Insertion
20 soirétoile 3E431, 20h00
Dix heures d'attente, recroquevillé dans un recoin sombre d'un obscur escalier de l'hôtel des frères hospitaliers de Stendarr, avec pour seul fond sonore les bruits de crécelles et de plaintes étouffées émanant de l'autre coté du mur. Drem Serethi n'était pas né de la dernière pluie, avait déjà roulé sa bosse dans des endroits reculés, dangereux et insolites, mais jamais il n'avait pensé un jour qu'il se retrouverait en planque dans la leproserie de la Cité Impériale. Dans le bruit sourd mais continu des malades adjacents, il attendait à l'affut, silencieux, tâtant son anneau de Forme d'Ombre qui décorait son index droit, s'efforçant de maintenir son sort de détection de vie. les événements de la semaine précédente lui revinrent en tête fréquemment pendant que les minutes s'égrénaient, et qu'il n'avait toujours aucune piste.
***
11 soirétoile 3E431, 18h00
Une semaine plus tôt, dans la caserne des gardes au quartier du port.
Il était 18 heures lorsque Drem regagnit ses quartiers. Sa tournée de garde, morne, ennuyeuse mais surtout frigorifiante venait de prendre fin. La relève venait les remplacer, lui et ses collègues : dans la caserne, les hommes fatigués échangeaient des commentaires sur les repas chaud qui les attendaient au domicile conjugal et sur les autres avantages en nature que procure le fait d'être marié. Drem ne s'impliquait que très peu dans ces discussions hautement spirituelles. Dunmer parmi les cyrodiléens, mage parmi les gardes impériaux bourrus, l'intégration était difficile, quand bien même il l'aurait souhaitée. De plus, à l'heure où certains iraient profiter de la chaleur d'une épouse aimante et d'un bon repas (chose appréciable en cette période de l'année), Drem écopait d'une corvée de latrines supplémentaires pour une énième histoire de passage à la taverne pendant les heures de service.
Du moins, c'est ce qui était prévu. Alors qu'il savourait son quart d'heure de pause, assis sur son lit, son bien-aimé capitaine, Rovngar, s'avança vers lui avec sa tête des mauvais jours. Les nordiques et les dunmer ne sont pas connus pour leur affection les uns envers les autres, et ces deux-là ne faisaient pas exception à la règle. Depuis qu'il était sous ses ordres, Drem avait reçu plus de punitions que le reste de la compagnie. Certes, certaines étaient justifiées, mais pas toutes, loin de là.
- Bouge-toi, Serethi, dit le nordique avec un ton encore plus glacial que le temps.
Je dois t'amener voir quelqu'un d'important.
- D'important comment ? lui répondit le dunmer.
- Dépèche-toi. On nous attend.
S'executant, Drem suivit son supérieur. Ils traversèrent toute la caserne à pied jusqu'au bureau des officers, où ils arrivèrent devant la porte du chef de caserne. Drem fut invité, seul, à pénétrer dans la pièce : encore un événement inhabituel. La porte se referma derrière lui, et il passa son regard tout autour du petit bureau, chaleureusement réchauffé par un petit feu joyeux qui crépitait dans l'âtre. Son responsable de caserne, ainsi que deux autres impériaux en habits de ville, buvaient une infusion au bureau, entourés par des épais dossiers. Dès son arrivée dans la pièce, Drem vit les trois paires d'yeux converger vers lui. Il n'était sûr que d'une chose : il n'était pas ici pour servir le thé.
- Asseyez-vous, fit l'un d'entre eux en désignant une petite chaise inoccupée.
Je me présente : comissaire Valens, du Bureau Impérial d'Investigation Magique. Je parie que vous me connaissez au moins de nom, fit-il avec un sourire.
Drem mit plusieurs secondes à enregistrer l'information. il était assis à la même table que l'un des plus hauts fonctionnaires d'un bureau d'un des services les plus discrets de l'Empire. Bien rares étaient les citoyens de l'Empire ayant eu à faire avec cette division. Son étonnement atteint un niveau rarement égalé depuis des mois.
