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[H] L'Aura Sanglante


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#1 Askrider

Askrider

Posté 27 janvier 2012 - 11:50

Chapitre 1 : La Prise de la Cité Impériale.



Le 30 Ondepluie 4 E 175. Cela faisait cinq jours que tout avait commencé. Trempé dans le sang, le souffle court, bras et jambes engourdis. Et pourtant tant à faire encore. Devant lui les remparts de la Cité Impériale et au loin, la Tour d'Or Blanc, tenant fièrement malgré l'assaut. Sous ses pieds, le sang de centaines de soldat s'écoulant lentement dans le cour d'eau qui entourait la majestueuse capitale de Cyrodiil. Le Lac Rumare était devenu rouge, à cause de l'hémoglobine qui s'y était déversée. Rien ne représentait mieux l'Empire à ce moment : son cœur saignait terriblement fort, pressé par la poigne de l'impitoyable Domaine Aldmeri, à tel point que le territoire même qu'il dominait souffrait lui aussi. Au dessus de lui le ciel, nuageux et noirci par la fumée. Et derrière lui, des centaines de légionnaires, avançant implacablement sur le pont qui faisait la jonction entre la terre et l'île de la Cité Impériale.



Les dizaines d'archers Altmers postés au plus haut des remparts avaient fait beaucoup de mal aux soldats impériaux, lançant toujours plus de flèches enflammées. La charge était définitivement lancée sur la capitale, souillée par les Hauts-Elfes et il était en première ligne, destiné à ouvrir une brèche même si il fallait qu'il en meure. Les perfides mers avaient piégé toute la zone, déversant sur lui et ses hommes de l'huile chaude, faisant tomber des pierres et tout ce qui leur tombait sous la main. Beaucoup d'hommes périrent sous la fourberie elfique, mais mille autres viendraient bien vite les remplacer, déterminés à restaurer la gloire de leur Empire. Rien ne l'empêcherait de forcer les portes de la capitale et de déloger l'ennemi. Il était le Légat Marius Antiocus, que beaucoup surnommaient Invictus. Ses subordonnés avaient réussi à passer sous le porche, déversant toute leur haine sur la Grande Porte qui céda bien vite. Tout un régiment Altmer les attendait à l'entrée du Quartier de la Place de Talos, .



Mais les Hauts-Elfes ne chargèrent pas, préférant lancer des sorts de destruction sur leurs adversaires. La chose, bien que mortelle, était magnifique à voir : des dizaines de couleurs passaient sur les côtés du Légat, des gerbes oranges et aussi chaudes que les plaines d'Oblivion, des traits blancs, qui faisaient le même effet qu'une froide nuit en Bordeciel et des arcs électriques lancés en symbiose, comme le plus violent des orages, dans un brouhaha tonitruant. La scène était chaotique et plusieurs soldats impériaux finissaient désintégrés ou congelés par les Altmers. Ce n'était pourtant qu'une bien piètre résistance, car ils furent bien vite submergés par le grand nombre de légionnaires présent. Beaucoup de mers furent transpercés par les lames, aplatis par les marteaux de guerre et éviscérés par les haches d'arme. Une véritable effusion de sang elfique gagnait la Place, dans une bataille que personne n'oublierait de si tôt. Quelques hommes prirent la direction des tours de garde, pour atteindre les remparts et éliminer le support des archers Altmers.



Alors qu'une dernière poche de résistance était éliminée au centre du quartier, un homme à cheval entra dans la Cité. Il était vêtu d'une armure faite d'or et d'ébonite, comportant diverses marques et ramifications en cercle, incrustées ça et là de rubis. Nul doute possible, c'était bel et bien Titus Mede II, brandissant une épée qui semblait elle aussi faite d'or, illuminant la zone de sa beauté légendaire. C'était en vérité Orglaive, la lame de Boéthia, mais peu de monde connaissait sa réelle provenance. L'Empereur dégageait une réelle puissance malgré le fait que sa terre lui ait été reprise en grande partie. Il ne s'était, au final, par relâché et désormais la Grande Guerre le verrait en grande partie victorieux. Du moins c'était ce que croyait le Légat Antiocus.



« Bien, mes chers légionnaires. Nous entrons dans la dernière phase notre victoire en Cyrodiil aujourd'hui. Je mènerai moi même l'assaut sur la Tour d'Or Blanc. Les premières et deuxièmes légions m'accompagnent. La quatorzième légion ira reprendre le contrôle du quartier des Jardins Elfiques et la troisième, l'arboretum. Elles se rejoindront au quartier de l'arène et viendront nous soutenir si la résistance est plus élevée qu'attendu. Vous vous battez pour la gloire de l'Empire, ne l'oubliez pas, légionnaires. Tout Tamriel dépend de vous en cet instant. » dit Titus Mede.



Il descendit de son cheval et sortit son bouclier impérial.



« A l'assaut ! » hurla-t-il.



Et sur ces mots, un flot interminable de soldats s'engouffra aux quatre coins de la Cité Impériale.


Chapitre 2 : La Tour d'Or Blanc.



Des centaines d'hommes déferlaient sur le quartier du Palais Impérial. L'endroit avait été fortifié par les elfes : des épieux immenses, des barricades surplombant le cimetière en contrebas. Ils y avaient même construit des tours, sur lesquelles s'entassaient plusieurs archers qui pilonnaient tous les légionnaires en vue. Encore une fois, le combat était extrêmement enragé, chaque camp étant à bout de souffle et poussé à ses limites.



Titus Mede II s'était mit à couvert, contre une partie de muraille. Les légions ne pouvaient pas accéder au niveau supérieur du quartier, les escaliers étant barricadés. Un problème de taille apparut donc : le nombre phénoménal de légionnaires présent fit que tous ne pouvaient pas trouver de couverture et beaucoup tombèrent sous les flèches des archers, ou brûlèrent vifs sous les sorts Aldmeri. L'odeur du carnage était un épouvantable mélange de chairs brûlées et de sang entré en ébullition, le tout dans un concert de gargarismes et de hurlements. Les quelques archers restant dans le camp des impériaux se remirent de l'attaque des Hauts-Elfes et contre-attaquèrent, visant prioritairement les tireurs ennemis.



Suite à cela, plusieurs mages de guerre détruisirent les barricades faites de bois, ouvrant le passage à l'infanterie. Un combat sanglant s'en suivi, les Aldmers ne cédant pas le moindre bout de terrain. Marius chargea dans la mêlée, bouclier levé et glaive prêt à servir. Il frappa de la tranche dans les genoux d'un Haut-Elfe à proximité, pour ensuite lui planter la pique en plein cœur. Deux autres Altmers arrivèrent bien vite sur lui, remarquant certainement à son armure qu'il était un haut gradé. L'un d'eux s'écroula avant même de dégainer, la gorge transpercée par la tête d'une flèche. Marius n'avait pas vu la charge dont il était la cible et s'était précipité sur un groupe d'elfes qui attaquait l'Empereur et sa garde. Il évita de justesse le coup de son poursuivant, avant de lui infliger un coup de bouclier de toutes ses forces, ce qui déstabilisa le Haut-Elfe. Sans perdre plus de temps il se rua sur son adversaire, son épée passant au travers de l'armure elfique comme si il ne portait que de simple vêtements.



Marius tourna donc les talons en direction de l'Empereur, dont deux des cinq gardes avaient péri sous les coups des elfes. Il avait quatre agresseurs sur le dos mais ne semblait pas craindre pour sa vie. Ses trois derniers soldats d'élite n'arrivaient pas à suivre le rythme des Altmers, excédés par les cinq jours qu'ils avaient passé à combattre. L'un d'eux s'écroula avant que Marius ne puisse faire la moindre chose. C'était un quatre contre trois désormais, l'impérial ayant rejoint l'Empereur. C'était un balais mortel de guerriers compétents, entre ce qui semblait être des fines lames. Une épée de verre vint s'abattre sur le Légat, qui fit glisser le tranchant le long de son bouclier pour répartir la force utilisée par l'elfe. Celui-ci perdit l'équilibre un instant, ce qui avait suffit à Marius pour créer une brèche dans sa garde et de lui enfoncer son glaive au fond de la poitrine. L'Empereur lança un grand sort de froid sur un autre des Hauts-Elfes, dont le cœur avait cessé de battre rapidement, trop faible. De sa masse, l'un des gardes fendit le crâne d'un autre Altmer qui mourût sur le coup. Le dernier Haut-Elfe tenta alors de se replier mais se prit la gorge dans le fil de l'épée du Légat.



Contre toute attente l'armée impériale semblait se réduire petit à petit, alors que celle des Aldmers n'avait pas l'air de diminuer. En se retournant, Marius vit que les légionnaires n'étaient plus qu'une trentaine, alors que les mers se comptaient pas dizaines. C'est ce moment que choisit Naarifin, commandant des armées du Thalmor, pour s'adresser à l'Empereur du haut de la Tour :



« Rendez-vous, Titus. Vous ne faites pas le poids et êtes entourés par mes meilleurs soldats ! Rien n'arrêtera plus le Thalmor désormais, notre force est toute puissante ! Vous êtes perdus ! »



L'Empereur abaissa son épée, comme en signe de soumission. Le seigneur Haut-Elfe ria de toutes ses forces, jugeant que sa victoire était enfin assurée sur l'Empire. Il s'imaginait déjà accueilli en héros à Alinor, sous les acclamations de ses pairs.



Un bruit digne d'un tremblement de terre se fit alors entendre sur les côtés de la Tour d'Or Blanc. Le vrombissement des centaines de légionnaires qui faisaient trembler les fondations mêmes de la Cité Impériale commencait à se faire entendre.



« Vous entendez, Naarifin ? Ce sont les deux autres légions que j'ai chargé de nettoyer la ville qui foncent sur vous. » dit Titus Mede.



Une véritable lame de fond déferla alors sur ce qu'il restait des Aldmers, les pourfendant dans un véritable raz-de-marée humain. Aucun elfe ne survécut à l'attaque des troisièmes et quatorzièmes légion, revenues du quartier de l'Arène. Une mer d'homme se jeta dans la Tour d'Or Blanc, dévastant tout sur son passage. Il n'y avait désormais plus aucune résistance de la part des Hauts-Elfes, qui s'étaient rendus compte de leur défaite imminente. L'Empereur avait mené ses soldats au plus haut étage de son ancienne demeure, pour aller à la rencontre de Naarifin.



Chapitre 3 : La chute de Naarifin



Rien n'arrêta l'ascension de l'armée impériale. Elle rejoignit bien vite les quartiers de Naarifin, qui attendait sagement les légionnaires, assis sur une chaise. Tous les emblèmes du Dragon Impérial avaient été remplacés par les armoiries du Thalmor, mais la pièce restait relativement la même : elle dégageait l'opulence du sol au plafond, avec ses bibliothèques de livres plus précieux les uns que les autres. Le Hauts-Elfe ordonna à ses derniers soldats de rendre les armes, en signe de capitulation. L'Empereur avait définitivement repris la Cité Impériale et pourrait de nouveau commander son empire là où il en avait l'habitude.



« Naarifin, seigneur de guerre Thalmor, je vous met aux arrêts. Il n'y aura aucun procès mais des charges sont cependant retenues contre vous : tentative de génocide à l'encontre de toutes les races humaines, extermination d'instances impériales de premier ordre et enfin soulèvement contre l'Empire. Vous n'avez rien à ajouter, j'imagine. » fit l'Empereur.



« Ça ne s'arrêtera pas là, vous le savez Titus. » répondit l'elfe.



« Au contraire. Je vais envoyer un message au chef Thalmor en Alinor. La guerre s'arrêtera ici, nos deux États ne peuvent décemment pas la continuer sans qu'ils s'autodétruisent. Vous êtes condamné à la pendaison sans plus de cérémonie. Légat Antiocus trouvez-moi une corde, qu'on pende sa carcasse au sommet de ma tour. » ordonna l'Empereur.



Marius s'exécuta avec empressement, trouvant une corde quelques étages plus bas. Il y fit un nœud coulissant et remonta rapidement vers les appartements impériaux. Quelque chose le dérangeait dans cette affaire : cela ressemblait plus à une vengeance personnelle qu'à une vraie victoire.



« J'ai la corde, Monseigneur. »



« Bien, passez-la lui autour du coup... Je le jetterai moi même du rebord. »



Naarifin était devenu blême, vociférant des insultes à l'encontre de l'Empereur, de l'Empire et des humains en général. Il était en plein milieu d'une phrase quand Titus Mede II le poussa par une fenêtre, retenant la corde pour que le choc ne brise pas le coup du Hauts-Elfe. Ce dernier suffoquait, des larmes acides lui montant aux yeux alors que son cou marquait déjà les traces de la pendaison.



« Monsieur ? » fit Marius. « Pourquoi retenir la corde ? »



« Je veux qu'il meure lentement. Vous le remonterez plusieurs fois par jours, pour lui laisser de l'air et le nourrir sobrement. Qu'il voit comment l'Empire se redresse alors que son pouvoir est réduit à néant. Bien, je vais me retirer quelques instants. Ordonnez aux légions de remettre de l'ordre dans la ville, Légat. » dit l'Empereur.



Marius donna ses recommandations aux hommes sous son commandement, non sans un certain remord. Il allait devoir veiller à ce que Naarifin ne meurt pas et s'occuper de lui, alors qu'il venait de détruire toutes ses aspirations.



« Et rassemblez les survivants au pied de la Tour. Je ne veux aucune pitié, comme eux envers nos citoyens, alignez-les et égorgez les tous autant qu'ils sont. » tonna Titus Mede II.



Tout cela aggravait encore plus le bain de sang, mais le Légat se devait d'obéir aux ordres de son Empereur, même si ils allaient à l'encontre de ses motivations.



Une journée passa, pendant laquelle la Cité Impériale fut animée par le déplacement des gravas et des cadavres. Une poignée de légionnaires avait reçu l'ordre de nettoyer le Lac Rumare des corps des soldats. D'autres encore devaient brûler les morts des rangs Hauts-Elfes. Marius avait pris la peine de retirer son casque, dévoilant ainsi ses cheveux noirs rasés de façon réglementaire, comme la légion l'obligeait. Il arrosait constamment Naarifin, qui suffoquait depuis quelques heures. Il devait souvent remonter la corde pour lui éviter de mourir étouffé.



