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(H) La Fureur De L'Oblivion


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#1 MangaShojo

MangaShojo

Posté 10 novembre 2010 - 19:43

La Fureur de l'Oblivion



Chapitre I


Du sable... Une tempête rouge, ouragan de sable... Non, pas du sable, de la cendre... Une cendre écarlate, violente, le tonnerre... Une terreur sans nom... Et cette voix si douce, si réconfortante...
-Ne t'inquiète pas... Je suis là...
La tempête était de plus en plus violente, les images devenaient des éclats de couleurs fugaces qui passaient au rythme des vents de cendre alors que la voix résonnait encore comme la seule lumière au milieu de cette obscurité...
-Je veillerai sur toi... Comme sur tout mes enfants...
La tempête... La cendre...
-Réveillez-vous !
Un froid intense, violent, une envie de hurler, de fuir...
-Vous tremblez... Qu'avez-vous ?
Une voix masculine qui écartait les ténèbres...
-Réveillez-vous !

Ban ouvrit brutalement les yeux, le souffle rauque, le corps encore prit de tremblements. Une sueur froide coulait le long de sa tempe qu'il essuya avec des frissonnements, l'esprit encore hagard. Il était étendu au milieu de sacs et de caisses dans un petit espace clos qui lui rappelait assez vaguement sa cellule dans la prison de Cyrodiil. A la différence que l'endroit était beaucoup plus petit, qu'il était ouvert et surtout, qu'il n'était pas seul. Un elfe noir était penché vers lui, son unique œil rouge le scrutant attentivement. Il ne semblait pas agressif, mais plutôt inquiet de le voir dans un tel état.
-Tout va bien, vous étiez en train de rêver... Le rassura l'elfe.
-Cauchemarder, plutôt, grommela le prisonnier en se relevant comme il pouvait.
-Calmez-vous, respirez tranquillement... Je vous ai réveillé car nous sommes arrivés à Morrowind, sans doute pour nous libérer.
-Morrowind ?
Il écarta une des tresses blondes qui tombait sur son visage, tentant de réunir les maigres informations que son cerveau de nordique avait pu récolter au cours de sa vie, mais il ne s'attendait pas non plus à des miracles. Il n'était pas idiot, loin de là, mais il comptait habituellement plus sur sa force physique que ses capacités intellectuels, comme tout ceux de son peuple. Il se rappela alors que Morrowind était la patrie des elfes noirs comme son compagnon d'infortune. Ceux-ci étaient pour la plupart assez racistes, surtout avec les nordiques, leurs ennemis naturels.
-Maudits soient mes ancêtres, grommela le gaillard alors que des bruits de pas se faisaient entendre.
Un garde se présenta alors devant eux, l'invitant à le suivre. Il regarda l'elfe noir borgne qui lui fit signe d'obéir sans se soucier de lui, mais Ban ne pu s'empêcher avant de serrer l'avant-bras du Dunmer pour le remercier de lui avoir tenu compagnie, lui demandant son nom.
-Jiub, ami nordique, lui répondit avec une sobre modestie le prisonnier. Morrowind semble une terre promise pour nous deux. J'espère que vous saurez refaire votre vie...
-Merci... Je suis...
-Suivez-moi, nordique, et en silence ! Ordonna le garde avec rudesse.
Ban ne pu qu'obtempérer, jetant un bref regard à Jiub avant de monter les escaliers de bois en se demandant ce qu'il allait lui arriver désormais. Un ancien bagnard dans une île peuplée d'elfes inamicaux avait toutes les chances de ne jamais pouvoir se réadapter... Était-ce le nouveau concept de châtiment pour les prisonniers nordiques ? Les envoyer en Morrowind pour être sûr de ne pas en réchapper ? Il dramatisait sans aucun doute, mais sa vie avait toujours été si misérable qu'il était devenu pessimiste à l'extrême.
Suivant le garde, il monta sur le pont, clignant des yeux quand la lueur vive du soleil l'éblouit. Il vit alors un tout petit dock, juste de quoi accueillir un seul navire devant un bâtiment aux toits de chaumes. Un peu plus en arrière, on apercevait les habitations plus ou moins sophistiqués d'un petit village côtier sans envergure au milieu de ce qui ressemblait fort à un marais. Le nordique grimaça, regrettant les étendues de forêts et de plaines de sa chère Cyrodiil, mais tout valant mieux que les trois mètres carrés de sa cellule, il quitta le navire pour se faire escorter par un autre soldat de la légion. Un vieux bréton l'accueillit à l'intérieur du bâtiment, lui posant quelques questions quant à son origine. Il lui répondit le plus poliment qu'il pouvait, lui expliquant qu'il était orphelin et avait vécu comme il pouvait, notamment en tant que mercenaire, du moins, au début. Il avait voyagé dans les contrées jusqu'à arriver à Bruma, épuisé et affamé. Il fut recueillit par un prêtre de Talos qui lui apprit à lire, à utiliser quelques sortilèges de guérison et à vénérer les Neufs. Quand le bréton lui demanda alors les raisons de son emprisonnement, le nordique se tu, plongé dans ses pensées, pour finir par dire :