- Bien entendu, finit-il par répondre.
- Très bien, reprit Valens.
Figurez vous que nous aussi, nous avons entendu parler de vous. Et pas seulement à cause de vos états de service, ajouta t'il, sans doute en réponse au regard peu rassuré que venait de prendre le visage de Drem.
Avant toute chose, j'aimerais que vous me racontiez votre parcours, disons ... professionnel, depuis votre plus jeune âge.
Drem sourit. il y avait deux-trois passages peu avouables devant un supérieur hiérarchique. Mais au vu de l'épais dossier marqué de son nom qui trainait ostensiblement sur le bureau, il y avait fort à parier qu'il était déjà au courant de tout. Il soupira et se lança.
- Hé bien... je suis né et j'ai grandi en Morrowind. j'ai intégré assez jeune la guilde des mages, avant de la quitter vers l'âge de soixante ans environ. J'ai par la suite intégré l'unité anti-contrebande menée par Trentius Benirius, toujours en Morrowind. A sa dissolution, j'ai eu quelques différents avec mes supérieurs, j'ai fait quelques mois de prison et on m'a envoyé ici. il me reste environ trente années de service à fournir à la Légion.
Valens écoutait Drem, les yeux rivés sur une feuille de papier, il hocha la tête pendant quelques instants. Il semblait réfléchir ; puis il reprit calmement.
- Votre parcours atypique nous intéresse. Croyez-le ou non, mais nous avons besoin de types comme vous, des légionaires familiers de la magie. Nous employons, à l'occasion, toutes sortes de personnes : des mages, bien entendu, mais aussi des agents, de lames noires, des mages de guerre et des magelames. Vos aptitudes tant martiales que magiques sont un atout recherché. J'ai eu vent de quelques unes de vos recherches en Altération, et j'ai lu quelques rapports émanant des votre ancienne unité. Si la moitié de ces choses sont vraies, vous seriez assez qualifié pour nous être utile. Qu'en dites vous ?
L'elfe noir commençait à entrevoir le but de la discussion. Le Bureau Impérial d'Investigation Magique avait des besoins en personnels et des méthodes de recrutement très singuliers, tout comme les missions qu'il effectuait. A sa connaissance, ce service disposait d'informations et de matériel thaumaturgique qui feraient envie à tout magicien normalement constitué. Ce qu'il ignorait, c'est que ces deux organisations, bien que n'étant pas ennemies, ne collaboraient que peu, en vertu de l'indépendance voulue par la guilde des Mages. Ainsi, rares étaient les membres de la guilde qui travaillaient ouvertement avec le Bureau Impérial des Investigations Magiques, et les transferts d'informations entre ces deux services étaient sciemment occultés à l'ensemble de la population..
- J'avoue que c'était il y a longtemps. je suis un peu rouillé, mais je pense avoir de bons restes.
- Nous allons voir ça. Je pense que votre potentiel serait mieux exploité dans nos services que dans de simples tâches de garde. Nous vous offrons une chance de montrer que vous êtes capable de vous occuper de missions plus importantes que nettoyer les latrines des casernes. Si vous acceptez, on vous confiera quelques petites missions pour notre bureau, mais qui sait ? vous pourriez enfin monter en grade.
Valens regardait à présent fixement Drem. Il semblait sonder la moindre de ses réactions. Le dunmer fit mine de réfléchir pendant quelques minutes, mais la simple perspective de se sortir du train-train peu excitant de garde le motivait grandement. Tout comme les possibilités offertes par cette nouvelle fonction. Il se revit, l'espace d'un instant, entouré de ses camarades légionnaires de "la bonne époque", puis, souvenir encore plus lointain mais néanmoins encore très net dans sa mémoire, il se rappela ses années d'étude à la guilde des Mages. Epoque bénie où il était écouté, respecté, où le quotidien ne se résumait pas à chasser les ivrognes dans les quartiers mal famés de la Cité Impériale.
- J'accepte, finit-il par dire.
Comment aurait-il pu refuser une telle offre ?
- Excellent, répondit Valens.
