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[rp] Songes De Sága


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30 réponses à ce sujet

#26 Shadow she-wolf

Shadow she-wolf

    Le katana de la GBT


Posté 18 avril 2009 - 20:20

Tout était si familier...et c'est vrai, qu'il est agréable d'être ici, le sourire aux lèvres, ici, il n'y avait ni douleur, ni peur, ni monstre.

-Sommes-nous à la maison ?

Elle n'eut pas besoin de réponse, à vrai dire, toute la confratria de ses sœurs était affairée autour d'elle, elle ne pouvait qu'y être.
Pourtant...
La vieille dame à la canne l'observe.
Pourtant...
Le mot "fugue".

Sága douta...qu'elle était cette fugue...et pourquoi était-elle blessée...et pourquoi la vieille dame à la canne qui fait peur l'observe...et pourquoi ne voit-elle rien du tout malgré ses efforts pour ouvrir grand ses paupières ? Et puis elle parlais d'un homme...

Oui oui...voila, la douleur, c'était là, dans cet espace autre. La douleur...et la peur...oui...oui la peur !
L'homme...le monstre ! et la peur ! et la douleur ! la douleur ! douleur !
La sorcière hurla, mais les sœurs ne réagissaient pas...pourquoi ?
Où était-elle allée ? quel était cet espace autre ? Il y faisait froid...plus froid qu'à la maison...était-elle aller jusqu'à la région blanche et froide au delà du territoire des peaux-vertes dont elle observait toute petite déjà, rêveuse, les contours à partir d'une hauteur quelconque ? Ce ne serait pas improbable, car même si on lui avait toujours interdit d'aller chez les peaux-vertes, ces dernières entretenaient des relations pacifiques voir chaleureuses avec le couvent...d'ailleurs...pourquoi n'avait-elle pas le droit d'y aller ?
C'était sûrement à cause de la vieille dame à la canne qui fait peur, elle sonde les rêves de nous, ses...enfants, et elle a dû déceler cette envie d'aller dans les terres glacées.
C'est donc logique, j'y suis allée, et les légendes sur ces terres doivent donc être vraies, des hommes, ces monstres qui dévorent les jeunes filles pas sages.
Ça doit être les peaux-vertes qui m'ont sauvé des monstres, c'est assez fréquents qu'ils ramènent une jeune sœur qui, prise au piège des terres glacée, c'était égarée...

-Je m'en veux d'être partie pour les terres glacées, je n'y retournerais plus jamais ! ça fait peur ! ça fait mal !
Elle se mit à sangloter.

#27 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 21 mai 2009 - 09:20

Tes soeurs ignorent tes sanglots et tes hoquets, Sága, enfantine Sága. Elles continuent de panser tes plaies, en silence, alors que le sel de tes larmes imprègne peu à peu le bandeau qui dissimule ces orbites béantes dans ton visage de fillette.

La règle est claire à ce propos, et tu la connais toi-même bien, Sága, petite Sága, pour l'avoir trop souvent enfreinte. Ce ne sont pas de creuses paroles consolatrices ou une hypocrite compassion que tu es venue chercher ici, auprès de Mère Vyctyssa, auprès de tes soeurs, entre ces murs familiers qui furent ton univers et pourraient peut-être l'être à nouveau.

Pourquoi ne pas m'avoir écoutée, Sága, indocile Sága? Pourquoi n'écoutes-tu jamais en toi la voix de la raison?

Combien de larmes, combien de fuites encore avant que tu n'affrontes enfin ce que tu sais déjà, ce que nous avons toujours su?

Petit à petit, l'indifférence de tes soeurs fait son effet et tes pleurs se tarissent de n'être pas encouragés. A ce moment seulement, notre Mère daigne répondre à ta question de sa voix paisible:

« Oui, fille de Wroth, tu es chez toi, loin des reflets trompeurs de la Veille. »

A ce décret rassurant, ton coeur palpite de soulagement, non sans laisser tout à fait l'inquiétude derrière lui, parce que tu n'es pas sans savoir, Sága, désobéissante Sága, que toute faute appelle réparation. Tes soeurs attentives se retirent, nous laissant seule avec la supérieure, dans la cour intérieure du Convent.

La nuit est fraîche, malgré l'absence de vent. Nul bruit ne résonne, sinon le murmure des étoiles qui piquètent ce ciel sans nuage de Hautzénith. Tu sens le poids du kriss en obsidienne à côté de nous sur la paillasse. Je l'ai gardé pour toi, Sága, folle Sága, dans l'espoir de cet instant.

Le temps paraît figé. A tes côtés, la dague sacrificielle ne te reproche pas ton abandon. Elle est juste là, offerte, comme les astres aux nombreux secrets, comme Mère Vyctyssa, dressée au milieu du cloître, devant la silhouette pantelante de l'
homme. Son bâton repose sur l'épaule de ton empoisonneur, l'épinglant au sol comme quelque répugnant insecte.

As-tu entendu? Les étoiles aussi se sont tues.


#28 Shadow she-wolf

Shadow she-wolf

    Le katana de la GBT


Posté 30 mai 2009 - 16:04

Elle doit tuer l'homme.

Sága chercha a taton le kriss, lorsqu'elle sentie le contact glacial de la roche, elle caressa la lame sur toute sa longueur, suivant les courbures jusqu'à se piquer sur la pointe.
Elle frissonna.

