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[h] On Achève Bien Les Argoniens


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3 réponses à ce sujet

#1 Krenka

Krenka

Posté 02 juillet 2007 - 13:37

CHAPITRE 1

Un après-midi calme dans Boinoir, au nord-est de Leyawiin, "la Marche de Blanken" pour être précis. Un petit hameau perdu en plein milieu de la masse des forêts marécageuses caractéristiques de la région. Il pleuvait. Pas une petite bruine, non, un gros orage, venu des Marais Noirs. Mis à part cela, tout était calme.

Philip Franc, paysan de son état depuis plus de quarante ans, allait chercher ses chemises qu'il avait étendues dehors, avant qu'elles ne prennent l'eau. En pestant, il sortit de sa bicoque, en fit le tour d'un pas rapide, puis traversa son potager pour atteindre la corde tendue sur laquelle pendait ses habits. Mais dans son jardin l'attendait quelque chose d'autrement plus important que ses loques.

Une masse sombre gisait dans son potager, derrière un plan de laitues. Le vieil homme, intrigué, saisit une fourche, et approcha de la chose. Il faisait sombre, mais ce qu'il avait sous les yeux était bel et bien un cadavre. Un cadavre, en plein milieu son plan de laitues. Un cadavre d'argonien, pour être précis.

On pouvait dire qu'il était bien amoché. Ça non, il n'était pas beau à voir. Le corps était tellement lacéré que même sa mère ne l'aurait pas reconnu. De larges traces d'entailles un peu partout, et un trou du diamètre de son poing en dessous des côtes. Un œil non averti aurait dit qu'il s'était fait piétiné par un minotaure, mais ce n'était pas un animal qui avait fait ça. Non, Franc s'y connaissait en animaux, et c'était le meurtre d'un homme.

Le vieux Franc n'aimait pas ces lézards qui se prenaient pour des humains. Ils polluaient son paysage, piétinaient les légumes, salissaient les étangs. Cependant, il fallait bien qu'il signale cette mort à la Garde. Si un de ses voisins découvrait le corps, il serait bien capable de lui mettre le crime sur le dos… Il se mettrait en route dès qu'il aurait fini de plier ses chemises.

Le paysan mit donc ses grosses bottes usées et revêtit une espèce de vieille cape d'un verdâtre atroce. Il ferma sa bicoque à clé, et partit pour rejoindre la route de terre, qui devait, à l'heure actuelle, plutôt ressembler à une longue flaque de boue. S'il allait assez vite, il pourrait peut-être tomber sur un garde impérial avant la nuit. Avec un peu de chance, il aurait alors droit à un repas gratuit. Peut-être même à de l'hydromel. Depuis le mariage de sa petite nièce par alliance qu'il n'avait pas bu d'hydromel, alors ça ne pourrait pas lui faire de mal.

Le paysan devait traverser l'épaisse forêt qui séparait la Marche de Blanken de la route principale s'il voulait avoir une chance de rencontrer quelqu'un. D'ailleurs, pourquoi personne n'avait jamais fait de route pavée jusqu'à la Marche? Ça lui aurait évité d'avoir à mettre ces vieilles bottes à chaque fois qu'il devait aller à Leyawiin… Et puis ce n'était pas ces allers-retours sur cette route boueuse qui allaient arranger son dos. Et oui, il se faisait vieux, et bêcher toute la journée, ça usait le dos…

La pluie s'était calmée, ce qui ne voulait pas dire qu'un orage n'allait pas à nouveau éclater d'un moment à l'autre. Franc atteignait enfin la route. A droite, personne. A gauche, personne non plus. Si, une lumière sur la route. La lumière d'une torche. Le vieux Franc espéra que ce n'était pas la troche d'un voleur de grand chemin. De toute façon, qu'est-ce qu'un brigand aurait pu lui prendre? On ne pouvait pas dire qu'il nageait dans l'opulence. La lumière c'était approchée, et le vieil homme  pouvait voir l'armure métallique du cavalier refléter la lumière de la troche. C'était un type de la légion impériale. Le paysan attendit sur le bord que le cheval arrive à sa hauteur. Le cavalier l'interpella:

- Tiens, mais c'est ce vieux Franc! Qu'est-ce que tu fais là à cette heure-ci? Tu t'es perdu?

