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[h] L'âme Des Cendres


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#1 Tim

Tim

    Timinus


Posté 20 mars 2007 - 17:43

L’âme des Cendres

Non, il n’était pas une fois…
Ni deux fois ni trois fois, cette histoire n’est pas un conte, ni une nouvelle, ni même une histoire.
Elle ne devrait même pas se trouver là, sous les yeux de quelqu’un, quelqu’un qui ne se gênera pas pour perdurer sa lecture… Et ainsi braver cet interdit futile, qui lui-même n’existe pas.
Comment ce papier peut il savoir tans de chose, des choses qui ne devraient être sue.
Des choses futiles et invisibles…
Mais après tout, à quoi bon avertir ? Ceux qui se nomment « hommes » n’ont que faire de ce qui leur semble inerte.
Allons y ! De toute façon, et comme je l’ai dit, rien n’a le droit de vous empêcher de lire, pas même l’inexistence de cette histoire.

Il était là depuis de nombreuses années, il a vu des printemps, des étés, des automnes, et des périodes de grand calme, lorsque la terre meurt et s’ouvre au renouveau.
Des années qu’il dormait, méditait, se nourrissant de ce que lui offrait la terre, de ce que lui donnait l’eau, et aussi acceptait le cadeau du haut perché, celui que l’on nomme Soleil.
Soleil le père comme on l’appelait parmi les siens, car ici, rien n’existe sans son intervention et son bon vouloir.
Soleil l’assassin, ainsi qu’il aurait dû le designer.
Ainsi disais-je, il se tenait là, dans toute sa magnificence, et de toute sa hauteur.
Dormant inexorablement, sans jamais se soucier de sa propre existence.
Son nom… Où plutôt, le nom que les « Hommes » voulurent bien lui donner fut « Hêtre ».
« Hêtre »…
« Hêtre » ou ne pas être ?
Non, il ne se posait jamais ce genre de questions.
« Hêtre » était beau, large, haut, et ses feuilles, telle une couronne verdoyante surplombait ses compagnons du royaume de « Ceux qui bougent » et celui des « Inertes ».
Hêtre était inerte, ou plutôt, c’est ainsi que le voyaient ceux qui bougent.
Pourtant l’existence, comme beaucoup d’inertes le savent, n’est qu’un vaste mouvement plus ou moins réguliers, et de vitesse variable.
Impliquant d’innombrables calculs affecté de plusieurs facteurs aléatoires tel que la masse ou la Célérité
Il y a un homme à moustache qui un jour a tenté de l’expliquer à ses semblables, ça et beaucoup d’autres choses.
Les évènements ne se sont pas toutes passées comme il l’aurait fallu… Mais tout ceci est une autre histoire (qui existe belle et bien).
Non, « Hêtre » se moquait de tout cela, il se contentait de bouger, du moins à son rythme, et paraître immobile à ceux qui avaient l’existence trop pressée…
Lui il n’était pas pressé, non, il aimait bien son petit coin au milieu de ses semblables, tout a coté d’un arbuste jeunot, et d’un chêne imposant…

