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[H]Le Meurtre De Processus Vitellius


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#1 Ja'Shir

Ja'Shir

Posté 21 mars 2011 - 09:23

Le meurtre de Vitellius




J’avale l’infâme liquide avec un frisson de dégoût. Les dieux maudissent le sujamma ! Qui m’a fichu une boisson aussi immonde ? Parfois, je me dis que les dunmers ont inventé ce truc rien que pour éloigner les étrangers de Vvardenfell. Quelle stupidité ! Je sais pas pour le reste de l’île, mais vu la dégaine de ce village, Seyda Nihyn, c’était vraiment pas la peine d’en rajouter ! C’est sale, ça pue, et une bonne moitié de la population me zyeute comme si j’avais la peste. Les seules personnes à peu près saines d’esprit dans ce bled sont les gardes. Sauf que moi, les types en armures, ça me file des boutons. Rapport sans doute avec les quelques années de prisons qu’ils m’ont collé quand je vivais à Lenclume.

Franchement, c’est bien la dernière fois que je fais confiance à quelqu’un ! « Tu vas voir, Layan ! Morrowind, c’est le paradis, pour la contrebande ! Pas de légionnaires, et des millier de sites sans surveillance ! » Ah ! Il est beau le paradis ! Un type de l’empire dans chaque ruelle ! Quand aux soi-disant sites sans surveillances, n’en parlons pas ! Pour le coup, faut reconnaître qu’y a bel et bien personne. Avec raison ! On fait deux pas et des saloperies de morts-vivants nous tombent sur le râble ! Et je ne compte pas les Daedras ! Non, vraiment, je n’écouterai plus personne !

Bon, faut relativiser, j’ai trouvé une taverne. Et dans celle-là, pas de dettes, c’est déjà pas mal. De toute façon, il y a peu de chance que cet Arrile face crédit à un Rougegarde pas net comme moi. Faut dire que j’ai pas la gueule de l’emploi. Avec ma taille de géant et ma balafre sur l’œil, j’ai une dégaine de brigand. Quelques personnes bien informées diraient sans doute que c’est le cas. Je peux pas franchement leur donner tort, même si je préfère me définir comme un roublard. C’est plus nuancé.

Bref. Il est temps de se remettre en selle. Une semaine que je glande dans ce boui-boui. Je recule mon tabouret, me lève et sors. De toute façon, à part faire la causette avec ce sac à vin de Hrisskar, y’a pas grand chose à faire. Dehors, l’air charrie une odeur un peu particulière. On dirait un mélange de poisson pourri, de vase et déjection. Quand je vous disais que ça pue, c'était pas une exagération. C’est un type qui a passé trois année en taule qui vous le dit. Comparé à ici, les cellules de Lenclume sentent le musc d’insecte telvanni.

Je regarde un peu autour de moi, histoire de vérifier la présence de quelques gardes, et mon regard tombe sur une vieille souche en plein milieu d’une mare. Comme d’habitude, je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire. Que je vous explique : Un pauvre elfe des bois nommé Fargoth avais l’habitude de planquer ses petites économies dans ce tronc creux. Malheureusement pour lui, je l’ai surpris en train d’y planquer du fric et un bel anneau magique. Inutile de vous dire que votre serviteur a tout raflé dès la nuit tombée. Mais le plus drôle, c’est que cet abruti a été accuser les gardes ! Ce qu’ils lui ont mis, je vous raconte pas ! Il était méconnaissable ! A l’heure où je vous parle, il doit moisir dans les geôles de Coeurébène. Vous comprenez maintenant comment j’ai pu vivre une semaine à l’auberge au frais du peuple Bosmer. Si on pouvait croiser des pigeons comme lui plus souvent, la vie sera moins compliquée ! Je sais, c’est très mal, Vivec me punira, bla, bla, bla…

Vivec est bien mignon, mais c’est pas lui qui me remplira la panse. A moins de me nourrir exclusivement de sujamma. Je préfère pas y penser. De toute façon, j’aurai pas à le faire. Y’a plein de crabes sur la côte. C’est pas ce qu’y a de meilleur, mais ça m’évitera de crever de faim, c’est déjà ça. Je vais donc hors de la ville, près des marécages où on m’a dit que pullulait le gibier à pince.


#


Une heure que je patauge dans la boue. Mon armure en cuir de netch est dégueulasse. Je commence à penser qu’on s’est encore foutue de ma gueule. Alors que je m’enfonce dans un trou jusqu’à la taille, des éclats de voix retentissent. Ils semblent provenir de derrière les arbres qui me surplombent. A pas de loup (enfin, de crabe des vases), je me rapproche de la source du bruit. Deux humanoïdes, un Impérial et un Dunmer, sont en train de se chamailler. L’un est habillé comme un prince, l’autre comme un mendiant (inutile, je pense, de préciser lequel est bien vêtu. L’envahisseur a ses petites habitudes qu’on connaît bien, maintenant). Je m’accroupis au pied d’un arbre et tends l’oreille en tâchant d’ignorer la boue qui rentre dans mes chausses.

- Vous allez vraiment trop loin ! Gueule l’elfe. Vous nous prenez tout ! Il nous reste que nos yeux pour pleurer !

