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Art Des Lettres


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91 réponses à ce sujet

#51 Eryndel

Eryndel

Posté 02 juin 2009 - 08:15

Voir le messagesucresalesucre, le 02.06.2009 à 08:50, dit :

Voir le messageEryndel, le 31.05.2009 à 19:31, dit :

D'accord.Merci pour ces éclaircissements :sorcerer: J'avais au moins une hypothèse juste,mais le reste... Et c'est vrai que ta nouvelle est triste.
C'était dans la bonne direction ! Tes poèmes sont tristes aussi ; on se demande si c'est l'état d'esprit du moment, ou de la "mélancolie"  :)

C'est un peu l'état du moment... Disons qu'à cette période de l'année, j'ai tendance à voir les choses en noir - surcharge de travail, stress des examens (même si je n'en passe plus... C'est pour ceux de mes élèves que je m'inquiète à  présent lol)...


Se tord le coeur blessé par la peur,
L'angoisse des fins d'année,
Se noue la gorge, se tord le coeur
Par l'urgence torturés ;

Frappe l'inquiétude au coeur saigné,
Par la solitude honnie,
Pleurent les nerfs, cordes d'arc brisé,
Trop tendus par le souci.

Se tord le coeur, frappe l'inquiétude,
L'angoisse de solitude,
Se nouent la gorge, les nerfs brisés,
Trop tendus, torturés.

Le coeur saigne blessé par la peur
Des fins d'année honnies,
Pleurent les nerfs et se tord le coeur,
Dans l'urgence et le souci.

Vienne l'espoir vienne le repos
Qui apaisera mon coeur,
Parte le tourment drapé d'oripeaux
D'ombre et de rancoeur...

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Vraie Grande Morrowindienne
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#52 sucresalesucre

sucresalesucre

    En fait y'a des accents cachés


Posté 02 juin 2009 - 09:08

Voir le messageEryndel, le 02.06.2009 à 09:14, dit :

C'est un peu l'état du moment... Disons qu'à cette période de l'année, j'ai tendance à voir les choses en noir - surcharge de travail, stress des examens (même si je n'en passe plus... C'est pour ceux de mes élèves que je m'inquiète à  présent lol)...
Ca se sent, c'est à la fois éthéré dans la noirceur et ancré dans le réel...

De mon coté, l'humeur de ce que j'écris est à l'inverse de la mienne. Les textes les plus sombres, je les écris à des moments où tout va bien, où j'ai la solidité pour les encaisser. Quand ça ne va pas, c'est des choses optimistes en général.

En voilà une plus légère :

JOSETTE
(Fable inutile)


Les froids rayons matinaux du soleil se faufilèrent un chemin, entre deux toits et quelques arbres collés à l'horizon, jusqu'à la paupière droite de Raymond. La paupière cligna sous la chaleur naissante, sans s'ouvrir, empétrée dans une lie de conjonctivite. Il cligna sourdement de ses yeux fermés, doigts en éventails, s'imaginant que sa femme les lui avait collés à la superglu. Il tatonna à sa droite, la place de Josette était vide, déjà froide. Il froissa l'oreiller et l'envoya dinguer à l'autre bout de la chambre. Il entendit un flacon se casser par terre, et presque immédiatement, les effluves de Rêve de Patchouli (Paris) emplirent la pièce jusqu'aux limites du supportable. Les yeux toujours collés, il voulut descendre du lit un peu vite. Son pied droit se prit dans un repli du drap conjugal, et il bascula tête première dans le monolithique radiateur en fonte de la chambre, qui carburait à plein régime. Sa joue demeura un instant écrasée par l'arête du radiateur, et il s'y serait réendormi si celle-ci n'avait pas été à plus de 60°. Il se remit sur son gros séant en se tenant la joue,palpitant sous l'hématome et la brûlure. Qui mettait le radiateur comme pour aller au sauna ? Josette ! Il commença à ramper vers l'épicentre de la catastrophe odorante quand il s'aperçut qu'il y voyait comme robocop quand on lui avait triffouillé les circuits, et qu'il avait conséquemment risqué de se larder les mains des débris du flacon sinistré. Il rétablit son aplomb, et entreprit de se frotter les yeux avec ses petits doigts boudinés, comme ton zizi, disait Josette, certains soirs, quand elle voulait dormir tranquille. Elle le trompait, il en était sur. Salope, Josette. Avant que la lumière apparaisse enfin entre ses paupières, le fessier rebondi de sa femme dansa au fond de sa rétine.  
S'étant convenablement gratté, il ouvrit ses yeux injectés de sang, et parcourut des yeux la chambre à la recherche de la Traitresse.
Josette ! Mon amour !, geignit-il dans la chambre vide.
Il pesta et courut chercher de quoi éponger le parfum. Un rouleau de PQ plus tard, le sol de la chambre était sec et ses mains étaient infestées au troisième degré par le patchouli, il s'y était fait quelques petites coupures qui le mettaient au martyre. Avait-elle mis de l'acide dans le patchouli ? Il s'était bien des fois demandé si le goût de carbonisé de la viande du déjeuner ne cachait pas quelque sombre mixture.
Au bout de quelques minutes de recherches tatonnantes à travers la maison, il dût se rendre à l'évidence : Josette était partie, comme ça, sans le réveiller. La dernière fois,il y a deux ans, elle avait disparu corps et bien pendant trois semaines, lapidant leur compte-joint. Elle était juste partie s'éclater avec une copine comme elle disait. Il l'avait retrouvée dans une taule de commissariat du XXe, à Paris, en train de disserter éthyliquement avec la copine en question. Un travelo. Elle avait trouvé normal de partir s'éclater trois semaines avec un travelo. Précision : elle était alors enceinte de six mois, de...
Jacky ?! Le petit lit de Jacky était vide !

Josette tapa du pied gauche sur l'asphalte, frénétiquement, comme si elle voulait écraser son talon aiguille. Elle y parvint. Le dit talon roula dans le caniveau. Elle força soudain l'immobilité, bancale sur son talon cassé. Calme Josette, Calme Josette, tu es calme, tes membres sont détendus, récita-t-elle, se rappelant le regard anodin mais magique de Gérard Majax. Elle écrasa son talon gauche d'un coup sec. Immobilité, trente secondes. Elle empoigna la poussette du petit Jacky, qui subit stoïquement l'embardée à 180° de son engin, agrippé aux montants, les dents serrés, comme un genre de singe de laboratoire dans une centrifugeuse. Jacky savait sans le savoir que quand sa mère était comme ça, il ne fallait rien dire, et surtout ne pas pleurer bêtement à la cantonnade. D'un pas drôlement décidé, elle poussait Jacky à plus de cinq bons kilomètres heures, ralentissant à peine pour monter et descendre les trottoirs.

Raymond, dégainant ses charentaises d'un coup de pied, enfonça ses pieds nus dans ses chaussures, sur lesquelles nous ne nous étendrons pas outre mesure. Emmitouflé dans le peignoir vieux siècle de son grand père défunt, il renonça à continuer à s'habiller et commença à faire l'inventaire des catastrophes possibles. Il fonça dans la salle à manger, et ouvrit à toute volée le grand buffet, et il ouvrit le troisième tiroir en partant de la gauche, découvrant l'étui de son 38mm. Il poussa l'étui de coté et serra victorieusement son chequier de compte-joint. Il souffla un instant de répit. Si ce n'est pas ça, ça doit être bien pire! s'exclama-t-il en son for intérieur. Il ouvrit l'étui, où son 38mm reposait, fidèle comme une vieille fille.
Il se gratta le crin du menton, tournant la tête de tous les cotés, et fila à la cuisine. Il entreprit de compter la batterie de couteaux de cuisine Binzu 3000 que sa femme (bon sang mais c'est bien sûr, se dit-il en son for intérieur) avait voulu acheter contre vents et marées. Ces vacheries coupaient aussi volontiers le boeuf semelle que le plomb, ou accessoirement les doigts, bague de mariage comprise. Il fouilla tiroirs, évier, lave vaisselle. Un couteau à pain, 2 couteaux à viande, un hachoir, 18 couteaux simples, 8 couteaux à poisson, un couteau à beurre, tous armés d'un système élaboré de dents vengeresses, issu de la redoutable tradition millénaire chinoise. Tous là ? Non ! Il manque le cadeau de bienvenue au club Binzu 3000, une magnifique machette de survie 60 cm. Elle devait être dans le congélateur. Josette préférait la machette au hachoir pour sectionner les morceaux de viande. Elle lui faisait peur, quand elle s'acharnait à grands coups de machette sur un malheureux tendon récalcitrant Devant le meuble vrombissant de froid, il eût lui aussi un frisson dans le dos. Il imagina un instant son petit Jacky en morceaux dans des sacs plastiques, entre le lapin, le poulet, et les côtes de porcs. Le lapin, le poulet et les côtes de porc y étaient, mais de Jacky, point.

Le petit Jacky grimaçait de froid dans sa poussette, et une stalactite de morve poussait à son nez.. Il reconnaissait bien le jardin, où il se rappelait avoir balancé sa pelle, son seau et une mixture de sable, de terre et de patée pour chat sur la figure de son papa. Où est papa ?, dit-il en langage bébé. Il reconnaissait la petite fenètre des WC, toujours ouverte, qu'il convoitait parce qu'il n'avait pas encore le droit d'y aller. Pour lui c'était encore popo.
A quelques mètres de là, un vacarme s'échappait de la cabane du Jardin, le territoire de Raymond pour tout dire. Josette retourna la tondeuse à gazon dans tous les sens (qui n'avait pas servi depuis belle lurette). Elle la reposa avec un juron, et continua sa quête convulsive. Elle bousculait cartons, boites à outils, tournevis, scies, perçeuse, et autres vieux pneus, qui étaient déjà suffisamment en bordel comme ça. Elle secoua les bidons vides d'huiles et d'autres produits non identifiés, les jetant par terre. Enfin, derrière un carton de scie et la fourche, les yeux en rictus, elle pensa avoir trouvé son bonheur.