Quand la nuit commença à tomber, il reçut l'autorisation de remonter le mer dans l'appartement de l'Empereur, pour le nourrir. Une miche de pain et un peu d'eau, voilà ce à quoi il avait droit. Le Légat était légèrement gêné de sa situation actuelle, alors qu'il détenait la vie du mis à mort entre ses mains. Il pouvait tuer de sang froid n'importe quel adversaire lors des combats, mais une fois ceux-ci terminés il redevenait l'impérial calme et bienveillant qu'il avait toujours été. Le Haut-Elfe marmonna quelques mots à l'attention d'Invictus :



« Merci... C'est plus pénible que ce que je pensai... » plaisanta le mer.



Marius était étonné que son prisonnier cherche encore à faire de l'esprit dans sa situation et répondit sobrement qu'il n'avait pas à être remercié.



« La guerre ne fait que commencer, impérial. » dit péniblement Naarifin. « Vous verrez, ma mort n'arrêtera rien. En tout cas pas à très long terme. »



« Nous serons prêt. Mangez et taisez vous, gardez des forces. »



« Dans quel but ? Je vais mourir dans peu de temps, exhibé comme un trophée par Titus. »



L'impérial ne voyait rien à répondre. Il savait que l'elfe se dirigeait droit vers la mort. Le reste du repas du Haut-Elfe se passa dans un silence total, l'un profitant des quelques minutes de répit dont il disposait, l'autre ayant pitié du premier.



« Bon, il est temps de vous remettre là où vous devez être. » commenta Marius.



Le Légat saisit alors son ancien ennemi par les bras, lui remit la corde au coup et le lança par dessus la fenêtre.



« Désolé. Personne ne mérite ça. » pensa-t-il.



Naarifin était réchauffé par le Soleil qui se couchait. Plus bas il pouvait voir ses anciens subordonnés se faire égorger un par un.



Chapitre 4 : Retour à Lenclume.

Antiocus avait réussi à garder le Haut-Elfe en vie pendant trente-trois longs jours, qui furent pénible pour lui comme pour le mer. Ils avaient parlé tous les soirs, chacun se rendant compte que l'autre n'était pas une bête stupide. Naarifin était mort de bon matin, alors que l'Empereur avait décidé que la vie devait le quitter. Marius avait du tuer le mer, à contre cœur. Il avait remonté celui-ci pour mieux le relancer, sans toucher à la corde. Un craquement sec s'était fait entendre, résonnant dans toute la Cité Impériale. Des centaines de légionnaires avaient alors applaudi le spectacle, fier de leur Empire qui retrouvait sa force.

Une semaine plus tard, le 29 de plantaisons, l'Empereur s'était adressé à ses Légats pour leur conférer les honneurs.

« Légat Justinius Quintius. »

Un impérial d'environ une quarantaine d'années s'avança du rang formé par les hommes en armure lourde. Il salua l'Empereur.

« Vous êtes rendu à la vie civile avec les honneurs. Vous recevrez une compensation impériale pour services rendus à l'Empire et obtiendrez des terres dans l'ouest colovien, ainsi que des servants. Félicitations. »

Les légionnaires applaudirent le Légat avec ferveur. La joie était palpable chez les soldats, heureux d'avoir mit fin au conflit. Tous attendaient le prochain nom à paraître.

« Légat Baratus Tullius. »

Un autre impérial s'avança. Celui-ci semblait encore jeune, environ une vingtaine d'années. Il avait un air déterminé et calculateur, impassible.

« Vous êtes promu au rang de général. Vous dirigerez les légions postées en Bordeciel, à partir de Solitude. Je compte sur vous pour faire du bon travail là bas, vous partez immédiatement. »

L'Empereur avait à peine terminé sa phrase que le général Tullius s'était mit en route vers la sortie de la Cité Impériale. Un homme assez étrange ce légionnaire, doté d'un grand sens tactique et avec une brillante carrière devant lui.

« Légat Marius Antiocus. »

Invictus avait fait une carrière remarquable dans la légion, invaincu qu'il était. Il s'attendait bien sûr à devenir général, comme cela aurait été logique. Cependant, l'Empereur ne le voyait pas de cet œil.

« Vous êtes rendu à la vie civile avec les honneurs. Nous voudrions cependant que vous restiez dans notre capitale, en tant que consultant et formateur de recrues difficiles. Cela comprendrait alors le don d'un manoir et une compensation impériale pour services rendus envers l'Empire. »

Le Légat état abasourdi par la décision de l'Empereur. Il avait encore de belles années devant lui et était encore capable de se battre comme si il avait toujours vingt ans. Pourtant, on le voulait comme instructeur et pas en tant que soldat. Il perçut cela comme un affront envers sa personne, même si il ne laissa rien transparaître à ce moment. Il fit un pas en arrière pour réintégrer les rangs. Titus Mede II appela encore plusieurs dizaines de Légats, dont la majeure partie fut promue au rang de général. C'était une véritable injustice aux yeux de Marius. Il n'était pas prêt à quitter la légion et son rang, les seules choses qui importaient dans sa vie depuis plus d'une décennie.

Les hauts-gradés avaient été installés dans l'auberge du Roi et de la Reine, un endroit douillet avec un feu de bois et les seuls lits encore utilisables de tous les quartiers de la ville. Malgré le confort des lieux l'impérial ne trouva pas le sommeil cette nuit là, perturbé par la vie qui s'offrait à lui. Une chose était sûre pour lui : il n'en voulait définitivement pas. C'était une existence rangée et vide de sens, plate. Sa décision concernant l'offre ne tarda pas à arriver alors qu'il réfléchissait à une table, une choppe de bière brune à la main. Il prit quelques affaires, son arme et sortit de l'auberge.

Des hommes ivres rôdaient ça et là dans les rues froides de la Cité Impériale. Quelques légionnaires étaient postés aux portes, pour la garder en cas de contre attaque Aldmeri. Le ciel était noir et laissait paraître les étoiles, sans pour autant que les lunes ne soient visibles. Marius passa la porte sans encombre et personne ne lui jeta de regard interloqué. Tout allait pour le mieux et il serait bien vite en dehors des remparts, pour fuir vers là où il était né, Lenclume. Il avait beau être un impérial, sa véritable patrie était celle des rougegardes et du désert. Il sortit par le trou qui avait pris la place de la Grande Porte et passa le pont, toujours insoupçonné par ses camarades de la légion.

Marius était entrain de désobéir à un ordre direct de l'Empereur et savait que la chose était mal. Mais si sa loyauté envers l'Empire était fort, le confort de son âme l'était encore plus. Le Légat savait qu'il faisait ce qu'il savait juste pour lui. Les recrues ne bénéficieraient pas de son entraînement, mais au moins il aurait la vie qu'il déciderai d'avoir. Son envie était menée par le pur égoïsme qui habite toute forme de vie intelligente. Personne n'était parti à sa poursuite, aucun cor n'avait résonné dans le silence nocturne pour annoncer de chasse à l'homme. Marius se dit donc qu'il avait encore une longueur d'avance sur ses camarades. Il se trouvait désormais dans une forêt d'arbres gigantesques, dont la cime se confondait avec les ténèbres du firmament.

Son avancée était rapide et sans encombres malgré l'obscurité ambiante. À croire que même les bêtes sauvages avaient fuit la guerre. Il pressait le pas vers le nord-est en direction de Rihad, une ville de Lenclume à la bordure de Cyrodiil. Le trajet dura quelques jours, dans la solitude la plus complète. Marius ne rencontra pas âme qui vive, si ce n'était quelques oiseaux volant vers leur salut. Tout Tamriel semblait bouleversé par le conflit opposant les humains aux elfes. Il arriva aux abords de la ville rougegarde après une semaine de marche à travers une désolation complète, un désert forestier.

Plusieurs soldats Thalmor semblaient postés devant les remparts de bois de l'endroit, dans un simulacre de tentative de siège. Marius avait décidé de ne pas les approcher, par précautions : peut-être que la ville était tombée aux mains des Hauts-Elfes. Il passa plusieurs heures à scruter les environs pour connaître la situation telle qu'elle était. En vérité, ces soldats n'étaient pas une avant garde ou un poste de surveillance, ils tentaient réellement d'assiéger la ville. Les citoyens ne semblaient même pas effrayés par la situation, ignorant royalement les elfes qui tenaient l'entrée.

Marius se décida donc à passer à l'action.


Chapitre 5 : Rencontre avec le Thalmor.

Les mers n'avaient pas aperçu l'impérial, qui les chargea tous. Le Légat en avait compté cinq et s'était dirigé sur trois des elfes assis près d'une tente de fortune. Ils n'eurent pas le temps de sortir leurs armes ou de préparer de sorts. Le premier à porté de Marius se retrouva face contre terre, frappé par un coup de garde au visage. L'impérial prit le temps de lui enfoncer son épée entre les omoplates, de façon à être certain que son adversaire ne se relèverai pas. Les deux autres s'étaient alors précipités sur leur agresseur, décidés à venger le sort qu'avait connu leur camarade. L'elfe sur sa gauche avait tiré sa masse de son flanc gauche et tenta de l'écraser sur l'épaule de Marius. Le coup toucha au but, arrachant un cri de douleur à l'impérial. Ce dernier ne se laissa cependant pas aller et envoya le coup à son adversaire en lui pourfendant les côtes.

Le dernier soldat d'infanterie s'était alors reculé, pour avoir la place de manœuvrer son glaive. Ses deux compagnons restant avaient vu la scène et tirèrent l'arc qu'ils avaient au dos. Le combat entre le haut-elfe et l'impérial était assez serré, même si le mer avait l'avantage de porter un bouclier. Marius avait pour sa part abandonné sa protection sur la route, la jugeant trop lourde. Il regrettait maintenant la chose car il devait se fatiguer à éviter les attaques adverses. Cela ne l'aurait normalement pas gêné, mais le soleil de Lenclume était étouffant aux frontières de la région. Il attendait patiemment que son opposant elfique fasse une erreur en ouvrant sa garde ou en hésitant sur une passe. Sur dix minutes de combat, aucun ne céda le terrain. Quelques gardes de Rihad s'étaient postés sur le sommet des remparts pour assister au duel et mêmes les archers mers ne s'étaient pas mêlés au combat. Tous regardaient le ballet des lames s'entrechoquant dans un bruit clinquant.

Le Haut-Elfe avait finalement chargé Marius, bouclier levé. Il frappa férocement l'impérial de son écu, le faisant vaciller dangereusement. Suite à quoi, il attaqua de l'épée en coupe transversale. L'impérial avait enfin trouvé le moyen de passer outre les défenses de l'altmer. Avec une vitesse fulgurante, il repris position sur son pied d'appui et envoya un coup d'estoc de toutes ses forces vers le foie de l'elfe. Celui-ci n'avait pas encore compris qu'il avait perdu et ne s'effondra pas tout de suite, abattant mollement son épée vers Marius qui esquiva d'un pas en arrière. Les semblables de l'elfe avaient réagit immédiatement, sortant chacun une flèche de leur carquois. L'impérial s'était alors empressé de trouver une couverture, en vain. Il entendit le bruit caractéristique des traits qui volent vers leur cible et ferma les yeux.

Les flèches avaient été tirées par la garde de Rihad sur les archers ennemis, qui tombèrent bien vite au sol, criblés de pointes d'acier. Marius était reconnaissant envers les rougegardes qui l'avaient sauvé, mais préféra porter son attention sur celui qui lui avait donné du mal à combattre. Il n'était pas mort, mais en semblait sur le point. Sa respiration était roque, irrégulière et du sang lui sortait par la bouche.

« Je suis désolé. » s'excusa l'impérial.

L'elfe ricana :

« Ah ! Tué par une mauviette... Mes ancêtres doivent bien rire de moi. »

Marius cria à l'aide auprès des habitants de la ville. Il ne voulait pas causer la mort de cet adversaire qui lui avait donné tant de mal et souhaitait qu'on le soigne au plus vite. Malheureusement, les rougegardes ne le voyaient pas de cet œil là et lui répondirent en tranchant la gorge de l'elfe. Une telle gratuité choqua l'impérial qui découvrait que la compassion n'était pas quelque chose de répandu. C'était certainement du à la guerre et à la haine de l'adversaire. L'Empire avait la même tendance que le Thalmor à diaboliser l'autre camp, les présentant comme des monstres sanguinaires et impitoyables. Pourtant tous étaient des êtres vivants comme des autres, avec leurs aspirations et leurs rêves irréalisables.

« J'aime beaucoup ton style, impérial. » lui lança un rougegarde qui venait d'ouvrir les portes de la cité.

Il avait des cheveux tressés à la manière traditionnelle des rougegardes et semblait n'être qu'une masse de muscles entraînés quotidiennement.

« Tu devrais rentrer, on va t'offrir de quoi manger et boire, pour nous avoir bien divertis ! » ricana l'homme.

Le Légat accepta l'invitation avec dédain, se sentant comme prisonnier d'un endroit qu'il jugeait indigne de ses valeurs. Les gardes l'avaient salué pour son courage, en insistant bien sur le fait que les elfes qui campaient devant leur ville n'étaient en fait là que pour s'assurer de la stabilité politique de la ville. Ils étaient par conséquent immunisés en ce qui concernait les raids armés qu'auraient pu envisager les rougegardes. En revanche si ils étaient tués par des bandits ou des bêtes, Rihad n'aurait aucun problème. Cela arrangeait donc les affaires de la cité qu'un homme ait tué les représentants Thalmors. Bien sûr, les flèches que la garde avait tirées seraient mises sur le compte de Marius, qui n’eut aucun droit de contester la chose.

Si le Domaine Aldmeri découvrait qu'il avait massacré ses soldats, en plus d'avoir participé à la reprise de la capitale de l'Empire, il serait certainement obligé de fuir pendant des années. Rihad s'était bien servi de lui, en fin de compte.