Jamais la sorcière n'a aimé les kriss, ils étaient chargés, ils étaient liés, mais de quelles femmes étaient-ils chargés ? À quelles femmes étaient-ils liés ? Peut-être des femmes comme elle, des femmes punies pour l'éternité par la confratria...
Sága souleva l'arme et la tint devant elle, comme si elle pouvait l'examiner. Une fois encore encore elle caressa la lame, partant de la pointe vers le manche, cependant qu'elle sentait, sous sa main gauche, les sculptures du manche, elles brûlaient par rayonnement.
Elle frissonna.

Sága s'approcha de l'homme couché par terre et empoigna de sa main droite les cheveux de ce dernier, tandis qu'elle leva le kriss au dessus de ce qu'il lui semblait être le cou de la victime.
Elle doit le tuer, mais, l'homme bouge faiblement, ce n'est qu'un animal, et il est inepte de tuer un animal pour...non, ce n'est pas un animal, non, c'est un monstre, un monstre empoisonneur.
La lame chuta.

#29 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 06 juillet 2009 - 20:47

Abondamment, le sang gicle de la gorge tranchée pour se répandre entre les dalles du cloître.

Ivresse.

Un soupir extatique nous échappe, rassérénées par les soubresauts de l'homme tant haï. Quelques hoquets paniqués, le sifflement d'une âme désemparée, puis plus rien. Ce n'est plus que de la viande que nous tenons à présent entre nos mains. De la viande déjà tiède, bientôt froide.

Lorsque nous rouvrons les yeux sur le monde -te souviens-tu du monde, Sága, pauvre Sága que tes propres ténèbres enserraient?-, tout nous semble nouveau, doux et bienveillant. L'intense satisfaction du devoir accompli envahit notre âme. Nous inspirons avec volupté Sága, douce Sága, cet air profond et frais, cependant qu'une enfant pénètre dans l'heptacle que le sang a dessiné autour de nous et s'accroupit devant le petit bassin pour y remplir une coupe en os.

Te souviens-tu, Sága, petite Sága, l'avoir toi-même tendue à tes aînées, toute tremblante d'oublier les Mots?

«
Arpenteuse du Songe, récite d'une traite la fillette, porte tes lèvres au Calice, afin qu'elles s'accordent à ta main. »

#30 Shadow she-wolf

Shadow she-wolf

    Le katana de la GBT


Posté 07 juillet 2009 - 15:31

Déjà, la robe se gorge du sang du monstre.

Ce flot incessant de bile noire n'est que juste purification. La justification était un acte nécessaire pour embrasser le Songe et communier avec celui-ci.

Le liquide bilieux continuait à s'infiltrer dans les tissus portés par les trois femmes, cependant que la fontaine ne cessait de se tarir et ainsi de répandre son présent.

La fillette releva son visage pour regarder cette Sága hallucinée, sur cette dernière, les traits de fillette avaient disparus, remplacés par quelque chose de plus sombre. La sorcière rendit son regard à la fillette, puis elle se saisit du calice, ce, sans toucher aux mains de la jeune orpheline.
Sága porta à ses lèvres le calice, et avala d'une traite, avec délice et satisfaction son contenu, penchant sa tête en arrière. Cependant qu'une partie de l'eau bénite coulait, non pas dans la gorge de la brétonne, mais aussi le long de son corps, terminant d'imbiber ce qui restait épargné du tissu de la robe.

Une robe totalement noire, noire de sang...

#31 Not Quite Dead

Not Quite Dead

    Rincevent


Posté 09 juillet 2009 - 14:02

La fillette reprend la coupe vide que nos doigts lui abandonnent. Avec une révérence solennelle, elle se recule de trois pas et sort de l'heptacle de sang noirci pour disparaître dans l'ombre d'une arcade. Le parfum âcre du sacrifice s'élève en fumerole autour de nous, magnifiant la pitoyable carcasse de l'homme tant haï.

Un sacrifice.

Ce soir, Sága, admirable Sága, nous avons fait d'une chose abjecte une victime sacrée. A la vaine platitude de la Veille, nous avons substitué la profondeur insondable du Songe. D'un homme sans valeur, nous ferons un outil de Ses inscrutables desseins.

Le murmure de Mère Vyctyssa tonne à nos oreilles:

«
Quelle est, Fille de Wroth, cette forme étendue à tes pieds? »

Te souviens-tu de la réponse, Sága, distraite Sága, de la réponse rituelle? Nos lèvres l'ont pourtant maintes fois esquissée, tapie entre deux arcs-boutant, lors de l'initiation de nos aînées... Ces réponses, toi qui de nous deux fut la cancre, je te les soufflerai une fois de plus:

«
De la matière, ô ma Mère, de la matière rendue au silence. »

Le vent s'est engouffré dans la cour et caresse nos cheveux sans étouffer nos paroles et notre Mère opine également, satisfaite. Les fumeroles et la cendre dessinent autour de nous leur sarabande complice.

«
Cette matière informe servira-t-elle les desseins de Celle qui nous borde, Fille de Wroth?
- Avec votre bénédiction et la Sienne, ô ma Mère, elle le fera. »

D'une gracieuse arabesque qui fige les courants, Mère Vyctyssa nous annonce cette grâce que de toutes nos soeurs, Sága, rebelle Sága, nous méritions le moins:

«
Qu'il en soit ainsi. »




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