La porte de la cave s'ouvrit lentement. Raymond alluma sa lampe électrique et descendit l'escalier. Il détestait les caves, et tout particulièrement celle-là, exigüe, toute en longueur, seulement meublée du cumulus et du tableau électrique. Il avait laissé les lampes griller sans les changer, puisqu' il n'y mettait les pieds que pour remettre le jus quand le disjoncteur avait sauté. Comme ça, personne n'avait l'idée d'y entasser une décharge de bibelots remplis de toiles d'araignée (Il devrait tôt ou tard chambouler pendant trois heures ce capharnaüm cauchemardesque, pour en extirper je-ne-sais-quoi-encore que Josette aurait perdu depuis quatre ou cinq ans). La cave était déserte. Au sol, pas de trace d'une fosse comblée au ciment frais du jour. Au fait de capharnaüm, Raymond se rappela qu'il n'avait pas regardé dans son atelier.
Dans la petite ampoule 1,5V de la torche, le filament de tungstène se consuma dans un bref éclair ridicule, et laissa Raymond seul dans le ventre noir de la cave aux prises avec ses pires cauchemards. Celui-ci jura avec dépit, et entreprit de longer le ciment du mur jusqu'à l'escalier providentiel. Au bout d'une minute, il buta du front contre le cumulus. Il s'était trompé de coté. Un reste de claustrophobie mal liquidée se rappela à son bon souvenir, et il commença à se demander s'il sortirait de la cave vivant. Il se rappela qu'une nuit, Jacky avait pleuré pendant une coupure de courant, car il avait peur du noir. Josette l'avait d'abord consolé, et voyant qu'il ne se calmait pas, avait commencé à lui crier dessus, en lui balançant des claques. Perdu dans les ténèbres à quelques mètres de la scène, Raymond n'avait rien pu faire, subissant la montée sonore de la crise hystériquoïde de sa femme sur le pauvre Jacky. Il avait peur de Josette, mais plus encore il avait peur du noir.

Le petit Jacky avait commencé à pousser un cri quand il sentit sa poussette faire un bond en avant. Il reconnaissait le pas impérieux de sa mère, mais après avoir hésité un instant, il l'appela d'une voix craintive : Môman ? Môôman ?
Josette ne répondit pas. Elle acceléra.

La porte de la cave fit un Bôm! sourd. La poignée tourna, et la lampe torche alla se fracasser contre une plinthe. Raymond, tout pétri de fureur, avait retrouvé tous ses moyens. Il sortit de la maison comme un diable de sa boite, et entra dans l'appentis de son atelier. Tout était en dessus-dessous. Autant que d'habitude, mais c'était pas son désordre à lui. Qu'est ce qu'elle avait bien pu chercher ? Il fouilla l'atelier, faisant le décompte de ce qui pouvait manquer. Tout à coup, en regardant derrière la fourche, saisi d'effroi, il se tapa le front de la main, comme Columbo, mais en plus fort.

Ses cent trente kilos bien calés de chaque coté de son vieux 102, Maurice Tribouchon pédalait pour faire démarrer sa machine, pensant à Bernard Hinault franchissant le col du Tourmalet pour se donner du courage. Il reprit son souffle un instant. En effet, à moitié cachée derrière une voiture, une brune incendiaire, l'opulente poitrine moulée dans une provoquante robe rouge, venait à dans sa direction. Il s'imagina un tout autre genre d'exploits sportifs, et regretta de ne pas s'être lavé aujourd'hui. Ni depuis trois jours non plus. Son Ninas sclérosé par les p'tits jaunes et les gauloises sans filtre essayait de se frayer un chemin sous sa bedaine, moitié contenue au dessus de la ceinture, moitié en dessous. En direction de la belle qui s'approchait, il lanca une oeillade. Il fut refroidi par le regard en lames de couteaux de la brune. Boitant sur ses talons cassés, elle propulsait une poussette où se tassait un môme terrifié, accessoirement elle tenait d'une seule main une tronçonneuse.

Raymond, toujours en robe de chambre, décannillait dans la rue adjacente. Il soufflait et suait, mais il s'étonnait de pouvoir encore courir aussi vite vu sa forme pitoyable. Il scrutait le croisement qui s'approchait, traversé par l'artère principale (interdite aux poids lourds) du village de Gourieu le Ruisseau. Il ne savait pas bien au juste si c'était le courage ou la trouille qui le faisait foncer comme ça. Mais il savait que s'il ne la trouvait pas dans la rue principale, eh bien, il n'osait pas savoir du tout. Encore sur la chaussée, il entamait son virage tel Carl Lewis au 200m pour arriver au carrefour quand il faillit se faire écraser par un gros boudiné sur un 102, qui détalait en sens inverse. Raymond, vu le regard hanté par la peur du rougeaud en fuite, sut qu'il fuyait précisément sa femme. Il acheva son virage olympique et tout en continuant à courir, il reconnut la silhouette de sa Josette; comme un feu maléfique dans le matin d'hiver de la basse montagne. Il entendait d'ici ses éructations, scandées par de grands moulinets de bras. Des gens se retournaient. Aux fenètres, moult ménagères (ou post-ménagères) apparaissaient, délaissant qui le téléachat du matin, qui une obscure serie étrangère relatant les périgrinations extraconjugales de chirurgiens libidineux. Ca blablatait à tout-va par dessous la moustache. Que fait la police ? Que font les pompiers ? Que fait la télévision ? Rassurons nous pour la télévision, Mme Veuve Fimat-Ribollot a déjà en ligne la secrétaire du service d'information d'une célèbre chaine de télé commerciale dont nous tairons le nom.
Cri de Jacky, sanglé dans la poussette.
Volte-face de la femme rouge.
Froid soleil sous le voile gris.
Clef de contact qui tinte sur le bitume.
Vieille tennis de Raymond volant dans l'air froid du petit matin blème.
Lame de tronçonneuse se levant derrière une voiture.
Un agent bleu de la force publique, largué par ses petits copains de fourgon peu scrupuleux, cherchait un téléphone pour prévenir la Gendarmerie, quand il vit la sus-mentionnée tronçonneuse. Objet contendant mécanisé. Il se jeta derechef à terre, mettant en joue de son arme de poing, cran de sécurité enlevé. Il faut dire qu'ils sont bien entrainés pour faire face à l'imprévu, à la Gendarmeie de Foumion le Rotrou.
-Sortez de là, mains en l'air, cria-t-il, visant au jugé où apparaîtrai la tête. Il était heureux, oui.
Raymond, étalé de tout son long, un pied à l'air sentit monter l'adrénaline, voyant la scène.
- Non... la loupe pas..., supplia-t-il.
La tronçonneuse avait disparu derrière la voiture. Mais l'agent de la force publique avait fort judicieusement remarqué que l'objet contendant mécanisé n'était pas en état de marche. Un peu décu, il était. Il commença à ramper en direction de la voiture, malmenant son beau costume uniformisé. Il fût bientôt dos contre portière, haletant en silence, l'air grave, le pistolet relevé, comme dans Chips. Sous la voiture, il avait aperçu deux jambes accroupies gainées de bas, et les roues d'une poussette.
D'une roulade, il passa de l'autre coté de la calandre de la voiture, il finit accroupi en joue.
- OH! MAIS MERDE! VOUS!, éructa Josette, qui reçut sur les jambes 80 cl d'essence qu'elle essayait de transvaser de la tronçonneuse dans le réservoir de sa voiture.

Le chat CROIT appartenir à une race supérieure évoluée. Mais ce n'est qu'un rebut pervers avec des yeux belzebuth et des griffes.


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Moddeur de Blye Citadelle du Chaos pour Morrowind et Vault panic pour Fallout3


#53 Eryndel

Eryndel

Posté 02 juin 2009 - 11:43

Lol pas de doute, le registre de cette nouvelle est très différent de la précédente, et la chute en est tout aussi habile, mais avec une dimension comique. En fait, c'est la chute qui fait toute la drôlerie de cette nouvelle, en ridiculisant tous ceux qui croient que Josette va commettre un meurtre - son mari, le cycliste obèse, la police, les badauds...
Quelle chance tu as de pouvoir faire des textes comiques... Je n'ai essayé qu'une fois, et c'était tellement lamentable que je ne l'ai pas gardé.

Cette fois, je propose aussi une courte nouvelle.

Il paraît qu'avant de mourir, on voit toute sa vie défiler  devant ses yeux. C'est faux. On ne voit que la mort. On ne pense qu'à  elle. Et surtout, on sent un mélange de peur et de curiosité s'insinuer  en soi. Est-ce que ça fait mal, mourir ? Est-ce qu'il y a quelque chose  après la mort ?http://forum.wiwiland.net/index.php?showtopic=41742&st=42&gopid=614570&#
Des souvenirs me reviennent en mémoire. Des mots, qui décrivent les événements qui ont précédé mon agonie.
Ai-je  dit précédé ? Non, ils l'ont accompagnée. Car je me meurs depuis que je  suis venu au monde. Tout le monde commence à agoniser dès lors qu'il  naît à la vie. Où ai-je lu cela ? Je ne sais plus. Tout se brouille,  tout se mélange. Une seule chose est sûre : les quelques jours qui ont  précipité ma chute vers la mort n'ont rien d'ordinaire.