Chapitre 6 : Rihad

Les habitations de Rihad étaient assez étranges : elles semblaient faites de sable compacté jusqu'à ce qu'il soit aussi dur que de la pierre. Le sable envahissait les rues à toute heure de la journée, ce qui obligeait les habitants à porter des vêtements amples et des capuchons qui faisaient penser aux guerriers Alik'R. La proximité du fameux désert ne devait pas y être pour rien, pensait Marius.

« Nous avons appris que la guerre est presque terminée en Cyrodiil. Une chose est sûre : ici elle continuera. Les elfes veulent absolument prendre notre territoire, mais nous ne nous laisserons pas faire. Notre ville n'est pas grande, mais notre volonté d'en finir avec le Thalmor si. Chacun ici défendra sa maison avec vaillance. » lui expliqua le capitaine de la garde avec les cheveux tressés.

« Je pensais qu'en arrivant dans la région, je verrai plus de Hauts-Elfes que de rougegardes. J'étais en faction à Lenclume, il y a quatre ans de ça, quand les Altmers ont attaqué le sud du pays. Je croyais que vous n'aviez pas résisté. » fit Marius.

Le capitaine ria au nez du Légat, en lui expliquant que les yokus avaient contre-attaqué avec l'aide de légions impériales. Cela s'était passé alors que la Cité Impériale avait été le centre d'attention de Tamriel en 4 E 174. Depuis la présence Thalmor, bien que toujours conséquente, s'était amenuisée.

Une troupe d'enfant rougegardes passa devant, jouant visiblement à la guerre avec des épées en bois. La cité grouillait d'activité et tout le monde semblait s'affairer à des tâches au final banales. C'était étrange de voir que dans cette ville la guerre n'avait en apparence rien modifié. Les hommes à la peau tannée n'avaient pas l'air dérangé par les conflits, aussi meurtriers étaient-ils. Une particularité vraiment étonnante en y réfléchissant, puisqu'elle rendait heureux tous les hommes qui vivaient en Lenclume. C'était dans cette ambiance, ce contexte, que Marius était venu au monde. Alors qu'il grandissait il avait appris que la guerre et le combat étaient parmi les choses les plus importantes qui soient aux yeux de tout homme qui se respecte.

Ils débouchèrent sur une grande place où se trouvaient des dizaines d'étals de marchands, qui causaient un vacarme incroyable. On entendait constamment quelqu'un crier qu'il avait les meilleurs produits, les plus frais ou les plus beaux. Chaque étal avait un étendard qui lui était propre, afin qu'on puisse le trouver rapidement. De ce fait, la place était un endroit vivant et plein de couleurs, où s’entremêlaient les odeurs d'épices du désert Alik'R, des poissons réchauffés par le soleil de Lenclume et des nombreuses forges tout autour du marché.

« Restez près de moi, on se perd vite ici, nous arriverons bientôt. » fit le capitaine.

« Tiens, on vas où d'ailleurs ? » demanda Marius.

Son guide ne répondit rien, préférant tailler son chemin à travers la population à un rythme frénétique. Ils arrivèrent alors au port de Rihad, un endroit qui semblait paisible comparé à la place centrale. En réalité il ne l'était pas beaucoup plus, car beaucoup d'hommes rassemblaient de grandes caisses qui, selon le Légat, contenaient des armes et des rations. Les rougegardes semblaient de plus en plus sur le pied de guerre, même si l'Empereur avait décidé de traiter avec Alinor. Il remarqua que les hommes qui déchargeaient et montaient les caisses n'étaient pas des soldats lambda. Beaucoup portaient des lames courbes, signifiant qu'ils étaient des pirates et des contrebandiers.

« Ça ne vous dérange pas, tous ses corsaires dans votre port ? » s'enquit Marius.

« Oh, non ! Au contraire mon ami, ils nous donnent un grand coup de main. Quand la guerre à commencé et que le Thalmor a attaqué, les bateaux de ces derniers ce sont fait harceler par tous les pirates rougegardes de la baie. Ce sont peut-être des criminels, mais ils aiment leur contrée et nous ont donné des coups de mains gigantesques depuis le début de la guerre. Notre flotte est en grande partie constituée de vaisseaux pirates. Ça a évité à nos dirigeants de dépenser de l'argent en plus pour concurrencer les elfes. Et en plus on n'a même pas à les payer, tout ce qu'ils veulent c'est se battre. » expliqua le capitaine.

L'impérial regardait les voiles des navires voguant vers l'horizon. La mer avait toujours attiré les hommes, les rougegardes en particulier. Il comprenait pourquoi : toute cette étendue sauvage, à perte de vue. C'était l'inconnu, le vrai. Tout aventurier se devait une fois dans sa vie de partir sur un navire vers des endroits mystérieux et inhospitaliers, pour se forger une histoire. L'impérial avait rêvassé pendant tout le trajet, n'écoutant pas les propos de son hôte. Ils étaient arrivés à destination : un endroit qui ressemblait à un palais, mais auquel quelque chose semblait manquer. Il était fait dans la même matière que les autres habitations, mais devait être sept à huit fois plus grand. Sur ses flancs, deux hautes tours s'élevaient. Elles avaient une base rectangulaire mais plus on levait le regard et plus elles devenaient étroites, jusqu'à finir en pic à leur sommet. Dessus étaient gravés d'étranges symboles et des mots en yoku.

« On appel ça des obélisques. » fit le rougegarde.

« Je sais, j'en ai déjà vu à Sentinelle. » répondit Marius.

Les deux hommes pénétrèrent à l'intérieur du palais, jusqu'à arriver dans une salle où trônait un rougegarde en armure.

« Vous êtes devant le seigneur Lotar, ne parlez que pour répondre à ses questions. » dit un homme sur le côté du régent.

« Ah ! Vous devez être l'impérial dont on m'a parlé. Celui qui a tué nos chez amis du Thalmor. Tout d'abord, je vous remercie au nom de Rihad, vous nous avez rendu service. Ils se seraient fait tuer de toute façon, alors mieux vaux que ce soit par étranger que leur sang coule. Dites-moi, que faites vous à Lenclume, impérial ? » demanda Lotar.

« Je rentrais chez moi, à vrai dire. Je suis né ici et même si je ne ressemble pas à votre peuple, j'en ai l'esprit. J'avais pour ambition de traverser l'Alik'R et rejoindre Sentinelle. Mais j'ai l'impression que c'est impossible maintenant. »

« En effet. Mais vous pouvez toujours aller à Sentinelle. Je sais désormais comment vous remercier pour votre aide. Dès demain je ferai apprêter un bateau pour vous envoyer à votre destination. En attendant je vous invite à résider à l'auberge de Cyrus pour la nuit. Vous n'aurez bien entendu rien à payer et pourrez manger et boire à votre guise. J'aurai cependant une autre chose à vous demander. »

« Et quelle est-elle ? » demanda Marius, légèrement perturbé.

« Je m'ennuie beaucoup ces temps-ci, depuis que les combats s’essoufflent. J'ai entendu parler de vos capacités de combat. J'aimerai beaucoup vous voir combattre un de nos gladiateurs, un Khajiit qui manie l'épée mieux que beaucoup de mes hommes. Cela peut paraître ridicule au premier abord, mais je vous assure que ce serait un combat sans pareil. Si vous acceptez de combattre, vous serez toujours le bienvenu à Rihad, je pourrai même vous offrir un endroit où vivre quand vous aurez fini de voyager. Qu'en dites vous, mon ami ? »

Le Légat avait été surpris par ce qu'il venait d'entendre. Cependant, il ne pouvait pas refuser un combat contre un adversaire valeureux, son éducation rougegarde lui rappelant que rien ne valait la gloire de la victoire.

« Avant d'accepter, je voudrai savoir une chose : le combat sera-t-il un duel à mort ? »

« Cela ne dépendra que de vous. Si le Khajiit vous bat, alors oui. Il n'a jamais laissé quelqu'un vivre. Mais si vous gagnez, j'imagine que la décision vous reviendra entièrement. »

L'impérial réfléchit un instant. La perspective d'un combat l'attirait énormément.

« Eh bien, alors j'en suis. On commence quand ? » fit Marius.

Chapitre 7 : Le Khajiit

Le Légat avait passé la nuit dans une auberge qui ressemblait à toutes les autres maisons de Rihad. Du moins de l'extérieur, car une fois entré il avait pu voir que l'endroit où il se trouvait suintait l'opulence. Des draperies dignes d'un roi et une table remplie de mets à la fois exotiques et régionaux. Il s'était endormit rapidement, apaisé par la douceur de l'endroit et le fait qu'il combattrait dans une arène le lendemain.

À son réveil un jeune garçon le regardait, probablement attiré par l'arme que transportait Marius. Ce dernier fut surpris de voir qu'il avait de la compagnie.

« Dis, t'es un gladiateur ? C'est toi qui va combattre Ma'Shanjii aujourd'hui, non ? Si tu veux mon avis, t'as aucune chance ! » dit le petit rougegarde.


Le Légat venait tout juste de se réveiller et la dernière chose qu'il voulait, c'était bien qu'un enfant vienne l'ennuyer. Il ne lui répondit rien et se leva du lit, concentré sur la journée à venir.

« Hé ! Pourquoi tu réponds pas ? T'es muet ? Tu sais qu'on fait des paris contre toi ici ? Tout le monde pense que tu vas mourir ! »

Marius prenait sur lui pour ne pas sortir son épée et la planter dans le gosier de l'enfant. Même si il était d'un naturel calme et amical, il n'arrivait pas à supporter les jeunes gens. Il ne répliqua toujours rien à l'enfant, mais avait retenu ce qu'il avait dit. Si il pariait sur lui même il lui suffirait de gagner le combat et il empocherait un véritable petit pactole, de quoi s'éloigner du besoin pendant un bon moment.

Il se dirigea vers le centre d'entraînement des gladiateurs, là où les paris étaient tenus. C'était à cet endroit même qu'il combattrait, la ville de Rihad n'ayant pas d'arène. Un impérial gérait une petite boutique au ceint même du complexe. Celui-ci accueilli Marius avec un grand sourire aux lèvres, sans pour autant savoir qu'il était celui qui combattrait.

« Ah ! Une autre âme qui veut gagner de l'argent sur la mort d'une autre ! » fit-il.

Le Légat trouva l'accueil assez étrange. Le combat devait largement arranger ses affaires.

« J'imagine que je suis au bon endroit si je veux parier. J'aimerai mettre ceci sur l'impérial. »

Il sortit une bourse remplie à ras bord. Elle devait contenir quatre cent septims environ. L'impérial au comptoir fit les yeux ronds et on pouvait déjà le voir se lécher les babines devant tout cet or.

« Vous savez, je veux pas vous faire peur... Mais tout le monde ici pense que notre semblable va se faire tailler en morceau. Enfin, je ne suis pas là pour vous rendre raisonnable. Je vous demande encore une fois si vous êtes certain d'engager cette somme. »

« Ne vous en faites pas je suis certain de ce que je fais et je ne reviendrai pas ici pour vous reprendre l'or si jamais je perdais le pari. » répondit Marius.

Ils avaient passé les dix minutes suivantes à parler de la ville et des rougegardes en général. Mais surtout, c'était du Khajiit qu'ils avaient discuté. L'adversaire du Légat semblait réellement redoutable : apparemment il avait gagné absolument tous ses combats et personne n'y avait survécu sauf les spectateurs et lui. Marius s'en alla flâner dans la ville après avoir remercié le marchand, pour se clarifier l'esprit. Il était revenu au port pour voir l'océan devant lui, penser aux régions inconnues et à la vie de marin. C'étaient des pensées agréables dans la tête de l'impérial, mais au final son but était de retourner à Sentinelle. Il ne pouvait pas trop s'attarder sur les navires, ni même dans une ville.

La journée passa vite et l'heure du duel approchait de la même manière. Marius se dirigea tranquillement là où il devait aller. Une foule se pressait aux portes du centre de formation, visiblement toute la ville savait pour le combat. L'impérial se dirigea vers ce qui semblait être un vestiaire. À l'intérieur l'attendait le seigneur de la cité ainsi que le capitaine de la garde.

« Ah, mon petit protégé ! » fit Lotar. « J'espère que vous êtes prêt ! Nous vous avons trouvé une armure de gladiateur. Elle n'est pas toute neuve, mais ce sera mieux que d'y aller avec les simples vêtements que vous portez ! »

Marius ne pipa mot, enfilant l'armure de combat. C'était un équipement rouge, ressemblant vaguement à une robe, pour donner plus d'amplitude. Il patienta quelques minutes devant la porte menant au ring du centre de formation.

Une foule gigantesque se faisait entendre derrière les murs, grondant comme le tonnerre.


L'annonceur appela alors Marius au combat. Ce dernier avait choisit qu'on le surnomme Invictus ou l'Invaincu. La porte s'ouvra, le laissant voir un ring qui ressemblait à vrai dire à n'importe quelle arène. Les spectateurs le huèrent, pressés de voir le Khajiit entrer en scène. Cela ne tarda pas et l'annonceur hurla alors le nom de l'adversaire de Marius, suivi de près par les habitants, scandant son nom.

Marius se jeta dans l'arène, le cœur léger.


Chapitre 8 : Duel au sommet.

Marius s'avança sur le sable du lieu de combat. La foule était électrisée par le combat, à croire qu'elle n'en avait pas vu depuis très longtemps. Ma'Shanjii était face à lui. Il ressemblait à n'importe quel Khajiit qu'on pourrait croiser en Tamriel, rien ne semblait le distinguer d'un autre. Son pelage était blanc et rayé de noir à certains endroits. Sur son visage les tâches noires formaient deux figures symétriques, donnant un air relativement maléfique à son adversaire. Ce dernier avait beau ressembler à n'importe quel autre de ses semblables, il effrayait quand même un peu le Légat. Son armure y ajoutait également beaucoup. Une armure lourde daedrique, chose relativement étonnante par les temps qui couraient et surtout pour un Khajiit.

