. Je pense avoir isolé et écarté toutes les complications possibles. Grâce au sort je pourrai sauter sur de grandes distances, plusieurs centaines de lieues. Personne n'a jamais pu voyager ainsi : s'élancer du sol, traverser le ciel sans subir cette terrible désorientation qui accompagne le sort de vol.
Il est presque temps. Mes recherches sont terminées et j'ai vérifié et re-vérifié tous mes calculs. Ils se sont moqués de moi quand je me suis lancé dans cette aventure. Nous verrons bien qui rira le dernier quand je sauterai en haut de leurs tours et que je hurlerai ma réussite."

Le ton lui plait, clair, concis, avec un peu de la grandiloquence qui sied à toute magie, mais il manque à son journal un titre... Quand il sera publié et distribué dans toutes les écoles, comme il le sera après le succès retentissant de son vol, il lui faudra un titre qui frappe l'imagination et ne laisse aucun doute au lecteur quand à l'importance de l'ouvrage qui est entre ses mains...
Tahriel le repose sur son lit, à coté de sa robe chatoyante et de sa belle épée...
Dès qu'il aura trouvé un nom pour son sort, il l'utilisera pour nommer son livre, par la même occasion...

Il est huit heures sur la cité de Haven, fief du seigneur de Haven, Tarhiel observe le ciel par la fenêtre....

#6 Havelock

Havelock

    Des fleurs, du rose, un peu de poésie, bordel !


Posté 15 octobre 2008 - 14:09

-Monsieur!
-...
-Monsieur?
-...
-Tarhiel? Tarhiel. Tarhiel!
-Quoi? Qui? Qu'est-ce? Où ça? Non je ne dormais pas! Je ne dormais pas, je...je réfléchissais et...
-C'est moi monsieur. Vous savez bien, je vous ai parlé la semaine dernière. Vous m'aviez promis un entretien à votre bureau ce matin, au levé du soleil!
-Ah oui! Ar.. Arathor? Ça ne peut pas attendre? J'ai une expérience importante dans... 4 heures, c'est ça? Oh mes Dieux, il est déjà six heures? Je me ferais un plaisir de vous accorder un moment un autre jour, mais le temps presse, mon garçon, le temps presse.
-Arthur monsieur. Arthur Courtel. Souvenez-vous! Bréton, écrivain, je souhaite parler de vous dans mon livre, Scènes de Val Boisé. Ce ne sera pas long, je vous le promets. Je me suis levé très tôt pour vous voir, monsieur.
-...
-Relater une histoire comme la votre pourrait assurer le succès de mon livre, monsieur. Ce n'est pas tout les jours que l'on croise des choses, pardon, des personnes telles que vous.
-Présenté comme ça... Vous avez du flair, jeune homme, vraiment. Imaginez qu'un écrivain ait pu interroger Ocato dans sa jeunesse ou... ou Zurin Arctus! Quelle gloire il en aurait... Soit, je vous accorde cinq questions, pour graver dans le papier ce moment historique. Ce privilège n'est pas donné à tout le monde, mon garçon, alors profitez-en.
-Cinq questions seulement... Et bien, je présume que ça devrait aller. Alors... première question... Pourquoi?
-Pourquoi quoi?
-Pourquoi conduisez-vous votre projet et vos expériences? Qu'est-ce qui vous motive?
-Et bien c'est plutôt simple, quand bien même mes raisons sont multiples. Outre de nombreux aspects pratiques, c'est sans honte que j'avoue ne pas apprécier le domaine de la lévitation. Or la voie des airs n'est pour l'instant accessible que par ce seul moyen. Mais, une magie grossière, existant depuis des siècles? Non merci! Être un simple utilisateur de ce que d'autres ont créé avant de mourir il y a des ères de cela? Non merci! Ne pas faire face aux difficultés? Non merci! Choisir la solution de facilité? Non merci! Bref, dédaigner d'être le lierre parasite, lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul.
-Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
-Pardon?
-Excusez-moi, je m'emporte... Je pense avoir saisi. Alors, ma deuxième question... Comment comptez-vous procéder?
-Je préfère ne pas entrer dans le détail. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous, vous que je viens à peine de rencontrer, mais les jaloux! Ils feignent de se gausser et pourtant je le sais, ils souhaitent tous s'emparer de mes idées. Je le sais. Mais ils n'y arriveront pas! Jamais! Jamais! Jamais.
-Euh... Oui, certainement. Pourriez-vous arrêter d'agiter votre épée sous mon nez, s'il vous plait, monsieur? Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous non plus, mais une lame d'acier tranchante qui passe à quelques centimètres de mon cou n'est pas pour me rassurer. Merci, voilà, reposez là sur votre bureau, bien, très bien. Personne ne vous veut de mal ici. Alors, pour revenir à ma question, qu'en est-il d'un point de vue pratique?
-Et bien... J'ai créé des parchemins, voyez-vous?
-Oui?
-Donc des parchemins je disais. Au début je pensais à un anneau, mais ces petites choses ont une fâcheuse tendance à disparaitre et à attirer des voleurs de tout poil et...
-Elle est très bien sur votre bureau, monsieur! Voilà, laissez la retombez doucement. Il ne faudrait pas vous blessez en un instant si important n'est-ce pas? Comme ça, c'est bien. Vous me disiez donc que vous aviez créé des parchemins?
-Oui! C'est ça, des parchemins! Évidemment, ils sont un peu particuliers, et leur puissance est renforcée par des procédés de mon invention. En les utilisant, j'acquerrais une telle agilité que chacun de mes bonds me permettra de franchir plusieurs lieues.
-De vrais bonds de géant! Vous ne manquerez donc pas de ressort! Bien, parlez-moi un peu de vous, maintenant. Quel elfe se cache derrière le brillant chercheur? C'est ma troisième question.
-L'expérimentation m'a toujours attiré. Tout petit déjà...
-Mouarph...
-Commet ça, mouarph?
-Je pensais que vous... Enfin, je veux dire... Un chat dans la gorge. Continuez je vous prie, continuez.
-Donc tout petit déjà, je faisais régulièrement exploser la cuisine de ma mère. A l'âge de 7 ans, j'ai mis au point ma première potion, une potion de pousse de sourcils. Ah vous auriez du voir mon père, avec des sourcils de 3 mètres de long, faisant semblant d'être furieux; mais je sais qu'au fond de lui il était fier de moi. Aaahh, l'enfance... J'ai ensuite rapidement intégré la guilde des mages, mais les responsables, et les haut-elfes gâteux en particulier, voyaient d'un mauvais œil ma singulière ascension et ont tout fait pour la freiner, mais ça va changer, et ce dès aujourd'hui!
-Votre épée monsieur. Vous recommencez. Je vous assure qu'elle est très bien sur votre bureau... Voilà, comme ça, c'est bien... L'essai d'aujourd'hui doit donc être déterminant. Mais il ne s'agit pas du premier essai, n'est-ce pas? Pourquoi les autres n'ont-ils pas parfaitement fonctionné?
-Mais c'est la beauté de la recherche! On n'est jamais sûr de rien, de nombreux essais sont souvent nécessaires! Vous croyez vraiment que la transmutation de la pierre en bois va se faire en un jour? A ce sujet d'ailleurs je pense tenir une piste qui... Mais je divague. Concernant la présente expérience, je me suis peut-être écrasé au plafond de ma chambre, à une tour, aux murs de la cité et à un oiseau -encore que dans ce cas c'est plus l'oiseau qui s'est écrasé- mais ça en valait la peine, c'est le dur chemin menant à la gloire. Sans audace, pas de gloire, comme le disait si bien mon grand-père.
-Vous ne craignez pas l'atterrissage? Vous avez apparemment eu quelques soucis à ce niveau, non?
-La procédure est déjà fort complexe, une chose à la fois jeune homme, une chose à la fois. Si le principe du saut est validé, mettre au point la suite ne devrait pas être compliqué.
-Mais vous allez vous...
-Cinq questions rappellerez-vous! Mon destin m'appelle et je dois me préparer à le rencontrer. Puisque le sujet semble vous passionner, rassurez-vous, je vous accorderai un peu plus de temps demain. Allez, j'ai du travail! Allez profiter de l'auberge de la ville, buvez, dansez, et nous nous reverrons demain.
-M'étonnerait bien, ça...
-Pardon?
-Non non, rien. Je vous disais à demain. Adieu, Tarhiel.