Tout a  commencé lundi : comme toujours, en prenant mon petit-déjeuner,  j'écoutais d'une oreille distraite les informations à la radio. Et tout  à coup, au milieu des compte-rendu de guerre, de meurtre, de matchs  sportifs et de discours politiques débités d'un ton répétitif, voilà que  le commentateur glisse, mine de rien : "On m'apprend à la dernière  minute que Mona E. Rynn, la romancière qui défraye les chroniques  depuis près de cinq ans, est morte après avoir sombré dans la folie.  Son enterrement sera célébré la semaine prochaine en grande pompe."
Mona  E. Rynn, c'est moi. La foudre se serait abattue sur moi que je n'aurais  pas été plus bouleversée. Je regardai mon mari, mon fils et ma fille.  Quand je les interrogeai, ils affirmèrent n'avoir rien entendu de tel.  Bah, un moment d'inattention de leur part, sans doute.
Le deuxième  événement eut lieu Mercredi. J'avais presque oublié l'incident du lundi,  mais celui-là me le remit en mémoire. C'était le jour de la Toussaint.  Je me rendis au cimetière pour nettoyer la tombe de mes parents -  seule, mes enfants étant trop jeunes de mon point de vue pour venir  avec moi et mon mari considérant qu'il s'agissait d'une perte de temps.  Après avoir arraché les mauvaises herbes et déposé des chrysanthèmes  d'une teinte lumineuse, je contemplai la pierre tombale et mon coeur  manqua un battement. L'épitaphe avait changé : il était écrit
"Ci-gisent Gisèle et Richard E. Rynn, ainsi que leur fille, Mona, qui sombra dans la folie."
J'appelai  mon mari, complètement affolée. Il vint. Il lut la pierre. Puis il se  tourna vers moi : "Tu te trompes, Mona. Il n'est rien écrit de tel.  L'épitaphe est toujours la même :
Ci-gisent Gisèle et Richard E. Rynn."
Je relus. Je n'avais nullement fait erreur. Pourquoi ne le voyait-il pas ? Je tentais de protester.
"Ecoute,  chérie. Tu es épuisée. Tu te surmènes trop. Tu devrais prendre quelques  jours de congé. Tiens, demain, je t'emmène à la campagne."

Erreur  fatale ! Je commençais à me détendre. Trois jours passèrent sans  qu'aucun autre phénomène étrange se produise, et je commençais à croire  qu'en effet, j'avais été victime d'hallucinations dues à mon  imagination exarcerbée par le roman que j'écrivais alors. Mais, tandis  que je levais machinalement la tête du livre dans lequel j'étais  plongée, je vis, par la fenêtre, le visage narquois d'une rivale. Son  index droit vint contre sa tempe, tandis que de sa main gauche, elle  faisait mine de se trancher la gorge. Je me levai brutalement,  laissant tomber l'ouvrage que je lisais. Je saisis le coupe-papier qui  se trouvait sur le bureau. C'était elle, c'était elle qui avait fait ce  canular à la radio. C'était elle qui avait modifié l'épitaphe. C'était  forcément elle, cette peste, que j'abhorrais tant, depuis si longtemps !
Je  brisai la fenêtre. La haine me donna suffisamment de force pour que le  coupe-papier s'enfonce dans le coeur de l'autre. La moquerie dans ses  yeux s'éteignit. Son visage et son corps fondirent, s'élargirent, se  solidifièrent à nouveau...
J'avais tué l'homme que j'aimais le plus  au monde. J'avais assassiné mon mari ! Elle m'avait trompé ! Son regard  narquois me semblait clair à présent. Elle avait décidé de ruiner ma  vie, de me faire disparaître.
Akhalit... L'héroïne de mes romans...  Si populaire que mes lecteurs retenaient son nom plus aisément que le  mien. Elle était devenu plus vivante qu'un personnage de papier. Et  aujourd'hui, elle cherchait à m'anéantir. C'était évident.
Aujourd'hui,  je vais finalement mourir. Lui laisser la place. Je le compris quand,  me retournant, je vis mon reflet dans le miroir. Je ne suis plus tout à  fait moi. Dans la glace, c'est elle que j'aperçus. Je ne maîtrise plus  mon corps. Mes mains se serrent sur le coupe-papier ensanglanté : à  l'étage, j'entends les enfants chanter une comptine, vivants, bien trop  vivants... Tout comme moi.

Demain, à la radio, on entendra sans  doute ces mots : "On m'apprend à la dernière minute que Mona E. Rynn,  la romancière qui défraye les chroniques depuis près de cinq ans, est  morte après avoir
sombré dans une folie meurtrière. Son enterrement  sera célébré cette semaine en grande pompe." Je serai enterrée aux côtés  de mes parents, et l'épitaphe sur la tombe sera modifiée -
"Ci-gisent Gisèle et Richard E. Rynn, ainsi que leur fille, Mona, qui sombra dans la folie."

Modifié par Eryndel, 02 juin 2009 - 13:30.

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#54 sucresalesucre

sucresalesucre

    En fait y'a des accents cachés


Posté 02 juin 2009 - 12:53

Ta nouvelle rejoint un thème qui hante beaucoup d'auteurs : La réalité peut-elle rejoindre la fiction ? A force de puiser dans sa réalité pour en faire une fiction, on peut avoir l'angoisse de voir ce qu'on a créé arriver, comme si cela était une prémonition.

D'autant plus que souvent, on écrit pour exorciser ses peurs, on a inconsciemment peur qu'elles prennent corps et se retournent contre nous. Car c'est aussi le mécanisme des cauchemards, qui nous fait vivre une situation angoissante, pour nous aider à la combattre.

Quand on écrit, on manipule la réalité, dans une espèce de schizophrénie, on joue interieurement les personnages de son intrigue, les bons, comme les mauvais.

C'est révélateur de choisir un personnage principal écrivain, au dela d'un choix-miroir. L'écrivain est spectateur, conteur, pas acteur de la vie. C'est à la fois une situation angoissante, car le spectateur n'a pas de prise sur les évènements, ne "vit" pas, mais en même temps il a tout pouvoir sur ce qu'il créé.

Voir le messageEryndel, le 02.06.2009 à 12:42, dit :

Lol pas de doute, le registre de cette nouvelle est très différent de la précédente, et la chute en est tout aussi habile, mais avec une dimension comique. En fait, c'est la chute qui fait toute la drôlerie de cette nouvelle, en ridiculisant tous ceux qui croient que Josette va commettre un meurtre - son mari, le cycliste obèse, la police, les badauds...
Quelle chance tu as de pouvoir faire des textes comiques... Je n'ai essayé qu'une fois, et c'était tellement lamentable que je ne l'ai pas gardé.
C'est très dur d'écrire quelque chose de "comique", et ça dépend beaucoup de l'état d'esprit dans lequel on est. Pareil, la première fois que j'ai essayé, c'était foireux.

Le truc aussi , c'est de partir d'une idée forte. Pour la femme à la tronçonneuse avec une poussette, c'était vrai ! Je faisais la ligne un samedi matin (je suis chauffeur de car), et je vois au loin une nana en robe rouge, on ne voyait que ça. Mais en arrivant plus près, j'ai réalisé qu'elle poussait un landau avec une tronçonneuse dans l'autre main !

J'ai du me frotter les yeux, parce que c'était complètement irréel ! Toute la journée, je me suis posé la question : Qu'est ce qu'elle foutait un samedi matin avec un mioche et une tronçonneuse ???

A force de gamberger et de délirer un peu sur le sujet, ça a donné Josette.

Josette représente aussi la femme fatale, incontrôlable, qui embrase tout sur son passage...

Le chat CROIT appartenir à une race supérieure évoluée. Mais ce n'est qu'un rebut pervers avec des yeux belzebuth et des griffes.


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#55 Eryndel

Eryndel

Posté 02 juin 2009 - 13:24

D'accord, tu es parti d'un fait réel ^^ Effectivement, voir une chose pareille ne peut que faire travailler l'imagination.

Voir le messagesucresalesucre, le 02.06.2009 à 13:52, dit :

]
C'est très dur d'écrire quelque chose de "comique", et ça dépend beaucoup de l'état d'esprit dans lequel on est. Pareil, la première fois que j'ai essayé, c'était foireux.

Le truc aussi, c'est de partir d'une idée forte.

D'accord, si c'est une question d'entraînement et de point de départ, je sais ce qu'il me reste à faire pour y parvenir un jour. Merci pour ton conseil.

Quant à ce que tu dis sur ma nouvelle, tu as parfaitement raison. Il s'agit bien de la question du lien entre la réalité et la fiction. Je l'ai traité ici dans une veine fantastique plutôt angoissée, mais j'avais déjà écrit sur ce thème une nouvelle en 20 pages qui s'interroge sur ce lien de façon moins sombre, moins inquiétante - sauf si l'on considère que je voyais le réel comme lui-même écrit par quelqu'un faisant partie d'un monde également imaginé, etc. (et ce parce que je réfléchissais  sur cette idée que tout n'est qu'illusion.)

Dans cette nouvelle-ci, plutôt sombre, je considère que c'est l'imagination qui déborde la raison et qui entraîne Mona dans la folie. Un peu comme ces acteurs qui s'identifient tellement à un de leurs rôles qu'ils en perdent la raison, l'écrivain submergé ne parvient plus à dissocier ce qu'elle a écrit du réel. En même temps, cette imagination, cette folie ont une dimension prophétique, lui annonçant sa mort prochaine. On peut aussi considérer que la folie l'entraîne à s'auto-suggérer son suicide, à travers ses hallucinations visuelles et auditives.
Dans tous les cas, tu as fort bien cerné le sens de cette nouvelle.
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#56 Thalivor Naïlo

Thalivor Naïlo

    Fauteur sur gages


Posté 30 juillet 2009 - 23:51

Petit exercice d'écriture libre. J'ai écris ça sans préparation, sans y penser,juste avec la musique sur les oreilles...

Mort, noir, croix.
Vie, rouge, sang.
Emmène moi, entraîne moi
Vers cette univers de sombre beauté.

Mal, souffrance, amour.
Bien, blanc, ange
Déchu, tombe loin dans les ténèbres
Viens avec moi
Chez elle.

Belle et horrible
Attirante, aguichante
Lueur d'espoir, lueur d'amour
Dans ces yeux vivant
Qui en apporte la fin.

C'est elle, elle est là
Belle, majestueuse, sombre
Elle viens pour moi
Pour m'emmener, me guider
M'enlacer...




EDIT : Et un autre, ej suis assez prolifique en ce moment :

Vers moi, elle vient
Une faux, à la main.
Belle, attirante, noble
Et pourtant si redoutée.
Pourquoi la dire ignoble ?
Elle est si peu aimée.