L'annonceur déclara le combat lancé, alors que la foule reprenait son calme, impatiente de voir la suite des événements. À peine la phrase du présentateur terminée, Ma'Shanjii s'élança en direction de Marius, l'épée levée. C'était une arme sombre qui semblait merveilleusement bien ouvragée, au tranchant affûté. L'impérial perdit du temps à essayer de déchiffrer une inscription gravée sur le manche de l'épée. Celle-ci s'approchait vite, mais le Légat eut le temps d'y lire : « Khaj ». Un mot Khajiit, certainement. C'est à ce moment, alors qu'il découvrait tranquillement la personne devant lui, qu'il se rappela pourquoi il pouvait aussi bien voir l'arme de l'homme-chat. Il avait oublié le combat, déjà, absorbé par l'analyse de l'arme de son adversaire qui attaquait.

Le coup était déjà bien entamé et Marius ne pouvait pas l'éviter. Il du le subir de plein fouet, à défaut d'autre chose. Le choc brisa l'épaulière droite du Légat, qui avait tout de même essayé de ne pas prendre de dégâts. Il avait changé de pied d'appui et foncé sur le tranchant de la lame, répartissant un peu mieux les dommages subits. Même si il souffrait du coup, il avait fait vaciller Ma'Shanjii et en profita donc pour contre-attaquer en visant les poumons. Le Khajiit sauta en arrière, mais ne resta pas sur sa position : il avait en fait reculé pour mieux faire rebond sur Marius. Ce dernier fut surpris d'une telle technique et para tant bien que mal la lame adverse, lui arrachant au passage un petit cri de douleur. Son bras avait été engourdi par l'attaque et ne semblait plus obéir aux ordre de l'impérial. Son opposant plaça alors un coup horizontal vers les côtes du Légat. Celui-ci esquiva le premier en se jetant au sol, sous les rires de l'audience. Ma'Shanjii planta alors sa pointe au sol, pour piquer Marius. Mais celui-ci évita l'attaque encore une fois, en roulant sur le côté. Il se releva rapidement, se disant que s'il continuait de cette manière il serait réduit en bouillie. Pendant sa réflexion le Khajiit passa encore à l'offensive, en essayant de fendre le crâne de l'impérial. Avant que le tranchant ne s'abatte, le Légat fit un pas chassé sur le côté tout en portant son arme vers les doigts de Ma'Shanjii. La technique avait marché et entailla profondément la garde de l'homme-chat. Après un soubresaut de surprise, celui-ci lui dit :

« Tous les autres te sous-estiment, impérial. Mais je sais que tu vaux mieux que ce que tu montres. Aucune pitié, le gagnant enverra l'autre au fond des sables éternels. »

La foule était devenu encore plus silencieuse, comme incapable d'émettre le moindre son tant le duel les passionnait. Ils commençaient à comprendre que l'issue du combat n'était pas forcément toute faite. Après plusieurs secondes passées à s'observer, les deux hommes se foncèrent dessus, l'épée au dessus de la tête. Le fracas des lames gronda pendant de longues minutes, aucun ne prenant le dessus sur l'autre. Ma'Shanjii prit alors une position étrange, le genou gauche fléchit et la jambe droite complètement tendue. Marius, voyant cela, prit le mouvement pour une erreur et chargea le Khajiit pour lui pourfendre la rate. Cependant, celui-ci fit preuve d'une souplesse incroyable pour quelqu'un en armure et poussa de toutes ses forces ses appuis, le faisant vriller dans les airs. La manœuvre avait soutiré un soupire étonné de l'impérial, subjugué par la lame de son ennemi tourbillonnant dans sa direction. Il s'était simplement stoppé dans sa course pour admirer le mouvement : un tour complet sur lui même, mais dans les airs et de côté. Cela ne servait certes à rien, si ce n'était à impressionner les adversaires, leur faisant croire qu'ils ne pourraient jamais toucher un ennemi aussi agile.

Ma'Shanjii avait par la suite reprit sa position étrange, sans toutefois bouger. L'effet avait été direct chez Marius, qui était persuadé qu'en attaquant directement, rien ne pourrait toucher le Khajiit. Il tenta cependant de passer l'offensive et rata plusieurs fois son rival. Après une demi-douzaine de tentatives, l'impérial commençait à fatiguer. Frapper dans le vide était bien plus fatiguant que de rencontrer quelque chose de solide au bout de la lame. Si il ratait sa prochaine attaque, il n'était pas sûr d'avoir le courage de continuer. Son attention était désormais entièrement portée sur le mouvement des pieds de l'homme-chat. Il devait les scruter pour synchroniser leurs mouvements et ensuite attaquer à souhait. Ce qui suivit se passa alors dans ce qui semblait être une autre dimension. Marius voyait les choses très lentement, comme si le temps s'était ralenti pour lui laisser toutes ses chances. Il arma son épée, courra en direction de Ma'Shanjii et choisit d'atteindre le sternum de celui-ci. Il sentit son épée toucher au but, du moins au départ, car le Khajiit s'échappa tout de même de l'attaque. L'impérial, dans un élan de rage, jeta son épée en direction de son adversaire qui tourbillonnait dans les airs. La chose avait été plus qu'efficace, son rival tombant lourdement au sol, stoppé par la garde de l'épée venant cogner son visage.

L'animal en armure daedrique se releva doucement. Du sang coulait par ses orifices nasaux et une lueur de haine s'était emparée de ses yeux.

« Je m'amusais seulement avec toi, sale humain ! On va passer aux choses sérieuses et après je te taillerai en pièce ! Tu vas crever, tu m'entends ? Tu vas payer pour ce que tu viens de me faire ! »

De Ma'Shanjii se dégageait une aura étrange. Son regard avait cloué Marius sur place et celui-ci sentait la furie du Khajiit lui dévorer l'âme. Il était coincé dans un combat à mort contre un animal violent et sanguinaire.


Chapitre 9 : Duel au Sommet II

Le Khajiit avait attaqué l'impérial immédiatement après avoir parlé, déversant toute sa haine dans chacun des coups portés. Le Légat savait qu'un homme en colère était l'adversaire le plus dangereux de tous, car prêt à tout. Mais cela pouvait aussi jouer en son avantage et détruire toute résistance de la part de l'homme-chat. Il devait appliquer ce qu'il avait appris plus jeune : anticiper, prévoir l'attaque avant même que l'adversaire ne pense à la faire. C'était avant tout la concentration qui primait dans cette situation et tout ce que ferait Marius énerverait encore plus Ma'Shanjii. Sachant cela, il scruta son ennemi dans le fond des yeux et lui intima d'approcher d'un geste de la main. Cela eut l'effet escompté et le Khajiit se rua sur l'impérial. Ses attaques semblaient guidées par la folie de Shéogorath elle même : désordonnées mais visiblement dévastatrices. Le Légat esquivait le tranchant de l'épée de son rival. Cependant, il ne faisait toujours pas d'erreur, gardant une part de lucidité dans ses attaques haineuses.

Marius voulait que la hargne aveugle complètement Ma'Shanjii, pour que sa garde soit ouverte lors de ses prochaines attaques. Il n'avait qu'une solution pour rendre son adversaire de plus en plus furieux : l'entailler. Le Khajiit souleva son arme verticalement, les deux mains sur la garde, pour l'abattre sur le visage du Légat. La concentration de ce dernier était à son paroxysme et il attendait le bon moment pour parer. Alors que la lame descendait, il mit un pied en arrière et tourna vigoureusement le bassin pour donner de la vitesse à son prochain mouvement. Alors que l'arme du félin tranchait dans le vide, Marius frappa l'épée du Khajiit d'un mouvement sec, lui faisant perdre l'équilibre. La force appliquée fut si forte que l'homme-chat faillit en lâcher son arme. Profitant de l'instant de faiblesse de son adversaire, l'impérial entailla la joue gauche de son rival.

Même si c'était un combat à mort, le Légat ne pouvait se résoudre à tuer sans raison. Il se contentait de blesser son ennemi de manière superficielle pour qu'il s'écroule. À trois reprise il recommença la technique qu'il avait utilisée, parant après avoir évité les coups. Et à chaque fois il avait fait une plaie de plus au Khajiit, lui arrachant des cris furieux. Il ne semblait pas ressentir de douleur, encore moins de fatigue. Tout ce qu'il voulait était de découper Marius en deux parties bien distinctes. Ma'Shanjii attaqua une nouvelle fois, mais avant que l'impérial ne puisse parer il avait prit une impulsion phénoménale. Les deux hommes se percutèrent avec violence et l'homme-chat prit même le temps de mettre un crochet à la gorge du Légat. À leur chute un craquement sinistre se fit entendre et un rideau de poussière sableuse s'était élevée, empêchant quiconque se trouvant à plus d'un mètre de voir ce qu'il se passait. En somme, la foule toute entière retenait son souffle, persuadée que l'un des combattants avait tué l'autre. Après quelques secondes d'un terrible silence, Marius se releva péniblement, une épée enfoncée dans le bas-ventre.

Il tituba jusqu'à la sortie, sans prendre la peine de regarder derrière lui ou de retirer l'épée qui le gênait. La poussière s’estompa enfin, laissant apparaître un Ma'Shanjii dans un très mauvais état : la lame de l'impérial était plantée dans ses côtes et des gerbes de sang s'échappaient de son corps. Sa cheville droite était presque tournée dans le sens inverse du reste de son corps, laissant paraître un os qui avait percé ses chairs. Il était inconscient, à défaut d'être mort. Le public restait encore et toujours prostré dans un silence quasi religieux, n'en revenant toujours pas de la défaite de son protégé.

Marius s'était traîné jusqu'à son vestiaire, où s'étaient précipité Lotar pour le féliciter. Il entendit l'annonceur parler, visiblement dépité :


« Nous... Nous avons un vainqueur. Ma'Shanjii est à terre, je n'arrive pas à y croire. L'impérial l'a battu. Mes amis, l'inconnu à gagné. Celui qu'on appel Invictus a terrassé le Khajiit ! Applaudissez-le ! »

L'audience s'empressa alors d'obéir au conseil du présentateur, faisant un bruit semblable à une avalanche.

« Ah ! Je le savais ! Quel combat ! Tu l'as eu Marius, tu l'as eu ! » exulta le seigneur de la ville.

L'impérial ne pouvait pas répondre. À vrai dire, même baisser les yeux de celui-ci ne voulaient plus lui obéir. Il ne pouvait regarder que devant lui. Au bout de quelques secondes et dans un effort qui semblait titanesque, il parla :

« Y'a... Quelque chose qui m'gêne, au ventre. »

Il se tâta l'abdomen, pour chercher ce qui le perturbait. Ses mains tombèrent sur la garde de l'épée du Khajiit et il tenta alors de la retirer. La tâche sembla être trop difficile pour son corps et il s'écroula face la première, plongeant l'épée un peu plus au fond de ses entrailles.

Chapitre 10 : Convalescence



Marius se réveilla dans une salle sombre, à peine éclairée. Son estomac le lançait fortement. Il ne se souvenait pas de ce qu'il s'était passé après la chute. Une personne encapuchonnée entra dans la salle et s'adressa à lui :



« Ah, vous êtes réveillé ! Je commençais à m'inquiéter ! Ça fait cinq semaines que vous êtes dans cet état, sans avoir été lucide. J'ai passé tout ce temps à vos côtés. Je m'appelle Ranwil et je suis un guérisseur, comme vous avez du le comprendre. Je ne peux que trop vous conseille de rester allongé, vous avez subit de graves séquelles. Diverses contusions mineures, des côtes fêlées et cassées... Et vos intestins ont été perforés. Par chance, c'est arrivé dans une arène et pas dans la nature. J'ai donc pu appliquer ma magie sur vous. »



L'impérial ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Pour lui, le combat venait juste de se terminer. Il tenta alors d'articuler un mot :



« Ma... »



Il fut coupé net, saisi par une douleur vive aux poumons.



« Vous n'avez pas récupéré, il vaux mieux pour vous que vous ne parliez pas. Sans quoi, vous risquez de ré ouvrir vos blessures. » expliqua Ranwil.



Marius tenta encore de prononcer quelque chose, mais fut de nouveau dans l'incapacité de le faire.



« Si je comprends bien, vous voulez savoir ce qu'il est arrivé à Ma'Shanjii. Il est dans la chambre adjacente. J'ai réussi à le sauver lui aussi, même si l'affaire a été beaucoup plus compliquée. Ça m'a prit toute une journée pour lui redresser la cheville. Depuis il ne s'est pas réveillé non plus. » confia le Haut-Elfe.



Sur ces mots il s'occupa des blessures de l'impérial, avant de sortir de la pièce pour rejoindre le Khajiit.



Pendant une semaine entière le Légat reçut la visite de Lotar et de Ranwil. C'était son seul contact avec l'extérieur. Le reste du temps il était seul, à réfléchir ou à souffrir. La solitude ne l'ennuyait pas, c'était au contraire un repos qu'il estimait bien mérité. En revanche le fait de ne pas pouvoir sortir et parcourir le monde à la recherche d'un frisson temporaire l'attristait. Il s'était engagé dans la légion pour deux choses : l'amour du combat et l'envie de voir Tamriel de ses propres yeux. Un long mois passa avant qu'il ne puisse sortir de sa chambre. Pendant tout ce temps il avait rêvassé, pensé à ce que donnerait une vie de pirate ou de mercenaire. Mais ce n'était au final pas pour lui, car au final cela deviendrait vite monotone. Il aurait aimé devenir gladiateur et risquer sa vie pour la gloire. C'était une perspective très attirante pour lui, éduqué comme un rougegarde et ancien militaire de carrière. Mais c'était également une vie trop contraignante. En fin de compte, ce mois à réfléchir ne l'avait pas fait avancer quant à ce qu'il deviendrait. Le principal était qu'il devait retourner à Sentinelle au plus vite.



Lorsque Ranwil l'autorisa enfin à arpenter la ville pendant une heure ou deux, il avait eu l'impression que ses yeux brûlaient. La pénombre de la chambre ne l'avait pas épargné. Après quelques minutes d'adaptation, son regard pu supporter la lumière du soleil. À en juger par la puissance de celui-ci, ce devait être l'été. Il était arrivé vers le milieu de Plantaisons à Rihad, une semaine après la mort du seigneur Naarifin. Même si ça l'étonnait, c'était désormais Vifazur, deux mois après son combat. Il était cependant destiné à rester dans la ville quelques semaines de plus, que ses capacités soient de retour. Il se rendit compte qu'il était sur la place du marché, là où tous les étals se trouvaient. Une fois de plus il entendit le brouhaha significatif des marchands vendant leurs babioles. Il accosta une passante pour se renseigner sur le jour et l'heure qu'il était.