Modifié par Havelock, 15 octobre 2008 - 14:09.


#7 Poussinet

Poussinet

Posté 19 octobre 2008 - 20:10

[...]


" Beuuuuuuaaaaaargh ! Schhhbooommm ! "


C'est ce qu'on entendait habituellement dans la troisième clairière de chêne-grath, à gauche de Haven, entre trois et six heures de l'après-midi, dès que le soleil perdait son zénith, chaque jour et ce, depuis un an et demi. C'est à dire depuis que Tahriel avait su mettre au point une version stable de ses formules. Stable, dans le sens que Tahriel n'avait plus à craindre que sa barbe soit carbonisée après incantation du sortilège.
Même si il lui arrivait d'être roussie, elle ne disparaissait plus complètement dans un amas de fumée noire pestilentielle, respirant la sueur et le feu mêlés. C'est très pénible pour un mage bosmer, aussi doué que Tahriel, d'avoir à attendre que sa barbe repousse, sous l'action de plusieurs fortifiants ou pousse-poils dans le langage familier. Sa barbe en sécurité, et son parchemin de saut presque finalisé, il était prêt quoi ...

Beuuuuuuaaaaaargh était le cri qui caractérisait la chute du petit Bosmer. Quand il retombait, aussi bien physiquement que mentalement ( car il avait tendance à perdre raison quand le succès daignait à pointer le bout de son nez ), ses lèvres, auparavant étirées en un rictus triomphant, s'ouvraient pour décrire mieux que personnne la peur et la frayeur de se prendre un arbre proche dans la poire ou de retomber lourdement dans une souche rempli de fourmis à l'appétit féroce *.
Comme il le criait assez fort, tous les alentours dans un rayon de plusieurs kilomètres avaient raison d'être au courant, si bien que le monde agraire de Haven surnomma très vite notre petit elfe volant Beuargh. Pas très flatteur.

( * notez que dans ces régions, les fourmis sont particulièrement voraces et amatrices de bonnes chaires, celles de jeunes elfes étant le summum de l'art culinaires chez les insectes )

A Schhhbooommm correspondait le son de la chute lourde et brutale, par terre, sur un tapis de mousse verte, dans une flaque de boue huileuse et infestée de sangsues, devant le nid d'un quasoar des îles, sous l'arrière train d'un quelconque massif animal aux besoins du matin, ou encore sur le toit d'une petite chaumière dans laquelle résidait sept petits Brétons et leur charmante dame de ménage Nordique.
La chute était certes moins bruyante, mais ceux qui l'entendaient dans la quiétude de fin de journée, mêmes prévenus, en avaient un sacré choc. Surtout si Tahriel-Beuargh atterrissait devant eux.

Une fois, peut-être six ou sept jours avant, il avait même rencontré un de ces emmerdeurs de journaliste, un certain Barthur Couralon ou Arathor Courtelle, à qui il avait promis une interview la semaine suivante, juste avant de repartir dans un saut vers le cosmos.

Tous ces mots devraient suffire au lecteur parcourant ces lignes, car il aurait un bon résumé du quotidien que se tapait Tahriel, et on le rappelle, depuis plus d'un an.
Il avait réussi à se mettre l'accord du conseil de la ville pour ses petites expériences en poche, et il avait travaillé d'arrache-pieds ces derniers mois pour parvenir à ce qu'il appelait " l'apothéose de recherches rondement menées par un grand savant ".

Mais ce jour-là était différent des autres. Au lieu du traditionnel bruit évoqué plus haut, on avait entendu un : " Beuuuuuuaaaaaargh ! Schhhhkliiiiiing ! " dans la petite clairière.

Tahriel avait en effet rehaussé la puissance de son sortilège, jugeant qu'il n'allait pas assez loin avec ses anciennes tentatives.
Ce qui avait pour but de le faire voler " un peu plus loin ", l'avait presque projeté à sept-cents mètres de la cible initiale, ou dirons-nous, " beaucoup trop loin ".

Mais pourquoi Schhhhkliiiiiing et pas Schhhbooommm ?
Schhhhkliiiiiing se réserve d'habitude au bruit du verre cassé, à une coupe de cristal fin, frappée un peu trop fort. Cette fois, Tahriel n'avait ni cogné de jeunes bouleaux, ni percuté de simples passants. Non.
Parce que " beaucoup trop loin ", on arrivait dans le domaine de Haven, et plus précisément sur l'église.

D'après les dires des nombreux habitués de la messe de quatre heure, le Père Cogite n'avait pas apprécié d'être interrompu lors de son office.
Surtout que le carreau brisé allait encore lui coûter une blinde !
Et la crise économique sur les biens d'importations n'allait rien arranger.