Doucement, elle monte son bras, sa main
Tout en plongeant ses yeux dans les miens,
Noir d'albâtre dans son visage, devant moi.
Et puis viens ce désir, envie de nous unir.
Son visage, ses lèvres, j'ai foi
Si proche, proche à n'en plus finir.

Nos corps, l'un contre l'autre, en vie ?
Nos lèvres, dans mortel baiser, unie.
Son corps tendrement lové entre mes bras
Je sens sa peau froide et brûlante.
Un étreinte d'un instant qui n'en finit pas
Avec la Mort, mon aimante.

Modifié par Thalivor Naïlo, 30 juillet 2009 - 23:52.

In echecos videmus qui ducere debent.

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Heu.. non, c'est pas ça... Mais ça va me revenir...


VGM (Vrai Grand Morrowindien) de coeur et d'esprit ! Morrowind vaincra !


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#57 Eryndel

Eryndel

Posté 06 août 2009 - 08:59

Deux poèmes d'un coup ? Tu es très inspiré ence moment, semble-t-il... Je n'en ai qu'un à proposer, écrit avec difficulté (manque d'inspiration)


La lune vermeille
D'une nuit d'été
Au ciel enchanté
Dans l'ombre émerveille

La lune ensoleille
Le monde des fées
Ruines embrumées
Et peuplées d'abeilles

La lune émaillée
Dans la nuit promène
Sa face éveillée

Mais je veille encor
Comme la phalène
Aux ailes de mort

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#58 Thalivor Naïlo

Thalivor Naïlo

    Fauteur sur gages


Posté 10 septembre 2009 - 00:54

En fait la déprime m'inspire beaucoup... Après, faut aimer :banderilles:.

Sombre vampire noir
Nuit étoilée
Noir sur le ciel
Vole de ses ailes dentelées

Vole, prend
Bois ce sang
Vie liquide
Mort limpide

Nuit étoilée
Lune d'été
Et dans le ciel seul
Il vole...

Modifié par Thalivor Naïlo, 10 septembre 2009 - 00:55.

In echecos videmus qui ducere debent.

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#59 Eryndel

Eryndel

Posté 18 septembre 2009 - 14:19

Cette fois, pour ma part, je vous soumets une nouvelle : elle s'intitule "Le rêve du peintre". Je l'ai écrite cet été...





Le jour se levait. Dans le ciel, l’obscur satin de la nuit déteignait à l’est, prenant des teintes rougeâtres et violacées. Petit à petit, une lueur d’ocre jaune vint éclaircir davantage l’horizon paresseux et, lentement, le soleil enlisé s’extirpa du sol, boule incandescente venue chauffer à blanc le monde résigné à sa tyrannie. Les bribes de mon rêve récurrent s’évaporaient tandis que je contemplais ce spectacle déprimant. Encore une journée caniculaire… La pluie ne viendrait-elle donc jamais ? J’imaginais déjà ce que serait ce jour : se frayer un chemin à travers la foule dégoulinante de sueur jusqu’à la boulangerie ; rentrer, prendre une douche pour tenter vainement de se débarrasser de la chaleur collante ; manger du bout des dents – température excessive rimant avec manque d’appétit ; prendre la voiture, que j’ai bien sûr oublié de garer à l’ombre, pour me rendre à l’atelier ; et peindre, peindre le feu qui m’engourdit, peindre l’absence d’inspiration, peindre l’envie de respirer autre chose que du plomb fondu et des gaz d’échappement fétides.

    Mais ce jour-là, j’échappai malgré moi à la routine dans laquelle je m’enlisais avec une indifférence passive de légume pourrissant oublié sur un étal de marché. Les prémices de la matinée se déroulèrent comme prévu : foule moite à l’odeur aigre, boulangerie bondée, douche inutile, petit-déjeuner écoeurant, embouteillages puants. Mais arrivé à l’atelier, tout changea.

        « Monsieur Jacquemard ? »  

    Ça, c’était la voix délicate de mon assistante et amie, Manon Redour. Je ne saurais dire comment je l’ai rencontrée et engagée : cette période caniculaire dure depuis si longtemps que je n’ai pas souvenir de ce que j’ai pu vivre avant. Je me tournai vers elle : rougissante, la jeune femme frêle et menue baissait timidement les paupières sous mon regard.

        « Qu’y a –t-il, Manon ? »  

        Elle rougit davantage quand je lui adressai la parole. Comme toujours…  

        « Monsieur, quelqu’un vous attend et désire vous parler.  

        - Manon, tu sais pourtant que je ne veux voir personne ici tant que je travaille sur ce tableau.  

    - Pardon, Monsieur Jacquemard, murmura-t-elle, la voix tremblante, le visage et le cou écarlates. Mais cet homme a insisté pour vous voir. Il a dit que c’était de la plus haute importance. Du coup, je n’ai pas osé le renvoyer…

        - Tu n’oses jamais renvoyer les visiteurs, soupirai-je. A croire que tu les crains plus que moi.  

        - Pardon, Mons…  

- Oh, ça va ! Inutile de t’excuser pour la moindre de tes décisions. Je parlerai à cet homme, puisque c’est si important. »            

    D’emblée, quand je vis le visiteur qui m’attendait dans l’atelier, je sus que quelque chose n’allait pas. Quelque chose dans son maintien impeccable, dans sa coupe de cheveux au bol, dans son regard d’oiseau de proie, mettait tous mes sens en alerte. Une petite voix me soufflait : « Tu vois cet homme ? Il est à l’origine de tous tes maux… Tu as trop chaud ? c’est à cause de lui. Tu t’enlises dans ta routine, toujours la même journée répétée à l’infini sous le soleil accablant ? c’est à cause de lui. Tu as le sentiment que tu ne parviendras jamais à bout de ton tableau ? c’est à cause de lui, à cause de lui, de lui seul ! »

    Je rabrouai d’importance cette voix irrationnelle et, saluant le curieux personnage, lui demandai ce qu’il avait d’important à me dire.

        « Voyez-vous, je suis très occupé. SI vous pouviez faire vite, cela m’arrangerait, ajoutai-je.  

        - Ne me reconnais-tu pas, Jacquemard ?  

        - Euh… Non. Pourquoi ? je devrai ?  

- Oh que oui ! Laisse-moi te rafraîchir la mémoire…. »        Il m’entraîna devant la toile que je peignais actuellement, se mit devant, se tourna vers moi.  

        « Hé bien, me reconnais-tu à présent ? »  

    Je fronçais le sourcil, fit un geste de dénégation, ouvrit la bouche pour lui intimer de cesser de se moquer de moi… la refermai. Mon regard alla de l’inconnu au tableau et du tableau à l’inconnu sans que je pusse déterminer si je rêvais encore où étais éveillé : car face à moi, je voyais non pas une, mais deux silhouettes très droites, deux paires d’yeux acérés, deux hommes jumeaux, l’un de toile et de peinture, l’autre de chair et d’os.

        Je rouvris la bouche, la refermai. Je devais paraître ridicule. Finalement, j’appelai :  

        « Manon, apporte un rafraîchissement pour notre visiteur et moi, s’il te plaît ! »  

    Le mouvement qui se fit entendre de l’autre côté – bruit de pas, tintement des verres – confirma que la jeune femme m’avait entendu. Je désignai un siège à mon interlocuteur. Il s’assit, je restai debout. Les images se bousculaient dans ma tête… Ce tableau, je le peignais d’après le rêve qui hantait mes nuits depuis le début de ces journées placées sous le signe d’une chaleur indicible…

            

        J’assistais à un banquet, en plein Moyen-Âge. J’avais bu force hypocrate et maintes coupes de vin rouge, et je venais d’achever une délicieuse poire au vin. Autour de moi, les convives somptueusement étaient figés, comme dans un tableau : ici, une dame à la beauté nonpareille tendait gracieusement la main à son voisin qui la regardait avec tendresse, là un comte au manteau de brocart levait son verre en l’honneur de leur hôte, imité par les autres nobles siégeant à la haute table. Tous étaient tournés vers celui-ci, un comte de haute taille, celui qui ressemblait trait pour trait à mon curieux visiteur. Puis la toile s’animait et les voix joyeuses des convives portant un toast résonnaient en choeur, couvrant les accords que les trouvères jouaient pour le plus grand bonheur des dames et gentilhommes. Tous buvaient, il se levait en levant la main, imposant ainsi le silence. Comme il allait parler, le rêve s’interrompait…  

            

    Je me détournai de mes pensées et reportai mon attention sur lui. Au même moment, la porte s’ouvrit sur la timide Manon, qui présenta à chacun de nous un verre de jus de raisin où tintaient des glaçons. Je la remerciai distraitement, sans prendre garde à son air inquiet, et entamai le dialogue avec mon interlocuteur.

        « Qui êtes-vous ?  

        - Vous le savez déjà. Je suis le seigneur qui préside la table du banquet dans tes rêves, et sur ton tableau.  

    - Ça ne m’avance pas à grand-chose, déclarai-je franchement. Et puis, pourriez vous cesser de me tutoyer comme si on se connaissait de longue date ? C’est franchement agaçant.

- Non. »    Voilà qui avait le mérite d’être clair et franc. Cependant, je sentis la moutarde me monter au nez. Cet importun était-il fou ? à croire qu’il se prenait pour le comte que j’avais peint sans le vouloir à son image.  

        « Pourquoi ? me bornai-je à répliquer.  