« Excusez-moi, mademoiselle... Heu... On est quel jour là ? » demanda-t-il.



La femme ne répondit pas. Elle était visiblement choquée de le voir. Elle poussa un cri qui effraya Marius. En vérité ce n'était pas de la peur, mais de l'admiration.



« J'y crois pas ! Venez voir tous ! C'est Invictus ! » hurla-t-elle.



Une grande assemblée se forma autour de l'impérial, qui ne savait pas où se cacher. Après plusieurs minutes à saluer des admirateurs ébahis, il se décida à retourner là où se trouvait le Haut-Elfe. Celui-ci était occupé à préparer une mixture qu'avait du avaler le Légat plusieurs fois cette semaine. Elle avait un goût infecte, mais rien ne le soignait mieux.



« Ah, vous revoilà ! On dirait que vous avez rencontré vos admirateurs. » ricana Ranwil.



« Dites-moi, quel jour on est ? » demanda l'impérial.



« Le 14 Vifazur. Vous n'avez pas raté grand chose à vrai dire. L'Empire négocie le traité de paix avec le Thalmor. C'est la seule chose à savoir, en fait. J'ai bien peur que cela ne joue en notre défaveur... » dit l'Elfe.



Marius ne savait pas comment le prendre. Après tout, son guérisseur était un Altmer. Même si tous n'étaient pas en faveur du Thalmor, on ne pouvait jamais savoir si la personne devant nous jouait un rôle ou si elle était sincère. Voyant l'expression qu'affichait le Légat, le Haut-Elfe se reprit immédiatement :



« Je voulais dire pour l'Empire, pas pour Alinor. Les valeurs du Thalmor sont dépassées, il n'y a pour moi aucune race supérieur. Nous ne sommes plus dans l’Ère Méréthique et la domination des races est quelque chose que je trouve révulsant. »



L'impérial jugea la tirade de Ranwil sincère, s'empressant alors de meubler la conversation :



« J'imagine que vous avez raison, pour ce qui est du traité de paix. Les mers d'Alinor ont conquit beaucoup de territoires qui appartenaient à l'Empire, ça leur donne un poids indéniable... Mais si il faut continuer la guerre, l'Empereur ne pourra pas suivre les Thalmor sans risquer de perdre ce qu'il lui reste d'hommes. À mon avis, on approche de l’événement le plus marquant de notre Ère. »



L'Elfe hocha la tête, pour montrer qu'il adhérait aux propos de Marius. Celui-ci demanda alors à son sauveur si il pouvait aller parler avec Ma'Shanjii. Au départ peu confiant, Ranwil lui autorisa la chose, non sans l'avertir que la guérison n'était pas son seul domaine de prédilection. Le Khajiit était allongé dans une pièce similaire à celle où le Légat s'était remis de ses blessures. L'homme-chat était conscient, bien que toujours affaibli. Lorsque son regard se posa sur l'impérial, ses poils se hérissèrent. Tout son corps était écœuré par la présence de celui qui l'avait tant malmené.



« Je viens juste voir si tout va bien... Je suis désolé de ce que je t'ai fait subir. » lança Marius.



« J'aurai fais pire à ta place, tas de viande. Ça ne s'arrêtera pas là, tu m'entends ? »



Visiblement le combat n'était pas terminé pour le félin. Porté par la rage, il se releva pour frapper l'impérial. Ce dernier ne bougea pas, encaissant une droite lamentable. Suite à cela, le Khajiit tomba au sol et le Haut-Elfe accourra, craignant que le Légat n'ait décidé d'en finir avec Ma'Shanjii. Voyant que Marius n'était pas dans la capacité d'assommer aussi sobrement quelqu'un, il ne lui fit aucun reproche. Sa seule requête avait été que l'impérial sorte et aille se reposer, ce qu'il fit.



Pendant encore quelques semaines il se remit de ses blessures. Le Khajiit avait quant à lui été déplacé ailleurs, pour éviter qu'il ne se blesse. Alors que Marius dormait tranquillement un matin de Soufflegivre, quelqu'un fit interruption chez Ranwil.



« Ils ont signé le traité de paix ! Le traité est signé, venez vite guérisseur ! » s'exclama la personne.



L'Elfe suivit le messager jusqu'à la résidence du seigneur Lotar. Celui-ci fit lui même la lecture du document :



« Citoyens de l'Empire : suite à des mois de délibérations avec nos anciens ennemis, nous en sommes arrivés à ratifier un traité... »



Chapitre 11 : Le Traité de l'Or Blanc



Lotar continuait à lire le parchemin qu'il avait dans les mains :



« Le document dont il sera question ci-dessous sera appelé le Traité de l'Or Blanc. En voici le préambule, ainsi que les principaux axes qu'il contient :



Mes loyaux sujets, comme tout un chacun le sait il est un temps où il faut poser les armes et laisser le temps passer. C'est ce qu'il faut que l'Empire fasse si il veut survivre à cette époque marquée par les ténèbres. Suite à la Grande Guerre et à la Bataille de l'Anneau Rouge, les armées Thalmor ont été éradiquées de Cyrodiil et les légions impériales sont en sous effectif flagrant : aucune de nos compagnies ne possède plus de la moitié de ses hommes en état de combattre et quelques unes ont même été anéanties. Pour cette raison, une nouvelle nécessité est apparue : mettre fin au conflit sanglant qui a eu lieu en Tamriel. L'Empire, votre Empire, n'est plus en état de combattre le Domaine Aldmeri même si celui-ci a grandement souffert. C'est pourquoi par le présent document nous déclarons la Grande Guerre officiellement terminée.



Du fait de la présence très affirmée des Hauts-Elfes sur les anciennes possessions impériale, nous leur accordons un droit d'ingérence dans les affaires politiques, économiques et religieuses de notre glorieux Empire. De plus et toujours afin d'éviter la guerre, nous avons du accepter plusieurs conditions avant de ramener la paix en Tamriel :



La première est une des raisons qui ont déclenchées le conflit :



Le culte de Talos, également appelé Tiber Septim, est dorénavant banni de la religion officielle. Aussi rejoignons-nous les Altmers sur le fait que, bien qu'il ait été un grand homme, le fondateur de l'Empire n'en devint pour autant pas une divinité. Toute personne contrevenant à cette idée sera passible d'une amende fixée par le Domaine Aldmeri selon la gravité de la situation. De plus, une peine de prison sera appliquée à quiconque sera pris entrain de prier Talos. Si cette personne venait à résister à l'arrestation, les Elfes auront alors le droit d'exécuter sommairement celle-ci, sans aucune forme de procès.



La deuxième est du à la présence Altmer dans la plupart des provinces de l'Empire :



Chaque souverain devra rendre des comptes aux agents Thalmor. Toutes les institutions ayant une forme d'importance militaire, religieuse ou politique se verront attribuer un conseiller ou, à défaut, devront obéir aux directives Elfiques. Tous les archimages des régions concernées recevront de même un conseiller en magie. En outre, le Domaine Aldmeri aura également procuration sur le commerce impérial et se verra payer une taxe fixée par les Elfes eux-mêmes.



La troisième est du à la domination militaire du Thalmor dans certaines provinces :



Ainsi, le sud de Lenclume passera sous commandement Altmer. Cela comprendra la plupart des villes côtières déjà sous l'emprise du Domaine, à savoir Helgathe, Taneth, Gilane et Rihad en plus d'un grande partie du désert d'Alik'R. En somme toute autorité impériale sera destituée de ces régions au profit des Hauts-Elfes... »



Lotar ne prit pas la peine de lire les autres termes du traité. Toutes les personnes venaient de se rendre compte que la guerre ne se terminerait pas de si tôt pour eux. Alors que des cris de colère s'élevaient de partout dans la salle où trônait le souverain, celui-ci réclama le silence.



« L'Empire ment au reste de Tamriel. Les villes du sud ne sont pas sous contrôle Altmer, vous et moi en sommes la preuve vivante ! Une chose est sûr, Lenclume ne se laissera pas faire. Nous ne nous laisserons pas prendre notre terre aussi facilement, ce n'est pas une attitude digne d'un rougegarde ! »



Ses sujets semblaient captivés par ce qu'il disait. Au final, les rougegardes présents ne semblaient pas ennuyé par le fait que la guerre continuait. Marius venait d'arriver et Ranwil eut vite fait de lui expliquer la situation. La nouvelle le choqua, lui qui avait participé à la reprise de la Cité Impériale et à tant d'autres campagnes qui firent mal aux Thalmor. Certes l'Empire avait subit de lourdes pertes, mais le Domaine Aldmeri était dans la même posture. La seule chose qui pouvait faire croire aux citoyens sous la coupe de Titus Mede II que les Hauts-Elfes pouvaient écraser les hommes était l'arrogance dont ils faisaient preuve depuis si longtemps. Pour autant, le Légat était certain que la guerre pouvait tourner en faveur de l'Empereur si il avait eu le courage de continuer le combat. Lotar commençait déjà à hurler des propos barbares, allant jusqu'à dire que si l'Empire ne soutenait plus Lenclume, il faudrait faire sécession et continuer la lutte.



Mais Marius savait que ce terme du traité était une ruse des Altmers pour amputer les régents Cyrodiiléens de leurs guerriers les plus habiles : les rougegardes. Si le pays des Yokus devait réellement continuer la guerre, il ne fallait en aucun cas que la province ne se sépare de l'Empire. C'était tout ce que désirait le Thalmor pour abattre son ennemi. Cela dit le Légat savait également que les hommes à la peau tannée étaient des gens susceptibles et indomptables. Si ils étaient mis de côté il leur faudrait du temps pour pardonner la traîtrise. Une impasse se dressait désormais devant le gouvernement de Lenclume. Marius s'adressa alors à Ranwil :



« J'ai l'impression que cette belle contrée va voir beaucoup de sang couler dans les années à venir... »



Chapitre 12 : Tranquillité.



Dans les jours qui suivirent, Lotar était devenu enragé, discourant tous les jours sur la place central de Rihad. Il disait que l'Empire abandonnait Lenclume, que la lâcheté s'était installée au pouvoir. Le gouvernement rougegarde ne tarda pas à réagir au Traité de l'Or Blanc, d'une manière qui attrista Marius. Bien évidemment, les hommes à la peau tannée ne s'étaient pas laissés faire et avaient déclaré la guerre au Domaine Aldmeri. L'Empereur se trouva alors dans une situation difficile : soit il soutenait Lenclume et s'attirait les foudres des Altmers, soit il expulsait la région de son Glorieux Empire pour préserver la paix. Sa décision fut vite prise et il livra alors les rougegardes à leur sort.



Le Légat avait donc vu juste et la guerre ne s'était alors pas arrêtée. Mais les conflits commençaient à l'ennuyer. Tout ce qu'il voulait était de retourner chez lui à Sentinelle, de revoir ses parents encore une fois. Un messager vint le trouver, à bout de souffle :



« Marius Antiocus ? J'ai un message pour vous... De la part du seigneur Lotar. Il veut que vous veniez immédiatement à sa rencontre, il ne m'a pas dit pourquoi. »



L'impérial savait ce qui l'attendait. Il pressa le pas vers le palais, se rendant compte qu'il avait recouvré ses capacités en majeure partie. Le régent était debout devant son trône, visiblement toujours furieux contre Titus Mede II.



« Ah, te voilà. J'ai besoin de toi. Je sais que je t'avais promis de te laisser partir, mais les choses ont changées. Je ne pense pas que cela durera longtemps, mais j'aimerai que tu restes ici pour défendre la ville. Ça donnerait du courage à mes hommes. Je t'offrirai tout ce que tu voudras, je le jure sur mon honneur et sur mon rang. Tu ne manqueras de rien si tu m'aides. » expliqua-t-il.



Marius avait vu juste, Lotar voulait le garder près de lui. Ce n'était cependant pas comme quelques mois auparavant, alors que l'Empereur lui avait demandé de donner sa vie pour former des légionnaires. Dans le cas présent, il réintégrait une forme d'armée, aussi mal ordonnée fusse-t-elle.



« J'aimerai avoir quelques jours pour réfléchir à ça. Ce n'est pas une décision qu'on prend à la légère... Mais avant tout, je voudrai sav... »



Une énorme détonation coupa l'impérial au milieu de sa phrase. Le seigneur et lui restèrent immobile quelques instants, chacun cherchant à découvrir ce qui avait causé le bruit. Plusieurs autres explosions leur parvinrent aux oreilles. Elles semblaient se rapprocher. Alors qu'ils tendaient l'oreille, une perça à travers les murs :



« Le Thalmor ! À vos postes ! »



Marius et Lotar ne restèrent pas longtemps bouche bée et se hâtèrent hors du palais. Plusieurs hommes de la garde criaient aux civils de rentrer dans leurs maisons. Toutefois, les adultes ne semblaient pas résolus à se terrer chez eux et prenaient les armes. Le son des centaines d'Elfes de l'autre côté des remparts se fit pressant et les archers surélevés décochaient des flèches en direction de l'armée ennemie avec frénésie. Ils furent vite carbonisés sous les yeux des soldats de Rihad, impuissants.



« C'est votre heure de gloire ! Plutôt que d'attendre qu'ils n'enfoncent la porte, nous leurs fonceront dessus avec bravoure ! Ils ne verront rien venir ! » vociféra Lotar.



L'impérial, pour sa part, n'avait pas la même assurance que le régent rougegarde. Si il y avait une chose de certaine avec les Hauts-Elfes, c'était qu'ils ne se laissaient pas avoir bêtement. La manœuvre du chef de la ville allait bien vite le tuer lui et tous ses hommes. Marius resta en retrait, voyant les hommes à la peau tannée foncer sur les lignes Altmers, surprises de voir l'adversaire leur rentrer dedans. Au départ, Lotar fit un véritable carnage, décimant les troupes du Domaine. Mais la tendance s'inversa rapidement et il se retrouva encerclé par des fantassins en armure elfique.