-Je ne préfère pas m'étendre sur ce sujet...
-Très bien... Je crois que nous avons tout les papiers nécessaires... Bienvenue en Morrowind, nordique.
Il prit alors son ordre de libération, le parcourant rapidement d'un air absent avant de suivre les directives qu'on lui donnait pour pénétrer un autre bâtiment. Au passage, il remarqua une dague qui trainait sur une table ainsi qu'une miche de pain. Les vieilles habitudes ayant la vie dure, il cacha la dague dans sa manche et mordit un morceau farineux. Il n'avait presque rien mangé durant la traversée. Un autre impérial l'accueillit, apparemment un général de l'armée, Sellus Gravius, qui lui donna une missive «à transmettre d'urgence au dénommé Caius Cosadès de Balmora».
-Et pourquoi donc ?
-Il s'agit d'une mission donnée par notre empereur lui-même Uriel Septim. Je vous pris de ne pas poser trop de questions, nordique.
La missive en main, enfin, il pu sortir et respirer l'air marin. Il était au milieu de ce village portuaire qu'il avait aperçu lorsqu'il avait débarqué. Il n'y avait pas foule, mais il pu voir quelques habitants flâner dans les rues. A partir de là, il ne savait pas vraiment quoi faire. Devait-il obéir à l'impérial Gravius et se rendre à Balmora pour rencontrer ce mystérieux Cosadès ? Il l'avouait volontiers, tout cela ne l'inspirait guère... Il sortit la missive qu'il devait livrer, la déroula pour la lire... Et grimacer. Tout semblait être codé, au point qu'il ne puisse pas déchiffrer. Dépité, il plia le papier pour le glisser dans un des poches de son pantalon en haillons avant de prendre la bourse que lui avait confié Sellus. Environ 80 pièces, soit de quoi changer ses vêtements... Mais vu qu'il ne connaissait pas le coin et craignait que les dunmers lui sautent dessus, il songeait plutôt à une armure et une bonne épée. Il avait déjà la dague qu'il avait fauché, mais n'était pas tellement habile avec ce genre d'instrument... Il observa les alentours et vit ce qui ressemblait à une auberge montée sur pilotis, son enseigne se balançant dans un grincement au gré des vents. Lorsqu'il poussa la porte, il fut frappé par une agréable odeur de cuisson et la chaleur agréable qui régnait dans le bâtiment. Des lampes éclairaient une pièce où l'on pouvait voir une table agrémentée par quelques marchandises, un comptoir et un personnage grand, beau, à la peau dorée et aux oreilles longues. Un Altmer, un de ces hauts-elfes fiers et vaniteux, de ceux que Ban ne supportait pas. A la différence que l'expression paisible de cet elfe n'avait rien de rabaissant et lorsque son visage s'éclaira à sa vue, le nordique pu deviner que l'air de Morrowind lui avait sans doute fait le plus grand bien.
-Bienvenue dans l'Auberge d'Arrile, voyageur ! S'exclama l'elfe avec un grand sourire. Ici, nous vendons les meilleures boissons, les meilleures produits de la Côte de la Mélancolie !
-Merci... Répondit distraitement le nordique pour observer les marchandises. Je cherche une bonne armure... Ainsi qu'une épée. De bonne facture
-Ah, monseigneur, à l'Auberge d'Arrile, on trouve toujours le meilleur pour les meilleurs prix !
Peut-être pas le meilleur, et sans doute pas pour les meilleurs prix, mais la qualité et le cout étaient corrects. Après, il n'était pas sur de pouvoir payer et c'était surtout cela qui l'ennuyait. Alors qu'il regardait, il entendit des bruits de pas légers, aériens, qui lui faisaient penser à une douce symphonie. Il se retourna pour voir une jeune dunmer admirablement belle portant une robe assez grossière, mais qui pourtant la mettait en valeur comme l'habit d'une reine. Ses longs cheveux noirs encadraient son beau visage au teint gris, faisant ressortir les nuances perlées de ses yeux rouge-violine. Il émanait d'elle pourtant une simplicité toute particulière, une sorte d'aura de bonté qui attirait immanquablement le regard et la sympathie. L'aubergiste Arrile, puisque tel semblait être son nom, semblait lui aussi avoir été séduit par la belle car il l'accueillit d'un ton tout particulièrement amical.
-Ah, Noveni, cela me fait plaisir de te revoir ! Comment vas-tu, mon enfant ?
