La nuit était tombée plus tôt que la saison ne l’aurait voulu sur la citée mère des Hlaalus. L’air était lourd, pas un souffle ne parcourait la ville. On sentait bien que l’orage était proche. Lorsque Tylis sortit de la taverne accompagné de Yanak et Jiub, un premier éclair zébra le ciel puis un grondement retentit dans le lointain. Il plissa les yeux et scruta l’horizon : une forte perturbation arrivait du Nord-Est.
« - Nous ne devrions pas nous attarder car l’orage qui vient n’est pas bénin.
- Non, lui répondit Jiub l’air soucieux. L’air est chargé d’électricité… Je ne saurais pas dire pourquoi, mais j’ai un mauvais pressentiment.
- Oui, acquiesça Yanak, il est particulier cet orage. Vous avez vu la masse noire qui s’amène ?
- Allez, ne tardons pas coupa Tylis, je ne souhaite pas être trempé comme une éponge et nous avons encore une auberge à trouver !
»
Ils déambulèrent dans les rues de Balmora, passèrent au-dessus de la rivière Odaï et pénétrèrent dans les ruelles menant au quartier commerçant. Soudain, le ciel se déchira et la pluie commença à s’abattre sur la ville avec une violence étonnante.
Les trois elfes commencèrent à courir lorsque Jiub –qui était le premier de la file- aperçu une silhouette imposante se mettre en travers de leur passage. Tylis qui l’avait aussi aperçu se retourna pour en apercevoir une seconde leur barrer la route, ne leur laissant ainsi aucune chance de retrait. « Des racketteurs, grogna jiub, il ne manquait plus que cela ! » Immédiatement, Yanak tira sa hache qu’il portait constamment à la ceinture : « Ahhh ! Un peu d’exercice ! »
Les deux silhouettes se rapprochaient lentement. Cinq nouvelles silhouettes apparurent à leur tour. Tylis remarqua que leur démarche était quelque peu saccadée. Un mauvais pressentiment l’envahit soudain. Il plissa les yeux pour apercevoir plus nettement ses adversaires. Comme ces derniers approchaient, il pu enfin apercevoir une partie de leurs visages. A cet instant, il sut ce qui n’allait pas. Il tira son épée du fourreau et murmura pour lui-même : « Des morts-vivants ».
Jiub et Yanak qui l’avaient entendu se regardèrent stupéfiés. « Tant pis, répondit Yanak à la question muette de son camarade, ça ne doit pas être bien différent des complètement vivants… » Il brandit sa hache et l’abattit sur le premier cadavre animé.
* * *
Les trois elfes étaient engagés dans un combat surréaliste mais sans pitié. Les cadavres se battaient avec une détermination effrayante. Chaque coup porté ne les faisaient que vaciller un instant puis ils se relançaient sur leurs proies. La situation devenait critique. Pourtant, aucun ne perdait du terrain : Yanak dévoilait un habile talent au maniement de la hache et Jiub se révélait être un excellent escrimeur. Quant à Tylis, sa lame parait, s’abattait, piquait, touchait à chaque fois. L’elfe des bois avait un talent immense. Il para une nouvelle fois l’attaque d’un des morts-vivants, se fendit et le projeta à terre. Comme ce ballet commençait à l’épuiser, il profita de ce court répit pour crier vers ses amis : « du feu ! Il nous faut du feu ! »
« - Avec cette pluie, répliqua Yanak en faisant tournoyer sa hache ?
- Tans pis pour la pluie, il faut trouver quelque chose et vite !........ Remontons vers la place commerçante ! Avec un peu de chance nous y trouverons des gardes !
»
Tylis commença à se tailler un chemin entre ses adversaires. Ces derniers étaient vraiment répugnants et l’odeur de décomposition qu’ils dégageaient devenait insoutenable. Jiub tenta de suivre son confrère, mais baissant alors sa garde, il sentit la lame grossière de son adversaire s’enfoncer dans son flan droit. Un instant il resta immobile, le souffle coupé. Il distingua vaguement le cadavre s’écrouler sous le puissant coup de hache de Yanak, puis tout se mit à tourner autour de lui. Bientôt, ce fut le noir complet.
Tylis se retourna et vit le dunmer s’effondrer sur le sol. Il se produisit alors quelque chose de tout à fait inattendu. Dans l’air résonna une incantation prononcée dans une langue inconnue. Tous les cadavres animés reculèrent, hésitant. Soudain, la foudre tomba sur chacun des morts-vivants, les enflammant instantanément. Il y eu alors une grande ruade. Les corps enflammés se dispersèrent dans un désordre absolu en poussant des cris que l’on aurait pu croire être ceux de rapaces.