Alors ils vinrent, et tout se passa très vite, trop vite bien sûr.
« Chêne » eu juste le temps de dire « Au revoir ! Je m’en vais devenir une armoire ! » Et le voila qui disparaissait aux mains de « Ceux qui bougent ».
Lorsque ce fut le tour de « Hêtre », il ne pus clairement comprendre ce qui lui arriva, il se souvint juste de son éveil trop brusque, du bruit qui blesse, et de la douleur, une terrible douleur qui vous prend là, juste là, et qui s’insinue en vous jusque dans vos racines.
« Hêtre » ne s’appelait plus « Hêtre », non, il fut détruit, découpé, arraché…
Et lorsque l’on isola la partie de lui encore consciente, on le nomma « Rondin de bois », il vit d’autre morceaux de lui s’écarter, s’en aller, des parties de lui qui désormais porteraient le nom de « Bois pour l’hiver », « Cagette », « Allumette », ou encore « Papier » (Pour histoire inexistante sûrement).
Non, « Rondin de bois » resta là, écarté de lui-même, mais regroupé avec d’autre rondins de bois qui eux même ne purent comprendre le bouleversement de leur vie.
Un été et un automne passèrent, la pluie et le soleil ne cessaient de s’abattre, altérant un peu plus sa forme et son existence.
Alors « Rondin de bois » se posa tout un tas de question, il se passa en lui quelques choses que vous autre nommez « éveil », mais pas un éveil d’ « homme », non, un éveil d’inerte. Juste des questions, des questions au rythme de leur auteur.
La première fut « Pourquoi ?», il trouvait que c’était une bonne question, il l’aimait bien celle là, elle pesait bien à son esprit, et amenait tout un tas d’autres réflexions.
Ensuite il voulut comprendre le sens de sa présence ici, de son existence, de sa vie, était-ce cela la fin de son mouvement ?
Pas vraiment, mais ça commençait à prendre forme.
Disons simplement qu’il voulut savoir pourquoi des « Mains » l’emportaient à présent dans un lieu inconnu.
Des mains vielles, faible, des mains qui ne sont pas habituée à porter de lourdes choses comme lui, et qui pourtant le faisaient.
« Pourquoi ? » (Oui, c’était vraiment une bonne question celle la…)


Lui il se nommait « Henry » , et même « Henry Dupont », il avait d’autre nom, des choses comme « Vieux fou », « Tarré » ou « Bientôt clamsé », ce n'était pas des nom agréables, non pas vraiment…
Henry préférait « Artisan », « sculpteur »,  « Grand père » il aimait bien aussi « Grand père » c’était un nom empreint de bonne chose, et d’une certaine nostalgie. Hélas pour Henry, il s’appelait aussi « L’ermite », ce qui était pourtant faux, un ermite choisit l’isolement, et le fait délibérément.
Moi, je voudrais l’appeler « Tout seul », « L’abandonné », mais ce sont des choses qu’il n’aimait pas entendre. Non, et puis, il ne se sentait pas abandonné…