- Arrête de raconter des âneries… Je connais toute la région mieux que toi le fond de ton casque! Non, je veux voir le chef de la Garde Impériale.

- Mais oui, c'est ça… Allez, monte, tu m'expliquera ce que tu veux au Dragon Ivre!

Le vieux Franc grimpa sur le cheval, derrière le garde. Il avait gagné son hydromel.

Après une bonne heure de voyage, le garde et le paysan arrivèrent au Dragon Ivre. Cette auberge était le point de chute de tous les voyageurs du coin. L'endroit était plutôt calme. En effet, on ne pouvait pas compter sur les quelques clients assommés par le dose d'alcool qu'ils avaient ingéré pour mettre de l'ambiance.

Une fois que le vieux Franc fut installé à une table, une grande chope d'hydromel offerte par la maison à la main , il accepta enfin de raconter son histoire au soldat :

- Oui! Un homme lézard, en plein milieu de mon jardin. Et puis amoché, hein. Un vrai massacre. Même un gobelin en rut aurait pas été aussi violent…

Le vieux Franc avait tendance à enjoliver ses histoires. C'était de notoriété publique. De plus, il en était à sa troisième choppe d'hydromel… Mais le garde se dit qu'il valait quand même mieux alerter la garde de Leyawiin. Après tout, il y avait peut-être bel et bien un meurtrier dans Boinor. Enfin, un de plus.

Le garde jeta sur la table quelques pièces d'or, pour payer la consommation de Franc. Il se chargea ensuite de lui négocier une chambre pour la nuit. Il ne lui restait plus qu'à s'assurer que l'autre garde en charge de la patrouille était en état d'assurer ses fonctions. Au bout de quelques minutes la tête plongée dans un seau d'eau froide, son collègue avait suffisamment déssaoulé pour tenir sur son cheval. Il pourrait prendre la relève de la patrouille à peu près convenablement.

Le garde put donc enfin se mettre en route pour Leyawiin. Il allait voyager tout le reste de la nuit. S'il se dépêchait il arriverait à l'aube à la ville. Et cette satanée pluie avait recommencé à tomber.


Modifié par Krenka, 03 juillet 2007 - 18:43.

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#2 Krenka

Krenka

Posté 05 juillet 2007 - 10:55

CHAPITRE 2

Iliex Avidius venait de se réveiller. Il était 6 heures du matin. Il avait encore mal dormi, à cause du bruit de la pluie sur le carreau de sa fenêtre. Cela faisait presque un an qu'il avait été promu capitaine de la garde de Leyawiin, et il ne s'était toujours pas habitué à cette perpétuelle bruine, caractéristique de la région.

Cela faisait un an. Déjà un an. Et toute la garde le détestait encore. Il était toujours resté l'étranger, le nouveau chef qui s'intègre difficilement au reste de la troupe. Non, il ne s'était jamais intégré. Et aucun de ses hommes ne le respectait en tant que tel. Forcément, son oncle était haut gradé à la Cité, alors ça jasait. Comme s'il ne pouvait être parvenu à ce poste sans avoir été pistonné. Comme s'il ne pouvait pas en être arrivé là grâce à ses compétences… Enfin, ce n'était pas important. Pendant que les sous-fifres le jalousaient, c'est lui qui dégustait le caviar de dreugh aux grandes réceptions.

Al'exterieur, le légionnaire impérial était arrivé il y a peu. Il était en train de discuter avec un nordique rougeaud, au visage bouffi: un garde du Comté de Leyawiin en service, adossé à un muret. Ce dernier ronchonnait :

- Un meurtre? Pfff… La Garde Impériale pourrait pas s'en occuper? Après tout, c'est vous qui avez découvert le corps, non?

- Ah non! Tout Boinoir est sous l'autorité du Comté de Leyawiin. C'est à vous de faire votre boulot. Moi, je ne suis là que pour prévenir le Comte…

Le garde de Leyawiin poussa un long soupir.

- Mouais, on se demande bien à quoi vous servez… Bon, tu peux y aller, je vais prévenir le Chef de la Garde moi-même…

- Le nouveau? Le neveu d'Avidius?

Le nordique leva les yeux au ciel :

- Lui-même… Souhaite moi bonne chance…

Sans attendre de réponse, il rentra dans le château.