Considérez-vous comme intérimaire du Bureau Impréial des Investigations Magiques. Nous pourrions vous faire passer une batterie de tests complets, mais je suis féru de l'ancienne méthode qui consiste à éprouver les nouvelles recrues sur le terrain. Pour l'instant, vous allez reprendre vos occupations de garde. Vous recevrez dans les jours qui viennent un ordre de mobilisation temporaire, que vous viendrez nous présenter pour recevoir les effets nécessaires à la réussite de la mission et les directives de ladite mission. Avez-vous compris ?
- C'est très clair. répondit Drem.
- Bien entendu, selon les résultats de cette première mission, nous déciderons si vous êtes effectivement capable de nous servir efficacement. A vous de faire vos preuves. Toujours suivant vos résultats, vous pouvez recevoir des primes, diverses récompenses matérielles, des permissions supplémentaires ou encores d'autres ... avantages. Votre dossier fait état de différents épisodes peu glorieux au sein de la Légion. Ces mentions pourraient être, à terme, tout simplement oubliées.
Drem jubilait intérieurement. On peut dire ce que l'on veut des Impériaux, pensa-t-il, mais ce sont des négociants très habiles. Personne d'autre que ces humains, avec leur armée et leur société bien huilée, n'aurait pu unifier Tamriel aussi efficacement.
- Je suis à votre disposition.
- Alors, vous êtes à partir de maintenant lié à notre bureau. Vous pouvez partir : gardez cette entrevue et notre arrangement secret. A l'instant même où vous recevrez votre convocation, vous serez exceptionnellement détaché de votre compagnie pour la durée de la mission - vos supérieurs seront informés de vos nouvelles affectations. Il ne vous restera qu'à vous montrer digne de celle-ci.
Valens arborait un air satisfait.
- Vous pouvez disposer.
Drem se leva et salua les officiers. Avant qu'il n'ouvre la porte, Valens le héla un dernière fois.
- Bien entendu, nous attendons de vous un comportement irréprochable. Dans le cas contraire, les conséquences en seraient très fâcheuses pour vous.
Instinctivement, il comprit que le commissaire était au courant des ses frasques un peu trop fréquentes. Il en conclut qu'il était largement temps d'avoir à nouveau un comportement qui lui ferait mériter sa solde de légionnaire.
- Bien entendu, répondit Drem.
Bien entendu.
Au sortir de la pièce, il avait le visage fendu d'un large sourire de satisfaction, tant pour avoir été reconnu pour ce qu'il était réellement que pour frustrer encore plus son nordique de capitaine. Celui-ci, au vu de sa mine déconfite, avait manifestement été mis au courant de la teneur de la discussion qui venait d'avoir lieu. Ils rentrèrent à la caserne silencieusement, traversant les volutes de brouillard qui emplissaient la cour.
- Considère que toutes le punitions sont levées,dit Rovngar, rompant un silence gêné.
J'ai ordre de te maintenir en forme jusqu'à nouvel ordre. Tu t'en tires bien, comme d'habitude. Si tu te plantes, je serai là pour le voir, ne t'en fais pas.
- Raison de plus pour me surpasser, répondit Drem.
Il aurait bien accompagné sa réponse d'un pamphlet en hommage à l'incompétence et à l'étroitesse d'esprit de son interlocuteur si cela n'avait pas entâché le "comportement irréprochable" dont Valens lui avait parlé quelques minutes plus tôt. Le simple fait d'être recherché en personne par un des services spéciaux de l'Empereur était une victoire plus qu'écrasante.
La fin de la nuit fut beaucoup plus reposante que prévu.
***
20 soirétoile 3E431, 20h00
C'est ainsi que Drem s'était retrouvé dans ce caveau infecté par un des fléau les plus terribles existant. le Bureau l'avait chargé de surveiller la léproserie, suite à quelques allées et venues inhabituelles de mendiants. Ils soupçonnaient cet endroit d'être une couverture pour des affaires de contrebandes, ou un point de rendez-vous de malfaiteurs.