[ ... ]


Enfin, Tahriel relâcha sa plume. Tout le reste de l'heure, il avait dû s'excuser auprès de diverses personnalités du clergé de Haven, prétextant la mauvaise position du soleil dans les cieux ou remettant en cause la solidité du vitrail brisé de l'église. Pour rien au monde il n'aurait avoué qu'il avait commis une erreur dans l'équation bicatrézicale du cosinus de son angle de chute.
Et certainement pas à de pareils incultes de la magie, ces idiots du culte des Neufs qui se disaient prêtres.
Heureusement, il avait corrigé cette erreur, et était presque sûr de ne s'être trompé sur rien d'autres à présent.

Aux premières lueurs de l'aube rose, soulagé, exténué, confiné dans sa petite chambre, après replanchage sur son sortilège, Tahriel, persuadé d'avoir trouvé un bon compromis dans ses calculs, s'endormit sur son bureau en ronflant à en faire trembler les carreaux de sa fenêtre. A côté de lui, sur un petit calendrier, on pouvait voir à la date du lendemain : " Connerie d'interview à 6h ".

Modifié par Poussinet, 05 novembre 2008 - 14:51.


#8 Cogite Stibon

Cogite Stibon

    Théoriquement moddeur


Posté 03 novembre 2008 - 12:55

Plic, plic, plic, ploc, plic. Quatre heures du matin. La nuit est noire sur le Val Boisé, contraignant le narrateur à user d’expédients sonores en guise de description. La nuit est noire, plic, poisseuse, plic,  humide, ploc, collante, plic,  moite, plic plic, lourde, ploc, épaisse, et surtout noire. Une belle nuit pour le Val boisé, donc. Seulement rythmée  par le bruit des gouttes tombant de feuilles en feuilles « plic », et remplissant les mares « ploc ». Un cauchemar de narrateur : que décrire quand on n’y voit rien ?

Plic, plic, ploc, plic, splotch ! Ca, c’est le bruit d’un homme, qui, malgré ses efforts de discrétion, vient de s’étaler de tout son long dans une flaque. Il se relève, pestant intérieurement contre ce pays, contre l’obscurité, contre les racines traîtresses, et contre cette fichue tradition qui l’oblige à quitter ses montagnes pour venir s’enterrer ici. Le narrateur pourrait y trouver une occasion de décrire sa physionomie, sûrement pittoresque, mais dans le cas présent, que décrire ? L’homme cache sa tête sous une capuche crasseuse, et désormais dégoulinante, ce qui renforce le sentiment qu’elle doit compter plus d’une serpillière sur son arbre généalogique.

L’homme pénètre dans la cité de Haven, évitant facilement les patrouilles. A vrai dire, ce n’est pas trop difficile, puisqu’il fait lui-même partie de la garde, et a donc accès au tableau de service. C’est la tradition de son pays : tous les hommes valides périodiquement rejoindre la Magna Liga, un corps militaire d’élite qui fournit des gardes à tous les monarques soucieux de leur prestige. Attention, pas le genre de garde à identifier des cadavres à coup de pieds et à leur faire les poches en attendant l’heure de la popote. Non, le genre à porter un costume bouffant bariolé, une hallebarde de trois mètres de haut, et à rester immobile pendant des heures, pendant que des institutrices débordées essayent d’empêcher des hordes de mouflets de lui tirer la langue. La qualité essentielle pour ce genre de travail, soupire l’homme, ce n’est pas d’être un spécialiste des langues anciennes comme lui, c’est plutôt d’avoir une vessie de très grande capacité.

Plic, ploc, plic, CRAC ! L’homme étouffe un juron. Cette saleté de morceau de vitrail vient de craquer sous son pied. C’est bien le père Cogite, ça. Doué pour les sermons alambiqués, mais pas fichu de tenir un balais, même quand les morceaux de verres devant sa chapelle sont un vrai danger pour le public en général et les espions en particulier. Espion, c’est bien ça. L’homme est un espion avant d’être un garde.  Pour préserver sa neutralité, son minuscule royaume montagnard a du se doter d’un service de renseignement particulièrement efficace. Dans toutes les cours de Tamriel, des paires d’oreilles immobiles sous les hallebardes recueillent des secrets d’état, imprudemment prononcés par ceux les considèrent un peu trop vite comme des accessoires de décoration. L’espion escalade agilement le mur de la chapelle, prend un grappin et une corde, et vise le rebord d’une fenêtre dans le palais, juste en face. Une légère traction, la corde tient bien. C’est presque trop facile…

Plic !  Une goutte de sueur tombe du front de l’espion, qui frémit à ses propres pensées. Trop facile ? L’excès de confiance en soi ne serait-il pas en train de le gagner ? Un faux mouvement, et il s’écrase sur les pavés, dix mètres plus bas. Ca ferait un beau titre pour la chronique d’Arthur Courtel : « Une nouvelle victime de la Drogue de la Confiance en Soi ! Le fléau n’épargne pas les services secrets ». Ce fouineur de Courtel est une plaie, mais il faut reconnaître que sur cette affaire, il a eu du nez. C’est le premier qui a su faire le lien entre tous ces décès mystérieux : les alpinistes à main nues, les mages capables d’invoquer trois princes Daedras à la fois, les soi-disant réincarnations de généraux elfiques, les alchimistes débutants adeptes de l’automédication, et tous les autres.


L’affaire a fait grand bruit, surtout depuis qu’on craint que l’empereur lui-même ne s’adonne à cette drogue. Selon la rumeur, il aurait déclaré au conseil des anciens « Les troubles dans l’Est ? J’en fais mon affaire. Il suffit que je ramasse un pouilleux dans la prison impériale, et que je l’envoie là bas, et tout sera réglé en quelques mois ». La piste a été longue à remonter, mais tous les indices convergent : Il y a quelque chose de pourri au royaume de Haven. Enfin, en plus de l’eau croupissante et des feuilles en décomposition, bien sûr.

Plic, plic plic, plic. Du suif s’écoule d’une torche fixée au mur, qui enfume plus quelle n’éclaire un couloir du palais de Haven. Tapis derrière un rebord de fenêtre, l’ombre de l’espion observe depuis un moment la porte de maître Rumare. C’est là, d’après ses sources, que la drogue est produite. Maître Rumare en consomme, c’est sûr, sinon comment pourrait-il encore être croire à ses prophéties ? Reste à obtenir des preuves, et surtout à comprendre comment la drogue est sortie du laboratoire.