Une fois qu'il eut revêtu sa cotte de mailles, Iliex descendit les escaliers pour aller à son "bureau": une espèce de pièce étroite et lugubre derrière la salle du trône. Une chaise, une table sur laquelle était posée une pile de dossiers. Une odeur nauséabonde de salpêtre. Une petite fenêtre plantée dans le mur d'en face qui éclairait péniblement l'endroit. Le budget alloué au Comté de Leyawiin était certes le plus faible de tout Cyrodiil, mais on se demandait vraiment où passaient le peu d'argent que le Comté récupérait.

Le nordique débarqua dans la pièce, sans frapper, bien entendu. Il effectua une ridicule courbette en ricanant :

- Votre seigneurie… Tiens, vous avez changé la décoration? Sympathique ces mousses sur les murs…

Iliex ne releva pas la moquerie. Voilà bien l'une des seules choses auxquelles il avait le plus de mal à s'habituer : les manque de respect le plus total de la part de ses subalternes.

- Bon, je suppose que vous ne vous êtes pas déplacé pour rien. Qu'est-ce qu'il y a?

- Un argonien crevé dans l'est. Faudrait qu'on aille voir si c'est un loup qui l'a tué ou pas.

Un argonien avait été assassiné? Ça, ce n'était pas une bonne chose. Les argoniens étaient une minorité puissante à la bordure des Marais Noirs, et les conflits avec des cyrodiiléens racistes n'étaient pas rares. Les hommes qui accusent les argoniens de leur voler leurs terres, les argoniens qui répliquent qu'ils étaient là avant… La rumeur de la mort suspecte d'un argonien dans la région allait entraîner des troubles dans la région. Il allait falloir boucler cette affaire le plus vite et le plus discrètement possible.

- Bon, trouve un autre garde pour nous accompagner, nous partons dans une demi-heure.

- Bien, Avidius.

- Pour toi, c'est "Bien Chef"

Le nordique sortit en claquant la porte, sans ajouter un mot. Ils étaient vraiment incorrigibles. Quand allaient-ils comprendre qu'en tant que leur supérieur hiérarchique, ils lui devaient le respect…

Iliex sortit de son bureau. Il croisa le Comte, qui allait bientôt ouvrir les séances de doléances. Le brave homme le gratifia d'un grand sourire et le salua de la tête. Iliex le salua en retour. Le Comte Caro faisait partie des hommes les plus sympathiques qu'il ait connu, et c'était certainement la plus sympathique de toutes les personnes qu'il côtoyait ici. Cet homme était bien trop bienveillant, bien trop peu retors. Il était complètement manipulé par sa femme. C'était probablement justement pour cela que ce couple parvenait à diriger ce Comté si particulier : elle s'occupait de gérer la région, il s'occupait d'être aimé par la population.

Iliex sortit du château. Le nordique l'attendait. Il avait dût réussir à dégotter le garde le plus novice de toute la ville. Le rougegarde qui se tenait à côté de lui devait avoir une quinzaine d'années tout au plus. Un de ces gamins qui pense pouvoir sauver le monde en s'engageant dans la Garde…. Ils étaient plus rares que dans la Légion Impériale, mais au moins ils étaient surs de ne pas être envoyés dans on ne sait quel fortin à l'autre bout de Tamriel…

Enfin bon, Iliex n'avait plus le temps de se charger de trouver quelqu'un d'autre :


- Allez, on prend les chevaux et on part pour… comment ça s'appelle déjà?

- "La Marche de Blanken" , un hameau perdu dans la forêt.

Un hameau en plein milieu de la forêt. Voilà une journée qui n'allait pas être des plus amusantes… Les deux gardes et le Capitaine montèrent sur les chevaux galleux "généreusement prêtés par le Comté", et entamèrent leur voyage.

Modifié par Krenka, 05 juillet 2007 - 10:59.