Pour sa première mission, Drem avait écopé du gros lot : cotoyer la lèpre de Malacath, rien que ça ! Il avait heureusement été bien équipé. Un anneau de Forme d'ombre, bienvenu, lui avait été cédé ; ainsi que plusieurs fioles de serums censés empêcher la contamination par la lèpre, dans leur forme la plus concentrée (nonobstant une étiquette portant la mention "l'usage fréquent peut causer diverses maladies neuro-dégénératives".) Drapé dans une tunique sale et miteuse, Drem s'était aventuré, le visage emmitouflé dans une écharpe en toile et coiffé d'une capuche, comme une simple mendiant, dans l'hôpital des frères de Stendarr. Avec d'infinies précautions pour ne pas attirer l'attention sur lui, il s'était glissé dans le petit escalier qui menait au puit de la léproserie. Usant de quelques sortilèges de plume et d'un soupçon d'escalade, il s'était hissé sans bruit dans une petite cavité naturelle surplombant ledit escalier ; de là, il surveillerait aisément les allées et venues.
Il était en planque depuis le début de la matinée quand il aperçut le premier signe de fréquentation étrange de l'endroit, par la présence d'une jeune femme - Brétonne, à n'en pas douter - et d'un Argonien, en fin d'après-midi. Ayant traversé la porte d'accès sans bruits, les deux personnages s'étaient retrouvés enlacés sur le pas de l'escalier. Drôle d'endroit pour se faire des calins, se dit Drem. Mais visiblement, à partir de ce qu'il avait pu saisir de leur conversation, ils étaient à la recherche de quelqu'un d'autre dans le quartier des lépreux. De peur de trahir sa présence, il n'avait pas bougé, pensant qu'il était préférable de les appréhender à leur retour. Il était resté immobile, tentant de camoufler au mieux les crépitements magiques qu'il émettait et qu'un sort de détection de vie aurait tôt fait de démasquer : observant lui même la progression des deux individus dans la léproserie, il avait été surpris par l'arrivée d'une troisième personne.
Autant les deux premiers suspects avaient un comportement bizarre, ayant ergoté au bord du puit pour savoir qui descendrait le premier, s'étant travesti en Soeur et en Frère de l'ordre de Mara la guérisseuse pour passer justifier leur présence au milieu des malades, autant le nouvel arrivant (la nouvelle arrivante, en fait) était étrange.
Cette jeune impériale avait, au vu de son équipement (une arbalète modifiée, une tenue digne d'un corsaire, une machette accrochée dans le dos), une expérience certaine du combat. Elle semblait appartenir à un groupe de mercenaire ou quelquechose d'approchant, au vu de l'aigle qu'elle arborait fièrement sur son manteau en cuir. Mais l'étrange lueur de son oeil droit et son bras, ne répondant pas à un sort de détection de vie, étaient autant de questions. La femme avait donné l'impression d'être à la poursuite du lézard et de la magicienne. elle hésita longuement à descendre - sans doute le mal qui règnait dans les cavernes y était pour quelquechose. Puis vint ce qui tira Drem de son immobilité. Des cris de douleur, des bruits de combat, un intense flash lumineux et l'odeur de la viande carbonisée exhalèrent du puit. Drem aurait sauté en bas immédiatemment si la jeune femme n'avait pas été là : craignant un assaut direct sur elle, il lui laissa trois minutes d'avance après qu'elle s'y soit engouffré et sauta en bas de sa cachette.