Yanak se précipita vers Jiub, lâcha sa hache et prit son pouls… Le cœur battait encore.
« -Il faut vite l’emmener dans une auberge et panser sa blessure… Il perd beaucoup de sang.
- Très bien, aide moi à le porter, répondit Tylis en rengainant son épée.
»
La pluie ne cessait de s’abattre sur la ville avec violence. Trempé jusqu’à la moelle, le triste équipage se pressait maintenant vers un endroit sûr, conscient que le danger les guettait à chaque coin de rue. L’endroit était désert. Tous les habitants avaient trouvé refuge dans les maisons et les auberges.
Ils allaient arriver sur la place commerçante lorsqu’ils virent une dizaine de gardes armés jusqu’aux dents accompagnés par un petit homme encapuchonné. « Ceux sont eux, s’écria ce dernier en les désignant ! Je les ai vu invoquer les morts ! Ce sont eux qui sont en train d’infester la ville ! » A ces mots, les gardes avancèrent d’un pas déterminé vers les trois elfes.
« - Par tous les daedras, s’écria Yanak, on ne peut pas souffler une minute ici !
- Filons ! Vite ! répondit Tylis. Ils n’ont pas l’air de vouloir entendre une quelconque défense.
»
Ils prirent leurs jambes à leur coup et s’engouffrèrent à nouveau dans le réseau de ruelles, tournant le plus souvent possible pour tenter de perdre leurs poursuivants. Soudain, des cris de rapaces se firent à nouveau entendre… Les morts revenaient. Tylis, dont la pupille s’était dilatée à ce son effrayant, s’arrêta un instant. « On n’a pas le temps de s’arrêter s’écria Yanak ! Ils sont juste derrière ! » Mais Tylis n’écoutait pas… Ses yeux brillaient à nouveau de cette lueur étrange.
« Par là, s’écria-t-il soudain en empruntant une étroite allée.
- Mais qu’est-ce que tu fous, bon sang, hurla Yanak ! On se dirige droit vers cette pourriture de cadavres !
»
Tylis ne répondit pas. Il courrait comme s’il savait parfaitement où aller. Yanak portait à lui seul, en travers de ses épaules, le corps inanimé de Jiub et cette charge ralentissait considérablement leur fuite : ils perdaient du terrain. Yanak jeta un coup d’œil en arrière pour apercevoir les gardes plus enragés que jamais. Au même moment, il aperçu devant eux les silhouettes des morts-vivants. Mais Tylis ne ralentit pas. Au dernier moment, il s’engouffra dans une ruelle perpendiculaire : c’était un cul de sac ! Ils allaient arriver au bout, lorsque les gardes se dessinèrent les premiers à l’entrée de l’impasse. Mais soudain une flèche frôla le crâne de Yanak pour aller se planter dans le cœur du premier poursuivant. Une seconde frappa un second garde.
Yanak ne savait plus ce qui se passait. Il vit Tylis enfoncer la porte et s’introduire dans la bâtisse du fond. Il le suivit sans se poser de questions. Les flèches volaient maintenant dans les deux sens. Ils traversèrent la maison et ouvrirent les fenêtres. Elles donnaient sur la porte Sud de Balmora. Tylis l’enjamba et récupéra Jiub le temps que Yanak fasse de même. Deux chevaux attendaient, scellés et prêt à partir. Yanak enfourcha le premier puis plaça Jiub devant lui. Tylis venait de monter sur le second quand un individu sautant du toit retomba juste sur la croupe de sa monture. Aussitôt, les deux équidés partirent au galop, passèrent la porte Sud de la ville Hlaalu, puis disparurent dans les ténèbres laissant leurs poursuivants bredouilles. Un éclair zébra à nouveau le ciel dans cette nuit inquiétante.
* * *
Chapitre III
« Entrez, s’écria Bérel Sala !
»
Le chef des Ordonnateurs était installé derrière son bureau du Ministère de la Justice, occupé à lire les rapports de ses agents. Un homme entra, vêtu de vêtements de voyage. Il semblait avoir parcouru un long chemin.
« - Bonjour Galan, salua-t-il. Que ce passe-t-il pour que vous reveniez en si grande hâte ?
- Bonjour maître, répondit le voyageur. Je viens vous apporter des nouvelles extrêmement inquiétantes de la ville de Balmora.
- Dites-moi.
L’homme s’installa dans un des fauteuils, défit sa veste, puis entama son récit.
- Je reviens tout juste de la citée Hlaalu. J’ai voyagé toute la nuit pour que vous possédiez ces informations au plus tôt.