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#3 Krenka

Krenka

Posté 07 juillet 2007 - 18:52

CHAPITRE 3

Cela faisait une bonne heure que les trois gardes avaient quitté la route pavée pour couper à travers la forêt. La région du Comté de Leyawiin, et celle de Boinoir en particulier, était vraiment détestable Le crachin perpétuel, les terrains boueux impraticables, les animaux qui effrayaient les chevaux… Non, vraiment, le Sud du pays n'avait vraiment rien d'attrayant. La région appartenait politiquement à Cyrodiil, certes, mais elle était surtout la frontière entre Elsweyr et les Marais Noirs, et il en résultait un climat déplorable…

Iliex et sa troupe arrivèrent enfin à la Marche de Blanken. Même le terme de hameau était exagéré pour décrire l'endroit. Trois bicoques entourées par de vagues jardins… A peine avaient ils posé le pied par terre que déjà deux hommes se précipitaient vers eux. Un orque bien bâti d'une trentaine d'années, et un bréton un peu plus âgé avec une atroce chemise à bretelles. Ce dernier prit la parole :

- Ah! Vous venez pour le cadavre de l'homme lézard? Je suis prêt à parier que c'est-ce vieux fou de Franc qui l'a assassiné!

L'orque renchérit :

- C'est sur. Philip Franc est un truand. On ne peut pas lui faire confiance. Pour preuve, deux carottes ont disparu de mon jardin il y a trois ans, j'ai toujours su que c'était lui…

Ça commençait bien…. Iliex ignora les remarques des deux paysans et les questionna  pendant que ses deux hommes allèrent voir le cadavre. Le bréton se nommait Floyd Nathans, et l'orque s'appelait Hans Gro-Hubrag. Le capitaine se demandait bien ce qui avait pu pousser ces deux-là à s'enterrer dans une forêt en plein milieu de nulle part…

Alors qu'il se dirigeait vers le potager où se trouvait le cadavre, il vit le jeune rougegarde, plus pâle qu'un altmer, revenir dans sa direction en courant. Il allait probablement vomir. Forcément, voir un cadavre pour la première fois était toujours un choc.

Et le cadavre était vraiment amoché. De profonds
sillons creusés sur tout le torse, sûrement  l'œuvre d'une hache. De plus, il avait un trou profond dans l'aine. Probablement le coup fatal.

On voyait mal comment un animal aurait pu faire ça. Iliex se tourna vers les deux paysans :

- Au fait, où est ce "Philip Franc" ?

- Il est derrière vous.

Iliex fit volte-face. Le troisième habitant était un bréton aux cheveux grisonnants, la peau creusée par de profondes rides sur le front. Il poursuivit :

- Je viens de faire un sacré voyage, alors laissez-moi au moins m'asseoir.

Il prit un tabouret posé contre le mur de sa maison, et s'y installa :

- Cet imbécile de garde de la Légion m'avais pas dit que j'allais me farcir toute la route entre Le Dragon Ivre et ici à pieds… Bon, vous voyez bien que cet homme lézard n'a pas été tué par un loup…

L'orque le coupa:

- Bien évidemment que c'est pas un loup qui l'a tué, puisque c'est toi qui l'a assassiné!

- Réfléchis espèce de rebus de troll! Si c'était moi qui l'avais tué, je ne l'aurais pas laissé dans mon jardin! Par contre ce serait l'un de vous que ça ne m'étonnerait pas…

Pendant que les trois paysans continuaient à se disputer, Iliex réfléchissait. L'argonien n'avait très probablement pas été tué ici. Mais s'il avait été déplacé, pourquoi tenter de faire croire qu'un pauvre paysan aurait attaqué si sauvagement cet argonien, qui semblait plutôt jeune? Peu importe la raison pour laquelle il avait été tué, mais pourquoi l'avait-on amené ici? L'endroit était entouré de forêts, il aurait été très simple de  faire disparaître le corps dans les bois…

Le garde nordique le tira de ses réflexions en lui mettant la main sur l'épaule:


- Bon, qu'est-ce qu'on fait, Avidius? C'est clair que cet homme lézard a été tué à coups de hache, ou quelque chose de ce genre… En plus, je crois que le bleu commence sérieusement à se sentir mal…

- Et bien justement, vous allez le raccompagner à Leyawiin. Pour ma part, je partirai un peu plus tard dans l'après-midi. Je vais commencer les investigations.

- Vous ne déléguez pas l'affaire? Je veux dire… Si c'était un groupe qui s'en chargeait votre place… vous avez un Comté à protéger.

Le capitaine soupira :

- Ce crime à été perpétré avec une telle sauvagerie… Je préfère m'occuper de cette personnellement.