Le Légat savait reconnaître une situation désespérée quand il en voyait une, de fait il courra à s'en rompre les jambes vers chez Ranwil. Celui-ci commençait à barricader sa demeure, pour protéger les malades et les blessés dont il s'occupait. Marius n'y alla pas par quatre chemins et défonça les quelques planches de bois placées contre la porte d'entrée. Face à lui se tenait un guérisseur tremblant et effrayé.



« Ça va pas de défoncer la porte des gens ? Tu m'as fichu une de ces trouilles ! Pourquoi t'es là ? Tu devrais pas te battre contre le Domaine ? » demanda Ranwil, dont la voix sous-entendait une panique totale.



« Ça ne sert à rien de lutter avec la garde de la ville ! Ils sont entrain de se faire écraser par le Thalmor ! Si on ne bouge pas tout de suite, on meurt tous ! » répliqua Marius.



Après quelques secondes d'hésitations, le Haut-Elfe se décida à bouger. Alors qu'il tentait de soulever un blessé, l'impérial lui jeta un regard disant qu'il fallait laisser les poids morts ici. Le mer était atterré par l'attitude du Légat. Certes la mort les entourait, mais le temps était propice à l'entraide. Il recommença tout de même à soulever un jeune homme avec un bandage au torse.



« On n'a vraiment pas le temps Ranwil, ils arrivent ! Tu fais ce que tu veux, mais je pars. Je mourrai pas aussi bêtement personnellement ! »



Un bruit sourd tonna dans les environs. Marius pensa alors que le Thalmor avait amené des catapultes, ce qui n'arrangeait rien à leur situation. C'est cet instant que choisit Ma'Shanjii pour sortir de sa chambre, désorienté. En effet un énorme rocher avait traversé la pièce où il se reposait, faisant tomber le toit. Le bruit l'avait réveillé mais il ne comprenait pas encore ce qu'il se passait. Le fracas strident des combats se fit plus fort, plus clair.



« Ma'Shanjii ! Suis nous si tu veux vivre ! » tonna Marius.



« En tout cas je reste... » fit Ranwil.



Le Khajiit obéit à l'impérial et tous deux se dirigèrent vers la sortie de la place du marché. Les Hauts-Elfes s'approchaient de plus en plus d'eux, ne rencontrant qu'une résistance dérisoire. Une véritable course contre la mort se déclencha alors, les deux hommes ayant été détectés. Plusieurs soldats les poursuivirent à travers la ville. Ma'Shanjii, bien que blessé, en étripa un de ses griffes tandis que l'impérial planta son glaive entre les jambes d'un autre.



« C'est quoi ce merdier ? » cria le Khajiit.



« On n'a pas le temps ! »



Ils déboulèrent sur le port de Rihad. Sur six bateaux présents, deux avaient le mat fracturé et les voiles d'un autre s'étaient enflammées. La seule échappatoire pour eux était de fuir avec l'un des navires restants. Alors qu'ils s'approchaient d'un grand vaisseau aux voiles noires, une dizaine de Thalmor les avaient rattrapés. La situation était délicate désormais, car ils n'étaient que deux, en plus d'être blessés. Dans une ultime tentative, les camarades d'infortune chargèrent le groupe adverse. À peine en avaient-ils tués trois qu'ils furent immobilisés. Un mer en robe de mage s'approcha d'eux.



« Vous voyez, rien n'échappe à notre toute puissance, vermisseaux. Notre race supplantera toutes les autres. Aujourd'hui Rihad, demain tout Lenclume. Et après Tamriel. » fit-il avant de rire.



Sur ces mots il jeta la tête de Lotar au sol, qui roula jusqu'aux pieds du Khajiit. Alors que la situation semblait désespérée, un cri vint troubler le moment. C'était Ranwil, qui se précipitait sur les mers restants, dans une posture furieuse.



« Vous n'êtes pas de vrais Hauts-Elfes ! Tuer des hommes malades ou blessés, ce n'est pas digne de votre race ! »



L'Altmer lança plusieurs sorts sur ses congénères, qui furent obligés de battre en retraite. C'était l'occasion rêvée pour eux de s'enfuir. Ils devaient rejoindre le bateau et s'enfuir au plus loin. Alors que Marius montait sur le vaisseau, il vit une lueur bleue lui foncer dessus. Tout devint noir.



Chapitre 13 : Dérive.

Le Légat avait dormi longtemps, sonné par un sort qu'il avait reçu de plein fouet. Son réveil fut difficile, car le bateau sur lequel il était tanguait au fil de vagues déchaînées. Marius n'avait jamais eu le pied marin, voilà pourquoi il n'était pas devenu pirate et ne le deviendrait certainement pas. En se levant, il vit que tout autour de lui la mer s'étendait, alors que la nuit avait déjà pris possession de Tamriel. La pluie tombait sur les voiles, dans un bruit caractéristique du tissu frappé par l'eau. Devant lui se trouvait une cabine, qui avait certainement appartenu au capitaine du navire. Assuré que personne ne viendrait le sortir du navire, il entra dans la pièce. Ranwil était entrain de se débattre avec une carte et un compas.

« Il s'est passé quoi ? » demanda Marius.

« Ah, tu es réveillé. Tu as pris un sort en pleine figure, ça t'as assommé pendant quelques heures. Bon, j'ai deux mauvaises nouvelles à t'annoncer. La première, c'est que Rihad est complètement tombée aux mains du Domaine Aldmeri, donc on ne peut pas faire marche arrière. »

« Et la seconde ? » fit l'impérial, inquiet.

« On est perdus au milieu de nulle part. Tout ce que je sais, c'est qu'on est dans la mer Abécéenne. Mais je ne sais pas utiliser le compas et la navigation, ça ne me connaît pas... »

Ce que le Haut-Elfe apprit à Marius lui mit un grand coup au moral. Le temps n'était pas propice aux aventures en haute mer. En fin de compte, il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui même. Il avait après tout poussé ses camarades à monter à bord, alors qu'aucun d'entre eux n'avait de notions dans le domaine maritime.

« Et Ma'Shanjii, il va bien ? » s'enquit le Légat.

« Ah, ce malade ! Il est à la barre. J'ai beau avoir essayé de l'en dissuader, il tenait absolument à diriger le bateau... À mon avis on ferait aussi bien de se jeter à la mer tout de suite, ça nous fera gagner du temps. » répondit Ranwil d'un ton morose.

Le Khajiit était droit comme un piquet, un sourire aux lèvres découvrant ses dents carnassières. Il avait l'air de s'amuser dans l'activité qu'il entreprenait. En voyant Marius arriver, il perdit cependant toute forme de joie et arbora des sourcils magnifiquement bien froncés. La chose fit rire l'impérial, même si la situation était grave.

« Tu sais, on risque d'être coincés ensemble pendant un petit moment... Alors tant qu'à faire, on devrait rendre notre relation plus amicale, tu ne crois pas ? »

Ma'Shanjii souffla fortement par les narines, pour montrer qu'il trouvait l'idée ridicule.

« On ne deviendra jamais amis. Même si ça me tue de te dire ça, je te remercie pour m'avoir sauvé la vie. En contrepartie je jure de ne jamais essayer de te tuer, aussi humiliante qu'est pu être ma défaite. Ma gentillesse s'arrête là. »

Marius tourna les talons sans répliquer. Il faudrait du temps à l'homme-chat pour lui pardonner. Coupant net ses pensées à propos de son rival, il se confia la tâche d'inspecter les cales et surtout de trouver de quoi se nourrir. Après une heure d'investigations sur le pont inférieur, il trouva quelques tonneaux remplis d'alcools divers. Plus haut, dans ce qui semblait être la cuisine du bâtiment, il trouva de quoi les nourrir pour plusieurs semaines : des livres et des livres entières de viande noyées dans le sel. Grâce à cela, les provisions tiendrait très longtemps. Au final, le seul vrai problème qui se présentait à eux était de se diriger entre les vagues. Ils dînèrent tous les trois dans un silence de mort, chacun voyant son moral remonter grâce à la nourriture. Les trois camarades savaient que les jours à venir allaient être longs. Ils allaient devoir apprendre à connaître le bateau comme le fond de leur poche si ils voulaient survivre.

Le lendemain matin ils décidèrent de la course à suivre. Ranwil marquerait leurs déplacements sur la carte qu'ils avaient, Marius irait en haut du mat le plus élevé pour servir de vigie et Ma'Shanjii conduirait le vaisseau. Diriger un bateau de pirate à trois n'était pas une mince affaire, encore moins quand on ne savait pas vers où on se dirigeait. Après quelques jours d'adaptation, l'impérial avait réussi à vaincre son mal de mer et pouvait désormais déambuler le long du pont sans problème. C'est alors qu'il commença à rêver de la vie qu'il aurait eu si ce bateau avait toujours été le sien. Il aurait appris le maniement de la barre et à se servir d'un compas, se serait constitué un équipage et aurait écumé les mers pendant de longs mois, à travers Nirn tout entier.

Deux semaines après leur périple, aucun bout de terre n'avait été entrevu et la panique gagnait peu à peu Ranwil. L'isolement le rendait paranoïaque et légèrement fou. Marius trouvait que ça lui donnait du caractère. L'alcool omniprésent sur le navire n'arrangeait rien à leur situation car l'eau leur faisait défaut. Chose que faisait rire tous les marins, car malgré le fait qu'ils eussent étés entourés d'eau ils ne pouvaient pas se désaltérer. Tous les soirs le Haut-Elfe allumait un petit feu magique qu'il suspendait au dessus des trois compères pour les réchauffer. Ils déplaçaient également une table du réfectoire en plein milieu du pont et jouaient aux cartes en se racontant des histoires. Au départ peu attiré par la chose, Ma'Shanjii finit par accepter de les rejoindre. Ainsi, tous les soirs il jetait l'ancre et attendaient le lendemain pour reprendre la navigation. Chacun parlait de sa jeunesse, de ses aventures, des femmes qu'ils avaient connues.

Leurs nuitées à jouer aux cartes et à apprendre à se connaître avaient même rapprochés Marius et le Khajiit, même si celui-ci gardait des réserves, préférant parler de légendes et de contes d'Elsweyr. Au final, la situation était quand même douce et chaleureuse malgré leur dérive dans la Mer Abécéenne. Ma'Shanjii avait fini par faire jurer à l'impérial que dès qu'ils le pourraient, ils se retrouveraient en combat singulier dans une arène. L'alcool aidant, celui-ci accepta en riant, promettant qu'il remettrait une raclée phénoménale au Khajiit.


Chapitre 14 : Stirk

La nourriture faisait défaut aux compagnons. Après un mois passé dans une relative insouciance, la réalité les avait rattrapés. Désormais la faim s'insinuait dans leurs estomacs. Ils se rationnèrent pendant une semaine complète. Tout au long de celle-ci, des tensions apparurent dans le groupe. Ma'Shanjii accusa Ranwil de piller les réserves la nuit, car c'était celui qui avait l'air le moins amoindri. Marius dut intervenir pour séparer ses deux compères, ceux-ci oubliant complètement leur faim pour en venir aux mains. La situation devint vite chaotique, l'impérial obligé de toujours avoir un œil sur les deux autres. Le bateau sur lequel ils se trouvaient devaient effrayer la plupart des gens. C'était un navire fait de bois, comme n'importe lequel, mais quelques planches manquantes dans la coque ainsi qu'une couche de peinture noire venaient lui ajouter un air relativement fantomatique. En plus de cela, des dizaines de grincements se faisaient entendre par dessus le bruit des vagues, un peu comme si le navire avertissait ses occupants d'un danger quelconque.

« Hé Marius... Il a l'air bon Ma'Shanjii. J'aimerai bien goûter du Khajiit, pour voir si c'est nourrissant. J'suis sûr que c'est comme du poulet ! Je vais lui demander si il veut bien me donner un bout de son bras ! »

Ranwil commençait à délirer sévèrement. Il se dirigea vers l'homme-chat pour lui demander ce qu'il avait en tête, mais l'impérial l'en empêcha en l'assommant net. Au départ surpris, Ranwil tomba rapidement dans les pommes. Le félin ayant vu cela, il s'était précipité sur Marius.

« On va le manger Marius ? Ma'Shanjii a faim ! De l'Elfe au repas, rien de tel ! Ma'Shanjii veut manger de la bonne viande bien fraîche ! »

Apparemment l'alcool et la carence de nourriture rendaient fous ses compagnons. Il était le seul à garder la tête relativement lucide, même si il lui arrivait quelques fois d'entrevoir le Khajiit comme un bon gros filet de viande. Il ne devait pas sombrer dans la folie qui s'étaient abattue sur Ranwil et l'homme d'Elsweyr. Pourtant, c'était tellement tentant de voir toute cette nourriture potentielle. Il se retint cependant d'assouvir ses besoins alimentaires sur ses camarades, préférant mourir de faim que de s'abaisser au cannibalisme. Ma'Shanjii continuait à tourner autour du Haut-Elfe comme un prédateur le ferait pour une proie blessée. Ses babines étaient retroussées et tout son pelage était dressé. Au bout de quelques instants, il se rua sur Ranwil, encore inconscient. Avant que Marius n'ait le temps de réagir, il avait dévoré un petit bout du bras de l'Altmer, ce qui le réveilla. Son membre supérieur saignait et quelques lambeaux de chair pendaient anormalement par le bas.

L'impérial se décida alors à enfermer le Khajiit dans la soute, pour éviter qu'il ne recommence ce qu'il venait de faire. Après avoir fait ce qu'il devait faire, il revint voir le Haut-Elfe qui marmonnait des incantations incompréhensibles au dessus de son bras meurtri. La plaie se referma en moins de trois secondes, revenue à la normale.