Tap, clop, tap, clop, tap, clop. Un bruit de pas se rapproche. L’espion reconnaît le boitement de Croyle, un homme de main de Valendor Falinesti, bientôt suivi de son acolyte Gabe. Les deux malfrats crochètent la porte de Rumare, et ressortent quelques instants plus tard, portant deux lourdes bonbonnes.
« Dépêche-toi, il faut encore remplir l’outre du petit mage ! dit Gabe
- Pourquoi ça ? C’est du gâchis. Toute cette bonne marchandise qu’il ne paye même pas !
- Ordre du patron ! Apparemment, il aurait parié qu’on aura un beau spectacle demain. »

CRAC ! Une lame du parquet en os vient de se briser sous les pieds de l’espion ! Les deux malfrats se retournent et dégainant leur épées. L’homme courre vers la fenêtre, l’enjambe, et essaye de rejoindre la chapelle en courant sur sa corde tendue. Trop tard. Gabe a atteint la fenêtre et tranche la corde. L’homme essaye de se rattraper, mais s’écrase sur le mur de la chapelle avant de tomber lourdement au sol, dans les ténèbres.
« Il est bien mort ? Descend voir, Croyle ! »

Plic, ploc, plic, ploc, plic, ploc. C’est le bruit régulier des clepsydres de précision. L’homme se sent en sécurité, comme quand, enfant, il allait se réfugier dans l’atelier de son père. Non ! Il doit se réveiller ! Il est sur le sol de la chapelle, sans arme, à la merci du tueur qui s’approche. Tap, clop, tap, clop, tap, clop. Croyle s’approche. L’homme lutte pour ne pas sombrer dans l’inconscience. Ces doigts tatent le sol devant lui, et se referment sur un morceau de vitrail…

Tac, clop, Tac, clop, Tac, clop... Gabe entend, plus qu'il ne le voit  son acolyte claudiquer vers lui dans l’escalier obscur.
"Alors, il est bien mort ? Et qu'est-ce qu'on va faire du cadavre ? Chuchote-t-il
- La réponse à ta deuxième question est deux fois plus compliquée qu'il n'y parait. Et pour la première, la bonne réponse est 'Pas tout à fait mort'
- Mais, tu n'es pas Croyle !
- Tiens, t'es plus malin que je pensais, toi !" dis l'espion en tranchant la gorge du pendard avec un éclat de verre acéré.

Décidément, cette mission tourne à la catastrophe. Bon, d'abord, faire disparaître les corps. Ensuite, soigner cette jambe. Prendre le tour de garde de 6h à midi, il ne faut pas attirer les soupçons. Il sera toujours temps de prévenir le petit mage après.

Plic, ..., plic, ..., plic
Une ombre s'enfonce dans la forêt plus sombre, une forme inerte sur chaque épaule, laissant derrière elle une piste de goutte de sang.


[...]

Plic, ploc, plic, ploc, plic, ploc, PLOCPLOCPLOCPLOCPLOC

Cinq heures du matin. Tarhiel tend la main vers sa clepsydre de précision, arrêtant la pluie de gouttes qui vient de le réveiller. Il allume une bougie et avale une gorgée d'eau de son outre en cuir. C'est le grand jour, enfin ! Il va montrer à tous ces imbéciles de quoi un Tarhiel est capable. Il suffit d'un peu de talent et de beaucoup de confiance en soi. Mais d'abord, il doit s'occuper de tous ces courriers et paperasses.

Tarhiel s'assied à son bureau et s'empare de sa plume...

#9 Kafou

Kafou

    Le canari a bouffé le rominet !


Posté 06 novembre 2008 - 00:19

Au royaume de Haven, il fait nuit.
Au royaume de Haven, les hiboux chassent et les honnêtes gens dorment.

Intéressons-nous à un hibou du royaume de Haven, Kafouuhouu. Puisque c'est un hibou, Kafouuhouu chasse. Cependant, cette nuit, il préfère chasser la femelle plutôt que le lapin. Il hulule. Houuhouu ! Houuuhouuuuuuuu !

Intéressons-nous à un honnête homme du royaume de Haven, Tarhiel, Bosmer, étudiant à l'école de magie de Haven. Puisque c'est un honnête homme, il dort. Cependant, le pauvre a une nuit agitée et ne cesse de se retourner dans son lit en marmonnant. En effet, Tarhiel est sous pression : demain, il va faire la démonstration du sortilège de sa confection qui occupe toutes ses heures de travail depuis trop longtemps, et qui fera sa renommée toute sa vie. Tarhiel n'a pas trop confiance en lui, jusqu'à présent aucune expérimentation ne s'est avérée être un succès total, et il lui reste quelques calculs à vérifier avant le grand moment.

HOOUUUUUUUHHHHOOOOOOOOOOUUUUUUUUUUUUUUU !!!!!!!!!

Ronmgneugnorfm, tcheu, Tarhiel se retourne dans son lit. HouuuuuuhouuuuUUUUHH !! Tarhiel se promène en forêt. Il entend un cri HHHHOOUUUUUUUUUUUUUU !!!!!! ah ben tiens ça vient de recommencer, et Tarhiel prend peur : ça vient de juste derrière lui ! Il se retourne prestemment et voit un hibou aussi gros que lui !
- Ah, c'est toi maman, j'ai eu peur, je croyais que c'était un hibou-garou.
- Hooouuuuuu mon petit, voyons, je ne suis qu'un simple hibou, comme toi !
Tarhiel regarde ses mains et se rappelle qu'en fait ça s'appelle des ailes.
- C'est vrai, désolé maman.
Tarhiel reprend son chemin dans la forêt, en quête d'une proie.

Il arrive rapidement auprès d'un temple pyramidal en plein milieu du désert.
- Hé Jeanur, regarde ! s'exclame Tarhiel. Ca te dit quelque chose ce temple ? Je croyais qu'il y avait une oasis à cet endroit...
- Mais non voyons, depuis que l'échassier des marais a migré, la nature a repris ses droits par ici.
- Mais c'est toi Jeanur ?? Mon vieil ami !!! Comment ça va ? Mais que fais-tu donc là, si loin de la civilisation ? Je croyais que tu étais étudiant à l'école de magie de Haven.
- Hé bien oui, répliqua Jeanur. Mais grâce à mon nouveau sortilège de saut, je peux me rendre aux quatre coins de Tamriel en autant de claquement de doigts !
- Ohhhh, eh ben dis-donc, bravo ! J'aimerais tant être un mage comme toi...
- Et bah non, t'es qu'un hibou !
- C'est pas gentil ça !!!
Tarhiel, vexé, s'éloigne d'un pas déterminé. Ce faisant, il se rapproche d'un pas non moins déterminé du temple, et finit par en franchir le seuil.