    - Parce que tu es à mon service. Je t’ai engagé pour peindre mon portrait, Maître Jacquemard. Or, que vois-je ? Au lieu de cela, tu te complais dans tes hallucinations, dans cet enfer – il fit un large geste circulaire du bras, englobant tout ce qui nous entourait – et tu peins inlassablement la même scène, toujours recommencée, jamais terminée, en revivant sans arrêt le même jour, et rêvant sans arrêt de la même chose. Réveille-toi, Jacquemard. Réveille-toi et remets-toi à mon portrait, ou meurs, mais ne reste pas ainsi entre deux eaux. C’est indigne d’un homme de ta trempe, peintre. »

    Je me sentis rougir de colère en réaction au ton cinglant de ce fou échappé de l’asile. Que pouvait-il être d’autre, quand il prétendait être un comte qui avait régné dans un Moyen-Âge imaginaire créé de toute pièce par mon inconscient pour peupler mes cauchemars ? Je réagis au quart de tour :

    « Monsieur, fis-je froidement, ne croyez pas pouvoir m’impressionner par votre ton impérieux. Vous savez ce que je crois ? Je crois que vous êtes venu ici dans l’espoir que je fasse votre portrait, alors que je ne pratique pas ce genre de peinture. Je crois aussi qu’ayant été introduit ici pour attendre mon arrivée, vous avez été surpris de J’ignore comment vous avez pu découvrir que ce tableau est inspiré d’un de mes rêves, mais une chose est sûre : fort de votre ressemblance avec son sujet central, et sachant qu’il est des phénomènes étranges en ce monde, vous avez pensé que j’avalerai l’histoire confuse et abracadabrante que vous me servez là. Seulement, je ne suis pas si stupide. Alors vous allez sortir d’ici, et vite !

- Malheureusement, c’est impossible. Je ne partirai pas tant que tu ne seras pas revenu à la raison. Laisse-moi t’expliquer, puisque tu as tout oublié de ta vraie vie. »  L’aplomb de ce cinglé était insupportable. Je brûlais de me débarrasser de lui, à présent. La chaleur me brouillait les idées. Je bus une gorgée de jus de fruit glacé ; le liquide trop froid me brûla la gorge.
     « Soit, dis-je. Expliquez-moi ça. »  

        Mon ton sarcastique ne lui échappa point, je le vis dans son regard. Néanmoins il s’exécuta.  

            

    Ou plutôt il tenta de le faire. De fait, à partir du moment où il ouvrit la bouche, il se produisit une chose totalement inattendue. Même dans mes cauchemars ou mes rêves les plus étranges, je n’aurais jamais cru que cela pût advenir. Jamais. Et pourtant, cela arriva.

            

    Un cri rageur retentit, auquel fit écho le râle furieux de mon hôte brusquement enflammé de haine. Je vis au ralenti, comme dans un rêve, la porte s’ouvrir avec fracas. Double détonation mêlée au tintement d’un verre brisé. Exclamation de victoire se muant en râle d’agonie, rire dément étranglé par une quinte de toux gargouillante. Sous mes yeux effarés, Manon, la timide Manon, venait de se métamorphoser en meurtrière hideuse et le comte si étrange qui avait tant désiré me parler l’avait touchée en plein cœur. Je me sentis faiblir et, pour la première fois depuis une éternité, je frissonnai. La faucheuse, en entrant, avait soulevé ce courant d’air glacé. Je m’approchai en tremblant de mon assistante, de cette jeune femme au visage délicat et à la beauté fragile qui m’avait côtoyé et secondé de son mieux malgré sa timidité, ravivant mon courage et mon inspiration quand le besoin s’en faisait sentir. L’agonie avait figé son expression naguère si douce en un masque démoniaque : yeux révulsés, rictus haineux, écume aux lèvres, tout en elle semblait empreint d’une méchanceté pure dont je ne l’eusse jamais cru capable. Je frémis de nouveau. Que signifiait ceci ? Malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de relier cette métamorphose à son inquiétude excessive quand elle m’avait annoncé mon visiteur. En y repensant, elle n’avait jamais paru autant mal à l’aise quand on venait me voir à l’impromptu… Je me détournai vivement de ce visage qui me peinait par son contraste avec ce que j’avais toujours vu d’elle, et vins examiner l’homme qui s’était fait passer pour un comte. Lui n’était pas encore mort. Sa respiration ronflait et sifflait à faire peur – sans doute ses poumons étaient-ils touchés et se remplissaient-ils de sang. Sentant que je me penchais sur lui, il ouvrit les paupières qu’il venait de crisper douloureusement, et murmura péniblement :

    « Écoute, Ja…cquemard, et ne…m’interromps pas. J’ai… peu de temps… devant moi… Elle… Manon… c’est elle qui t’as tué… Non, tais-toi, écoute… Tu es Maître… Jacquemard, peintre… et enlumineur de talent… Tu as é… conduit cette femme… ta servante… Elle… elle t’aimait… et tu as rejeté son… amour… Alors… elle t’as… maudit et… s’est damnée… »

        La voix de l’homme s’affaiblissait, je me penchai davantage.  

        « En plein banquet, un soir, elle t’a tué… ou presque… elle t’a raté… »  

        Il toussa, un filet de sang se mit à couler de ses lèvres.  

    « É…coute… Elle… a disparu… quand tu as plongé dans l’in.. conscience… et… tu t’es mis… à.. diva…guer… Les… clercs m’ont rapporté ce que tu… disais… par la grâce de… Dieu, j’ai pu comprendre ce qui s’était produit et j’ai pu m’infiltrer dans ton rêve, ou plutôt… dans… l’enfer où elle t’avait enfermé… »

    Je le fis taire d’un geste. J’avais compris où il voulait en venir. Manon, la timide Manon… Une sorcière ? et moi, un homme du Moyen-Âge ? Dehors, l’orage qui menaçait depuis si longtemps se mit à gronder au loin, roulement de tambour ponctuant un instant crucial. Dans un flash aveuglant, je vis mon rêve se dérouler à nouveau…

            

        J’assistais à un banquet, en plein Moyen-Âge. J’avais bu force hypocrate et maintes coupes de vin rouge, et je venais d’achever une délicieuse poire au vin. Autour de moi, les convives somptueusement étaient figés, comme dans un tableau : ici, une dame à la beauté nonpareille tendait gracieusement la main à son voisin qui la regardait avec tendresse, là un comte au manteau de brocart levait son verre en l’honneur de leur hôte, imité par les autres nobles siégeant à la haute table. Tous étaient tournés vers celui-ci, un comte de haute taille, celui qui ressemblait trait pour trait à mon curieux visiteur. Puis la toile s’animait et les voix joyeuses des convives portant un toast résonnaient en choeur, couvrant les accords que les trouvères jouaient pour le plus grand bonheur des dames et gentilhommes. Tous buvaient, il se levait en levant la main, imposant ainsi le silence. Comme il allait parler, une flèche sifflait et s’enfonçait en crépitant dans mon dos. Je la sentais percer les chairs, passer entre les côtes, perforer le poumon gauche à quelques pouces à peine de mon cœur. La pièce tanguait, des cris affolés retentissaient, je vis le plafond prendre la place du mur et le mur remplacer le sol… Un noir… Manon à mon chevet… Puis un gouffre sans fond, puis, ce monde étrange où la langue était à la fois familière et étrange, où le soleil était éternel, où Manon était à mes côtés… J’y étais depuis toujours, et je l’aimais.  

            

    Le dégoût me saisit soudain, accompagné d’une brusque nausée. Une bile amère emplit ma bouche – dehors, il se mit à pleuvoir. Je battis des paupières, aveuglé par un nouvel éclair.

            

        « Il bouge ! Il a ouvert les yeux ! »  

    J’entrevis une chambre familière aux murs de pierre de taille, des visages anxieux, amicaux que je n’aurais jamais imaginé revoir. Je souris, avant qu’un spasme d’agonie ne rompît le fil qui me reliait à la vie.

              


    En 2009, bien des siècles plus tard, des passants entendirent deux détonations provenir de l’atelier du peintre Jacquemard. Quelqu’un saisit son téléphone mobile pour appeler la police. Peu après, les sirènes hurlantes des voitures de patrouilles vinrent rivaliser avec les grondements du tonnerre. Mais comme elles arrivaient sur les lieux, un éclair aveuglant força tout le monde à fermer les yeux. Quand les badauds et les agents rouvrirent les paupières, les flammes dévoraient l’atelier. Il n’en resta que des cendres. Rien ne put être sauvé.
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#60 Orange

Orange

    Opérateur Historique du Flood


Posté 09 octobre 2009 - 21:15

Petit poème d'amour :)

Depuis ce jour où je t'ai rencontré
Où mes yeux t'ont pour la première fois admirés
Où mon corps s'est pour la première fois arrêté
Où mon cœur s'est pour la première fois enflammé

Depuis ce jour où tu m'a pour la première fois parlé
Où mes sens se sont pour la première fois tous éveillés
Où mes pieds n'ont pour la première fois pu me supporter
Où mon corps s'est littéralement écroulé

Où ma tête a pour la première fois perdu la tête
Où mes yeux ont pour la première fois brillés
Où mon être tout entier s'est pour la première fois émerveillé
Devant tant d'amabilité et de beauté

J'ai arrêté de vivre pour espérer
J'ai commencé à vivre pour désirer
J'ai arrêté de manger, par lassitude
J'ai commencé de ta beauté à m'alimenter

Je ne puis désormais me passer de toi
Tu es, dans ce monde, tout ce qui compte pour moi
Je ne sais trop comment te l'annoncer
Que la première personne que j'ai aimé, c'est toi.
Immuablement FPIA

#61 Orange

Orange

    Opérateur Historique du Flood


Posté 12 octobre 2009 - 06:59

La suite historique (et logique) de mon précédent poème

Sans nom

    

Comment puis-je expliquer
  

Cette sensation étrange
  

Qui me laisse baigner
  

Dans un océan de vide?
  