-Fort bien, Arrile, répondit t-elle d'une voix chantante. Je reviens d'un pèlerinage à Vivec où j'ai pu recevoir l'autorisation de constituer un temple dans notre village, pour que les fidèles puissent prier les tribuns.
-Excellente chose, Noveni ! Mais, tu ne pourras plus rendre visite à ton père si tu deviens la prêtresse de Seyda Nyhin.
La jeune femme eu un petit sourire triste.
-Mon père ne veut plus me parler de toute manière...
-Oh oui, je m'excuse, mon enfant, ma pauvre mémoire fait encore des siennes.
-Ce n'est rien, Arrile...
Ban avait écouté la conversation tout le long, finissant par attirer l'attention de la future prêtresse qui se retourna pour lui adresser un geste amical et apaisant.
-Bonjour, salua t-elle. Je ne vous ai jamais vu...
-Je viens tout juste d'arriver en Morrowind.
-Vous êtes donc un étranger ? Venez-vous de Solhsteim ? Ou de Bordeciel ?
Il secoua la tête, attisant encore la curiosité de la dunmer.
-Alors, d'où venez-vous ?
-De Cyrodiil.
-Êtes-vous venus par le bateau pénitencier que j'ai vu accoster ?
-Je... Oui, on m'a libéré et...
-Si c'est le cas, peut-être est-ce une volonté des dieux que de vous donner une seconde chance...
-Je pris Talos depuis fort longtemps pour qu'il me protège.
-Je ne parle pas des Neufs, je ne crois pas en ces entités.
Il resta un moment abasourdi, ayant du mal à croire que l'on pouvait prier d'autres dieux. Devant son air ahuri, la dunmer se mit à rire doucement.
-Je crois qu'il faudrait vous expliquer quelques petites choses sur nos contrées...
-Vous ne semblez pas outrée que je ne partage pas vos croyances...
-Votre ignorance est tout à fait compréhensible et les Tribuns nous apprennent la tolérance au travers de leurs sages paroles.
La jeune femme, appelée Noveni, l'invita à l'étage pour boire quelque chose. La salle était vide à cette heure-ci, ils purent donc déguster une bière locale, le mazte, créée à partir de riz de sel fermenté selon les dires de la prêtresse. Celle-ci ne toucha pas à son verre, préférant commencer à lui parler un peu de la contrée.
-Morrowind est composée d'une partie continentale et de l'île volcanique de Vvardenfell, là où nous sommes. Comme vous vous en doutez, une grande partie de la population est composée d'elfes noirs et nombreux sont ceux qui font partie des Cinq Grandes Maisons.
-Des maisons ?
-Oui. La Maison Hlaalu, la Maison Rédoran, la Maison Telvanni, la Maison Indoril et la Maison Drès. Ces deux dernières n'étant pas représentées sur Vvardenfell, vous ne devriez pas avoir affaire à elles. Ces Maisons se livrent des «guerres» politiques incessantes et notre vie est rythmée par ces batailles silencieuses. Notre religion est celle des trois Tribuns, d'Almsivi, qui sont Almalexia la mère, Vivec le poète et Sotha Sil le mystère. Ce sont nos dieux vivants et Vivec est celui qui veille sur les Dunmers de Vvardenfell.
Elle prit son verre mais ne gouta toujours pas la boisson, gardant le récipient près de son cœur, Ban suspendu à ses lèvres.
-Je suis moi-même prêtresse en ce culte, bien que cela ai causé ma perte pour ma famille...
-Pourquoi donc ?
-Elle ne partage pas mes croyances... Voyez-vous, il existe des Dunmers qui respectent encore les vieilles coutumes et qui vivent en nomades. On les nomme Cendrais. Je suis de ceux-ci, mais la vie citadine m'attirait alors je les ai quittés. Je crois que le pire fut quand je me convertis, mon père était dans une telle rage... Pour lui, je trahissais mon peuple, mon clan et ma famille. Je crois qu'il m'aurait tué si je ne m'étais pas enfui.
-Ces Cendrais n'ont guère l'air amicaux...
-D'un certain côté, ils ressemblent aux nordiques, rit tristement Nevoni. En plus sages, n'y voyez pas d'injure...
Elle avait rajouté ces derniers mots assez vite, semblant s'excuser de ses paroles, mais il garda toujours le même calme.
-J'ai vécu comme un Cyrodiilien jusqu'à maintenant. Je pourrais presque être un impérial. Je ne me sens pas insulté.
Elle hocha la tête puis reposa son verre.
-Que comptez-vous faire ?
-Je ne sais pas. Je n'ai pas beaucoup d'argent et à part remettre une missive, aucun but.
-Une missive ?
-Oui... Il semble que cela soit important.
-Je vois... Je n'ai guère d'argent moi non plus, je ne vis que grâce à la bonté des fidèles, mais je veux bien vous accueillir pour la nuit.
-Vraiment ?
Elle acquiesça, sortant quelques pièces pour payer Arrile.
-Bien sur. Et demain, vous pourrez, si vous le désirez, partir pour Balmora.
-Je ne sais pas, grimaça le nordique. Je ne suis pas sur que les raisons de cette mission me plaisent.
-Vous aviserez demain, la nuit porte conseil.