Il reprit son souffle :
- Sachez qu’un orage violent est venu recouvrir Balmora hier soir. C’était un orage soudain, très ténébreux… Je pense qu’il a été invoqué par une puissante magie… Car de la magie, j’en sentais la présence partout. L’air en était chargé. La guilde des mages l’a elle aussi sentie. Elle a convoqué un conseil qui devra se tenir d’ici quelques jours à Vivec. Je crains que cet évènement ne perturbe le calme des mages. Il faut en effet une puissance considérable pour convoquer les éléments de la sorte. Si le Temple ne réagit pas vite, il se pourrait qu’ils prennent des initiatives fâcheuses.
Il regarda si son maître le suivait puis, voyant qu’il écoutait attentivement, il reprit :
- L’incident est d’autant plus fâcheux que des morts-vivants ont pénétré dans la ville. Y étaient-ils déjà avant ? Je ne saurais le dire. Simplement, je peux affirmer qu’ils ne se sont manifestés qu’une fois l’orage installé au-dessus de la ville. Nous savons pourtant qu’il ne reste pas de nécromants dans cette région. La guilde des mages les a traqués jusqu’aux derniers… Encore une fois, c’est une chose étonnante et surtout très inquiétante.
Il s’arrêta un moment comme s’il réfléchissait à quelque chose qui lui avait échappé.
- Continuez Galan, ordonna Sala.
- Excusez-moi Sala, mais je songeais que le plus étonnant dans cette histoire, c’est que ces cadavres semblaient chercher quelque chose ou quelqu'un de bien précis. Ils ne se sont que peu attaqués aux habitants et ont disparu aussi soudainement qu’ils étaient arrivés.
- Avons-nous une piste quelconque à suivre pour éclaircir cette histoire ?
- J’ai été consulter le grand prêtre du temple de Balmora dès le lendemain… Il pense que ce nuage de magie provenait des Montagnes Rouges.
- Des Montagnes Rouges, s’exclama Bérel en se redressant !? Mais il n’y a plus âme qui vive là-bas depuis la grande guerre. Cette région a toujours été inapte à accueillir de nouvelles citées. Personne ne peut vivre là-bas ! Il n’y a rien dans ces montagnes. Il n’y a rien !
»
Un lourd silence s’installa dans le bureau. Bérel s’était rassit et avait pris sa tête entre ses mains. Galan restait immobile. C’était un homme de confiance qui avait toujours travaillé avec Bérel Sala. Lorsque ce dernier était devenu chef des Ordonnateurs, il avait fait de Galan le chef de son réseau d’espions. C’était sans aucun doute l’homme en qui Bérel avait le plus confiance en ces temps où beaucoup cherchaient à lui prendre sa place au sein de la hiérarchie du Temple.
Galan regarda longuement son compagnon. Il était inquiet pour sa santé. Par ailleurs, depuis quelques temps, il sentait bien que Bérel était confronté à de grands doutes. Il ne partageait pas l’opinion selon laquelle il fallait pourchasser et détruire les dissidents. Il trouvait que ces tortures et massacres décrédibilisaient le Temple, comme si ce dernier craignait quelque chose… La protection des Trois divins ne suffisait-elle pas ?
Galan regarda à nouveau son compagnon et maître, puis se risqua à dire ce que tous deux craignaient d’entendre :
« - En fait, il y a quelque chose dans ces montagnes… [Bérel ne bougea pas] Il y a le cœur de Lorkhan…
- Je sais, dit enfin Bérel dans un soupir. Mais qui peut s’en servir si ce ne sont les Trois ?...
Un nouveau silence s’installa, puis Galan dit enfin :
- Dagoth Ur.
* * *
Tylis, Yanak, Jiub et l’inconnu avaient mené leurs chevaux au grand galop sur une assez longue distance. Yanak avait constaté que Tylis et l’inconnu semblaient se connaître. Il voyait en cet homme une explication quant aux flèches qui avaient retardées leurs poursuivants. Vers deux heures du matin, ils avaient fait halte et l’inconnu avait examiné la blessure de Jiub. Yanak n’avait posé aucune question. Après avoir provisoirement pansé la plaie, Il s’était éloigné du groupe. Yanak n’avait pas pu voir son visage qui était dissimulé par un capuchon. Tylis invita alors le dunmer à se reposer un peu et rejoignit l’étrange individu.
Ils parlèrent toute la nuit. Yanak perçu leurs murmures chaque fois qu’il se réveilla. Enfin, sur les coups de six heures, Tylis revint vers lui… Il était seul.