Il vivait, depuis très longtemps, du moins, selon ses critères…
Et habitait une petite maison avec un jardin, une haute maison qu’il n’entretenait plus depuis bien maintes années. Parfois il allait tailler un rosier, ou planter quelques tulipes, mais pas plus.
Oui, Henry était vieux, vieux et seul dans son immense maison toute meublée, avec des moulures du 18è et un escalier en chêne massif.
Henry avait des cheveux blancs, une petite barbe aussi soignée que son jardin, et une paire de lunette qu’il avait la fâcheuse manie de poser n’importe où.
Il avait des mains aussi, mais on l’a déjà dit.
Des mains qui montaient « Rondin de bois » dans les étages, lentement et régulièrement, avec des pas qui faisait craquer « escalier en chêne massif ».
C’était des mains vieilles et expérimentées.
Des mains qui palpaient, tournait et retournait, encore et encore. Des mains imprégnées d'années passées à faire, encore et toujours les mêmes gestes, à se perfectionner, des mains qui se savaient douce, mais des mains qui se savaient fortes.
Les mains de « Henry », qui maintenant faisaient tourner « Rondin de bois » devant ses yeux.
Les yeux amusé et amoureux, de petits yeux sombre et profond, cachés derrieres les verres de lunette ébréchés
Des heures durant, planqué dans son petit établi, là haut dans son immense maison, « Henry »  transforma, découpa, tailla rondin de bois. Il brisait et le remodelait, inlassablement, souriant toujours de son sourire satisfait lorsque l’une des pièces était achevée.
Ce n’était plus « Rondin de bois », non, une partie de lui se nommait « Ebauche » et le reste «sciure par terre ».
Pourtant, le vieil homme lui donna un autre nom,  Son…
« Oui… Tu t’appelleras Son.» affirma t’il en le portant devant son visage satisfait.
Il lui donna un autre nom oui, parce que c’est ainsi que l’on donne une identité à quelque chose, qu’on lui donne de la valeur. C’est le nom qui fait l’individu
Et c’est ainsi que l’on créer ses liens, car c’est en nommant que l’on devient le maître de quelques chose, sans ce nom, « Il » n’existerait pas, il ne serait jamais que de la matière première ou une simple sculpture de bois qui fut maintenant harnaché, reliée à une dizaine de fils.
Son marcha quelques instant sur l’établi, entre les ciseaux et la poussière.
Avançant, pataud, et soumis au bon vouloir du vieillard.
Il dansa quelques secondes, salua, sauta, et alla s’assoire sur une étagère.
Une étagère haute perchée, juste en face de l’établi, une étagère surplombant le reste de la petite pièce.
Sombre salle dont les murs se recouvraient d’autres pantins plus ou moins achevés, pendus morbides et magnifiques agonisant et se balançant au dessus du sol.
Son fut assis sur l’étagère, devant une petite fenêtre ronde aux vitres brisées, assis sur une feuille de papier journal jauni et gondolée buvant l’humidité de maintes années, et séchant devant chaque aurores…
Henry l’abandonna un moment, lui jetant un regard chaque jour, alors qu’il entrait avec un nouveau morceau de bois.
Le vieillard sculptait inlassablement, diables et princesses, rois ou bouffons, gentilshommes et manants. De ses doigts jaillissaient des trésors d’une beauté sans pareil. Des peaux de nacre aux yeux de perle, peint avec amour et habillé de passion…
Son mirait ainsi le travail de son père, admiratif et quelques peu envieux, voyant s’achever tans de ses frères tandis que lui-même était prisonnier de son perchoir.
Son n’était pas achevé, pas encore, ou « pas maintenant » il ne portait pas d’yeux mais pouvait voir, pas d’oreilles mais pouvait entendre.
Entendre les pas, entendre les marmonnement ou la toux sèche du vieil homme.
Il entendait les bruits de l’intérieur, les bruits de l’extérieur…
Les bruits du jour, les bruits de la nuit.
Son aimait la nuit, presque autant que le jour, mais la nuit avait cette atmosphère si calme et reposante.
Lentement, de sa fenêtre s’élevait une perle de nacre, une perle blanche et scintillante, un astre qui savait parler a celui qui n’avait pas d’yeux.
Qui savait le charmer, le captiver…
Son prisonnier de son siège restait là, inerte et couché, mirant le ballet inlassable auquel se livrait Soleil et Lune.
Une fois par semaine, Henry s’absentait, emportant avec lui quelques une de ses créations. Les vendant au marché et récupérant de quoi vivre, manger, en plus de l’argent qu’il avait mis de coté.
C’était ainsi, il créait, il vendait, et vivait.
Parfois il se chargeait d’une commande, une oeuvre pour quelqu’un amoureux de ses œuvres.
Chacune de ses pièces était d’une beauté sans pareil. Tandis que Son restait nu face à la Lune, face au soleil, les autres s’habillait de soie, dentelles, étoffes et velours.
Ils étaient créés, sculptés, peints, habillés et coiffés, ensuite ils s’en allaient, sans doute assez grands pour quitter la maison, et partaient aux mains de nouveau propriétaires.
Son aimait l’établit, il aimait son étagère et sa feuille de journal jaune, il aimait sa fenêtre et son perchoir, contempler l’art et le travail de son créateurs.
Mais il enviait, il jalousait ses frères achevés, ses frères libres.
Son aurait voulu s’envoler, partir entre les bris de sa fenêtre et voyager a travers le ciel, rejoindre la lune et les étoiles…
Il en rêvait, sans pour autant chercher à s’arracher, enraciné il voulait s’élever, comme il le faisait jadis dans son petit bosquet…