La maison de Noveni était un peu en dehors de la ville. En vieilles pierres et au toit de chaume, elle était entourée par un coquet jardinet où la jeune femme cultivait un peu de riz de sel et de choux de scribs. L'intérieur, bien que petit, était chauffé par le bon feu d'une cheminée et était pourvu d'une cave qui servait de chambre à coucher où la dunmer installa un matelas pour son invité. Le souper fut frugale, fait de viande de rat et d'une sorte de porridge composé de riz de sel et de coutil, la chair d'un scarabée. Si la viande était plutôt sèche, le porridge se révéla excellent en bouche et ne pu que ravir Ban qui avait longtemps rêvé dans sa geôle de déguster autre chose que du pain. Après que l'elfe noire ai adressé une prière à Almsivi, ils descendirent dans la chambre à coucher. Pour garder un peu d'intimité, Noveni avait installé des rideaux autour de son lit et elle y disparu bientôt alors que Ban enlevait ses chaussures et sa tunique pour se glisser dans ses draps. Néanmoins, il n'éteignit pas la bougie qui l'éclairait afin de pouvoir écrire dans son journal. Il s'agissait d'un petit carnet que son hôte avait bien voulu lui offrir et où il comptait retranscrire les péripéties qui rythmeraient ses aventures en Vvardenfell. Il jeta un œil aux rideaux où l'on pouvait voir par transparence la silhouette fine de Noveni, ce qui le captiva un instant avant qu'il ne revienne les pieds sur terre pour plonger sa plume dans l'encrier et commencer à écrire. Il n'avait pas beaucoup pu s'adonner à cet exercice pendant ces quelques années, à part sur les murs de sa prison où il avait gravé de mémoire des extraits de divers livres religieux et quelques prières en espérant pouvoir se racheter auprès des dieux. Son écriture était donc maladroite et il macula un des bords de la page d'encre, pourtant il fut plutôt satisfait de son travail.