  

Je ne sais plus trop qui je suis
  

Je ne sais plus trop quoi faire
  

J'ai oublié c'était quoi ma vie
  

Je me sens comme dans le désert
  

  

Cette sensation étrange
  

Ne m'enrage pas
  

Ne m'enlarme pas
  

Ne me surprend pas
  

Elle me laisse froid
  

Sans espoir ni désir
  

Sans passé ni avenir
  

Sans malheur ni plaisir
  

  

Au fond, j'en étais sur
  

Je le savais en quelque part
  

Que mon prince charmant, en qui j'avais espoir
  

Ne pourrait être qu'un désir illusoire
  

  

Je ne suis pas haineux
  

Je ne suis pas honteux
  

Qu'aurais-je à lui reprocher
  

Même pas de ne pas m'aimer
  

J'ai été berné, je l'avoue
  

L'amour m'a tendu un piège, dans lequel j'ai sombré
  

  

J'ai été irréaliste, j'ai été fou
  

De croire que c'était lui, l'homme de ma vie
  

  

Je ne suis même pas foutu
  

De trouver un homme qui puisse m'aimer
  

De trouver un type qui me soit accroché
  

De trouver un type qui soit gay
  

  

Alors bon, je laisse tout tomber
  

La vie, elle m'a bien baisé
  

Et le coup de foudre, c'est qu'illusoire
  

Ça ne fait que me mettre dans un tel merdier, un tel foutoir
  

  

Sur ce, je vais me reposer
  

Je suis assez fatigué
  

Et la vie, j'en ai plus rien à branler


Modifié par Orange, 12 octobre 2009 - 07:02.

Immuablement FPIA

#62 Orange

Orange

    Opérateur Historique du Flood


Posté 17 octobre 2009 - 18:44

Désolé pour le double post, mais j'ai un autre poème ^^, un tout petit, composé hier après les cours en attendant ma mère à l'école.


    Un moment, pour l'éternité

  Je suis là, assis sur le bord
  J'attend ma mère, pour qu'elle me mène à bon port
  Mais sérieusement, qu'est-ce que j'attend?

  Je suis un peu triste, il est vrai
  J'ai un peu froid, par ces temps frais
  Mais après tout ceci, rien ne m'attend
  Le futur, c'est maintenant

  Le temps que je prend pour écouter mes chansons
  Que je prend pour relaxer au soleil
  Que je prend pour demander pardon
  De ne pas profiter de moments pareil

  Bientôt, elle sera là, devant moi
  Et je devrai monter
  Des devoirs je devrai faire
  Et ma vie continuer

  Mais déjà, je serai satisfait
  Je serai content
  D'avoir pris le temps
  De vivre pour de vrai



* ''Pour de vrai'' veut dire, dans le contexte, ''Vraiment'' (vivre)

Modifié par Orange, 31 octobre 2009 - 20:06.

Immuablement FPIA

#63 Eryndel

Eryndel

Posté 31 octobre 2009 - 19:13

Tes poèmes sont plutôt réussis :angry:
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#64 Orange

Orange

    Opérateur Historique du Flood


Posté 31 octobre 2009 - 20:07

Merci beaucoup! ^^ C'est tout un honneur pour moi qu'un tel commentaire, d'une professeur de français en plus! :angry:


Rien à dire

    

Je voudrais bien écrire quelque chose
  

Question de faire profiter le moment
  

Mais je ne peux pas forcer les proses
  

À s'inscrire ici pour l'instant
  

  

Si je manque d'inspiration
  

De composer, il est hors de question
  

Parce que entre le blanc ou quelque chose d'exécrable
  

De choisir, je ne suis point capable
  

  

Avec le temps
  

Viendra bien un moment
  

Où je pourrai saisir mon crayon
  

Et écrire sans façon
  

  

Ah, mais tiens, ça me vient
  

Pourquoi ne pas inscrire mes dires
  

Ou réciter mes pensées
  

  

Parce qu'entre faire ainsi
  

Ou rester les bras croisés
  

La première option, je choisi


Modifié par Orange, 31 octobre 2009 - 20:08.

Immuablement FPIA

#65 Eryndel

Eryndel

Posté 31 octobre 2009 - 20:32

Tiens donc ^^ voilà le fameux paradoxe de la page blanche source d'inspiration...
Ceci dit j'ai aussi écrit des poèmes cette semaine. Les voici, sans prétention aucune - c'est plus des exercices de style écrits par amusement que de vrais poèmes, vu que je les ai écrits d'un seul jet.

Murmures secrets

Le murmure du vent chuchote, l'indiscret,
Sous le ciel scintillant de rêves endormis :
Le murmure du vent colporte les secrets
Par la Dame de Nuit espionnés et surpris.

Sous le ciel scintillant de rêves endormis,
Les forêts éveillées murmurent, effarouchées.
Par la Dame de Nuit espionnés et surpris,
Les hommes endormis ont perdu leurs secrets.

Les forêts éveillées murmurent, effarouchées,
Ce que le vent nocturne marmonne et gémit.
Les hommes endormis ont perdu leurs secrets,
Ceux que leurs rêves seuls révèlent à la Nuit.

Ce que le vent nocturne marmonne et gémit,
La Lune facécieuse aux rêveurs l'a volé;
Ce que leurs rêves seuls révèlent à la Nuit,
Aux dryades et fées ce soir s'en est allé...




La Phalène curieuse

Une flamme liquide d'ambre fascinant
Attirait les regards d'une reine phalène.
Quel secret se cachait en son coeur flamboyant ?
Ainsi s'interrogeait la trop curieuse reine.

Des murmures attisent sa curiosité,
Les murmures discrets du feu plein de secrets.
La phalène, croyant à quelque confidence,
Approche pour entendre, sans nulle défiance...

Au pied de la bougie, deux ailes calcinées :
La phalène indiscrète au piège fabuleux
Du secret si tentant s'est laissée attraper.
Mais nulle merveille, nul trésor dans le feu.

Les secrets ne sont pas ce qu'ils semblent :
Une fois découverts, au mieux ils vous déçoivent ;
Au pire... ils vous réduisent l'âme en cendres.
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#66 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 31 octobre 2009 - 23:29

C'est toujours un plaisir que de te lire. :)

J'ai une petite préférence pour le premier, sans doute à cause de l'impression de plus grande régularité de rythme qu'il me donne.
« I was a soldier! I killed people!
- You were a doctor!
- I had bad days! »
John Watson, en train d'étrangler Sherlock Holmes, Sherlock - A Scandal in Belgravia (2012)
---------------
Vous aussi rejoignez les Fervents Partisans de l'Immuabilité Avatarienne!
---------------
VGM impénitent (était-il besoin de le préciser?)
---------------
Paterfamilias niv.IV

#67 Eryndel

Eryndel

Posté 01 novembre 2009 - 18:58

J'étais plus inspirée pour le premier que pour le deuxième ^^
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#68 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 13 novembre 2009 - 00:10

Quasiment un sonnet, pour un autre concours sur Human Epic, sur le thème de l'amitié. Détail intéressant: il y avait des mots imposés (abandonner, don, jalousie, présence, sourire) et d'autres qui étaient interdits (amitié, amour, ennemi, jeux, et sympathie).

Après l’Age de Fer

Entendez-vous gémir sur l’onde ensanglantée
Les guerriers rejetés du haut des palissades ?
Ils font don de leur vie afin de supplanter
Quelque tribu rivale d’une pourpre embrassade.

C’en est fini pour nous de ces guerres inanes
Et en vain tu peux braire, ô Jalousie mortelle :
La dague abandonnée au sein des eaux diaphanes,
Nous sommes devenus sourds à tes mornes appels.

Désormais, compagnons, fi des vieilles rancœurs !
Nous ne sommes plus Chien ou Gaucher ou Broyeur,
Ou quelque soldatesque destinée à pourrir.

Partageons donc, Lacustres, le poisson et le vin
Que soit votre présence de nos vies le levain.
Pour offrir à la haine le tombeau d’un sourire.


« I was a soldier! I killed people!
- You were a doctor!
- I had bad days! »
John Watson, en train d'étrangler Sherlock Holmes, Sherlock - A Scandal in Belgravia (2012)
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Vous aussi rejoignez les Fervents Partisans de l'Immuabilité Avatarienne!
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VGM impénitent (était-il besoin de le préciser?)
---------------
Paterfamilias niv.IV

#69 naco

naco

    Soeurette ^^


Posté 16 novembre 2009 - 03:28

Allez je profite d'une bonne nuit d'insomnie pour vous soumettre un peu de ma toute confidentielle et relative prose.

Ce sont des heures

Ce sont des heures qui s’étirent indéfiniment.
Ce sont des heures comme des petites tranches de mort.
Ce sont des heures de montres molles.
Ce sont des heures que l’on tue à petit feu. Et qui consument avec langueur.
Ce sont des heures au goût d’ennui.
Ce sont des heures de solitude subie.
Ce sont des heures qui glissent sous la porte du temps, sournoisement.
Ce sont des heures de pendus aux arbres.
Des petits trous dans les tempes et du sommeil éternel.
Ce sont des heures de repas de famille fantomatiques.
Ce sont des heures de regards vides.
Ce sont des heures de pieds froids et des yeux humides.


Errance
Les branches noires des arbres déchirent le ciel laiteux. Nuée de corbeaux, usines abandonnées et arbres déchiquetés. Arbrisseaux enlisés dans les rivières d’émeraude de la promesse du sud. Au bout du voyage, les jardins ouvriers abandonnés, d’un temps presque révolu. Mon esprit est trouble. Mon esprit est double. Entre désolation et luxuriance. Tristesse des piscines vides en hiver. Beauté d’une éolienne dans un pré. Arbres tortueux et torturés. Des pulls over rouges dans les arbres. Des rails abandonnés. Où pousse la mauvaise herbe. Le chemin est vague et emprunté. C’est la promesse du vagabond. Chaque jours un pas de plus vers l’éternité.

La colline

La colline. Le vent. Le vent glacé souffle à mes oreilles une mélancolie subtile, Une tristesse apaisée. Une mélancolie sereine. Un leitmotiv d’images refluant les sentiments. La colline. Le vent. Les corps.
Je suis de nouveau sur la colline. Les mêmes bâtiments. Briques rouges noircies par le temps. L’herbe  a repoussé sur le charnier.  Je suis de nouveau sur la colline et je suis vivant.
Lancinante musique de vie et de mort. La musique du défilé. Chaîne de corps nus. De corps rayés. Numérotés. Corps anonymes. Corps. Corps. Corps.
Je l’ai joué cette musique. Brindille de doigts tremblotants sur l’archer. Obéissance et résistance. Résistance et soumission. Insulte aux corps décharnés. Un fil sonore nous rattachant tous à l’humanité. A l’identité.
Je suis de nouveau sur la colline, les doigts sur l’archer jouent des notes salées.