« - Salut bosmer.
- Bonjour Yanak.
- Dis-moi, où est passé le drôle de type qui était avec toi ?
- Il est reparti… Il avait quelque chose d’urgent à faire.
- Qui était-ce ?
Tylis sourit et regarda à l’horizon les premières lueurs du jour apparaître. Puis il soupira et dit :
- C’était un Exomer.
- Un quoi ? demanda le dunmer étonné.
- [Tylis eut un vague sourire puis il répondit, songeur] C’est un descendant de la race des serviteurs d’Indoril.
Comme Yanak ne semblait pas comprendre, Tylis soupira à nouveau comme contraint de dévoiler un secret.
- Il y a longtemps, lorsque les six maisons chimers furent unifiées, ce fut grâce au charisme et à la force de Nérévar, Grand Maître de la Maison des Indorils. Il fut aidé dans sa quête par la Dame Azura, ancienne divinité de ce monde. Mais bien avant ces heures de gloire, la Maison Indoril était déjà puissante et sage, et les autres maisons la respectaient… [Il réfléchit avant de poursuivre] Les Exomers ou elfes de l’exil, ont été nommés ainsi car ils arrivèrent à cette époque à Morrowind, chassés de leur propre pays par des perturbations climatiques étranges. Les Indorils furent les seuls à leur offrir l’hospitalité, et ils jurèrent en remerciement de servir pour toujours les seigneurs de cette maison. Au fur et à mesure des années, une amitié immense lia les deux peuples. Les Exomers servaient avec verve les intérêts de la maison et ses chefs. Les princes Indorils aimaient en retour les Exomers plus que leur propre famille.
- Qu’avaient-ils de si fantastique ces Exomers, coupa Yanak, les Indorils ne savaient-ils pas se débrouiller seuls ?
- Les Exomers sont en réalité de proches parents des bosmers. Ils leurs ressemblent d’ailleurs beaucoup. Mais ils ont surtout vécu la période des grands cataclysmes. Comme je te le disais, ils ont quitté leur terre en raison de fortes perturbations climatiques. Ces perturbations n’ont pas été sans effet sur ce peuple, elles ont entraîné des changements sur les nouveaux nés qui les ont ensuite transmis à leurs enfants. Les Exomers ont des pouvoirs surprenants ! Lorsque la Dame Azura fit de Nérévar le roi des chimers, elle confia, dans le secret, la mission aux Exomers de veiller sur son trône. Ils s’en acquittèrent parfaitement jusqu’à l’avènement des Tribuns. Tu connais l’histoire des Tribuns ?
- Oui, répondit Yanak, à peu près. Je ne suis pas un grand religieux, mais je crois que trois conseillers chimers de Nérévar, Almalexia, Vivec et Sotha Sil, prirent possession, à la fin de la guerre ayant opposé leur peuple (peuple ancestral des dunmers) aux dwemers (peuple désormais disparu des nains), d’un artefact divin. Ils s’en servirent pour éliminer Nérévar et devenir des dieux vivants. Ils usurpèrent ainsi la place des anciens dieux à la plus grande colère de ces derniers.
- Lorsque ceci se produisit, reprit Tylis, Azura proclama une malédiction sur le peuple des chimers qu’elle avait toujours protégé. Leur peau devint sombre et leurs yeux rouges. On les appela dès lors les elfes noirs ou dunmers.
- Je sais, coupa Yanak, j’en suis un tout comme Jiub, mais ce sont les Exomers qui m’intéressent.
- Peu après la malédiction, reprit Tylis, Azura apparut aux chefs des Exomers et leur confia la lourde tâche de la servir en attendant que son élu, Nérévar, revienne venger sa mort et rétablir le règne des anciens dieux. Depuis, les Exomers agissent dans l’ombre à tel point que tout le monde a oublié qu’ils ont existé. Tous sont des rôdeurs, extrêmement puissants et efficaces. Ils vivent souvent en solitaire, traquant nombre d’ennemis des dunmers, soutenant le mouvement dissident à son insu, luttant contre le Tribunal (le pacte des Tribuns) et contre son serviteur le Temple. Mais depuis peu, une nouvelle menace émerge dans Vvardenfell, et l’Ordre des rôdeurs d’Indoril s’inquiète. C’est pour cela que nous avons croisé l’un des leurs et qu’il est venu à notre aide lorsque nous luttions contre ces zombies.
- Alors, interrompit Yanak, la foudre tombée sur les morts-vivants hier soir c’était lui ?
- Oui, répondit Tylis, et c’est lui qui m’a aussi contacté pour me dire de le rejoindre lorsque nous étions poursuivis par les gardes de Balmora.