- BONJOUR TARHIEL TU N'ES PAS UN HIBOU !
- Hein ? Qui me parle ? Bien sûr que si je suis un hibou, ma mère...
Tarhiel proteste le poing levé, jusqu'à ce qu'il voie ce poing.
- QU'EST-CE QUE JE T'AVAIS DIT ?
- ...
- BON TU LA POSES TA QUESTION ?
Tarhiel prend une pose intelligente, il est si fier d'avoir enfin réussi à obtenir une audience avec l'Oracle. Il réfléchit durement, mais pas moyen de se souvenir de la question qu'il était venu poser. C'est dommage, il avait réclamé l'audience justement pour ça... Mais Tarhiel ne se laisse pas décontenancer, et ne montre aucun signe de faiblesse à l'Oracle. Il trouve enfin une question qui peut lui rendre service malgré tout.
- Ô grand Oracle Zchrimfelaboumdanlcar, pourrais-tu...
- JE SUIS AZURA ESPECE D'ABRUTI PAS TRUCBIDULOHOUIBEZMOADANLCAR !
Tahriel sursaute : on lui a toujours qu'il ne fallait surtout pas vexer l'Oracle, et il commence par se tromper sur son nom. Il est vraiment irrécupérable.
- Euh... désolé Ô grande Azura. Pourrais-tu me dire ce que je dois faire ?
- OUI.
- ...
- ECRIS UN JOURNAL LE JOUEUR EN AURA BESOIN POUR REMPLIR SES POCHES EN DEBUT DE PARTIE EN ARNAQUANT ARILLE AVEC GRACE A UNE ERREUR DE TRADUCTION LE SORT DE VVARDENFELL EN DEPEND.
- Hein ?
- ADIEU TARHIEL.
Décu, Tarhiel n'a pourtant pas d'autre choix que de prendre le chemin du retour. A la sortie du temple, il caresse machinalement Jacky, son lapin de voyage, et l'enfourche pour rentrer chez son cousin Fargoth qui l'héberge le temps de son séjour.

A peine entre-t-il dans la maison de Fargoth, qu'il entend un bruit lointain. Il lui semble que ce bruit provient du dix-huitième étage... On dirait le bruit d'une porte qui grince, ce qui est pour le moins étrange car Fargoth n'a aucune porte dans sa maison ! Tarhiel tend l'oreille...
Ronmgneugnorfm, tcheu, Tarhiel se retourne dans son lit. Il aperçoit une silhouette dans le noir, qui semble s'adonner à dieu sait quelle affaire louche concernant une outre. Bah, ça n'a guère d'importance, le bruit provenait du dix-huitième étage et cette silhouette n'y est de toute évidence pas. D'autre part, Tarhiel n'a même pas le temps de finir d'oublier la silhouette quand éclate soudain un hurlement  qui s'empare de toute son attention :
- HooouuuuuHHHHOOOOOUUUUUUUU !!!!!
- Fargoth ?
- HHOOOOOUUUUUUUUU !!!!
Tarhiel se précipite vers le hurlement, qui quant à lui provient bien du dix-huitième étage.
- HHooooouuuUUUuuuu... !
C'est long de monter au dix-huitième étage, surtout quand on vient du quatorzième sous-sol.
- hhouuu ?
Très. Long.
- hou...
Enfin, Tarhiel arrive au bout de l'escalier, essoufflé tandis que Fargoth gît par terre, ensanglanté.
- Fargoth ? Que t'est-il arrivé ? Qui t'a fait ça ??
- Tarhiel... Jmen sortiré pa...
- Fargoth ? Ne dis pas ça.
- Tarhiel... G konfians en toa... Plzzz, vi1 a Seyda Nihyn pr méD... G perdu mon ano, tu C, sa me ren tré malereu... Et person ve méD...
- Fargoth ! J'accomplirai cette dernière volonté, en mémoire de tous les bons moments qu'on a passé ensemble !
- Tarhiel... Je... Tu C... Je...
Mais Fargoth s'éteint au milieu de sa phrase. Non pas qu'il ait jamais produit de lumière, mais c'est le mot qu'on emploie et Tarhiel a toujours supposé que si on ne voyait pas la lumière des gens c'est parce qu'on est trop habitué à la voir.
En pleurs, Tarhiel abandonne le corps sans lumière de son cousin et s'approche de la fenêtre. Il lui prend soudain l'envie de sauter. Après tout, si Jeanur son vieil ami le mage pouvait sauter, pourquoi lui ne le pourrait pas ? Alors Tarhiel saute.

Tarhiel saute toujours et encore, dévalant la montagne à toute allure, il a presque l'impression de voler par moments. Les moutons le regardent passer en broutant, mais il n'a pas le temps de regarder passer les moutons en broutant : il profite de l'instant, il SAUTE.
Hélas, toute bonne chose a une fin. En bas de la montagne, Tarhiel rejoint le cours de la rivière Santé et atteint la berge en nageant. Il se sent tout mouillé. Heureusement, il n'habite pas très loin et va pouvoir se sécher et se changer. Chez lui l'attend Astriva, la jeune et jolie voisine Bosmer qu'il a l'habitude d'espionner quand elle se sèche et se change.
- Astriva ! Que fais-tu ici ?
- Oh, eh bien, on m'a dit que tu allais te sécher et te changer donc je suis venue espionner !
- Ah oui, bien sûr, j'avais oublié.
Plic, ploc, plic, ploc...
- Tiens, c'est quoi ce bruit ? s'étonne Tarhiel. On dirait une clepsydre de précision !
- Je n'entends rien, pourtant.
- Oh, je crois que j'ai soif !
- Hihihi !!
Tarhiel est soulagé, il a trouvé une excuse pour ne pas avoir à se sécher et se changer sous les yeux d'Astriva. Plutôt que de subir cette situation qu'il trouve très gênante, il n'a qu'à se réveiller pour aller boire. Oui, Astriva devrait comprendre.

Plic, ploc, plic, PLOC, PLOC !!

Tahriel se réveille. Il est bien embêté : il est persuadé d'avoir rêvé des instructions importantes pour son avenir, mais ne se souvient pas lesquelles. Bah, il espère simplement que ce n'était pas l'égalité manquante dans la formule de son sort, et préfère compter sur son inconscient pour lui rappeler ces instructions en temps voulu.

Plic, ploc, plic, ploc, plic, ploc, PLOCPLOCPLOCPLOCPLOC

Cinq heures du matin. Tarhiel tend la main vers sa clepsydre de précision...


#10 D.A.D.

D.A.D.