Impromptu

Vagabonde du monde et passagère du vent, ma vie a le prix du rêve.
Je funambule ma vie au gré du hasard.
Mes sentiments-bougies à s’en fondre l’âme.
De 1 à 2 il y a l’infini.
L’homme descend du songe.
Voix d’un peuple plié.
Si la méduse me foudroie serais-je pierre d’éternité ?
La poupée danse dans ma tête avec ses odeurs de vent.
Petits pas de papillon sur des airs métalliques.
Un peu de sable de temps perdu.


JE ME SUIS PERDUE

Je me suis perdue dans le rêve du désert.
Je me suis perdue dans le murmure d’un papillon.
Je me suis perdue dans le silence des pierres.
Je me suis perdue dans les voix des morts.
Je me suis perdue dans l’ombre d’une illusion.
Je me suis perdue dans le bruit des machines.
Je me suis perdue dans des odeurs métalliques.




Errance 2

Un souffle court, un frémissement d’étoiles dans le ciel. Chevauchée fantastique des illusions. Au loin un peu de poussière tourbillonnante. Le vol frénétique d’un sac plastique au gré du vent. Le building écrase les hommes, le ciel, le soleil. En cherchant le vendeur de cigare de Brooklyn je n’ai trouvé que des cendres. Les fils chantent autour de moi. « Les rêves sont comme le toit d’une pagode en guise de chapeau ».  Un zepplin publicitaire écorche le ciel. Un bateau volant. Les cordages trop tendus craquent à s’en fendre l’âme. Une mouette perdue s’échoue sur une cabine téléphonique. Sonnerie. Je décroche.  « Ne t’approches pas du bord, petite fille. Les rêves sont mortels » L’écho de la ville me revient doucement aux oreilles. Le zepplin est partit, laissant une trainée blanche. « Chevauchée fantastique des illusions ».



Ôde aux mondes engloutis

Croqueur de sable, avaleur de temps, Dévoreur de rêve, indigestion de cauchemar. Dis-moi Croquépic, héros de mon enfance, où sont passés les boules de suies qui réchauffaient les mondes imaginaires ?
Je me souviens. Je me souviens de ceux qui enfermaient dans le formol leurs souvenirs, sous la craquelure de leurs rides, ceux qui fixent leurs yeux sur le cadran des horloges, dont chaque coup menace leurs artères. Vidée de sens la substance de leurs illusions, rompues sous le poids des habitudes et des contraintes. La vie tue à petit feu les petits hommes.
Je me souviens. Je me souviens de ceux qui marchent sur l’asphalte dévorée par les dunes, cherchant de leurs yeux l’horizon infini en pensant qu’ailleurs c’est toujours mieux. Les aventuriers des frontières se heurtent à des murs transparents. Seuls les passe-murailles peuvent espérer le nouveau monde.
Je me souviens. Je me souviens des cauchemars dans les placards et des monstres du loch ness dans les piscines municipales, des voix déformées et des créatures imbriquées des pochettes de disque.
Je me souviens. Je me souviens des bateaux volants, de l’envol des parapluies sauvages et du fer à repasser grognon.
Je me souviens. Je me souviens de l’odeur de nuit mouillée comme un chien, des lumières des réverbères et de l’excitation de petite fille dans l’atmosphère des noëls. Je me souviens des ballades rassurantes dans les cimetières, des conversations avec les morts et les animaux imaginaires sur le chemin de l’école.
Je me souviens. Je me souviens de la sorcière et sa collection de têtes, des dominos éphémères. Des grands hommes qui bâtissaient des maisons de terre en bravant des tempêtes.
Ôde aux mondes engloutis, aux mondes de l’oubli.



Errance 3
• Les violons font un bruit de locomotive et je sais que c’est le bruit de ma destinée. Car j’ai perdu le sens de ma vie dans une quête absurde de chimère. Je me suis enlisée dans les sables émouvants de mes rêves. Il ne me reste que poussière de sable. La voie est pleine de mauvaise herbe et les rails s’effritent. Les lucioles deviennent bourdons. La locomotive est un géant de fonte qui avance avec des allures de rouleau compresseur. Les voyages sont toujours un peu imaginaires et prennent des allures d’odyssée.



Nuit

Une lueur dans la nuit
Un drame se joue dans le silence
De cette lumière tremblotante
Qui se joue des reflets
Sur le bitume humide
Et mouillé
De la pâle clarté de la lune.
Blâfarde
Un imper virevoltant
Un claquement de talons aiguille
La résonnance
Une nuit de chien mouillé
Une nuit qui vous transperce l’âme
Et vous laisse frémissant sur le trottoir
Orphelin du jour
Une envie d’éternité






MU

Il  y eut MU. Cette mélodie, appel obsédant, cette petite musique qui emberlificotait votre esprit, ce déchirement lorsque vos pas vous entraînent loin de ses ailes. MU. Cette porte sur le désert. Un oasis au-dessus du minaret de fer. Le chemin s’est effacé de ma mémoire. Une suite de pas aléatoires. Quelques lignes de moins sur le mur des actes manqués. Vagues souvenirs d’hommes coquilles ennivrés d’exotisme bon marché. La goélette qui embrasait le vent, l’étendard sanglant claquant dans la brise marine. Les poissons volants. Images brisées. La piste du désert, un silence de plus en plus oppressant.  Le thé fumant sous les tentes nomades. L’homme mi fou mi sage qui fouillait mes yeux ou mon âme.  Je cherchais mon chemin dans les pierres délaissées par les océans oubliés… Vagabond des sables.  Après les délires opiacés et les brumes d’absinthe je pouvais croire aux mirages. D’ailleurs, qu’attendais-je de plus ?
Je m’étais déjà perdu dans les fièvres vertes, persuadé que les rêves d’éléphants cachaient la cité sous les nuages blancs.


Le temps

Le temps de l’hirondelle n’est plus
Le temps d’un battement d’aile
D’asphodèle
Un temps pour elle
Et un temps, soit peu
En tandem, le temps d’aimer
Mon tempérament est allé temps péter ailleurs
Temps-plier de mon sablier
L’espace-temps d’une seconde et la planisphère n’est plus.
Il est temps de prendre la poudre d’escampette.






TOI

Possédée d’une vie que je n’ai pas vécue
De rêves que je n’ai pas rêvés
Doté d’un passé de marionnette
Ton jardin
Ton sourire
Le ciel tombe sur ton visage
Mais tu n’es plus qu’une ombre de visage
Une ombre de visage
Les machines dévorent tes chaires et boivent ton sang.
Sur les tombes, des bouts de noms
Des visages oubliés
Des sourires oubliés
Des rires oubliés
Envolés les voix et leur sonorité
Alors les fantômes dansent dans les rêves
Et rallument la flamme du souvenir


Le poète

Fumerolles d’Island. Au pied du grand teepee. Dans les marécages aux arbres tortués et aux lianes mousseuses. Dans les nuées des vapeurs toxiques, le poète devient dithyrambique. Un athlète épileptique de la rime. Le grain passe. Remise à niveau à gorgée de Ballantine.  L’Ireland en longue vue. L’écosse en kaléidoscope. La roue tourne mais les pierres roulent. Il y a de la fuite dans les idées qui se fracassent contre l’écueil de l’allitération. Overdose poétique. Fini les ablutions dans le delirum tremens. Une bonne bouffée d’air terre à terre.





Sonatine

La petite mélodie gisait au fond de ma nostalgie. Une robe rouge soulevée par une brise légère. Le cri des enfants. La marée des mouettes sur les sables émouvants. Le frottement des cartes sur la roue de vélo, le rire des enfants. Musique d’un flot de mémoires éparpillés, d’un passé non vécu.  
Une tranchée, une remise de diplôme, le revolver sur la tempe, le cerf volant rouge, la fête foraine, la note bleue, le toit du building…
Ce bout d’homme qui plantait des arbres comme si tout était encore possible et celui qui arpentait les désert en quête d’un peu d’humanité.
Le long couloir de l’hôpital. Elle, les yeux au ciel. Une démente ou un ange. Un voile sur son visage.
Le bateau en papier glisse le long du caniveau. Les lumières de la ville. Une suite miraculeuse de ricochets sur la rivière agitée.
Et sonatine résonne à mes oreilles des notes d’enfance.
Le long couloir. Le silence. Les battements de ton cœur. La porte blanche. La lumière aveuglante. L’impuissance.  Tu n’es qu’un soupir de rêve et la mélodie t’as rattrapée.


YEMEN

Au Yemen il y a des femmes poètes qui l’on cache derrière les barreaux des fenêtres. A l’ombre de leur voile noire elles guettent le murmure d’un vent de poussière. D’un vent de désert. Qui leur ensable la gorge et les oreilles. Qui leur bouche les yeux et le nez. Privés de sens elles écrivent les lambeaux de leurs rêves décharnés.
Dans les rues, des maisons closes, obstruées par le sable, les hommes prisons traînent. Avec indolence. Sourd aux clameurs poétiques des femmes, alourdis et saouls de chaleur. Les hommes pensent gravement aux futilités tandis que leurs ombres rampent avidement vers les barreaux des fenêtres. Les hommes prisons se battent contre leurs ombres.
Les femmes poètes cherchent le moindre bout de papier, la moindre parcelle non consommée.  Consumée. Reçoit son lot de déversement libératoire. Elles remuent les maisons, les mettent sens dessus dessous. Elles ont des pièges à papiers, les femmes poètes deviennent femmes araignées.  Les femmes poètes aiment l’érotisme. Elles parlent des choses interdites. De la douceur des caresses sur les corps, sur les cœurs. Des sexes des hommes. Des sexes des femmes.
La nuit tombe. Les hommes prisons rentrent. Les femmes poètes cachent l’objet des délits. Des désirs. Font les femmes aux foyers. Adoptent la soumission. Les hommes prison reprennent possession de leurs ombres. Dehors les enfants lunes envahissent la rue et le silence les maisons. Et le vent murmure les délits des femmes.