Le nordique lança quelques regards derrière lui :

- Vous êtes sûr que cous voulez restez là? Tout seul? Enfin… les habitants ne doivent pas être bien seins d'esprit à rester ici en permanence…

Le capitaine esquissa un sourire :

-  Ne vous inquiétez pas pour moi… je ne crois pas que vous m'aillez donné votre nom.

- Vlan Brünchen. Bon vous faites ce que vous voulez, mais je rentre avec le bleu.

Le garde tourna les talons, et fit signe de la main au jeune rougegarde de le rejoindre. Ce nordique joufflu et rougeaud n'était finalement pas un mauvais bougre. C'était juste un garde standard, un de ceux qui choisissent qui est digne d'avoir son respect. Quelque part, Iliex le comprenait. Après tout, il n'a rien accompli d'important depuis qu'il était à ce poste. Était-ce parce qu'il était mauvais? Non, juste parce que les évènements ne lui avaient pas laissé l'occasion de « faire ses preuves ». Vu la tournure que prenaient les évènements, ce serait peut-être bientôt l'heure de montrer son potentiel.

Quelques minutes pus tard, ils étaient sur leurs chevaux. Ils s'enfoncèrent à nouveau dans a forêt, et disparurent rapidement dans les arbres touffus. Iliex se retrouvait seul, au milieu de nulle part, avec trois paysans qui avaient à peu près tous autant de raisons de s'accuser mutuellement. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu'ils avaient le profil de tueurs… Le vieux bréton vint dans sa direction :

- Allez, venez chez moi, je vous offre le repas. Vous allez manger une soupe tellement  délicieuse que vous vous en remettrez pas. C'est pas pour rien que tout le monde sait que je suis le meilleur agriculteur du sud du pays.

Iliex souris. Le terme "agriculteur" était excessif pour parler d'un péquenaud qui faisait pousser trois navets… Le vieux Franc se sentait probablement obligé de l'inviter, parce que le capitaine était un "homme de la ville", et parce qu'il se savait suspect.  Cependant, l'après-midi était déjà bien avancé, Iliex ne vit donc aucune raison de refuser la proposition, et il lui fallut reconnaître que la soupe que prépara le vieux Franc était délicieuse.

Le paysan posa son bol sur la planche surmontant quatre bouts de bois qui lui servait de table, et entama la discussion avec une franchise inhabituelle pour quelqu'un qui se considérait comme suspect :


- Vous savez M'sieur Avidius, c'est pas parce que les restes de l'homme lézard sont dans mon champ que c'est moi qui l'ait tué…

- Je vous crois, Philip. Le visage du vieil homme se détendit. De toute façon, je ne vous imagine pas parvenir à tuer un argonien bien plus jeune et en forme que vous.

Le vieux Franc, vexé, se renfrogna et marmonna dans sa barbe, pour ne plus ajouter un mot ensuite, jusqu'à la fin du repas, qui se déroula sans autre interruption de la part d'un des deux hommes.

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#4 Krenka

Krenka

Posté 13 juillet 2007 - 12:19

CHAPITRE 4

Pour une fois, l'après-midi commença avec un magnifique soleil qui était parvenu à traverser l'épais voile de nuages qui semblaient flotter en permanence sur la région. Iliex sortit de la maison et respira à pleins poumons l'air frais de l'extérieur. On aurait cru que le vieux Franc n'avait pas aéré sa maison depuis des années, ce qui, réflexion faite, était fort probable. Le vieil homme improvisa les occupations de l'après-midi :

- Bon, on va commencer par dégager ct'homme lézard de mon champ, ça fait sale, et puis il étouffe mes laitues. Vous voulez bien m'aider à le transporter jusqu'au Lac, M'sieur Avidius?

Iliex refusa. Il expliqua tout d'abord que même si c'était celle d'un argonien, cette dépouille devait avoir le droit, comme tout autre mort, à une véritable sépulture. Voyant que le vieux Franc trouvait cet argument plus que discutable, Iliex ajouta que c'était probablement l'une des idées les plus bêtes qu'il ait jamais entendu. Un cadavre jeté dans l'eau flotterait, ce n'était donc certainement pas le meilleur moyen de le faire disparaître… Iliex exposa donc son projet au vieux Franc :


- Écoutez, c'est moi qui vais vous débarrasser de ce corps. Dès demain, lorsque je repartirai pour Leyawiin, je l'emporterai avec moi. Comme ça vous n'aurez plus à vous occuper de cette histoire.