Les bruits de combat s'était tus : cela pouvait être de mauvaise augure. Enlevant sa capuche, il courut en direction du puits. Ses mains formèrent de nombreuses passes, présageant un sort de chute ralentie : sans hésitation, il se jeta dans le puit, et atterrit confortablement. Au détour d'un premier couloir, il aperçut la source de l'odeur âcre de chair brûlée mélée à celle du sang. L'odeur de la mort fraîchement et violemment survenue ne manqua pas, une fois encore, de le replonger dans des souvenirs d'escarmouches en bordure du Marais Noir. Pour quelqu'un qui, comme lui, a déjà combattu, cette odeur de fluide vitaux et de chair ouverte, provoquant la sensation de dégoût comparable à celle qu'inspire une vieille bourgeoise impériale trop parfumée, qui réveille des instincts de survie et avive les sens, cette information sensorielle éveilla des réflexes inconscients chez Drem. Son myocarde s'excita, tout comme le reste de son système nerveux sympathique : le sang fut reflué vers ses muscles, chassé des viscères, son coeur se mit à battre plus rapidement, effectuant des cycles diastoliques amples ; sa peau prit de l'éclat sous l'effet d'une vasodilatation périphérique importante. Sa glande surrénale se mit à déverser des louches entières de neuromédiateurs excitateurs dans la circulation sanguine ; la faim, la peur et la fatigue disparurent, laissant leur place à l'excitation, à la clairvoyance et à la vigueur. Il tira fébrilement l'épe de son fourreau, observant les trois ou quatre cadavres (il ne pouvait en conjecturer un nombre plus précis) de lépreux. L'un d'eux semblait encore vivant bien que léthargique, l'autre avait brulé vif ; une troisième masse informe ne montrait plus aucun signe de vie.
Des bruits de claques interrompirent son autopsie visuelle, puis des cris (émanant probablement de la jeune Brétonne.) Une autre voie féminine prit le relais, autoritaire et ferme : c'était l'impériale à la drôle d'arbalète, à n'en pas douter. Drem découvrit le troisième larron, l'Argonien, qui avançait bruyamment dans le couloir, à quelques pieds de distance devant lui : à en juger par sa démarche lourde et maladroite (accentuée par des crissements de griffes contre les dalles du sol), il devait être mal en point.
Quelques répliques, malheureusement peu audibles, lui parvint encore alors qu'il s'approchait du couloir avec toute la discrétion permise par son équipement : il finit par apercevoir les trois protagonistes.
— Danse-mots ! fit la voie fluette de la Brétonne, changeant étrangement d'intonation.
Mais qu'est-ce qui vous est...
— Damoiselle Défiante, heureux de vous voir saine et sauve. L'Argonien parlait calmement pour quelqu'un qui était aussi visiblement blessé.
Pourriez-vous me présenter votre…
— Y... y... y sont quand même pas crevés, si !? reprit la brétonne. Elle regardait quasiment dans la direction de Drem, mais l'effet de dissimulation du à son anneau et la présence de quatre cadavres alentours lui permit de rester inaperçu.
— L'âme de l'un d'entre eux se cramponne peut-être encore à son corps. En vain, si vous voulez mon opinion. Abréger ses souffrances serait certainement charitable, mais votre cri m'a alerté. Je crains avoir hélas raté un épisode, si vous pouviez éclairer ma lanterne, reprit l'Argonien d'une voix trop mielleuse pour être honnête.
— Danse-Mot pour vous servir. A qui ai-je l'honneur ? Cette dernière réplique s'adressait à l'impériale à l'oeil vitreux.
Drem se dit qu'il était plus que temps d'agir. La brétonne avait l'air sous le choc de la promiscuité de plusieurs cadavres ; la mercenaire avait manifestement perdu toute la détermination qui animait ses gestes quelques minutes plus tôt ; quant au lézard, seul sa langue semblait encore fonctionner normalement. Le moment était rêvé pour une entrée en fanfare, à défaut d'une approche plus subtile.
Il retira son anneau et franchit en quelques enjambées les derniers mètres qui le séparait des trois individus. L'épée luisante de la lumière phosphorescente qui irradiait l'endroit, la main gauche recroquevillée, paume vers le ciel, prête à brûler, à dissiper ou à parer, il s'avança brusquement et s'écria avec force :
- Par tous les dieux des impériaux, des rougegardes et des nordiques !! Qu'est-ce que vous foutez là ?
Si ses anciens collèguent avaient assisté à la scène, il n'aurait pas reconnu leur Drem, habituellement paresseux, alcoolisé et démotivé. Ils auraient contemplé Drem Serethi, Magelame de son état, recouvrant sa force et sa prestance d'autrefois, le regard déterminé, prêt à en découdre s'il le fallait. Du moins en apparence.
Modifié par nood, 03 avril 2011 - 11:40.