« C'est impressionnant comme magie... Il ne faut pas en vouloir à Ma'Shanjii, il est désespéré comme toi et moi. Son côté animal le pousse à suivre une sorte d'instinct de survie plus fort que le notre. Je suis sûr qu'il s'en veut énormément à l'heure qu'il est. »

« C'est bon. Je sais que c'est bizarre, mais je comprends. Je voulais faire la même chose après tout... »

L'incident terminé, Marius se retourna pour reprendre son poste de vigie. Il s'avère que pendant tout l’événement qui venait d'avoir lieu, le bateau s'était approché d'une île. Cependant le navire allait trop vite vers l'avant et risquait de s'échouer sur la côte. Excités par la perspective de poser le pied sur quelque chose qui ne tanguait pas, Ranwil et l'impérial œuvrèrent pour amarrer le bateau du mieux qu'ils pouvaient. Après des minutes d'intenses efforts, ils parvinrent à jeter l'ancre et ralentir le vaisseau.

Devant eux se dressait une villa gigantesque, surplombant une petite baie en contrebas. Au moins, l'île n'était pas déserte. Avant de se lancer dans l'exploration, l'Elfe et l'impérial invitèrent Ma'Shanjii à sortir. Celui-ci, voyant la terre s'étendre non loin du bateau, courra jusqu'au bord, se jeta dans l'eau et nagea jusqu'à la plage dans la baie sans dire la moindre chose.

« Il va chasser des trucs, tu crois ? J'ai l'impression qu'il a perdu le côté humain des Khajiits, c'est effrayant à voir... » confia l'Altmer.

« C'est pas le plus important. Il faut qu'on sache qui vit ici et si ils sont hostiles. On pourrait tout aussi bien être chez le Domaine Aldmeri qu'autre part. Restes sur tes gardes. »

Ils empruntèrent une des barques accrochées aux côtés du bateau, dans le but de gagner la terre. Après une vingtaine de minutes passées à ramer, ils arrivèrent enfin à destination. Quel était donc cet endroit ? Le manoir qui surplombait la baie donnait l'impression que quelqu'un ici cherchait à dominer complètement la zone. C'était une bâtisse qui semblait ancienne, ravagée par le temps et l'érosion. Pourtant, alors qu'ils s'approchaient non sans une once de crainte, quelqu'un vivait bel et bien ici. Des traces de pas avaient formé un petit sentier en travers de la colline sur laquelle était posé le bâtiment et ils trouvèrent ça et là des torches et des vêtements.

Devant se dressait désormais une immense porte. Elle était faite en chêne et était donc solide. Un heurtoir de forme circulaire se trouvait au milieu de la construction. Au départ hésitant, Ranwil prit l'initiative et frappa à la porte. Le bruit qui en découla avait été extrêmement puissant, quasiment assourdissant. Quand le heurtoir eut finit de résonner, des bruits de pas feutrés se firent entendre. Après quelques secondes d'attente, Ma'Shanjii apparut derrière eux et les effraya. Ils avaient déjà oublié que le Khajiit était parti à l'avance. Celui-ci ne pipa mot, adoptant la même attitude que ses compagnons. La porte du manoir fini par s'entrouvrir et un chambellan en sortit :

« Bienvenue sur l'île de Stirk. Vous êtes au manoir de Sire Galabrius, monseigneur vous attend dans la salle à manger. »


Chapitre 15 : Dans l'ombre des géants.

Le hall d'entrée était couvert d'ornements divers, tous de style angulaires et parfaitement calculés dans les moindres détails. Dans le plus pur style impérial, des gravures étaient éparpillées le long d'un couloir où l'on aurait pu placer deux mammouths sans problèmes. Elles représentaient des batailles célèbres de l'histoire de Tamriel, en allant de la libération des hommes par Alessia à la crise d'Oblivion. Une chose était sûre, la personne qui possédait la propriété était à bien des lieues du besoin. Le majordome avait fait découvrir les lieux aux visiteurs, sans oublier d'évoquer quand et comment la bâtisse avait été construite.

« C'est un manoir qui remonte au début de la 3 E. L'aïeul de Sire Galabrius , Messire Amulnir, s'est installé ici, au départ comme un simple homme voulant échapper aux tourmentes politiques de l'Empire. Après plusieurs années à s'installer, il a découvert des mines d'ébonite et d'orichalque. Au départ l'extraction était pénible, car il devait miner lui même l'endroit, à défaut d'avoir de la main d’œuvre. Bien entendu, après avoir revendu ses premiers kilos de minerais, il réussit à... »

Marius avait décidé qu'écouter l'homme parler ne servirait à rien. C'était l'histoire d'un endroit dont il n'avait rien à faire, au sujet d'une personne qui ne l’intéressait pas. Après de longues minutes à marcher à travers la maison ils arrivèrent enfin dans la salle à manger. Celle-ci était très lumineuse : un chandelier à trois étages et qui semblait être fait de cristal surplombait la pièce. Une grande table de verre se trouvait devant eux, remplie de nourriture au fumet délicat. Le Légat, Ma'Shanjii et Ranwil eurent tous les trois la même réaction d'émerveillement. En bout de table sur une chaise rouge au dossier élevé, Sire Galabrius scrutait ses invités, un petit sourire aux lèvres. C'était un impérial âgé d'une cinquantaine d'années, ayant un penchant prononcé pour les habits des ères antérieures.

« Ah, voilà mes convives. Asseyez-vous, je vous en prie. Sachez que je suis très heureux de vous recevoir enfin. Je vous attendais plus tôt. »

Les trois compagnons furent choqués par ce que leur hôte venait de dire. Après quelques secondes de silence et un maître de maison qui semblait froissé qu'on ne lui réponde rien, Ranwil prit la parole :

« Monseigneur... Que voulez-vous dire, par « nous attendre » ? » demanda-t-il.

« Eh bien c'est très simple. Vous êtes de la Commission d'Exploitation Souterraine Impériale, n'est-ce pas ? Et je vous rappelle que vous êtes en retard. Votre inspection devait avoir lieu il y a bien longtemps. » répondit Sire Galabrius.

L'étonnement s'empara des compères. Visiblement, ils avaient été pris pour d'autres personnes. Pourtant, aucun ne vint contredire le noble, appâtes par le repas devant eux. D'un simple regard, ils s'étaient mis d'accord pour ne rien dire.

« En effet, nous sommes là pour ça ! Nous allons... inspecter votre domaine. » fit Marius, peu confiant.

Le chambellan et son maître ne dénichèrent pas le mensonge et le repas pu enfin commencer. Des serviteurs apportaient divers alcools afin que nul n'ait la gorge sèche. Ils avaient accosté en fin d'après-midi, alors que le soleil commençait à se coucher. Après leur dîner bien fourni, la nuit était déjà bien entamée. Sire Galabrius invita alors ses trois visiteurs à s'installer dans leurs quartiers. Les chambres étaient au premier étage. Tous avaient leurs propres endroits où dormir, ceux-ci étant adjacents les uns aux autres. Les lits étaient doux, bien plus confortables que les tas de pailles qu'ils avaient utilisés sur ce bateau. La nuit fut paisible, sans autre bruit que celui des vagues fonça mollement sur le sable et les rochers au bas du manoir. Tous s'étaient endormis sans problème, sans même une once de suspicion.

Au petit matin Lysandius, le chambellan, était venu les quérir pour le petit-déjeuner. Celui-ci avait été copieux, fait de petits pains et de lait aromatisé par magie.

« Maintenant que vous êtes reposés du voyage, j'imagine que l'on peut passer aux choses sérieuses. Tout d'abord, vous irez inspecter le village de mineurs qui se trouve à l'intérieur des terres. Les habitants sont un peu rustres, je préfère vous prévenir. Aucun de mes suivants ne peut vous accompagner, malheureusement. Mais on vous donnera les indications nécessaire pour retrouver l'endroit. De plus le chemin est complètement balisé, ce qui facilitera votre progression. » expliqua Galbrius en sirotant tranquillement son lait.

Sans plus de cérémonie, Lysandius avait ramené Marius et ses compagnons aux portes du domaine, leur expliquant qu'ils devraient suivre le sentier devant eux. Il avait affirmé qu'ils ne rencontreraient aucun ennui sur la route. Ils se mirent alors en marche d'un pas léger, adoptant une position aussi hautaine que possible, pour ressembler à tout inquisiteur impérial lambda. Dès qu'ils furent hors de portée, Ma'Shanjii revint à une stature normale et parla aux deux autres :

« Dites... Vous trouvez pas qu'il a quelque chose de bizarre ? Que toute cette île a quelque chose de bizarre ? Mon instinct ne me trompe pas, c'est pas de la nourriture et des bonnes manières qui vont me faire dire le contraire. »

Tous éprouvaient le même sentiment d'inconfort que le Khajiit. Tout était trop parfait, trop beau sur cette île. Quelque chose ne collait pas au contexte. Ils passèrent la route à discuter de leur situation, chacun évoquant ses craintes, aussitôt balayées par un autre. Ils se rassuraient mutuellement. Le chemin qu'ils avaient emprunté se transforma rapidement en une pente relativement difficile. Après une montée assez rigoureuse, ils débouchèrent enfin sur un paysage qui les impressionna. Une gigantesque vallée, surplombée par deux petites montagnes de plusieurs centaines de mètres. Celles-ci dominaient un fleuve à plusieurs embranchement ainsi qu'un village, au creux de la formation terrestre. De par leur position, les habitations ne se trouvaient au soleil qu'entre midi et quatorze heures. Le reste du temps, l'obscurité envahissait les lieux et le froid y était donc omniprésent. Les compères descendirent la côte devant eux, en direction du village. De leur position l'endroit semblait assez proche, mais ils se rendirent vite compte que la distance était en fait très grande. Cela leur prit une heure pour faire la route.

Ils arrivèrent en périphérie des lieux, où une pancarte disait :

« Bienvenue à Noxivitas, la ville de l'ombre permanente. »

« Ça m'a l'air tout à fait lugubre... » fit Ranwil, dépité.

Personne n'ajouta quoi que ce soit. Au lieu de quoi, ils avancèrent vers les maisons les plus proches pour se présenter. Les quartiers étaient disposés de façon étrange, suivant ce qui semblait être un quadrillage géographique. Le tout semblait relativement agréable à vivre, même si la pénombre n'aidait en rien le côté délabré de l'endroit. En effet, et même si de nombreuses échoppes sautaient aux yeux des aventuriers, les bâtiments semblaient délaissés. C'est alors qu'ils observaient une maison aux bords brûlés que Marius parla :

« Au fait... Où sont les mineurs ? »

Chapitre 16 : Noxivitas, ville de l'ombre.

L'impérial avait soulevé un point intéressant. L'endroit devait normalement être plein de vie, de bruits de mineurs en plein travail acharné pour gagner leur vie. Mais il n'y avait rien de tout ça, juste un silence pesant. On aurait pu croire qu'une catastrophe avait dévasté la région, tellement tout semblait mort. Même le vent était absent de cet endroit vide et désespéré. Ils décidèrent enfin de taper à la porte de l'habitation la plus proche. Rien. Pire, la porte s'était aussitôt transformée en un tas de poussière, ne supportant pas le choc qu'elle venait de subir.

« Qu'est-ce que... Je l'ai à peine effleurée ! » fit un Ranwil qui commençait à devenir blême.

« J'aime pas cet endroit... Il y a un truc pas net, je flaire les problèmes... » dit alors Ma'Shanjii.

Marius ne participa pas aux délires de ses amis, il devait garder la tête froide pour tirer la situation au clair. Le Khajiit avait cependant raison sur une chose, quelque chose de mauvais s'était passé ici. Un événement qui a réduit toute la zone au mutisme. L'inquiétude gagna finalement l'impérial, au même titre que Ranwil et l'homme-chat. Les deux montagnes surplombant le village faisaient qu'ils se sentaient oppressés, observés par quelque chose de bien plus grand qu'eux. Tentant tant bien que mal de s'extirper du sentiment d'immensité qui les avait pris à la gorge, ils entrèrent dans ce qui avait été une auberge, bien des années auparavant. Après une inspection sommaire ils trouvèrent des bouteilles de Colodvie et ce qui s’apparentait à un journal intime. Suite à une lecture rapide, Ranwil clama que ce n'était que l'histoire d'un pauvre mineur désœuvré.

Ils passèrent le reste de la matinée à boire l'alcool qu'ils avaient trouvé. Sur les coups de midi, la taverne se réchauffa subitement. Le soleil passait entre les deux montagnes, bombardant ses rayons dans la vallée. Les compagnons allèrent alors en plein centre du village, où la chaleur était plus forte. De fait, ils avaient eu froid toute la matinée. L'arrivée de l'astre fut donc très bien accueilli. Alors que chacun appréciait ce moment à la fois simple et primordial, un bruit sourd se fit entendre dans les environs. La place où ils se trouvaient donnait sur deux longues avenues marchandes, elles mêmes débouchant sur d'immenses gouffres à même les parois des montagnes.

« Heu... Ça venait d'où ce truc ? » demanda Ranwil.

« Je sais pas... Mais je crois qu'on va devoir... » commençait le Khajiit.

« Entrer dans une de ces mines ! » coupa Marius, les yeux à la fois rêveurs et terrifiés.

« On rentre dans celle de droite ? » dit Ma'Shanjii excité.

« Non, je suis sûr que ça venait de la gauche ! » intervint l'impérial.

Ils débattirent ainsi pendant dix minutes, chacun arguant que son ouïe fonctionnait mieux que celle de l'autre. Naturellement, le débat se termina à coups de poings, sous le regard d'un Ranwil exaspéré. Celui-ci intervint avant que le pugilat ne se transforme en bain de sang. Alors qu'il tentait de séparer tant bien que mal les deux rivaux, le grabuge recommença.

« Ok, c'est à droite ! » conclut l'impérial, avouant par la même sa défaite face à l'homme-chat.

Malgré les protestations de l'Altmer, le seul assez sain d'esprit pour ne pas s'aventurer dans une mine abandonnée, le groupe s'avança lentement dans les ténèbres du gouffre. Une odeur de soufre vint leur piquer les narines, manquant de faire vomir Ma'Shanjii et son odorat mieux développé. Ils trouvèrent des torches près de l'entrée ce qui fit rire le Khajiit, lui qui pouvait voir dans le noir comme en plein jour. Du fait de sa vision supérieure, l'homme-chat menait le groupe à travers les couloirs sinueux taillés à même la roche. Ici aussi tout était vide et la sensation d'étouffement provoquée par le gaz rendait le parcours plus compliqué et effrayant. Dès qu'il entendait un bruissement dans les parages, le Haut-Elfe sursautait, apeuré de ne rien voir. Ils procédèrent ainsi pendant un long moment, avant de pénétrer dans ce qui semblait être la dernière partie minée.