Jour 1
16 Vifazur 3E427
Me voilà arrivé en Morrowind, province dont j'ignore bien des secrets. Je suis hébergé par une prêtresse dunmer du nom de Noveni le temps de mon séjour à Seyda Nyhin, petit village côtier où j'ai débarqué. Les impériaux m'ont donné pour mission de porter une lettre codée à un certain Caius Cosadès de Balmora. Je m'interroge encore sur la possibilité d'accomplir cette action. Mais comme dit Noveni, la nuit porte conseil.

Quand l'encre fut sèche, il ferma l'ouvrage avant de souffler la bougie qui l'éclairait. La tête sur l'oreiller, de nombreuses pensées défilèrent dans son esprit avant qu'enfin il ne s'endorme.

La salle était éclairée à peine par quelques bougies aux lueurs rougeoyantes. Des tables encadraient une allée, des plats d'apparence succulente disposés sur des plateaux d'or fin. Des convives richement vêtus étaient assis et semblaient discuter mais aucun son de sortait de leurs bouches. Au bout de l'allée, un étrange personnage dominait l'assemblée, un masque doré cachant son visage.
-Bienvenue...
La soif envahit soudainement Ban qui eu l'impression que tout ses membres étaient en feu. L'inconnu lui tendait un verre semblable à un grand calice noir incrusté de rubis rempli de liquide que Ban attrapa sans hésiter. La première gorgée fut une délivrance et il continua à boire jusqu'à ce qu'il voit que ses mains mouillées par le liquide était devenu écarlates. Avec horreur, le nordique lâcha le calice rempli de sang avant d'attraper sa gorge. Il se sentait suffoquer, sa tête lui tournait, il voulait hurler...

Mais il ouvrit les yeux alors que retentissait un cri d'horreur de Noveni. Dans la chambre à coucher, deux hommes armés, habillés de noir, avaient fait irruption.