Un matin, Henry, après lui avoir jeté un regard, s’affaira devant une nouvelle bûche.
Son voyait là une nouvelle commande, un nouveau travail qui devait être exécuté avec plus d’ardeur et d’amour que tout autres.
Alors il fit tourner et retourner le morceau de bois entre ses mains, palpant et caressant forme et texture, mesurant les dimensions de ce fragment d’arbre destiné à devenir l’un de ses pantins.
Les heures passèrent, et les ciseaux grattaient et tranchant peu à peu la forme sommairement humaine de la marionnette.
Le soleil franchit son zénith, et Henry n’interrompait son travail que pour tousser, le poing serré devant la bouche.
Il se pencha sur le visage de bois, satisfait, et y peignis les traits et les contours d’une figure humaine.
Il l’habilla ensuite, de dentelle aux couleurs de rose et de nacre. Coiffant la marionnette de fils dorés et ondulés, et d’un minuscule chapeau brodé.
Les mains de Henry se joignirent et se serrèrent l’une sur l’autre, et sur sa face se dessina le même sourire qu’il adressait a chacune de ses créations.
Il était tard, dame Lune était déjà haute dans le ciel, dansant inlassablement avec une troupe de nuages éthérés.
Il bailla enfin, ôtant ses lunettes et essuyant quelques larmes de fatigue avec sa manche
Il fit quelques pas, et posa la monture sur le rebord de la fenêtre.
Il ne les posait jamais là…
Qu’importe, Henry nettoyait son établi, et couchait sa dernière née dans un coin de la pièce.
Accueilli par les regards fixes et vides de ses frères et sœurs, elle resta là, elle aussi…
Aussi immobile que les autres…
L’homme quitta alors la pièce, tâtonnant, cherchant sur les murs, les moyens d’éclairer sa maison devenue si sombre.
Il descendait les marches, une à une.
L’escalier de chêne couina et grinça d’un rythme lent et régulier, ses pas claquaient un à un entraînant un rythme qui soudain fut brisé.
Les percussion et collision se firent plus bruyantes, chaotiques,  et la mélodie se mua en un horrible fracas qui s’effaça comme il était apparu.
Le silence tomba, comme était tombé le vieillard, et désormais Son n’entendait plus rien.