- Ecoutez Foryn, répond l’Impérial d’un ton suffisant, je ne suis pas responsable du montant des taxes (quand je vous disais que l’empire a ses petites habitudes !).

- Mais vous êtes responsable du montant que vous nous extorquez en supplément pour votre pomme, Vitellius, non ?

- Je ne vous permets pas ! S’offusque l’humain, je suis un haut fonctionnaire mandaté par l’empereur et…

- Et en temps que fidèle sujet, vous perpétuez la tradition consistant à voler aux habitants toutes leurs richesses, pas vrai !

- Cela suffit ! J’en référerai au Bureau des…

Mais il ne peut pas finir sa phrase. Le Dunmer lui décoche un direct qui lui casse le pif et l’envoi au s’étaler dans la vase. Le dénommé Foryn en a pas fini. Il s’assit sur le torse de l’Impérial et commence à lui marteler la tronche à coup de poings. En voilà un qui a la main leste ! Ca me rappelle un peu les combats à mort aux arènes de Lenclume. Sauf que là, l’elfe semble s’arrêter avant de tuer sa victime. Sage décision. Tuer un collecteur de taxe lui vaudrait un aller simple pour l’échafaud. Sans guère de jugement, d’ailleurs. En tout cas, l’elfe se barre en laissant le type inconscient dans la boue.
J’ai une question pour vous : qu’est-ce que vous feriez dans cette situation ? Moi, je vois tout de suite l’opportunité. Un type a tabassé un collecteur et l’a laissé pour mort. Au village, on sait sûrement que ce Foryn et Vitellius ne peuvent pas se voir en peinture. S’il arrivait une bricole au second, les chances pour qu’on accuse le premier serait plutôt grande. Mais, me direz-vous, à quoi ça me servirait de buter cet Impérial ? C’est très simple. Les collecteurs de taxes sont toujours blindés d’oseille. Une vraie banque ambulante !
Je descends en contrebas et arrive au niveau de Vitellius. Il est en train de reprendre conscience en gémissant. Finalement, il ouvre les yeux (enfin, celui qu’il peut ouvrir) et les braque sur moi.

- Nom d’un chien de Nix, mon pauvre homme ! Que vous est-il arrivé ? Lançai-je (oui, je suis bon comédien. C’est indispensable dans mon métier).

- Une saleté de Dunmer a eu du mal à accepter les lois de l’Empire, maugréé-t-il. Il va le payer cher !

- Franchement, je le comprend. A sa place, je vous aurai aussi cogné.

- Quoi ? Crie-t-il.

- Oui, pour un Dunmer, je l’ai trouvé plutôt sympathique. Il a même de la répartie ! C’est dommage que je doive me résoudre à lui faire du tort. Enfin ! Les temps sont dur !

Et avant que Vitellius ne puisse répliquer quoi que ce soit, je le plaque sur le sol et l’écrase de tout mon poids. Il se débat faiblement. C’est presque trop facile. Avec un grognement, je lui tort le coup jusqu’à ce qu’un craquement retentisse. Il devient mou comme une poupée de chiffon. C’est vraiment pénible de tuer un homme à main nue. J’en éprouverai presque du remord. Mais je ne peux pas me permettre d’utiliser mon épée. Il faut que Foryn croie à sa propre culpabilité. Avec un frisson d’excitation, je me redresse sur les genoux et commence lui faire les poches. Je finis par trouver une bourse d’un poids prometteur. Je l’ouvre fébrilement. Bingo ! Il y a là au moins trois mille septims ! Avec fébrilité, je verse la quasi-totalité de la somme dans mes fontes. Pourquoi pas tout, me direz-vous ? Je vous l’ai dit, Foryn doit croire à sa culpabilité ! S’il apprend qu’on a détroussé le cadavre, il va comprendre qu’il n’est pas responsable de la mort de Vitellius. C’est aussi pour cela que je n’emporte pas le magnifique anneau que j’aperçois. Enfin, je me suis fait presque deux mille cinq-cent septims. Il y a pire, comme journée. Il reste toutefois un dernier détail à régler. Je fouille encore dans les fringues ridicules du collecteur et trouve finalement ce que je cherchais. L’avis d’imposition. Eh oui ! Pour qu’il se trimballe avec une somme pareil sur lui, il devait sûrement être en plein travail ! Avec un colorant de mon invention, je modifie les montants pour qu’ils correspondent à la somme qu’il reste sur lui. Cela fait, je replace le papier et m’éloigne d’un pas guilleret. Avec un peu de chance, les crabes des vases trouveront Vitellius avant les autorités. Ce qui permettra de dissimuler le fait qu’il a eu la nuque brisée intentionnellement. Mais je ne me fais pas trop de souci. Seul un examen très minutieux permettrait de le découvrir. Et les gardes sont tout sauf minutieux.


Ah ! Si seulement les collecteurs de taxes se promenaient plus souvent…


#


Quatre mois plus tard, celui que nous appelons le Nérévarine exécuta Foryn Glinith pour le meurtre dont on l’avait reconnu coupable. Nul ne vint jamais contredire cette sentence. Aujourd’hui encore, on peut croiser dans les rues de Seyda Nihyn un grand Rougegarde balafré qui ricane tout seul en croisant la maison du sieur Glinith.

Modifié par Ja'Shir, 21 mars 2011 - 21:30.





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