- Comment a-t-il fait, s’étonna Yaanak ?
- Les Exomers peuvent communiquer entre eux par la pensée. Ça se manifeste par une illumination de leurs pupilles… Leurs yeux brillent d’une couleur étrange….
»
Tylis s’arrêta en voyant son compagnon le fixer de façon insistante. Un court silence s’établit avant qu’une voix faible le brise : « - Tu es l’un des leurs… N’est-ce pas Tylis ? » Jiub était encore allongé, les yeux ouverts, et il fixait le ciel. Il avait vraisemblablement suivi toute la discussion. Il fit un effort pour se tourner vers ses deux compagnons de route et sourit.
« - Oui, répondit Tylis en lui rendant son sourire. Je suis l’un des leurs…
- Ca alors, s’exclama Yanak ! Voilà ton petit secret ! Pourquoi ne pas nous l’avoir dit avant ?
- On ne le dit jamais, reprit Tylis. Mais je me devais de vous donner quelques explications.
- Pourquoi ça ? demanda Jiub en se redressant douloureusement.
- Parce que j’étais la cible de l’attaque d’hier soir et que je vous ai collé dans le pétrin. Désormais, les forces de l’ordre et les morts-vivants vous traqueront partout car ils vous ont vu avec moi.
- Je ne vois pas pourquoi tu serais recherché, répliqua Jiub, tu sors tout juste du bagne tout comme nous. Nous avons tout les trois purgé notre peine !
- Non Jiub. Les gardes nous traquerons car ils croient que nous sommes des nécromants. Les morts vous traqueront parce qu’ils vous ont vu combattre auprès d’un serviteur d’Indoril.
- Qui, à part nous, sait que tu es un Exomer, demanda Yanak ?
- C’est justement la question que se posent les Exomers. Un grand rassemblement va avoir lieu. Ce qui reste de mon peuple va se réunir à son grand complet pour parer à cette nouvelle menace. [Il ajouta songeur] D’autres raisons nous poussent à convoquer ce conseil, mais il me faut les garder secrètes. [Puis sortant de ses pensées] J’en ai longuement parlé cette nuit avec Oranis.
- De quoi a-tu parlé exactement avec Oranis ? interrogea Yanak inquiet.
- Nous pensons que la meilleure solution pour vous est que je vous mène chez nous, dans notre ville. Elle est cachée et nul n’en connaît l’entrée si ce n’est un Exomer. Une fois là-bas en sécurité, nous pourrons parler de ce qu’il convient de faire pour vous.
- C’est un enlèvement, demanda Jiub ?
- Non, répondit Tylis en riant. C’est un honneur : vous serez les premiers étrangers à pénétrer dans cette cité. J’ai assuré à Oranis que j’avais toute confiance en vous.
- Tu nous en vois flattés, répliqua Yanak en se redressant de toute sa hauteur. Personnellement, je n’ai rien d’autre à faire qu’à te suivre. Cette histoire d’Exomers, de ville cachée et de revanche des dieux m’intéresse beaucoup.
- Une vraie légende à dormir debout, reprit Jiub en essayant de se relever. Mais il grimaça de douleur et se raidit.
- Pour toi dormir n’est pas un problème, ironisa Yanak, c’est d’être debout qui est plus complexe.
- Comment te sens-tu Jiub, demanda Tylis ?
- Mon flan me fait un mal de chien. Mais je pense que je ne vais pas trop mal, répondit-il avec un sourire forcé. Je crois que je n’ai pas le choix, il va falloir que je vous suive.
- Alors en route, s’exclama Tylis ! ça fait longtemps que je ne suis pas rentré à la maison, et il me tarde d’y être !
»
Sur ce, il aida Jiub à se remettre debout et le hissa avec Yanak sur l’une des montures. Puis il enfourcha celle que Oranis lui avait laissée et la talonna. Les trois compagnons de fortune prirent alors la direction de Suran.
« - Au fait, s’exclama Jiub avec sérieux, c’est qui va falloir penser à bouffer ! C’est pas tout ça des grandes histoires, mais moi j’ai faim !
- Moi aussi, grogna Yanak. Alors ferme là ! On s’arrêtera dès qu’on peut.
»
Tylis éclata de rire et ils poussèrent leurs montures au galop. La matinée était fraîche, mais elle promettait une belle journée. Cependant, au Nord, on pouvait observer que de gros nuages noirs recouvraient une zone désertique, celle des montagnes rouges.
* * *
Modifié par GrandPas, 13 septembre 2006 - 22:46.