A l’heure où l’aube l’emporte sur la nuit, elle lance l’éveil…
Son ressenti un picotement, une douleur sur sa poitrine, embaumant son cœur…
Le soleil se levait, se faufilant entre la fenêtre et les verres ébréchés, atterrissant droit sur le petit être de bois, perché sur son étagère.
Une petite marque sombre se dessina, marque indélébile sur le pantin de hêtre condamné et prisonnier a se sentir consumé chaque fois que poindrait l’aurore…
Les rayons tournèrent, se firent moins dense, et enfin s’effacèrent derrière quelques nuages et coins de fenêtres.
Son n’entendait plus, ou du moins, ne prêtait plus attention au sons qui autrefois faisaient sa distraction.
Il attendit son père en vain, attendit des heures durant, sans comprendre les raisons de son absence.
En bas, il y avait bien du bruit, une mains sur une porte, une voix de femme, et une voix d’hommes, qui eux non plus ne comprenaient pas la raison de cet absence.
Les bruits se turent, et le soleil laissa la place au voile d’ombre.
Dame Lune allait en s’arrondissant, l’astre sélénite dans toute sa splendeurs courraient comme a l’accoutumé sous la voûte sombre, belle et silencieuse, magnifique…
Accompagnant doucement le petit pantin dans son océan de rêves.
Les heures passèrent, puis vint le deuxième jour.
Le soleil meurtrier et son souffle ardent, marquant la chaire encore plus profondément…
La brûlure s’élargissait quelques minute, puis disparut, de même que l’astre du jour.
Les heures passèrent, sans bruit aucun, et le ciel de nouveau s’assombrit.
Ce soir là, trop de nuages pour voir la blanche dame et ses enfants scintillantes.
Son ne dormait pas, non, résolu, il attendait une nouvelle fois le feu qui l’entaillait encore et encore.
Tel un titan attendant la venue de l’aigle…
La douleur s’intensifiait chaque aube, soleil l’assassin le frappait de ses rayons haineux pour quelques instants d’agonie avant de disparaître encore et toujours derrière les nuages.
Ce jour là, les bruits furent plus présents, plus construit et moins chaotiques.
Il y eu encore des coups sur la porte, la voix d’une femme qui criait a travers la boite au lettre.
Puis quelques instants de silence avant qu’elle ne revienne armée du double des clefs de la maison.
La voisine entra d’un pas témoignant de son inquiétude et hurla presque aussitôt.
Juste quelques pas dans le hall, et voila qu’elle était tombé nez a nez avec le cadavre de « Henry l’ermite ».
Les cris perdurèrent encore et encore quelques seconde, changeant de ton et de note successivement puis s’en allèrent en même temps qu’elle, s’étouffant dans la rue.
Quelques personnes entrèrent a leur tour, constatant ce qu’il y avait a voir puis effacèrent leur sons eux aussi.
Son attendit quelques heures encore, puis d’autre voix firent leur apparition.
Elle étaient étranges ces voix, calmes, assurées, graves et professionnelles, elle appartenaient à une bande d’homme venu dire des chose comme « Constatant le décès » ou encore « avertir les familles », d’autres encore et encore, les derniers à partir emportèrent avec eux quelque chose que Son nommait encore « Père ».
Alors tout redevint silencieux.
Lune et soleil revinrent encore une fois, mais la dame Blanche appela à elle des serviteurs nuageux qui, la masquant, donnèrent au petit pantin l’occasion de ne point souffrir pour cette quatrième aurore.
La cinquième en revanche…
La cinquième fut marquée par l’agression plus forte encore de l’assassin. Lentement torturé Son s’évada, prêtant attention à la mélodie d’autre voix.
Des gens étaient de nouveau entrés dans la maison.
Des gens qui se nommaient « Enfants », et « Petits enfant » des gens qui s’attardèrent longuement dans chacune des pièces.
Des gens bruyant et parvenus, des gens qui firent irruption dans le petit atelier.
Son n’aimait pas ces gens, il ne ressemblait en rien en son vieu père, non, ils étaient dédaigneux, moqueur, et l’avidité se lisait sur leur visage.
Leurs mains ne créaient pas et leur yeux n’avaient de regards amoureux que pour « Escalier en chêne » ou encore « Moulures du 18e ».
L’atelier, il y firent juste quelques pas, juste de quoi voir ce que « Vieux fou » sculptait depuis toutes ces années, évaluant la valeurs de chaque pendu condamné de nouveau.
La porte claqua et alors s’effacèrent les voix et les pas.
L’enfant de bois resta là, seul et impuissant sur son étagère, tout juste bon à maudire ses frères de chaire et de sang…
Les questions lui revirent en tête, celle qu’il aimait tant.
« Pourquoi ? »
Pourquoi cela devait il se passer ainsi, pourquoi le pinceau de Henry ne courrait il jamais sur son visage ? Pourquoi devrait il abandonner son étagère, ne plus contempler la pièce vide qu’il trouvait d‘ordinaire si ennuyeuse. Pourquoi ne pourrait il plus fixer lui-même les autres pantins ? Et cette dernière création dont il s’était peut être enamouré ?
Son ne savait plus que penser, ce soir, il ne contempla pas la lune, non, il préférait aller à ses pleures, invisible et silencieux.
La tristesse se mua en colère lors de son éveil.
Soleil brûlait encore et toujours son cœur, traçant et rongeant le bois inerte.
Il aurait voulu hurler, se lever, aller à lui, réagir, aller a lui, devant lui, y aller…
S’envoler…
Il avait presque oublié ce rêve…
S’envoler…
Les nuages firent disparaître l’assassin, et une nouvelle journée fut entamée.
Rien, pas un son pas un bruit, rien.