- Parce que vous comptez passer la nuit chez moi aussi? Bah c'est vous qui voyez. Tant que vous me débarrassez de ça, c'est pas mon problème, le reste. Si vous avez besoin de moi, je serai dans mon potager.

Le temps était idéal pour une petite promenade dans les alentours, mais Iliex n'était pas vraiment venu pour faire du tourisme. Il vit Floyd Nathans qui partait, avec un gros sac de toile sur son dos. Il l'interpella :

- Et bien, où allez vous comme ça? Vous ne pensez pas quitter la Marche de Blanken sans que nous discutions?

Le bréton parut amusé :


- Ne vous inquiétez pas, je ne m'enfuit pas. Il ouvrit son sac pour en montrer le contenu à Iliex. Il était rempli de divers objets métalliques plus ou moins rouillés. Comme vous pouvez le voir, je transporte des pièges. Et oui, le gibier, ça ne pousse pas dans les champs.

-  Et bien puisque vous allez poser vos pièges dans les bois, vous permettez que je vous accompagne ?

Nathans soupira :

- Je suppose que je n'ai pas trop le choix… venez avec moi.

Ils entamèrent leur promenade dans a forêt environnante. Le terrain était moins boueux de ce côté, peut être était-ce à cause de la relative proximité de la mer, au sud. Ils étaient dans une vallée boisée qui descendait en pente douce jusqu'à l'étendue d'eau la plus proche. L'endroit était baigné dans une relative pénombre, le soleil traversait l'épais voile de branches par de rares endroits.


Après quelques minutes de marche, Nathans s'arrêta une première fois. Il laissa tomber son sac par terre, et commença à déballer son matériel. Iliex en profita pour entamer la conversation :


- J'ai remarqué que vous n'aviez pas vraiment l'air perturbé par ce meurtre. C'est assez rare tout de même…

Nathans répondit tout en continuant à armer son piège :


- Oh, vous savez, c'est pas la première fois que ça arrive. Vous devez savoir que les morts c'est pas si rare dans le coin. Et puis j'ai rien à voir avec ce meurtre, alors je vois pas pourquoi je serais perturbé…

- Et vous avez une idée sur la personne qui aurait tué cet argonien ?

- Je n'accuse personne, mais Hans Gro-Hubrag serait bien arrangé si Franc allait en prison. Ils se battent pour savoir à qui appartient le puit qui est à la limite entre leurs terrains depuis des années. En plus, c'est la personne la plus raciste envers les argoniens que j'aie jamais connue… paradoxal pour un orque, non?

Iliex avait regretté sa question immédiatement après avoir posée. Il était évident que Nathans allait accuser l'un de ses voisins…

Nathans avait enfin fini d'installer son piège. Il se releva et se tourna vers Iliex:


- Bon, si vous avez encore quelque chose à me demander, j'ai un autre piège à installer, là-bas. Il montrait du doigt un rocher haut de deux mètres recouvert de mousse sur la moitié de sa hauteur. On aurait dit qu'il avait été planté là, en plein milieu de la forêt.

- Non merci, ça me suffit pour le moment. Savez-vous où je peux trouver Hans Gro-Hubrag?

- A cette heure là, il doit être en train de pêcher au Lac. Continuez par là, c'est tout droit, vous pouvez pas rater.

Les deux hommes se quittèrent sur un signe de la tête. Iliex continua dans la direction indiquée par l'homme.

Plus il avançait, plus les arbres se faisaient rares, remplacés par des arbustes et différentes fleurs. Puis brusquement, la vue fut entièrement dégagée. Une immense étendue d'eau claire s'étendait en contrebas. Le "Lac" n'avait rien à voir avec les marécages sales et boueux qui parsemaient Boinoir. On aurait dit qu'Iliex venait de pénétrer dans un autre monde, un endroit purifié, accueillant… des adjectifs qui s'appliquaient difficilement au reste de la région. Il s'arrêta quelques instants pour admirer le soleil déjà assez bas dans le ciel se refléter à la surface dans une lumière irisée.

Iliex fut sorti de sa torpeur par un son qui déchira le calme environnant. Un cri au loin. Quelqu'un venait de pousser un cri sauvage, à sa droite. Sans réfléchir, Iliex courut aussi vite qu'il put vers le Lac, en cherchant  localiser la provenance du hurlement.

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