    P.a.p.a masqué


Posté 10 novembre 2008 - 00:04

La clarté laiteuse des lunes de Nirn se répandait sur le Val-Boisé. Elle était étrangement intense, comme si Jone et Jode paraissaient à nouveau vivantes. On entendait parfois les arbres se plaindre sous les bourrasques d’un vent capricieux. Un rai blafard dégoulinait dans une  pauvre chambre, simplement pourvue d’un lit et d’un coffre, plus usés et décrépits que Rumare lui-même. Sur la couche informe un elfe sylvain fixait, le regard hagard, le plafond comme s’il attendait que celui-ci se décrochât.


L’ambition lui susurrait d’ensorcelantes paroles, véritable chant incantatoire célébrant son orgueil. Toutes les pensées de Tarhiel se concentraient sur son futur triomphe, de sorte qu’il ne parvint pas à trouver le sommeil. Il n’appréciait guère être dans cet état. Sa prétention le mettait confusément mal à l’aise, mais il trouvait en elle une ardente compagne à la laideur ô combien attirante. Il décida donc, afin  de trouver ce repos qui lui permettrait d’être efficace, de se concentrer sur des souvenirs agréables. Comme à chaque fois, une image lui revenait en tête : celle d’Anyamis. Il se souvint, sous ses longs cils noirs, des camées verts qui le fascinaient, de la délicate pointe de ses oreilles, des caresses que sans cesse elle lui adressait avec douceur et tendresse. Il se rappela aussi de cette journée qu’il passa en sa compagnie, devisant au milieu d’une minuscule clairière.

  Il fixait tour à tour ses grands yeux verts et ses lèvres pâles. Le ciel ajoutait son bleu immaculé aux couleurs chatoyantes de la chênaie. Le parfum de la jeune Elfe se mariait aux effluves des herbes et des essences. Il se sentait bien et se disait que rien ne pourrait gâcher ce moment : ni ces deux Orcs ivres tentant d’abattre un chêne centenaire  à grands coups de cuillères, ni ces deux singes en train de se battre en duel parce que l’un avait fait remarqué à l’autre, qui s’était entièrement rasé pour ressembler à un Elfe, qu’il était de mauvais poil. Pourtant, l’attention de Tarhiel fut attirée par un détail étrange : un hibou volait en pleine journée, paraissant fuir quelque danger.  Suivit un vacarme digne d’un concert de Goules N’Roses, qui fit fuir la plupart des animaux, des singes et des Orcs présents dans le secteur. Les deux jeunes Bosmers virent apparaître à l’orée de l’épaisse forêt une troupe de leurs congénères, vêtus d’habits aux couleurs criardes. A sa tête se tenait un Elf imberbe, à la chevelure colorée et paré de nombreux bijoux d’os. Certains traits de son visage semblaient familiers à Tarhiel. Il s’approcha d’Anyamis, lui baisa la main et, d’un sourire éblouissant de sournoiserie, lui clama :

« Mais que vois-je ? Une si belle prédature dans un si triste endroit ! Quel florilège a pu-t-il vous am’ner jusque là ? Oh attendez, il m’vient quequ’chose ! Tenez jouvencelle, tirez sur mon doigt !

Sur mon doigt tirant
La jolie z ‘enfant
Fait naitre t-en moi un vent
De poésie naturellement,
Que sa beauté m’attirant
Soit célébrée chiant. »

Un des accompagnateurs du poète, aussi épais qu’un squelette anorexique et au faciès aussi amène qu’un furoncle putride lui chuchota dans l’oreille.

« Soit célébrée céans, reprit l’aède,
Et que les Dieux m'emballent...m'empalent
Si cette beauté fatale
Mon délire...désir animal
Ne l'emmène jamais...euh...à la Cité Impériale ? »

Il se retourna pour chercher une approbation parmi son assistance de marioles bariolés, qu'il obtint faute de rime terminale.

        Tarhiel, l’effet de surprise dissipé, irrité d'une telle impudence, s’empara de sa dague et menaça l’auteur de ces tristes mots. Mais la troupe était elle aussi armée ; il fut contraint de reculer et Anyamis fut enlevée. Ses sorts n'y purent rien. Plus jamais il ne la revit. Tel était le souvenir dans l’esprit de Tahriel…

        Du moins tel qu’il se l’était fabriqué, tel qu’il l’avait remodelé. Qui était exactement ce poète, a-t-il réellement existé ? S’il connaissait la réponse, le petit mage, pour se convaincre, avait échafaudé ce souvenir, toutefois encore trop neuf. Anyamis n'était jamais revenue ; pourquoi et comment était-elle partie ? On ne le saurait jamais. Une sensation de vide incoercible s'empara de lui. La peur ; l'échec. La solitude ; l'angoisse. Sa respiration s'accélérait. Son coeur s'emballait à travers tout son corps. Il lui sembla entendre des plaintes, dehors. Ou bien étaient-ce les siennes ? Comment échapper à ces yeux verts dardant sur lui un regard accablant ? Des ombres difformes avaient entamé une danse sinistre dans la chambre miteuse, comme si de sombres pensées serpentaient toujours autour de la couche. Des relents de moisissure s'échappaient des murs suintant de sordidité et d'humidité. Tarhiel s’était pelotonné au fond de son lit. Il se souvint dès lors comment l’ambition avait pris une place douloureusement vacante.


        La clarté laiteuse des lunes de Nirn avait sombré derrière la noirceur d’épais nuages, comme si Jone et Jode étaient redevenues de simples corps défunts. Le vent lui-même avait quitté le Val-Boisé. Prétention s’était endormie tandis que Mélancolie se délectait d’une goutte salée sur une joue glacée. La pluie se mit à tomber.

*
*    *
*


Au royaume de Haven, il fait nuit.
Plic, plic, plic, ploc, plic. Quatre heures du matin. La nuit est noire sur le Val Boisé…


#11 Near

Near

    Jamais très loin


Posté 30 décembre 2008 - 13:41

TIC. Le mouvement de la grande aiguille nargue sa compagne, l'horloge indique à présent "Morrowind, Seyda Nihin".

***

Une ombre se détache devant la lumière du phare. Cette ombre, c'est le Nérévarine. Mais il ne le sait pas encore. S'il le savait, il aurait certainement autre chose à faire. Observer un misérable Bosmer pour découvrir où il cache ses maigres possessions n'est certes pas un travail digne de l'Elu d'Azura.
Les dernières politesses sont échangées, la dernière porte se ferme, les derniers rideaux sont tirés. L'Elfe est enfin seul. Du moins, il vaudrait mieux pour lui, étant donné le peu de discrétion dont il fait preuve pour s'approcher de sa précieuse cachette. L'affaire est réglée, notre ombre jette un oeil à sa boussole qui lui indique une heure du matin, et ne pense déjà plus qu'à la courte nuit de sommeil qui l'attend.
Soudain, une étrange lueur s'élève au Sud-Ouest, une ligne surréaliste qui sépare le ciel en deux. Le phénomène disparaît aussi vite qu'il est apparu, et il ne troublera guère le sommeil de son unique témoin. Tout le monde ne peut pas en dire autant ...