Il pensait encore et encore.
Il était hors de question qu’il soit arraché de cette pièce, cette pièce où il fut crée, cet endroit encore imprégné de l’aura bienveillante du vieillard.
Cet endroit où dormait sa famille de bois.
Non.
Il ne remarqua pas le changement de lumière tans il était concentré.
Pourtant Dame lune était là, et bien là.
Séléné le mirait à son tour, à travers cette fenêtre aussi ronde que l’astre.
Les nuages disparurent, s’effaçant en volutes hétèrées et la perle blanche illumina la petite maison, offrant un souffle à la jeune marionnette.
Juste une caresse, un frisson.
Son ne compris pas ce qui venait de lui arriver.
Non, il se contenta de lever la tête vers la lune, jetant un regard interrogateur par son visage vide de traits.
Il bouillait de colère et d’amertume tans et si bien, que ses genoux en tremblaient sur l’étagère.
Ce fut ce son qui le fit sortir de sa torpeur.
Il posa sa main sur ses rotules dissipées, et s’étonna enfin de ce mouvement.
Il porta sa paume de bois devant ses yeux, puis la deuxième, et son cœur noirci par les flammes fit un bon dans sa poitrine.
Il regarda à droite et à gauche, oscilla de la tête, joua avec ses pieds, ses bras, ses jambes.
Puis se leva d’un bond, sautillant de joie sur son ancien siège, sautillant, bondissant, encore et encore, et passa par-dessus bord…
Les fils coincés par l’ancien perchoir le firent pendre quelques secondes, à une dizaine de centimètres au dessus de la table.
Il aurait juré si il avait eu une bouche…
Il se balança, une fois, deux fois, trois fois… Et termina sa chute sur le meuble, parmi les ciseaux à bois et la sciure répandue.
Il roula, se cogna, et enfin repris ses esprits.
L’une des lame sculpteuse traînait non loin, avec force, il sectionna un a un les fils qui l’entravait, se libérant une bonne fois pour toute. Plus jamais il ne serait prisonnier de ces liens blancs, non, il était libre, libre, ce mot sonnait si bien dans sa tête…
Tête qu’il frappait maintenant avec les ciseaux, gravant deux encoches au milieu de sa figure.
Ces marques, il les nommait « yeux », et sitôt qu’il l’eu fait, il pus voir.
Vraiment voir…
Cela n’avait rien avoir avec la sensation ancienne et estompée, rien en commun avec les images que recevait son esprit, non, il voyait…
La pièce était sombre, si sombre… Il n’y avait que cette lumière, douce et blanche qui montrait encore son éclat, traçant sur le mur les contours de la fenêtre.
Son s’approcha, il ne pu voir la dame que partiellement, mais quelle beauté.
Elle était blanche, lumineuse, ses yeux ne verraient jamais rien d’aussi beau.
Lune
Il était debout, là, au milieu de la table, sur la pointe des pieds, et la contempla durant un temps interminable.
Lune
Bénit soit elle. Si il avait eu une bouche, il aurait pus sourire, parler, remercier, mais Son ne savait pas dessiner cela.
Non, il fit du mieux qu’il pu.
Il s’inclina, salua, fit une révérence, et s’agenouilla presque…
Il eu mille peine à décrocher son regard.
Etait-ce cela « Décrocher de la lune ? »
Il sauta sur le sol, sur le plancher, et couru devant ses frères et ses sœurs.
Il les salua tour à tour, et s’attarda sur la dernière née.
Elle aussi, il la voyait enfin, ses mains caressèrent son visage de nacre, et prirent ses bras.
Il salua sa compagne, l’entraînant dans une heureuse et folle danse au milieu des pendus cliquetant à chacun de leur passage.
Ils dansaient et dansaient encore, et Son s’en trouva le cœur renouvelé.
Le bal dura plusieurs heures, puis il laissa à sa dame le loisir de se reposer.
Lui, il vivait, il escalada la porte de l’établi tans bien que mal, et couru dans les couloirs.
Il descendait au second étage.
Il y avait là des pièces grandes et spacieuses, des pièces pleines de poussières aux meubles couverts de draps, mais il y avait aussi des lustres, des miroirs…
Son s’attarda sur son reflets, il avait eu la main moins heureuse que son père pour se dessiner les yeux, mais qu’importe, il voyait… Voyait et vivait…
Il couru à l’étage inférieurs. Les pièces étaient encore plus sales que les précédentes, des traces de boue ornaient le tapis du salon, petit salon où gisait un vieu livre, non loin d’un fauteuil, non loin d’une cheminée.
Il grimpa sur le siège, joua avec les ressorts, sautilla et s’éjecta sur le tapis.
Il y avait une autre salle, plus grande, une table, des chaises.
Des assiettes maculées d’aliments non identifiables.
Une bouteille de vin bon marché prenait l’air depuis une date trop ancienne pour être révélée.
Et les couverts s’étaient recouverts d’une graisse noircie par le temps...
Il y eu la chambre de Henry aussi.
Un petit réduit, juste assez grand pour contenir un lit et une armoire.
La garde robe vomissait pulls et chemises, les laissant tenir là, contre la gravité, où  même s'écraser sur le plancher usé.
Le rez-de-chaussée révéla de nouveaux trésors, une cuisine dont la propreté rappelait étrangement la salle à manger, un vestibule menant au jardin, un hall menant à la cour.
Un vieu porte manteau gardait encore l’horrible pelure du sculpteur de pantin et un radiateur chauffait indéfiniment une paire de chaussure qui un jour avaient pris trop d’humidité.
Son se lova contre les marche de l’escalier en chêne, s’endormant face au tapis qui deux jours encore portaient le corps du vieillard.
Il s’endormit, et ainsi s’acheva le sixième jour…