INSOMNIE

La nuit est longue. La nuit est lente. Qui s’étire indéfiniment. Elle prend le temps. Elle. Elle me nargue. Se moque. Se délecte de mon impuissance. De mon envie d’un abandon salvateur. Du coup de massue qui me plongera dans ses abîmes. Mais elle me le refuse. Me veux pour elle, toute entière, éveillée, aux aguets. Prête à la soumission, à la domination. Mais encore elle s’échappe. S’effiloche entre mes doigts brumeux. Alors je veux la griffer, la mordre, l’éventrer, dans sa chair, au plus profond. Lui faire mordre la poussière. Mais la lutte est inégale. Elle me grignote, petit à petit. Me tue à petit feu. Me laisse pantelante dans les draps mouillés de ma propre sueur.
L'homme descend du songe

On the morroad again


- Membre de la Confrérie des Insomniaques Anonymes

#70 Thalivor Naïlo

Thalivor Naïlo

    Fauteur sur gages


Posté 28 novembre 2009 - 11:58

Un petit nouveau sur un thème assez particulier ^^. J'espère que ça plaira :). Je suis en tout cas assez fière de la forme ^^.

Deux

Tendrement enlacées, l'autre contre l'une
Ses deux bras, protecteurs, noués autour de moi
Je sens son souffle, sa chaleur, son coeur qui bat
Amour tendre, sous le regard de la lune.

De tristes sensations, il n'y en a aucune
Tout tendrement, nos deux lèvres se joignent, joie
Dans un long, doux baiser, tout notre amour fait foi
En ce témoignage, offert par ma brune.

Nos lèvres, tendrement unies, bougent, douces
Puis se quittent, fin de cet instant infini
Mais nulle tristesse ne trouble cette vie.

Les regards se croisent, tendrement complices
Des sourires naissent, heureuses d'être ici
Doucement, elle se love contre son amie.
In echecos videmus qui ducere debent.

****************************************

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Heu.. non, c'est pas ça... Mais ça va me revenir...


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#71 Ygonaar

Ygonaar

Posté 29 novembre 2009 - 03:07

Mariage rime avec verbiage.

Difficile de savoir ce qui peut plaire en matière de poésie. A mon sens, plus sujet est personnel, moins il est susceptible d'engendrer une réelle émotion chez un tiers. J'ai ainsi dans mes tiroirs un certains nombres de poèmes, pondus à l'occasion de mon mariage, que je n'imaginais pas intéresser autrui. Thalivor prétendant le contraire, je vous fais un envois groupé sur ce thème.  


Le faire-part

Spoiler


Vœux lors de l'échange d'alliance.

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Mon discours à la salle des fêtes.

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Remerciements

Spoiler


Voilà, j'en ai certainement oublié dans les coins, mais je suppose que votre capacité de saturation est déjà largement dépassée. La plupart des poèmes suivent la même structure que celle que j'emploie su Wiwiland: strophe de quatre alexandrins à rime unique, tant à l'hémistiche qu'en fin de vers. N'hésitez pas à critiquer.


Amitiés.

Modifié par Ygonaar, 29 novembre 2009 - 03:30.

A ceux qui nous accusent de flood intempestif,

Sysops à l’âme obtuse et béotiens rétifs,
Je réponds qu’ils abusent dans leurs jug’ments hâtifs
Et qu’il n’y a meilleure muse qu’un RP bien actif !

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#72 Thalivor Naïlo

Thalivor Naïlo

    Fauteur sur gages


Posté 29 novembre 2009 - 14:45

Franchement, la majorité de tes poèmes sont magnifiques Ygonaar. Et même s'ils ne soulèvent peut-être pas la même émotion chez moi que chez toi, ils m'évoquent quand même de nombreuses et belles choses.
In echecos videmus qui ducere debent.

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#73 Eryndel

Eryndel

Posté 24 décembre 2009 - 14:48

Que de beaux poèmes ! Thalivor, Ygonaar, Naco, Not Quite Dead, j'ai pris plaisir à vous lire.

Je sais, les doubles post, c'est pas bien, mais... Je voulais vous faire part d'un drôle de petit conte de noël que j'ai écrit ce matin, pour rire...


Il était une fois un petit garçon qui rêvait de voir le Père Noël. Pas un père Noël de pacotille, non ! Pas un de ces hommes déguisés à la barbe mal accrochée, avec un coussin sur le ventre ! Mais le vrai Père Noël, le seul, l'unique, avec son sourire bienveillant au coin des yeux, son traîneau enchanté et ses rennes volants...

Les autres enfants se moquaient de lui : « Le père Noël n'existe pas, hé, ballot ! »
Sa soeur, adolescente hystérique au parler... distingué, se moquait de lui : « Wah hé, l'aut', t'es trop con, sérieux ! 'tain, tout le monde sait qu'il existe pas, l'vieux ! »
Les adultes se moquaient de lui : « Alors, mon garçon, on croit encore au Père Noël ? »
Bref... Il était la risée de tout le monde.

Mais lui s'entêtait dans sa foi absurde. « Ce n'est pas parce qu'on ne l'a jamais vu qu'il n'existe pas, lâcha-t-il ce soir-là, en réponse aux habituelles boutades de sa famille.

Un éclat de rire généralisé accueillit sa déclaration et sa moue boudeuse.

- A ton âge, mon garçon, c'est un peu fort d'y croire encore. Et pourquoi pas croire à la Reine des Neiges, tant que tu y es ?

C'était le jour du réveillon. Tous étaient réunis dans le grand salon qui faisait la fierté de sa tante, comme chaque année ; et comme chaque année, on s'amusait aux dépens de l'enfant.
Celui-ci, sans se départir de cette moue qui le rendait adorable, répliqua à son oncle :

- La reine des Neiges existe ! je l'ai entrevue derrière les flocons hier soir, en regardant par la fenêtre.
- Mais ouais bien sûr ! T'as rêvé frérot !
- Certainement pas, je n'arrivais pas à dormir, et...
- C'est ça, ouais... et mon...
- Oh, ça va, vous deux ! lâcha un des adultes présents, exaspéré. Et toi, surveille ton langage, miss, tu es pire qu'une poissonnière, bon sang !
- Nan mais Papa, ça s'fait pas ! comment qu'tu peux...
- La ferme ! »

Le petit garçon, lui, n'écoutait plus. Rêveur, il repensait à la silhouette entrevue dans la tempête de neige qui avait fait rage la veille. La Reine des Neiges avait beau être le personnage d'un conte d'Andersen, l'enfant avait du mal à imaginer qu'elle ne pût pas exister.

Cette nuit-là, quand tout dormait dans la demeure de sa tante, il se glissa hors des draps et se dirigea vers la fenêtre. La neige, plus blanche que jamais, s'étendait à perte de vue dans la campagne déserte et réfléchissait les rayons de la lune, rendant la nuit aussi claire que le jour. Quelques flocons tombaient çà et là.
Alors qu'il allait retourner se pelotonner dans son lit, le garçon la vit.
Comme la veille, pâle silhouette dans la nuit blanche, elle semblait à peine marcher, tant son pas était léger : derrière elle, c'est à peine si l'on distinguait l'empreinte de ses petits pieds nus. L'enfant, admiratif, contempla la peau ivoirine, les cheveux argentés, les prunelles de lune qui se levaient vers la fenêtre. Elle lui adressa un léger signe. Il ouvrit sa croisée. Rêvait-il quand la noble dame s'éleva jusqu'à sa fenêtre pour le bercer de ses bras froids comme glace ? Qu'importait, il se sentait si bien sous son regard maternel... Souriant, il leva une main vers son visage gracieux. Elle lui rendit son sourire, dévoilant des dents blanches, très blanches et très pointues...


Nul ne sut jamais si l'enfant avait été emmené par sa Reine des Neiges ou s'il avait fugué. Quoiqu'il en soit, le lendemain matin, sa fenêtre était ouverte, son lit défait, et sur le bord de la croisée, la neige était tachée de rouge..
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#74 alliop

alliop

    Renaissance de l'art magique.


Posté 23 février 2010 - 22:14

Bonsoir :)

De passage et toujours en traçant:


Pour votre peine, voici
mes œuvres poétiques complètes (mais inachevées!)

Et en cadeau bonux quelque chose de beaucoup plus intéressant,
un véritable monument historique de la poésie mondiale :
Paul Celan lisant "Todesfuge (fugue de mort)

(mini-lecteur dans la colonne de droite ; texte en versions française ou allemande par les boutons "FR." ou "DE." dans la cartouche en haut à gauche).

"Bienvenue à toi, lent homme lié, poussif tresseur des vitesses."
Alain Damasio


#75 Eryndel

Eryndel

Posté 19 mars 2010 - 16:35

Un petit poème en passant... Je l'ai intitulé "La Mort dans l'âme".


La mort dans l'âme les hommes s'endorment
La mort dans l'âme le glas sonne et sonne
Les larmes dans le silence résonnent,
Les larmes de la solitude informe...

Larmes qui soulagent
Larmes qui soignent le coeur
Larmes de douleur, de rage
Baume à toute rancoeur

La mort dans l'âme les hommes se meurent
La mort dans l'âme le glas pleure et pleure
Les larmes au coin des paupières affleurent
Les larmes nées de ce monde de leurre...

Larmes qui soulagent
Larmes qui soignent le coeur
Larmes de douleur, de rage
Baume à toute rancoeur

La mort dans l'âme les hommes revivent
La mort dans l'âme le glas agonise
Les larmes sèchent la douleur s'avive
Les larmes que l'artiste poétise...
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