***

TAC. Même endroit, autre temps. Tahriel, mage de son état, se remet difficilement de l'explosion qu'il vient de déclencher. Heureusement, il n'a pas lésiné sur le moyens pour s'offrir un laboratoire capable de résister à ce genre d'imprévu -on ne peut en dire autant du confortable fauteuil dont la carcasse lui est retombée sur la tête. C'est qu'il travaille sur un projet de la plus haute importance, censé d'ailleurs rester secret. Mais le hasard faisant décidément bien les choses, l'individu est doté d'un sens de la discrétion rappelant en tous points son cousin Fargoth.
Son dernier exploit ayant assurément réveillé la moitié du royaume, Tahriel pourrait parier que même ceux qui auraient passé les deux derniers mois dans les geôles d'Oblivion sont désormais au courant de ce qu'il prépare. Mais ça n'a pas d'importance.
Il est deux heures du matin*.
Il ne lui reste que quelques détails à régler, et dans quelques heures il prouvera au monde qu'il avait raison. L'exaltation qui l'envahit à cette seule pensée l'empêche pourtant de se concentrer sur son travail. Il se reprend à imaginer combien la face du monde eût été différente si Tamriel avait été nommée Tahriel. Ses camarades à l'Académie aimaient à le railler à ce sujet : "Tu te serais appelé TaMriel, voilà tout, haha !". Mais lui sait. Il est le seul à s'être suffisamment plongé dans les ouvrages ésotériques les plus obscurs pour entrevoir les conséquences.

Tic ; tac. "Peuple de Tahriel, par ordre royal, le port du bonnet colovien est désormais obligatoire à l'intérieur de nos frontières. Bon appétit." Les rêves échappent en général à toute logique. Ce n'est pas le cas de ceux de Tahriel. Les premiers rayons des tournesols éclairent la grande passoire du clocher de la boulangerie. Alors que le héraut referme son bec, et repart en lissant les plumes de sa moustache, le Roi-Mage attend avec impatience son dîner du matin. Ses plats lui apportent ses serviteurs en sauce, pendant qu'il s'exerce une dernière fois au sort qu'il doit présenter à l'Académie ce jour là. C'est un mur qui passait par là qui en fait les frais, se transformant en un magnifique arrosoir rose.
"Parfait ! A présent, mangeons." Les cloches sonnent alors qu'il s'apprête à planter sa manche dans son dîner.
TIC. TAC. TIC. TOC TOC TOC.

Tahriel se réveille en sursaut, et essuie un filet de bave sans remarquer que celui-ci a coulé sur ses travaux, effaçant une partie de sa formule. Il se dirige vers l'origine du bruit, trop endormi encore pour être surpris d'une visite aussi tardive.
"Bonsoir, ou bonjour, ou ce que vous voulez. Brigade d'inspection et de répression des accidents magiques. Je suis le Brigadier Lorhel, et voici mon adjoint Ardhee." Il avait prononcé ces mots avant même que Tahriel ait fini d'ouvrir la porte. "Nous sommes ici pour ...". Le mage n'écoute plus, incapable de suivre, et préférant dévisager ses invités. Le plus petit des deux continue de parler pendant qu'il fouille frénétiquement la pièce, s'emparant de temps à autre d'objets divers qu'il empile sur son équipier.
Un parapluie, un tas de cendre, une gourmette en or ... UNE GOURMETTE EN OR ?!
"Ah mais ...!" Mais avant qui ait pu continuer sa phrase, les deux malfrats sont déjà dehors, emportant une bonne partie des économies du pauvre Tahriel, trop épuisé et hagard pour songer à les poursuivre. Il s'apprête à refermer la porte, quand une barbe sur pattes se glisse dans l'encadrement.
"Bonsoir mon enfant.
- Quoi encore ?!
- Je suis le mage Vordrin, et j'appartiens à la Brigade d'...
- Et moi je suis l'empereur Tahriel Septim ! Ça suffit ! Dehors !"
Le vieux sage est jeté dehors sans ménagement, contraint d'abandonner une partie de sa barbe, coincée dans la porte. "Vous le ... Keuh, Keuh ... regretterez, Monsieur. Keuh, Keuh ... Voilà que je prends froid, sans ma barbe. Les jeunes, de nos jours !"

Envahi d'une immense lassitude, Tahriel s'effondre sur sa chaise. Le soulagement qu'il éprouve en constatant que ses formules sont toujours là ne pèse pas bien lourd. Ne pouvant se résoudre à se remettre au travail, il se perd une nouvelle fois dans ses pensées.
"C'est promis, après avoir maîtrisé l'espace ... ou serait-ce le temps ? Peu importe. Après la démonstration de demain, mes recherches s'orienteront vers l'autre dimension. Ainsi je pourrai remonter les siècles ... à moins que ce ne soient les lieues ? Et changer tout cela.
Peut-être même ... ce qui ... avec ... elle ..."

Tic. Seyda Nihin. Un Elfe dormant paisiblement, ne se doutant pas de la surprise qui l'attend le lendemain.
Tac. Haven. Trois heures. Et un autre Elfe fixant le plafond.





Ainsi est il en TaMriel.




_______________________________________________________________________________

*Les lecteurs attentifs auront remarqué cette, en apparence, incohérence spatio-temporelle. Précisons juste ici qu'il existe un certain décalage entre Vvardenfell et Haven, que l'on arrondit généralement à une heure. Pour plus d'informations, on se reportera à l'ouvrage "Des lignes temporelles chez les Mers, histoire d'une métaphysique et de son influence sur les cycles de reproduction du Braillard des Falaises", par la célèbre mage et ornithologue Eene Huttyl.
  


Modifié par Near, 30 décembre 2008 - 13:50.

You come from nothing, you're going back to nothing. What have you lost ? Nothing !

#12 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 14 mars 2009 - 20:36

Minuit.

L'heure du crime, s'accordent comme une seule plume les gâcheurs de parchemin dont le lectorat peu exigeant de Val-Boisé semble raffoler.