Ce matin il n’y avait pas de douleur, Son l’avait craint il avait craint de ressentir plus encore cette agonie, il avait peur que les rayon du soleil n’agresse plus ses sens maintenant qu’il était capable de penser, voir, bouger, se mouvoir.
Non, il ouvrit lentement les yeux, ou du moins pensa ouvrir ses paupières.
Il faisait encore si sombre dans cette aube déjà bien présente.
La lumière avait changée, le soleil était pourtant bien plus lumineux.
Et le brouillard… Le brouillard gris enveloppait maintenant l’escalier.
Masquant les étages, se ruant par volutes énormes au rez-de-chaussée.
Il y avait cette odeur, imbécile ! Pourquoi n’avait il pas pensé à se faire de nez ?
Non, cette odeur qu’il connaissait que trop bien, le bois qui brûle.
Il porta une main à son cœur. Non, ce n’était pas lui qui flambait ainsi.
Non, il tressaillit, et escalada les marches aussi vite qu’il le pu, prenant conscience du bruit et du crépitement.
Il parvint au premier étage, avançant à tâtons dans l’épaisse fumée noire, et atteignant le second…
La chaleur…
Elle était étouffante.
La lumière du brasier courrait et dansait sur les murs, l’obligeant à reculer devant la porte de l’établi.
Lui qui était de bois, allait se jeter au cœur des flammes.
Soleil…
Assassin…
Jamais il n’aurait du quitter son étagère, jamais il n’aurais dû.
Non.
A travers l’embrasure embrasée il s’élança, sautant entre les bris de porte pour entrer au cœur de ce qui lui sembla l’enfer.
Le feu infernal courrait tour autour de lui, sur les parois, le sol et le toit.
Et de cette fenêtre brillait toujours le sauvage astre du jour.
Les pendus tombés au sol gisaient, hurlant sans voix, ravagés, rongés par les flammes.
La peinture s’écaillait, l’encre coulait, les sourires se muaient en effroyables grimaces tandis que disparaissaient les pantins de bois.
Il couru vers sa compagne, le plafond s’effritait à chacun de ses pas.
Plus de dentelle, plus de nacre, plus d’ombrelle, non, partiellement brûlée, elle se tenait là, le visage dans les braises, fixant sans émotions, son amant venu la secourir.
Le toit s’effondra alors, ensevelissant le jeune pantin sous un amas de bois et de cendre.
Il criait, hurlait, de rage et de douleur.
Il se sentait brûler,  tranché, effacé, détruit.
Cela n’avait rien à voir avec les mesquines attaques du soleil. Non.
Il se rappelait le temps pendant lequel il était encore un arbre, lorsque les hommes sont venus.
Venu trancher, broyer, détruire.
La douleur, qui vous prend là, et s’insinue jusque dans vos racines.
Son ne s’appelait plus ainsi.

Les flammes perdurèrent un moment, s’accrochant à des moignons de planches et des squelettes de meubles.
Le feu lui-même s’éteignait.
Lui-même tué par le vent.
Le vent fort, le vent doux, le vent qui souffle et balaye.
Le vent qui porte les cendres.
Des cendres de bois, de tissus, de peintures.
Et des cendres de hêtres.
Des cendres mélangées, enlacées.
Des cendres qui maintenant pouvaient s’envoler.

*Sa seigneurie le prince du clan des bouffeurs de Yabon !
*Détenteur de la baffe d'or administrée par Gamall le 19/11/07

Epilost Graphisme et délires
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