La mi-journée approchait à grands pas, et après une nuit agitée par les passages incessants d'étrangers, les deux gardes en poste à la porte Principale de Cheydinnal avaient décrété qu'ils étaient en droit de prendre une pause bien méritée. Le sergent s'était donc installé confortablement sur une chaise, les pieds sur la table du hall de la tour de garde, pour faire sa sieste. Ses ronflements bruyants couvraient le chant des quelques oiseaux sortis en cette fraîche matinée. Le deuxième garde, un jeune impérial dont le regard bovin était loin de respirer l'intelligence, était actuellement adossé à la clôture de l'écurie du de la Berge Noire, en train de flirter avec l'écuyère, qui gloussait de temps à autre à ses blagues d'un goût parfois plus que douteux.
C'est donc sans grands problèmes qu'un petit groupe hétéroclite, composé de deux brétons, un dunmer et un nordique, réussi à se faufiler hors de la ville, sans attirer plus l'attention qu'ils ne l'avaient déjà fait. Les membres du groupe avançaient d'un pas plutôt soutenu sur la route principale, si bien que l'agitation qu'ils avaient créé en ville était désormais remplacée par le calme de la faune environnante en cette période d'automne. Le vent qui s'était levé à l'extérieur des remparts accentuait la différence de température avec les rues étroites de Cheydinnal, ce qui fit frissonner Neydann. La chaleur qui régnait sur le pays il y a quelques mois était bien partie, pour laisser sa place à d'épais nuages qui étaient bien décidés à bloquer toute tentative de percée des rayons du soleil. Le sol sous leurs pieds portait encore les traces de la pluie de la nuit dernière, et s'était mué en une boue plus ou moins stable selon les creux et les bosses qui parsemaient la route.
Arrivés à l'Ecurie de la Berge Noire, Neydann jeta un œil à l'intérieur de l'enclos, afin de vérifier que sa monture était toujours là. Evidemment, elle y était. Qui aurait bien pu vouloir voler cette jument grisâtre à l'œil vide, accablée par le poids des années et les longs voyages? Toujours sans prononcer un mot, le bréton se dirigea vers l'enclos pour harnacher sa monture, puisque la propriétaire semblait absente, et le personnel de l'écurie apparemment plus intéressé par les beaux yeux de ce garde au physique ingrat qu'à sa clientèle…
Modifié par Krenka, 10 janvier 2008 - 12:12.