Difficile de lui tenir rigueur d'être si bon public et de faire feu de tout livre, d'ailleurs, puisque tout ce qui n'est pas chez lui une bestiole aussi exotique que mortelle s'avère appartenir au règne végétal et être tour à tour
- spongieux
- impénétrable
- encombrant
- aussi exotique que mortel,
voire les quatre à la fois.

Avec un tel rapport à la flore, il n'est pas étonnant que l'industrie du livre soit encouragée sans discrimination et qu'on érige des statues aux imprimeurs. Un roman exécrable tiré à un nombre indécent d'exemplaire, c'est toujours ça de pris sur la biosphère.

Minuit, donc.

Parce que l'on finit toujours par devenir ce que l'on lit, une poterne s'ouvre furtivement pour livrer passage à un personnage enveloppé dans une cape noire à capuchon. Après avoir scruté les alentours, celle-ci traverse en trotinant l'espace découvert qui sépare les murs de l'Ecole de Magie de l'obscurité complaisante des ruelles de la basse-ville. Dans la moiteur de la nuit val-boisée, elle progresse précautionneusement de cachette en cachette jusqu'à parvenir à la porte de derrière de l'Hippogriffe Gouailleur, une taverne de Haven dont la mauvaise réputation n'est plus à faire.

« Dites donc, vous avez dix bonnes minutes de retard » fait observer avec aigreur celui qui semble présider à l'assemblée de capuchons assis autour de l'unique table de l'arrière-salle. « Nous avions convenu d'ouvrir la séance à la minuit précise!
- Vous savez pourtant que Messire Valendor n'aime pas attendre! » reproche sa voisine de droite en s'attirant les regards noirs (pour autant qu'on puisse en jurer) des autres conjurés.

« Le vieux Qorwyneen ne m'a pas lâché de la soirée » marmonne l'arrivant en prenant place. « Il ne tient jamais en place lorsque la Distillation touche à son terme et ne se couche pas avant d'avoir pu goûter à la nouvelle préparation. »

« Ainsi donc, votre archimage vient de renouveler ses stocks de Drogue de Confiance en Soi, constate avec satisfaction celui qui, malgré une indiscrétion, ne saurait en aucun cas être Valendor Falinesti. Il était temps: c'est demain que notre cobaye doit renouveler sa démonstration insensée, et vous ne pouvez pas vous permettre qu'il recule à la dernière minute, n'est-ce pas? »

« Certainement pas, Messire. Imaginez que la chance lui sourie et qu'il finisse par mettre au point une alternative aux sorts dont la Guilde a l'exclusivité!
- Ou aux Traîneaux à Cimes!
- Et puis cet impie a fait suffisamment de dégâts en ville! Ce vitrail valait une véritable fortune!
- Vous avez raison, mon Père. Ce voyeur n'aura que ce qu'il mérite! » vocifère l'indiscrète conjurée en abattant un poing menu sur la table.

Le meneur lève les mains dans un geste conciliant:

« Allons, allons! Ce Tahriel qui vous importune ne sera bientôt plus! Une concurrence improbable sera définitivement écartée, des affronts divers bientôt lavés dans le sang, et un archimage importun discrédité...
- Et vous pourrez, Messire, vous assurer des effets de la Drogue produite par Maître Rumare avant de l'essayer à domicile sur votre grand-oncle une fois rentré chez vous. »

A ces paroles, le Capuchon en Chef manque de s'étouffer et tonne:

« Concentrez-vous sur votre tâche plutôt de parler politique, un sujet auquel vous n'entendez manifestement rien, jeune fille! Tous, autant que vous êtes, je vous ai offert un remède à vos problèmes, je vous ai réunis, j'ai machiné un plan impeccable alors que vous n'étiez bons qu'à ruminer vos angoisses ou vos frustrations dans votre coin, alors ne vous mêlez surtout pas de penser par vous-même à la dernière minute! »

La conjurée baisse piteusement un nez invisible. Ses compagnons raclent des pieds, mal à l'aise.

« Bien. Nous passerons à l'action dans quatre heures.
- J'aurai observé la rue du clocher, et je ferai tinter la petite cloche de la chapelle pour donner le signal, psalmodie le Capuchon de gauche.
- Moi, j'aurai déverrouillé la poterne de la Guilde, pour permettre à vos gens d'entrer enchaîne la Capuchonne.
- Et...?
- Heu... et j'aurai laissé sur le côté de la porte un plan indiquant les chambres de Maître Rumare et de mon dégoutant voisin!
- Très bien. Mes hommes s'empareront des réserves de votre archimage... qui se trouvent...?
- Il garde les bombonnes sous son lit. Il y en aura deux. Sans elles, il sera rapidement en proie au manque et la préparation d'une nouvelle cuvée lui prendrait un mois, même s'il disposait encore de tous les ingrédients! Ce vieux fou de Qorwyneen ne tiendra jamais jusque là et je... jubile le dernier Capuchon arrivé.
- Oui, oui. Je sais tout cela: c'est mon idée, après tout. Mes hommes transporteront donc la Drogue de Confiance en Soi jusqu'au laboratoire de Tahriel et en glisseront dans l'outre que Tahriel conserve près de son bureau lorsqu'il travaille. Ils ne reviendront pas me voir mais...
- ...un de mes traîneaux les conduira discrètement à un pavillon de chasse abandonné à proximité de Falinesti où ils cacheront les bombonnes! s'exclame triomphalement le Capuchon de droite.
- Bien. A l'aube, Tahriel mettra un terme à ses recherches, à son existence et à mes doutes. Il est temps que vous regagniez discrètement vos postes. »

Ses complices ayant vidé les lieux, le Capuchon en Chef tire de sous la table un coffret qu'il ouvre avec la clef pendue à son cou. Il considère un instant l'or et la liste de noms qui s'y lovent, et songe distraitement que quatre mille septim ne seront pas trop cher payer pour se défaire d'un sorcier aussi ambitieux que peu ponctuel, d'une apprentie magicienne écervelée, d'un prêtre revanchard et du peu scrupuleux meneur de la Guilde des Convoyeurs. Il ne peut toutefois s'empêcher de sursauter lorsque l'assassin de la Confrérie Noire toussote discrètement, pour signifier sa présence.

Il est un peu plus d'une heure, lorsque Valendor Falinesti, futur Duc du domaine Falinesti, s'il plaît à Boethiah, quitte à son tour l'Hippogriffe Gouailleur. Sur le clocher de la chapelle dédiée aux Neuf, les aiguilles semblent se traîner, tant il a hâte d'être au matin.


***


TIC. Le mouvement de la grande aiguille nargue sa compagne, l'horloge indique à présent "Morrowind, Seyda Nihin".




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