Des poutres de renforcement se trouvaient partout au dessus d'eux et beaucoup d’échafaudages étaient éparpillés aux quatre coins de l'endroit pour faciliter l'excavation. Ils se trouvaient dans un cul-de-sac et aucun indice ne leur permettait de découvrir ce qui avait fait causé le boucan quand ils étaient sur la place. Les trois compagnons vérifièrent la cavité sous toutes les coutures, ne trouvant que de la poussière et des filons d'ébonite presque épuisés. Des pioches jonchaient le sol, lui même recouvert de tapis par endroits. Ma'Shanjii, avec sa vision nocturne, repéra alors quelque chose d'étrange : une trappe dans le sol, entrouverte. Une paire d'yeux brillants le fixait intensément. Celle-ci s'enfonça dans les ténèbres, comme pour inviter le groupe à la rejoindre.

« Y'a quelque chose ici. J'ai vu un truc me regarder... »

Le Haut-Elfe poussa un petit cri. Il pria les deux autres de retourner à l'extérieur tant qu'ils le pouvaient encore. Mais rien n'y faisait, Marius et le Khajiit captivés par ce qu'il leur arrivait. L'homme-chat empoigna la trappe et la souleva, intimant à l'Impérial et à l'Altmer de passer. Après une longue hésitation, Ranwil s'exécuta et mit la main sur une échelle faite dans un matériau étrange au toucher. Le Légat le suivit de près, attentif aux éventuels bruits qu'il pourrait entendre. Ma'Shanjii s'engagea à son tour dans la descente, prudent. Alors qu'il passait les échelons lentement, il vit que des créatures hideuses toisaient le groupe à partir d'alcôves sur les côtés. Elles ressemblaient à des hommes, mais certaines étaient déformées gravement au visage et sur la plupart du corps.

« Allez-y doucement... On est entourés. »

La peur de l'Altmer finit par atteindre son apogée. Il tentait de se contrôler au mieux, arpentant l'échelle qui n'en finissait plus. Alors que son pied manqua un échelon, il sentit quelque chose l'agripper. C'en était trop pour lui. Il perdit complètement toute notion de sang froid et lança un sort d'illumination. Tous ceux présents dans le rayon lumineux se trouvèrent momentanément aveuglés. Ma'Shanjii avait perdu l'équilibre, ses yeux agressés alors qu'ils s'étaient adaptés à l'obscurité. Il chuta lourdement sur Marius, qui emporta Ranwil dans sa chute. Fort heureusement le sol n'était plus très loin et personne ne fut blessé à l'atterrissage. Pendant ce moment, les créatures présentes s'étaient enfuies dans des galeries étroites, hurlant de douleur.

« Alors là vraiment, bravo ! Maintenant on va les avoir à dos ! » dit Marius, profondément énervé.

« Je suis désolé, un de ces trucs m'a touché... J'ai perdu le contrôle. Je vous avais demandé qu'on sorte d'ici pourtant ! Maintenant on va se faire tuer par ces trucs et je vous laisserai pas dire que c'est de ma faute ! »

Le Khajiit était resté au sol, encore blessé par le flash de lumière. L'Altmer s'excusa auprès de celui-ci et le soigna bien vite. Une fois remis sur pieds, l'homme-chat enfonça son poing dans les joues du guérisseur, qui s'étala à terre à son tour. Une fois sa vengeance prise, le groupe reprit la route. La luminosité commençait à revenir tout doucement et Marius éteignit sa torche. Les parois suintaient autour d'eux. Ils approchaient de quelque chose d'important, tous pouvaient le sentir. Alors que le couloir s'agrandissait, un tableau macabre leur fit face : des dizaines de cages étaient suspendues au plafond. Dedans se trouvaient des personnes mortes depuis des années, comme des gens encore bien vivants. Les créatures s'étaient mises à entourer le groupe. L'une d'elle s'approcha de Ranwil, l'air grave.


Chapitre 17 : Au fond de Stirk.

Le Haut-Elfe pouvait voir clairement la bête. C'était en fait quelque chose qui avait du être humain auparavant, mais que la vie sous terre avait transformé, au même titre que les Falmers de Bordeciel. Elle avait des yeux ronds et noirs, enfoncés profondément des les cavités oculaires. Sa peau semblait rugueuse et était extrêmement pâle. Son nez était écrasé au possible et des bouts manquaient à ses oreilles. De plus elle semblait nue, sans pour autant arborer d'appareil génital. Mais malgré son apparence repoussante, Ranwil vit bien vite qu'elle ne lui voulait pas de mal. Elle s'approchait pour regarder quelque chose qu'elle avait été il y a des années. Celle-ci tendit une main, aux ongles plus proches de griffes qu'autre chose. Elle se posa sur le visage de l'Altmer, qui ne bougea pas. Même si le dégoût l'emplissait il savait qu'on ne lui ferai aucun mal. Alors que son visage était palpé et inspecté sous toute les coutures, les congénères de la créature approchèrent et firent de même pour Marius. Seul Ma'Shanjii était épargné par ce rituel étrange, certainement de par ses origines félines.

Après de longues minutes dans un silence pesant, les humanoïdes pointèrent les cages du doigts. Les hommes et femmes emprisonnés avaient l'air terrorisés, sans avoir cependant remarqué toute la scène. Quelque chose d'autre les perturbait. Le Légat s'approcha de l'un d'eux, suivant la direction indiquée par les bêtes. Au départ surprise, la femme qui se trouvait dans la prison se mit bien vite à supplier l'Impérial :

« Qu'est-ce que... Vous, aidez-moi s'il vous plaît ! Sire Galabrius nous as fait enfermer ici ! Le vieil homme est complètement fou, il nous utilise comme du bétail ! »

Les autres personnes encore en vie dans les cellules suivirent vite le modèle de la femme, appelant au secours. Dans un brouhaha total, les trois compagnons forcèrent les cages du mieux qu'ils pouvaient. En effet ils n'avaient ni armes ni crochets, ce qui compliquait la tâche. L'homme-chat utilisa ses griffes pour détruire les serrures de l'intérieur, tandis que l'Altmer leur lançait des sorts. Seul le Légat avait des difficultés, mettant des coups de pieds dans les cadenas comme il pouvait. Après de longues minutes à libérer les mineurs, les trois hommes se retournèrent vers les créatures. Un large sourire était gravé dans leur visage animal.

« Il se passe quoi ici ? » demanda l'Impérial.

Personne ne lui dit quoi que ce soit, mais tous affichaient un air effrayé. Après quelques hésitations, l'un des prisonniers éleva la voix.

« Galabrius est devenu fou. Les mines sont un pièges, ce qu'il veut vraiment c'est des sujets pour ses expériences... »

Il jeta un œil vers les créatures avant d'ajouter :

« Ces... Choses là, ce sont des anciens mineurs d'ici, des sujets test ratés... »

Marius prit un énorme coup sur la tête. Il savait que son hôte de la veille était étrange, voir excentrique, mais pas qu'il torturait des personnes.

« Des tests pour quoi ? » fit Ranwil.

« Eh bien... On ne sait pas trop. Ça a commencé il y a presque cinq ans, un peu après le début de la guerre contre le Domaine Aldmeri. » expliqua le prisonnier.

Ses camarades commençaient à sortir de la prison, vers une immense porte en acier.

Au final, personne ne comprenait ce qu'il se passait réellement. Si une personne pouvait savoir de quoi il en retournait, c'était bien Galabrius lui-même. Le groupe se dirigea vers la porte, déjà entrouverte. Elle laissait paraître une lumière vive, bleutée. Ils entrèrent dans une pièce étrange, au cœur de laquelle se trouvait un gigantesque trou qui semblait aller au plus profond de Nirn. La lumière provenait de cet endroit. Marius remarqua qu'au bord de ce précipice se trouvait une sorte de plongeoir. Bien que fasciné, il continua d'avancer, suivant les prisonniers. Après avoir arpenté des couloirs larges, il retomba face à un escalier gargantuesque. Le marbre dont il était fait tira un « Oh » d'admiration de la part du Khajiit, attiré par ce qui brillait. Il vit également que les créatures les suivaient, bien que gênées par la luminosité.

Galabrius les attendait en haut des escaliers, escorté par Lysandius et des hommes armés. Visiblement, tout le monde ne survivrait pas à ce qui allait suivre.

Chapitre 18 : Pour l'Empire !

« Galabrius, pourquoi vous emprisonnez vos mineurs dans les souterrains ? » hurla Marius.

« Je suis déçu que vous ayez aussi bien fait votre travail, inspecteur... Vos prédécesseurs n'avaient pas eu le même flair que vous. Mais je veillerai à ce que vous n'en touchiez aucun mot à l'Empire, soyez-en sûr. » répondit celui-ci.

Son chambellan leva alors la main et des hommes chargèrent les escaliers, taillant leur chemin jusqu'à l'impérial au travers des prisonniers. Plusieurs bras furent arrachés de leurs corps alors que le sang coulait à flot. Le Légat intercepta un des servants par la main et lui fit lâcher son épée. Pendant ce temps là Ranwil paralysa deux hommes d'un coup et Ma'Shanjii saisit l'occasion pour s'armer. Commença alors une mêlée générale où l'Impérial et le Khajiit faisaient des hécatombes. L'homme-chat frappait avec toute la fureur dont il était doté et remonta bien vite les escaliers. Il sauta sur Lysandius et les deux combattants furent expulsés à travers une porte, loin des regards.

Le Légat focalisa son attention sur le propriétaire des lieux, décidé à le faire parler. Quelques créatures osèrent passer la salle au trou lumineux et vinrent renflouer les rangs des prisonniers. Elles décimèrent ce qu'il restait des hommes du seigneur Galabrius en un temps record. Celui-ci s'empressa alors de fuir vers ses quartiers, à travers son manoir. Marius partit à sa poursuite le long des couloirs tandis que le restant du groupe était escorté par Ranwil vers la sortie. Même si l'âge lui faisait défaut, l'impérial du reconnaître que celui qu'il prenait en chasse était rapide. Il lançait tout ce qu'il lui tombait sous la main au Légat, renversant même les meubles le long des couloirs. Il fila tout droit vers ses quartiers, l'ancien soldat à ses talons. Il n'eut finalement plus d'issue et fut forcé de tirer l'épée.

Galabrius suait à grosses gouttes et la pression lui monta au cerveau. Il se demandait pourquoi l'inspecteur venait l'agresser alors qu'il ne voulait au final que venir en aide à l'Empire.

« Tu vas tout m'expliquer en détails. Pas de mensonge, pas de détours, rien ! Et n'essaie même pas de résister, ranges ton arme. J'ai des années d'expérience au combat alors que tu n'es qu'un nobliau grassouillet. » fit Marius.

Bien que piqué au vif, le vieil homme jeta son arme. Il ne faisait pas le poids.

« Bien... Et vous voulez savoir quoi, inspecteur ? »

« Je ne suis pas un inspecteur impérial, premièrement. Deuxièmement, je veux savoir dans quel but tu as enfermé tous ces gens. »

« C'est une longue histoire vous savez... Vous voulez un rafraîchissement pour l'entendre ? » proposa-t-il le plus posément du monde.

Le ton utilisé par le vieil homme énerva Marius et celui-ci l'empoigna par le col. Il l'emmena à l'extérieur, près du balcon surplombant la baie et le bateau, au loin.

« Je te promet que je vais te jeter si tu continues à te payer ma tête ! »

L'Impérial posa Galabrius contre un des sièges de la terrasse. Ce dernier vacilla sous le choc et le vieil homme se retrouva au sol. Le Légat pointa alors le fil de son tranchant sous la gorge de son hôte, le regard furieux.

« Très bien ! Je vais parler ! Vous avez vu ces... Monstres, dans les mines ? Vous l'aurez deviné, ce sont des anciennes expériences. Quand la guerre a commencé, je ne pouvais pas rejoindre les rangs des soldats, comme vous l'avez fait. Mais je voulais aider l'Empire à combattre le Domaine Aldmeri. Je ne désirai rien de plus au monde que ça, protéger ma chère patrie de l'envahisseur Thalmor. Stirk est toute proche et ils n'auraient rien vu venir si j'avais pu mettre mon plan à exécution... Le but de mon expérience était de créer des soldats parfaits par magie. Des êtres immortels qui ne craignent pas la souffrance et qui se relèvent à chaque fois. C'est là que les mineurs entraient en jeu... Je devais les tuer et les jeter dans le puits lumineux que vous avez vu en bas. La magie qui imprègne les lieux remontait les cadavres. Une légende dit que les corps qui remontent de cette lumière bleutée reçoivent la bénédiction de Namira et deviennent des sortes d'Atronachs surpuissants. Seulement la procédure désagrégeait fréquemment certaines parties des personnes sacrifiée et je devais alors trouver de quoi les remplacer sur leurs camarades emprisonnés et les ramener à la vie. Mais au bout d'un moment, le test tournait mal et mes créations se transformaient en ces choses que vous avez libérées... Et c'est là que vous arrivez, inspecteur, après cinq années de recherche. Je n'ai toujours pas pu isoler le problème, mais imaginez ce qu'on pourrait faire de cette chose si on l'étudiait plus amplement ! L'Empire pourrait détruire Alinor, prendre Akavir sous sa domination et mille autres merveilles impensables auparavant ! La paix serait rétablie partout sur Nirn, grâce à mes créations ! Je serais le sauveur de Titus Mede II ! »

Marius fut secoué par le récit du vieil homme. Certes il était complètement fou, mais ses intentions étaient nobles dans l'absolu. Il était en pleine lutte interne, essayant de départager ses impressions et son ressenti. Une telle puissance ne laissait personne indifférent si on savait comment la libérer, même le Légat. Il ne savait pas si il devait donner la mort à Galabrius, ou le féliciter. L'Empire tremblait devant le Thalmor, faible et exsangue. De fait l'aide apportée par le vieil homme aurait été salvatrice. Mais à quel prix ?




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