Amia était une des nombreuses Bosmers qui vivaient en Morrowind. Ses parents étaient originaires de Val Boisé, mais étaient morts quand elle était assez jeune, si bien qu'elle avait été élevée par un couple de Khajiits. Drôle d'ironie quand on repensait aux guerres incessantes qui opposaient les tribus d'Elsweyr face aux elfes des bois. Sa famille était des agriculteurs établis sur la partie continentale de la province et vivaient sous l'autorité de la maison Indoril. Les Indorils, Amia ne les appréciaient guère. Souvent, elle les avait observé passer devant la ferme familiale alors qu'elle jouait avec M'Narsha, son petit frère Khajiit. Sa mère, S'Ehbi, lui avait souvent dit d'éviter de les regarder trop fixement si elle ne voulait pas qu'on l'enferme. Les ordonnateurs Indorils étaient de véritables fanatiques et ne supportaient pas les autres races, surtout les Khajiits ou les Bosmers.
« Nous sommes de la vermine pour eux, expliquait elle à ses deux enfants avec un air triste dans ses yeux de félins. Des voleurs pour les elfes et des bêtes sauvages pour les pauvres Khajiits. Si nous avions été en territoire Dres, cela aurait été pire. Là-bas, les Khajiits sont maltraités et réduits en esclavage bien plus que n'importe où. Mais ne croyez pas être en sécurité, les esclavagistes rodent souvent par ici alors n'acceptez jamais quoi que ce soit d'un étranger. »
Amia avait fini par éviter de sortir de la ferme sauf pour aller rendre visite à leur voisine Tasha, surnommée Doucevoix, une Argonienne originaire de Cyrodiil qui avait une sœur du nom de Tisseplume, un grand écrivain, apparemment. Malgré la xénophobie qui animait les Dunmers, elle disait apprécier la tranquillité mélancolique de Morrowind. Elle passait tout son temps dans sa maison à composer des poèmes ou étudier des textes anciens. Les gens s'étaient d'abord montrés méfiants avant de l'accepter avec un certain émerveillement devant sa vaste culture, mais également son bon cœur, proposant d'apprendre aux enfants la lecture.
Amia devait s'occuper une fois de plus de son petit frère M'Narsha ce jour-là, bien qu'elle aurait préféré aller rejoindre ses amis pour aller se promener à Almalexia. Avec le temps, elle avait fini par écouter de moins en moins les adultes pour devenir plus impétueuse. Tel était le destin de tout les adolescents. Ses parents étaient partis faire la récolte du riz de sel, si bien qu'elle était seule à la maison. Elle était assise sur la couchette qu'elle partageait avec son frère, lisant les Homélies de St Almalexia, qui était un de ses livres de chevet. Un peu plus loin, M'Narsha jouait avec des poupées en terre cuite, les petites tresses rousses de sa crinière retenues par un mince bandeau de cuir. Tout était silencieux, tranquille, le soir approchait doucement. A un moment, néanmoins, elle cru entendre un cri lointain. Elle releva la tête, ses mèches brunes violemment rejetées en arrière, pour ensuite se pencher à la fenêtre. Une odeur de brulé planait dans l'air et au lieu, on aurait dit des flammes... Des flammes immenses... Qui dévoraient Almalexia.
-Par les Trois ! S'exclama la Bosmer, horrifiée.
Elle tomba sur son lit alors que M'Narsha la regardait de ses yeux dorés avec interrogation.
-Quoi, 'Mia ? Demanda t-il.
-Il faut qu'on aille retrouver papa et maman ! S'écria la jeune fille. Il faut que...
Elle fut interrompue par des hurlements dehors et un bruit assourdissant, comme le fracas de mille marteaux sur une enclume céleste. M'Narsha sauta pour s'accrocher à sa sœur, pleurant de terreur alors que la jeune fille tentait en vain de comprendre. Que se passait-il ? Quel était ce vacarme semblant venir de l'Oblivion même ? Elle tremblait en serrant son petit frère contre elle, tentant néanmoins de garder la tête froide. Elle mit le petit khajiit sur son lit et attrapa un sac où elle mit rapidement tout ce qui pouvait être utile pour un voyage : une couverture, quelques vêtements de rechange, de la nourriture, une arme, en l'occurrence une dague, une outre remplie d'eau... Le même bruit terrifiant fit soudainement trembler la terre et crier son petit frère. Elle le mit son sac sur le dos pour attraper son petit frère et le calmer dans ses bras. Il était plutôt léger, cela ne l'incommoda donc pas et elle pu sortir de sa demeure.
Au dehors, le chaos régnait. Les maisons étaient en flammes, des corps calcinés ou horriblement blessés étaient étendus dans la rue. Des gens qu'elle n'avait jamais vu fuyaient elle ne savait quel danger. Almalexia, au loin, ne semblait plus qu'un immense bucher aux lueurs fantomatiques, les volutes noires de ses fumées formant des formes monstrueuses dans le ciel. Amia tremblait en regardant ce véritable cauchemar. Non, ça ne pouvait être vrai... Almalexia les protégeait, elle n'aurait jamais laissé une chose pareille arriver...
-Amia ! M'Narsha !
La jeune elfe vit une silhouette féminine fendre la foule avec une agilité et une aisance remarquable, sa longue queue de lézard formant un sillage derrière elle. Tasha attrapa son bras, la tirant pour se mettre à l'écart de la foule. Mais plutôt que de s'arrêter, l'argonienne continuait à courir, haletant entre chaque mot.
-Nous devons fuir et rejoindre Vvardenfell ! J'ai une amie à la Guilde des mages de Balmora, elle pourra nous aider...
-Tasha, que se passe t-il ?! On dirait que le monde sombre dans le chaos !
-Hélas, mon enfant, je crains que cela ne soit le cas... Les dieux nous ont abandonnés.

Modifié par MangaShojo, 10 novembre 2010 - 22:59.





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